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Nous n’étions pas invitées ? Erreur de programmation sans nul doute. Voilà ce qu'Aengus avait suggéré à son amie.

La vérité n’était pas toujours bonne à entendre et encore moins à dire. Alors ? Elles seraient les invitées d’honneurs pour ce soir. La Iota avait bien l’intention de jouer les troubles faits dans cette affaire. D’ailleurs, l’intention transparaissait si fortement sur sa tenue qu’elle ne parvenait à passer inaperçu. Du papier peint. C’était à peu de chose prés la tenue que portait Aengus ce soir. Heureusement, elle portait dessous un débardeur rose fluo, un short moulant vert pomme, un collant noir déchiré ca et là, des manches amovibles rose rayées rouge et pour chaussures des escarpins orange. Jamais trop prudente, pensait-elle. Elle ne pourrait pas porter sa tenue papier peint si elle venait à ne pas être admise à la soirée ou si elle désirait simplement redevenir normale.

Son habituel sac sur le dos, la fraisinette patientait en attendant son amie. Une jeune femme qui s’accordait parfaitement avec elle. Aucune prise de tête. Aucune pensée négative et surtout, l’art de toujours se suivre dans les bêtises l’une de l’autre. Aengus ne demandait rien de plus. La folie lui plaisait et elle restait parfaitement sûre que si Teresa l’acceptait aussi bien, c’était qu’elle aussi avait un grain.

Lorsque la silhouette de la jeune gamma se dessina dans le couloir, Aengus rentra le ventre. Aussitôt, elle se colla contre le mur en fermant les yeux, comme l'aurait fait une étoile de mer sur son rocher.

« Moooooode camouflaaaaaaaaaaaaage. » Chuchota t elle avec sérieux.

Avançant en crabe sur le coté, longeant toujours le mur, elle s’approcha de Teresa. En un clin d’œil, elle était devenue agent secret avec la meilleure tenue de camouflage possible. Personne ne remarquerait que le mur derrière elle était d’un blanc limpide…non non, personne. Mode camouflage ok ? Les lèvres pincées contenaient un rire qui l’agitait de plus en plus fortement. L’entendre glousser n’avait rien d’exceptionnel. Aengus avait toujours ce sourire aux lèvres. Toujours et en toutes circonstances.

« Teresa… C’est ta conscience qui te paaaaaarle ! » Reprit elle en tentant une voix d’outre tombe peu réussi.

En effet, elle était entrecoupée de rires. Respirer serait utile. Très utile même. Aussi, elle se força à inspirer profondément, provoquant une parfaite et involontaire imitation du cochon. Avec tant de classe et de standing, rentrer dans la soirée risquait d’être compromis.

Mais revenons-en au principal. Il était à peine 22 heures. La soirée mondaine avait déjà bien commencé. Aengus avait prévu d’éviter les discours soporifiques et autres remerciements à rallonge. Elle s’était acheté un accent russe à couper au couteau en écoutant parler quelques connaissances. Pour la soirée, Aengus avait laissé de coté ses angoisses. La seule façon de les dompter restait simple : ne jamais avoir l’esprit libre, être continuellement occupée, fuir vers l’avant, toujours sourire, avoir l’air d’un clown. Tant de monde ignorait ce que la dépression pouvait pousser à faire. Déjà casse cou petite, le temps l’avait changée en tornade ravageuse. Les plus proches en faisaient souvent les frais. Certains, assez solides et téméraires parvenaient à en profiter. La force et la débrouillardise. Deux qualités nécessaires pour survivre à Aengus. Deux qualités dont Teresa ne manquait pas.

Chic, il fallait penser chic. C'est du moins ce qu'elle essayait de faire en contemplant le sac de sport gigantesque dans lequel elle avait entassé ses fringues et qui donnait l'impression d'un immense vomi coloré maintenant qu'elle y regardait à deux fois. Entre les verts anis, les jaunes criards et les imprimés définitivement passés de mode, il y avait de quoi avoir mal aux yeux mais ainsi était Teresa. Elle ne choisissait ses vêtements qu'à coup de foudre, peu importe si n'importe quelle fille censée aurait commencé par se demander si elle avait quelque chose à porter avec. Chaque pièce de sa petite collection représentait un état d'esprit au moment où elle en avait fait l'acquisition, une envie, ou la faisait rire tout simplement. C'était d'ailleurs le cas de cette jupe qu'elle venait de déposer sur le lit, cherchant avec énergie un pull qu'elle était sûre de posséder et qui serait parfait pour cette soirée. Et le voilà enfin. La tenue serait juste magnifique. Si Gus et elle partageaient quelque chose, c'était bien ce goût du non-goût, une passion pour l'absurde et l'improbable qui rendaient chacune de leurs escapade hilarante du moins à son goût. Un coup d'oeil au miroir au dessus du lavabo du dortoir et une couche de mascara plus tard, elle saute dans ses vêtements, enfilant comme pour compléter le tout ses magnifiques Converses rouges délavées qu'elle traîne partout depuis des années maintenant, heureusement encore préservées de trous grâce aux nombreux tubes de glue utilisés sur les semelles des chaussures en toile. Parce que hors de question d'en changer avant qu'elle ne se décompose littéralement sur ses pieds, elle les aimait bien trop pour ça. Peut-être surprenant d'attacher tant d'importance à une paire de chaussures que n'importe qui aurait mis à la poubelle mais Teresa aimait les vieilles choses, tout comme celles dont personne ne voulait et qui trouvait toujours un foyer aimant dans son dressing dépareillé.

