the great escape
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« Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. »

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MessageSujet: « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » EmptyMar 10 Juil - 21:28

« Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » Tumblr_m6x7mrWjjs1raq4bco1_400

Cela faisait environ une semaine que Léo Sinclair avait élu domicile chez James O'Malley, soigneusement surveillé par Kilian, son tuteur officiel en attendant qu'il ait enfin la famille d'accueil la plus parfaite qui soit. Ce petit bout la méritait plus qu'aucun enfant qu'il connaissait étant donné la misère dangereuse de laquelle Juno et lui l'avaient tiré. En parlant d'elle, devinez qui avait également élu domicile au château O'Malley ? Juno elle-même. Lorsque James lui avait annoncé la nouvelle, on avait pu voir l'ombre d'un sourire se dessiner au bout des lèvres du Breton qui n'avait pas manqué de remercier le milliardaire pour son offre, malgré les griefs que Juno et lui pouvaient entretenir par moments. Depuis que Randy l'avait abandonnée, Kilian louait une seule chose : la période des vacances scolaires. Ne plus avoir à se soucier des cours lui laissait donc le temps nécessaire pour partager soigneusement ses journées entre Léo, Vraona, son Poussin, Elina lorsqu'elle en avait besoin depuis ce qui s'était produit avec ses parents… Dans un sens, Kilian n'avait pas énormément de temps pour lui, trop occupé à courir à droite et à gauche pour faciliter la vie de tout le monde. Cependant, pas une seule fois on l'avait entendu se plaindre ou demander quoique ce soit en retour. Se sentir utile, voilà un sentiment qu'il appréciait sans pour autant le laisser paraître. Ses grands-parents l'avaient élevé pour en faire un jeune homme qui, malgré les apparences, était d'une générosité hors normes pour les rares amis qu'il acceptait dans son cercle restreint. Ils se comptaient sur les doigts de la main, mais Kilian était prêt à se rompre de fatigue pour leur faciliter la vie. Du coup, apprendre que Juno vivrait à seulement dix mètres de lui pendant un moment, cela le soulagea d'un poids. A plus forte raison qu'elle pourrait s'occuper autant que lui de leur petit Poussin junior, cela lui ferait un excellent entraînement avant l'arrivée de Lizzie.

Aujourd'hui, neuf heures au château O'Malley. "Alfred, vous allez me rendre ce bébé immédiatement. Si vous en voulez un, vous n'avez qu'à aller vous trouver une ravissante épouse." grogna Kilian sur un ton mauvais. La guerre était toujours au goût du jour avec le majordome de la demeure, mais pas pour les tâches ménagères, cette fois. Ni pour la cuisine. Du moment où le Sigma avait ramené ce petit bout de chou, Alfred tentait par tous les moyens de s'en occuper à son tour, sans doute pour retrouver les sensations qu'il avait éprouvé en s'occupant de Louna lorsque James était indisponible. Malheureusement pour lui, il y avait un obstacle de taille : Kilian Salaun. Jaloux comme un tigre dès que quelqu'un posait la main sur Léo - avec ou sans son consentement - il ne tardait jamais à montrer les dents et gronder jusqu'à temps que la pauvre personne qui se trouverait en face de lui concède à lui redonner l'enfant. "Bien, parfait, gardez-le. Ca va me permettre d'aller faire un tour en cuisine : ce soir, c'est moi qui prépare le dîner." Talon d'Achille d'Alfred : la cuisine. SON territoire. Il se plaça devant lui pour tenter de lui barrer le passage mais le Breton n'avait qu'à faire un pas pour conquérir cette fameuse cuisine… "Eh bien voilà… vous voyez qu'on arrive à s'entendre, quand vous faites un petit effort. Non, vous ne lui donnerez pas le prochain biberon. Attention, la prochaine fois que vous me piquez Léo en douce, je vous mords." l'avertit le fils Salaun en repartant avec son petit Poussin junior dans les bras. Le pire, dans l'histoire ? C'est qu'il en était parfaitement capable.
Il grimpa les escaliers en s'amusant à faire quelques grimaces qui firent rire le bébé. Ce son charmait Kilian plus qu'aucun autre, il en devenait de plus en plus dingue, de ce petit bonhomme. Il toqua à la porte de Juno puis rentra. Depuis qu'elle était ici, le château avait un peu des allures de pensionnat. Fait amusant quand on connait le peu de sociabilité de Kilian qui avait précisément évité de prendre une chambre à Berkeley de peur de devoir partager son espace personnel avec quelqu'un d'autre. "Poussin, c'est l'heure de donner son biberon à Léo ! J'ai déjà dû me battre avec le simili-Niles… c'est qu'il est encore coriace pour son…" Lorsqu'il rentra, il aperçut la présidente des Gammas sur son lit, un ordinateur portable sur les genoux. Et sa mine faussement innocente ne le trompa nullement. "Qu'est-ce que tu étais en train de faire ?" Suspicieux ? Oui, à 200%. Disons que sa façon de s'occuper de Juno, c'était aussi de la fliquer pour éviter qu'elle fasse la moindre bêtise. Un colonel d'armée serait moins rigoureux que le fils Salaun. "Montres-moi ça, un peu…" dit-il en approchant du lit tout en regardant l'ordinateur, posant Léo dans son berceau au passage.
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MessageSujet: Re: « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » EmptyMer 11 Juil - 18:00


