the great escape
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Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot

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MessageSujet: Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot EmptyMer 19 Sep - 6:36



"A mercredi, Kilian ! - Ouais, c'est ça. A mercredi." Si tu savais comme ça me gonfle de revoir ta tête deux fois par semaine, tu comprendrais mieux mon manque d'enthousiasme à te dire au revoir, sachant pertinemment que je suis condamné à revenir sous peu. Ca faisait maintenant près de trois semaines que cette routine était en marche, trois semaines qu'il me regardait avec sa tête de type compatissant, trois semaines qu'il me demandait si j'allais bien. Fais ton boulot et arrêtes avec tes questions stupides. Si j'étais pas en fauteuil roulant, je s'rai déjà debout pour t'en coller une. Voilà l'une des dernières réjouissances de cette rentrée catastrophique : je me retrouvais en fauteuil roulant. Ou en béquilles, les rares jours où j'ai un peu moins mal et que mes jambes veulent bien servir à quelque chose. Pourquoi ? Parce que j'avais plongé sur mon père lorsque le mafieux qui nous avait sous sa coupe avait voulu l'abattre froidement. Mon père on touche pas. S'il y a une seule personne en ce bas-monde qui pourrait prétendre à le blesser, c'est moi. Je ne regrettais pas mon geste. J'aurais même préféré finir le restant de mes jours dans ce fichu fauteuil plutôt que de devoir continuer à vivre sans Logan. C'est plutôt ironique, quand on y pense ? En début d'année, j'aurais volontiers tiré le coup moi-même à la place de Bollen. Pas pour le tuer, mais pour le faire souffrir. Et maintenant, je mettais ma vie en jeu pour sauver la peau du pater. Y a que les cons qui ne changent pas d'avis, il parait. Et j'suis pas un con. Pas totalement, en tout cas.

Je sortis de l'hôpital où ma séance de rééducation venait de se terminer, faisant tourner les roues de mon nouveau bolide à la force de mes bras. Etant donné les circonstances, on m'avait proposé un fauteuil motorisé... j'avais déchiré le formulaire sous leurs yeux. J'suis peut-être handicapé, mais c'est temporaire. C'était assez frustrant de devoir compter sur quelques personnes pour me déplacer, je n'avais pas envie d'être un diminué complet. Il y a sûrement des gens qui en auraient bien plus besoin que moi. Quitte à trouver un point positif, ça me musclait encore davantage les bras. L'ambulance était là pour me ramener à l'appart'. Eh oui, adieu la conduite pour le moment. De toutes manières, ma Mustang chérie était pratiquement irrécupérable. La carrosserie criblée d'impacts de balles, le moteur à changer, les vitres à remplacer... on m'avait aussi proposé de l'emmener à la casse. Jamais. Pas la Mustang de mon grand-père. J'y laisserai peut-être une fortune, mais je voulais la retaper moi-même. Sur le trajet qui me ramenait à la maison, j'observais le paysage sans trop y faire attention. J'étais silencieux, l'ambulancier avait bien compris que j'étais pas du genre loquace, comme garçon. Je pensais à mon père. Encore. Toujours. Je me demandais à quoi il pensait en ce moment, ce qu'il faisait. Je priais pour qu'il ne lui arrive rien. On m'avait proposé d'aller lui rendre visite en prison, mais j'hésitais. Je ne voulais pas voir de douleur dans son regard s'il me voyait dans cet état. J'étais au trente-sixième dessous, comme on dit. Alors je lui téléphonais tous les jours. On n'avait pas le droit à une communication très longue, mais je voulais entendre le son de sa voix. Savoir qu'il était là. Lui faire savoir que je pensais à lui et qu'il me manquait. Et que j'espérais sincèrement pouvoir le serrer dans mes bras quand la justice aura décidé de le relâcher. C'était bien la seule pensée positive que je me bornais à croire ces derniers temps.

"Bonjour, Kilian ! J'ai sorti Mahikan comme tu me l'as demandé, il a fait ses besoins et il s'est bien dépensé, je pense que tu es tranquille jusqu'à demain. - Merci, madame Rosenberg, c'est très gentil. - Et ton père, qu'est-ce qu'il devient ?" Vautours. Les voisins étaient des vautours. Youpi, on a un meurtrier dans l'immeuble et le fils à interroger pour avoir des détails croustillants. Partout, j'étais devenu un objet de curiosité, le fils de l'assassin qui a torturé et tué un homme. S'ils avaient été sur place, ils comprendraient. Mais ils s'en fichaient, à quoi bon chercher à comprendre quand on peut satisfaire une curiosité malsaine ? En revanche, je n'avais pas trop de mal avec madame Rosenberg. Une femme âgée qui a l'expérience de la vie et qui n'est que gentillesse. Elle, je ne la considérais pas comme un vautour. Elle voulait m'aider, sa famille ne venait pas la voir souvent, alors elle s'occupait de moi comme l'avait fait ma grand-mère. Ainsi, je me forçais à faire un sourire, histoire de dire. "Rien de neuf. On attend le jugement. - Kilian, si tu as besoin de... - Bonne soirée, madame Rosenberg." Les portes de l'ascenseur se ferment, je n'entends même plus sa voix. J'ai pas envie d'en parler, à chaque fois que je le fais, je commencer à avoir la voix enrouée et je chiale. Ca m'énerve, mais c'est comme ça. Arrivé à mon étage, j'ouvre la porte puis rentre à l'intérieur de l'appartement. Ou du moins ce qu'il en reste. Les mafieux avaient tout mis à sac et j'ai essayé de ranger tant bien que mal, puisque la police avait déjà fait son enquête sur les lieux. Les éclats de verre, les choses pas trop lourdes, etc., j'avais réussi à tout remettre en place. Mais les meubles bougés ou renversés - comme la grande bibliothèque en teck - je n'y étais pas arrivé. Et je ne voulais pas que les voisins m'aident. C'est l'appartement Salaun, pas l'antre d'un tueur et de son handicapé de fils.
Je jetai un oeil au courrier. Seizième lettre de Berkeley pour notification d'absence injustifiée. Sur le tas à côté de la poubelle, avec les quinze autres. J'ai pas envie d'aller en cours. J'ai plus aucune inspiration ni envie pour peindre, j'ai pas la force de suivre des cours en sachant que les séances de théâtre sont annulées parce que mon père est en taule, et j'ai pas envie d'affronter le regard des autres. En temps normal, je m'en tamponne royalement. Mais pour l'instant, je n'y arrive pas. Ces enfoirés de mafieux m'ont brisé. Je ne peux pas et prendre le temps de me remettre et devoir faire face à tous ces gens qui me verront comme une bête de foire ou un gamin à prendre en pitié. Et par-dessus tout, il était hors de question que j'entende quoique ce soit de malsain au sujet de mon père. Il m'a sauvé, avec James. C'est un héros, pas un meurtrier. A sa place, j'aurais agi exactement de la même manière. Je regardai l'heure, dix-huit heures trente. Comme d'habitude, je colle un repas quelconque dans le micro-ondes, j'arrive même pas à tenir debout pour cuisiner, en prime. Je me couche à vingt-et-une heures. Dans le lit de mon père, pas dans ma chambre. Ca peut paraitre stupide, mais ça me rassure comme quand j'étais gosse. Et pourtant, je n'espère qu'une chose : pouvoir retourner dormir dans mon pieu parce que mon père sera de retour.

