Ca faisait plus d’un mois à présent que Faith était mère. Un petit bonhomme qu’elle avait prit sous son aile sans la moindre hésitation lui souriait que rarement mais apportait son lot de bonne humeur. Alek, bientôt quatre ans ne souhaitait plus lâcher son cou. Faith avait dû argumenter durant de longues minutes avant que le petit garçon ne la lâche, la larme à l’œil et la bouille déconfite.

« Je reviens ne t’en fais pas. » Avait déclaré Faith en passant une main dans ses mèches blondes.

Il avait reniflé, l’air peu convaincu avant de la regarder partir par la fenêtre. Le rituel habituel du coucou s’était parfaitement dérouler même si c’était le cœur fendu qu’elle arrivait dans les bureaux. Beaucoup de choses à gérer pour elle soudainement. Une nouvelle famille avec le retour de sa mère biologique qu’elle avait fait entrer en cure de désintoxication, Alek qu’elle tentait de remettre sur le bon chemin et les Winston Carter dont le père était persuadé que Faith était sa fille. Ainsi, elle avait obtenu un nouveau grand frère, une belle sœur et une famille parfaite pour Alek et elle-même. Dans toutes ses histoires, elle gérait les deux cursus, son identité de Smile et ce travail. Mais le plus perturbant demeurait le fragile équilibre de cette affaire. En effet, Faith savait que la maquerelle qu’elle avait doublée avait les moyens de retrouver le véritable père biologique de Faith et rien qu’à cette idée la blonde frissonnait. Si cet homme sortait de l’ombre, il ficherait tout par terre. Elle ne le supporterait pas alors qu’elle avait choisi sa famille, LA famille idéale qu’un inconnu fasse jouer son rôle. Elle perdrait tout ! Comment arrivait-elle à tout gérer ? Elle se le demandait elle-même !

Le principal n’était pas là. Impeccablement habillée, talon, jupe et tout le nécessaire pour travailler était en place. Dans l’ascenseur, elle ajusta son maquillage, sa coiffure et pivota vers les portes de l’ascenseur pile à l’ouverture de cette dernière. Ca c’était du timming ! Elle n’avait pas une minute d’avance ni de retard. Être pile à l’heure c’était son petit truc ! Avec James, la gamma restait méfiante. Si au départ, elle avait un peu peiné à se piler à ses règles et son nouveau travail, elle commençait à s’y faire. Ne pas être trop douée pour ne pas risquer qu’il veuille la garde éternellement mais ne pas être une épave pour qu’il la foute dehors et plus particulièrement en prison. Un dosage qu’elle arrivait à obtenir avec peine. Heureusement pour elle, elle avait l’incapacité à se montrer normale et à réagir comme tout être humain censé l’aurait fait. Ce n’était pas de sa faute pensait elle. Les choses étaient trop lentes et face à James, Faith perdait ses moyens. Il avait de quoi vous foutre la trouille non ? Non ? Réfléchissez ! Il l’avait fait sortir du commissariat d’un claquement de doigt, il avait obtenu une table dans le plus grand restaurant sans avoir eut à passer un coup de fil… Faith était sûre qu’il savait déjà tout ce qu’il y avait à savoir d’elle. En espérant qu’il n’avait pas non plus réussi à remarquer de problème dans son histoire. Elle espérait aussi qu’il n’avait pas apprit qu’elle avait quitté le territoire Américain grâce à une « autorisation » de Lady MacBeth. Bref, ce fut pleine d’interrogations qu’elle se lança dans l’arène mais avec le sourire ! Après tout être jolie était aussi dans son boulot. Ne sait on jamais qui était à l’intérieur.

Faith ne laissait jamais les apparences lui dicter un jugement. Les actes pesaient bien plus dans la balance. Aussi, elle n’émit aucune idée ou appréciation en laissant son regard couler sur le nouveau venu. McOllister donc… La main fut tendue vers celle qu’on lui présentait pour la serrer avec douceur. Etrange… elle qui avait cru que James ne présenterait jamais sous nom de famille pour un souci de discrétion, il n’hésitait pas un instant à le fournir à cet inconnu. Leur lien devait dépasser la simple collaboration pensa Faith en remarquant le café. Eurk ! Non merci. Elle avait tenté une fois sous l’impulsion de sa tutrice ! Très mauvaise idée ! Elle avait manqué la crise cardiaque ou elle ne savait quoi. Son cœur avait pulsé si vite, son cerveau s’était mit à encore plus à bouillonner et elle ne pouvait cesser de rire ou de parler. Pire qu’un verre d’alcool !

