Depuis son arrivée à Berkeley, Seth ne prenait rien au sérieux, les études, les cours et les professeurs étaient des choses véritablement secondaires pour lui. S’il était à Berkeley et qu’il étudiait la géopolitique c’était uniquement de la faute de son père, de l’ultimatum que ce dernier lui avait posé. S’il ne retournait pas sur les bancs de l’université, daddy allait lui couper les vivres, et pour être honnête il ne se voyait pas sans argent, il tenait à son petit confort matériel. Néanmoins les cours ne l’intéressaient pas, tellement pas qu’il était ici en touriste, les vacances n’avaient pas encore pris fin. Tandis que tous les étudiants étaient en pleine période de révisions lui se donner du mal pour organiser de grandes fêtes, pour trouver un nouveau moyen de se mettre le crâne à l’envers, pour attirer de nouvelles filles dans son lit. Tel un prince charmant des temps modernes il se pavanait dans les couloirs de Berkeley, il affichait sa belle gueule dans les soirées étudiantes, il enfumait son monde dans l’unique but de ne jamais rentrer seul. Plus qu’une question de réputation, un véritable besoin. Son tableau de chasse s’agrandissait de semaines en semaines, et il pouvait déjà y compter quelques délicieux trophées. Tout en haut de la liste, June, sa sexfriend, une Epsilon, une fille sauvage, une garce constamment perchée sur ses stillettos. Ils s’étaient bien trouvés, ils se complétaient, chaque fois qu’il avait besoin d’affection, de sexe il l’appelait et elle faisait de même. Il n’était pas question de sentiments entre eux, c’était purement charnel et c’était sans doute pour ça que ça marchait, que ça durait. Seth ne croyait pas à l’amour, aux sentiments et à toutes ses idioties qui font rêver les filles. La vie ce n’était pas un conte de fée, tout n’était pas tout rose, à la fin de l’histoire le prince ne se mariait pas avec la princesse, au contraire il partait avec sa meilleure amie dix fois plus sexy. Les êtres humains n’étaient pas fait pour la fidélité, pourquoi se passer une bague au doigt, s’engager lorsqu’on peut être libre ? Il avait du attendre plus de dix ans pour enfin être libre, il avait pris la décision de s’enfuir de chez lui avec son sac à dos et de parcourir le pays. C’était sa plus belle expérience, une expérience de vie qui lui avait permis de grandir, de murir, de trouver qui il était vraiment au fond de lui. De Los Angeles, à Seattle, en passant par Miami et New-York, il avait rencontré des centaines de personnes d’horizons divers, il avait construit des amitiés fortes au fil de ses voyages, il en avait profité pleinement et ce jusqu’à la toute dernière seconde. Il avait senti la fin approcher, il savait qu’il avait besoin de revenir là ou tout avait commencé, San Francisco sa ville natale. Celle ou les visages étaient familiers, ou il y avait sa famille et ses vieux amis, Aislynn, Lily-Rose, ceux qui avaient eu de l’importance, qui en avaient encore. De retour en ville, et à l’université il avait décidé de rattraper le temps perdu. La veille il s’était rendu à une soirée étudiante, passage obligé. Comme à chaque soirée, il avait succombé au pouvoir de l’alcool. Seth avait ce que l’on pouvait appeler le gout de la fête, il aimait la sensation de liberté que lui procurait ces soirées et il affectionnait également les rencontres qu’il pouvait y faire. Rentrer seul, ce n’était pas dans ses habitudes, si bien qu’hier encore il s’était retrouvé en charmante compagnie, de fil en aiguille et grâce à son charme irrésistible il avait convaincu sans aucune difficultés la jolie brune à le suivre jusqu’à la demeure Delta, temple des relations charnelles. Une fois dans sa chambre avec cette charmante demoiselle dont il ne connaissait même pas le nom les choses sont allées très vite, des baisers volés, des vêtements qui tapissent le sol, le sexe. Cette chambre, il était contraint de la partager avec un autre étudiant, un certain Casey, les deux hommes avaient de bons rapports, ils s’entendaient bien et partageaient de nombreux points communs. En revanche, cette nuit là, Casey était la dernière personne qu’il avait envie de voir débarquer dans sa chambre et pour cause, nu comme un ver et entrain de prendre son pied, la situation était gênante pour eux deux, et aussi pour la fille mais ça il s’en fichait un peu. Coupé en pleine action par la voix reconnaissable entre mille de