Parcourir la ville, à la recherche de nouveaux horizons, de nouveaux endroit à découvrir. Taj était du genre curieux. Cette ville le fascinait, il était là depuis quelques semaines et déjà, il voulait tout explorer. Passons les monuments tels que les églises et les musées, le jeune homme savait apprécier un beau paysage. Derrière ses airs de dur à cuir et de bipolaire instable, se cachait un garçon sensible et particulièrement attentif à son environnement. Mais ça, personne ne pouvait s'en douter. En règle général, quand on le voyait, on s'arrêtait à son apparence physique particulièrement charmante mais aussi à son caractère. Soit on l'aimait bien, soit on le détestait. Avec Taj, il n'y avait jamais de demi mesure. Soit on l'appréciait, soit on avait peur de lui et on le fuyait. Un peu comme dans sa tête, c'était soit ça allait bien, soit ça n'allait pas. Et par chance, il semblait aller bien, quoique toujours instable, il était particulièrement de bonne humeur. Les raisons ? Il ne les connaissait pas lui même. Marchant à travers les rues peuplées, un bon son dans les oreilles. La cigarette à la main, il flânait. En fait, le beau n'avait pas grand chose à faire aujourd'hui. N'ayant pas cours, il n'allait certainement pas passer son après-midi à réviser. Or de questions. Ne voulant pas faire appel à ses connaissances, il avait besoin d'un peu de solitude. C'était ça, Taj était un solitaire. Il avait besoin de se retrouver pour faire le point sur sa vie plus que merdique. Il marchait sans but bien précis, évitant au maximum les contacts physiques. Ne frôler personne, ne bousculer personne, pas la peine de le stimuler plus que ça. Puis au bout de quelques minutes, il se retrouva sur la plage. Avait-il seulement capté qu'il habitait dans une ville proche de la mer ? En voyant la mer, Taj laissa apparaître un sourire sur son visage. L'eau évoquait tellement de chose pour lui, la liberté de parcourir le monde mais aussi le voyage qu'il avait effectué avec Sixtine. Non finalement, il était content d'être à Berkeley. S'approchant légèrement, il ne quittait pas la mer des yeux. A sa grande surprise, il y avait du monde sur le sable. Du couple en train de s'embrasser, aux bandes d'amis en passant par les vieux en quêtes d'actions. On pouvait y trouver un peu de tout. Taj admirait la vue, pas de débordement, tout le monde semblait calme et heureux. Chaque individus vaquaient à leurs occupations sans se préoccuper de la vie des autres. Osant quelques folies, le beau brun descendit sur le sable. Après tout, le premier qui lui lancerait du sable irait directement à l’hôpital. Un premier pas dans le sable puis un deuxième. Depuis quand n'avait-il pas pris le temps de se poser tranquillement sur le sable ? Longtemps, trop longtemps. S'installant un peu plus loin, il s'allongea, s'appuya sur ses coudes et ferma les yeux un instant. On pouvait entendre le bruit de la mer, les gens parler mais surtout le calme. Pas de prises de tête, personne pour venir le déranger. Juste lui et sa bipolarité. Heureusement pour lui, il faisait particulièrement beau aujourd'hui. Bon, nous n'étions pas en plein été mais quand même, c'était agréable. Lorsque Taj ouvrit les yeux, il jeta un coup d'oeil aux alentours. Une jolie brune s'approcha de lui. Il lui fallu une fraction de seconde pour la reconnaître. Elena, cette brunette à la démarche féline. Un petit sourire en coin, était-elle venue le gifler ou alors lui demander des explications. Peut-être les deux. Après tout, le jeune homme n'avait pas été correct avec elle, il était parti comme un voleur après une nuit bien mouvementée. Ce n'était pas son genre pourtant. Si Taj s'était éclipsé, c'était uniquement pour éviter de lui mentir. Elena était une fille bien, il en avait conscience, il ne voulait pas que leur petite sauterie ait trop de répercutions. Il ne voulait pas lui faire de mal, ne voulait pas lui dire ce qu'elle n'avait pas envie d'entendre. Réaction particulièrement stupide et lâche. Au pire elle le traitera de connard et ça s'arrêtera là. Et bien non, plus elle se rapprochait, plus elle semblait ravie, le sourire accroché aux lèvres. Une fois à sa hauteur, Elena prit la parole, brisant ainsi ce silence si paisible. Dommage, le répit fut de courte durée.

- Oui je suis seul, c'est si étonnant ? demanda-t-il en rigolant légèrement.

