Les activités extra-scolaires, Leyna n’en est pas fan. A vrai dire, elle aime par dessus tout la photographie, la plage, ainsi que flemmarder sur son canapé le dimanche après-midi devant une rediffusion de la célèbre émission américaine « The Voice ». En revanche, le sport, elle n’en fait jamais pour la simple et bonne raison qu’elle a horreur de cela ; et puis, avouons le, elle y est totalement nulle. Ridicule, même. D’ailleurs, c’est lorsqu’elle s’était essayée à aller dans un fitness qu’elle avait rencontré Peter. Et non, il n’était pas venu la draguer. Il était juste venue la taquiner en lui faisant remarqué à quel point elle le faisait sourire. Depuis cette épisode où le jeune homme s’était ouvertement foutu d’elle devant une vingtaine de personnes, la jeune fille avait décidé de ne jamais retenter l’expérience. Du moins, pas en public. Et même si elle est loin d’être une fille précieuse dont seule son apparence physique lui importe, il est vrai que l’idée de se retrouver en training en train de suer ne la branche pas plus que cela. Mais enfin, s’il y a une chose qu’elle apprécie à peu près autant que le sport, c’est la forêt. Sans pouvoir aller jusqu’à parler de phobie, il est vrai que Leyna a toujours été un peu paranoïaque concernant les espaces particulièrement feuillus, d’autant plus qu’elle n’aime pas spécialement la nature ni même le camping, par exemple. Mais alors, on est en droit de se demander ce qu’elle faisait là, à attendre avec quelques personnes de l’université qu’elle ne connaissait pas, un professeur qu’elle n’avait jamais vu non plus. Enfin, peut-être de vue, mais le contact s’arrêtait là. Il y de cela quelques semaines, la jeune australienne avait fait un pari avec June, sa meilleure amie epsilon, qui n’est pas plus branchée par ce type d’activité que ne l’est Leyna. Le deal était clair : celle qui perdait se devait de s’inscrire à ce week-end de randonnée en forêt, sans broncher. Ayant lamentablement échoué, la sigma ravala sa fierté et décida d’honorer le pari qu’elle avait après tout accepté de faire. Tandis qu’elle avait préparer quelques affaires la veille – bouteille d’eau, entre autre – elle espérait au fond d’elle qu’il n’y aurait personne qu’elle connaitrait, chose qui s’avérer heureusement être le cas. Lorsque le professeur arriva sur place, il eut l’air tout aussi surpris que Leyna de voir qu’il avait affaire avec un troupeau de femmes. Vu son charme, cela ne devait certainement pas lui déplaire. Lorsqu’il fit l’appel, Leyna ne reconnu qu’une seule personne de vue : une brunette qu’elle devait sûrement avoir vu trainer avec June, puisqu’elle était persuadée qu’elle faisait partie de la confrérie des epsilons. Son nom de famille était d’ailleurs plutôt réputé au sein de berkeley, mais elle n’avait jamais fait connaissance avec l’un des membres de cette famille. Ainsi, peut-être que l’occasion se présenterait lors de cette… masquarade. Lors que le professeur, James O’Malley se présenta et fit son petite discours, Leyna ne fut pas rassurée sur le sérieux de la chose. Elle allait carrément devoir rendre un carnet de bord. « Ah, j'oubliais. Si l'une d'entre vous a besoin d'aller aux toilettes, c'est maintenant. Je ne crois pas qu'il y en ait beaucoup en pleine forêt ». Les propos de leur supérieur ne rassurèrent pas non plus la brunette. Si elle devait avoir besoin d’aller aux toilettes plus tard, elle allait être contrainte de le faire en pleine nature. Et, avec sa poisse légendaire couplée à une maladresse sans pareilles, elle allait sûrement se faire piquer les partes intimes par des orties ou pire, par un quelconque insecte répugnant. Hélas, elle ne pouvait plus faire marche arrière et se devait d’aller au bout de ce dont quoi elle s’était engagée. « Courage », se murmura-t-elle à elle-même, de façon à ce que personne ne l’entende.