son colocataire, Seth se retourna vivement pour le voir dans l’encadrement de la porte. Il haussa un sourcil perplexe avant d’ajouter d’un ton plus ou moins désagréable. « Excellente idée, profites en pour apprendre à frapper avant d’entrer aussi. ». Seth et la cohabitation étaient deux choses qui n’allaient pas du tout ensemble, il ne s’y ferait jamais, manque d’intimité, le colocataire qui peut surgir à n’importe quel moment, non merci. Mais dans le fond il savait qu’il n’avait pas le choix, c’était ça ou retourner habiter chez ses parents, ce qui était hors de question. La suite de la nuit se passa sans encombres, Casey avait du trouver un autre endroit pour dormir, quant à Seth il avait gentiment raccompagné la demoiselle jusqu’à la sortie. C’était purement sexuel, il se fichait d’elle et elle en avait conscience, peut être qu’un jour il l’a reverrait, peut être pas. Le lendemain les choses furent moins joyeuses, il n’avait pas revu Casey depuis la vieille et se posait tout de même quelques questions. Après un petit déjeuner copieux et une bonne douche, il retourna dans sa chambre afin d’enfiler des fringues, et de se préparer pour aller à ses cours de Géopolitique, ho joie ! Il espérait que Jayan serait là, ainsi il pourrait le questionner sur ses relations plutôt que d’être forcé d’écouter ces cours assommants. Surprise, Casey était la, penché au dessus de son sac il récupérait quelques affaires. Il lui lança un « salut » glacial sans même prendre la peine de se retourner. Seth haussa les épaules avant de faire quelques pas vers le Delta. « Faut qu’on reparle d’hier. », il marqua une brève pause en se dirigeant vers son armoire. Il savait d’ores et déjà que Casey n’avait pas envie de reparler de tout ça, mais pourtant il le fallait car il ne voulait pas que cette situation se reproduise, une fois c’était déjà bien assez. « Tu as une solution à proposer ? Parce que j’ai pas l’intention d’arrêter de ramener des filles ici. » siffla t’il en enfilant un jean et un tee shirt. S’allongeant sur son lit, il attendait que Casey daigne lui répondre, il ne le laisserait pas sortir d’ici sans qu’une solution soit trouvée..

Seth ne connaissait rien à la notion de partage. Il avait évolué dans un monde doré dans lequel ses généreux parents n’avaient cessé de le couvrir de cadeaux. Fils unique, il n’avait jamais eu à partager son jouet favori avec qui que ce soit, encore moins sa chambre. La cohabitions ce n’était pas du simple partage de pièce, c’était comme si on l’amputait d’une partie de sa liberté et de son intimité. Il s’était barré de chez lui à 19 ans justement pour reconquérir cette liberté et voila qu’aujourd’hui de retour dans sa ville natale rien n’avait changé; à la différence près que ce n’était plus ses parents qu’il avait sur le dos, mais Casey. Casey son adorable colocataire était plus calme que lui mais tout autant porté sur les filles, la séduction et le sexe. Le Delta était à Berkeley depuis quelques temps déjà, et même si les deux jeunes hommes s’appréciaient, Seth était convaincu que Casey se pensait en terrain conquis voyant Seth comme le petit nouveau, le touriste fraichement débarqué. Pas de chance pour lui, Mister Hill avait une faculté d’adaptation hallucinante, il était partout chez lui et ce qu’importe qu’il soit le bienvenue ou non. En plus de son franc parler légendaire, Seth était un égoïste fini, son coté fils à papa qui le rattrapait parfois, si bien que, la veille au soir, il n’avait pas était spécialement agréable avec Casey. Néanmoins, il avait eu d’excellentes raisons de s’adresser à lui sur ce ton, primo le Delta était rentré dans la chambre sans même frapper, oubliant au passage que ce n’était pas sa chambre mais leur chambre, à eux deux. Deuxièmement il avait eu le chic de prononcer quelques mots et de voir toute la scène plutôt que de prendre ses jambes à son cou, le temps de réaction pitoyable du Delta se prouvait ici encore. Troisièmement, il faisait mine d’ignorer Seth depuis au moins cinq bonnes minutes, rangeant des livres à même le sol; il fuyait cette conversation comme la peste, presque gêné. « La vision de moi et ... » Seth tenta de se rappeler du prénom de la fille de hier soir, sans espoir. Il aurait pu dessiner chaque courbes de son corps de déesse les yeux fermés, mais alors son prénom ! Il était incapable de s’en souvenir. « de la fille, était si