Quand le présent se soumet au passé ... || Kirby

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« Quand le présent se soumet au passé » ▬

Cette jeune fille. Voilà maintenant plusieurs semaines que je l’observais aux détours des couloirs. Heureusement encore qu’elle ne fasse pas partie de mes étudiants. Auquel cas, j’aurai eu plus de mal à détourner mon attention lorsqu’elle se rendrait compte de mon curieux manège. Elle étudiait la médecine. Oui, je me suis renseigné. Je me renseigne toujours lorsque mes intérêts sont en jeu. Elle s’appelle Kirby-Dana S. Blank. Bonne élève, célibataire. Et apparemment adepte des relations d’un soir. Oui, je suis aussi au courant pour cette facette de sa personnalité. J’ai moi-même décidé d’arrêter les recherches sur cette dernière découverte. Pour éviter d’une part d’en savoir trop ou trop peu qui m’aurait donné l’envie d’aller toujours plus loin, au risque de ne plus avoir rien à lui dire lorsque je l’aurai en face de moi, mais aussi parce que j’avais toujours respecté la vie privée des personnes que j’estimais, ou qui faisait partie de ma famille. La famille, c’est sacré. Voilà ce que me répétait sans cesse mon oncle, celui-là même qui m’a élevé comme un père. Je suis James O’Malley. Milliardaire. Business man et chef d’entreprise de plusieurs multinationales spécialisées dans la robotique, entre autres choses. J’ai sous mes ordres plus d’un million de salariés, des hommes de mains prêts à tout pour assurer ma sécurité, des collaborateurs, des associés, des amis aussi, une petite fille de 7 ans prénommée Louna. Je suis veuf, et actuellement en couple avec une jeune femme. Tout aurait pu aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et pourtant, mon sang n’avait fait qu’un tour dans mes veines lorsque j’avais appris son existence. Kirby-Dana. Ma sœur. ‘Demi-sœur’, en vérité. La fille d’une mère que je n’ai jamais connue. Une femme qui a abandonné mon père. Père disparu. J’ai découvert ce secret de famille il y a plusieurs mois de cela, ne sachant qu’en faire, si je devais agir ou non. Finalement, la curiosité naturelle des Irlandais a eu raison de mon incertitude. J’ai décidé de rencontrer cette jeune fille. Seulement elle. Ma mère n’a jamais eu nulle autre importance que celle d’une traitresse, dans ma vie.

Je l’observe. Elle vient de sortir de l’amphithéâtre. Un rapide coup d’œil à mon collègue et celui-ci comprend immédiatement que je ne suis pas d’humeur à faire la conversation. Pas avec lui en tous cas. Je m’approche, l’air sérieux. Certains de mes étudiants, connaissant la bête qui se cache sous l’homme sûrement, s’éloignent l’air voûté, de peur que je les aperçoive. Elle est encore de dos, elle ne m’a pas remarqué. J’attends que ses amies s’en aillent, avant de l’aborder. J’ai beau paraître sûr de moi, je n’ai jamais été aussi hésitant qu’en cet instant. « Bonjour, mademoiselle Blank. »

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Quand le présent se soumet au passé

