of pride and war (matthew)

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Semaine terminée, c'est l'heure pour Lesly de penser un peu à elle et à ses envies. Elle a passé ces derniers jours à penser à ce film, qui vient de sortir et qui ne lui donne qu'une seule envie, de se précipiter vers le premier cinéma qu'elle croise. Elle, passionnée par le septième art, ne peut décemment pas manquer ce qu'elle voit déjà comme le chef d'oeuvre de l'été - voire même de l'année. Il faut dire qu'elle n'a pas vraiment eu le temps de voir autre chose que ses cours de droit, elle ne peut pas franchement comparer, mais tant pis, après les derniers examens, elle s'imagine déjà passer la moitié de son temps à manger du pop corn devant son ordinateur avec tous les derniers films que ses amis lui auront envoyé (parce que Lesly ne télécharge pas, elle préfère laisser ça aux autres pour se donner bonne conscience qu'elle ne détruit pas ce qu'elle aime par-dessus tout). Les derniers rayons du soleil illuminent encore la rue qu'elle traverse d'un pas nonchalant. Elle se presse, comme si elle avait peur de rater le début, alors qu'en vérité, elle est en avance d'une vingtaine de minutes. Elle ne veut rien rater, pas même les bandes annonces, qui sont pour elle, aussi importantes que le film en lui-même. C'est comme ça qu'on apprécie un bon film, à sa bande annonce, à ce qu'elle laisse entrevoir au public. Elle aime s'imaginer l'univers que cache ces quelques minutes décisifs. Souvent, elle devine tout le scénario, jusqu'à la fin et ce n'est pas forcément une bonne chose. Parfois, on réussit encore à la surprendre, ils ne sont pas nombreux mais heureusement, ils existent encore. Elle apprécie même les publicités, tant qu'elle est au cinéma. C'est tellement différent que lorsqu'elle regarde la télévision chez elle. C'est une atmosphère tout autre, une atmosphère qu'elle apprécie, parce que dans cette salle sombre et froide, tous les spectateurs sont réunis dans un silence parfait pour partager un moment unique. Un moment banal de la vie quotidienne mais c'est ce qu'elle aime tant. Lesly arrive enfin devant le cinéma et remarque qu'il n'y a pas grand monde. Ce n'est pas plus mal. Elle est peut-être aussi très en avance. Elle paye sa place dans un sourire, hésite un instant à acheter du pop corn, ou pas et finalement, décide qu'elle a assez mangé pour cette soirée. Installée au milieu de la salle, ni trop loin, ni trop près, la place parfaite qu'elle prend toujours, elle regarde les spectateurs arriver petit à petit. Ça commence bientôt. Elle en est toute excitée. Les lumières s'assombrissent, l'ambiance devient plus intime, et l'écran s'allume. Elle n'en perd pas une miette, est déjà loin, dans un autre univers. Les bandes annonces passent, les publicités se terminent, le film commence définitivement. Elle se laisse aller, et tandis qu'elle se concentre sur les premières minutes, une ombre la dérange. Il semblerait que quelqu'un soit en retard. Il commence bien lui. Elle fronce des sourcils, mais ne dit rien, parce que ça arrive (pas à elle, mais elle accepte cette erreur). Il n'est pas pressé de s'asseoir sur son siège - qu'il a évidemment choisi en face d'elle, c'est la malchance qui la poursuit. Il enlève sa veste, se met à l'aise, sans même s'excuser. Lesly lâche un léger soupir, ça l'énerve profondément mais elle garde son calme. Allez quoi, le film vient de commencer, le pauvre vient de rater les premières minutes, on ne va pas tout gâcher. Alors, on tente de se re-concentrer, de comprendre pourquoi le vieil homme vient de se faire tuer par cette femme qui semblait pourtant si gentille à la première seconde qu'elle l'avait vu. Voilà, elle ne comprend rien, mais c'est pas grave, elle va se remettre dans le bain. Elle reprend son calme, mais l'homme semble définitivement lui en vouloir parce que la sonnerie de son portable retentit dans toute la salle ! C'en est trop pour Lesly, qui se redresse pour se rapprocher du siège d'en face et lui murmure d'un ton froid et disant : « Ça va, on vous dérange pas j'espère ? » Tant pis pour les autres, c'est lui qui a commencé. C'est lui qu'il faudra blâmer en cas de problèmes.