horrible que ça ? Parce que ça fait trois fois que tu attrapes ce bouquin sans le mettre dans ton sac. » Finit il par dire en sifflotant avant de se laisser tomber sur son lit, sans quitter Casey du regard. Seth savait qu’il avait fait une erreur à un moment donné, peut être n’aurait il pu du virer Casey de la chambre avec tant d’agressivité, mais en pleine action difficile de faire autrement, à cet instant il n’avait pas pensé en terme de politesse du tout. Désormais, il était convaincu d’une seule et unique chose, cette situation ne devait pas se reproduire dans le futur. Il devait trouver une solution avec Casey pour ne jamais se retrouver à la place du type qui ouvre la porte et qui découvre son colocataire en charmante compagnie. D’ailleurs il avait un plan bien précis en tête qui consistait à ne pas laisser sortir le Delta de cette chambre tant qu’une solution n’aurait pas été trouvée. Il était prêt à entendre toutes les idées de Casey soient elles plus invraisemblables les unes que les autres, il était même prêt à y consacrer sa journée; car c’était sa liberté qui était en jeu. Il ne se voyait pas dire à une éventuelle conquête d’un soir : « attend j’appelle mon coloc’ voir si la chambre est libre, et si elle ne l’est pas il reste ma voiture ». Hors de question, Seth vivant cette phrase ne sortira jamais de sa bouche. Fixant le plafond en quête d’une illumination, il se demandait soudainement ou Casey avait passé la nuit, puisque visiblement il n’avait pas remis les pieds ici après l’incident. « T’as dormi où d’ailleurs ? Parce que si c’était confortable à la limite tu peux déménager et tu me laisses la chambre », ajouta il d’un ton ironique, il riait, enfin à moitié car cette solution lui semblait parfaite, bien que il appréciait beaucoup la compagnie de Casey, et qu’elle finirait par lui manquer si il partait. Il considérait ce type comme un ami, ils avaient beaucoup en commun et il n’était pas question de tout foutre en l’air pour une histoire de fille, d’un coup d’un soir. Casey lâcha finalement sa pile de bouquin sordide pour prendre place à son bureau. Son bureau, ses stylos, son étagère, son armoire, Seth avait encore du mal avec ce principe, mais Casey semblait très attaché à ses affaires, et il entrait dans une colère noire si Seth avait le malheur de toucher à quoi que ce soit. Résultat, il profitait souvent que le Delta soit de sorti pour fouiner, persuadé que ce dernier avait quelque chose à cacher, il avait longtemps espéré tomber sur une liste de ses conquêtes, une photo immonde de lui gamin ou sur une sextape - la ça aurait été le jackpot - mais non rien; n’y avait il que Rosenbitch pour faire ce genre de choses ? Ou Berkeley était devenu d’un ennui mortel ? « Enfin techniquement c’est ta moitié de chambre ... » se risqua t’il à dire de façon presque blessante, mais il ne supportait pas le ton que Casey employait à son égard, sans même se risquer à le regarder droit dans les yeux. Il proposa alors une idée tellement stupide que Seth ne put s’empêcher d’éclater de rire, la garde partagée vraiment ? La chambre était devenu leur gosse, c’était qui la mère ? Son idée aurait pu marcher, sauf que si il rencontrait une superbe fille sur le campus un mercredi et que ce jour là c’était le jour de Casey il était foutu. Contenant son rire, il commenta cette proposition. « Ca va pas le faire je crois, parce que les coups d’un soir ça ne se programme pas à l’avance. » il soupirait en se demandant si il y avait réellement une solution au problème, et se souvenait de cette feuille stupide qu’il avait collé sur la porte de sa chambre quand il avait treize piges NE PAS DERANGER. En gros, il lui fallait le même genre de technique en plus discret, beaucoup plus discret, inutile que toute la demeure Beta-Delta sache qu’il était entrain de se livrer à des pratiques pas très catholiques. « Eurekaaaaa » lacha t’il bruyamment, avant de bondir du lit. « Il nous faut un signal, un code, tu vois ? Il te suffirait juste de regarder la porte pour savoir si la voie est libre ou non. Mais ça doit rester discret ». A vrai dire, ils n’avaient pas beaucoup avancé depuis le début de la discussion, mais son idée était de loin meilleure que la garde partagée, du regard il passait en revue toute la pièce en quête d’un quelque chose qui pourrait faire office de signal. Les joies de la colocation, c’était donc ça.