    Il était complètement incroyable d’imaginer que Juno ait pu accepter la généreuse proposition de James. Fallait-il qu’elle n’ait vraiment aucun autre choix… D’ordinaire, vivre dans une caravane, « à la dure », ne la dérangeait pas outre mesure, mais depuis qu’elle avait entamé son neuvième mois de grossesse, la jolie brunette peinait ne serait-ce que pour montrer les quelques marches nécessaires pour atteindre l’entrée de son antre. Hélas, elle n’était pas là depuis deux jours que déjà, l’envie de commettre l’irréparable la titillait déjà. Bien sûr qu’elle ne reprendrait pas sa moto alors qu’elle se trouvait dans l’incapacité pleine et entière de la conduire ; bien sûr qu’elle n’irait pas non plus jusqu’à provoquer un malfrat afin de se provoquer des sueurs froides, ou encore boire de l’alcool ou même consommer des substances illicites. Mais ce fil d’or qui la retenait réellement à cette existence futile, c’était Lizzie. Sans elle, il y a belle lurette que l’envie de foncer à pleine vitesse à bord de sa moto l’aurait titillée, jusqu’à ce qu’elle ne craque et ne provoque un accident. Juno ne voulait pas heurter qui que ce soit. La seule personne dont elle voulait faire cesser les souffrances, c’est elle. La jeune femme se sentait retenue dans un monde qu’elle ne comprenait plus, peuplé d’humains dont la logique lui échappait plus que de raison et avec lesquels elle n’avait strictement aucun atome crochu. Chez James, on évitait de la contrarier, et pour se faire, même le majordome faisait des concessions : il la laissait errer dans sa cuisine aussi longtemps qu’elle en ressentait le besoin, ne lui donnant un coup de main qu’en cas d’extrême urgence. Et ses jours défilaient sur le calendrier sans avoir la moindre prise sur sa personne ou même sa tristesse. Juno se sentait vide, et son existence semblait dépourvue de tout sens. Même s’occupe de Léo ne lui redonnait guère le sourire que pendant quelques minutes, jusqu’à ce que Kilian ne prenne le relai et ne montre à quel point il ferait un père à la fois farouche et formidable. Au final, sa seule distraction restait de voir le majordome et le jeune homme se bouffer le nez au sujet du bébé, comme s’il fallait déterminer le temps de câlin à la minute près… Pourvu que Kilian en ait le double au final. Il ne supportait visiblement pas que son Poussin junior préféré soit touché par quelqu’un d’autre que lui ou, à la rigueur, Juno. Aujourd’hui ne faisait pas exception : les cris s’élevaient jusqu’à la chambre de la demoiselle, dont l’ébauche d’un sourire s’étira lentement pendant quelques secondes avant de ne laisser le champ libre à toute la concentration étant la sienne. Ordinateur portable sur les genoux, doigts tapotant à la vitesse de l’éclair sur le clavier, vous l’aurez deviné : son talent le plus notable avait fini par la rattraper. Mais comment lui jeter la pierre, alors qu’il semblait être le seul remède contre sa peine inconsolable ?

    « Je tapote juste des algorithmes, ça aide mon cerveau à rester éveillé » énonça Juno avec un tel aplomb que c’en était presque surprenant. Cette manière qu’elle avait de se défendre ne laissait strictement rien présager de bon : si elle n’était pas en train de trifouiller dans une base de données, à éprouver son talent sur des données hautement cryptées, jamais elle n’aurait fermé sa page actuelle ni clos son ordinateur portable une fois Kilian entré dans sa chambre. « Il faut bien que j’occupe mes journées… Je n’en peux plus de rester couchée, je deviens dingue ! Une chance qu’Alfred me laisse accéder à sa cuisine de temps en temps, sans quoi je deviendrais vraiment chèvre. Tu vas devenir suspicieux dès que je vais pianoter mon ordi, dois-je comprendre ? » Traduction à saisir : je vais me montrer beaucoup plus prudente à l’avenir et ne le toucher que lorsque tu dormiras, évidemment. Juno n’était pas la moitié d’une idiote et tenait à ne surtout pas se voir privée de son seul jouet… La chose qui à l’heure actuelle l’aidait à se sentir mieux, ne serait-ce qu’une petite heure. Impossible de réellement lui jeter la pierre, n’importe qui aurait pu réagir nettement plus mal dans sa situation. « Tu veux que je t’aide pour donner son biberon à Léo ? Bien que tu sois le champion du monde, il me semble que c’est mon tour. » Ils avaient instauré des sortes de règles, un peu ridicules au premier abord, mais qui leur permettait de se partager chaque tâche à la perfection. Kilian l’emmenait promener tout seul, en revanche, puisque Juno peinait à marcher plus de dix minutes d’à filée sans que Lizzie ne se mette à donner des coups de pied d’anthologie. En parlant de cela, d’ailleurs, elle venait justement de s’y mettre, poussant Juno à placer l’une de ses mains contre son ventre tout en poussant un léger râle de douleur. « Nom d’un chien !! Ca va Poussin, ça va, ne prends pas cet air affolé, je suis encore entière ! » s’exclama-t-elle tout en fermant les yeux. Il était temps qu’elle accouche… Pour ça aussi, elle était à la limite de péter une durite. « Alors dis-moi, ta visite était fortuite ou tu voulais vraiment que je lui donne le biberon ? » Juno ou je ne perds pas le nord, ni le sud, ni l’est et encore moins l’ouest, bonjour !