Le lendemain, je décidais de sortir le chien tout seul. Mahikan était ravi, je devais même le contenir un peu pour éviter qu'il saute sur mes jambes et qu'il me fasse mal sans le vouloir. Heureusement qu'il était là, ce chien, j'aurais du mal à tenir, autrement. Le chien-loup marchait à ma vitesse, sans tirer, comme s'il s'adaptait à mon allure. Il est foufou en temps normal, mais depuis que je suis limité, il se colle à mon pas... impressionnant. Une fois au parc, je vérifie qu'il n'y a personne à l'horizon, puis je le détache. "Doucement !" lui rappelais-je alors qu'il partait déjà comme une bombe pour courir et se dépenser. Suivant la piste pour les cyclistes afin de rouler un peu plus facilement que sur un sentier plus escarpé, je ne lâchais pas Mahikan des yeux, sauf quand je reçus un sms. Quelqu'un avait cherché à me joindre hier, j'avais pas eu le temps de décrocher. Au moment où je relevais les yeux, Mahikan avait disparu. "Et merde, c'est quand même pas possible, ce chien !! Mahikan ! Au pied !!" Je portais mes doigts à ma bouche pour siffler... aucun résultat. S'il s'était encore levé un lapin ou une connerie du genre, comment j'allais le rattraper en fauteuil roulant ?! "Mahikan, viens au pied ! MAHIKAN !!" Si je le retrouve, j'en fais un manteau. Ou une paire de chaussons, selon l'humeur.
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MessageSujet: Re: Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot EmptyJeu 20 Sep - 17:35

Le soleil, le beau temps, les feuilles qui commençaient à tomber … Non, il n’était pas romantique pour un sou, mais il aimait la liberté. Sentir l’air frais ou les rayons du soleil caresser son visage, lui donnant presque l’impression qu’il était unique, seul au monde, oublié. Depuis quelques nuits, Benedikt avait du mal à fermer l’œil. La faute d’une voisine octogénaire qui avait apparemment retrouvé sa libido et qui passait toutes ses nuits en galante compagnie. Oui, erk, on est d’accord. C’est la raison pour laquelle notre étudiant russe en profitait pour travailler plus que de raison, et que le lendemain matin, il avait les nerfs à fleur de peau et criait sur tout ce qui bouge. La seule exception était pour Connor, qui avait le don de le mettre de bonne humeur. Hélas, depuis quelques temps, depuis que les cours avaient repris, les deux frères avaient de moins en moins de temps à se consacrer. Et même si Noah, son oncle de cœur, lui avait maintes fois répété qu’il pouvait venir à la maison, et même y résider, Benedikt n’était pas le genre d’hommes à envahir l’espace vital de ses proches, amis ou ennemis. Et Noah avait déjà fait tellement pour lui … Sans compter qu’il avait lui aussi ses problèmes à régler, problème que l’Anglais considérait comme un bonheur sans nuages si on l’écoutait, et qui se prénommait : Sydney Satis Khelos. Voilà bientôt une semaine que le couple était ‘officiellement’ ensemble. Officiellement voulant signifier que Marc, l’une des trois seules personnes à qui Noah s’était confié, avait la langue bien pendue, et que Sydney … était pire. Benedikt ne voulait en aucun cas tremper dans toute cette histoire. Déjà que cette soit disant cousine blonde n’arrêtait pas de le suivre dès qu’il sortait d’un cours de physique en lui ramenant toujours un cadeau, soit disant pour qu’il ‘s’intègre’ à l’américaine, cadeau qui soit dit en passant, frôlait le ridicule pour un jeunot de sa réputation et au vu de ses centres d’intérêts … comme ce pull rose fushia qu’elle avait tenu à lui offrir. Plutôt mourir que de porter un jour cette horreur. Ou alors, quand elle s’était mise dans la tête de lui couper sa – je cite – tignasse ringarde de bouclettes désordonnées. Il avait fallu qu’elle en parle pour que le Gamma se mette à toucher ses cheveux à chaque fois qu’elle était dans les parages, histoire de vérifier qu’elle n’avait pas pris une paire de ciseaux et lui en aurait coupé dans le même temps. Ah, et il y avait Aengus aussi. Une blonde platine aux tendances paranoïaques qui avait le chic pour le mettre dans la panade. Et comment ? Juste en apparaissant au détour d’un couloir. Cette fille porte la poisse. Dire qu’ils avaient même failli en venir aux mains la semaine passée. Enfin bref, tout ça pour dire qu’il avait besoin de prendre l’air, et de se sortir tous ces petits tracas quotidiens de l’esprit, au moins pour une journée.

« Heyy, c’est mon sandwich ça !! Reviens-ici tout de suite !! » Et la journée commençait mal. Un chien, pas plus haut que trois pommes, venait de lui chiper le sandwich qu’il avait négligemment laissé dans la main tandis qu’il marchait. C’est quoi cet animal ? C’est quoi ce pays ? Que des fous ! « Reviens, j’t’ai dit !! » Et il plonge et il …. l’attrape. Par la peau du cou, agrippant son collier en lisant le nom qui y était inscrit. « Ma-hi-kan. C’est ça ? C’est ton nom ? Mahikan ? Et il est où ton maître, qu’on règle ce problème de nourriture. » grogna le russe, donnant pourtant une tape amicale sur la tête de l’animal. Il adorait les animaux, même si, encore une question de paraître, il faisait semblant du contraire. Plus loin, son regard tomba sur un jeune homme, tenant une laisse. Avec rien au bout. C’était sûrement lui. A moins qu’il aimait promener son chien invisible, y’a des fous partout aussi. « Hey, toi. Il est à toi ce chiot ? » Tout doux Benedikt, tout doux. Déjà qu’avec ton look, jean noir, tee-shirt sombre, tatouages, bijoux en métal et ton air de sérial killer, tu ne donnes pas vraiment envie d’engager la conversation, alors si tu commences à devenir agressif en plus, tu risques de le faire fuir, le pauvre chou breton.

