Devenir père est le rêve de la plupart des hommes sur la planète terre. J’étais l’un de ceux-là. J’adorais les enfants et d’ailleurs, ils m’adoraient aussi. Lorsque j’avais atteint l’âge de seize ans, je m’imaginais déjà papa. En revanche je n’ai jamais été ce qu’on pouvait appeler, quelqu’un de responsable. Neuf ans plus-tard, rien de tout cela n’avait changé. J’avais repris mes mauvaises habitudes. Je buvais beaucoup et je consommais une quantité hallucinante de drogues, de substances de tout genre. Je voyais ma vie s’écrouler comme un château de carte. J’avais tout perdu, tout ce qui comptait à mes yeux. J’ai perdu mes parents, l’amour de ma vie et une place où dormir. En ce qui concerne où dormir, le problème fut vite régler. Ma mère me disait toujours ceci étant jeune : On finit toujours par récolter ce que l’on sème. Elle n’avait pas tort. Ces six derniers mois ont été les pires de ma vie pour être franc avec vous. Je me retrouvai derrière les barreaux pour une deuxième fois. Voilà ce qui arrivait lorsqu’on buvait comme un trou et que l’on était incapable de contrôler ses émotions. J’avais pris goût à ce genre de vie. Je sortais tard le soir dans les bars et je foutais le bordel partout où je mettais les pieds. C’était une chose de s’en prendre à un simple californien mais, lorsque l’on s’en prenait aux officiers de police, se retrouver dans une cellule était le prix à payer. Je m’étais pourtant juré de ne plus jamais retourner en prison. J’ai été plutôt chanceux de m’en tirer avec seulement six mois. Lorsqu’on était riche et que l’on connaissait le meilleur avocat du pays, il nous était grandement profitable. Un résultat plutôt satisfaisant, si vous me demandez. J’allais pouvoir sortir et par la même occasion assister à la naissance de ma petite fille.

Aujourd’hui j’ouvrais une nouvelle page dans le livre de ma vie. Cela m’avait pris un temps fou avant de me rendre à l’évidence, que j’étais devenu un alcoolique. J’avais besoin d’aide de professionnels. Pour cela, j’ai dû mettre de côté mon égo. Résultat, je passai d’un pénitencier, à un centre de désintoxication. Ce qui était une bonne chose, je faisais un pas dans la bonne direction. Je n’avais pas intérêt à conserver mes mauvaises habitudes. J’allais devenir papa et si j’avais envie d’approcher et de voir régulièrement ma fille, je n’avais guère droit à l’erreur. Il n’y avait qu’une seule personne dans ce monde qui était au courant de mon petit séjour en prison. Cette personne portait le nom de Jade. Elle savait aussi pour le centre de désintoxication dans lequel je résidais. Je n’avais pas l’intention de révéler la véritable raison de ma soudaine disparition à Esméralda. Surtout pas elle, étant donné la relation dans laquelle nous nous trouvions. Je lui avais causé du tort et cela à plusieurs reprises. Si j’avais une opportunité de retourner dans le passé et faire quelques modifications, je n’hésiterais pas un seul instant. J’ai carrément péter un câble, j’ai aussi perdu tout contrôle de moi-même. Je savais pertinemment que j’avais perdu la confiance de la sigma. D’ailleurs l’idée de lui rendre visite, m’avait traversé l’esprit plus d’une fois. Vous vous imaginez, depuis ma sortie de prison je suis resté enfermé dans une chambre d’hôtel. Je ne répondais pas au téléphone, je ne faisais pas attention aux nombreux messages qui remplissaient mon portable. Deux semaines s’écoulèrent avant que je ne me décide à sortir de ma chambre. Ma première destination fut un parc non loin de l’hôtel dans lequel je résidais. Je tombai sur Konomi, une de mes amis avec qui je passai un merveilleux moment. C’était grâce à elle que je repris l’écriture. Je poursuivis mon aventure chez Jade. Cette dernière étant mon ancienne colocataire, j’avais pour but de revenir à la maison. Malheureusement pour moi, tout cela ne s’était guère déroulé comme je l’aurais espéré. Jade avait une petite fille, Maeva. Lorsque je cohabitais avec eux, nous nous sommes amusés comme des fous, Maeva et moi. Je considère avoir fait un excellent travail avec la petite Maeva. Vous comprenez maintenant combien impatient je suis à l’idée de devenir papa?

