Journée shopping. Qu'est-ce qu'une journée shopping en temps normal ? Une petite virée d'une ou deux heures pour acheter entre trois et six articles grand maximum pour le commun des mortels… mais une journée shopping avec Sydney Satis Khelos, c'est vraiment la journée. Alors autant vous dire qu'il faut une excellente condition physique et une patience aussi développée pour pouvoir endurer un marathon que même un athlète de haut niveau ne pourrait accomplir sans le secours de produits dopants. C'est ce qui arrive bien souvent avec une femme dont la mode est plus qu'une passion : c'est une composante essentielle de sa survie. Ce qui la dévore jusqu'au plus profond de son être… au point qu'elle veuille un jour atteindre les sommets de ce monde basé sur les apparences, devenir une créatrice et styliste dont le monde se souviendra. Idéaliste, pas vrai ? Parfaitement, mais elle était prête à l'assumer dans le sens où elle ne reculerait devant aucun sacrifice pour pouvoir réaliser son rêve. Pas même celui de n'être pour le moment qu'une simple réceptionniste et secrétaire dans la prestigieuse université de Berkeley, le temps de pouvoir se payer une inscription comme étudiante.
Ces derniers temps, elle avait réussi à sauver pas mal d'argent en divisant par trois les frais de loyer grâce à une colocation extrêmement profitable avec Mikayla et Dominic, ses dépenses s'étaient faites beaucoup moins excessives et ses économies affichaient enfin un seuil qui lui permettait de faire exploser le plafond de sa carte bleue sans qu'elle en vienne à se contraindre à un régime de pommes de terre pour les deux prochains mois… L'avantage d'être une fashionista, c'est que le budget "nourriture" est souvent celui qui revient le moins cher. Une journée de congé posée, il était grand temps de se lancer à l'assaut des boutiques les plus chics de San Francisco… mais une journée shopping ne se fait pas seule… oh non, jamais. Règle d'or : toujours se balader avec au moins une personne pour ne pas s'ennuyer. Et tenir les sacs, évidemment.

"Allez, du nerf, Nate… j'espère que t'es blindé de vitamines car je vais te faire avaler du kilomètre, chéri…" En voyant arriver Nathaniel près de l'entrée du Diamond Heights Shopping Center, où elle lui avait donné rendez-vous, la jolie blonde sentit un sourire taquin poindre sur ses lèvres après lui avoir lancé cette remarque pour l'inciter à la rejoindre plus vite. Quitte à faire un choix dans son carnet d'adresses pour une virée shopping, elle préférait souvent appeler le jeune homme avec qui elle s'amusait le plus dans ce genre d'activités, comme dans beaucoup d'autres d'ailleurs. Ils s'étaient rencontrés tous les deux au profit d'une chanson dans un bar… il l'avait séduite avec son talent inné pour la musique et elle avait su le charmer avec sa voix. Un duo remarquable était né sous les yeux de spectateurs subjugués par une telle harmonie alors qu'ils ne se connaissaient même pas. Ravie de pouvoir ajouter un nouvel homme parmi ses amis sans qu'il y ait la moindre histoire de sexe derrière tout ça, la belle avait presque sauté au plafond en apprenant que le beau brun était bisexuel avec une tendance plutôt gay… depuis le temps qu'elle rêvait de pouvoir trouver un gay mignon avec qui partager plein de petites choses de filles, le jeune homme s'avérait presque être le messie à ses yeux ! Une bénédiction pour elle… bon, pas forcément pour lui au départ, il faut l'avouer. Mais au fil du temps, ils arrivaient à créer une relation extrêmement forte et surtout très complice, sans jamais laisser de côté leur passion commune pour le domaine musical.
Lorsqu'il arriva enfin près d'elle, Sydney fit claquer une bise sur sa joue en lui accordant son sourire le plus radieux puis elle passa son bras autour du sien comme elle avait l'habitude de le faire avec tout le monde. Que les gens soient tactiles ou non, elle n'y faisait jamais attention : se balader au bras de quelqu'un, c'était plus un réflexe qu'autre chose… une manière de défiler ? Oui, pourquoi pas, après tout. "Tu as de la chance, je t'ai laissé une heure de répit… il est onze heures et les magasins ouvrent à dix heures, j'ai eu pitié de tes jambes. Mais à partir de maintenant, c'est rallye shopping non stop. Et je ne prends aucune forme de protestation en compte… souris un peu, on va te dégoter des merveilles qui vont mettre ce petit fessier en valeur !" ajouta-t-elle en penchant la tête en arrière pour jeter un œil au postérieur de Nathaniel sans se priver.