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MessageSujet: Re: « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » EmptySam 14 Juil - 21:53

« Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » Tumblr_m6x7mrWjjs1raq4bco1_400

Juste des algorithmes, sérieusement ? Alors pourquoi fermer son ordinateur ? "Et depuis quand ça te gêne que je vois ces fameux algorithmes ?" fit remarquer Kilian en croisant ses bras sur son torse, l'air toujours aussi fermé dans son visage plein d'amabilité cachée. Très bien cachée, même. Depuis que son Poussin était seule pour s'occuper à la fois d'elle-même et de Léo, il n'avait pas échappé au Breton qu'elle avait un caractère étrange. Colérique, mélancolique, absent, pétillant... d'une agitation extrême à l'encéphalogramme d'un mollusque, elle l'inquiétait. Ils n'avaient pas encore pu parler de l'épisode rupture dans la mesure où Kilian avait avant tout cherché à la distraire, lui faire comprendre dans un premier temps qu'il gérait tout ce qu'elle ne pouvait ou ne devait pas faire. S'il y avait besoin de quelqu'un pour aller lui chercher quelque chose, il n'y avait personne de plus rapide que lui. S'il y avait besoin de prendre un rendez-vous pour elle, il allait lui-même au rendez-vous pour lui épargner le moindre effort trop pénible. Certes, cela peut paraître un peu étouffant, mais c'était pour son bien. Number one en mode Poussin & futur parrain surprotecteur, j'ai nommé Kilian. Cependant, connaissant le caractère de la Gamma, il avait peur qu'elle se mette à refaire certaines bêtises juste pour avoir des montées d'adrénaline afin de sortir de cet état immobile dans lequel le milieu médical voulait la forcer à rester. Forcer Juno, c'est aller au devant d'une forte tête qui n'aime pas qu'on l'oblige à quoique ce soit, il en savait quelque chose... et malgré ses méthodes parfois un peu rustres et directes, le tout dosé par un sale caractère grognon, le Sigma s'arrangeait toujours pour enrober la future mère au maximum afin de ne pas la faire se sentir impotente. "Je deviendrais suspicieux si tu as encore l'occasion d'avoir un ordinateur sous les mains." Sous-entendez par là qu'il était près à lui cacher tous les ordinateurs possibles et imaginables pour lui passer l'envie de jouer les pirates numériques. Parce qu'il était convaincu que c'est ce qu'elle faisait avant qu'il ne débarque.

Ses traits durs et serrés se détendirent vers de l'angoisse subite en l'entendant se tordre de douleur. "Poussin ! Ca y est, ça commence ?!" Notre vaillant Salaun avait tendance à réagir au quart de tour à la moindre petite action de Lizzie dans le ventre de sa mère : sachant qu'elle rentrait dans son neuvième mois, elle pouvait accoucher d'un moment à l'autre. Et en cas de pépin, Kilian était déjà prêt pour l'emmener à l'hôpital le plus vite possible... il était même allé jusqu'à calculer et mémoriser le trajet le plus rapide depuis le château de James jusqu'au service maternité, trajet voiture-marche compris. Je sais, ça fait un peu flipper... mais c'est comme ça, il était attentif à tous les détails. "Tiens, assieds-toi sur le fauteuil, je vais te chercher le bestiau." lui dit-il en l'aidant délicatement à rejoindre le fameux fauteuil. Il lui tendit le biberon puis sortit Léo de son berceau en lui accordant le plus gaga des sourires. "Qui c'est qui va prendre son petit-déj', hein...? C'est mon gros lion, oui c'est toi..." Ou comment voir un grincheux de vingt balais se métamorphoser en guimauve de 8 ans d'âge mental en moins de dix secondes. Il remit le poupon, tout souriant lui aussi, dans les bras de sa tutrice et s'installa face à eux pour les regarder. Et un peu pour les surveiller, c'est pas faux. Une vraie sangsue, notre artiste. "En fait, j'aurais aimé qu'on parle un peu, tous les deux... Et enlèves-moi ce sourire à la con, je sais que c'est surprenant vu que je ne suis pas bavard." l'interrompit-il en lui adressant un regard sévère, sentant venir la réplique ironique de son Poussin préféré. Même dans des moments comme celui-ci, elle ne perdait rien de sa verve triomphante, toujours prête à repousser plus loin les limites de la répartie.