Enveloppée dans un épais manteau en laine rouge et vert sapin, elle s'avance dans le couloir silencieusement pour y retrouver Gus qui aura sans doute un niveau tout aussi impressionnant de non-goût qu'elle. Mais la rouquine se fige soudain. La surprise est bien vite remplacée par un sourire, puis par un rire silencieux qu'elle essaye de contenir. Cet ensemble est sublime, un chef-d'oeuvre incontestable qui sied à la jeune femme aux cheveux roses comme un gant. Et quand elle se plaque contre le mur, imitant à la perfection un lais de papier peint dans lequel pourrait tout droit être découpée le tissu de son costume, Teresa doit plaquer sa main contre sa bouche pour ne pas éclater d'un rire bruyant qui au fil des années est devenu un signe distinctif chez elle, peu discret et lui attirant souvent des regards dédaigneux de la part de ses colocataires provisoires. Son fou rire la secoue à nouveau en entendant la pseudo voix grave de Gus qui s'approche en catimini d'elle. Le bruit de cochon qu'elle vient de faire finit par avoir raison d'elle et un gloussement aigu lui échappe alors qu'elle plaque sa main contre sa bouche. Mieux vaudrait ne pas trop se faire remarquer. Elle fait signe à Gus d'attendre, levant un doigt devant son visage alors qu'elle ouvre sa veste, dévoilant sa tenue qu'elle espère à la hauteur du costume papier peint. Le manteau laisse éclater un jupon de tulle sur plusieurs épaisseurs, rose fluo qui la fait définitivement ressembler à une grosse fraise tagada même si la jupe s'arrête un peu au dessus de ses genoux. En haut, un pull fin vert pomme vient rehausser le rose de la jupe alors que les collants aux imprimés dentelle achèvent de détruire une harmonie qui ne pouvait de toute façon pas exister dans sa tenue.
« T'avais dit chic non ? C'est chic ! »
Le rire la menace à nouveau alors qu'elle tourne sur elle-même, faisant voler le tulle de la jupe fraise tagada autour d'elle. Elle n'avait jamais eu l'occasion de sortir cette petite merveille de son placard alors ce soir elle comptait bien l'exhiber aux yeux de tous ces petits pet-secs prétentieux qui pensaient avoir tout saisi dans le monde avec leurs millions et leurs sacs chanel. La jeune femme se saisit du bras de la Iota l'entraînant joyeusement dans le couloir.
« On fait quoi, on y va à pied ou on prend mon scooter ? »
Et chevaucher l'engin crachotant avec Zaza au volant, c'était déjà toute une aventure en soi.

Teresa l’avait repérée. Son œil aiguisé lui avait permit de passer outre son camouflage. Dans un rire benêt, Aengus avait fini par accompagné la gamma dans son concerto en rire dièse. Les doigts sur la bouche tentaient de retenir les reniflements de la jeune femme. D’une part, c’était peu gracieux et d’autre part, le rire se relançait de plus belle. Au doigt tendu vers elle, la blonde se recentra. Quand il était question de tenue, le plus grand sérieux était de mise ! D’un air expert et analytique, elle admira les vêtements de Teresa. Les lèvres se pincèrent pour accompagner les hochements de tête approbateurs que ne cessait de faire Aengus. Parfait. C’était tout simplement parfait. Habituellement, Aengus aurait profitée de l’occasion pour admirer les courbes magnifiques de son amie. Mais la soirée n’était pas faite pour ce type de jeux et Aengus savait rester sage. Actuellement, sa libido avait connue une chute pharamineuse. Les médicaments en demeuraient la principale cause.

Pourtant, elle tendit la main vers celle de Teresa pour la faire tourner ensuite avec lenteur sur elle-même. Pour tout commentaire et réponse aux propos de la rousse, la Iota lança admirative.

« Si avec ca on ne rentre pas, c’est qu’ils sont aveugle là bas. Tu es ravissante comme toujours. »

Un rappel que la blonde aimait faire. Rare était les personnes capable de garder un égo suffisamment fort pour résister à la tentation de trouver son nez trop long, ses fesses trop grosses et ses seins trop petits. Pour la jeune femme, remémorer à ses proches à quel point ils étaient beaux revêtait des airs de mission spéciale de la plus haute importance. A l’idée de partir en scooter, le regard d’Aengus étincela de mille feux. Toujours partante pour un petit tour sur l’engin de la mort, elle s’excitait à l’idée de pouvoir à nouveau braver le danger en compagnie de T’, en total abandon assise à l’arrière. Comme toujours, elle hurlerait de rire et chanterait comme une casserole… Mais c’était à voir n’est ce pas ?

Sans même avoir besoin de répondre, elle commença à sautiller à coté de T’ , le sourire béant sur le visage. Arrivée au scooter, elle monta à l’arrière de T’ et passa ses bras autour de la taille de la demoiselle.

«Bienvenue sur la compagnie Fleming, veuillez attacher vos ceinture et ne pas vomir sur vos chaussures. » Lança t elle joyeusement.

