Tic tac, tic tac, tic tac, bordel ce bruit va me faire péter un câble. Assis sur ma chaise dans la salle de tutorat, je n'écoute que d'une oreille cet alpha à la coupe de Justin Bieber me raconter comment a+b = x. A la limite je préfère écouter parler un chinois, je crois que je le comprendrais d'avantage. Mon coude droit en appuie sur le rebord de la table, je garde ma tête en appuie sur ma main et affiche un air dépité, blasée, déprimé bref, tout ce que qui ne rime pas avec joie. Si j'avais la capacité de convertir les objets par la pensée, je pense que j'aurai transformé ce merveilleux crayon en papier en flingue et me serais tiré une balle dans le crane. Trouvant le blahblah de mon professeur en herbe parfaitement inintéressant, je jète quelques coups d'oeil furtifs vers ma droite et ma gauche. Visiblement je ne suis pas le seul à m'emmerder ici, c'est toujours ca de gagné. « Andreas, tu m'écoutes ? » Me lance le blondinet après avoir agité sa main sous mes yeux. « Hein ? » Répliquais-je bêtement. « Visiblement non. » Dit-il en soupirant. Ma patience ayant ses limites – qui au passage ne sont pas franchement élevées – je m'affale dans le fond de ma chaise tout en croisant les bras et en affichant par la même occasion, cette moue enfantine que je sais si bien faire avec ma bouche. « Je m'emmerde et ce que tu me racontes m'est parfaitement égal. » Dis-je sur un ton calme mais qui se veut sec. Dans la foulée je passe une main dans la poche de ma veste et regarde l'heure sur mon cellulaire. Il est dix-huit heures trente et j'ai très franchement autre chose à foutre que de glander encore ici. D'un geste vif, je me lève de ma chaise et attrape mon sac, tout ca sous les yeux surpris de Justin Bieber numéro deux, qui me fixe d'un air complètement ahuri. « Désolé, c'est pas contre toi, t'as l'air cool, mais j'en ai strictement rien à branler de tes exercices de je ne sais trop quoi alors...BOUJOU ! » M'exclamais-je avec un large sourire avant de quitter la salle. Non mais sans déconner, je n'avais pas DU TOUT besoin que quelqu'un vienne m'aider à faire mes devoirs ou me soutienne dans les cours. A vingt-deux ans je pense être suffisamment grand pour gérer ca. J'avais bien réussi à m'occuper de mon fils – paix à son âme – alors les cours c'était de la rigolade à coté. Mais non, il avait fallu que cet abruti de proviseur décide que les alphas devaient venir en aide aux gammas. Voilà ce que j'en fais de son aide moi, je lui pisse dessus ! Une fois à l'extérieur de l'établissement je sors mon paquet de clopes – la base – et m'en allume une. Etant donné que je suis quelqu'un de très très nerveux, il vaut mieux que je me détende à l'aide de la nicotine au risque de déclencher l'apocalypse si quelqu'un à le malheur de croiser ma route lorsque je suis à bout de nerfs. Après quelques taffes tirées, je me décide à prendre la route afin de rentrer chez moi. […] Je m'emmerde deuxième partie. Il n'y a vraiment rien de plus chiant que de ne pas savoir quoi faire de ses dix doigts. Bon j'aurai pu occuper ces dernier à l'aide de ma console mais à force d'y jouer je crois bien m'être foulé le pouce. Avachi entre les coussins du canapé, je m'amuse à faire voler la télécommande de mon écran plasma avant de la rattraper. Bon bon bon...Que faire ? Machinalement je saisis mon cellulaire planqué sous les coussins et clique sur une touche avant de faire dérouler tout le répertoire. Soudain, des lettres pixelisées attirent mon attention. Indianna, pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tot ? Ravis je lui envoie un bref message.

Citation :

« Hey Blondie, je passe te chercher dans quinze minutes, fais toi belle pour une fois ;p »

Une fois l'accusé de réception reçu, je lève ma carcasse tatouée du canapé, prend mes clefs, mes cigarettes, fourre le tout dans les poches de mon blouson et quitte mon domicile direction le campus. Bon, le temps est un peu merdique, j'ai l'impression que l'on va se prendre une averse sur la gueule. D'un pas tranquille je déambule dans les allées du campus direction la maison des Iotas. Je connaissais bien la demeure étant donné que j'avais pas mal d'amis y habitant. Je donne un coup sur la porte d'entrée et la jolie Aislynn m'ouvre la porte avec cet éternel air ravi qu'elle a aux lèvres. Je la salue et file à l'étage, direction les chambres. Y'a pas à dire on est bien chez les Iotas ici. Tout est clean, pas un truc qui traine – tout du moins c'est vraiment soft comparé à la maison gamma qui ressemble à un No Mans Land. Vingt-trois heures et personne qui traine dans les couloirs. J'en profite alors pour faire un petit pas de danse à la Michael Jackson – paix à son ame – tout en chantonnant quelques paroles. Faisant un tour sur moi-même ultra contrôlé – et ultra chorégraphique mine de rien – j'atterris pile devant la chambre d'Indianna. Je donne alors quelques coups sur la porte en bois. « ALLEZ LA VIEILLE SORT DE TON TROU TU VAS MOISIR SINON ! » Criais-je à travers la porte au cas où elle ne m'aurait pas entendu.