Kilian poussa un soupir puis s'adossa complètement contre son fauteuil en passant une main dans ses cheveux courts en bataille, ne sachant trop comment s'y prendre dans la mesure où il n'était pas du genre expressif. "Voilà... pour être honnête, tu m'inquiètes un peu. Il y a des moments où je te regardes et tu as l'air ailleurs. Malheureuse. Je sais, c'est normal que tu sois dans un état pareil après ce qui t'est tombé dessus sans prévenir, mais j'aurais quand même aimé que tu me racontes ce qui s'est passé." C'est dit. Sous ses airs bourrus, il était inquiet. Soit elle allait trouver soit adorable, soit ça allait l'agacer. Franchement, il n'aurait su dire ce qui pourrait traverser l'esprit d'une Juno enceinte. Ses hormones pouvant même lui faire dire l'inverse de ce qu'elle pense réellement, il fallait s'attendre à tout. Mais au-delà de ça, Kilian espérait pouvoir faire un peu plus que se charger des choses "matérielles", il voulait aussi que sur le plan affectif, Juno se sente rassurée par celui qui s'était auto-proclamé un peu comme un grand frère de cœur, malgré leur mince différence d'âge. Gérer les soeurs Valentyne, c'était son rayon. Mais séparément, sinon ses nerfs ne le supporteraient pas.
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MessageSujet: Re: « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » EmptyLun 16 Juil - 21:24


    « Mais non ça commence pas, arrête de paniquer tu es pire que moi !! » Juno ne l’engueulait pas, évidemment, elle était la première à trouver toutes ses attentions adorables, mais il en viendrait presque à la faire stresser quant à l’accouchement prochain. Il est vrai que cela arrivait à grands pas, et la première à être paniquée, c’était bien Juno. Cela la réveillait en pleine nuit, le visage plein de sueur, les droits n’étant pas moins trempés, alors qu’elle ne savait pas du tout comment elle allait faire pour accumuler ses études et l’éducation de son petit bout. La tâche lui apparaissait comme insurmontable dans la seconde. Certes, elle savait qu’elle pourrait toujours compter sur son Poussin unique et préféré, ainsi que sur James, ayant renouvelé sa proposition d’aide à plusieurs reprises depuis son arrivée ici… Mais l’un comme l’autre ne pouvaient pas comprendre la détresse et l’angoisse dans laquelle Juno se trouvait actuellement. Ils n’étaient pas futurs pères de famille, sans le sou, tâchant de combiner leurs études et leur boulot de parent. La brunette n’avait pas le droit à l’erreur et si elle savait qu’elle pourrait toujours compter sur l’aide de son père pour faire la soudure lorsqu’elle devrait faire acte de présence auprès du cabinet vétérinaire allant de paire avec la poursuite qu’elle souhaitait entreprendre, ce n’était qu’une solution à court terme. Jack Valentyne avait son propre job, ses ennuis, ses responsabilités. Jusqu’à preuve du contraire il devait également s’occuper de son fils, âgé de seulement quinze ans, ainsi que de ses problèmes de santé. En somme, son aide ne serait pas totale, et c’était autant d’inquiétude rajoutée sur les frêles épaules de la jeune femme. Il n’y avait donc rien d’étonnant à voir la demoiselle s’amuser à pianoter son ordinateur avec ferveur, s’éloignant ainsi de ses problèmes l’espace de quelques minutes. Quoi que donner le biberon à Léo était en soi un moyen de s’évader particulièrement efficace, puisque son petit air glouton aurait fait fondre le plus insensible cœur au monde… La preuve, même Kilian, bourru et grognon de nature, ne résistait pas plus de deux secondes face aux moindres désidératas de son petit lion préféré ! « Je vais bien Poussin, ne t’inquiètes donc pas autant. » Justement, elle connaissait son amour immodéré pour les grandes envolées sentimentales et le verbiage incessant auquel s’adonnent volontiers les femmes de ce monde. Mais face au regard sérieux qu’il lui lançait, la brunette sut immédiatement qu’elle ne s’en sortirait pas avec cette pirouette, bien que redoutablement agile. Tant qu’elle n’aurait pas lâché le morceau, il ne comptait sûrement pas bouger. D’autant qu’il semblait avoir tout son temps, puisque Léo se trouvait actuellement dans les bras experts de Juno, à boire son biberon non sans esquisser de petits bruits de succion adorables.

