« Remember that happiness is a way of travel, not a destination »

Le mois de juin était largement entamé et l’été allait officiellement être annoncé d’ici quelques jours, ainsi que la fin des cours. En ce moment même avaient lieu les préparations farfelues pour le bal de fin d’année et tout le monde sait que les américains ne prennent pas la fameuse ‘prom night’ à la légère. Leyna se réjouissait énormément de l’événement mais regrettait tout de même de ne pas avoir un cavalier ; elle avait espéré que William se décide mais il semblerait que ce dernier avait décidé de la tourmenter encore un peu. Après tout, l’art d’ennuyer le monde semblait être son premier trait de caractère. Pourquoi la jeune femme devait-elle toujours s’amouracher de mauvais garçons ? N’aurait-elle pas pu accepter les avances d’un de ses anciens camardes de classe ? Non, parce qu’elle le trouvait trop timide, ou tout simplement non parce qu’il n’y avait pas la petite étincelle entre eux. Avec William, elle avait beau être constamment rembarrée, elle aimait bien le challenge qu’était de séduire un homme de la sorte. Et puis, autant le dire, elle ne résistait pas à son charmant accent british, malgré le fait que ce dernier se moque régulièrement de l’accent australien de la belle sigma. Ainsi, il était vendredi et la semaine touchait à sa fin, le bal aurait lieu ce week-end, elle ne savait toujours pas ce qu’elle allait porter, surtout qu’elle n’allait certainement pas pouvoir rivaliser avec la plupart des gosses richissimes de l’université étant donné l’état de ses finances. Elle n’était pas riche et surtout, elle n’avait pas des parents qui suivaient derrière pour payer ses moindres faits et gestes, ses moindres caprices. Heureusement, le beau temps avait enfin décidé de se montrer et elle décida de prendre l’après-midi pour se relaxer et profiter de ne rien faire, pour une fois. Elle avait congé aujourd’hui, ce qui voulait dire que le soir venu elle pourrait faire la fête pour de bon ; elle ne serait pas derrière le bar à servir les boissons pour arrondir ses fins de mois. Tandis qu’elle passa à son casier pour prendre ses dernières affaires non débarrassées jusqu’à présent, elle alla ensuite à la cafétéria pour se prendre un thé glacé. La plupart des gens se contenterait d’un café mais la belle a tout simplement horreur de cette boisson tant appréciée. Tout comme elle n’aime pas le redbull, le sport, ou encore le chocolat. Faire comme tout le monde, ce n’est pas dans ses habitudes, qu’elle le veuille ou non. Vête d’un mini-short en jean, d’une blouse sans manche blanche semi-transparente et de talons compensé, elle était plutôt à son avantage. En cours, elle n’était pas habituée à s’habillée aussi bien, mais avec les 30 degrés qu’il faisait aujourd’hui, elle avait finalement cédé aux habits dévoilant un peu de son anatomie. C’est donc munie de son thé glacé aux fruits de la passion et de sa tonne de cours que Leyna Jackson-Stones se dirigea en direction du parc, espérant bien croiser quelqu’un qu’elle connaissait. Profiter du soleil en compagnie de ses amis, que de demander de plus ? Le parc était bondé, on voyait que les vacances approchaient et que l’ambiance générale de l’université était à la détente et à l’amusement. Tandis qu’elle marchait, totalement perdue dans ses pensées, elle repensa à ce qu’elle allait bien pouvoir porter le lendemain, pour le bal. Elle fut rapidement interrompu après avoir littéralement trébuché sur un banc, ou plutôt, sur quelqu’un. « Oh non, oh non, oh noooon… je suis tellement désolée ! » balbutia-t-elle, se confondant en excuses. Elle ne savait plus où se mettre tellement elle était embarrassée. Elle venait de foncer sur un charmant jeune homme, qui semblait lire ou travailler un cours, et elle venait de lui tomber dessus, renversant son fameux thé glacé sur ses habits et surtout, sur ce qu’il était en train de lire. « Je ne sais pas quoi dire, je suis vraiment vraiment désolée, qu’est-ce que je peux faire pour rattraper tout cela ? » demanda-t-elle, le rouge aux joues. Elle lui aurait bien proposé de lui prêter sa blouse mais le pauvre étudiant l’aurait prise pour une folle. Et il y aurait eu de quoi, en même temps. Elle scrutait le visage de l’inconnu, resté silencieux jusqu’alors, à la recherche d’un quelconque indice sur son état d’énervement.