Lorsque les portes vitrées s'ouvrirent face à eux, la belle prit une immense bouffée d'air avant de soupirer presque d'extase. "L'odeur des magasins…" murmura-t-elle sur un ton un peu rêveur. Accro au shopping ? Si peu, si peu. Elle espérait tout de même transmettre le virus à son musicien favori : Sydney aimait le voir comme un homme qui ne demandait pas forcément mieux que d'en apprendre un peu plus sur la mode pour pouvoir se forger son propre style sans avoir besoin de copier celui des autres comme beaucoup ont l'habitude de le faire. Avantage pour Nate : son physique. Remarquablement bien fait, le danseur pouvait se permettre d'entrer dans quasiment toutes les tenues existantes sans que ce soit la galère pour trouver des tailles adéquates. Elle commença à avancer avec lui en direction d'une boutique Armani afin d'entamer les choses sérieuses. Le grand centre regorgeait d'étages… et ils n'en étaient qu'au rez-de-chaussée. Sois fort, Nathaniel, sois fort. "Alors, dis-moi : quoi de neuf chez notre petit Mozart en herbe, mmm…? Racontes-moi tout !" Et curieuse, avec ça. Oh oui, la journée ne manquerait certainement pas d'animation, c'était garanti.

Lorsqu'elle avait vu arriver Nathaniel, Sydney l'avait obligatoirement analysé des pieds à la tête, au cas où son radar "plouc" se serait mis en alerte… Dieu merci, aucune faute de goût, un style plutôt simple mais mieux vaut s'en tenir à la base plutôt que de prendre des risques qui au final ne s'avèrent absolument pas payants, au contraire. En marchant à ses côtés, Sydney se sentait vraiment à l'aise. Vous me direz, rien de bien étonnant jusque là dans la mesure où elle avait toujours l'air rayonnante avec quelqu'un au bout de son bras… mais avec lui, c'était différent. Elle avait longtemps cherché un homme à qui elle pourrait parler de choses qui bien souvent ennuient la gent masculine. Certes, elle n'oubliait pas la bisexualité de son ami et, par conséquent, le fait qu'il puisse également coucher avec des femmes… mais au fond, ce n'était pas principalement ce qui l'intéressait chez lui. En réalité, elle appréciait qu'il puisse ainsi pouvoir s'envoyer en l'air avec qui bon lui semble tout en gardant ce petit côté masculin qui fait tout son charme. Vous pensez sérieusement que Sydney se donnerait la peine d'être amie avec une personne sans qu'elle le trouve au moins sexy ? Sûrement pas… C'était aussi ce charme et cette libération qu'inspirait Nate qui le rendaient aussi intéressant à ses yeux. Pouvoir parler à un type canon sans qu'il se sente "obligé" d'en profiter pour la draguer.
Une fois arrivés dans la boutique, la jolie blonde ignora la vendeuse qui les salua sans même s'en rendre compte et commença à scruter les rayons. Avec ses besoins d'économie, la belle faisait plus rarement les boutiques… sauf lorsqu'elle réussissait à se procurer la généreuse carte de crédit de son amant James. Néanmoins, quand il s'agissait de faire du shopping, n'espérez pas la croiser au détour d'un banal rayon vêtements dans un centre de grande distribution. Jamais. On a tendance à croire que les grandes marques ne font rien de plus spectaculaire que les vêtements qu'on trouve partout ailleurs… et c'est faux. Il suffit de porter une chemise Armani pour se rendre compte que la coupe est totalement différente et bien plus étudiée que celle d'une chemise "parachute" achetée dans un magasin discount.