    « D’accord, je ne vais pas bien, c’est la merde. Content ? » commença-t-elle en levant les yeux au ciel et en évitant surtout de croiser son regard. Juno s’était promis de ne surtout pas flancher pour éviter que ses hormones ne prennent définitivement le dessus sur son contrôle bien aimé… Mais la donne ne risquait pas d’être évidente dans ces conditions. « Avant c’était moi qui prenait et jetait. Je ne dis pas que je n’avais aucun état d’âme, mais ne pas avoir d’attache sentimentale me convenait… C’était confortable et indolore, au moins. Mais il a réveillé en moi ce côté romantique, qui est touché par tout et n’importe quoi. Maintenant, je suis quelqu’un qui prend les choses à cœur, qui n’imagine pas sa vie sans aimer son prochain comme si son existence entière en dépendait. Je déteste ce qu’il a fait de moi… Je voudrais que mon cœur soit anesthésié, ne plus rien ressentir, être semblable à une pierre. Je voudrais que rien de tout ceci ne se soit passé… Parce que je pensais avoir enduré assez jusqu’ici. Il faut croire que je me suis trompée. Mais en dépit de toute cette haine que je ressens, alors que je ne suis pas du tout quelqu’un de rancunier de nature, je sais que Lizzie est la meilleure chose que j’ai jamais faite. » Trop tard, les larmes s’écoulaient lentement contre ses joues pâles et froides, alors qu’elle avait fait en sorte de tourner le dos à Kilian pour donner le biberon à Léo. Ce n’était pas une position plus confortable, juste une position plus digne. Ainsi, il ne la voyait pas aussi misérable et faible. « Il n’y a pas si longtemps, j’avais tout. Aujourd’hui, je n’ai plus rien. Dans la nuit, j’ouvre les bras en espérant qu’ils se refermeront sur son corps, mais je ne sens jamais que du vide. Je suis une coquille vide. Du beurre que l’on aurait étalé sur une tartine trop grande… Il était censé m’attendre à l’autel. Je devais voir son visage illuminé de bonheur alors que j’aurais porté une robe dessinée et confectionnée par mes soins… Au lieu de cela, je suis toute seule. Alors, oui, j’ai peur d’y arriver, d’autant plus que je ne comprends pas. Pourquoi m’a-t-il abandonnée ? Et Lizzie dans tout ça ? Elle ne mérite pas de subir la moindre tristesse. Je cogite sur toutes ces choses et je me dis… Que je serais incapable de lui répondre quoi que ce soit quand elle me demandera pourquoi son père ne pense jamais à son anniversaire, ne l’emmène pas au parc ou ne lui dit pas à quel point c’est une princesse… » Effectivement, Juno n’allait pas bien. Impossible de feindre. Mais elle était suffisamment combattive pour finir par trouver une solution, elle le savait au tréfonds de son âme. Il suffisait juste… De laisse le temps faire son œuvre. Même si à l’heure actuelle cela lui paraissait totalement impossible.


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MessageSujet: Re: « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » EmptyJeu 19 Juil - 21:09

« Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » Tumblr_m6x7mrWjjs1raq4bco1_400

Content ? Non, ce n'était pas le terme qu'il aurait spontanément employé. Comment aurait-il pu se réjouir à l'idée que Juno se sente aussi abandonnée, en détresse, laissée pour compte à un tournant majeur de son existence ? Il ne lui avait pas dit, bien que la chose soit aisément compréhensible, mais si jamais il croisait le chemin de Randy, il se jetterait sur lui pour le rouer de coups jusqu'à s'en faire éclater les phalanges. Impulsif et même explosif, le Breton l'était jusqu'au bout des ongles et il n'hésiterait pas une seconde si ses pas le menaient un jour jusqu'au père de Lizzie. Quitte à se faire arrêter pour agression aggravée ou même tentative d'homicide, rien à battre. Ce type s'était comporté comme une ordure, il avait mis son Poussin dans un état déplorable, il devait donc en payer le prix. De la mesure ? Ouais, on repassera plus tard, quand faudra récupérer les morceaux. Alors non, Kilian n'était pas content de savoir la jeune femme aussi malheureuse. Mais cela ne l'empêcha pas d'éprouver un certain soulagement en l'entendant mettre enfin des mots précis sur son chagrin.
La peur de l'attachement, la haine éprouvée après un abandon, la colère envers soi-même pour avoir été aussi crédule... cela donnait comme un goût de déjà-vu à Kilian. Pas une seule fois il n'interrompit la Gamma qui, pour plus de confort et de dignité, lui tournait le dos en donnant son biberon à Léo. Pendant longtemps, le Sigma avait gardé sa haine envers son père profondément enfouie, se faisant lui-même violence pour ne rien exprimer au monde. Cela avait été une erreur monumentale. Cela l'avait transfiguré au niveau du caractère, le rendant ainsi plus farouche, plus bourru, moins sociable... cela avait créé le Kilian grognon que tout le monde connait aujourd'hui. Mais une semaine plus tôt et grâce à d'enrichissantes conversations en compagnie de James, Kilian avait fait face à son père. Sur un ring de boxe à Berkeley avant la fin des cours. Il lui avait presque tout dit, le frappant de toutes ses forces pour enfin dissiper cette puissante colère qui le rongeait depuis tant d'années. Salaun senior s'en était sorti avec un bel hématome et sans doute de sacrées courbatures. Le fils également, sachant que le père avait rendu des coups à son tour. Mais en fin de compte, les deux hommes avaient réussi à vider leur sac. En grande partie, du moins. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, Kilian s'était tout de suite senti plus léger.