Et voilà, l’engin bondissait à travers les ruelles et Aengus hurlait de rire à l’arrière. Quand une voiture de police se présenta sur le coté, roulant à une vitesse à en faire mourir de rire un escargot, Aengus s'écria.

« PLUS VIIIIIITE PLUS VIIIIITE !!!! AZY AZY DOUBLE LES !!! »

Et voilà qu’elle adressait un beau fuck à la voiture de police juste avant que T’ ne les double et tourne sur la rue perpendiculaire. Les deux agents restèrent la bouche pleine de donuts à rater la plaque d’immatriculation qu’Aengus cachait de son sac. Nul besoin de choper une contravention ou pire d’avoir des ennuis dès le début de la soirée ! Aussi, la blonde reprit.

« BOUBOUBOUBOUMBOOO BOUMBO PETITE AUTOMOBILE BILE QUAND TU RESPIRES UNE FLEUR ! » Elle trouva alors bon d’expliquer « CA CA VEUT DIRE QUE BOUMBOM IL FUME UN PETARD ! » puis elle reprit sa chanson encourageant T’ à la suivre. « CA FAIT BOUMBOM DANS TON CŒUR ! TU AFFOLES TES MECANIQUE ET TU DEVIENS BOUMBO MAGIQUE ! »

La soirée promettait d’être animée.

Dans une révérence particulièrement peu gracieuse et convaincante, elle plie le genou, soulevant les pans de sa jupe en tulle à la manière d'une princesse qu'elle n'a jamais été.
« Merci bien. Je peux en dire de même pour toi Miss Papier Peint. Tu l'as trouvé où cette merveille parce que jte pique cette adresse ! »
Et oui, ses goûts en matière vestimentaire étaient sûrement à revoir du point de vue de beaucoup de monde mais tant que Gus et elle se comprenaient sur ce genre de choses, c'était le plus important non ? Et puis de toute façon, elle s'en fichait bien qu'on la considère comme la folle de service à cause du trop plein de couleur ou d'excentricité qui composait ses tenues de tous les jours. Une pollution visuelle mais qui suffisait à lui donner le sourire pour toute une journée de cours. Car si les imprimés jacquard mêlés aux carreaux ou au pois étaient une véritable abomination pour certains, un seul coup d'oeil à la glace lui suffisait pour avoir envie de se marrer. En quelque sorte, elle se fichait d'elle-même au quotidien mais bon, la soirée n'était pas vraiment destinée à réfléchir sur ce genre de choses.

Vu la joie de Gus à l'annonce d'un voyage en scooter, Teresa ne peut retenir un nouveau gloussement amusé avant de la saisir par le bras et de l'entraîner à l'extérieur, direction le parking situé un peu plus loin de la fac, là où elle gardait son engin à l'abri, soigneusement cadenassé. Si elle s'était contentée de le garer dans l'enceinte de la fac, personne n'aurait eu de mal à deviner qu'elle filait en douce le soir vu le bruit pétardant de la vieille machine. Enfin, vieille …. elle restait en bon état d'un aspect général mais son bruit était toujours un peu effrayant jusqu'à ce que le moteur ait suffisamment chauffé. Elle enfourche le scooter, laissant dépasser deux touffes de tulle rose de chaque côté de ses jambes avant de le démarrer dans un bruit à réveiller les morts.
« OU DE VOMIR A L'EXTERIEUR DU VEHICULE ! C'EST PARTI ! »
Oui parce qu'à moins de hurler, il n'y avait aucun moyen de s'entendre avec les casques et le bruit crachotant du moteur.

Et les voilà sur la route. La nuit est douce, comme toujours à San Francisco où l'hiver ne frappait jamais vraiment. Le temps était agréable, peu importe le mois de l'année même si l'été était particulièrement chaud, peut-être trop pour la peau de rousse de Teresa. Au détour d'une rue, elle se range derrière une voiture de police, ne sachant pas trop si elle devait dépasser ou rester bien sagement à l'arrière, histoire de ne pas s'attirer de soucis. Mais c'était sans compter les cris d'encouragement de Gus. Un large sourire sur le visage, dévoilant ses dents blanches, elle fait pétarder l'engin de la mort pour dépasser la voiture roulant au pas, dévisageant en se retenant d'exploser de rire les deux policiers tachant de se remettre de cette vision. Mais le temps qu'ils ne comprennent ce qui vient de se passer, elle a déjà tourné dans une autre avenue peu passante de San Francisco. Même pas la peine de vraiment se concentrer toute façon pour conduire cette machine, il suffisait de tourner le guidon à gauche ou à droite pour slalomer entre les voitures.
« BOUMBO, BOUMBO, PETITE AUTOMOBILE BILE, TU TROTTES ET TE DANDINES DINES »
Mais pas la peine d'achever leur magnifique chanson que le cri de leurs voix est couvert par … une sirène de voiture de police. Apparemment les deux flics n'ont vraiment pas apprécié leur petit signe amical et puisqu'ils n'ont rien d'autre à faire que de se sentir outrée pour un rien, ils avaient décidé que les prendre en chasse serait la chose la plus constructive à faire de toute leur soirée.
« EH MERDE ! »
Pas question de se ranger sagement sur le côté ! Son casier judiciaire était déjà suffisamment fourni pour ne pas devoir y ajouter outrage à agent et le retrait de son permis ou de son scooter. Après un nouveau slalom alors que la voiture au girophare peine à les rattraper parmi toutes les voitures de San Francisco, Teresa tourne brusquement dans une petite rue piétonne, de loin pas assez large pour permettre au véhicule de police de les suivre. Elle éclate de rire avant de pousser un cri de joie. Ce genre de course poursuite avait quelque chose d'incroyablement grisant et suffisait à faire monter son adrénaline en flèche. Mais c'était sans compter l'escalier qui apparaît soudain devant elle. Presque par réflexe, elle sert le guidon aussi fort que possible en fermant les yeux.
« ACCROCHE-TOI ! »
Elles dévalent les marches, l'engin tremblant de toute part et pendant un moment, Zaza pense bien qu'elles vont finir par avoir un accident mais elles retrouvent le sol lisse quand elle entrouvre à nouveau les yeux, suffisamment tôt pour tourner à nouveau et leur éviter de se prendre un mur de face. Un nouveau cri de joie lui échappe.
« WOUHOU, ON EST VIVAAAANTE ! »
Oui parce que bon, dévaler les escaliers en scooter, ce n'était peut-être pas l'idée la plus saine du monde.