Le sourire de l'égyptienne s'agrandit un peu lorsqu'elle sentit le bras de son compagnon se refermer autour de sa taille… et encore davantage lorsqu'il se pencha à son oreille pour lui murmurer quelque chose qui, dans la seconde suivante, ne manqua pas de lui faire pousser un petit cri de surprise. "Nooon ?! Racontes, c'était qui ? Il était comment ? Tu l'as rencontré où ?" Ce qu'il y a de bien avec Sydney, c'est que dès lors qu'on a à peu près cerné ses centres d'intérêts ou au moins les sujets de conversation susceptibles d'attirer son attention, c'est un véritable jeu d'enfant de se payer sa tête. La preuve avec ce que Nate venait de lui dire, elle avait foncé tout droit dans le panneau et à pleine vitesse. Et en prime, elle allait l'harceler de questions à ce sujet, maintenant. Il faut comprendre que Sydney s'entend en général beaucoup moins bien avec les femmes qu'avec les hommes. Sa tendance à se croire supérieure en agaçait plus d'une et la belle trouvait rarement une femme "digne" d'être une véritable amie. C'est gonflé, mais c'est comme ça. Du coup, pouvoir parler d'hommes et même de sexe avec un homme, c'était vraiment libérateur et agréable pour une femme qui n'a jamais d'interlocuteur à ce sujet en face d'elle.

En attendant sa réponse, la réceptionniste attrapa un tee-shirt gris imprimé de noir et de pourpre, un gilet en col V très profond puis un jean noir agrémenté d'une ceinture à boucle fermée qui lui tomba sous la main puis un chapeau piqué sur un mannequin. A la voir attraper des vêtements de cette manière, aussi naturellement, on pouvait aisément imaginer ce qui se passait dans sa petite tête. Instinctivement, elle formait des tenues à partir de ce qui lui tombait sous la main. Rares étaient les fois où elle faisait la moindre faute, d'ailleurs.
Attentive à ce qu'il allait lui répondre, elle en profita tout de même pour lui coller le chapeau sur la tête et le reste des vêtements sur le bras. Il avait des muscles, autant les faire travailler à porter des vêtements qui, dans quelques minutes, feront ressortir en lui ce physique de rêve. Faire les boutiques avec Nate, c'est un peu comme jouer à la poupée : on passe son temps à l'habiller, le déshabiller, se rincer l'œil, l'aider à changer de tenue, donner son avis, se rincer encore l'œil à le voir se déshabiller puis repartir en quête de nouvelles perles rares. Mais ça, évidemment, elle ne lui disait pas… enfin pas souvent. "Ah, au fait, question ! Tu as une limite côté budget ? Parce qu'une fois qu'on est lancés, tu sais comment ça fait…" En un rien de temps, elle pourrait mettre un millionnaire à sec, autant prendre les devants avant que le banquier du jeune homme ne saute au plafond en voyant son potentiel découvert…

"Super… alors on va vraiment y passer la journée !" Nate avait de la chance de pouvoir se permettre de vraies folies dépensières sans avoir à trop compter ses sous car pour Sydney, couper les ponts avec ses parents adoptifs s'était résumé à coupure totale avec leur portefeuille. Sacré portefeuille, d'ailleurs, mais la belle était passée de jeune fille n'ayant jamais manqué de rien à jeune femme qui doit se raccrocher à ce qu'elle a pour s'assurer un train de vie si possible acceptable étant donné son naturel dépensier. Comme aujourd'hui, elle avait le droit de se lâcher, le fait que l'étudiant n'ait pas non plus de grandes limites était une excellente nouvelle… La belle ne considérait d'ailleurs pas son ami comme un gosse de riche, autrement il aurait naturellement rejoint les Epsilon. Au moins, même s'il avait de grands moyens financiers – du moins c'est ce qu'elle supposait – il n'était pas du genre à se reposer uniquement là-dessus.
De toute évidence, le danseur comptait se faire désirer pour pouvoir discuter de ses ébats… et il avait trouvé le public parfait en la personne de l'égyptienne. Celle-ci était tellement ravie de pouvoir discuter de ce sujet avec une personne sans qu'il y ait la moindre ambigüité éventuelle qu'elle ne se privait jamais pour aller jusqu'à lui demander jusqu'au détail le plus précis. En réalité, elle avait toujours été curieuse de savoir si les gays étaient d'aussi bons amants que les hétéros… ça peut paraître idiot, mais la miss Khelos essayait parfois de visualiser ce genre de scènes pour avoir une petite idée de ce que cela pourrait donner. Eh oui, la vingtaine passée, on fait forcément preuve d'une immense soif de nouveautés, surtout dans ce domaine. "Callum… chéri, on est aux États-Unis ! Des Callum, il y en a plein dans les pages de l'annuaire…" lâcha-t-elle en levant les yeux au plafond avec un léger sourire. Comme dirait le proverbe, il y a plus d'un âne qui s'appelle Martin. D'ailleurs pourquoi Martin ? La jolie blonde n'avait jamais creusé la question plus que ça mais pourquoi ne pas s'y intéresser un jour où elle s'ennuiera à mourir derrière son bureau à la réception.