Et bien, il fallait dire que je tombais pile à l’heure. Esméralda ne devait accoucher que dans deux semaines. Je le confirme, mes calculs étaient justes. Mais, à en juger le dernier message texte d’Aleyna, le bébé allait voir le jour de façon prématurée. Je me trouvai dans ma chambre entrain de dévorer un bouquin de Stephen King, lorsque j’entendis mon téléphone raisonner. Pour une des rares fois qu’il n’était pas sous silence. Je fus surpris de lire les nombreux messages que m’avaient envoyés Aleyna. Ce n’est que trois heures plus-tard que je lui répondis. Elle n’était pas d’humeur à plaisanter. Et je la comprenais état donné notre histoire. Après avoir échangé quelques messages, elle m’annonçait enfin que je devais me rendre d’urgence à l’hôpital. Esméralda avait accouché d’une jolie jeune fille, en santé. Sans perdre une seconde, je me précipitai vers la sortie et je montai, à pas de course dans ma voiture. Il était obligé pour moi de m’y rendre. Après tout c’était moi le père de l’enfant. Esméralda apprécierait forcément ma présence. Même si je sais que notre relation n’était guère d’être au bout fixe.

À bout de souffle : « Bonjour, gynécologie s’il vous plaît » pointant du doigt, la jeune femme m’indiqua le chemin. Ces indications furent claires et précises. En moins de deux, je me retrouvai à quelques pas de la chambre. Je pouvais apercevoir la belle sigma. Elle avait les yeux fermés, visiblement exténuée suite à l’effort qu’elle venait de fournir. Elle n’était pas seule dans la chambre. Elle avait à ses côtés, une infirmière et dans ses bras notre petite fille. Je ne savais pas si je devais entrer ou pas. Pour être franc, j’étais terriblement nerveux. Super excité de pouvoir prendre dans mes bras, ma petite fille. Je ne pouvais m’empêcher de sourire. Esmé était plus qu’heureuse et la savoir heureuse était ce que j’espérais de mieux pour elle. Une vague d’émotions m’envahissait. Je laissai échapper une larme. « Êtes-vous le père de l’enfant?» L’infirmière m’avait remarqué. Je souris puis lui répondis positivement tout en hochant la tête. Elle me fit signe de rentrer. Je m’approchai du lit d’Esmé et de ma petite fille. Mon cœur battait à une vitesse folle. J’étais debout, à quelques centimètres de mon ex. Cette dernière ouvrit les yeux. Mon regard croisa le sien. « Hey !» je me prononçai, d’une voix basse.

ESMERALDA & DOMINICϟ « Watcha say ~ Jason Derulo » « I was so wrong for so long.Only tryin’ to please myself (myself). Girl, I was caught up in her lust. When I don’t really want no one else. So, no I know I should of treated you better. But me and you were meant to last forever. So let me in (let me in) give me another chance (another chance). To really be your man. Cause when the roof caved in and the truth came out. I just didn’t know what to do. But when I become a star we’ll be living so long. I’ll do anything for you. So tell me girl. »

La journée avait été épuisante dans tous les sens du terme. On me ramenait à peine dans ma chambre que mes yeux se mettaient à papillonner tant la fatigue était grande. J’avais eu beaucoup de chance qu’Aleyna soit passée ce matin pour qu’on s’explique, sans elle, je ne serais surement jamais arrivée à temps à l’hôpital et qui sait ce qui aurait pu se passer. Heureusement, tout ça était derrière moi. J’allais enfin pouvoir prendre ma fille dans les bras. Les infirmières s’occupaient d’elle tandis que je revenais dans ma chambre et que mon médecin vienne me voir. Mon état était plus que préoccupant, je l’avais compris à son regard lorsqu’il ordonna de me ramener. Je ne me faisais aucune illusion, je savais exactement ce qui m’attendais lorsque j’avais décidé de garder le bébé. Une initiative assez dangereuse, je le conçois, mais c’était ma décision et mon choix. Je ne le regrettais pas et si c’était à refaire, je prendrais exactement la même décision. J’étais sur le point de sombrer dans un sommeil réparateur après des heures de travail quand le médecin franchit le pas de la porte, son visage grave ressemblant à celui de Victoire le jour où elle m’avait annoncé que je souffrais