Enfin, la voilà, la fin de ce cours qui avait semblé interminable. Dés lors que je passe la porte de l’amphithéâtre, je pousse l'un de ces longs soupirs de soulagement, suivie par deux amies, lesquelles semblaient tout aussi ravies que ce cours d'anatomie ait pris fin. La journée n'était pas encore terminée et j'en avais déjà assez, rêvant de pouvoir enfin rejoindre ma chambre d'étudiante et de m'allonger sur mon lit jusqu'au lendemain matin. Quoi que, je n'avais pas vraiment le coeur à voir ma colocataire du moment, de peur d'être une fois de plus questionnée à tout bout de champ. Les réponses, ce n'étaient pas ce qu'il manquait, bien évidemment, mais elles étaient toutes plus fausses les unes que les autres. Après tout, je n'avais guère le choix si je voulais préserver ma vie privée. « Partez une fois devant, je vous rattraperai. J'ai quelques affaires à récupérer à mon casier, deux minutes me suffiront. », lançais-je alors aux filles tout en leur adressant un sourire. Nouveau mensonge, comme quoi, j'en étais devenue la reine depuis plusieurs jours maintenant. Alors que les deux jeunes femmes vinrent à tourner les talons afin de s'éloigner, je plongeais ma main dans mon sac afin d'y récupérer mon portable. Onze appels manqués en une petite heure, jamais mon père ne lâcherait l'affaire, mais il était hors de question que je ne cède face à ce dernier qui ne cessait de me harceler depuis la veille. Parler avec lui ? Je n'en avais guère envie, pas après qu'il ait refusé de m'emmener sur la tombe de ma mère, morte il y a tout juste deux ans, située à Tampa. Qu'il aille au diable, il m'avait déjà fait le même coup l'année passée, heureusement qu'Aengus avait comme projet de partir en vacances avec moi dans la seconde ville dans laquelle j'avais vécu. Rangeant mon portable, je soufflais un bon coup, n'ayant pas même besoin d'essuyer ne serait-ce qu'une toute petite larme, comme quoi, ma nouvelle coupe de cheveux avait fait de moi une véritable sans-coeur, aucun risque que ce dernier ne vienne à nouveau à être brisé. Deux ans, jour pour jour, que ma mère était morte et bien que j'y pensais toute la journée, pas une seule goutte d'eau n'avait menacé de se glisser contre ma joue. « Bonjour, mademoiselle Blank. » Je sursautai quelque peu alors que j'étais à demi collée contre le mur sur ma droite et je me retournais lentement, fronçant quelque peu les sourcils. Non ce n'était pas un étudiant, pas non plus le doyen, pas même l'un de mes professeurs, ni même Noah, alors qui était-il ? Et d'où savait-il mon nom ? Malgré tout, je n'avais pas peur, pas un seul de mes membres ne tremblaient face à ce dernier. Il ne pouvait être qu'un professeur dont je n'avais jamais entendu parlé, qui d'autre après tout ? « Bonjour monsieur... euhm... » Monsieur qui d'ailleurs ? J'aimerais malgré tout savoir à qui j'avais affaire. L'espace d'un instant, mon coeur s'arrêta de battre. Et s'il savait tout ? Avait-il été derrière la porte à écouter mes explications avec mon ancien amant ? Peut-être dramatisai-je la situation, mais ne le connaissant ni d'Eve, ni d'Adam, je ne voyais donc aucune autre raison qui le pousserait à venir m'aborder.

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« O’Malley. Professeur O’Malley. » lui répondis-je sans sourire. Parce qu’à Berkeley, nul ne m’appelait ‘monsieur’, et surtout pas les étudiants. Qu’ils soient classés parmi mes étudiants, ou non. Au final, je me rendais compte de l’absurdité de ma situation. Quelle idée de venir l’aborder en plein couloir, alors que les cours n’étaient pas encore terminés, au risque qu’à la prochaine sonnerie, des têtes se retournent sur notre passage ? Sans compter que je ne savais pas vraiment comment aborder ce sujet sensible qu’était notre lien de filiation, avec la jeune femme. D’ordinaire, j’étais pour les approches directes. Frontales. Mais certains cas méritaient un tant soit peu plus de discrétion, de subtilité, voire, d’anonymat. « Vous n’avez pas cours ? Je peux vous accompagner, si cela ne vous dérange pas, nous parlons en chemin. » Parler de quoi ? Voilà ce qui devait trotter dans sa jolie tête. Blonde. Alors que j’étais roux. Ma mère était-elle blonde ? Ou alors la couleur avait-elle sauté une génération ? Concentre-toi James, ce n’est pas le moment de flancher. « Cela fait quelques semaines que je vous observe, mademoiselle. » Comme début de conversation, on a vu mieux. Ne manquerait plus qu’elle me prenne pour un voyeur, tiens ! « Je vous observe, en tant que professeur intéressé par une étudiante. » ajoutai-je en me rendant compte de mon erreur. De mieux en mieux. Le terme ‘intéressé’ ne laissait pas du tout sous entendre l’allusion sexuelle. God ! Dire que je manquais de loquacité devant cette jeune femme alors que mon éloquence était digne de Platon lorsque je me trouve devant un amphithéâtre plein à craquer. « Intéressé par vos études, je voulais dire. » Pourquoi ? Nos domaines étaient très distincts, dans mon souvenir de son dossier scolaire. Pour moi, le commerce international. Pour elle, la médecine. Trouver une excuse pour éviter qu’elle ne me fasse faux bond, et vite ! « Notre chère doyenne de la faculté a demandé à chaque professeur de s’entretenir avec les futurs licenciés afin de dénombrer ceux qui vont quitter Berkeley à la prochaine rentrée, et de savoir l’avenir vers lequel ils comptent s’orienter. » Heureusement que je savais mentir. Mais une autre question se posait : pourquoi l’avoir choisi elle ? « J’ai choisi de m’entretenir avec les étudiants de médecine. » Et voilà, ce n’était pas si compliqué, finalement. « Alors, qu’avez-vous décidé de faire à la rentrée ? » Le tout était de l’amener sur mon terrain, en toute innocence de cause. Et lorsqu’elle me ferait suffisamment confiance, mes questions deviendront plus personnelles. Où était-elle née par exemple ? Ce que font ses parents, si elle a des frères et des sœurs …