"Tu as perdu beaucoup. Mais je t'interdis de dire que tu n'as plus rien." répondit-il d'une voix ferme en restant dans son dos. Kilian ne pourrait jamais remplacer la présence de Randy, ce n'était ni son rôle ni dans son intention, à plus forte raison que notre gaillard était amoureux de la belle Vraona. Cependant, Juno n'était pas seule pour affronter tout ceci. Elle se mettait une pression colossale, ne se focalisait que sur le négatif - bien que le positif soit moins facilement repérable, c'est vrai - et se laissait bouffer par sa déprime. Alors non, le fils Salaun ne laisserait pas faire. Cette fille, c'était un rayon de soleil, et il pèterait les dents au premier cumulus qui l'empêcherait de rayonner. Secouer Juno dans tous les sens pour la forcer à sourire ? C'est une idée... dommage qu'elle soit enceinte et dans un état aussi avancé. Il contourna le fauteuil et s'accroupit pour se retrouver au niveau de la tête de Léo qui lâcha un instant sa tétine pour le regarder avec de gros yeux presque méchants. Surpris, Kilian arqua un sourcil et toisa le bambin avec un snobisme tout particulier. "Décoinces, moucheron, je ne vais pas te piquer ton biberon." Suspicieux, le bébé reprit sa tétine du bout des lèvres mais garda tout de même le Breton à l'oeil. Un vrai numéro, ce petit. Les parents qui tomberaient dessus allaient avoir une chance inouïe. "Je pense que tu devrais arrêter de te prendre la tête avec tout ça et de cogiter. T'étais amoureuse, ça arrive à tout le monde. Regardes, même ton Poussin préféré avec son caractère de merde s'est dégoté quelqu'un... et pourtant, tu sais que l'attachement me fait flipper autant que toi." Après que l'homme le plus important de toute sa vie, son héro, lui ait planté un poignard dans le dos en l'abandonnant, jamais plus le fils Salaun n'avait voulu s'attacher pour de bon à quelqu'un. Ouvrir son coeur pour souffrir à nouveau, c'était terminé. Et pourtant, la miss Vraona était la preuve vivante qu'il ne faut jamais dire jamais. "Tu n'es pas faible parce que tu es tombée amoureuse ou que tu as été quittée aussi lâchement... et tu n'es pas insensible non plus. Enlèves-toi ça du crâne, tu ne seras jamais insensible grâce à cette petite merveille qui attend de pouvoir rencontrer sa maman." ajouta-t-il en déposant très délicatement son index sur le ventre rebondi de Juno. Sans sourire mais pas moins sincère, le Sigma la regarda avec une profonde affection qui tranchait assez nettement avec son visage fermé. "Je n'ai jamais pensé que tu étais quelqu'un avec un coeur de pierre, même avant d'avoir rencontré Randy. Quand je te regarde, je vois une femme pétillante, pleine d'entrain, complètement fêlée, casse-burnes sur les bords et au milieu... Bref, je vois mon Poussin. C'est cette femme-là que tu dois laisser s'exprimer, pas un monstre d'égoïsme froid et dénué d'émotion. Lizzie va avoir besoin d'une vraie maman qui puisse lui offrir toute l'affection dont elle aura besoin, d'une maman qui soit un modèle de bienveillance, de gentillesse... toutes ces conneries dont seul ce coeur gros comme les States est doté." dit-il en désignant le coeur de Juno. Sans y mettre les mains, il n'allait pas la peloter pour se faire comprendre pas de ça chez nous.

Kilian s'approcha doucement et passa son pouce sur la peau claire de son Poussin, chassant ces larmes avec une délicatesse rarissime venant de lui. "Ca peut paraitre cucul à souhait, ce que je te dis là, mais c'est vrai. Arrêtes de te prendre le chou sur ce qui a fait partir Randy. C'est un con qui ne sait pas ce qu'il rate. Ne te poses pas trop de questions sur l'avenir : crois-moi, avant que Lise n'ait l'usage de la parole et qu'elle te pose cette question qui te fait si peur, tu auras quantité de choses à régler. Et si ma filleule a besoin d'une vraie présence masculine dans les parages, elle pourra compter sur son parrain à chaque heure du jour ou de la nuit, comme sa mère." Le jeune homme se risqua enfin à émettre l'esquisse d'une ombre de sourire au coin de sa bouche. "C'est pas une tare de ressentir, Juno. Si le monde portait un peu plus de gens comme toi, la vie serait tellement plus belle..." Rêveur, notre Kilian national ? Oui, toujours un peu. Un artiste jusqu'au bout des ongles.
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MessageSujet: Re: « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » EmptyLun 23 Juil - 14:48