« C’est réciproque, Monsieur. » Souffla Faith sans perdre son sourire. Ce n’était absolument pas vrai !

Elle voulait déguerpir de là et vite oui ! Mais elle ne pouvait indiquer qu’elle aussi avait entamé un discret travail d’analyse de ce nouvel individu. Elle avait la chance de pouvoir le faire plus vite que lui. Malheureusement, certaines réactions semblaient réflexes et ses joues rosirent face au regard perçant. Aux propos de James, Faith senti bien la tentative pour la mettre à l’aise mais l’effet ne fut pas réellement celui escompté. Un sourire un peu plus forcé prit place sur ses lèvres. Elle aimerait bien obtenir la liste des raisons qui pouvaient pousser McOllister à mordre.

Faith suivi l’invitation de James à prendre place. Etait elle obligée de se mettre aussi proche de McOllister ? Elle avait plus d’un tour dans son sac mais l’idée d’être passé au crible ne lui plaisait pas. Si elle avait mangé ? James lui avait demandé d’être opérationnelle à huit heures, elle l’était. Elle s’était lavée aussi s’il tenait à le savoir ! Evidemment qu’elle avait prit son petit déjeuné. Pour rien au monde, la jeune femme aurait manqué un repas avec son fils. C’était un moyen comme un autre de s’assurer qu’il mangeait bien. Après toutes les maltraitances qu’il avait subit, Alek nécessitait un régime particulier afin de palier aux carences qu’avait entrainées une malnutrition. Mais par pitié si McOllister n’avait pas mangé, donner lui un croissant ou un morceau de viande saignante !

« Oui Monsieur. » Répondit simplement Faith à la question.

Pas besoin de raconter sa vie non plus ! Les jambes se croisèrent l’une sous l’autre pour plus de confort. Son horreur pour les robes et les jupes se retrouvaient multipliée depuis quelle travaillait ici. Sincèrement, ce n’était pas pratique pour prendre la fuite ! Dans les films on voit les filles courir des kilomètres sur des talons aiguilles…FAUX ! Elles trottinent pitoyablement sur 500 mètre en cassant un talon en route et en perdant une cheville. Plus tard, quand son entourage de travail se serait habitué à elle, elle repasserait aux pantalons !

Attendez ! Le grand O’Malley n’avait pas de piste d’atterrissage pour soucoupe volante ? Has been ! Faith jouait les sourdes oreilles aux propos de Mac. Se lancer dans une joute verbale avec cet homme revenait à commencer un match qui ne finirait jamais. Des appuies stables et une bonne connaissance des limites qu’elle ne devait pas franchir seraient nécessaire pour ca. L’épée de Damoclès présent au dessus de sa tête lui rappelait toujours que James avait les moyens de la remettre en prison. Sa liberté comptait bien plus que de remettre cet homme à sa place. Dans le fond, avait il quitté sa place ? Faith en doutait. Cet homme ne semblait pas être un simple employé!

Suivant docilement le mouvement, la jeune femme n’écouta que d’une oreille distraite les propos de Mac. Il ne posait que des questions rhétoriques ou alors Faith n’avait rien d’une pipelette ? Cette Faith ne démontrait pas d’une grande propension à la conversation. La gamma prenait toujours du recul avant de sauter. Aussi, l’analyse de Mac ne faisait que débuter, autant que celle de James se poursuivait. La moindre parole, le choix des mots, de l’intonation, les mimiques ou expression seraient notés dans un coin de son esprit. C’était ainsi que Lady Eleanor l’avait éduquée. Depuis lors, ses précieux conseils avaient porté leur fruit. Ne pas foncer tête baissée demeurait la règle d’or.

