Toujours dans l’optique de sa recherche d’exposé qui s’était soldée par un échec après la visite surprise de son meilleur ami, Serah se décida ce coup-ci à entrer dans la bibliothèque. Un endroit calme remplie de livres plus ou moins intéressant. De quoi se détendre en espérant qu’elle ne croise personne d’assez farceur pour la détourner encore une fois de son but premier : Travailler. Du moins, elle essayait de se convaincre que c’était cela qu’elle voulait faire. La brunette s’avança entre les nombreuses rangées de livres en tout genre. Le rêve de tout rat de bibliothèque, ce que la française d’origine n’était certainement pas. Certes lire était vraiment quelque chose qu’elle aimait faire. Mais de-là à passer toute sa journée dans cette salle aussi magnifique soit elle, il y avait des limites. La jeune femme huma l’odeur des livres neufs tout en caressant du bout des doigts le bois scintillant des tables. Elle avait toujours eu un penchant prononcée pour les belles choses et la décoration. Un autre de ses hobbys parmi tant d’autre.

Bref, elle n’était pas là pour divaguer sur la décoration de sa future maison ou villa avec l’argent qu’elle avait, elle pouvait aisément se le permettre. Mais elle était là pour bosser encore et toujours. N’allez pas croire que Séraphine aimait ça. Simplement, il fallait bien réussir dans la vie. C’était tout simplement pour ça qu’elle étudiait raisonnablement. Elle s’installa sur une longue table qui se remplissait peu à peu. Elle emporta cinq livres avec elle et les posa sur la table avant de commencer à prendre des notes. De temps en temps, l’étudiante levait la tête surprenant des sourires en coins ou des regards en biais de garçons plus ou moins charmants. L’ainée des Lambert avait conscience qu’elle était jolie mais ce n’était son trip de collectionner les hommes, de les jeter après usage ou de se faire jeter selon le point de vue. Elle était nettement plus romantique. Aussi, toute cette marque d’intérêts lui faisait plaisir mais elle n’en tenait pas vraiment compte, sachant d’avance ce qui les intéressait réellement. Elle lâcha un soupir avant de se replonger dans son plan pour l’exposé. Mais quelqu’un attira son attention.

A sa vue, la demoiselle ne savait pas quoi faire. La relation qu’elle entretenait avec le garçon qu’elle apercevait été pour le moins compliqué. Caelan… Un étudiant en art du film comme elle. Autant les débuts avaient été vraiment chaotiques mais quelque chose de beau. Le jeune homme n’hésitait pas à la remettre à sa place dès qu’elle franchissait les limites qu’il avait établis. Résultat, la belle ne savait jamais comment réagir avec lui et si la journée allait être bien ou mauvaise. C’était vraiment déconcertant. Que faire ? Faire semblant de ne pas l’avoir vu. Ou aller vers lui tout en ne sachant pas si elle allait se faire envoyer paître ou non. Rien n’était facile avec Caelan… Un coup, il joue aux protecteurs et aux donneurs de morales. D’autres, il jouait les indifférents voir les garçons froids… Ce petit jeu commençait à lasser, voir agacer la jeune femme. Comptait-elle pour lui ou non ? A la fin, ça devenait lourd. Mais dans un autre cas, leur relation perdrait leur attrait. C’était cette ambiguïté qui au final, faisait tout. Une envie de protéger et un refus de l’admettre… Comment tout ceci allait finir, elle n’en savait rien…

Peu assurée d’avoir une réponse, la demoiselle fit un signe sans grande conviction, essayant d’attirer son attention pour voir ce qu’il en était. Après s’être bien mise en évidence, la jeune femme replongea dans sa lecture avant de voir le jeune homme apparaître pas loin d’elle. Etait-ce un simple hasard ? Une marque de politesse ou une véritable envie de la voir et de lui parler ? Elle resta un moment à le regarder avant de s’autoriser un sourire.

« Salut Caelan. Alors… que me vaut le privilège de te voir à la bibliothèque ? Une envie ? »

Visiblement, Caelan était de bonne humeur. La jeune femme s'autorisa un sourire à son contact. Apparement, elle ne risquait de se faire envoyer chier sous le coup d'une saute d'humeur de Môssieur Wilcox. C'était vraiment déstabilisant et Séraphine ignorait si un jour, elle pourrait s'y habituer. Sa venue était peut-être le signe de poser la question qui lui brûler les lèvres. Qu'était elle réellement pour lui ? Une amie ou simplement la personne parfaite pour subir toute ces humeurs ? Avait il conscience de ce qu'il faisait ? La brunette expira longuement et ferma les yeux. Avant de plonger son regard dans le sien, une expression d'apaisement sur le visage.