Le rire ne s’arrêtait plus. Lorsque les sirènes de police se firent entendre, Aengus veilla au bon positionnement de son sac sur la plaque d’immatriculation. Bien que l’engin en lui-même soit remarquable, elle ne voulait pas permettre une quelconque identification. Se serait fort ennuyeux pour son ami que d’être privée de moyen de transport.

« HIIII ON A MISTER ET MISS DONUTS AU CUL ! » Hurla t elle à T’ comme si elle avait pu être sourde à l’appelle des sirènes et au phare de police.

Mais une autre donnée entra en ligne de mir. Il semblerait qu’un nouveau problème se présentait à elles. La Iota eut peu de temps pour réagir car elle n’eut absolument pas le temps d’entre voir les escaliers. Aux paroles de son amie, elle se cramponna avec force au scooter et…

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH… » S’écria Aengus durant le petit vol plané de l’engin avant de poursuivre avec tout autant d’entrain durant la descente des escaliers. « AAAAHaha..AAAAH…Aaaah…AAAH..aaah. »

D’une part, un peu de peur s’était emparée d’elle au point de la pousser à hurler plus fort que les sirènes de polices elles-mêmes. D’autre part, l’effet des marches poussait sa voix à trembler avec force. Une chose que la blonde apprécia durant toute la descente. Elle n’avait jamais aussi bien imité les cantatrices !

« WOUHOUUUU !! T’ EST DANS LA PLACE ! …» Cria Aengus pour couvrir le bruit du moteur. Elle desserra légèrement son étreinte afin de ne pas faire bouger Teresa pendant qu’elle, elle pouffait de rire à l’arrière. « T’es la seule nana capable de transformer son scooter en vibro » plaisanta Aengus en riant toujours plus à l’arrière.

La suite du trajet fut calme. Probablement pour se remettre de toutes ses émotions fortes. Après avoir garé le petit scooter de la mort, un peu plus loin que l’entrée du palace hôtel, les filles prirent la direction de la réception. Aengus redressa le nez, bomba le torse et avança comme si elle était la nouvelle Lady Gaga en direction du réceptionniste. Un petit groupe de jeunes femmes se trouvaient tout juste devant elles et Aengus attrapa la main de T’ pour l’entrainer au milieu de la masse et profiter de l’entrée. Se retenant de rire, gardant son rôle de starlette, la blonde avança dans la salle de réception. La première de toute sa vie pour être honnête. L’ensemble puait le luxe à plein nez. Des tables rondes disposées sur les cotés offraient un coin ou s’assoir. Les postérieurs méritaient le meilleur et les fauteuils semblaient d’un confort incroyable. Un buffet se trouvait disposé à chaque recoin de la pièce et le long du coté gauche. Tout étincelait et brillait de mille feux. Même le sol semblait moelleux et lustré .

La blonde tentait de se tenir, de ne pas s’émerveiller devant tant de richesse. Dire qu’elle profitait d’un tout petit lit dans un dortoir pour six… Si certains regards courraient sur elles deux comme la basse cours analysant le vilain petit canard, la Iota n’y prêta aucune attention. Elle évita soigneusement de rentrer dans les rares personnes dansant au centre de la pièce avant de relâcher Teresa. Depuis quand les riches dansaient, s’interrogea Aengus. Mais d’autres questionnements la perturbaient. Que devait elle faire en premier ? Le buffet la tentait bien. Particulièrement celui au fond à gauche, juste à coté de l’immense baie vitrée. Elle pourrait savourer quelques petits fours sur la terrasse en admirant la mer. Idée alléchantes. Quel goût avait la nourriture des riches ? Est-ce que le beau garçon accepterait de lui laisser son numéro ? Elle le donnerait à T’ pour la remercier de la course dans les ruelles ! La nourriture ou l’exhibition ? Alors que tout le monde ne semblait pas avoir profité de la vue sur leur magnifique tenue, Aengus se tourna vers T’ pour lui tendre la main et lui faire une petite révérence. Elle manqua de s’étaler aux pieds de la rouquine mais tout son sérieux resta en place. Elle avait fait un choix, celui de s’amuser avant de manger.