Face au sourire de son gay-friend, comme elle aimait l'appeler, elle lui mit un petit coup de bassin joueur avec un air coquin sur son visage. "Allez, racoooontes, on sait tous que tu adooores te faire tirer les vers du nez… entre autres." ajouta-t-elle avec un clin d'œil tout en partant dans un léger rire. Toutefois, lorsqu'elle suivit le regard du jeune musicien, elle tomba sur la vendeuse qui semblait écouter distraitement leur conversation… Tiens, une hésitation ? En fait Nate était si naturel en parlant avec elle de ses conquêtes ou de ses coups de cœur qu'elle n'avait jamais su s'il assumait totalement sa bisexualité ou bien s'il se contentait d'être détendu uniquement en présence de personnes qui savaient le mettre à l'aise. Quoiqu'il en soit, elle s'arrêta devant la vendeuse en arquant un sourcil avec un air dédaigneux. "Nous voudrions deux cafés viennois. – Il y a un café à l'étage… - Eh bien vous allez nous en chercher deux au pas de course ! Et pensez à moi, ça me fera faire du sport… allez vite !!" La vendeuse, interloquée, s'exécuta sans doute sous le coup de la surprenante répartie de la réceptionniste.
Lorsque la jeune femme fut partie et qu'ils se retrouvèrent seulement tous les deux, Sydney entraîna Nathaniel dans un autre rayon pour parler bien plus librement, désormais. "Bon, vas-y maintenant qu'on est tous seuls, je veux tout savoir ! Vous avez fait ça où ? C'était chaud…?" En attendant sa réponse, elle se saisit d'un pull en col V beige avec un tee-shirt fantaisie, trois autres chemises qui lui tombèrent sous la main, deux pantalons, un bermuda, un jean… et elle collait tout sur les bras de son partenaire musical au fur et à mesure. "T'es sexy, en porte-manteau…" lui fit-elle remarquer avec une petite bise sur la joue avant de continuer à vider les rayons.

Dès l'instant précis où la vendeuse quitta sa boutique pour aller chercher des cafés à ses deux potentiels clients, Nate sembla se détendre et se lâcher un peu plus, c'est en cela que Sydney le regarda peut-être différemment. Tout dans son attitude semblait déjà un peu plus à l'aise… non pas que la belle ne soit pas du genre à l'aider à se lâcher un peu : son excentricité naturelle permettait à chacun de se sentir très vite en confiance pour ne pas avoir à essayer de sauver les apparences. Dans un sens, beaucoup se sentaient parfois gênés ou "impressionnés" par un tel culot venant d'elle, mais ce n'était apparemment pas le cas du danseur. Toutefois, cette brusque détente attisa sa curiosité qu'elle mit en veille lorsqu'il se décida enfin à aller un peu plus loin dans les détails… pas suffisant pour elle jusqu'à ce qu'il la prenne contre lui dans une position qui lui fit venir un immense sourire sur les lèvres. "Oh oui, j'ai ma petite idée sur le sujet… c'est dangereux de me tenter comme ça, tu sais…" ajouta-t-elle lorsqu'il finit enfin par la relâcher après lui avoir fait sentir à quel point il devait être bon amant. C'est exactement à ce moment qu'elle remarqua qu'elle n'avait jamais couché avec un gay ou un bisexuel à sa connaissance… et en grande curieuse qu'elle était, elle allait sûrement tenter l'expérience un jour ou l'autre. Mais sans doute avec un inconnu, moins de pression à la clé. Quoiqu'il en soit, la belle arqua un sourcil tout en prenant un air pensif. "Je ne suis pas une experte, mais je sais d'expérience que quand un mec parle de ses exploits d'une façon aussi énorme, ça veut dire que l'autre n'était pas tellement dedans… t'es sûr que ça a été aussi bien pour lui que pour toi ?" Ou comment mettre le doute à un homme convaincu de ses prouesses sexuelles en moins de dix secondes. C'est à ce moment précis qu'elle fronça les sourcils en tournant la tête dans sa direction. "A moins que ça ne soit un mensonge, évidemment, ma logique fonctionne aussi dans ce cas…" ajouta-t-elle avec une très forte suspicion. Au départ, elle ne l'avait peut-être pas flairé… mais maintenant, pourquoi pas.

