Suivant Remy dans sa quête désespérée de la sortie du club, je me disait que finalement je n'avais pas raté ma soirée autant que je le pensais, au final je me retrouvais avec une nouvelle amie, une nouvelle alliée dans la folle aventure qu'était la recherche de ma confiance en moi, envolée depuis maintenant quelques mois. Elle était d'un grand secours, cette fille avait le don de m’énerver au plus haut point lorsqu'elle prenait son air de madame je sais tout qui la rendait presque hautaine et imbue d'elle même. En dehors de ça, elle ne faisait que marquer de bons points lorsqu'elle lisait en moi comme dans un livre ouvert, et cela faisait du bien de ne pas perdre son temps pour une fois à expliquer comment je me sentais, car elle aussi devait ressentir probablement les mêmes choses. Une fois à l'extérieur je cherchais difficilement à sortir mes cigarettes de ma poche, une petite habitude que j'avais prise il y a de cela quelques semaines, on disait que ça aidait à déstresser et à mieux dormir mais en réalité ce n'était qu'un attrape nigaud désigné à nous empoisonner la vie et nous soutirer de l'argent bien aisément. Bref, je pris un de ces petits tubes de tabac que je portais à ma bouche avant de sortir mon zippo que j'allumais élégamment, allumant ma clope un air blasé sur le visage et gardant toujours un oeil sur Remy qui semblait bien décidée à m'aider quoi qu'il en coûte. Tu sais c'est pas grave de toute façon cette fille n'était pas vraiment mon type, je ne voulais pas perdre trop de temps sur une espèce de chaudasse alors qu'elle est déja prise par un abruti au tour de bras plus gros que son QI. Je lui fis un léger sourire avant de recommencer à marcher en direction de la bonne odeur de saucisse grillée et d'oignon qui venait d'un peu plus loin et qui me donnait déja l'eau à la bouche rien que d'y penser. J'étais dans un de ces moments où je ressentais comme un vide au plus profond de moi et que je me laissais simplement guider par mes pas, pouvant presque entendre le contact de la semelle de mes chaussures avec le pavé du trottoir, un autre monde oui... Et tu es un peu trop dure avec nous même, nous avons tellement bu ce soir que j'aurais pu finir dans le lit du gros baraqué au lieu de celui de la fille, sans même m'en apercevoir alors voyons ça plutôt comme un échec mais... réussi ! Je riais avant fermer les yeux pour me laisser guider par mon nez et mon estomac lorsque soudain je me pris évidemment un réverbère qui traînait justement là en plein milieu du trottoir, non mais franchement qu'est ce qu'il faisait là à cette heure de la nuit, je restais un instant à l'insulter de tous les nom, posant ma main sur mon front qui me faisait atrocement souffrir avant de me rendre compte qu'il ne s'agissait pas d'un objet vivant et que j'étais bel et bien le con qui avait foncé dedans la tête la première. Merci de ne pas te moquer de moi, je crois que ce soir j'atteins les sommets de la débilité. Je roulais des yeux avant de me raccrocher à la surface la plus proche, le comptoir de la petite caravane qui vendait des hot dogs et des burgers en tout genre, je pris donc le soin de commander un énorme double cheeseburger avec tous les légumes possibles et imaginables dedans ainsi que des frites. Vas y tu peux y aller, c'est moi qui t'invite, à défaut d'être le pire des dragueurs je suis tout de même un gentleman. Je sortis difficilement un billet de 20 dollars pour tout payer et le mec nous remercia bien vivement de l'avoir réveillé car il fallait avouer que ce soir ce n'était pas foule. Je me dirigeais alors vers un banc qui se trouvait non loin de là accompagné de mes fidèles amies, la honte, la déception et l'amertume... ah oui et Rémy évidemment. Elle semblait assez fière de son boulot d'entremetteuse mais si au final ça n'avait pas eu l'effet escompté, pourtant j'étais toujours aussi fasciné par elle et plus le temps passait plus j'avais envie de mieux la connaître, sans devoir préciser qu'avec l'état avancé d'ébriété dans lequel j'étais j'avais très envie de finir au lit mais pas vraiment pour dormir si vous voyez ce que je veux dire... En tout cas je suis content que tu ais réussi à me faire sortir de mon bad trip en me faisant danser et en me faisant aller draguer cette idiote, merci c'est vraiment cool de ta part, maintenant je me sens comme si je t'en devais une. Je riais en croquant dans mon repas bien mérité, après ça peut etre que les effets de l'alcool finiraient par s'estomper un peu, ou pas d'ailleurs...