    « Je ne pourrais jamais devenir froide et dénuée d’émotion… malheureusement, ce n’est pas à ma portée » énonça Juno tout en haussant les épaules. Parfois, elle aurait hautement préféré posséder un caractère similaire à cette description. Peut-être cela lui aurait-elle évité bien des désagréments et autres déceptions du genre. Mais n’avoir aucun attachement ne permet pas nécessairement de vivre la vie la plus heureuse du monde. Juno savait par expérience qu’en s’attachant et en s’éloignant d’autrui, on évolue, on se construit, on grandit. La brunette ne voulait donc pas piétiner ses moindres ressentis, quoi qu’elle en dise, et même si cela restait plus « pratique » parfois. Cela dit, en écoutant son Poussin s’exprimer sans craindre de donner dans la guimauve, la jeune femme fut particulièrement touchée. Aucune pierre ne pourrait laisser échapper des larmes mêlées à un sourire à la fois attendri et éclatant comme le sien. C’est exactement ce qu’elle avait besoin d’entendre, surtout en l’absence de son père : Jack Valentyne restait le mieux placé pour lui remonter le moral et lui faire voir du positif même dans la pire des situations. Comme s’en seraient-ils sortis sinon ? Cette famille avait toujours eu une large épée de Damoclès au dessus de la tête, pourtant, en se serrant les coudes et en restant disponibles pour les uns et les autres, ils avaient tout surmonté. L’abandon de Randy n’avait rien d’insurmontable, bien que tout la laisse présager le contraire dans l’état actuel des choses. Juno avait bien plus de force pour encaisser et gérer le chaos que tous ceux qu’elle connaissait, c’était certain. Sans quoi, jamais elle n’aurait pu devenir un hacker mondialement recherché, le dossier que toutes les investigations rêvent de s’arracher. Mais si elle n’avait pas également eu ces épaules solides, jamais elle n’aurait pu devenir l’amie si proche de Kilian, au tempérament grognon que beaucoup ne peuvent que juger insupportable. Juno avait simplement tenu bon, en allant au-delà des apparences et en s’accrochant à autre chose qu’à des préjugés. Bien qu’elle ne soit plus la seule dans ce cas là… et même si pour l’instant elle ne sautait pas de joie littéralement, cela viendrait. « Je suis une indécrottable cérébrale, tu le sais… mais tu as raison sur toute la ligne. Pour l’instant, je ferais bien mieux de gérer un problème à la fois plutôt que d’être sur tous les fronts alors que toute évidence, je cours à la catastrophe. Au départ, je voulais juste comprendre. Comprendre ce que j’avais bien pu faire de mal, ce qui coinçait chez moi pour qu’il n’ait fuit comme ça, sans le moindre remord. Je pensais être la seule fautive, tu sais. Je me suis accusée des pires choses, toute persuadée que le problème venait forcément de moi… mais de toute évidence, on n’abandonne pas sa future femme et sa fille sur un coup de tête. C’était juste un salaud et un sale baratineur, rien de plus. Je crois que… je ne suis pas dieu. J’ai juste besoin d’avancer et de tourner la page, même si dans l’état actuel des choses, ça me paraît vraiment impossible. » Juno s’était subitement levée, Léo dans les bras, afin de le remettre confortablement dans son couffin maintenant qu’il avait fini son biberon. Plus de risque qu’il ne fusille Kilian du regard, dans ces conditions…

    « Comme ça, tu t’es trouvée une dulcinée ? Tu peux m’expliquer comment ça se fait que je ne l’apprenne que maintenant ?! » Faussement vexée, Juno n’avait pas l’intention de jouer les grandes inquisitrices, bien au contraire. Elle s’intéressait juste au bonheur de Kilian, tout en oubliant au moins quelques secondes le chaos que représentait sa vie dans l’état actuel des choses. Somme toute, ce n’était pas plus mal qu’elle puisse souffler et se concentrer sur quelque chose de plus positif… « Il n’y avait que toi pour douter que tu trouverais un jour ! Dans le fond, tu es juste un grand sentimental qui s’ignore… tu sais, si tu n’existais pas Poussin, la vie ne serait pas belle non plus ! » Juno ne se rassit qu’une fois cette petite tirade close, avant de pousser un immense soupir en disant long sur ce qu’elle s’apprêtait à confier. « Ne hurle pas, mais effectivement, hacker des données réputées inviolables m’évite de péter une durite ici. » Il allait hurler, c’était une certitude… mais c’était un risque à prendre, non ? Au moins, elle avait été honnête.
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MessageSujet: Re: « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » EmptyLun 23 Juil - 21:04