Finalement, elle observa les bras de son compagnon et remarqua que ses muscles remarquablement bien dessinés trahissaient l'effort qu'il développait en portant toutes ces fringues. La belle avisa les cabines d'essayage et y entraîna Nathaniel en le délestant de la moitié des vêtements. "Allez, en piste beau gosse, c'est parti pour l'essayage !" A ces mots, elle lui mit une petite tape sur les fesses en lui faisant signe d'aller à l'intérieur. C'est ce qui lui plaisait souvent le plus pendant les virées shopping : les essayages. Tester si tout ce qu'on a pris sur le passage de la tornade Khelos est vraiment valable. Pendant que Nate se glissait à l'intérieur, la jeune femme déposa une main sur sa hanche en attendant patiemment qu'il essaie une première tenue. "Dis-moi, juste pour savoir, est-ce que ça te gêne de parler de ça avec moi…?" Elle n'y allait jamais par quatre chemins et au travers de cette question, la jolie blonde ne cherchait absolument pas à critiquer, le Sigma devait bien le savoir. C'était juste qu'elle voulait savoir si ces conversations le gênaient ou pas… "Parce que parler de ça avec un homme, ça me plait car je ne trouve jamais de fille à qui en parler… mais c'est peut-être pas ton cas ?" Parler à cœur ouvert, c'est une chose que tout le monde peut faire avec Sydney, même pour lui dire clairement les choses, sa répartie la mettait à l'abri de prendre la mouche pour un rien. Donc quitte à parler de sexe très franchement avec Nate, autant rester dans les discussions intimes, ils n'étaient plus à ça près !

Faire du shopping pour habiller et tenir compagnie à son "p'tit homo" favori – comme elle avait l'habitude de l'appeler – c'est bien, mais Sydney n'avait pas non plus dans l'idée de faire les boutiques que pour lui. De toutes manières, il lui était physiquement impossible d'aider quelqu'un à s'acheter quelque chose sans se prendre aussi une bricole dans la foulée. C'est pourquoi dès qu'elle en eut terminé avec les questions qu'elle avait posé à Nate, la belle décida de se retirer dans la cabine voisine de la sienne le temps qu'il lui réponde. Dilemme : par quoi commencer ? Elle commença par retirer sa jupe, sa veste et son haut qu'elle accrocha à la penderie pour ensuite prendre le temps de s'admirer en sous-vêtements chics dans la grande glace qui se trouvait dans l'habitacle. L'essayage était quelque chose qu'elle adorait autant pour observer les vêtements qu'elle avait choisi sur elle que pour se reluquer à loisir… Le nombre de fois où elle avait balancé "je me trouve tellement sexy que je me fais envie à moi-même", elle ne les comptait plus. Narcissisme, quand tu nous tiens. La confiance en soi, c'est mignon, mais chez Sydney, c'est carrément une religion. Une fois sa petite séance d'autocongratulations silencieuses terminée, elle se décida à prendre les robes piquées au hasard dans les rayons pour les passer vite fait devant elle juste pour se faire une idée avant de les enfiler réellement. Une à paillettes… bof. Une en soie… déjà mieux.
C'est ce moment que choisit son compagnon musicien pour rentrer dans sa cabine sans même lui demander l'autorisation. Et bien évidemment, Sydney ne s'en émut pas une seule seconde, au contraire, elle trouvait même ça naturel… la pudeur ne l'étouffait jamais vraiment, donc se retrouver même en petite tenue ou nue en présence d'une autre personne ne l'avait jamais dérangée. Elle avait enfilé sa robe en soie et cherchait déjà une petite ceinture pour accessoiriser l'ensemble et faire ressortir un style plus personnel. La jolie blonde croisa son regard à travers le miroir, pour qu'elle puisse l'admirer dans cette tenue… Mmm… Sa remarque la fit pouffer de rire : de son point de vue à elle, il ne faisait ni homo ni même efféminé : il faisait juste "à la mode". Un homme moderne. Sans doute son physique jouait-il un rôle dans cette impression : ce qu'elle appréciait chez Nathaniel, c'était qu'il n'avait rien du gay stéréotypé qui, bien que très craquant et souvent adorable à ses yeux, devenait souvent ridicule. Lui, il allait la classe masculine avec un petit côté féminin qui lui permet de fréquenter des femmes sans que cela soit hormonal. Elle préféra ne rien lui répondre pour le moment et fronça un peu les sourcils lorsqu'il se décida enfin à lui répondre plus franchement.