Ce que j'aime avec toi c'est que tu sais trouver les mots pour me réconforter dis-je avec ironie. Mais bon c'était sympa de me renvoyer dans l'arène, ça faisait longtemps que je n'avais pas juste tenté de draguer une fille dans un bar et j'avoue que c'était plutôt drôle de me rendre compte par moi-même que j'étais vraiment un gros naze dans ce domaine. Je souriais avant de prendre le hot dog que le vendeur me tendait, j'avais une faim de loup et je supposais que cela venait du taux élevé de gramme d'alcool que j'avais dans le sang en ce moment, même si avec le temps, les effets de ce liquide infâme venaient à s'estomper. J'aimais le sentiment que cela me donnait, j'avais l'impression de pouvoir faire tout ce que je voulais, d'être le roi du monde, malheureusement c'était loin d'être le cas et ce râteau permanent que je me prenais avec Remy était une bonne piqûre de rappel. Je la trouvais vraiment cool et même si je ne couchais pas avec elle ce soir, je voulais au moins rester son ami, voire plus dans l'avenir qui sait ? Enfin l'essentiel était que ce soir je n'étais pas une fois de plus en train d'errer dans les rues tout seul à la recherche d'un taxi pour me ramener à la résidence où je me retrouverais à nouveau tout seul dans une chambre vide, avec une vie encore plus vide de sens. Cela pouvait paraître un brin fataliste, mais j'en étais arrivé à la conclusion que j'avais vécu le plus important de ma vie maintenant et que je ne risquais pas de faire mieux que ça dans l'avenir. J'avais mon argent, j'avais eu mes relations amoureuses, intenses, vraies mais aussi chaotiques sur la fin et maintenant je me retrouvais au point de non retour où je devais décider ce que j'allais devenir. J'aurais pu siéger au poste de PDG de l'entreprise de forage de pétrole que mes parents avaient laissé derrière eux mais étais-ce vraiment ce que je voulais ? J'avais toujours été attiré par la politique, la défense de mes idées, le bien être des autres et à quel point je pouvais influer sur ça, pourquoi devrais-je changer ma voie ? Je soupirais tandis que la jeune femme me sortait de mes élucubrations. Tu sais en général quand on t'offre un cadeau la moindre des choses est de l'accepter et de le dévorer. Je profitais d'un moment d’inattention pour lui écraser pratiquement le hot dog qu'elle portait tant bien que mal à sa bouche, ce qui donnait l'effet de lui avoir étalé de la sauce un peu partout sur le visage. Je suis désolé, c'est pas ma faute, j'ai glissé tu vois mais tu peux toujours te consoler en te disant que ça t'en fera moins dans l'estomac. Un petit clin d'oeil accompagné d'un air innocent venait conclure ma petite blague qui ne semblait pas la faire bien rire même si c'était au final hilarant pour moi après toutes les merdes que je m'étais pris ce soir, entre le poteau et la fille inutile, je décrochais la palme du mec le plus pathétique au monde. Malgré tout ce qui se passait maintenant dans ma vie, je pouvais enfin recommencer du bon pied, essayer de me remettre sur pied en cours, mais aussi dans ma vie amoureuse car si j’avais pu apprendre une chose avec Rémy ce soir c’était que tout n’était pas perdu pour moi, je n’étais pas encore ce cas desespéré, ce déchet en décomposition que je pensais être avant d’entrer dans ce bar. Je pris donc mon courage à deux mains pour finalement venir déposer un baiser sur les lèvres de la jeune fille, rapide, simple mais efficace. Désolé, je sais que tu as été claire sur ce point, mais tu as été tellement cool avec moi ce soir, tu m’as aidé à dépasser ce qui me faisais le plus peur depuis je ne sais