« Mademoiselle Felming, accepteriez vous de m’accorder cette danse ? » Demanda t elle avec un faux accent russe et un air guindé parfait que seule la lueur de malice dans son regard trahissait.

Certes, certes…C’était une idée comme une autre. Néanmoins, le problème restait de taille. Personne ne dansait avec un partenaire du même sexe. La blonde trouvait cette situation parfaitement révoltante. Son coté engagé pour le droit et la reconnaissance de l’homosexualité la poussait à devoir agir au plus vite. Qu’importe si Aengus ne savait absolument pas danser sur leur musique étrange. C’était lent, pompeux et peu enclin au déhanchement… A croire que les violonistes s’étaient enfoncé l’archet dans le postérieur… Après tout, c’était possible. Les pauvres avaient un balai dans le cul, les riches, un archer… Preuve en était faite ! Que de pensés et de réactions pour la blonde. Tout passait dans son esprit sauf le principal. La danse entre fille et la méconnaissance des pas à effectuer. Bref, ces deux problèmes de taille ne l’empêchaient pas de vouloir entrer dans la danse. Elles étaient venues ici pour s’amuser, profiter et se réjouir. Elle avait bien l’intention d’en faire le maximum avec T’.

Elle éclate de rire à la remarque de Gus. Un rire fort et bruyant, qui couvre aisément les pétardades de l'engin. C'est vrai que leur descente des escaliers un peu violente avait fait trembler le véhicule d'une manière dangereuse mais la rose avait toujours le moyen de transformer un événement qui aurait pu leur coûter la vie -ou un accident fâcheux- en quelque chose de drôle. Et puis zut, elles avaient survécu ! Elles étaient vivantes et la police n'était plus à leur trousse alors il y avait de quoi rire. Et rire ça elles allaient le faire, jusqu'à se tordre en deux à cause des courbatures aux abdos. Un large sourire sur les lèvres qui n'est pas prêt de la quitter, elle poursuit leur route en direction du Palace Hôtel plus calmement cependant. Une course poursuite pourquoi pas mais deux elle n'y tenait pas. Ajouter un délit de fuite à son casier déjà rempli ne lui disait rien. Les agents étaient en général plutôt compréhensifs en ce qui concernaient son vandalisme, en grande partie parce que la plupart préférait discuter avec elle de son travail que de la coffrer et de l'envoyer au trou. Mais si elle étendait sa zone d'infractions, elle doutait d'obtenir une aussi grande compréhension et un traitement de faveur.

Heureusement que leurs vêtements sont cachés par leur manteau sinon il y avait fort à parier qu'on ne les aurait jamais laissé entrer dans la grande salle de bal. Tout le monde est tiré à quatre épingles dans des robes de haute-couture qui ne laisse rien à cacher du standing des gens qui ont été invités. Cependant, la rouquine ne peut s'empêcher de pouffer en voyant un chapeau à plume hideux sur la tête d'une femme aux cheveux gris, le visage anormalement lisse. « Tu crois qu'elle a tué ce pigeon de ses propres mains pour le mettre sur sa tête ? » s'empresse-t-elle de demander à Gus en se penchant à son oreille. Non parce que franchement, même elle qui adorait le mauvais goût trouvait ça horrible et ne l'aurait jamais sorti d'une friperie. Pourtant, elle continue de suivre le mouvement docilement et il faut bien se l'avouer, cette salle a de quoi vous couper le souffle. Tout était doré ou semblait terriblement cher. Même l'orchestre semblait tout droit taillé dans le cristal avec ses airs de coincé des fesses et sa musique pimpante. Tout était ridicule à souhait, du moins de leur point de vue. Et sur la piste de danse, il était assez effrayant de constater que tout le monde répétait les mêmes pas de danse avec une rigueur mathématique, tournant en rond dans un enchaînement complexe qu'elle ne parvenait absolument pas à mémoriser.

Elle pouffe déjà de rire en entendant l'accent faussement de l'est de Gus mais se penche déjà dans une révérence ridicule, faisant voler les nombreux volants roses fluos de sa jupe en tulle.
« C'est un grand honneur. »
Son accent est beaucoup moins réussi, sûrement parce qu'elle n'arrive que très moyennement à retenir l'éclat de rire qui reste coincé dans sa gorge. Aussitôt, elle attrape la main de Gus, passant l'autre autour de son épaule, parfaitement installée pour valser, avec cet air détaché et snob qu'ont tous les danseurs de la pièce. Son manteau aux couleurs étranges est posé sur une chaise, laissant éclater tout l'improbable de sa tenue contrastant vivement avec le chic et le sobre du reste des invités. Nombre d'entre eux ont cessé leurs conversations, se concentrant sur ce couple étrange qui évolue sur la piste de danse. Leurs pas sont beaucoup moins complexes mais pas moins rapides. Et la tête vient rapidement à tourner à la rouquine. D'ailleurs elles cognent à de nombreuses reprises dans le dos des autres couples qui valsent, se répandant en excuses dans un mauvais accent russe avant de repartir de plus belle. Bientôt, la piste se vide, ne laissant plus que les deux jeunes femmes au centre de l'intérêt. Peut-être que ce n'était pas une si bonne idée. La sécurité n'allait pas tarder à faire son apparition.
« Vous voyez, c'est cela qu'on cherche chez la jeunesse russe aujourd'hui. De l'audace mon cher, de l'audace ! La tendance underground finira par venir jusqu'à nous, ce n'est plus qu'une question de temps ! »
La remarque entendue du coin de l'oreille alors qu'elles tournaient encore sur elles-mêmes manque d'arracher un fou rire à Teresa. A croire que plus elles étaient ridicules, moins elles devenaient improbables dans ce monde snobinard.

