Au loin, la ville de San Francisco commençait à se dessiner à travers les arbres qui bordaient le côté droit de la route. Alors que j'étais dans la pénombre la plus totale, ce qui pouvait s'avérer dangereux en sachant qu'à trois mètres sur ma gauche se tenait une falaise dont je ne voulais certainement pas me rapprocher, la ville était encore totalement illuminée, malgré l'heure tardive. L'écran de ma Mini affichait minuit moins le quart. Super, je conduisais depuis presque huit heures maintenant, et je n'étais toujours pas arrivée. Mais qu'est-ce qu'il m'avait pris de vouloir me rendre à Los Angeles en voiture ? J'aurais très bien pu demander à mon père de me prêter son jet le temps de deux voyages. Mais non. J'avais choisi le moyen de transport le plus lent disponible. Il était vrai que j'aimais conduire, surtout depuis que j'avais mon petit véhicule adoré que j'avais payé avec mes propres sous, après avoir défilé pour plusieurs créateurs que je connaissais bien, mais à cette hauteur de la soirée, je commençais à regretter les sièges en velours de l'avion de mon père. Qui plus est, l'air s'était rafraîchit depuis la tombée de la nuit, et je ne portais qu'un simple gilet fin en cachemire, qui ne me tenait décidément pas au chaud. C'était donc d'un geste rapide que j'appuyai fortement sur le bouton destiné à fermer la fenêtre, qui se releva doucement, comme si elle prenait plaisir à me voir congelée.
Soudain, je sentis ma voiture ralentir d'un coup, jusqu'à s'arrêter complètement. Ok, on ne panique pas ... tentai-je de me rassurer, vainement. C'était avec une moue inquiète sur le visage que je vérifiais le niveau d'essence et constatais qu'il en restait suffisamment pour que je décide de faire demi tour et retourner à Beverly Hills. Bon. Le problème venait donc d'autre part. Mais où ? La batterie semblait fonctionner, puisque la radio était toujours en marche. Je tentai alors de redémarrer ma Mini car, sait-on jamais, peut-être qu'elle allait miraculeusement s'allumer et se mettre à avancer comme s'il ne s'était rien passé. Mais non. Au lieu de ça, j'eus droit à un bruit sourd provenant du capot. Ce n'était pas bon signe. Tout en bougonnant, je sortis de ma petite auto, pour me diriger vers l'origine du son qui m'avait, bien entendu, inquiétée. Une fois face à la voiture, je réalisai que je ne savais pas comment soulever le capot. On reste calme ... Je scrutai les environs, mais rien, personne, pas âme qui vive. J'allais devoir me débrouiller toute seule. Ou bien appeler quelqu'un pour qu'il vienne m'aider. Je devais être à quarante minutes de San Francisco, donc peut-être que si j'appelais une de mes meilleures amies, elle serait là d'ici une heure. Mouais, non. Il faisait bien trop froid pour que j'attende aussi longtemps. J'étais en jupe, après tout. Je retournai donc dans ma Mini, ouvris la boîte à gant, à la recherche du manuel, mais rien, juste les papiers du véhicule, une paire de lunettes de soleil, un vieux BlackBerry que j'avais jeté dans la mer, puis que j'avais tenté de sauver, inutilement, et une trousse de maquillage. J'étudiai alors attentivement tous les boutons du tableau de bord, mais aucun ne semblait servir à ce dont j'avais besoin. Génial. Je poussai un long soupir, puis me mis à contempler le peu de San Francisco que je pouvais apercevoir de là ou j'étais. Quelle chance j'avais. Il était minuit, j'étais seule au milieu de nul part, j'avais cours le lendemain à neuf heures ... Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. D'une main lasse, j'attrapai mon sac et en sortis mon iPhone, que je déverrouillai à l'aide de mon pouce, puis composai le numéro de Cassandra, ma meilleure amie. Sans attendre, je le posai contre mon oreille, puis entendis, à mon plus grand malheur, deux longues tonalités. Je jetai un rapide coup d’œil à l'écran : pas de réseau. De mieux en mieux. C'est alors que je crus percevoir, dans mon rétroviseur, deux points lumineux, au loin, se rapprocher de moi. Hallelujah ! Sans hésiter un instant, je sortis de la voiture, et me postai au milieu de la route, en bougeant les bras. Il n'allait pas pouvoir passer, à moins qu'il n'ait l'envie de me renverser. Espérons que non.
Debout, entre les deux voies, j'étais impatiente de voir le visage de mon futur sauveur. Ou sauveuse, qu'importe. Mon coeur tambourinait dans ma poitrine, je tapais du pied ... J'allais enfin pouvoir rentrer chez moi. Sauf que voilà. Le 4x4 - j'étais pourtant sure que son conducteur m'avait aperçue - ne ralentit pas. Pas du tout. Dix mètres. Neuf mètres. Huit mètres. Sous le choc, je me décalais au dernier moment, juste suffisamment pour que le véhicule passe en trombe tout près de moi.