S'attendant à une grande révélation, l'égyptienne déposa une main sur sa hanche et ne put s'empêcher de lever les yeux au plafond avec un air extrêmement fier et arrogant lorsqu'il lui fit remarquer à quel point il appréciait de pouvoir parler de tout ça avec elle… Normal, elle se considérait comme une fille vraiment formidable. Et ses chevilles se portaient à merveille malgré son ego surdimensionné. "C'est ton petit déjeuner, c'est ça ?" Si vous n'avez pas suivi, elle avait fait référence à ce qui le comprimait de l'intérieur… elle avait même fait un pas d'écart en imaginant qu'il voudrait vomir. Sa "simplicité" est parfois aussi attachante que ridicule, il faut le reconnaître. Toutefois, sa réponse dissipa toute crainte de rendu stomacal… Sydney fit un mouvement de tête en arrière, surprise. Et elle n'eut même pas le temps de lui répondre quoique ce soit qu'il filait déjà à nouveau dans sa cabine.

Pour l'heure, la miss Khelos demeura silencieuse alors qu'elle détachait sa robe pour se retrouver à nouveau en sous-vêtements… mais ces paroles de Nate lui tournaient dans la tête, sans arrêt. Du coup, quand Sydney est troublée par quelque chose, il faut qu'elle en parle sans détours : elle attrapa ses tenues et sortit de sa cabine en simple sous-vêtements sous le regard de quelques clients fraîchement débarqués qui furent abasourdis de voir la jeune femme passer d'une cabine à l'autre sans même se soucier de sa quasi nudité. Une fois dans la cabine de Nate, elle déposa son tas de fringues à côté du sien et mit ses mains sur ses hanches avec un air décidé, sans se soucier de savoir si ça le dérangerait ou non qu'ils partagent la même cabine. "Juste gay. Que les hommes, alors ? Personnellement, je ne vois pas où est le problème…" Elle prit une petite pose réfléchie avec un grand sourire prétentieux. "En même temps, quand on est une petite blonde fabuleuse qui fait tourner les têtes, c'est facile à dire…" 3615 je me la pète, bonjour ! "Puis, à vrai dire, je m'en doute un peu… si t'avais été vraiment bisexuel, tu n'aurais jamais pu résister à tout ceci…" ponctua-t-elle en désignant sensuellement les courbes affolantes de son corps fin.
Sydney se mit à côté de Nate qui se trouvait également en sous-vêtements puis le prit par les épaules pour le placer face à son reflet dans le miroir et elle soutint son regard par son biais. "Regardes-toi, chéri… prends les choses une par une : petit un, le physique. T'es sexy, vraiment sexy… et il n'y a rien de féminin là-dedans. Du 100% beau gosse viril et masculin à souhait… autant te dire que même chez les hommes hétéros, tu passerais à l'aise pour l'un d'entre eux, t'es loin du mec efféminé qui pourrait éventuellement subir des moqueries. Tu les rendrais limite jaloux, même." ajouta-t-elle en lui mettant une tape sur les fesses avant de déposer ses mains sur l'épaule du brillant danseur. S'il avait du mal à s'assumer en tant que gay pur et dur, il fallait qu'il prenne le problème par étapes. Le physique ne lui poserait jamais de problèmes, c'était une certitude, il lui suffisait de se regarder dans un miroir pour s'en rendre compte comme en ce moment. "Alors, dis-moi pourquoi tu n'arrives pas à te sentir vraiment gay à fond ? Racontes à Syd' la bonne parole…" finit-elle avec un clin d'œil pour le mettre en confiance sur un sujet apparemment très sensible. Si elle était la seule à qui il pouvait en parler, alors qu'il le fasse à cœur ouvert, elle était là pour ça.