d’une insuffisance cardiaque. Ce qui allait suivre n’allait surement pas me réjouir. « Je suis désolé Mlle Williams, je sais que vous êtes épuisée mais, il est important que je vous parle ! » Son ton ne laissait aucune place au doute. Je me retournais totalement vers lui et avec son aide, je prenais une position plus confortable pour être à son écoute. « Votre problème au cœur s’est aggravé avec votre grossesse…Ces derniers mois vous ont épuisé et ça a fatigué votre cœur... » Il se tut un instant, me laissant le temps d’assimiler les mots qu’il sortait de sa bouche. J’avoue que je ne m’étais pas attendue à ce genre de nouvelles, surtout pas après mon accouchement. « Vous avez besoin d’un nouveau cœur. Vous êtes déjà sur liste d’attente ! » Je fermais les yeux pour empêcher les larmes qui venaient de s’y accumuler de couler. Je devais rester forte pour moi et pour ma petite Eleanore. Ce n’était pas spécialement le genre de nouvelle auxquelles on s’attendait à recevoir suite à une aussi dure journée que la mienne. Je gardais les yeux fermés tandis qu’il continuait à me parler de mes problèmes cardiaques et de ce qui m’attendait et encore et toujours les mêmes conseils. Conseils qui ne servaient à rien étant donné que mon état s’était aggravé. Il ne s’éternisa pas, ayant remarqué mon mutisme, préférant me laisser seule pour digérer ces nouveaux changements dans ma vie. Epuisée, tant physiquement que moralement, je finis par m’endormir rapidement. Ma vie était plus proche des montagnes russes qu’autre chose et ma relation avec Dom était bien pire. Bien que je sois au comble du bonheur d’avoir ma fille, ce qui était en grande partie grâce à lui, je n’arrivais toujours pas à me remettre de ses allers venus dans ma vie. Je m’étais attachée à lui à la seconde où nos regards s’étaient croisés et c’était peut-être ça qui me faisait le plus de mal. Je lui avais fait confiance sans me poser aucune question, comme si cela était naturel et j’en payais le prix fort aujourd’hui. Ce n’était pas à Aleyna d’être à mes côtés à ce moment là, ce n’était pas à elle de prendre sur elle alors qu’on roulait pour venir ici, ça aurait dû être lui. Ca aurait dû être son rôle et j’aurais dû pouvoir compter sur lui. Je me demandais encore à quel moment de notre relation on s’était perdu, jamais en phase avec l’autre. Lorsque j’ouvrais enfin mes yeux, je vis une infirmière s’affairait à mes côtés, je lui rendis son sourire avant qu’elle ne me propose de prendre ma fille dans mes bras. MA fille. Ma petite fille était enfin là et je pouvais la prendre dans mes bras. Repositionnant les oreillers dans mon dos pour me mettre à l’aise, elle contourna le lit avant de me mettre dans les bras un joli bébé. Mes yeux se remplirent instantanément de larmes tandis que je la serrais dans mes bras. Des larmes de joie. Ma mère aurait été tellement heureuse si elle avait été présente. Eleanore était tellement belle, je ne regrettais rien de ce qui s’était passé pour en arriver là. Elle en valait réellement la peine. Un pincement au cœur me fit fermer les yeux, son père n’était pas là pour faire sa connaissance. J’ignorais même s’il était toujours à San Francisco. J’étais tout autant responsable que lui dans cette histoire et aucun d’entre nous n’avait rien fait pour améliorer les choses, préférant nous cacher derrière de faux prétexte pour éviter d’affronter la réalité. Je le savais. Je ne fis même pas attention à ce qu’avait dit l’infirmière, tellement perdue dans mes pensées, ce n’est qu’en sentant une autre présence dans la chambre que je daignais enfin ouvrir les yeux. Il était là, debout en face de moi. Je n’arrivais pas à le croire et pourtant c’était vrai. Tellement de questions se bousculaient dans mon esprit mais, je n’avais pas la force ce soir. Me disputer avec lui était la dernière chose que je voulais en cet instant, il était là et c’était tout ce qui importait. Enfin… « Hey ! » Répondis-je un faible sourire sur les lèvres. Dormir m’avait fait le plus grand bien mais, cela n’avait pas été suffisant pour faire disparaitre ma fatigue, en même temps après toutes ces heures de travail, j’avais de quoi être épuisée. « Tu veux la prendre ? » Lui proposais-je en lui tendant sa fille. Nos différents ne devaient en aucun cas affecter notre petite princesse. « Eleanore, je te présente ton papa ! » Je regardais émue le père et la fille faire connaissance avant qu’une question ne me vienne à l’esprit. « Comment tu as su ? » J’ignorais même s’il était au courant à combien j’étais. Malgré tout et même si je ne l’avouerais jamais, sa présence me faisait plaisir. Et avant même que je ne comprenne ce qui se passait, je m’entendis lui demander. « Comment tu vas ? »