De plus, d’autres choses réclamèrent une rapide gestion. Un hélicoptère. Il avait bien fait de ne pas la prévenir, Faith en aurait probablement été malade toute la nuit. Non par peur, par crainte ou par appréhension mais par curiosité. C’était la première fois de sa vie qu’elle en voyait un en vrai et elle rêvait déjà de le décortiquer en petit morceau pour voir ce qu’il avait dans le ventre, quel moteur il possédait, comment les instruments se présentaient…Bref, imaginez un seul instant que votre tête grouillait de calculs, de questions, d’analyses et que la moindre petite nouveauté provoquait en vous un regain de chacune des connaissances assimilées. Aussi, elle avait totalement oublié que Mac parlait d’elle ou doutait de ses capacités. Ses yeux dévoraient la bête de technologies présentes sous son nez. Placez un affamé devant un buffet à volonté et demandez-lui de se contrôler… Elle essayait mais ne pouvait retenir de contempler le monstre métallique comme une enfant au pied du sapin de noël. Les orbes clairs de Faith parcouraient les moindres petits détails de l’hélicoptère. Si bien qu’elle mit un temps à réaliser que James lui parlait. Qu’avait il dit ? Attachez la ceinture. Cherchant à tâtons l’objet alors que le regard ne lâchait pas les instruments de pilotage, elle fini par boucler la ceinture. Enfilez quoi ? Toujours sans regarder, elle se saisit du gilet pour essayer de le mettre. Attachée, la tâche risquait de relever de l’impossible, même pour un génie de sa trempe. Elle fut rappelée à l’ordre par la ceinture qui manqua de l’étrangler. Coincée un court moment entre la ceinture et le gilet, la demoiselle dû se contorsionner pour parvenir à s'extirper de là. S'agitant, elle manqua à plusieurs reprise d’assommer quelqu'un...Et bien, si Mac avait des doutes…ils étaient à présent confirmés ! Rien à faire, dans peu de temps, elle ne l’entendrait plus ! Qu’importe, retour en arrière, ceinture détachée, gilet enfilé et ceinture remise. Let’s goooooooooooooo !

Faith n’avait absolument aucune capacité pour piloter un hélicoptère. Elle savait seulement confectionner certains outils et construire des engins particulièrement élaborés. Curiosité naturelle. Une fois la bête mécanique envolée, Faith senti son estomac se retourner. L’excitation montait à son comble. L’hélicoptère demeurait plus impressionnant que l’avion mais l’atterrissage fut un véritable soulagement pour la blonde qui ne se fit pas prier pour monter dans l’avion se poser. Par miracle son pas parvient à rester droit. Elle se laissa choir sur le premier siège qui lui tombait sous la main. Elle n’avait jamais su ou était l’avant comme le lui avait indiqué James. Le tir serait facile à corriger si elle ne se plaçait pas au bon endroit.

Lorsque Mac annonça le temps de trajet, Faith se liquéfia. Tant que ca ?! James l’avait déjà conduit bien plus loin. Néanmoins, elle avait espéré qu’elle pourrait arriver rapidement sur terre. Se gardant bien d’ouvrir la bouche afin de mieux contrôler les nausées, elle se leva aux paroles de James pour rejoindre l’endroit indiqué et refermer la porte derrière elle. Se plaquant un instant dos à la porte, elle ferma les yeux pour se reprendre. Non, impossible. Finalement, elle allait retrouver les toilettes en premier afin de soulager son estomac. Elle se réjouirait ensuite de la possibilité d’enfiler un pantalon et des chaussures plates. Que personne ne se moque de sa taille! S’interrogeant un temps sur les raisons de la présence d’un chapeau et de super lunettes de soleil, elle se résigna à patienter avant d'obtenir une réponse. James ne laissait rien au hasard après tout. Heureusement pour elle d'ailleurs... Sans broncher, elle se tartina d’anti-moustique et de crème solaire que sa peau blanche et sucrée risquait d’apprécier. Voilà, elle était prête !

Son postérieur vînt sagement rejoindre son siège. La blonde tourna son regard sur le hublot, prête à écouter toute recommandation. Étrangement, elle sentait qu'elle risquait d'en avoir besoin. Une boule avait commencé à se nouer au creux de son estomac comme pour la première fois qu'elle avait quitté la Biélorussie. Elle avait huit ans à l'époque et Lady Eléanore la trainait en Angleterre. Un tout autre contexte qui pourtant avait éveiller avec force la curiosité de la blonde. Encore une fois, dix ans après, elle se retrouvait dans cette situation de flou total. Ou allait-elle ? Ou était la ville ? Pourquoi devait-elle porter une telle tenue ?

« C’est quoi les coordonnées géographiques ? » Finit-elle par demander lorsque la curiosité l’eut trop rongée !

Faith ne parlait pas en continent, en pays ou en ville ! Elle avait besoin de la latitude et de la longitude ! Chacun ses repères non ? Pourtant, au vu de la végétation en dessous, elle était sûre d’une chose, ils n’étaient pas bien loin de l’équateur. L’humidité allait la tuer !