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MessageSujet: Re: Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot EmptySam 22 Sep - 6:58



Non, je ne suis pas un petit vieux, mais j'étais pratiquement en train de parler tout seul. J'étais en train de me demander comment j'allais m'y prendre pour écharper ce chiot et en faire une paire de chaussons. Cruella, sors de ce corps. Sérieusement, pour une fois que j'arrivais à mettre le nez dehors sans demander l'aide de personne, que je voulais reprendre une activité banale mais devenue rarissime depuis cette fichue balle qui m'avait coupé une motricité normale, il fallait que Mahikan fasse des siennes. Je n'étais pas rancunier au point d'en vouloir à un animal - quoique - mais si on part du début de l'histoire, ces mafieux n'auraient peut-être pas réussi à mettre la main sur moi si le chien-loup n'avait pas trouvé un lapin dans les fourrés et que mon père n'avait pas été contraint de lui courir après... Non, on a dit qu'on ne rejetait pas la faute sur Mahikan. De toutes manières, s'il y a quelqu'un à blâmer pour être dans ce fauteuil, c'est moi. Je faisais rouler l'engin aussi vite que je pouvais sur la piste pour essayer de repérer un mouvement dans les fourrés, quelqu'un qui l'aurait récupéré... Je n'avais qu'une envie pour l'instant : cogner. Trouver un truc bien solide et cogner dedans sans m'arrêter. Ce besoin me prenait dès que je me retrouvais face à une situation toute simple que je ne pouvais pas résoudre tout seul. Aujourd'hui, je ne pouvais même pas suivre mon chien dans une de ses échappées. Quand on a un mental de sportif, c'est frustrant, réellement. Déjà que je n'aimais pas rester assis sans rien faire en temps normal, c'était pire depuis quelques semaines. Je continuai ma route jusqu'à ce que j'aperçoive un type au loin, avec Mahikan au bout de la main. Il tenait son collier et le chien tenait... un sandwich. La bouffe, encore et toujours. Pas de doute, cette boule de poils a sa place chez les Salaun. Un soupir de soulagement s'échappa de mes lèvres, j'attendis sagement que le type veuille bien s'avancer jusqu'à moi, n'ayant pas envie de m'aventurer sur la pente escarpée et l'herbe mouillée.

Je posai mes yeux bleu azur sur lui, le détaillant d'un bref coup d'oeil. A ma place, il y a des tas de personnes qui se seraient sans doute méfiées ou qui auraient simplement commencé à flipper. Tout en noir, des tatouages visibles en pagaille, toute une quincaillerie aux doigts et peut-être autour du cou, sans parler de ses cheveux et de son regard visiblement peu porté sur la vie en société. L'archétype de l'anarchiste, répondraient les bourgeois. Personnellement, ça ne m'inspirait absolument rien d'hostile pour l'instant. Au contraire : mon frère de coeur chez les Sigmas, Stephen, est à peu près du même style. Des tatouages partout et un air qui n'inspire pas la gentillesse. Pourtant, on s'adore. Ca doit être mon côté anticonformiste. "Ouais, il est à moi. Merci de me l'avoir ramené, il est parti comme une bombe et j'ai pas pu..." lui courir après. Je pris le chiot par le collier pour le rattacher à sa laisse. Dès qu'il fut à nouveau à côté de moi, Mahikan retrouva sa posture habituelle depuis que j'étais dans ce fauteuil. Debout, attentif et beaucoup plus sage. J'évitai finalement de l'engueuler sur son échappée... pourquoi le faire ? C'est un animal qui a besoin de se dépenser. Si son maître ne peut pas suivre la cadence, ce n'est pas de sa faute.
Mon regard se dirigea ensuite vers le sandwich à moitié dévoré. A moins que ce type ait des goûts assez bizarres, il ne le finirait pas. "J'suis désolé pour ton sandwich. Je vais t'en payer un autre, y a un vendeur pas loin au milieu du parc." C'était la moindre des choses. J'avais bien fait de prendre un peu d'espèces en partant de l'appartement. Finalement, je m'étais décidé à toucher au compte que mon père avait rempli pendant treize ans, comblant son absence en m'ouvrant un compte à la banque où chaque mois, il avait versé une partie de son salaire. Pourtant, je m'étais juré de tout lui rendre. Ou de le verser à une association. Logan étant en prison et me trouvant dans l'incapacité de travailler, il fallait bien subsister. Et je ne voulais pas taper de l'argent à mes potes ou à qui que ce soit. Même pas à James qui, le connaissant, m'aurait sans doute pris chez lui le temps que mon paternel sorte de prison. La fierté et l'orgueil, encore et toujours. Je commençais à avancer avec ce type en direction du vendeur de sandwichs, faisant rouler sans difficulté les roues à la force de mes bras. "Au fait, j'm'appelle Kilian." Il s'en fout sûrement, mais bon, j'aime pas les silences gênés. Surtout quand je suis le fautif. Ceci dit, je me murai ensuite dans le silence. Mahikan marchait entre lui et moi, au pas. Il reniflait le pantalon du grand brun avec intérêt, sans doute des odeurs d'autres chiens qui devaient retenir son attention. Ou alors de la méfiance. J'avais déjà surpris Mahikan grogner sur deux ou trois personnes qui avaient voulu lever le ton sur moi un jour... un vrai caïd, ce chien.
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MessageSujet: Re: Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot EmptySam 22 Sep - 14:11

Tiens, le garçon était en fauteuil roulant. Espérons qu’il ne s’agisse pas de l’habituelle rengaine, complètement stupide, qui consistait à faire une course de fauteuils. Il en avait vu quelques-unes aux Etats-Unis. Aussi bêtes qu’humiliants vis-à-vis des véritables ‘handicapés’. Certes, Benedikt n’était pas un saint, mais il n’était certainement pas de ceux qui se moquaient des problèmes des autres. Encore moins lorsque le problème en question découlait d’une souffrance physique. Quoiqu’il en soit, cela ne voulait pas signifier non plus que le Gamma avait eu pitié de Kilian, une fois qu’il l’eut repéré. Quelque chose qui devait plaire à ce dernier, au fond, qui maudissait sûrement son état de faiblesse passager.« Joli prénom. » répondit simplement Benedikt en observant Kilian de la haut jusqu’aux pieds, sans s’inquiéter de savoir si sa conduite pouvait passer ou non pour indélicate aux yeux du Breton. Plutôt mignon. Regard franc et apparemment honnête, jolie couleur. Quelques tâches rousses, des origines vikings, peut-être ? – Ne cherchez pas à comprendre les liens dans le cerveau de Benedikt, personne n’y est jamais arrivé. – Il se demandait maintenant ce qu’un gamin de son âge avait pu faire pour se retrouver dans un fauteuil roulant. A moins qu’il ne s’agisse d’une maladie de naissance. « Plus faim. » Et ce n’était pas seulement parce que Mahikan avait à moitié dévoré son sandwich et qu’il y avait encore la trace de ses crocs, et de la bave sur le pain. Il n’avait vraiment plus faim. Même si, à la façon de le dire, Kilian aurait pu penser que la cause venait directement de son chien. Sur ce, Benedikt offrit à l’animal le dernier morceau, sous l’œil attentif de son maître, lui redonnant une nouvelle tape amicale au passage, avant de se redresser, et de s’adresser à nouveau au Sigma. « Par contre, je boirai bien quelque chose. » Une façon de lui faire comprendre que s’il n’acceptait pas l’invitation à dîner, en revanche pour la boisson, ce dernier pouvait toujours lui rembourser sa part. Sans compter qu’une boisson coûtait généralement moins chère qu’un sandwich, et que donc, il n’était pas perdant, loin de là. Allez savoir pourquoi Benedikt avait accepté l’offre de Kilian. Il aurait très bien l’envoyer balader, comme à son habitude. A croire que le Breton lui faisait bonne impression, ou qu’il avait envie de savoir la raison de son état. La curiosité faisait partie de ses qualités – oui, ou de ses défauts, tout dépend du point de vue ! – principales. « Kilian ? C’est quoi comme origine ? Ca fait pas américain, Kilian. » demanda le Gamma en fronçant les sourcils, tout en s’avançant, à ses côtés, jusqu’au bar du parc, là on leur servirait, de quoi se restaurer, nourriture ou boisson à volonté. « Benedikt. C’est russe. » Vu qu’il lui avait posé la question, il fallait se montrer poli et lui renvoyer l’ascenseur. Même si sa voix grave, sa peau plutôt blanche, et surtout, son accent, ne trompaient personne quant à ses origines russes. « Un thé à la pêche. Tu veux quoi toi ? T’aimes les donuts, comme tous les américains ? Je t’invite, vu que tu payes les boissons. » C’était une question ça ? Ou un ordre ? Difficile à dire vu l’intonation. « Et trois donuts. Chocolat, framboise, sucre grace. » Moue surprise du vendeur. « Glace, pardon. » Encore un peu de mal avec la langue américaine notre russian boy.