Comment ca un pigeon mort ? Devant l’air effarouché d’Aengus, la femme qui avait l’air aussi empaillée que son pigeon passa devant elle. Un instant, elle pointa du doigt l’être hideux, la bouche ouverte, les yeux écarquillés. Il semblerait qu’elle n’en revienne pas. Son regard jongla de T’ à la dame alors qu’elle semblait chercher ses mots, la bouche s’ouvrant et se fermant. Finalement, elle préféra le silence. Non, elle ne pouvait plus regarder. C’était trop horrible pour Aengus qui ne supportait pas l’idée de tuer un animal.

S’engageant sur la piste de danse tel un grain de sable dans les rouages d’une mécanique parfaite, mesurée et minutée, les filles bousculèrent plus que des coutumes et des habitudes. Pour une fois, le tutu rose de T’ paru totalement inappropriée. Elle était loin de danser comme une ballerine et c’était probablement pour cette raison que la fraise qui l’accompagnait appréciait de danser avec elle. ‘Gus ne comptait plus le nombre de danseurs qu’elle avait bousculé, le nombre de pieds qu’elle avait malmenés et les faux pas qu’elle avait pu faire en faisant tournoyer son amie. Le rock, valse, twist s’enchainaient en parfait désaccord avec le rythme.

Mais les musiciens semblaient décidé à faire une pause, probablement un ordre de l’organisateur dans une tentative de contrôle de ses deux filles intenables. Si elles avaient voulues passées inaperçue, c’était râté. Probablement qu’on s’interrogeait sur leurs identités et Aengus avait décrété que le bordel ne faisait que commencer. Aussi, elle plaqua T’ contre elle dans une imitation de tango parfait, laissa sa main courir le long de flanc pour glisser sur la cuisse de la demoiselle dans une provocation parfaite. Le regard plongé dans celui de T’, Aengus lui souffla en calant une main aux creux de ses reins.

« Prête à faire faire un arrêt cardiaque à Mamie et péter le slip à Papy ? »

D’un coup, elle fit remonter la jambe de T pour l’aider à basculer vers l’arrière et l’embrasser. D’abord chaste, juste pour laisser à son amie le temps de prendre la mesure. Puis, elle en rajouta un peu, le temps d’entendre quelques murmures désapprobateur ou au contraire. Mais la polémique était lancée ! Une personne s’avança vers elles pour insister Aengus à se redresser. L’homme, le pingouin dirait plutôt Aengus, leur présenta le buffet d’un geste de la main.

« Mesdemoiselles, veuillez vous joindre à nous. Nos cuisiniers ont préparé de délicieux petits fours pour vous. »

« Oh mais mon amie est une succulente mise en bouche à elle seule. » Déclara Aengus dans un sourire avant d’emboiter le pas au pingouin qui ne démordait pas. « C’est tout pour nous ? » Le pire ? Elle avait bien envie de ce buffet de toute façon. Est-ce qu’il y avait des trucs sans viande ? Aengus était végétarienne depuis bien des années. Nul besoin de la pousser à changer d’avis, elle serait malade rien qu’à l’idée de manger de la viande.

« Tu crois que c’est quoi le plus cher ? » Demanda Aengus pour savoir ce qu’elle devrait goûter en premier.

Son estomac était petit et elle mangeait peu. Autant bien choisir. Instinctivement, Aengus s’était dirigée vers la baie vitrée pour profiter de la vue sur la plage, la jetée… Lorsque la grand-mère passa une fois de plus avec son chapeau, Aengus tendit les mains pour toucher le pigeon avec délicatesse. Est-ce que c’était un vrai ? La vieille devait avoir mit tant de laque et tiré ses cheveux qu’Aengus arracha malgré elle, le pigeon qui se détacha du reste du couvre chef. Ouvrant de gros yeux ronds tandis que la vieille ne remarquait absolument rien, continuant de marcher à coté de son mari. Aengus tourna alors un regard déboussolé à son acolyte. Que devait elle en faire ? Comme pour obtenir une réponse de T’, elle désigna le sac d’une vieille, le seau à champagne ou le plat de fruit de mer… que choisir ? Une grimace de dégoût passa sur son visage avant qu’elle ne pivote sur elle-même et plonge le pigeon dans la glace d’un seau à Champagne rempli de glaçon. C’était pour mieux le conserver vous comprenez ? Le serveur qui s’était tourné pour ouvrir la bouteille se tourna prêt à plonger la bouteille dans la glace mais…

