« Every girl pretends she is a princess at one point, no matter how little her life is like that »

‘Prom night’, dit-on aux Etats-Unis. Le bal de fin d’année arrivait à grand pas et l’excitation d’Harper augmentait un peu chaque jour. N’étant pas une béta pour rien, il semblait évident que cette soirée était presque comme une raison de vivre pour elle. Ce bal, elle en avait toujours rêvé. Petite, elle voyait à la télévision de jeunes adolescentes s’habiller comme des princesses et se rendre à l’événement de leur vie accompagnées d’un charmant jeune homme. Pendant son enfance, Harper et sa famille ne roulaient pas sur l’or, même si la petite fille ne manquait de rien. Enfin, sauf d’un père, évidemment, mais elle avait apprit à vivre avec et à se faire une raison. S’apitoyer sur son genre n’est pas vraiment une attitude qu’elle adopte. Même si elle se réjouissait de pouvoir participer à un bal de fin d’année, ces derniers la rendent paradoxalement tristes, pour la simple et bonne raison qu’ils lui rappellent que lors de son futur mariage, elle n’aurait personne pour ouvrir le bal avec elle, et surtout, personne pour l’amener jusqu’à l’autel. Certes, sa mère allait sûrement lui proposer de se charger de la chose, mais jamais elle n’aurait la chance de traverser l’église – ou dieu sait quel lieu elle choisira – avec son père, celui qu’elle n’a jamais eu la chance de connaître. Ainsi, lorsque les premiers flyers pour le bal furent distribués à l’université, il n’était pas question pour la belle cubaine de s’y rendre seule. Premièrement parce qu’elle en avait toujours rêvé et deuxièmement, parce que cela n’était pas digne d’une béta. Et puis, sa réputation et sa popularité dans tout cela ? Elle n’allait pas tout ruiner d’aussitôt. Puis, avant qu’elle ait le temps de s’en rendre compte, le jour du bal était déjà là. Elle était allée faire du shopping la veille avec sa meilleure amie Léo Woobleforth et avait opté pour une robe longue couleur crème-beige, ornée de quelques strass et paillette. La robe était sans bretelle et laissait les épaules de la jeune femme nues. Avec cela, des chaussures à talons ainsi qu’une petite pochette dans les mêmes tons que la robe feraient l’affaire. Alors qu’elle se passait une dernière couche de rouge à lèvre et qu’elle se remettait un peu de laque dans les cheveux afin de faire tenir ses boucles fraichement réalisée avec un fer à boucler, Harper entendit Léo lui marmonner quelque chose. Elle se rapprocha et lui demanda gentiment de répéter. « Ton prince charmant t’attend en bas, je le vois arriver ! » lui répéta-t-elle. Léo adorait taquiner Harper, et elle n’en ratait jamais l’occasion, la preuve. « Ce n’est qu’un ami, je t’ai dit. Je ne voulais pas y aller et seule et encore moins céder une nouvelle fois à Sloan… alors j’me suis dit qu’y aller avec Kaleb pourrait être une bonne idée, on ne s’ennuie jamais » dit la cubaine avec le sourire. Elle savait ce qu’elle pensait, ce qu’elle ressentait, et elle ne se sentait nullement obligée de se justifier devant son amie. Ainsi, elle descendit les escaliers de la maison béta et sorti pour rejoindre Kaleb, qui ne tarda pas à lui faire un compliment. Il semblait lui-même surpris de s’être entendu dire un compliment pareil à la jeune femme. « Eh bien, tu n’es pas mal non plus ! » lança-t-elle à son ‘cavalier’ en lui souriant puis en lui faisant un clin d’œil. Ils y allaient amis, c’était clair, mais cela n’empêchait pas d’être agréable l’un envers l’autre. Et puis, pourquoi se mentir, c’était tout à fait vrai que le jeune portait particulièrement bien son costard. « Prête. On y va ? » proposa la jeune femme en se rapprochant de lui, histoire que de l’extérieur, les gens perçoivent qu’ils se rendaient au bal ensemble. Harper était bien contente qu’il soit venu la chercher à pied ; le lieu de la soirée était à deux pas de la maison, et même si Harper apprécie le fait d’être au centre de l’attention, arriver en limousine à ce genre de soirée est pour elle tout simplement ridicule. Et elle ne voulait pas l’être. C’est ainsi qu’ils se dirigèrent vers le pavillon Hildebrand, où la fête commençait gentiment à commencer. Tout ce dont elle avait envie actuellement, c’était d’une petite coupe de champagne. Elle espérait que Sloan ne serait pas là, car ce dernier aurait certainement essayé de l’embarrasser devant Kaleb, mettant en avant la tension indéniable qu’il y avait toujours eu entre eux. Tout en marchant, Harper dû faire très attention à sa robe qui était tellement longue qu’elle risquait de la piétiner à chaque fois qu’elle faisait un pas. La chose ne manqua d’ailleurs pas de faire ricaner Kaleb, qui semblait apprécier le petit spectacle. Piétiner sur sa propre robe, pas franchement digne d’une béta ; elle allait devoir faire attention et ne pas trop boire si elle ne voulait pas faire la une de l’université le lendemain.