« Remember that happiness is a way of travel, not a destination »

Le soleil brillait et la chaleur était au rendez-vous. Ce vendredi aurait été le jour parfait pour se rendre au bord de la mer ou alors à la piscine. Leyna préférait la mer pour le paysage et l’environnement, mais elle préférait la piscine pour la transparence et la propreté de l’eau. Les méduses, elle en a toujours eu peur. Et puis en Californie, autant être honnête la mer n’est pas très chaude. Mais enfin… Étonnamment, le jeune homme ne sembla pas être trop énervé. Pourtant, il y aurait eu de quoi ! Avec sa maladresse et sa malchance légendaires, Leyna ne sait pas pourquoi elle s’étonne encore que de telles choses lui arrivent. Quiconque se trouve sur son chemin se retrouve généralement mêlée à des histoires, malgré elle. Il y avait d’ailleurs cette epsilon, Francesca Da Volpedo, qui ne pouvait pas s’empêcher de haïr la sigma du plus profond d’elle même. Pourquoi ? Tout simplement parce que Francesca se trouvait toujours au mauvais moment, au mauvais endroit, et était bien trop souvent à son goût victime des frasques de la belle australienne. Perdue dans ses pensées l’espace d’un instant, Leyna remarqua tout de même que l’étudiant serrait les dents pour ne pas montrer son total désarroi. « Heureusement que les cours sont bientôt terminés » ironisa Leyna en montrer son plus beau sourire. C’était quitte ou double ; soit le jeune homme allait trouver sa remarque totalement déplacée, soit il dédramatiserait la situation et tout deux allaient bientôt pouvoir en rire. Tout ce qu’elle désirait, c’était que l’inconnu la tire de son embarras. C’est alors que le beau brun qui se trouvait en face d’elle lui dit que ce n’était pas grave. Le hic, c’est que le ton sec employé par le jeune homme en disait long sur ce qu’il pensait réellement. « Sincèrement, je suis désolée, une fois changé donne moi tes vêtements, j’irai les laver moi-même ! » proposa Leyna d’un ton gêné et navré. Elle était sérieuse, si cela pouvait lui rendre service, elle était prête à emmener ses habits à la laverie, même si cela allait lui coûter une petite fortune. Quand on est barman, on ne roule pas sur l’or. Il marmonna vaguement quelque chose et tourna le dos à la jeune femme, qui était totalement bouche bée. Quel malotru ! Certes, elle lui avait renversé son thé dessus, mais jamais elle n’avait volontairement voulu le salir ou le tremper. Et elle s’était excusée maintes et une fois. Totalement choquée, elle avait presque les larmes qui lui montaient aux yeux. Mais, tandis qu’elle s’apprêtait à continuer son chemin en méditant sur ses actes, voilà que le bel inconnu fit demi-tour et fit une proposition des plus étonnantes. Il avait trouvé comment Leyna allait pouvoir se racheter, et c’était en l’accompagnant au bal. D’un côté, elle se sentit flattée, mais de l’autre elle était partagée entre le changement de ton jeune homme – était-il bipolaire ? – et le fait que sa demande laissait sous-entendre que cela se remarquait direct qu’elle n’avait pas encore de cavalier. En lui tournant le dos il y a quelqu’un instant et en l’ignorant totalement, le jeune brun avait perdu sa position dominante. « Et bien… qu’est-ce qui te fait croire que je n’ai pas déjà un cavalier, mon cher ? » demanda-t-elle avec le sourire. Elle se jouait de lui, cela faisait partie de son caractère. Elle aimait bien la tournure que prenait la situation. « Et si on commençait par aller boire un verre ? » proposa-t-elle tout sourire, bien décidée à en savoir plus sur cet homme. « Je m’appelle Leyna, 3e année de photographie » se présenta-t-elle.