- Connard ! criai-je, outrée.

Il aurait pu me renverser ! Je remarquai alors qu'il conduisait en zigzag, ce qui indiquait qu'il était sans aucun doute complètement bourré. Mais tout de même. La moindre des choses aurait été de s'arrêter et de s'inquiéter de ce que je faisais ici, toute seule, la nuit, au beau milieu de nul part, qu'importe l'état mental dans lequel il se trouvait. Les jambes flageolantes - eh oui, se faire foncer dessus par un 4x4 était une expérience assez effrayante - je vins me rasseoir sur mon siège conducteur, mais laissai cette fois la portière ouverte, afin que le prochain véhicule qui passait par là, si toutefois son conducteur était un minimum civilisé, comprenne que j'étais tombée en panne, ou tout du moins que j'avais un problème.

Heather Ҩ Erwan

« Call 911, now ! »

Parfois, je ressens un fort besoin d'évasions. Une envie de partir loin de San Francisco, de me retrouver un peu seul, au calme. Sans boulot, sans travaille scolaire, sans rien. Seulement moi, ma voiture et les routes desserte de Californie, direction Los Angeles. C'est une ville qui malgré toutes les grandes agglomérations est remplie de petits endroits de nature juste merveilleux. C'est donc là-bas que j'avais passé toute mon après midi. Au bord d'une cascade. L'eau était chaude et l'endroit désert malgré sa beauté. Ce lieu, je l'ai découvert par Melvina. Oui, tout dans ma vie ce rapporte à elle. Tout me fais penser à elle. Du poster de "The cure" accroché dans ma chambre jusqu'à cet endroit de paradis en passant bien sûr par la couleur des murs de ma chambre que mon père à garder dans notre ancienne maison. Elle avait insisté pour que l'on repeigne les murs en gris clair, car c'était sa couleur préférée. Tous ses petits caprices me manquent. Il y a tans de choses qu'elle n'a pas eu la chance de voir ici, avec moi. La vie me l'a enlevé trop tôt et beaucoup trop brutalement. Au départ, je voulais absolument la rejoindre. Etre heureux avec elle de là-haut. Je voulais la protéger, mais je n'est pas même était capable de la retenir...Souvent, je me dis que si j'avais réagi différemment aujourd'hui elle serait assise à mes côtés dans cette voiture, en train de critiquer une chanson, une voiture, ou n'importe quoi, toujours avec son petit air de fille innocente. Elle avait toujours eu ce dons pour faire en sorte qu'on ne la tienne jamais responsable de rien. Ce petit sourire coquin, son regard espiègle, sa tête d'ange, son rire de poupée...Oui, si je n'avais pas été aussi concentré dans mes cours, si j'avais quitté la bibliothèque une toute petite heure plutôt, elle serait toujours là... On ne revient pas sur le passé, c'est ce qu'on dit. Mais certaines erreurs sont trop dures à oublier. Je m'en voulais, beaucoup. Elle avait pris cette voiture, pour me rejoindre alors que c'était à moi de le faire, à moi de m'excuser. Et aujourd'hui je n'aurais plus jamais l'occasion de le lui dire.
Le moteur de ma voiture ronronne, je n'ai pas l'habitude de la pousser autant. Cela dit, je suis seul sur la route, j'aurais tort de m'en priver. C'est alors que je vis sur le côté de la route, une ombre. Je ralentis. C'est fou comme depuis l'accident de Mel' j'ai sans cesse peur de revivre la scène lorsque je vois une voiture près d'un fossé... Cela dit, la situation n'a pas l'air d'être similaire cette fois. Une mini cooper était arrêtée sur le bas côté la portière avant côté chauffeur était ouverte. Je m'arrête donc juste derrière et sorti de ma propre voiture. « Besoin d'un coup de main ? » Beaucoup de personnes ne se serais pas arrêté. Le monde est bien trop égoïste pour ça. Mais comment en vouloir, tellement de fous se trouvent sur cette terre. Il faut bien quelques âmes généreuses comme moi pour essayer de changer tout ça. Du moins pour essayer de ne pas augmenter le niveaux de conneries humaines.