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Quand le présent se soumet au passé

O’Malley ? La première chose qui me vint alors en tête fut l’image d’Aengus me parlant d’un certain O’Malley, ce professeur qu’elle détestait tant. Alors c’était lui, enfin j’avais réussi à mettre un visage sur ce nom. Je me sentis pâlir d’un seul coup, notamment lorsqu’il vint à me proposer de parler tout en m’accompagnant à mon prochain cours. Que devais-je faire ? C’était la première chose qui me vint en tête. Me défiler ? Excellent choix. Accepter sa proposition ? J’appréhendais, ne sachant guère à quoi m’attendre avec ce dernier. « En fait… non, j’ai une petite heure de libre alors si vous voulez… parler, nous pouvons toujours aller ailleurs. » Excellent moyen que de sécher une petite heure de cours, il n’avait après tout pas besoin de savoir que cela était faux et curieuse de nature, je ne pus m’empêcher de me demander ce qu’il avait de si beau à me raconter. Hors de question de papoter à la va-vite, surtout s’il savait quelque chose de compromettant à son sujet. Stop, pause. C’était bien ce que je pensais, je l’avais déjà repéré à plusieurs reprises, voilà pourquoi intérieurement, je mourrais de trouille. Intéressé par une étudiante ? Etait-il vraiment sérieux ou était-ce une plaisanterie ? Parce que cette dernière était loin d’être marrante et je louchais à droite et à gauche afin de chercher un échappatoire. Crier au viol était la première option que j’avais choisi si je voulais lui échapper, c’était peut-être du n’importe quoi, mais peu importait. Finalement, je soufflais lentement lorsqu’il me parla de mes études. Ce type était complètement dingue, quelle idée d’avoir accepté de discuter avec lui. Haussant un sourcil, je restais sceptique face à ce qu’il me racontait, sans aucun doute parce que j’avais été trop déçu par les hommes ces derniers temps et qu’à présent, je me méfiais d’eux comme de la peste, peu importe si leurs intentions étaient saines ou non. « Je pensais continuer mes études ici. Cela dit, je n’y ai pas encore vraiment réfléchi, mais je ne saurais quoi faire autrement. » J’avais longuement hésité à lui répondre, la situation me paraissant plus qu’étrange. Je n’avais vraiment pas confiance, il en fallait plus pour me convaincre. Finalement, je pris mon courage à deux mains afin de lui révéler le fond de ma pensée. Peu importe s’il était professeur ou non, peu importe si ce qu’il racontait était vraie, car bien que je ne le montrais guère, j’étais terrorisée, d’autant plus que je l’avais surpris en train de se rincer l’œil sur moi à plusieurs reprises. « Si je peux me permettre… cela vous arrive souvent d’observer vos étudiantes pendant des semaines avant de leur parler ? » Cela revenait à dire qu’elle ne croyait en rien ses paroles, que cette histoire d’avenir et d’orientation n’était qu’un prétexte pour mettre la main sur elle. Quel gros pervers. « Franchement, c’est assez flippant alors on va passer un accord. Soit vous me dîtes la vérité sur… tout, soit je vais demander à un autre professeur afin de vérifier votre alibi concernant les différents entretiens avec les étudiants. Si vous préférez, je peux faire un scandale dans la seconde, c’est à vous de voir. » Le ton était donné cette fois-ci.