Populaire sans pour autant avoir la réputation hors norme d’une epsilon ou d’une iota, Leyna Jackson-Stones a toujours été bien entourée. Ses vrais amis, elle les compte sur les doigts d’une main, mais des « potes » comme on dit, elle en a un wagon. Cela dit, lorsqu’elle s’était inscrite suite à l’échec cuisant du pari qu’elle avait fait avec sa meilleure amie June, elle ne pensait qu’elle allait connaître personne. Non seulement elle ne connaît pas le prof – bien qu’il soit plutôt mignon – mais elle n’arrive pas à mettre un seul prénom sur les têtes qu’elle avait en face d’elle. Enfin, elle reconnaissait bien Francesca, mais elle n’avait pas très envie de se faire remarquer dès le début. Que des filles, tiens. Cela était-il dû à une terrible coïncidence ou alors, le charme de Monsieur O’Malley y serait-il pour quelque chose ? Après que le professeur ait fait l’appel, certains prénoms ne paraissaient plus si étrangers que cela à Leyna. Peut-être avait-elle cours avec l’une de ces filles. Après tout, lorsqu’on est une centaine en amphithéâtre, on ne peut tout simplement pas connaître tout le monde. Il y avait Maëlle Silverwood, une brune toute mince qui semblait être plus âgée, 25 ou 26 ans peut-être. Aux vues de la façon dont elle veillait à ne pas reluquer O’Malley, elle devait sans doute être une béta, peut-être une iota. Puis, il y avait Francesca Da Volpedo. Leyna savait qu’elle l’avait déjà croisée, dans des situations plutôt cocassses d’ailleurs, mais rien que l’entente de son nom de famille suffit à lui rappeler qui elle était. Les Da Volpedo, tout le monde les connaît, de près ou de loin. De plus, passionnée par la photographie mais aussi par l’art en général, la belle australienne savait que ce nom de famille était réputé dans ce domaine. Peut-être que ce serait l’occasion de faire connaissance plus sérieusement. Francesca et Leyna avaient été amenées à se croiser par le passé. Et pour cause, la poisse légendaire de Leyna ainsi que son côté gaffeuse semblaient frapper dès que l’epsilon était dans les parages. En effet, il est arrivé de nombreuses fois où elle avait bien cru que Francesca allait lui lancer un verre à la figure. Involontairement, Leyna avait embouti sa voiture. Involontairement, elle avait pris la dernière place de parking de l’université, laissant Francesca dans l’embarras. Mais enfin, ce n’est pas les situations qui manquent ; Leyna pourrait parler de ses frasques des heures durant. Il y avait également une quatrième et dernière demoiselle, une certaine Tessa, qu’elle était sûre de ne jamais avoir croisée. Peut-être était-elle était nouvelle. Leyna ressentait chez elle la même appréhension qu’elle éprouvait à l’instant. Cette fille, elle n’avait très certainement pas plus envie d’être là que la brunette. Comme Leyna avait été la première à s’asseoir dans le van, elle était assise tout au fond, ce qui lui donnait la nausée. Elle ne dit rien, histoire de ne pas se faire étiqueter pour la chieuse de service après seulement une dizaine de minutes en compagnie de ses camarades. Et puis, inutile de préciser que si elle pouvait éviter de passer pour une « pouf » qui se met à trembler si elle se casse un ongle auprès de James O’Malley, ça lui irait plutôt bien. D’un côté, elle espérait ne pas être la seule dans cette galère, mais de l’autre, elle savait qu’elle allait être démasquée. C’était inévitable. Lorsque le professeur demanda s’il y avait des questions, Leyna se demanda intérieurement si le temps allait s’améliorer. Il ne manquerait plus qu’il pleuve, tient. Cela n’avait pas été le cas depuis plus d’une semaine, mais avec sa chance légendaire, elle n’allait certainement pas y couper. « Est-ce qu’on sera rentrés avant la nuit ? » ,demanda Leyna d’un air innocent à l’attention de James. Elle avait peur de la forêt, une peur bleue, une peur panique, mais pas question de l’avouer. D’où le fait que June ait choisi cette excursion sportive en forêt pour punir son amie. Elle ne savait pas d’où cela venait, mais elle était sûre d’une chose : elle ne supporterait pas de s’y balader une fois la nuit tombée. O’Malley semblait comme un poisson dans l’eau, ce qui rassura la belle brune. Bien décidée à ne pas s’ennuyer seule toute la journée, elle espérait bien lancer la conversation auprès des filles, même si elle espérait que Francesca n’allait pas la remballer, étant donné que rien de bon ne lui arrivait lorsque Leyna était dans les parages. Ainsi, elle se dirigea vers la fameuse Tessa, puis se présenta. « J’me trompe ou bien tu n’as pas l’air plus heureuse que moi d’être là ? ça promet cette journée », lança-elle à l’attention de la jeune blonde, tout sourire. Si Leyna a bien une qualité, c’est qu’elle a le contact facile, donc en général, les gens l’apprécie plutôt bien au premier abord.