Une fois les commandes achevées, de son plus bel accent. « Spasiba. On va s’asseoir là-bas ? Histoire que ton chien aille pas voler un autre repas. » C’était de l’humour, naturellement. Même s’il n’avait ni ri ni souri lorsqu’il avait prononcé ces mots. « Bon, pour les donuts, j’en veux qu’un. Tu préfères chocolat et framboise ? Ou chocolat et sucre ? Ou framboise et sucre ? Ou … ouais, enfin t’as compris quoi, tu veux lesquels ?» Encore une fois, pas sûr que ce soit une question. Kilian avait tout intérêt à choisir ses donuts, et vite !
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MessageSujet: Re: Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot EmptySam 22 Sep - 15:01



J'avais froncé les sourcils de façon plutôt brève. Ouais, j'aimais bien mon prénom aussi... mais j'avais pas l'habitude qu'on me dise qu'il était beau. Je n'avais pas trop de problèmes avec les compliments qu'un homme pouvait me faire, mais disons que j'avais un problème avec les compliments en règle générale. J'étais du genre si farouche que j'avais toujours l'impression qu'on voulait me cacher un truc ou me manipuler dès qu'on me disait un truc gentil. Je sais, c'est assez spécial, mais c'est compréhensible quand on connait un peu mon rapport avec la confiance aveugle. Je préférais ne rien ajouter, même pas un hochement de tête. Autant ne pas donner de faux espoirs ou une mauvaise interprétation à ce type. En revanche, mon regard bleu azur se déposa sur le restant du sandwich qu'il donna à Mahikan, le chiot s'empressant de le gober. Il prit à peine le temps de mâcher, sans doute de peur qu'on lui pique encore ce formidable mélange de pain, de viande et de crudités. Son regard fugitif était d'ailleurs une assez bonne preuve de sa crainte à ce sujet. J'esquissais à peine l'ombre d'un petit sourire, ça faisait si longtemps que ça ne m'était pas arrivé que j'aurais pu avoir une crampe au niveau de la bouche rien qu'en ayant un rire. Je remerciai l'inconnu d'un hochement de tête avant de flatter l'encolure de Mahikan qui remua joyeusement la queue, visiblement content d'avoir une si bonne compagnie. Comme quoi, j'avais eu raison de ne pas prendre ce type pour quelqu'un de peu fréquentable juste à son look ou à son visage. Si t'es hargneux avec un mec, logique qu'il le soit avec toi. Les préjugés m'agaçaient tellement que je me faisais un plaisir personnel d'aller à l'encontre de chacun d'entre eux. Quand il me proposa de lui payer à boire, j'avoue avoir eu un moment d'hésitation. Ca voulait dire, entre autres, qu'il voulait peut-être passer un peu plus de temps avec moi. Je m'étais encore plus replié sur moi-même ces dernières semaines, tant et si bien que ma vie sociale se résumait à peine à la voisine, mon kiné et la secrétaire de l'hôpital. Et mon père, par téléphone, puis Cheyenne qui tenait à passer de temps en temps pour voir si tout allait bien. Bon, puisqu'il faut passer par là, autant y aller. Quel entrain, ça fait peur...

Nous nous acheminions tranquillement jusqu'au stand visé au milieu du parc, je répondais à sa question en arquant un sourcil, toujours sur la défensive et suspicieux. "C'est breton. C'est une région, en France." La plus belle de toutes. Quoi, chauvin ? Ouais, j'suis Breton avant d'être Français, et Français avant d'être Américain. Je n'étais Américain que sur le papier, de toutes manières. J'avais gardé mon accent natal et je me sentais de moins en moins bien dans ce pays de fous furieux. Je n'avais plus qu'une envie : me tirer d'ici. Loin, très loin. Retourner m'installer à Paris et reprendre une petite vie tranquille. Des projets tombés à l'eau grâce à ce fauteuil. En tout cas, ce jeune homme - peut-être étudiant, lui aussi - avait également un accent très prononcé, comme s'il venait des pays de l'Est ou du Nord de l'Europe. Une voix tranchée et particulière, plutôt agréable à l'écoute, d'ailleurs. "Benedikt. C'est pas mal non plus." Ca se voit tant que ça que je me force un peu pour rendre la politesse ? Honnêtement, c'était pas contre lui, mais plutôt pour que je m'oblige à faire preuve d'un soupçon de sociabilité. La Russie, cette vaste contrée froide, principalement désertique, mais dotée d'une architecture et d'un génie artistique incomparable. Peinture, musique... Il y avait pas mal de choses intéressantes là-bas. Curieusement, j'avais toujours eu cette manie d'imaginer un pays avec son patrimoine culturel, comme un réflexe pour arriver à mieux le situer. C'est marrant, je crois pas encore avoir de Russe dans mon maigre carnet d'adresses. Le plus proche de ce pays, c'est Stephen, Bosniaque de son état civil. Arrivés devant le bar, je levais la tête pour voir ce que proposait le type chargé des commandes. Toutefois, avant même de répondre à sa question, un détail provoqua chez moi un léger grognement. "J'suis pas comme tous les Américains." Qu'il l'imprime direct, j'avais horreur qu'on me compare à eux. A ces malades qui pensent régler leurs soucis à coups de menaces et d'armes à feu. Un troupeau d'idiots, ni plus ni moins. J'avais croisé le regard de Benedikt pour appuyer fermement mon propos avant de daigner répondre à sa question. "Pareil, un thé à la pêche. Et merci." Oui, quand même. On a dit poli, Salaun. On a pas encore précisé trop aimable, mais poli ce sera un bon début. Je laissais quelques billets au vendeur pour les boissons.