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« Bien. Je vous suis. » poursuivis-je en la suivant à pas rapprochés au travers des couloirs de la faculté. Dans un même temps, je songeai à la meilleure façon d’aborder notre ‘petit souci familial’. Si je lui déclarai de but en blanc que j’étais son demi-frère, elle me rirait au nez. Et une claque retentissante frapperait sûrement ma joue lorsque je lui annoncerai la façon dont j’avais été mis au monde. Issu d’une relation adultérine. Ceci revenant à jeter le discrédit sur sa famille, et pire encore, à estimer sa mère guère plus qu’une vulgaire fille de joie. Je n’en avais pas envie, même si je ne portais particulièrement sa famille dans mon cœur. Kirby-Dana ne connaissait rien de moi, et je ne souhaitais pas que son premier souvenir soit celui d’un homme emprunt de curiosité, ou d’égoïsme. Parce qu’au fond, je n’en avais que faire de la fortune des Blank, si tant est qu’elle existe. Je ne veux ni de leur compréhension, ni de leur pitié. Je veux juste la connaître. Surprenant pour un homme qui a passé sa vie dans la solitude, n’est-ce pas ? Je suppose qu’elle nous pèse à tous, à un moment donné. « Je vois. Et votre spécialisation, vous avez choisi ? » Ma question coula à pic. Elle ne me faisait pas confiance, je ne le lisais que trop bien dans ses yeux. Et les mots qui suivirent ne purent que confirmer mon hypothèse. « En effet. J’aime savoir à qui j’aurai affaire. Et quoi de plus explicite que le visuel avant la parole. » répliquai-je en sachant pertinemment cependant, qu’elle ne se contenterait pas de cette simple explication. L’esprit vif, observateur. Nous avons au moins cela en commun. C’est alors qu’elle me …menace. Du moins, je le prenais comme tel. Du chantage. Soit…ou soit. Je hausse un sourcil, et sans qu’un sourire n’étire mes lèvres, je n’en demeure pas moins fier de savoir que cela aussi, nous l’avons en commun. Ne pas être pris facilement pour des imbéciles et rebondir sur son adversaire comme un chat sortant ses griffes. Intéressant. A ceci près que j’ai horreur que l’on me menace. Qui que ce soit, et pour quelque motif que ce soit. « Un scandale ? Vous voulez dire, comme la relation que vous entretenez avec le Dr Clives ? » lui murmurai-je à l’oreille en m’abaissant à sa hauteur. Un homme averti en vaut deux, très chère. Attention à ton adversaire, il pourrait bien s’avérer plus dangereux que toi en la matière. « Des bruits de couloir, je vous rassure. Et l’infirmière est une vraie pipelette. » poursuivis-je comme si j’annonçai la pluie et le beau temps. Ce n’était qu’une hypothèse, il n’y avait rien de fonder. Mais comme tout bon arnaqueur qui se respecte, il faut savoir bluffer avant de montrer ses cartes. Aussi, j’attendais de voir la réaction de Kirby-Dana, pour mieux vérifier si mes suppositions étaient ou non exactes. En attendant, j’ajoutai, juste au cas où elle n’aurait toujours pas compris à qui elle avait affaire : « Si je ne m’abuse, aucune loi n’interdit un professeur d’observer ses étudiantes. En revanche, les relations sexuelles entre un personnel de l’établissement, qui plus est, sur son lieu de travail, avec une étudiante, sont… illégales. » J’en savais quelque chose pour entretenir moi-même une relation avec Maëlle Silverwood. Mais fort heureusement pour tous les deux, nul n’était au courant. Ni à Berkeley, ni nulle part ailleurs. Je sais protéger mes intérêts, miss Blank. Apprenez à en faire autant.

Quoiqu'il en soit, les choses ne se déroulaient pas exactement comme je l'avais prévu. Moi qui voulais faire sa connaissance, pour ensuite pouvoir aborder le sujet qui me préoccupe, me voilà obligé d'user de manipulations et de menaces pour avoir toute son attention. Décidément chez les O'Malley, tout est compliqué !