Prise dans son tango, Zaza a vite fait de revêtir le masque froid et un peu guindé des danseuses qu'elle a pu voir à la télévision. A ce qu'elle a compris, cette danse est censée être la représentation même d'un acte sexuel dansé, entre les je te repousse et les je t'attire. En gros quelque chose de tout à fait inapproprié pour cette ambiance bourgeoise et politiquement correct. Encore moins quand on sait qu'elles dansent toujours sur un air de valse. D'ailleurs il est difficile de se concentrer pour être à ce point hors du rythme de la musique de l'orchestre. Orchestre qui semble par ailleurs un peu décontenancé de les voir évoluer seules sur la piste de danse et en totale autonomie par rapport à leur musique ennuyante à en mourir. Mais la jeune femme ne s'était pas autant amusée depuis un bon moment alors hors de question de renoncer à ça maintenant. Et l'air scandalisé des petites mamies étaient carrément jouissifs. Celui un peu pervers et voyeurs de leurs maris beaucoup moins mais il contribuait largement à semer la zizanie au travers de la foule. Pour couronner le tout, autant leur donner du vrai spectacle, quelque chose à faire exploser leur pacemaker et à doubler la facture des cardiologues. Le baiser est simple tout autant qu'il est appuyé et provocateur. Même si Zaza ne se revendique pas bisexuelle, les femmes lui font autant d'effet que les hommes dans ce vaste monde. A savoir pas grand chose. Depuis son voyage au Tibet, elle reste persuadée que ce n'est pas d'un sexe qu'on tombe amoureux mais que les sentiments n'ont rien à voir avec l'anatomie. Tout comme l'attirance qui pour elle s'accompagne évidemment d'un coup de foudre sur la personnalité de l'autre. Certains diront que ce n'est que les conclusions qu'elle tire de son inexpérience et ils n'auraient même pas tellement tort. Mais c'était comme ça et elle se complaisait dans ce mode de vie. Et puis Gus était son amie, il n'avait jamais été question d'autre chose entre elles alors ce baiser ne visait à rien d'autre qu'à choquer l'assistance.

Mais leur danse provocatrice dût s'arrêter par l'intervention d'un serveur sûrement envoyer en messie pour faire stopper cette abomination de cette jeunesse russe décidément un peu trop audacieuse ! Ensemble, elles se dirigent vers le buffet et Zaza ne peut vraiment pas retenir le grognement peu gracieux qui résonne dans son estomac creux. Elle pose une main sur son pull vert pomme en riant. Qui aurait cru qu'une petite danse suffirait à lui causer une faim pareille ? Elle regarde les petits fours mais à vrai dire, tout a l'air d'avoir été figé à grands coups de laque tellement ça brille et que les assemblages semblent fragiles. Les zestes d'orange sont figés dans un espèce de glaçage transparent qui leur donnent l'impression d'être en plastique, sans compter les légumes qui sont bien trop parfaits pour que ce soit naturel.
« Hum … Jsais pas, tu crois que ça vaut combien les trucs tout dorés là-bas ? »
Oui parce qu'il y a de bonnes chances pour que ces fraises ou chose ressemblant à un fruit entièrement couvert de feuille d'or alimentaire valent une petite fortune. Finalement la jeune femme à la tenue extravagante opte pour un mini éclair au chocolat tout à fait innofensif. Mais à peine a-t-elle croqué dedans qu'elle se rappelle qu'il ne faut jamais faire confiance à ce genre de mets trop simples. Parce que ce n'est pas fourré au chocolat pensez-vous ! Ce serait bien trop facile ! Non non, une espèce de crème de …. de quoi, c'est une bonne question. En tout cas c'est salé et ce ne sont pas des légumes. Et c'est surtout vraiment trop spécial pour elle. Une grimace de dégoût apparaît sur son visage alors qu'elle s'éloigne en marchant en crabe vers un énorme pot de fleurs, adressant des sourires naturels alors qu'elle se retient de ne pas tout cracher sur la table. Ni une ni deux, l'éclair au chocolat finit sa course au milieu des fleurs tout comme la bouchée qu'elle s'empresse de cracher.

Mais pas de repos pour leur soirée de folie et la scène du pigeon ne lui a pas échappé du tout. Encore moins le serveur qui s'approche avec sa bouteille pour la plonger dans le seau de champagne …. Et si il fait ça, l'horrible pigeon-chapeau va ressortir sur le dessus et autant dire que même si c'est moche, la vieille femme a dû le payer un prix tout aussi farfelu que le fait de porter un oiseau mort sur sa tête. Il ne faut que quelques secondes de réflexion à Zaza pour se décider à …. plonger ses bras dans le seau à champagne jusqu'au-dessus des coudes, se retenant de pousser un cri. Ben oui, les glaçons c'est super froid bordel ! Elle avait pas pensé à ça. Ni au regard plus qu'étonné du serveur alors qu'elle retient avec force le pigeon dans le fond du seau.
« Pfiouuuuu ! Il fait suuuuuuuuuuper chaud ici non ? »
Oui oui, non mais c'est normal de se rafraîchir en prenant un petit bain de glaçons ! Du moins c'est ce que tente de faire croire son sourire plus ou moins naturel même si elle rêve qu'on arrête de lui accorder de l'attention pour qu'elle puisse retirer ses mains de leur prison de glace. Enfin, le serveur retourne à son service et les conversations reprennent. Avec un soupir de soulagement, elle ressort brusquement ses bras de la glace. Mais c'était sans compter qu'elle avait zappé le fait qu'elle tenait toujours le pigeon trempé dans sa main engourdie par les glaçons. Et d'ailleurs il est où le pigeon. Un bruit bizarre attire son attention vers un point assez élevé de la baie vitrée. Le chapeau trempé, déformé et qui ressemble encore moins à un oiseau qu'avant est en train de … de glisser le long de la vitre, très très lentement. Et la petite vieille qui se tâte la tête, venant visiblement tout juste de se rendre compte que quelque chose lui manquait achève de déclencher un fou rire chez Teresa qui pourtant tente par tous les moyens de le contenir. Dans un bruit de succion qui résonne dans toute la salle, le chapeau se décolle pour atterrir dans un splach sonore en plein dans les fruits de mer, éclaboussant quelques convives au passage. Il lui semble même qu'une crevette est allée se loger dans le chignon d'une autre excentrique.