J'hochai la tête avant de rouler avec lui et Mahikan vers le banc en face d'une fontaine. Mahikan avait d'ailleurs bien repéré les donuts. Manque de bol, il n'en aura certainement pas au chocolat, j'avais pas envie de devoir faire venir un véto pour empoisonnement. Rapidement, je fus confronté à un choix. Fais gaffe, mec, j'ai horreur qu'on me presse comme ça. Je l'observais avec un air particulièrement sarcastique. "Pourquoi j'devrais choisir ? Je les aime tous, et j'ai la dalle." En gros, tu peux me regarder manger les trois, j'y vois aucun inconvénient. Finalement, je m'autorisais un sourire arrogant au coin de la bouche avant de secouer la tête. "T'as qu'à tous les couper en deux, comme ça on en aura un morceau de chaque tous les deux." L'équité, y a que ça de vrai. Je prenais un morceau du donut à la framboise et mordait dedans avec appétit. Il faut dire que ça faisait un moment que je n'en avais pas mangé. De toutes manières, je faisais un peu plus gaffe à ce que j'avalais : cloué dans ce fauteuil, je ne peux plus faire autant de sport qu'auparavant... et j'ai pas envie de me transformer en Monsieur Patate d'ici une semaine, connaissant mon appétit rarement satisfait en temps normal. "Et sinon, ça fait longtemps que t'habites à San Francisco ? T'es étudiant, ici, ou c'est pour autre chose ?" Autant tailler un brin de conversation, ça évitera qu'on mange dans un silence de plomb à peine rompu par le bruit de l'eau de la fontaine et du gazouillis des oiseaux.
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MessageSujet: Re: Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot EmptySam 22 Sep - 18:46

Benedikt avait toujours voulu avoir un chien. Je sais, on aurait dit un vieux stéréotype, pourtant, c’était la vérité. Pas forcément un chien de race, juste un chien. Un compagnon à qui parler. Il n’avait jamais été très causant vis-à-vis de sa propre espèce. Pour ce qui était des goûts, si vous voulez vraiment le savoir, il aimait les chiens ‘impressionnants’. Pas monstrueux ou qui donnaient l’impression qu’ils tuaient tout ce qu’ils voyaient – staff, pitbull, bull terrier, ou mastiff – non pas ce genre là. Il aimait les dobermans, les bouledogues, les dogues allemands. La grandeur faisait tout son effet. Les chiens joueurs étaient ses préférés. Joueurs, mais pas brise-tout. Enfin bref, si vous le laissez parler des animaux, vous en aurez pour des heures à l’écouter parler. Autant arrêter ici le monologue.

L’étudiant était sur la défensive. Suspicieux, comme s’il se méfiait de quelque chose, ou de lui-même. Et vu que les préjugés ont la vie dure, Benedikt pensait naturellement que c’était sa voix, ou son comportement, ou même son style vestimentaire qui faisait que Kilian répondait à ses questions avec tant de méfiance. « Je connais pas la France. C’est comment, là d’où tu viens ? C’est froid et humide, comme en Russie ? » Ce qui est le plus étrange, c’est que sa question n’avait rien d’un retour de politesse. Non, pour une fois, il était sérieux, et véritablement intéressé de savoir là où avait vécu le Breton. Parce que Benedikt aimait voyager, même s’il n’en avait pas l’occasion, parce qu’il parlait quelques mots de français – la plupart étant des insultes, évidemment – parce qu’il aimait découvrir, apprendre, créer …

Il n’était pas dupe. Kilian donnait l’impression de l’apprécier ou tout du moins, parce que l’on ne connaissait ni n’appréciait pas une personne en deux minutes, de vouloir le connaître dans ses paroles, alors que toutes les pores de sa peau, notamment son regard perçant, les contredisaient totalement. Benedikt aurait pu lâcher quelque chose de blessant à ce sujet, lui dire par exemple qu’il n’était pas obligé d’être poli pour lui faire plaisir, qu’il s’en fichait, qu’ils n’étaient même pas obligés de prendre un encas ensemble, mais allez savoir pourquoi, il se taisait. Et non, ce n’était pas parce qu’il compatissait à l’état de Kilian. Il y en avait en Russie de plus mal loti qu’un fauteuil roulant. Au fond, c’était peut-être ça qui l’attirait – au sens moral du terme – chez le Sigma. Le fait qu’il ne le regardait ni comme un monstre de foire à cause de ses tatouages ou de sa façon de parler, ni comme un INI – individu non identifié – avec qui l’on devait forcément faire ami ami, coopération internationale et hypocrisie interplanétaire obligent. Il est juste … lui-même. Ca changeait. « Ouais, j’avais cru remarquer. J’ai pas vu beaucoup d’américains en fauteuil roulant non plus. » répliqua aussitôt le Russe sans sourire, mais néanmoins ironique. Une remarque qui pouvait paraître grossière, mais qui au fond, ne cherchait qu’à dérider le Breton qu’il trouvait bien trop coincé. Oubliant aussitôt le remerciement de ce dernier – les compliments n’étaient pas sa tasse de thé, sans vouloir faire de jeu de mots – les deux jeunes allèrent s’asseoir plus loin, là où grésillait une fontaine, et où ils seraient plus tranquilles pour ‘parler’, pour peu que l’un d’eux veuille ouvrir la bouche. Haussant un sourcil suite au ton sarcastique du Sigma, Benedikt s’apprêta à lui donner les trois donuts, il n’avait pas très faim de toutes façons, avant de hocher la tête, et de rompre de sa main deux beignets, et de lui donner le troisième en entier. « J’aime pas la framboise. Trop rose » Si quelqu’un a compris le rapport entre le goût et la couleur, appelez-moi.

Sur ce, il entama sa moitié au chocolat, lâchant délibérément un morceau sur le sol pour Mahikan qui avait pris la pose et les yeux du Chat Botté – Shrek, la référence – depuis qu’ils étaient installés, et reporta son attention sur Kilian. D’ordinaire, il n’aimait pas parler de lui, mais vu qu’il était là et qu’il n’y avait rien de mieux à faire, sans compter qu’il n’allait sûrement pas revoir cet étudiant de sitôt, pourquoi pas ? « 2 mois, environ. Etudiant en physique nucléaire. » En espérant qu’il ne le prenne pas pour la réincarnation de Ben Laden. Certains Américains sont tellement paranoïaques parfois. « Et toi, tu fais quoi ? T’es étudiant aussi ? Et pourquoi t’es en fauteuil roulant ? C’est un accident ou c’est depuis que t’es né ? » demanda Benedikt en sortant un paquet de cigarettes de sa poche, en offrant à son ‘invité’ et tirant aussitôt une allumée, une bouffée. Il avait conscience d’être indiscret, mais à quoi bon jouer les timides. La timidité n’avait jamais aidé personne. Et si Kilian ne voulait rien dire, il n’aurait cas l’envoyer balader, l’incitant alors à se montrer plus subtil. Ou plus revêche. Tout dépendrait de la manière dont ce dernier répondrait.
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MessageSujet: Re: Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot EmptySam 22 Sep - 20:49