Il était rare que Seth entre en conflit avec les personnes de son entourage, d’ailleurs il n’avait pas souvenir de s’être déjà disputé avec Casey. Depuis le début de l’année les deux hommes étaient en excellent termes, ils étaient sur la même longueur d’onde et avaient le même intérêt pour les filles et les soirées. Seth ne le considérait pas simplement comme son colocataire, Casey était bien plus que ça, au fil des semaines le Delta était devenu son ami à part entière. Il se confiait facilement à lui, lui demandait parfois quelques conseils, il n’y avait jamais eu aucun sujet tabou entre eux, du moins jusqu’à aujourd’hui. Des filles il en avait ramené des dizaines dans cette chambre et miracle ou simple chance, Casey n’avait jamais débarqué à l’improviste pendant qu’il se perdait entre les courbes parfaites d’une délicieuse créature. L’inconvénient de vivre en cohabitions c’était ça, le partage. Le partage des meubles, le partage de la chambre, le partage de l’intimité et ça commençait sérieusement à lui taper sur le système. Il songeait même à devenir président de la confrérie uniquement pour avoir sa piaule à lui et la transformer en bordel. Trêve de plaisanterie, les deux hommes allaient devoir trouver une solution car cette situation ne pouvait définitivement pas continuer ainsi. Allongé sur son lit, il fermait les yeux et réfléchissait comme jamais, il avait l’impression d’être en mathématiques entrain de résoudre une équation, et sa seule envie résidait dans l’envie d’écrire : ‘cette équation n’a pas de solution’. Il se massait délicatement les tempes tentant par la même occasion de remettre un nom sur ce foutu corps de déesse en vain. Casey affichait un sourire discret, presque moqueur, il savait que Seth avait pris la mauvaise habitude de ne pas retenir ce qui ne l’intéressait pas, un comportement de connard qu’il assumait pleinement. Il partait du principe que la seule fille qui méritait qu’on retienne son prénom était June, pour le moment personne ne lui arrivais à la cheville et c’était sans doute pour ça qu’il ne se lassait pas de ses cheveux bruns, de ses yeux de biches et de sa voix suave. Les filles à usage unique, les relations de quelques heures seulement c’était dans ses habitudes, il n’était pas tombé chez les Delta par pur hasard. « C’est dommage que je ne me souvienne pas de son prénom vraiment, sinon je te l’aurais prêté. » finit il par lâcher sur un ton très peu sérieux. Doucement il se redressait, écoutant les paroles de ce cher Casey. Ce dernier avait passé la nuit avec sa charmante cousine qui avait daigné lui ouvrir sa porte, quelle chance il avait d’avoir une famille si généreuse. Il se demandait qui dans son entourage l’accepterait s’il débarquait de nulle part en pleine nuit, il en arrivait à la conclusion que seules Aislynn et June feraient cet effort, ce qui était déjà pas mal. Casey proposa alors à Seth de lui présenter cette fameuse cousine, la générosité et le partage étaient de famille à première vue, néanmoins en se rendant compte de ses paroles Casey revint immédiatement sur ses déclarations. Il venait de comprendre qu’il s’agissait de Seth, coureur de jupons de haut niveau, un athlète de la séduction, lui présenter la charmante cousine reviendrait à la jeter tout droit dans la gueule du loup, pas sur que Casey apprécie le fait que son colocataire brise le coeur d’un des membres de sa famille. Néanmoins Seth voyait une opportunité et il avait envie de provoquer le Delta. « Si tu me la présente je te promet de pas oublier son prénom. » Il ne put s’empêcher de rire, tandis que le Delta mettait un terme à l’épisode Quinn. Il ignorait combien de coeurs il avait pu briser dans sa vie, mais un de plus ou un de moins il ne voyait pas vraiment le problème. Casey lui lançait de violents regards avant de prendre place à son bureau, l’homme semblait incroyablement contrarié aujourd’hui et Seth prenait un malin plaisir à tirer sur la corde. Il n’avait jamais vu Casey sortir de ses gonds, mais il était persuadé que ça ne devait pas être beau à voir, Casey avait du caractère et il n’était pas du genre à se laisser marcher sur le pied, il fit donc le choix judicieux de se calmer avant que l’histoire finisse vraiment mal. Il eut soudain une idée brillante qui semblait emballer Casey, néanmoins la mise en place de la technique proposée semblait poser quelques soucis d’ordre pratique. La porte était l’endroit le plus visible alors pour la discrétion ça paraissait un peu compromis. Casey balança le mot autocollant ce qui laissa Seth fortement perplexe, bonjour les heures qu’ils allaient devoir se taper à tout décoller ensuite, et puis les autocollants pour la virilité c’était quand même limite. L’idée du tableau d’afficha éveilla sa curiosité, noyer leurs messages codés sous un amas de papier et de foyers c’était parfait, il suffirait de déplacer une photo à un certain endroit pour signifier que la chambre était occupée, clairement, ça avait toutes les chances de fonctionner. « Je suis pour ! par exemple si la photo est en bas c’est que la voie est libre, si elle est en haut du tableau c’est que je suis ou que tu es occupé. ». Satisfait il se leva du lit et enfila un tee-shirt, après tout il devait aller en cours ne serait ce que pour faire acte de présence.