« Every girl pretends she is a princess at one point, no matter how little her life is like that »

Après avoir survécu au parcours du combattant qu’avait été la marche jusqu’au pavillon Hildebrand, Harper lâcha un soupir de soulagement. Sa robe était intacte, par dieu sait quel miracle. L’endroit commençait sérieusement à se remplir et l’ambiance semblait être au rendez-vous, pas étonnant puisque les plus populaires de l’université étaient certainement déjà sur place. Ne comptez pas sur les alphas pour mettre l’ambiance, non. Et cela, Harper le savait, raison pour laquelle la confrérie des bétas avait tout simplement été le meilleur choix pour elle. Ainsi, Kaleb et elle entrèrent par le tapis rouge mis en place spécialement pour l’occasion et arrivèrent dans la salle principale. Tout avait été très bien décoré. Harper rit à la réflexion de son cavalier. « Oui, enfin arrivé ! Et non, ma robe n’a rien, par chance » répondit-elle au jeune homme. Comme la robe qu’elle portait appartenait à l’entreprise réputée Valentino, mieux valait en prendre soin car si elle venait à l’abimer elle allait devoir payer. Elle avait beau avoir de l’argent à revendre, elle préférait de loin aider les personnes dans le besoin ou encore verser de l’argent à des associations plutôt que de devoir payer inutilement pour des robes ruinées. Afin de pouvoir se déplacer plus facilement, elle décida de relever légèrement sa jupe avec ses mains ; elle se fit la réflexion qu’elle avait bien faire de mettre ses plus jolis escarpins, contrairement à une certaines Marni-Lay Rosenbach qui avait cru bon de porter une robe longue semi-transparente avec des… uggs. Oui, sa confrère béta portait une longue robe bleue foncée donc la jupe était à moitié en dentelle, ce qui laissait entrevoir qu’elle portait des chaussures inadéquates pour ce genre d’occasion. Perdue dans ses pensées, Harper repensa à cette sublime robe qu’elle avait réalisée de ses propres mains pour l’occasion. Une robe rouge, dont le haut était en dentelle bien fournie et dont la jupe extrêmement longue était fendue sur le côté. Elle en était certaine, elle l’aurait porté à ravir, même si la Valentino couleur crème la mettait également en valeur. Elle avait décidé de ne pas s’attacher les cheveux, pour la simple et bonne raison qu’elle ne supportait pas de les avoir tout tirés derrière la tête. Tandis que la jolie cubaine semblait dans son élément, son cavalier l’était un peu moins. Elle était bien consciente que Kaleb avait accepté sa proposition pour lui faire plaisir, et elle comptait bien le remercier en le faisant passer une bonne soirée. « On pourrait commencer par boire une petite coupe de champagne, qu’en dis-tu ? » lui demanda-t-elle avec un sourire en coin plus que charmant. Plutôt stable dernièrement avec son anorexie, Harper commençait tout juste à accepter de boire de l’alcool. Le champagne, sa boisson alcoolisée préférée était d’ailleurs celle qu’elle acceptait en général sans trop rechigner. Si Kaleb lui proposait une tequila boum boum, pas sur que la jeune femme accepte. Gentil et gentleman comme tout, Kaleb se dirigea vers le bar pour s’occuper des boissons, laissant Harper observer les alentours. Et voilà, Sloan était bel et bien là, vêtu d’une chemise blanche et d’une veste de costard. Qu’il était beau. Harper et Sloan étaient sortis ensemble il n’y a pas si longtemps que cela et s’entendaient à merveille. Hélas, ils avaient rompus d’un commun accord, se disant qu’entre eux, c’était plus de l’amitié qu’autre chose. Hors, depuis cette rupture, rares sont les fois où ils se retrouvent dans la même pièce sans finir la nuit ensemble. Ce dernier croisa le regard d’Harper et lui fit un de ses petits clins d’œil allumeur. « Tu rêves » mima la demoiselle avec ses lèvres, en espérant que Sloan avait saisi le message. Elle était là avec Kaleb ce soir, et même si elle ne voulait pas se l’avouer, elle l’appréciait tout de même un peu plus que la moyenne. Si elle avait voulu venir avec Sloan au bal, elle aurait pu lui demander à lui, mais non. Elle avait préféré s’y rendre avec Kaleb, qui semblait être bien plus mature et plus respectueux envers les femmes. Harper tourna sa tête et vie son charmant cavalier revenir, deux coupes de champagne à la main. Il lui en tendit une et lui fit son plus beau sourire, qui fit presque fondre Harper. Elle n’avait jamais vraiment fait attention à lui de ‘cette façon’, mais elle était obligée de reconnaître qu’il était doté d’un certain charme. « Merci ! » dit-elle après avoir saisi la coupe de champagne. Elle s’accouda à une table haute qui se trouvait à proximité et posa son verre dessus, avant de se passer la main dans les cheveux. « Des têtes connues par ici ? » demanda-t-elle à Kaleb, en essayant de découvrir s’il était mal à l’aise à cause d’une éventuelle ex-girlfriend dans les parages. Avec un verre dans le nez, peut-être qu’elle oserait lui faire comprendre plus tard dans la soirée qu’en fait, il lui plaisir relativement bien.

« Every girl pretends she is a princess at one point, no matter how little her life is like that »

La soirée battait désormais son plein et l’ambiance était au rendez-vous. Tout semblait se dérouler comme prévu et en ce qui concernait Harper, elle n’aurait pas pu rêver mieux. Elle portait une robe qui lui plaisait même si ce n’est pas celle qu’elle avait en tête au départ, et elle était accompagnée d’un charmant jeune homme qui ne lui était pas totalement indifférente. Avec un peu de chance, peut-être que cela se révélerait plus tard être réciproque. D’ailleurs, si Sloan n’avait pu s’empêcher de mettre son grain de sel au bout de cinq minutes de présences au bal, c’est qu’il avait bien du flairer qu’il se passait quelque chose entre Harper et Kaleb. A l’époque, les deux étudiants formaient un couple que beaucoup enviaient. La beauté naturelle d’Harper et le ‘sex appeal’ de Sloan faisait d’eux un duo d’enfer et leur popularité au sein de l’université était pratiquement à son maximal. Et pourtant, rien n’allait entre eux : ils s’engueulaient régulièrement et n’appréciaient pas forcément l’entourage l’un de l’autre. Harper avait de la peine à supporter certains gammas et Sloan ne comprenait pas cette envie de la demoiselle de toujours vouloir aider tout le monde. Selon lui, elle ne se comportait pas suffisamment comme une béta. Qu’il en soit ainsi, elle n’allait pas se comporter telle une véritable ‘bitch’ juste pour faire plaisir à monsieur. Entre eux, seule une chose allait bien, très bien même. Et cette chose, c’était le sexe. Ainsi, depuis qu’ils ont rompu d’un commun accord il y désormais près d’une année, leur attirance physique a parfois raison d’eux. Rares ne sont pas les fois où ils passent la soirée séparément mais la finissent ensemble, jusqu’au petit matin, avant qu’Harper ne se faufile hors de la chambre de son soi-disant prétendant. Totalement perdue dans ses pensées, la jolie cubaine fut tirées de ses dernières par le retour de son cher cavalier. Ce dernier lui tendit un verre contenant une boisson à la couleur peu ragoûtante. Ce n’était certainement pas du champagne. Rapidement, Kaleb l’éclaira en lui expliquer que la seule boisson autorisée hormis les eaux gazeuses et les jus d’orange était un punch pour le moins étrange. « Merci, ça fera l’affaire » répondit-elle au lamba avant de lui faire un clin d’œil. Harper a des rapports difficiles avec la nourriture, elle ne boit donc que très peu voire pas du tout d’alcool. Mais, depuis