Marley & Andrew

❝ You act as if you just don't care ❞ # The Police

•• Allez Rod ! Bouge ! Et chie pas ici, j'ramasse pas tes merdes moi !

Tirant un bon coup sur la laisse, le chien noir répondant au nom de Rodney se remit en marche. Le maître profitait du week end pour lui faire faire une longue marche ! En semaine, il n'en avait pas tellement le loisir, vu qu'il bossait ! Il le sortait cinq minutes le matin en expresse et un peu plus longtemps le soir, en rentrant du boulot. Mais vu qu'il boudait les heures tardives à San Francisco, le chien ne sortait guère ! Le parc John MacLaren acceuillait donc Andrew et Rodney le samedi après-midi pour plusieurs durant lequel il faisait faire de l'exercice à son chien, histoire de le maintenir en forme ! Pas question d'avoir un gros chien empatté !
Chien qui aurait mieux fait de rester à Albuquerque, mais ce chien... C'était un cadeau d'Aaron et au dernier moment, il avait déçidé de l'embarquer avec lui au lieu de le laisser à ses potes ! Non pas qu'il n'avait pas confiance en eux, mais c'était un lien avec son ami derrière les barreaux. Un lien maigre, mais un lien quand même.

S'allumant une cigarette, il détacha son chien pour qu'il puisse se dégourdir les pattes ! Le chien ne se fit pas prier et se mit à courir dans l'étendu d'herbe verte, zigzaguant à proximité des gens et des couples qui jetèrent un regard craintif au chien et un regard de reproche au chien. Quand on voyait le maître, on avait forcément peur du chien. Pourtant un Pinscher Allemand c'est pas bien gros, un Dobermann en plus petit quoi... Mais en fait, c'était Andrew qui n'inspirait pas confiance ! Avec son jean, ses Doc Martens et son débardeur kaki. C'est qu'on voyait ses tatouages et que ça, ça n'inspirait pas confiance ! Toutefois, il avait l'habitude et s'en foutait cordialement ! Comme il se foutait que son chien court prés des gens et renifle les casse-croûte ! Bon, s'il se faisait trop pénible il l'appelait ! Mais c'est surtout par rapport aux enfants qu'il faisait attention ! Il avait confiance en son chien, mais il pouvait s’énerver parce qu'un gamin lui tirait un peu trop fort le queue, les oreilles ou des trucs du genre.
Il sortit sa balle et se mit vers le bord du chemin de promenade histoire de laisser les couples et famille tranquille et surtout que son chien ne soit pas gêné !

•• ROD ! CHOPE !

Et son bras se détendit pour lancer une balle de tennis mâchouillé qui décrivit une parabole d'une cinquante de mètre avant de tomber dans l'herbe ! Le chien, rapide, arriva une paire de seconde après et chopa la balle avant de revenir à toute vitesse vers son maître, complètement fou et surexcité par cet exercice. C'était con un chien n'empêche, une petite balle et il était la créature la plus heureuse du monde... Si seulement il pouvait être pareil !
Il s'accroupit et attrapa son chien alors qu'il s'approchait de lui. Il le jeta au sol et se mit à lui gratter le ventre avec force ce qui continua d'exciter le chien, puis il arracha la balle jaune fluo de la gueule du clébard et lança la balle une fois de plus.
Il répéta l'exercice un certains nombre de fois tandis que sur le chemin de promenade, arrivant face à lui, il aperçut une silhouette qu'il connaissait. Une fille, très mignonne qui répondait au prénom de Marley ! Superbe prénom selon lui ! Il adorait vraiment !
Néanmoins, il appréciait moins la demoiselle qui le portait ce prénom ! Elle poussait une poussette, comme lorsqu'il l'avait rencontré la première fois, dans ce parc. Ils s'étaient bien entendus, avaient pas mal parlés, avait apprit qu'elle était une jeune mère célibataire, une demoiselle solide et courageuse et aimante aussi, à ce qu'il avait vu ! Bref, une jeune femme cool !
Sauf que la deuxième fois qu'il la croisa à Berkeley, elle était avec ses potes et le snoba totalement alors qu'il la saluait ! Lui faisant même une remarque dont il ne se souvenait plus exactement la teneur mais qui n'avait rien d'agréable !
Bref, ce revirement de position, l'avait bien, bien agacé ! Il détestait passer pour un con ! Alors, là, en a voyant arriver, il décida de l'ignorer totalement ! Sauf que son chien était débile... Ayant reconnu une odeur familière – il avait passé un bon moment à renifler Marley la dernière fois – il s'approcha de la jeune mère, langue pendouillante, queue frétillante.

•• Putain de chien... ROD ! AU PIED ! RODNEY !!! Bordel...

Il tira une taf sur sa cigarette – sa troisième depuis qu'il était dans le parc – et une main dans la poche, l'autre tenant sa clope, il regarda son chien escorter la poussette qui arrivait doucement mais sûrement vers lui.