Je dois vous dire que mon cœur s’était mis à battre à cent à l’heure, lorsque je croisai le regard de la sigma. Je ne savais pas trop comment elle allait réagir en me voyant. Ma présence dans cette chambre était justifiée. J’avais de bonnes intentions, celles de rencontrer pour la première fois ma fille et par la même occasion d’apporter mon soutien à sa maman. Je m’approchai davantage de la patiente épuisée. Elle semblait agréablement surprise de me voir. Je la comprenais, après tout je n’avais plus donné de nouvelles depuis maintenant six mois. Elle avait forcement des questions et comme à l’habitude, je n’avais guère de réponses claires. « Hey! » Elle me repondit, affichant un léger sourire sur ses lèvres. Comme si cela était la première fois que nos regard se croisaient. J’étais si gêné que cela se voyait dans mes actions et même lorsque j’ouvrais la bouche pour parler. J’avais horreur de cet hôpital. Cela n’était pas la première que j’y mettais les pieds. C’était bel et bien ici que j’avais vu Esméralda pour la dernière fois avant mon incarcération. J’ai été l’instigateur d’une violente altercation avec celui qu’elle appelait mari. D’ailleurs il n’était pas encore arrivé. Je ne voulais pas trop y penser, tout cela n’avait plus grande importance. Il était bien important pour moi de chérir le présent. Je venais de recevoir ce beau cadeau du ciel. Une jolie petite fille que je mourrais d’envie de prendre dans mes bras. Mes vœux furent exaucés lorsque la grecque me tendit la petite Eleanore. Elle était si minuscule que j’avais peur de lui faire mal. Je ne pus m’empêcher de laisser échapper une larme. Oui, un Dominic très émotif. C’était le meilleur cadeau que l’on pouvait me faire. Je jetai un regard à la maman de mon bébé qui s’était permis de faire les présentations. Je souris en coin puis, je posai un doux baiser sur la joue d’Eleanore. « Elle est toute belle. Tu vois Esme? Elle a pris le visage de son papa ». Dis-je d’un air heureux, avant de tirer la langue à mon ex. Je ne me souvenais même pas de la dernière que nous nous sommes retrouvés dans ce genre de situation. C’est-à-dire, réunis dans une même pièce, appréciant un merveilleux moment. Nos dernières rencontres furent courtes et riches en disputes. Eleanore ne pouvait tomber à un bien meilleur moment. Elle réussirait peut-être à réparer les nombreux dégâts qu’avait, la relation qu’entretenaient ses deux parents.

Je devais remercier Aleyna, après tout c’était grâce à elle que je me trouvais dans cette chambre. C’était grâce à cette dernière que je tenais Eleanore dans mes bras. Mon cœur était comblé de joie et elle en était pour quelque chose. D’ailleurs j’aurais bien aimé la croiser dans les couloirs. Lorsqu’elle m’avait envoyé ces messages, elle se trouvait dans cet établissement hospitalier. À mon arrivé, aucune trace de la brunette. J’ignorais complètement qu’elle connaissait Esmé. Cela risquerait de compliquer encore les choses avec mon ex, si elle apprenait que j’avais couché avec un de ses amies. Ça c’était ce qu’on appelait mission suicide. Lorsque la grecque me demanda comment est-ce que j’avais su, j’avalai de travers. Je ne savais pas trop quoi répondre. J’avais pourtant l’option de mentir. J’aurais pu inventer toute une histoire à dormir debout, comme à l’époque. Mais, ce ne fut pas le cas. « J’ai reçu un message d’une amie, tu dois sûrement la connaître puisqu’elle était à tes côtés lorsque tu étais en train d’accoucher. » Je pris une légère respiration