combien de mois alors je me devais au moins de tenter ma chance pour te voler un baiser, même si ça doit être le seul que j’aurai, ça me suffit amplement. Je la regardais avec un léger sourire, baissant la tête comme un enfant pris en flagrant délit de vol de bonbons alors qu’on lui avait interdit d’en manger. Je n’osais plus rien faire, je finissais mon hot dog tranquillement jetant un œil autour de moi pour voir si quelque chose aurait pu me sauver mais apparemment personne n’était encore debout à cette heure, et les gens de la boites n’étaient pas prêts de sortir non plus de leur côté si bien que je n’avais plus qu’à attendre la fatidique sentence qu’elle m’imposerait. Gifle ou pas gifle ? Un autre baiser ? Un éclat de rire ? Quelque chose au moins…

Dans ma tentative désespéré de jouer les humoristes j'avais oublié une chose, la seule raison pour laquelle j'étais sorti ce soir c'était pour me trouver une fille, peut etre pas un coup d'un soir, mais j'avais besoin de ressentir cette présence, sentir cette bonne odeur de parfum qui enivre et vous donne envie de prendre ce petit bout de femme dans vos bras. Je me rendais compte que mon mode de vie ne me suffisait plus et que j'avais vraiment besoin de me remettre dans le bain des relations, s'en était maintenant terminé des histoires d'une nuit et des ivresses quotidiennes. Je me disais bien que la soirée se terminerait ainsi de toute façon, mais tu m'as aidé à comprendre que je n'étais vraiment plus fait pour les histoires courtes maintenant et que j'avais besoin de me poser avec une fille qui puisse m'aimer comme je suis et pas comme celui que je devrais paraître être. Merci vraiment tu es quelqu'un de géniale et je suis persuadé que tu vas trouver ton bad boy quelque part, de préférence un qui soit pas un gros abruti. Je me mis à rire même si je savais que je n'étais plus vraiment atteint par les effets de l'alcool après ce bol d'air et un hot dog à mon actif, j'aimais la sensation de liberté que le poids qu'elle avait retiré de mon coeur me procurait. Je pouvais enfin fièrement dire que j'allais reprendre ma vie en main, car toute les fois précédents cela me semblait plutôt être un mensonge à moi même qu'une résolution. Je jetais un regard innocent à Remy, je je voulais pas la laisser rentrer chez elle toute seule, surtout en sachant qu'elle devait encore être un peu amochée, mais j'avais comme qui dirait un besoin de me retrouver seul pour le moment, de marcher, marcher et encore marcher pour désaouler tout d'abord et ensuite pour réfléchir. J'ai été vraiment content de passer cette soirée avec toi, j'espère qu'on se reverra bientôt, en attendant tu devrais prendre un taxi pour rentrer,ça doit être un des derniers qui passera ce soir d'ailleurs. Je pris la peine de toquer à la vitre du chauffeur lui donnant 50 dollars en lui disant d'amener Remy où elle voulait. Je revins ensuite vers elle pour la prendre dans mes bras un instant, elle devait trouver ça probablement trop niais ou même stupide mais je me laissais prendre au jeu malgré tout. Rentre bien, et essaie de passer une bonne nuit, on se verra sur le campus, je te ferai l'honneur de l'exclusivité de mes frasques et déboires amoureux. Je lui fis un petit clin d'oeil tandis que je refermais la porte du taxi sur elle et que celui-ci s'en allait maintenant au loin. Il était temps pour moi de rentrer également, je ne voulais pas dormir seul ce soir, mais je devais me résoudre à l'idée que la quête de la femme parfaite serait encore longue et semée d’embûche et en attendant, il me suffisait de prendre mon mal en patience.