Après avoir effectué la danse du crabe pour rejeter une bouchée dans le pot de fleur, Teresa revient à la charge, sauvant Aengus de sa bêtise. En la voyant plonger son bras dans la glace avec une telle puissance, Aengus ouvrit de gros yeux ronds, admirative.

«Ouah ! »

Elle avança quelques propos dans un faux russe, comme si elle s’adressait au serveur mais ce dernier ne lâcha pas la brunette, lui proposant même avec politesse.

« Désirez-vous un rafraichissement Mademoiselle ? »

Mais il demeurait impossible à la blonde de rester aussi loin de son amie tant le fou rire la guettait. Pensez vous ! Avec une telle ânerie, comment pourrait-elle ne pas se joindre à la discussion ? Elle prit donc un faux accent russe.

« Non, pas soucis. Avec ma amie, on plonge souvent tout nu dans lac glacé. Vous voulez qu’on vous montrrre ? »

Aengus aurait juré entendre l’élastique de son slip craquer. Il se tourna, officiellement pour chercher une boisson fraiche, officieusement pour reprendre son calme. Voilà que T’ en profita pour lancer le fameux chapeau. La blonde pouffa de rire, s’écartant légèrement pour chercher son calme. Pourtant le voir glisser lentement éveilla un ricanement de plus en plus difficile à contrôler. Lorsque le bruit de succion se fit entendre, elle explosa de rire tentant de garder son accent même dans son ricanement tonitruant.

« AHAHAHAHAH AHAHAHAH AHAHAHAH »

Lorsque les crevettes volèrent dans le chignon d’une dame, la jeune femme s’écarta un peu plus pour reprendre son sérieux, abandonnant Teresa devant la baie vitrée. Il y avait tant d’injustice dans ce bas monde tout de même. Alors que la vieille avait payé une fortune son pigeon, une brave dame avait gratuitement eut sa crevette dans les cheveux ! Pourtant, du coin de l’œil, la Iota admirait les organisateurs se poser des questions, chercher les noms des deux russes loufoques, leurs cartons d’invitation… Ca risquait de chauffer pour elles. Comme si de rien n’était, elle se tourna vers le serveur et les drôles de coquilles qui se présentaient à elle.

« Qu’est ce que c’est ? » demanda t elle curieuse faisant mine de n’être absolument pour rien dans cette histoire de chapeau, invitant Teresa du regard à en faire de même.

« Des huîtres madame. En voulez vous ? Elles sont parfaitement fraîches ! »

« Non merci, je ne mange pas du morrrt. » Protesta t elle en zieutant du coin de l’œil les organisateurs. Elle voulait suivre correctement l’avancée de leur propos mais quelques mots la déstabilisèrent.

« Mais rassurez vous madame, elles sont encore parfaitement vivantes ! »

Si jusqu’à présent, la blonde avait de jolies couleurs rosées sur les joues, les seules traces qui en restèrent furent celles de son blush. Le regard larmoyant, elle admira le plateau huitres, profond, rempli de ces choses qui devaient grandement souffrir ! MONSTRES !!! Tournant le regard sur la brunette qui l’accompagnait, elle tenta d’attirer son attention pour lui faire un signe discret d’ouvrir la porte fenêtre ! Mais il semblerait que la communication rencontre certaines interférences. La blonde leva alors les bras minant avec une précision presque exemplaire une personne qui s’étire. Rien à voir direz-vous, effectivement. Elle articula en gesticulant comme un clown pendu à un fils électrique sous tension. Il ne manquait plus que les cheveux se dressant sur la tête. Elle s’agita encore et encore avant de se lasser et hurler sans son accent !

« OUVRE LA PORTE FENETREUH ! »

Sans plus attendre, la blonde attrapa le plat d’huitre pour se ruer vers la porte en courant. En voilà un joli spectacle ! Une blonde en papier peint qui court avec un plateau d’huitre brandit au dessus de sa tête et qui hurle.

« OPERATION SAUVETAGE DES HUITREUUUUUUUUUUUUUUHS ! BANDE D’ASSASSINS !!! »

Ce personnage est une calamité ambulante. Sa créatrice s’en excuse ! Aengus espérait bien que son amie avait eut le temps d’ouvrir sinon, elle risquait de rencontrer quelques difficultés une fois face à la porte. Hors de question de subir le même sort que le chapeau pigeon. Mais la voilà qui arrivait à hauteur de Teresa lui hurlant

« CHOPPE UNE BOUTEILLE ! COURS !! HURLE !! AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !»

Deux malheureux serveurs se ruaient à la suite des filles, la sécurité commençait à remuer tandis qu’Aengus ne trouvait rien de mieux que de courir en s’assurant que Teresa suivrait le mouvement.