Mais la patience de Faith fut récompensée ! L’avion amorça sa descente, non sans angoisser Faith. Qu’importe le nombre de fois ou sa petite bouille avait prit l’avion, elle détestait l’atterrissage ! Inutile de lui parler pendant que l’engin se posait car Faith arrêtait de respirer pour quelques secondes. On finissait par s’y faire à force ! Surtout qu'à peine arrivée au sol, Faith fit un effort surhumain pour ne pas bondir hors de l’appareil quitte à écraser Mac au passage et embrasser la terre ferme ! L'effort sembla lui couter énormément puisqu'elle ne cessait d'examiner autour d'elle avec attention. Toujours dans la mesure et la retenue, elle écouta sagement les explications de James avant de suivre le mouvement. La petite citadine qu’elle était risquait de tomber de haut ou même d’en découvrir énormément.

« Pourquoi y a des arbres partout ? » Pensa t elle à voix haute tant son esprit s’encombrait d’une multitude de questionnements.

A peine assise qu’Ollister recommençait déjà. Dans un pur réflexe, Faith porta le dos de son poignet à ses narines pour prendre la mesure de son odeur. Fronça les sourcils, elle sembla réfléchir à voix haute, chose qui lui arrivait surement.

« Oh ? Merci ! » C’était probablement la première fois qu’il recevait un remerciement sincère pour avoir déclaré à une personne qu’elle sentait mauvais. « Si vous le sentez alors je peux être sûre que les moustiques aussi… Ils font quelle taille les moustiques ici ? » S’inquiéta t elle en se pencha un peu plus vers le hublot dans l’espoir fou d’apercevoir un moustique.

A cette altitude, elle pouvait toujours espérer. Cependant, son imagination toujours aussi prolixe la conduisait à s’imaginer d’immenses créatures volantes à l’envergure semblable à celle d’un pigeon. Pendant qu’Ollister et James débattaient sur son grain de peau, Faith s’angoissait à l’idée de croiser d’immense araignées ou pire des papillons géants ! Les insectes l’angoissaient, sans parler de peur irrationnelle. Elle les craignait puisqu’ils ne se déplaçaient que rarement tout seul. Prenez les fourmis par exemple, si vous en trouvez une, vous en trouvez des milliers !

Enfin, ils atterrissaient. Lorsque Faith pu sortir, elle papillonna du regard. Wouah… c’était pas pareil. Durant ses expéditions, elle avait rencontré nombres de pays, souvent ravagés par la guerre ou rongés par la pauvreté. Lady Eleanor visait souvent les cible vulnérables pour leur prendre leurs tableaux, leurs statues ou tout objet de valeur contre des sommes dérisoires. Elle aussi prétendait les aider, les soutenir et leur apporter un soutien. Aussi, Faith resta toujours aussi impassible lorsque James lui expliqua son idée. Du recul et une analyse de la situation méritait de s’exécuter avant de prendre une telle décision. N’avait il aucun professionnel qui lui offrirait une analyse des lieux autant sociale qu’économique ou environnementale, prévoirait les impacts de ses aménagements sur une société déjà fragilisée ? James était prévoyant non ? Il avait dû déjà y penser et envisager toutes possibilités. Pourtant, Faith ne rejoignait pas son point de vu. Combien de fois avait elle vu les personnes de l’envergure de James se donner bonne conscience en imposant des infrastructures qui finissaient par détruire les liens, la culture et l’organisation d’un peuple pour la pousser vers la dépendance et l’adoption d’une autre façon de faire, de voir et d’appréhender le monde ? Cette charité entrainait souvent dans son sillon la culture « blanche » comme le disait grossièrement les indépendantistes qu’elle avait pu croiser au court de sa vie. La population devenait alors dépendante au point de devoir se plier à la culture qui n’était pas la leur. C’était une façon détourner d’obtenir de potentiels clients pour les entreprises d’envergure multinationale. Voilà ce que pensait Faith. Mais qu'importe puisqu'elle avait aussi toujours cru que les Massaï vivaient en Afrique! Visiblement, ce n'était pas le cas!

« Pourquoi pensez vous qu’ils ont besoin de votre aide ? » Demanda t elle sans arrière pensée négative.

Peut être que James avait identifié une menace pour ce peuple dont elle n’avait absolument pas connaissance. Peut être qu’ils avaient réellement besoin de toute cette aide. Peut être… Pourtant, elle n’était pas encore convaincue.