Mais c’était qui ce fou ? Devait elle ouvrir la porte ? Est-ce qu’un malade mental s’était échappé de l’asile ? Devait-elle sortir sa poêle à frire pour le menacer ? Hum… faute qu’une poêle soit disponible, elle pouvait toujours brandir  ses ciseaux à bouts ronds mais elle ne garantissait en rien l’effet.
Brusquement, un ours surgit dans sa chambre. Qu’allait il faire ? Bondir sur elle ? Lui dévorer le jambonneau ? La massacrer ? Ou… se ruer vers les toilettes. Une solution qui laissa Aengus totalement abasourdie. Il était plus dérangé que jamais ce mec ! Non, il n’était pas de la famille. Et quand bien même en faisait il parti, elle le reniait !

Ce ruant vers la porte, elle attrapa la commode pour la pousser contre la porte. Sa piètre barricade ne payait pas de mine, mais elle eut le mérite d’être efficace ! Quand elle l’entendit couiner derrière la porte, elle croisa les bras sur sa poitrine d’un air décidé. Oui, il ne pouvait pas la voir mais c’était psychologique.

« NON ! » Hurla t elle simplement avant de taper à son tour dans la porte d’un air violent. « Non ! Et NON ! T’es un pervers c’est ça ? Un détraqué mental qui fantasme sur les salles de bain ? T’es venu renifler mes petites culotes ? »

L’imagination débordante d’Aengus culminait à son comble. Ce brave Edwin rêvait en s’imaginant qu’il lui suffisait de se pointer pour qu’elle le reconnaisse. Les maigres preuves qu’il avançait ne suffisaient visiblement pas à Aengus. Elle doutait. Le comportement étrange du garçon éveillait une profonde méfiance. L’aborder de face et venir directement lui parler pour se confronter à elle semblaient les techniques de cet individu. Une méthode qu’elle appréciait au fond. Il n’avait pas attendu qu’elle le retrouve. Il n’avait pas sagement laissé Aengus faire tout le travail. Dans le fond, il était l’unique personne qui prenait la peine de se présenter à elle pour lui rappeler qu’il avait une place dans sa vie. Serait elle importante pour quelqu’un ?
 
« PROUVE-LE ! PROUVE-LE MOI QUE T’ES MON COUSIN ! » S’écria t elle en avançant vers la commode pour s’assurer qu’elle l’entendrait bien.  Tant de questions se bousculaient dans son esprit. « Et puis qu’est ce que tu me veux hein ? T’ES LE FRERE DE BLAITHIN C’EST CA ? »

S’il était venu lui faire la morale, il pouvait espérer rentrer chez lui en escaladant la gouttière. Tant pis si la peur de vide augmentait ses chances de finir la tête première contre le bitume.

Aengus se méfiait toujours. Pourtant, sa proposition lui plu réellement. Au pire, c’était un moyen efficace de le mettre dehors. L’étroitesse de sa chambre pourrait devenir une lacune si le garçon devenait une menace. Comment lui échapper ici ? Dehors, le monde pourrait impressionner cet étranger et elle pourrait fuir sans difficulté. Peut être n’est ce qu’une ruse pour la forcer à ouvrir la porte et lui bondir dessus après. Dilemme… La situation devait forcement de se désamorcer à un moment ou un autre.

Dans un soupir, la jeune femme poussa la commode. Le boucan que provoqua l’ensemble alerta forcement le garçon dans la salle de bain. Aussitôt, Aengus se rua vers le couloir. Enfin, façon de parler puisqu’elle ne pouvait pas courir.

~¤~ Quelques instants plus tard ~¤~

« Aller fait pas ton petit joueur. 1, 2, 3 »

La soirée s’annonçait bien. Après un petit concours de shooters, les deux garnements passèrent à la bière en riant pour la moindre idiotie. Edwin s’occupait de prendre des photos pour les envoyer sur twiter ou facebook, un réflexe qu’Aengus ne comprenait pas réellement. A quoi bon ? Les autres ne seraient pas là, autant leur raconter plus tard et profiter de la soirée.

Une heure qu’ils se lançaient des pics ou des blagues idiotes. Détendue, Aengus n’envisagea pas la suite. Des journalistes. Un acharnement médiatique qui risquait de rapidement la mettre en mauvaise posture. Si elle se présentait ivre devant eux s’en était fini pour elle de sa liberté.  Bousculant la porte d’entrée pour se ruer vers elle comme des vautours sur une carcasse, le bar changea immédiatement d’ambiance.

Les lèvres pincées, Aengus tourna  un regard vers son cousin. C’était lui ? Est-ce qu’il avait prévenu la presse ? Hors de question de lui laisser l’occasion de se faire remarquer et de parler d’elle. Lui attrapant le bras, la gamma le força à quitter la pièce  par l’arrière. Avec un petit couloir, ils seraient forcement ralenti.

« C’est toi ! C’est TOI qui les as prévenus ! » Reprocha Aengus en avançant d’un pas rapide, n’arrivant toujours pas à aller plus vite.

Quelle frustration ! La douleur dans son bas ventre commençait à tirer à s’éveiller. Des semaines qu’elle n’avait pas ressenti telles difficultés. Elle le détestait à l’instant. Lui avoir fait miroiter des charmantes retrouvailles avec un membre de sa famille, un soutien, une aide réelle et désintéressée… Connerie ! Il avait juste voulu attirer les journalistes, avoir son heure de gloire.

« T’as pas intérêt à leur dire un mot. Si t’es vraiment un O’Griffin tu devrais savoir que c’est pas uniquement moi qui vais te tomber dessus mais aussi Arthur et Erwan. »

Une menace qui devait le faire largement réfléchir. Arthur avait toujours été très droit, mais aussi particulièrement sévère. Quant à Erwan, mieux valait s’écarter sagement de son chemin.

D’un coup d’épaule, Aengus ouvrit la porte incendie à l’arrière. La nuit restait une de ses nuits chaudes typiquement Californienne.  Pas un nuage, juste un léger souffle marin, bien loin de représenter la situation dans laquelle se trouver les deux O’Griffin. Plantant son cousin dans la ruelle pour qu’il se débrouille seul à présent, elle prit la direction de son scooter. Avec une telle mise en garde, presque une menace, son cousin devait maintenant savoir qu’il était préférable de déguerpir plutôt que de chercher l’attention des journalistes. Néanmoins, le choix lui appartenait à présent. Aengus ne tenait pas la main à ce type d’individu.  Qu’il se débrouille ! Il l’avait trahie. Le moindre petit signe de trahison demeurait d’autant plus important à ses yeux qu’elle ne savait plus reconnaitre qui était un ami et qui était un ennemi ou une menace. Le monde avait changé pour elle mais elle ne se rappelait plus de ce qu’il était avant. Pourtant, elle n’eut pas le temps de lui expliquer son point de vue, ce n’était que partie remise après tout. Le retrouver serait un jeu d’enfant. Les journalistes approchaient à grands pas, dans un brouhaha  facilement reconnaissable. Elle avait cru cette affaire classée, terminée, derrière elle… en réalité, ce n’était que le début. Les médias savaient s’acharner et débusquer le moindre moment de faiblesse. Sans la moindre pitié, ils se jetaient sur elle et peu importe les conséquences.