avant de poursuivre. « Aleyna, oui c’est elle qui m’a prévenu. » Elle devait forcement être proches si Aleyna avait assisté à l’accouchement d’Esméralda. Alors il y avait de fortes chances qu’Esméralda savait pour moi et Aleyna. Notre petite aventure dans une crique, non loin de la plage de San Francisco. La nouvelle mère, semblait pensive. Elle donnait l’impression d’avoir une multitude de questions en tête. Ce qui était plutôt normal. Je n’avais pas été là pendant six mois. Et comme par magie, j’apparaissais devant ses yeux comme si de rien n’était. Je lui devais des explications. Le seul truc, c’était que je n’étais pas prêt à lui avouer que je venais de sortir de prison. Cela faisait à peine trente-six heures que je résidais dans un centre de désintoxication. J’avais eu la permission de sortir, afin d’assister à la venue de ma petite fille, dans ce monde. Je leur avais expliqué que cela ne pouvait que m’aider dans mon rétablissement. Après tout il n’y avait rien de plus positif et merveilleux dans ce monde que la naissance d’un nouveau-né. Esmé me demanda comment j’allais. « Ce ne serait pas plutôt à moi de te demander comment tu vas? » Après tout elle venait d’accoucher. Elle devait être morte de fatigue, la pauvre. Elle était couchée et nos regards se croisaient régulièrement. J’étais maintenant debout depuis une bonne quinzaine. Et pour être franc, mes jambes commençaient à souffrir. « Je peux? » dis-je lui adressant mon plus beau sourire. J’avais tout simplement besoin de m’asseoir un peu. Elle me laissa donc une place sur ce minuscule lit sur lequel, elle était couchée. J’étais maintenant assis sur le bord du lit. Je berçais Eleanore qui dormait paisiblement. Je me tournai vers la présidente des sigmas. J’avais tellement envie de la toucher, de la prendre dans mes bras. Si je vous disais que je n’éprouvais plus rien pour elle, je serais possiblement en train de vous mentir. Ce genre d’histoire, n’a guère de fin. Cela était inexplicable.

ESMERALDA & DOMINICϟ « Watcha say ~ Jason Derulo » « I was so wrong for so long.Only tryin’ to please myself (myself). Girl, I was caught up in her lust. When I don’t really want no one else. So, no I know I should of treated you better. But me and you were meant to last forever. So let me in (let me in) give me another chance (another chance). To really be your man. Cause when the roof caved in and the truth came out. I just didn’t know what to do. But when I become a star we’ll be living so long. I’ll do anything for you. So tell me girl. »

Lorsque Aleyna m'avait conduite à l'hôpital, l'idée de prévenir Dom m'avait effleurée l'esprit mais, je ne me sentais pas prête à le revoir, je trouvais la situation assez compliquée ainsi. Maintenant qu'il était en face de moi, je ne pouvais m'empêcher de penser que je ne voulais pas qu'il soit autre part que dans cette chambre. Compliquée, oui. Il ne faisait peut-être plus partie de ma vie, notre histoire était plus compliquée qu'une quelconque équation de mathématiques mais, je ne voulais pas qu'il en soit ainsi pour ma fille. Elle avait besoin de son père tout autant qu'il avait besoin de sa fille et je ne pouvais décidément pas leur retirer ça. Je ne savais que trop bien ce que vivre sans père signifiait et je ne ferais jamais subir ça à ma jolie Eleanore. Je le regardais prendre tendrement notre princesse dans ses bras avant de lui déposer un baiser sur la joue. Ce portrait valait à mes yeux tout l'or du monde. Je lui rendis son sourire lorsqu'il évoqua la beauté de sa fille, je ne pouvais le contredire sur ce point là. C'était bien la première fois depuis des mois qu'on ne se déchirait pour une raison ou pour une autre. Un moment léger et agréable, comme je les appréciais. Mon sourire s'effaça tandis que le souvenir de nos parents à tous les deux me revenait à l'esprit. Je m'étais depuis longtemps, faite à l'idée que mes enfants ne feraient jamais la connaissance de mes parents ou plutôt de ma mère mais, j'avais espéré que ça ne soit pas le cas pour leurs grands-parents paternels. Et malheureusement, le contraire était arrivé. J'ignorais