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Quand le présent se soumet au passé

Un pincement au cœur vint à me surprendre alors que le professeur O'Malley venait tout juste de hausser un sourcil. C'était ma petite manie que je n'avais repéré sur aucun de mes amis, c'était à croire qu'il m'avait épié depuis plus longtemps que je le pensais, s'appropriant presque mes moindres gestes. Cette simple idée, vraie ou non, me glaça le sang et si je ne m'étais pas trouvée en plein milieu d'une foule d'étudiants, je me serais enfuie en prenant mes jambes à mon cou. Je me sentais plus ou moins en sécurité, car s'il devait me faire quelque chose, nombreux seraient les témoins. Dr Clives. Ce simple nom vint à me faire perdre tous mes moyens bien que je ne laissais rien paraître. J'étais coincée, il savait tout, mais mieux valait jouer la carte de l'indifférence au risque de me voir chuter. Que me voulait-il après tout ? Me renvoyer d'ici pour avoir une liaison avec l'un de ses collègues ? Il n'avait aucune raison pour agir de la sorte, hormis si Noah le lui avait demandé et pour cela, je ne lui pardonnerais jamais, que se soit à l'un ou à l'autre. Parler, je le devais afin de ne pas lui montrer que tout cela m'affectait. « Désolée, mais je ne vois pas de quoi vous parlez. Et même si cela était vrai, je ne vois non plus pas en quoi tout cela vous regarderait. » Tout était terminé entre lui et moi, il ne pouvait pas m'atteindre, c'est du moins ce que j'essayais de me dire. J'étais devenue moins sure de moi tout d'un coup, mais cela fut jusqu'à ce qu'il me parle des relations interdites entre un professeur et son étudiante. « Mais le harcèlement est interdit. », murmurais-je presque tandis qu'un fin sourire s'était collé sur mon visage. J'avais quelque chose contre lui, quelque chose qui pouvait très bien l'entraîner avec moi dans une possible chute s'il venait à tout dévoiler à propos de ma relation avec Noah. Je te tiens O'Malley, tu apprendras à ne jamais sous-estimer une étudiante, encore moins une blonde. « Et avant de me faire la morale sur tel ou tel point, veillez vous-même à ne pas enfreindre ces illégalités. Comment va mademoiselle Silverwood au fait ? » Mon sourire s'était quelque peu agrandi alors qu'à mon tour, j'avais murmuré ces quelques paroles pour lui. Il n'avait pas crié sur les toits que j'étais impliquée dans une relation interdite, alors j'en faisais de même, mais je restais malgré tout sur mes gardes, prête à frapper. Intérieurement, je remerciais à Aengus de m'avoir divulguer une information qui me paraissait être des si précieuses à l'heure actuelle. Hormis me défendre, je n'aurais rien pu faire, mais la Gamma m'avait donné un excellent moyen d'attaquer et de faire pression sur le professeur. « Mais ce ne sont que des bruits de couloir, je vous rassure. » Histoire d'enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie, je reprenais en grande partie ses mots, si c'est la guerre qu'il voulait, il l'aura, une Blank était loin de se laisser faire. Du répondant, une pointe d'arrogance et d'impulsivité, voilà ce qui me permettait le plus souvent de tenir tête, mais par la même occasion, ces défauts me poussaient bien souvent dans un gouffre duquel j'avais du mal à ressortir. Quoi qu'il en soit, je ne connaissais en rien ce professeur, hormis les quelques détails dont Aengus m'avait fait part il y a plusieurs semaines. Je préférais malgré tout me faire ma propre opinion, et celle-ci était déjà toute faite. Un personnage manipulateur et mesquin, un peu trop sur de lui à mon goût, quelque peu égocentrique en se croyant être le centre du monde. Ma main se serait volontiers collée sur sa joue, heureusement pour lui qu'il était professeur dans l'établissement et que j'avais une certaine conscience.

