You're late; it's bad.
Apolline & Devon.
You don't have the right to be late, Apolline.
Tout les lundis, depuis deux semaines; à dix-huit heures trente et pendant une heure; pas une de plus, pas une de moins. Et cela continuerait jusqu'à ce que l'élève qu'elle encadrait puisse appliquer d'elle-même les principes qui lui échappait. Devon regardait son badge posé à plat sur la petite table où elle avait prit place, attendant Apolline en déposant ses affaires. Elle prit le temps de trier et poser ses stylo par couleurs, par taille; du plus grand au plus petit, comme elle le faisait toujours pour se concentrer quand elle commençait un exercice.
C'était un de ses rituels primordiaux pour se sentir à l'aise. Avec soin et attention, elle classait par genre, stylos, crayons, critériums, puis empila ses carnets par ordre de taille également; le plus grand en dessous, et suivre un mouvement pyramidal; c'était très important. Cela prenait du temps, mais c'était important.
Ceci fait, la blonde se leva de sa chaise pour rester debout, fixant la tableau vierge et propre, l'inspectant attentivement pour retourner l'effacer par soin maniaque. Il fallait que tout soit toujours dans l'état où elle l'avait laissé le lundi d'avant. Encore trois minutes; elle resta debout. Ce qu'Apolline pensait d'elle, Devon n'y avait jamais pensé mais si l'idée lui avait traversé la tête, il y avait fort à parier qu'elle s'en serait surement moquer; elle posa son regard de biais sur le bout de ses bottes, plissant les pans de sa robe noire, ajustant le col de sa chemise blanche tout en se concentrant sur d’éventuels bruits dans le couloir, comme il était trente; mais rien.
Elle attendit encore quelques secondes; quelques minutes. Devon haussa un sourcil: elle n'était pas là à l'heure donnée. Apolline n'était pas là à dix huit heure trente, ce lundi. L'Alpha resta un long moment sans rien dire à fixer sur le tableau un point qui n'existait que dans son esprit, inspirant fortement comme pour tenter de ne pas céder à la panique.
Attendre, encore un peu. L'attendre. Elle viendrait... n'est-ce pas? Il fallait qu'elle vienne. Elle venait tout les lundi à dix-huit heure trente. Tout les lundis. Elle devait. Cinq minutes passèrent. Elle devait tenir bon. Elle devait attendre; il lui sembla soudain que les murs autour d'elle la prenaient dans un étouffant étau.
Comme si tout bougeait insidieusement autour d'elle. Devon inspira brutalement, comme si elle manquait d'air; elle se sentait soudain écrasée, prise de vertiges, chancelant de sa position debout qui avait été stable. Dix minutes; crise de stress. Elle avait chaud; elle ne bougeait toujours pas. Douze minutes, ataxie, tremblements. S'occuper. Vite. Faire quelques choses. L'anxiété remontait par ondulations douloureuses dans ses jambes, soudain en coton.
Devon se rapprocha brutalement du tableau et saisit la craie entre ses doigts tremblants, pour essayer de passer le temps en faisant quelques simples factorisations; mais son anxiété était telle quelle ne parvint pas à écrire autre chose que:
"je ne sais pas gérer les retards" à l'infini, en espérant se calmer en exorcisant sa peur. La blonde remplit le tableau fiévreusement, jusqu'à ce qu'elle n'avait plus de place: et rien n'y faisait. Vingt minutes. Elle devenait dingue, réellement dingue, se mettant à sangloter nerveusement.
Devon avait envie de vomir; elle ne sut plus quoi faire pour se calmer et se réfugia simplement dans un des coins de la salle, dos au mur en ramenant ses jambes contre son torse, entourant ses genoux de ses bras. Vingt-deux minutes. Terrorisée, son regard clair était rivé sur l'horloge morale tandis qu'elle se balançait d'avant en arrière, les joues pleines de larmes et se serrant si fort contre elle-même qu'elle était presque tétanisée.
Vingt-trois minutes de retard.
Impossible de bouger.
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