ce que pouvait ressentir l'Epsilon, s'il avait même réussi à faire son deuil. Perdre des êtres chers n'était pas facile, le deuil l'était encore moins et cela pouvait prendre un certain temps. Beaucoup de temps. Je le savais par expérience. Mais, ne voulant pas troubler son bonheur, je préférais taire mes interrogations et seulement profiter du moment présent. Je lui demandais comment il avait su que j'étais à l'hôpital, question idiote, me dis-je dès qu'il répondit. Aleyna était encore la seule à savoir que je venais d'accoucher, je n'avais même pas eu le temps de prévenir le parrain et la marraine d'Eleanore que leur filleule était parmi nous. « Aleyna, oui...Qui d'autre! » Lâchais-je sans même m'en rendre compte. J'avais pardonné à la Sigma ce qui s'était passée, elle était mon amie avant tout et je ne voulais pas que notre amitié en pâtisse à cause de mes problèmes avec Dom. Seulement, ça ne rendait pas les choses plus simples ou la douleur causée par cette acte plus soutenable. J'avais ma part de responsabilité dans le fait que le bel Anglais ait été allée voir ailleurs mais, je ne pouvais m'empêcher de sentir un léger pincement au coeur en me rappelant cet épisode de nos vies, à tous les trois. « Je vais bien...Fatiguée mais, plus comblée que jamais! » Lui répondis-je sincèrement alors que mon regard se posait sur ma fille endormie dans les bras de son père. Je devais rester forte, je devais rester concentrée sur ce qu'il y avait de plus important: elle. Je n'avais pas le droit de la laisser tomber, pas maintenant que je m'étais battue pour l'avoir. Je me poussais sur le lit pour laisser l'heureux papa une place pour s'asseoir, rester debout avec Eleanore dans les bras n'était surement pas reposant, je ne m'en étais pas rendu compte s'il ne m'avait pas demandé de s'asseoir. J'étais perdue dans mes idées, tout se bousculait dans ma tête et je n'arrivais plus à penser correctement. Je n'eus pas le temps de briser le silence qui venait de s'installer que déjà mon médecin était de retour, un bipper dans les mains. « Désolé de vous déranger à nouveau mais, je vous apporte votre bipper...Vous devez continuellement le garder avec vous, d'accord?! » Un simple hochement de tête en signe d'approbation lui suffit, il quitta donc ma chambre en me conseillant de bien me reposer et de ne pas forcer dans les prochains jours. Je n'osais croiser le regard de mon ex, il devait surement se demander à quoi tout cela rimait, il ignorait tout de ma maladie. A vrai dire, je n'en avais parlé à personne. « Tu vis toujours à San Francisco? » Lui demandais-je plus pour changer de sujet que pour savoir. S'il avait voulu que je le sache, il me l'aurait surement fait savoir. Je ne savais plus à quoi m'en tenir avec lui et pourtant, il était là, à mes côtés, à bercer notre fille.

Je ne savais plus vraiment où j’en étais. Ma vie semblait de plus en plus compliquée. Avec l’âge, vient la sagesse. Cette phrase ne s’appliquait guère à moi. J’étais âgé de vingt-cinq ans et je me comportais encore comme un gamin. Pourtant, il était temps. Il était grand temps pour moi de mettre un peu d’ordre dans ma vie, revoir mes priorités. Je n’allais pas continuer à mener le genre de vie que je menais depuis la mort de mes parents. Bien qu’il fût difficile pour moi de l’accepter, je n’avais guère le choix à présent. C’était ça ou j’allais continuer à pourrir ma vie et par la même occasion, l’existence d’autrui. Il n’était jamais bien de se faire des ennemis. Je dois vous dire que des ennemis, j’en collectionnais depuis un certain temps. Maman disait toujours que cela était une source de malédiction. Elle n’avait pas tort. Je n’avais personne avec qui parler, aucune épaule sur qui pleurer. J’avais l’impression parfois, d’être seul au monde. J’avais intérêt à me ressaisir, si je ne voulais pas passer le reste de mes jours dans une profonde solitude. La liste était longue mais, cela était pour mon propre bien. Les six derniers mois passés derrière les barreaux, m’ont fait énormément réfléchir. J’avais causé du tort à beaucoup de gens. La première sur ma liste, s’avérait