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Intéressant. Et tout aussi surprenant. Elle niait les faits. Alors qu’il était évident qu’elle mentait. Alors effectivement, elle était plutôt bonne comédienne, je l’admettais. En revanche, quant au fait que cela ne me concernait en rien, j’opposais une légère résistance. Tout me concernait, lorsqu’il s’agissait de ma famille. Bien que Kirby ne puisse encore se douter de notre lien de filiation, je m’étais déjà mis en tête, à peine avais-je lu son nom sur le certificat de naissance, de me mêler de sa vie, le plus près possible, afin de la connaître d’une part, mais surtout d’éviter que la vie ne la croque. La famille, c’est sacré. Devise de O’Malley père que j’avais toujours respecté. « Le harcèlement ? Je ne vois pas en quoi je vous harcèle. Ce n’est qu’une banale discussion de couloir entre un professeur et une étudiante. » corrigeai-je avec un sourire en coin. Le même qui venait étrangement d’apparaître sur ses propres joues. C’est moi ou… il y a anguille sous roche ? Je l’observe, un instant sans comprendre, les sourcils légèrement voûtés. Maëlle. Voilà qu’elle venait de citer son nom de famille. Contrairement à la plupart des individus naturellement peu habitués à un tel choc, je n’avais pas cillé. J’avais même souri, d’une certaine manière. Un sourire empli de fierté à l’adresse de ma petite sœur. Tu iras loin, trésor. Dans l’art de la manipulation. Dommage que tu t’attaques à ton Suke. « A merveille, je vous remercie de vous en inquiéter. Mais vous devriez lui demander vous-mêmes, si vous voulez en être tout à fait certaine. » ajoutai-je même avec un regard défiant. Nous étions en froid, à dire vrai, mais ce n’était pas pour cette raison que j’avais formulé cette remarque. Plutôt parce que, sous couvert d’ironie, Kirby n’aurait pas évoqué la jeune femme si elle ne la connaissait pas de très près. Or, Maëlle ne m’avait jamais parlé de cette jeune fille. Je connaissais tous ses amis, sans exception. En outre, nul n’était au courant de notre ‘relation’, à une exception près. « Il faudra que j’apprenne à cette chère amie que nous avons en commun, à se taire, sous peine de subir la loi du Talion. » Aengus. Il ne pouvait s’agir que de l’Irlandaise. Il n’y avait qu’elle, depuis que nous nous étions disputés, pour évoquer à voix haute, sans gêne aucune, ma vie privée. Et elle en connaissait un bon rayon, eu égard à notre relation d’antan. Ma protégée depuis mon adolescence, que je considérais même comme ma petite sœur. C’est dire les secrets qu’elle pouvait conserver de la maison O’Malley. Diablotine ! Quoiqu’il en soit, il semblerait que Kirby et moi avions le même humour. Noir, et condescendant. J’aime. « Nous sommes donc tous les deux en fâcheuse position. A une différence près. La perte de ce poste de professeur ne m’empêchera pas de continuer à vivre de mon emploi principal. Pouvez-vous en dire autant, mademoiselle ? Je ne crois pas que les universités, quelles qu’elles soient, ouvriront leurs portes à une étudiante entichée des professeurs qu’elle rencontre. » Chantage, chantage. J’aurai pu continuer, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle se soumette. Sauf que cela revenait à donner une mauvaise image de moi, plus mauvaise encore que celle qu’elle avait déjà. Et ce n’était certainement pas en l’abusant de la sorte, que j’allais la convaincre de notre lien si privilégié. « Très bien, jouons cartes sur table. Et commençons par le début, voulez-vous. » Nous arrivons à la devanture de la cafétéria. Plusieurs tables désertes se dressent devant nous. « Asseyons-nous, nous serons plus tranquilles pour discuter. Tout d’abord, au vu du ton que vous employez avec moi, je crois comprendre que vous ne m’appréciez pas, pour une raison que j’ignore. » Bien qu’étant persuadé qu’Aengus y est mêlée d’une façon ou d’une autre. « Dîtes-moi ce que vous pensez savoir de moi. J’en ferai de même avec vous, cela vous convient ? » soupirai-je en m’installant face à elle.