En le connaissant un peu, n'importe qui saurait qu'il aimait la solitude pour avoir passé la moitié de sa vie en cavale. Taj se leva difficilement et déposa un chaste baiser sur sa joue. Ne vous méprisez pas, il ne savait toujours pas si en Amérique on faisait la bise avec deux, trois ou quatre baisers. Dans le doute, il n'en faisait qu'un.

- Je vais bien et toi ? répondit-il en s’essayant de nouveau. Tu t'es déplacée spécialement pour venir me dire bonjour, je suis flatté.

C'était uniquement pour détendre l’atmosphère, il redoutait la claque. Taj ne pourrait pas rester impassible quand à ce contact physique et il n'avait pas envie de jouer l'impulsif de service, pas maintenant alors que le cadre était particulièrement reposant et agréable. Le jeune homme afficha un sourire simple et sincère.

- C'est parce que je suis nouveau qu'on glousse et qu'on m'observe de loin ? Pas très discrètes les copines. dit-il en regardant le petit groupe d'amies d'où venait Elena.

Et en effet, on les entendait rire de là. Taj laissa échapper un petit rire, décidément c'était tout un art d'être une fille !

La réponse d'Elena jeta un froid. Pourtant Taj venait dire quelque chose de banal, histoire de détendre l’atmosphère, il ne pensait absolument pas qu'il allait la refroidir. Elle lui répondit quelque chose du genre " elles aiment les potins surtout quand elle savent le début des histoires. " Le beau brun déglutit avant de poser son regard sur les copines, éviter le regard, éviter toutes tentations, tous débordements aussi infimes soient-ils. C'était sur, il allait devoir se justifier, expliquer son départ et sans doute devoir faire face à ses responsabilités. Le problème étant que Taj n'était pas du genre à se confondre en excuses et à chercher à se faire pardonner. Bien sur il avait agit comme le dernier des abrutis mais ça s'arrêtait là. Un petit silence s'installa entre les deux. Il n'avait pas envie de répondre. Par chance, Elena prit la parole, elle changea de sujet, enfin aux premiers abords. Réfléchissant un peu plus à ce qu'elle venait de dire, le jeune homme vint se rendre compte qu'il n'était pas n'importe qui. Ça signifiait quoi ? S'était-elle éprise de lui ? Non, pas en si peu de temps. Taj avait bien pris soin de ne pas trop l'approcher justement pour éviter ce genre de débordement. Était-elle si désespéré ? Il en était bien conscient, Elena était une fille bien, une fille en or, il ne pouvait pas trop se permettre de jouer avec elle. Combien de femmes a-t-il corrompu dans son passé ? Des dizaines. A chaque fois, il jouait avec la fille, jouait avec ses sentiments, avec son corps pour au final partir sans rien dire. Taj s'en doutait un peu, les femmes qu'il a laissé se sont rebellé contre les hommes et font de même avec eux. Cette idée fit sourire le jeune homme qui redescendit rapidement sur terre. La belle brune lui demanda si elle le dérangeait.

- Non, bien sur que non, tu ne me dérange pas du tout. répondit-il simplement.

D'un signe de tête, il lui fit comprendre de venir s'installer non loin de lui. Après tout, Elena était peut-être simplement venue lui dire bonjour pour ensuite repartir avec ses copines. Dans le doute, il n'allait pas la retenir bien longtemps. Le cadre était idyllique et pourtant, Taj se sentait coupable face à elle. Aurait-il acquis une conscience ? Non, seulement, il voyait dans son regard qu'elle attendait une quelconque explication de sa part. Normal après tout. Il ne sera pas en paix tant qu'il ne se sera pas excusé. Or de question qu'il se mette à genou et qu'il lui implore son pardon. Non, il pouvait le faire autrement, simplement. La manipulation faisait parti de lui. C'était déjà bien beau qu'il se justifie, il n'allait pas non plus se plier en quatre pour se faire pardonner. Dans son esprit, il semblait s'être calmé. Le petit Camille prenait le dessus sur l’incontrôlable Taj. Étrange ! Dans ce genre de situation, l'inverse aurait du se produire.

- Tu dois m'en vouloir d'être parti aussi vite la dernière fois. commença-t-il calmement. Tu semblais si paisible, je n'ai pas su te réveiller.

Toujours les même paroles, à force, il avait l'habitude. Gobera-t-elle cette belle excuse ? Peu importe, il avait que ça en stock et n'avait pas l'intention d'en dire plus. Si Elena n'était pas contente, rien ne la forçait à rester là, à côté de lui.

- Comment puis-je me faire pardonner ?

Taj posa son regard sur elle et ne pu s'empêcher de sourire. Elle semblait aussi perplexe que lui.