"Non, pas autant qu'en Russie. C'est plutôt tempéré en France. Et Bretagne, les gens trouvent la région humide... ce à quoi on a tendance à répondre qu'en Bretagne, il ne pleut que sur les cons." Un sourire effronté prit place sur mon visage. J'étais un fan absolu de ce dicton qui résumait parfaitement ce qu'un natif pourrait répondre à un touriste trop snob. Si je devais finir ma vie quelque part, ce serait dans une de ces vieilles maisons en pierre, dans une bourgade tranquille, bercé par le son du vent et les rouleaux de l'océan. Les gens ont tendance à avoir une vision matérialiste du bonheur... pour moi, ça s'approche davantage d'une idée, d'un concept. La France, j'aurais pu en parler des heures entières sans m'arrêter. C'était peut-être l'une des raisons pour lesquelles je n'avais pas pu haïr entièrement mon père. J'avais toujours été particulièrement fier des origines qu'il m'avait transmises.
Au grognement que j'avais laissé s'échapper, Benedikt avait répliqué d'une façon qui m'avait surpris. J'arquai un sourcil étonné et pris la monnaie que me tendait le vendeur. Sérieux ? Et même pas tu prends un air gêné ? Un léger sourire se dessina au coin de ma bouche. Un sourire particulier qui n'appartenait qu'à moi... J'avais des traits de visage laissant entendre que j'étais un grognon de compétition, un type taciturne qui ne sourit que lorsqu'il y trouve un intérêt. Dans la séduction, par exemple. Mais ce petit sourire en coin trahissait une émotion bien particulière : l'intérêt. Et c'est déjà beaucoup. Malgré la méfiance exacerbée dont je faisais preuve sans chercher à m'en cacher une seule seconde, le Russe venait de marquer un point. Me défier et reprendre mes sarcasmes au lieu de s'en vexer, c'est la meilleure façon de gagner mon respect. Je décidais de rester silencieux pour l'instant, j'suis déjà pas très expressif ou bavard, mais cette fois le silence était encore plus éloquent qu'il ne l'était d'habitude dans mon vocabulaire.

"Qu'est-ce que ça doit être avec l'orange, si c'est pas une couleur qui te branche." A mon tour d'avoir le même répondant. Aucun sourire, à peine un ton ironique, je ne l'avais même pas regardé. Donnant donnant, c'est comme ça que ça marche. Finalement, j'avais peut-être trouvé quelqu'un avec qui partager un moment sans qu'il me regarde comme un objet de curiosité ou, pire, de pitié. Ces dernières semaines, j'étais devenu soit une source de potins pour mon immeuble et quelques personnes au courant de cette affaire de mafia, soit une source d'empathie à vomir. Avec cet étudiant, les choses étaient différentes. Debout ou assis, valide ou mobile, il me parlait normalement. Et je ne lisais rien de particulier dans son regard. Ca m'aurait touché de voir mes amis s'inquiéter, mais ils en auraient trop fait. Je ne leur en voulais pas, mais pour éviter d'avoir à leur crier dessus et déverser toute ma rage latente sur une personne innocente, je préférais mettre de la distance. Je venais de rencontrer le Russe, la question ne se posait donc pas, on ne s'était jamais croisés avant. "Vas-y mollo avec le chocolat. A partir d'une certaine dose, c'est un poison pour les chiens." J'arrivais pas encore à courir après cette boule de poils, mais je veillais sur lui avec une extrême rigueur pour qu'il ne lui arrive rien. Ca fait trois semaines que c'est mon meilleur pote, j'tiens à le garder.

J'hochai la tête suite à ses propos. Physique nucléaire. Comme quoi, les gens feraient sûrement des conjonctures faciles, à se dire qu'un type sapé dans son genre n'était sûrement pas une tête... Faux. Si ce type a choisi une matière aussi précise, c'est qu'il sait ce qu'il fait, et qu'il sait ce qu'il veut. Ca me plaisait, de rencontrer un nouveau paradoxe sur pattes. "Sympa. Et ça t'es venu d'où, ce choix ? T'as un projet professionnel après ?" On ne choisit pas quelque chose d'aussi précis pour rien, j'étais moi-même curieux quand je m'y mettais. Seulement avec les gens ayant su provoquer mon intérêt... et ils étaient assez rares.
A son tour, l'étudiant enchaîna les questions, dont certaines particulièrement indélicates. Il ne voulait d'ailleurs pas appeler ça un "handicap". C'était plutôt une grave blessure qui demeurerait temporaire, quoique longue et difficile à guérir. Nuance. Je prenais une clope en le remerciant d'un hochement de tête et l'alluma à son tour pour en tirer une bouffée. "Accident. J'ai des cours pour recommencer à marcher." J'avais synthétisé l'information au maximum pour ne surtout pas entrer dans les détails. Même si j'avais réussi à garder l'anonymat, les médias avaient assez bavé comme ça, inutile d'en rajouter une couche. Je ne voulais même plus lire le journal, les numéros s'entassaient à l'appartement. Bref, je ne m'attardais donc pas là-dessus, quoique le sujet suivant me mettait également mal à l'aise. "En théorie, j'suis en troisième année d'arts du film et en deuxième année d'arts appliqués. Mais depuis mon accident, j'ai pas la tête à aller étudier, j'ai des choses plus importantes à régler." Je terminais le donut à la framboise à une vitesse astronomique. Autant s'y habituer, j'ai un estomac de compétition. C'est parfois à se demander si je mange ou si je gobe. Une fois cela fait, je buvais tranquillement une gorgée de thé à la pêche. Rafraichissant, parfait. Mon regard bleu azur tomba sur Mahikan qui s'était assis devant une feuille qui bougeait de temps en temps à cause du vent... et il bondissait dessus dès qu'elle était en mouvement. Inimitable, les chiots sont vraiment excellents quand ils s'y mettent. Comme les chatons. "Et puis j'ai pas envie de voir les yeux de merlans frits des autres, étudiants et profs. Un mec en fauteuil roulant à cause d'un... d'un accident, ça va leur faire les potins jusqu'à la fin de l'année scolaire. Tocards." Je ne me formalisais absolument pas de mon vocabulaire face à Benedikt. Je n'en faisais pas trop non plus, je parlais tout à fait normalement. Jouer un rôle, j'excellais en la matière... mais pas en m'adressant aux gens hors d'une scène. Je soufflais à nouveau la fumée en l'air avant de tourner la tête vers mon interlocuteur, curieux de l'entendre également. "C'était pas trop dur pour toi, d'arriver en Californie d'un coup ? Le climat, les gens, j'imagine que c'est bien différent... tu connaissais du monde avant d'arriver ?"
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MessageSujet: Re: Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot EmptyMar 25 Sep - 18:19