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Première semaine de cours depuis mon retour à Berkeley. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ne m’avait pas manqué. Devoir assisté à tous les cours, devoir se lever tous les matins, devoir être attentif, assidu, devoir travailler, tout ça, je n’en avais plus l’habitude. Ici, j’avais l’impression d’avoir perdu toutes mes libertés, mais au moins, je revenais dans le droit chemin, je commençais à sortir de cette dépression dans laquelle j’avais été plongé pendant plus d’un an, je voyais enfin le bout du tunnel. Après cette semaine qui avait été éprouvante, je n’avais qu’une seule envie, m’évader, loin des cours, loin de l’université, loin de tout ça. Pour autant, je n’avais pas forcément envie de sortir, de faire la fête. Je l’avais déjà suffisamment faite depuis mon retour, et ce soir, j’avais envie d’un peu de calme. J’avais retrouvé des amis en revenant à San Francisco, toujours est-il que j’avais encore besoin de moments d’intimité, d’être seul de temps en temps, j’avais besoin de me poser. Dans l’état dans lequel j’étais, il aurait été imprudent de vivre à cent à l’heure, d’enchainer les soirées, le changement de rythme aurait été bien trop important et je ne sais pas si j’aurai pu suivre la cadence. Une fois rentrée à la villa que finançait mon père biologique – comme pour rattraper toutes les années que j’avais vécu dans la misère la plus totale – je réfléchissais à ce que je pouvais programmer pour le soir même. Je n’avais pas envie de rester chez moi, une soirée dvd serait bien trop déprimante. Il était déjà assez tard lorsque je décidai d’aller au cinéma. Ils diffusaient un film que j’avais vraiment envie de voir. Je n’étais pas spécialement cinéphile ou habitué du cinéma, mais j’aimais me faire un petit film de temps en temps. L’ambiance que l’on trouvait dans les cinémas était incomparable, les émotions que le film procurait étaient bien plus intenses. Néanmoins, j’arriverai sûrement en retard à la séance à cause du trafic qui touchait San Francisco à cette heure là. Je sautai dans ma voiture, en direction du cinéma le plus proche. Malheureusement, comme je le pensais, il y avait beaucoup de circulation, c’était l’heure de pointe dans San Francisco et je perdis beaucoup de temps dans les embouteillages. Arrivé sur le parking, je couru jusqu’à l’entrée du cinéma et demandai un ticket à la caissière qui m’indiqua que le film avait déjà commencé depuis cinq minutes. Ce n’était pas bien grave après tout, j’avais du loupé les pubs et les deux premières minutes du film, celles où ils ne se passaient jamais rien. Arrivé dans la salle, dans l’obscurité la plus totale, je me rendis compte que le film avait bel et bien commencé et les rares visages que j’apercevais dans la pénombre avaient l’air très concentrés sur le film. Certaines personnes tiquèrent un peu lorsque je m’installai. N’avaient-elles jamais été en retard de leur vie ? Je ne supportais pas ces gens qui étaient toujours de mauvaise humeur, qu’un rien agaçait. Je pris place en plein milieu de la salle, là où la vue était la meilleure. Perdu dans l’immensité du silence et dans l’obscurité de la salle, je me plongeais petit à petit dans ce film qui, j’en étais sûr, allait me passionner. Seulement, quelques instants plus tard, mon téléphone se mit à sonner. Comme un con, j’ai oublié de l’éteindre en entrant dans la salle, trop occupé à savoir si oui ou non, j’avais raté des scènes importantes du film. Après avoir mis quelques secondes à le sortir de ma poche, je l’éteignis avant de le remettre à sa place initiale. Comme c’était à attendre, des gens soupirent grossièrement pour montrer leur agacement. Ce que je n’avais pas prévu cependant, c’est que la période qui se trouvait juste derrière moi, vienne m’engueuler dans un murmure. Intolérance quand tu nous tiens. « Franchement, non ça va, vous ne me dérangez pas. Merci d’avoir demandé néanmoins. » Le sarcasme, ma meilleure arme face à ce genre de comportement, plutôt que de m’énerver, plutôt que répondre à sa provocation, je préfère provoquer à mon tour en détournant sa question, en détournant ce conflit qu’elle veut imposer. Je n’ai pas le temps pour ça, je n’ai pas non plus envie de ça, après tout, je suis venu ici pour m’évader, pas pour m’embrouiller. La jeune blonde qui m’a lancé ce reproche est toujours redressée, me regardant d’un air glacial. « C’est bon, tu peux te rasseoir maintenant poupée. » lui murmurais-je à mon tour, prenant bien soin de la tutoyer.

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