qu’elle va mieux et qu’elle est plus ou moins stable, le champagne est une boisson alcoolisée qu’elle apprécie énormément. « Ah ces américains, on est pas foutu de laisser les jeunes boire une bière avant 21 ans, mais on laisse des jeunes inconscients de 16 ans avec des restes de talc entre les fesses conduire… » continua-t-elle sur un ton qui se voulait ironiquement désespéré. Harper avait beau avoir toujours vécu sur le continent américain, avec ses expériences journalistiques, elle savait bien que les lois étaient très différentes dans les autres pays, notamment en Europe. Elle avait appris très vite que là-bas, c’est l’inverse. On boit avant et conduit après, car oui, la bière est à 16 ans. Lorsqu’elle s’était rendue à New York il y a quelques années, Harper avait d’ailleurs été choquée de voir des gens buvant de la bière, qui étaient obligés de cacher cette dernière derrière dans un sachet opaque. Cela révèle beaucoup de la personnalité et mentalité des américains : faire des conneries, mentir, ce n’est rien, dans que personne ne le sait. La cubaine avait beau avoir une âme de béta, au fond, elle n’était pas une vraie manipulatrice et blesser volontairement les gens ne faisait pas partie de ses activités. « Quelle bonne idée ! Maintenant, j’ai hâte que la soirée se termine… » ajouta-t-elle le sourire aux lèvres. Harper se révélait être plus aventurier que ce qu’elle aurait pensé. Et puis, la fin de soirée pouvait peut-être révélée bien d’autres surprises, se disait-elle, pensant à Kaleb. Malgré le fait que la belle commençait à prendre conscience de l’égard qu’elle portait à son cavalier, lui restait très discret et ne lui laissait rien croire. Du moins, jusqu’à ce qu’il lui dise plus ou moins adroitement qu’elle était la personne la plus importante pour lui à cette soirée. Sans rien dire, elle se contenta de le regarder dans les yeux et de lui sourire, avant de lui prendre la main pour l’emmener sur la piste. « On danse ? » le supplia-t-elle. Lorsque leurs mains se touchèrent, Harper ressenti comme un léger frisson. Elle se sentait presque idiote, et surtout, vulnérable. Puis, Kaleb lui retourna la question. « Oh moi, je connais surtout ma cousine, ma demi-sœur et puis mes amis notamment de la confrérie » balbutia-t-elle en faisant mine de ne pas vraiment leur prêter attention. Puis, Kaleb l’interrogea sur Sloan. « Oh… » murmura-t-elle sur un ton quelque peu hésitant. Que devait-elle dire ? Toute la vérité ? Une vérité à demi-mots ? Elle opta pour la vérité, après tout, lorsqu’on cache des choses, tout fini par ressortir un jour, c’est un fait. Alors, autant être honnête dès le départ. Et puis, après tout, elle n’avait rien à se reprocher, Kaleb avait lui aussi certainement tout un tas de conquêtes à son actif. « C’est Sloan Blackburn… on s’est fréquenté quelques mois l’an dernier » commença-t-elle par avouer. Elle n’allait certainement pas lui dire qu’ils s’étaient revus quelques fois simplement pour ‘passer du bon temps’ ; loin d’elle l’envie de passer pour une sal*pe, ce qu’elle n’était d’ailleurs pas. « Disons simplement qu’on est resté amis » termina-t-elle sur un ton qui voulait tout dire, un ton qui laissait sous entendre qu’elle ne comptait pas parler de lui toute la soirée. « Mais bon, c’est de l’histoire ancienne. Je suis certaine que tu dois avoir quelques personnes ici que tu as, disons, fréquentée » osa-t-elle finalement demander, curieuse. Alors qu’ils continuaient à danser, Harper sentait qu’ils se rapprochaient petit à petit, pour son plus grand plaisir. Décidemment, la soirée se passait merveilleusement bien ; même dans ses rêves, Harper n’aurait pas pu rêver mieux. Espérons que pour une fois, aucun drame ne viendra gâcher l’événement.