Caelan - Salut Sérah. Eh bien, si on veut. J'ai quelques trucs à rattraper alors il fallait que je fasse un tour ici. Tu va bien ?

Alors comme ça, l'Epsilon avait des trucs à rattraper ? C'était ça de ne pas être vraiment attentif en cours mais elle se garderait bien de le dire, de peur qu'il monte sur ses grands chevaux afin de lui faire la morale. Il fallait à tout prix éviter de gâcher sa bonne humeur avec de pareilles futilités. Le garçon pourrait enrager plus tard, laisser éclater sa colère suivant comment il prendrait la question de l'étudiante. La Sigma arrêta d'écrire alors qu'elle observait son vis-à-vis entraine de prendre des notes. Etant tous les deux dans le même cursus, elle avança ses livres vers lui, consciente qu'il en aurait besoin autant qu'elle.

Séraphine - Si tu en as besoin, n'hésite pas à emprunter les livres que j'ai pris, ce sera toujours plus facile. Sinon, ça va plutôt bien. J'essaye de trouver un plan pour mon exposé et en même temps je fais des recherches. Je me suis rabattue à la bibliothèque comme la dernière fois à la salle de tutorat, j'ai été interrompue par quelqu'un. Et ce coup ci, c'est toi. Enfin, tant mieux, au moins, je sais que je pourrai travailler un peu. Tu ne participe à l'échange avec la Sorbonne ? A croire que la plupart de mes connaissances ne vont pas là-bas...

Paris... elle aurait bien voulu faire partie de cet échange, au moins, elle aurait vu son père. Mais non, elle avait préférée ne pas y participer. Si elle revu son paternel, le seul, l'unique, peut-être qu'elle n'aurait jamais pu quitter la capitale et Berkeley était devenu tellement important pour elle que... sa décision lui forcément fait du mal. Elle adorait son père, c'était un fait. Depuis peu, l'aînée des Lambert avait apprit, par le biais d'une lettre, qu'il avait refait sa vie avec une femme du même âge, ayant traversée des épreuves similaires. Résultat, elle se retrouvait avec un demi-frère dont elle ignorait totalement l'existence. Le peu qu'elle connaissait de lui, était son âge: dix-sept ans et son prénom: Dylan. Sentant les larmes lui montaient aux yeux, elle arrêta de penser à tout ça. Pas question de pleurer devant toute une bibliothéque et Caelan.

Séraphine – Tu sais, je suis contente de te voir. Hormis les cours, on n’a pas trop eu le temps de se parler ces derniers temps. Bon j’ai eu des occasions mais desfois, je t’en sentais légèrement sur les nerfs ou j’avais l’impression de t’importuner alors qu’aujourd’hui, tout a l’air d’aller comme sur des roulettes. Je ne veux surtout pas baisser ta bonne humeur, loin de là. Mais… Je ne sais pas comment te le dire… Mais il faut que je te le dise, ça c’est sûr. Que tu sois au courant de ce qui se passe dans ma tête… C’est un vrai bordel en fait. Pareil à un tourbillon si on veut. J’ignore comment te le faire comprendre… Mais je vais éclater si je dis rien… Attends un peu que je trouve mes mots…

Ce n’était pas clair. Pas clair du tout. Serah en était consciente mais elle n’allait pas lui lâcher, clash comme ça, qu’elle ne savait pas quoi penser de lui, qu’elle ignorait si elle représentait vraiment quelque chose pour lui. Lui, que représentait-il pour la jeune femme ? Celui qui faisait attention à elle. Son gardien si l’on peut dire. Mais un protecteur qui l’ignorait. Au départ, Séraphine avait tout prévu. Comment elle allait lui poser la question, elle anticipait même sa réaction. Mais une fois devant le fait accompli, ce n’était plus du tout la même histoire. Et les mots paraissaient vraiment difficiles à sortir… Ce qui n’arrangeait en aucun l’affaire…

Séraphine – Caelan… Que suis-je réellement pour toi ? J’ai dû mal à te suivre. Autant desfois, t’es vraiment gentil avec moi. Tu joues le rôle du grand frère protecteur si l’on veut. Autant d’autres jours, j’ai l’impression de littéralement te faire chier. Tu m’envoies paître alors que je ne dis rien qui pourrait te mettre dans cet état… Je suppose que cette question ne te plait pas… mais je veux juste la vérité. Je ne t’oblige ni à me protéger, ni à me défendre, ni à rien du tout. Si ça t’embête d’endosser ce rôle malgré toi, dis-le. Au moins, ce sera clair.

Voilà, c’était dit. Elle ne pouvait plus reculer et dire que ce n’était qu’une blague. L’interrogation venait d’être posée et le verdict n’allait pas tarder à tomber. Serait-ce du regret qu’on pouvait apercevoir dans les yeux de la belle ?