être Esméralda. Cette histoire ne datait point d’hier. Je l’avais blessé de par mes paroles, de même que par mes actions. Pourtant, elle avait été forte. Elle n’était pas prête à me laisser tomber. Même dans les plus durs moments, elle n’avait jamais eu en tête de baisser les bras. Je n’avais jamais été aimé de la sorte. De même que je n’avais jamais autant aimé une femme comme j’ai aimé Esméralda. D’ailleurs je ne penserais pas que je serais capable de ne plus l’aimer. Je lui avais brisé le cœur et par la même occasion, la confiance qu’elle avait en moi. J’avais en tête de me racheter. Être aux côtés de la sigma aujourd’hui, ne pouvait qu’aider ma cause. Pour mettre les choses aux clairs, j’étais là pour ma fille. D’ailleurs je ne savais pas trop comment remercier Aleyna. En parlant du diable. J’aurais me douter qu’elle connaissait Esméralda. Il n’y avait pas une seule sigma à Berkeley qui n’avait pas une idée de qui était mon ex. Après tout, cette dernière était la présidente de cette confrérie. J’ai tout de suite compris que cela n’enchantait pas vraiment la mère d’Eleanor. La grecque savait forcement pour moi et Aleyna, ce qui n’arrangeait rien notre situation. Lorsque j’annonçai à Esme que j’avais été averti par la jeune femme de vingt ans, sa réponse confirmait donc mes soupçons. Elle était bel et bien au courant de cette petite aventure. Je préférai ne pas aborder le sujet. D’ailleurs je ne savais trop quoi lui dire. Aleyna n’avait pas intérêt à se pointer. J’étais très loin d’être son préféré, si vous voyez ce que je veux dire. Cela est une longue histoire et franchement, je n’ai pas la force de vous la raconter. Tout ce que je peux vous dire, c’est si elle osait pointer son nez dans cette chambre, il y aurait des étincelles. « Tu devrais te réveiller, c’est vrai que je n’ai pas été là pour te voir à l’œuvre mais, cette jolie petite créature en est la preuve de ton travail acharné. » Des compliments et encore des compliments. Je ne saurais me rappeler la dernière fois que j’ai sue lui en donner. Je n’avais pas tort, la grecque avait l’air exténuée. Ma fille s’était réfugiée dans mes bras. Elle semblait s’y plaire, au grand de mes plaisirs. J’aurais tellement voulu partager ce moment avec mon père et ma mère. J’étais tout comme mon ex petite amie, perdu dans mes pensées. Il y avait un silence de mort dans la pièce. Pourtant ce n’était pas les mots qui me manquaient. J’avais tant à lui dire mais, ce n’était pas forcement le meilleur moment.

Ce n’était pas le moment de paniquer. Ce n’était probablement rien de grave. Je me posais une multitude de questions. Vous comprenez maintenant ma haine envers les hôpitaux. Lorsque le médecin se décida de quitter la pièce, j’avais envie de le suivre et l’asperger de questions. Mon cœur battait à milles à l’heure. Le regard rivé sur Esméralda qui ne semblait pas vouloir l’affronter. Il était important que je garde mon calme. Après tout, mon état de santé était loin d’être au bout fixe. De toute manière si elle avait un problème quelconque, elle m’en aurait parlé. Comment aurait-elle pu le faire? Je ne l’avais pas vu ni parler depuis maintenant six mois. J’avais manqué plus d’un chapitre dans sa vie. Elle n’avait visiblement pas envie d’en parler. J’étais loin d’être journaliste alors je me contentai de répondre à sa question. « Oui, j’ai pris la sage décision de prendre soin de moi. Il faut que tu saches que jamais je ne m’aurais montré la face, dans l’état dans lequel je me trouvais il y a de cela six mois. » Une partie de moi, tenait absolument à savoir si elle était toujours mariée à Andréa. Si elle avait quelqu’un dans la vie ou si elle avait toujours espoir pour nous deux. Soudain, une pensée traversa mes esprits. Je rêve ou la présidente des sigmas était jalouse de moi et Aleyna. « Je veux être présent pour ma fille, je veux l’aimer, la protéger. Je veux être le meilleur père possible. » Mes paroles étaient très sincères. J’avais croisé le regard d’Esméralda, émotive. Je tenais Eleanore d’une main tandis que l’autre, cherchait refuge auprès de la main de la grecque.