Pas mal le sens de la répartie. Cet inconnu venait de faire un bon prodigieux dans son estime. Non pas que Benedikt n’appréciait que les types vulgaires ou cyniques, mais il n’aimait pas avoir affaire aux mauviettes et aux grands timides. Même si, pour en revenir au temps de la Bretagne, et à ses origines russes, le Gamma préférait largement la pluie et le mauvais temps au soleil et à l’été. Allez savoir pourquoi. Sans doute dû au fait qu’il rougissait comme une écrevisse à chaque coup de soleil, qu’il n’aimait pas transpirer ou sentir une autre température que celle de son propre corps prendre le dessus. Remarquez, on apprécie généralement plus la saison et les températures de son propre chez-soi plutôt que celles des autres. Suivit une autre remarque, sur la couleur cette fois. Un haussement de sourcils plus tard, et Benedikt était conquis par le Français. Pardon, le Breton. Il n’était pas craintif, ni qui se serait laissé faire parce qu’il était d’un fauteuil roulant, bien au contraire. Plutôt de ceux qui avaient la rage de vivre dans la peau, qui mordait la vie à pleines dents, qui se fichaient éperdument des rumeurs sur son compte. Bref, un type bien sous toutes ces formes. Et mignon comme tout avec ça. Un coup de chance. Dommage qu’il soit infirme, auquel cas, le Sigma aurait sûrement fini sa nuit dans son lit. Hétérosexuel ou pas d’ailleurs. Car, comme aimait à dire Benedikt : « y a pas d’hétéro, y’a que des mecs mal dragués ! » Et dieu sait que lorsqu’une personne plait à notre russian boy, il y met tout son cœur, et parfois autre chose pour obtenir les faveurs de l’intéressé(e). « Ouais, je sais, t’inquiète. » répondit Benedikt face à sa réflexion concernant Mahikan. Il n’avait pas de chiens, certes, mais comme tous les amoureux de la faune et de la flore, il y a deux trois petites choses qu’il ne pouvait ignorer. « J’ai toujours aimé les chiffres, la physique, joué avec la matière. » Mieux valait qu’il ne parle pas du genre de matières qu’il avait manipulée par le passé. La drogue n’était plus son coup de cœur depuis longtemps. Et heureusement d’ailleurs vu le mal qu’il avait eu pour décrocher de cette saleté. Dire qu’il faisait des expériences à l’époque pour la rendre plus dure encore qu’elle ne l’était déjà. Il devait sûrement être suicidaire. « …détruire aussi, apprendre comme tel instrument fonctionne, créer par moi-même … Enfin bref, tu vois ce que je veux dire. Du coup, je me suis lancé dans la physique. Le nucléaire, c’était juste une option. J’avais le choix entre ça ou les maths appliquées ou les toxines. J’ai préféré élargir mon horizon, et vu que j’étais doué dans ce domaine, j’ai continué. » soupira le russe sans lâcher Kilian une minute du regard. « Je sais que les gens trouvent ça bizarre en général. Qu’ils me prennent pour Ben Laden dès que j’en parle. D’ailleurs, avec mon accent russe, c’est tout de suite à la mafia qu’on pense. Ca m’fait bien marrer. De nos jours, sur internet, n’importe quel môme avec un peu de cervelle peut fabriquer lui-même une bombe, alors bon, je trouve ça légèrement con de traiter les gens de terroristes parce qu’ils sont anticonformistes. » C’était l’une des premières fois qu’il parlait autant, qu’il s’exprimait jusqu’à entrer dans un débat avec une personne. Comme quoi, il n’était pas qu’un étudiant. Il avait aussi une cervelle et savait s’en servir. Et comme quoi, Kilian avait toute son attention. « Non, j’sais pas ce que je veux faire. J’sais même pas si je pourrais terminer mes études alors … » Il s’était brusquement tu, détournant les yeux, en songeant à l’argent que son père lui avait si généreusement offert afin qu’il puisse poursuivre ses études. La rage de ne pouvoir rien y changer, et la haine de lui devoir son aide le poussait à se retrancher derrière sa carapace, pour éviter de parler du véritable problème. « Ah ok. Ben bon courage alors. » Encore une fois, il n’allait pas le plaindre, ni être compatissant. Ce n’était pas son genre et il était persuadé que Kilian non plus n’appréciait pas cette démonstration d’affection soudaine.

Tout en l’écoutant, Benedikt remarquait l’appétit vorace du jeune homme. Qui lui arracha un bref sourire qu’il se dépêcha de dissimuler. Si, c’était mignon comme tout. On aurait dit un moineau encore frêle qui prenait ses vers (vitamines) du matin avant de prendre son envol. « M’en parle pas. Je subis ça à longueur de temps à cause de mon accent et de ma façon de me fringuer. Quand je vois certains types qui portent des costumes cravates … je me dis que je préfère encore y aller le cul à l’air et faire jaser, plutôt que de ressembler à un clown. » grogna Benedikt avec un sourire cynique adressé à Kilian. Il avait déjà une vision bien arrêté de l’université de Berkeley. Prestigieuse, mais peut-être un peu trop. Qui accueillait de nouveaux riches. L’espèce la plus méprisable d’individus aux yeux du pauvre qu’il était. Ou qu’il se considérait être, en tous cas. « Si, au début. J’avais du mal à comprendre la langue, je connais plus l’Anglais que l’Américain, du coup, il m’arrivait de confondre certains mots. Et en plus, les gens aussi me comprenaient mal à cause de mon accent. Le climat, je déteste. J’ai toujours préféré l’hiver. T’imagines ? J’ai failli frire au soleil la dernière fois juste parce que j’ai attendu le bus deux minutes de trop. Pour ce qui est des gens, je les trouvais plutôt snobs, foireux … » Son regard se pose alors sur le Sigma. « …mais y’a des exceptions à toutes règles, et heureusement. » Ses pensées s’orientent ensuite sur ceux qu’il avait connus ici. Aengus, Joe, Noah, Sydney, Max, mais surtout ...Connor, son petit frère. Au final, il préférait encore vivre toute sa vie à griller sous le soleil de Californie en l’ayant à ses côtés, plutôt qu’une vie dans les montagnes enneigées de la Russie, seul à le regretter. « Non, j’connaissais personne. D’ailleurs, je connais toujours pas grand monde. » Il aurait pu lui parler de sa famille, de son frère cadet, mais Benedikt n’avait jamais fait les choses dans les règles. Il n’avait jamais été très sociable, et pour peu qu’il se mettait à parler, ce n’était pas pour parler de lui ou de sa vie privée. « Et toi, t’es arrivé quand dans ce pays ? T’as de la famille ou tu vis seul ? » Histoire de se renseigner au cas où papa et maman n’étaient pas là pour surveiller leur pauvre petit poussin à roulettes que le russe se ferait un plaisir d’envoyer au septième ciel. –pour voler, cela va de soit XD – « Une petite amie peut-être ? » The question indiscrète par excellence, et adressée sur le ton le plus neutre qui soit. Bah quoi ?! Il se renseignait, c’est tout.
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MessageSujet: Re: Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot Retour au bercail. Enfin, presque. - Hot EmptyMar 25 Sep - 21:27