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Quand le présent se soumet au passé

De quoi il se mêlait celui-là ? Il ne pouvait pas tout simplement s’occuper de sa petite vie et me laisser vivre la mienne comme bon me semblait ? J’avais commis certaines erreurs, je me devais de l’admettre, mais je n’avais aucunement besoin de conseils de sa part, d’autant plus qu’il ne me connaissait pas, qu’il ne savait absolument rien de moi comme je ne savais rien de lui. Et d’où il me souriait d’ailleurs ? Je pouvais très bien dévoiler son secret et lui me souriait, il ne devait pas être très net dans sa tête. « Vous croyez sérieusement que je m’intéresse à vos histoires de couple ? C’est le cadet de mes soucis à vrai dire. » Comme si j’irais voir sa petite Maëlle pour lui demander comment elle allait alors que je ne savais même pas quelle tête elle pouvait avoir. Désolée, mais contrairement à certains, je préférais m’occuper de moi, ou encore mieux, de ceux qui comptaient dans ma vie, pas d’une parfaite inconnue qui sortait avec un type que je méprisais déjà après un premier abord. D’habitude, je ne jugeais pas les gens aussi facilement, mais il ne m’en laissait guère le choix pour l’occasion. « Laissez la tranquille et tout ira bien pour vous. » J’avais froncé les sourcils lorsqu’il vint indirectement à me parler d’Aengus et mes paroles étaient sorties d’un ton sec d’entre mes lèvres. Autrement dit, touche à un seul cheveu de mon amie et je te fais la peau n’importe où, n’importe quand, quelque soit les représailles. Oui, je l’avais brièvement menacé, mais peu importait. « De toute manière, vous n’avez aucune preuve quant à l’existence de cette relation et vous n‘en aurez aucune étant donné qu’il ne s’agit que d’une simple rumeur puérile. Gardez vos menaces pour vous, je suis bien au dessus de tout cela. » Et c’est moi qui avait osé lui faire une telle remarque alors que je l’avais également menacé ? Le seul problème étant que je risquais gros si ma relation avec Noah venait à se savoir, et ce même s’il y avait mis un terme. Je détestais repenser à ce qui s’était passé, car c’était à cet instant que j’étais la plus vulnérable et qu’on pouvait facilement m’atteindre. Notre petite marche nous conduisit tout droit jusqu’à la cafétéria où je vins à m’asseoir à une table vide tout en écoutant le professeur d’une fine oreille. Oh que oui, je ne l’appréciais pas, rien d’étonnant en vu de son sale caractère. Venant à peine à s’installer face à moi, je ne tardais pas pour l’incendier de tous les côtés. « Une raison que vous ignorez ? Vous voulez la connaître ? Vous êtes un être mesquin et dénudé de tout sentiment qui se sent dans le besoin de rabaisser les autres afin de se prouver à lui-même qu’il est le meilleur. Ah, et vous êtes aussi un véritable pervers à espionner vos étudiantes au détour d’un couloir. » Je venais de croiser mes bras sur la table tout en penchant quelque peu mon visage vers O’Malley. [color=crimson]« Voilà ce que je sais sur vous. » Certes, cela n’était que très peu intéressant puisqu’il ne s’agissait que de simples déductions après l’avoir longuement observé, mais également écouté. « Oh et le fait aussi que vous êtes prêt à n’importe quoi pour venir au secours de votre petite amie, quitte à laisser les autres sur le bas côté, voir même dans la merde jusqu’au cou. Rien de bien concret je sais, mais je ne m’intéresse que très peu aux voyeurs. Alors, que savez-vous à mon propos ? » Je vins finalement à basculer en arrière, m’adossant contre le dossier de ma chaise tout en ramenant mes bras contre ma poitrine.

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« Quand le présent se soumet au passé » ▬