ESMERALDA & DOMINICϟ « Watcha say ~ Jason Derulo » « I was so wrong for so long.Only tryin’ to please myself (myself). Girl, I was caught up in her lust. When I don’t really want no one else. So, no I know I should of treated you better. But me and you were meant to last forever. So let me in (let me in) give me another chance (another chance). To really be your man. Cause when the roof caved in and the truth came out. I just didn’t know what to do. But when I become a star we’ll be living so long. I’ll do anything for you. So tell me girl. »

Je n'étais pas en état d'entreprendre un quelconque débat sur le pourquoi du comment. Nos dernières entrevues s'étaient toutes soldées par une dispute, que ce soit au casino, à l'hôpital, chez lui le jour où je lui avais annoncé ma grossesse ou encore une fois à l'hôpital lorsqu'il s'était battu avec Andrea. Mon mari. Enfin, mon ex-mari. Nous nous étions quittés sur de bons termes avec ce dernier. Il était retourné auprès des siens et quelques temps plus tard, le divorce avait été annoncé. Je ne sais pas qui je devais remercier pour ce retournement de situation. Quoi qu'il en soit, je m'étais retrouvée à m'occuper de moi et de ma grossesse. La dernière fois qu'on s'était croisé avec Dom c'était au bal de fin d'année. J'ignorais tout de ce qu'était devenue sa vie ces derniers mois, aucun de nous deux ne s'était donné la peine de prendre des nouvelles de l'autre. A quoi cela aurait-il servi à part à nous faire encore plus de mal. Je ne comprenais pas comment on en était arrivé là. Au début de notre relation, on avait pourtant été sur la même longueur d'onde, la vie ne nous avait pas fait de cadeau et nos chemins s'étaient croisés pour ne plus se séparer. Seulement, les semaines et les mois avaient défilés et nous ne semblions plus avoir autant de points communs qu'on le pensait. Peut-être était-ce seulement un mauvais tour du destin. Je l'ignorais. Quoi qu'il en soit, on avait continué à avancer, chacun de notre côté. « Tu devrais te réveiller, c’est vrai que je n’ai pas été là pour te voir à l’œuvre mais, cette jolie petite créature en est la preuve de ton travail acharné. » Je posais mon regard sur le père de mon enfant, un sourire au coin des lèvres. « Merci... » Lui lançais-je du bout des lèvres. « Merci d'être venue! » Il était venue pour sa fille malgré nos derniers échanges, malgré notre situation et je ne pouvais que le remercier de tout cela. Même si nos problèmes n'étaient pas réglés, je ne me faisais aucun souci sur son rôle de père. Il sera là pour elle, j'en était certaine. J'espérais réellement qu'il fasse partie de sa vie, qu'il ne se sente pas mis à l'écart après ce qui s'était passé entre nous. Parler d'Aleyna faisait remonter à la surface certains sentiments que j'aurais préféré enterrer à tout jamais. Mais, je ne pouvais pas faire comme si de rien n'était, comme si cela ne m'avait pas blessé. Je ne voulais en faire toute une histoire mais, les choses étaient encore trop récentes pour moi pour que je passe outre mes sentiments. Seulement, ce n'était ni le moment, ni l'endroit pour régler nos comptes. Au lieu de cela, je gardais le silence, pensant à notre relation, regardant ma fille dans les bras de son père. Ce rôle lui allait tellement bien. Le passage éclair du médecin avait soulevé plus de questions que je ne l'aurais souhaité. Je le voyais au visage de Dom qu'il se posait des questions mais, il n'en fit rien. Je le remerciais pour cela, je n'étais pas sûr d'avoir la force de tout lui expliquer. En arrivant à l'hôpital, quelques heures plus tôt, j'avais dit la vérité à Aleyna quand à ma maladie, je le lui devais, elle avait été tellement adorable avec moi tout au long qu'elle méritait de savoir la vérité. Je savais que Dominic aussi avait le droit de savoir, ne serait-ce que pour le bien être d'Eleanore mais, je n'étais pas encore prête à le faire. « Tu as eu raison de le faire...Tu avais besoin de prendre soin de toi...Et ça va mieux maintenant? » L'homme dont j'avais fait la connaissance avait changé le jour où ses parents avaient disparu. Je pouvais aisément le comprendre, j'y connaissais un rayon sur la question. Mais, j'aurais préféré qu'il se confie à moi, qu'il me laisse l'aider à traverser cette mauvaise passe. D'un autre côté, j'avais, moi-même, pris le même chemin à l'époque où j'avais perdu ma mère. C'était le seul moyen que j'avais trouvé pour supporter toute cette douleur et toute cette souffrance. Je supposais qu'il en avait fait de même. Je sentis sa main sur la mienne et je la serrais sans même m'en rendre compte. « Je n'avais pas l'intention de t'empêcher de la voir...C'est ta fille et j'espérais sincèrement que malgré tout ce qui s'est passé entre nous, tu ferais partie de sa vie... » Je n'attendais rien de lui à part sa présence dans la vie d'Eleanore. Je ne savais que trop bien ce que l'absence d'un père pouvais signifiait et si je pouvais éviter cela à ma petite princesse, je le ferais sans la moindre hésitation. Elle était ma priorité, elle l'était devenue à la seconde où j'avais su que j'attendais un enfant. « Ce n'est surement pas le bon moment mais, je ne pense pas qu'il y en est...On va devoir parler de tout ça, tôt ou tard...Et si ce n'est pas pour nous, on va devoir le faire pour elle... » Mon regard quitta le visage de mon ex pour se poser sur celui de notre fille, toujours bien calée dans les bras de son père, ignorant tout de ce qui se passait autour d'elle.