« Remember that happiness is a way of travel, not a destination »

Leyna avait tenté de faire de l’humour en n’acceptant pas de suite la proposition de Jim. Il voulait l’emmener au bal ? Qu’il en soit ainsi, mais il allait devoir tout de même prouver son désir de l’y emmener. Elle avait beau avoir trempé ses vêtements – et elle en était sincèrement désolée ! – elle n’allait pas pour autant accepter d’aller au bal avec le premier venu. L’idée n’était pas déplaisante, c’était un fait. Ce fameux étudiant était plutôt attirant et l’avoir à son bras lors de la soirée allait certainement faire – enfin – réagir William Rhodes, pour le plus grand plaisir de Leyna. D’abord visiblement agacé que la demoiselle ne cède pas à sa proposition dans l’immédiat, le jeune homme ravala sa petite ‘colère’ et se présenta à son tour également. Jim. C’était un joli nom, et il le portait bien, même si elle aurait vu un prénom peut-être plus long sur lui. Elle avait un ami qui lui ressemblait énormément, et il était italien, d’où le fait qu’un prénom à consonance américaine l’ait première choquée. Bref, ce Jim ne semblait pas être italien, que ce soit au prénom ou à l’accès. « Economie… intéressant » fit Leyna, méfiante. Les étudiants en économie étaient réputés pour être de vrais tombeurs, voire même de vrais manipulateurs. Elle avait eu raison de le faire tourner en bourrique alors, lorsqu’il lui avait proposé pour le bal. Malgré une entente visible entre les deux jeunes étudiants, Jim déclina plus ou moins la proposition de Leyna. Hélas, il était vrai que trempé comme il était, aller se changer était une bonne idée. « J’imagine que si tu loges au sein de l’université, ça ne devrait pas te prendre trop de temps d’aller enfiler un autre short » lança-t-elle en souriant. « Et un autre t-shirt » rigola-t-elle. Oui, Jim était vraiment mouillé de toutes parts ; elle ne l’avait pas ratée. « A moins que tu aies mieux à faire… » osa-t-elle enfin dire, histoire de faire bouger la conversation. L’idée d’aller avec lui au bal l’intéressait, et elle ne voulait en aucun cas le laisser partir comme ça, car elle n’aurait aucun garantie de le revoir le lendemain. Ou même un autre jour. C’est alors que Jim partit dans tout un tas d’explications. Tout ce que Leyna avait retenu, c’est que oui, sa chambre étudiante n’était pas loin. « Dis voir, serait-ce une proposition indécente ? » demanda-t-elle, joueuse. « En général, on va boire un verre avec une femme avant de l’invité dans chambre, non ? » ajouta-t-elle. Ses propos étaient à prendre avec humour, ou du moins, au second degré. Il était évident que si Jim devait repasser par chez lui, c’était à cause d’elle. Et le fait qu’il lui propose de l’accompagner suggérait qu’il aurait effectivement apprécié le fait de boire un verre en sa compagnie. Leyna Jackson-Stones était une sigma, et pas n’importe laquelle : elle était la présidente de la confrérie. En aucun cas elle pouvait être comparée avec une béta, soit comme une garce. Coucher avec mec sans le connaître, pas son genre. Ni même accepter une proposition étrange venant de la part d’un inconnu. Et pourtant, ce Jim l’intriguait. « Allons-y » lui dit-elle finalement, bien décidée à en apprendre plus sur lui.