Non je ne pensais pas qu’elle s’intéressait à mes histoires de couple. Heureusement que non, d’ailleurs. A chacun sa vie privée et le monde ne s’en portera que mieux. A la menace qu’elle formula ensuite à propos d’Aengus je compris immédiatement ce à quoi elle faisait référence. Au procès. Qui aurait lieu dans quelques jours. Ainsi donc, sur ce point non plus, la jeune Irlandaise n’avait pas réussi à tenir sa langue. Décidément, cela allait de mieux en mieux. « C’est une menace, ou je ne m’y connais pas. » murmurai-je en restant néanmoins de marbre. Allons bon une petite chose blonde dans son genre n’effraierait personne. Cependant, j’ai horreur que l’on me tienne pour responsable d’un fait que je n’avais pas commis. Indirectement, dans le cas présent. Ce pour quoi, je décidai de faire front, même si tout dans cette affaire ne la concernait en rien. « Premièrement, je vous conseille de ne pas chercher à me nuire. Vous risquez de ne pas vous en relever. Deuxièmement, vous ne savez rien, d’Aengus O’Griffin. Elle est peut-être votre amie depuis cette année, ou que sais-je, votre entrée dans cette université. Pour ma part, je l’ai vu grandir, faire ses premiers pas dans l’excentricité, j’ai assisté à son mariage, et je ne vous parle même pas de ses débuts dans l’addiction. Vous croyez la connaître alors que je l’ai pratiquement élevé. Enfin, je suppose que cette menace concerne le procès auquel elle va devoir se rendre, dans deux jours ? Que savez-vous de cette histoire si ce n’est sa version ? Rien. Rien, mademoiselle Blank. Et tout cela ne vous regarde d’ailleurs pas du tout. Alors gardez vos remarques et votre sarcasme pour vos compagnons de chambre. » énonçai-je avec froideur. Heureusement je n’étais pas homme à porter d’accusation, même si pour ma part, toutes les preuves étaient en ma possession. « A quoi bon des preuves ? Le simple fait que vous niez l'évidence parle pour vous. » Pour le reste, je n’avais effectivement pas l’intention de la dénoncer, alors à quoi bon prouver quoique ce soit.

Désormais assis face à la jeune femme, je l’écoutai me dire mes quatre vérités, sans sourciller, et même pas blessé de constater à quel point son image de son grand frère inconnu était décalé comparée à la réalité des faits. « Vous vous trompez. Je ne suis pas un être mesquin, et encore moins dénué de tout sentiment. Je n’en ai que pour les personnes qui ont mon intérêt, là est la nuance. En outre, je n’ai nullement besoin de rabaisser les autres pour me sentir supérieur, puisque je le suis en toute objectivité. » Un brin narcissique ? Si peu, si peu… « Enfin, et je suis navré de vous décevoir, mais je ne suis pas un pervers. Vous n’êtes pas du tout mon genre de femmes. Je les apprécie plus âgées, un gage de maturité, et surtout … » Mon regard se pose alors sur ses vêtements, la découvrant de bas en haut. « …c’est tout. » Inutile de faire de commentaires sur sa tenue vestimentaire, elle avait sans doute compris là où je voulais en venir. Pour le reste, mes sourcils se froncèrent le temps d’une seconde, devant pareilles accusations. « Quant on n’a aucune preuve, une seule version de la vérité, l’on se contente de se taire, de hocher la tête sans porter de jugement hâtif. Sachez, mademoiselle, que comparé au commun des mortels avides d’actions, je n’agis jamais, sans avoir mûrement réfléchi aux conséquences, ni sans motifs valables. Vous devriez peut-être demander à mademoiselle O’Griffin, ce pour quoi elle a été convoquée au tribunal, au lieu de jeter la pierre à ceux qu’elle méprise, sans même que vous les connaissiez vous-même. » Aengus avait laissé son frère libre alors qu’elle savait pertinemment qu’il avait agressé Maëlle, et elle-même. Quel petit ami, quel homme aurais-je été si j’avais tourné la page en gardant les yeux fermés sur l’agression dont les deux femmes avaient été victimes ? Un moins que rien. Un complice. Et cela, c’était hors de question. « J’apprends que vous aimez juger sur les apparences. Je sais que votre mère était chirurgienne et qu’elle est morte d’une tumeur. Vous étiez très complices l’une avec l’autre et c’est la raison pour laquelle vous avez choisi de suivre la filière médecine. Je sais que jusqu’à récemment, vous étiez entiché d’un étudiant de la confrérie Oméga, mais que cette histoire n’a plus compté à vos yeux à partir du moment où vous avez entretenu une liaison avec le docteur Clives. » Sourire de requin. « Je sais aussi que vous êtes prétendument fille unique. » Cette dernière information, n’ayant été ajoutée, que dans le but de me permettre de continuer sur ma lancée concernant notre lien de filiation, sans éveiller de soupçons. Je voulais d’abord savoir quelle réaction elle aurait suite à cette première révélation.

Codage fait par .Jenaa

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» Quand le chat n'est pas là, les souris dansent → Kenzo&Kirby.
» Quand le passé nous rattrape

Quand le présent se soumet au passé ... || Kirby

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