Depuis ces dernières semaines, Benedikt était le premier réel contact social que j'avais avec le monde, en dehors de la voisine et du personnel médical. J'entends par là le premier contact digne d'intérêt... et Dieu sait que j'ai tendance à me foutre un peu de tout et de tout le monde en ce moment. En fait, la seule chose dont je n'arrive pas à me foutre, c'est que je me fous de tout, justement. Flippant, pas vrai ? Moi aussi, je m'inquiète, parfois. Finalement, lorsque je posais mes yeux sur Mahikan, j'en aurais presque été à le remercier d'avoir voulu piquer le sandwich de ce mec. Au moins, je me morfondais un peu moins. Sa façon de parler de ses études et du reste me plaisait, il avait tout d'un type de mon âge qui ne se prenait pas trop la tête, qui se moquait complètement de l'opinion des autres sur son look et ses idées, qui faisait ce qu'il voulait et surtout qui profitait de la vie tout en sachant rester sérieux dans son parcours universitaire. Personnellement, même si j'avais toujours été brillant un peu partout, les matières scientifiques n'étaient pas mon point fort. Est-ce que je dégradais les passionnés de maths ou de physique pour autant ? Ouais, mais juste ceux qui me gonflaient à se la péter en parlant d'algorithmes à longueur de temps. Si j'ai envie de dialoguer avec un langage binaire, j'irai taper la discute à Windows, les gars. "Les gens trouvent tout bizarre, ici. Ils ont tellement peur du terrorisme qu'un cochon qui parle déclencherait la panique générale... alors un Russe passionné de chimie ou de physique nucléaire, c'est carrément l'Apocalypse. Et s'il a un look peu commun, c'est pire. J'm'étonne presque que t'aies pas les fédéraux au cul." Aucun sourire, encore une fois, mais l'ironie était mordante dans mes propos. Clairement, je lui démontrais par A + B que j'étais d'accord avec lui. De toutes manières, je me suis toujours senti plus proche des gens qui sortent des sentiers battus plutôt que des modèles de perfection. Quand on est artiste, on ne cherche pas un idéal, on cherche à être différent. Spécial. C'est là toute une nuance que les autres ne comprennent pas. A sa façon, je trouvais que Benedikt avait tout d'un artiste scientifique.

Je décidai cependant de ne pas trop insister sur les raisons qui pourraient le pousser à arrêter ses études. Comme lorsque j'avais répondu vis-à-vis de mon handicap, il n'avait pas un ton qui confiait à des envies de discussion poussée. Puis après tout, hormis ce qu'on s'échange, on ne se connait pas. On ne sait même pas si on va se revoir, alors inutile de commencer à parler de nos misères personnelles. La misère dans le monde, c'est déjà plus consensuel, comme sujet de conversation. Ca change de la météo et du dernier boys band ringard qui fait crier les gonzesses. "T'es dans un pays avec des bonnes vieilles valeurs moralistes au possible... y a qu'à voir l'importance qu'ils accordent à la religion. J'ai rien contre ça, mais j'suis un athée complet. Du coup, toutes leurs sérénades sur la bienséance et tout le reste, ça rentre par une oreille et ça ressort par l'autre. On n'est pas des natifs d'ici, et j'pense pas qu'on ait envie de coller à leurs petits modèles préfabriqués." Encore un point en commun. Benedikt et moi avions deux personnalités distinctes, des styles qui l'étaient tout autant, et une envie partagée de ne surtout pas se fondre dans la masse des moutons. On s'aime comme on est, tant pis si les autres n'aiment pas. J'suis un grognon qui s'habille avec le premier truc qui lui tombe sous la main. J'suis pas BCBG mais j'ai pas non plus l'air d'un clochard. Je suis un garçon normal qui s'habille comme ça lui chante... idem pour le Russe. Où est la faute, dans tout ça ?
"Tu devrais traîner plus souvent dans le parc avec un sandwich à la main. Qui sait, si tu croises encore un chien, tu pourras augmenter ton réseau social. J'parle du chien, pas du maître, pour info." Sarcasme, quand tu nous tiens. Au fond, même si je me payais un peu sa tête, c'était bonne enfant. En théorie, j'aurais dû épuiser mon capital conversation depuis déjà trois minutes et quarante-six secondes, mais le grand brun arrivait à me faire parler. Tout arrive. "Pareil, la barrière de la langue et le climat. J'suis arrivé ici quand ma mère est décédée, ce sont mes grands-parents qui m'ont élevé. Du coup, on va dire que j'ai appris la langue sur le tas, le reste est venu ensuite. Mais j'ai toujours horreur de ce climat." Je t'épargne la litanie sur la famille Salaun, j'comptais écrire un best-seller d'ici la fin de l'année. Rendez-vous dans les kiosques pour en discuter. Quoique l'amertume que j'avais toujours eu à l'égard de ce sujet de conversation disparaissait plus facilement depuis quelques temps. Mon vieux était en prison, je déprimais à cause de ça... et je me découvrais en même temps un lien filial toujours très intense malgré les années passées à le haïr. "Pour l'instant, j'vis tout seul dans l'appart' de mon père, il est en déplacement." Je n'avais pas honte du statut de détenu de Logan... mais je n'en parlais à personne. Curieux paradoxe qu'on s'expliquera par l'envie d'éviter de faire jaser. Il mérite pas qu'on bave dans son dos alors qu'il est derrière les barreaux. Des barreaux derrière lesquels il ne devrait pas être. S'il n'avait pas été là, nous aurions pu être tous les deux entre quatre planches de sapin, pour résumer.

J'avais émis un très léger sourire au coin des lèvres, à peine perceptible. J'suis peut-être invalide, mais pas aveugle. Benedikt me matait. Très subtilement, il est vrai, mais j'avais remarqué certains signes qui ne trompent pas. Mes yeux, par exemple. Mes deux armes de séduction massive, ces deux billes bleu azur... il les fixaient souvent avant de s'intéresser au reste de mon visage puis de mon corps. Toutefois, je l'observais lui aussi. Bien bâti, un air de bad boy version cool et détendu qui me plaisait - son air de serial killer de tout à l'heure ne m'ayant absolument pas intimidé - un sourire plutôt charmeur, un regard très intense. Là, c'est mon oeil d'artiste qui s'exerçait, j'arrivais souvent à voir la profondeur et l'intensité émotionnelle d'une personne. Ce type a du vécu, il a de l'expérience. C'est aussi séduisant qu'un physique agréable. Néanmoins, mon visage s'était un peu assombri. "Non." Un non laconique, sec. Presque agressif ou exaspéré. Plus de petite amie serait certainement plus exact. Je n'en avais plus et je n'en recherchais pas non plus. J'avais été amoureux fou, je l'étais encore sûrement aujourd'hui malgré la colère. Vraona avait été ma Muse, les autres filles étaient fades. D'ailleurs, je commençais à me demander si je ne devais pas laisser une chance aux mecs, finalement. De toutes façons, tant que je serais cloué dans ce fauteuil, je serais aussi intéressant qu'un caillou à côté du Colisée à Rome. "Et toi ? Des tatouages, un petit accent russe et bien bâti comme t'es, me dit pas que t'es tout seul ?" Par contre, je ne faisais pas allusion à homme ou femme, de mon côté. Stratégie ? C'pas impossible. Je terminai mon donut et expédiait le reste de mon thé glacé pour faire couler tout ça. "Prends pas la grosse tête, j'imagine qu'en contrepartie, t'es pas un gendre idéal." Pas le genre de type que des parents trouveraient parfaits pour leur fille ou fils au premier abord. Et peut-être pas non plus au second.
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