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Kilian émit un nouveau mince sourire en coin en voyant Juno se relever, il laissa même courir sa main tendrement contre sa joue pour effacer les derniers signes des larmes qu'elle avait pu versé un peu plus tôt. Elle avait compris et c'était tout ce qui importait. S'en vouloir pour un abandon dont on n'est pas responsable, c'est un sentiment qu'il connaissait par coeur : combien de fois avait-il pleuré, étant enfant, sur la photo de ses parents en se demandant ce qu'il avait pu faire de mal pour que son père l'abandonne alors qu'il lui avait promis qu'il reviendrait le voir très tôt ? Il ne les avait pas compté... et même s'il n'en parlait jamais, cette douleur restait ancrée en lui. Avec le temps, elle diminuait pour finalement disparaître lorsqu'on réalise que ce n'est que sous l'effet du choc et de la séparation qu'on en vient à s'accuser de faits dont on n'est pas responsables. En dernier signe d'affection et de soutien, il déposa un baiser sur son front, comme le ferait un frère avec sa soeur. Juno avait toujours été l'une des rares capables de bousculer le Kilian grognon pour faire ressortir un Kilian tout à fait différent, le Kilian qu'il aurait pu être en d'autres circonstances. Elle l'exaspérait souvent... mais il l'appréciait tout le temps, c'est la nuance principale qu'il faut retenir.
Cependant, lorsqu'il s'apprêta à lui répondre, son Poussin lâcha une bombe qu'il redoutait et dont il se doutait très largement. Son poing se serra, son teint devint un peu plus rouge vif, sa mâchoire se serra... Kilian en colère imminent, attention aux secousses. Alors qu'il s'apprêtait à lever la voix, bouche entrouverte, prêt à pousser une gueulante made in Salaun, quelque chose l'arrêta en plein élan. "Papa." Kilian fixa Juno droit dans les yeux, comme s'il était bloqué dans cette position. Le visage du Breton passa de la colère à la surprise alors qu'il regardait enfin dans le berceau de Léo pour se pencher sur lui. "Qu'est-ce que tu dis, mon bonhomme ? - Pa-pa." répéta-t-il en se mettant à rire, tout content d'être parvenu à attirer l'attention comme le font tous les enfants de cet âge. Il garda son pied dans une main, considérant à la fois Juno et Kilian avec un immense sourire. Du tout au tout, l'étudiant passa de la sourde colère à un air complètement déconfit et dégoulinant d'affection... Et voilà, ce qui était à craindre arriva : Léo venait d'enfoncer le clou en prononçant un mot qui n'aurait pas dû être destiné à Kilian. L'enfant ne devait certainement pas comprendre ce mot, ni ce que cela engageait... mais Kilian, oui. Il se pencha avec un sourire. Et à bien y regarder, il y avait même une larme ou deux dans ses yeux. "Papa, tu dis...? Non... non, je ne suis pas ton..." Embarrassé et touché à la fois, Kilian préféra se contenter d'un baiser sur le front du petit avant de s'en éloigner pour marcher jusqu'à la fenêtre en silence. Il l'ouvrit et prit une bonne bouffée d'air. L'air était tiède dehors, Léo ne prendrait pas froid, Juno non plus. Pas d'attaches, Salaun, pas d'attaches sinon tu ne vas jamais arriver à laisser cet enfant quand le moment sera venu.

Il se retourna après avoir passé une main dans ses cheveux en bataille, retrouvant très vite son air habituellement renfermé. Le jeune homme s'assit au bord du lit puis attrapa l'ordinateur éteint entre ses mains. "Juno... j'aime pas faire la morale, j'ai tendance à envoyer chier ceux qui ont la stupidité de vouloir me la faire. Mais là, tu penses que c'est sérieux de faire ça alors que tu es enceinte ? Je ne veux pas dire que tu ne sais pas ce que tu fais, loin de là... mais il y a toujours un risque, même minime. Je n'aime pas que tu prennes autant de risques. J'en sais rien, moi... pourquoi tu ne te remets pas à la peinture avec tes ballons et tes fléchettes ? On pourrait peindre tous les deux, aussi. Trouves autre chose pour t'occuper l'esprit. S'il te plait." ajouta le Breton en plantant son regard bleu azur dans le sien avec insistance. Juno avait une âme d'artiste, il l'avait toujours senti et l'avait même vue à l'oeuvre. Elle avait souvent répété que cela lui vidait la tête, l'aidait à se détendre... si ce n'était qu'une question de matériel, un mot d'elle et il allait lui chercher tout ce dont elle avait besoin. "De toutes manières, si jamais je te reprends sur le fait, j'explose ton ordinateur et tout ce qui me tombe sous la main pourvu que ça ait une connexion internet. Et tu sais que je le ferais." Il faut dire que notre caractériel Breton faisait rarement dans la dentelle... un petit côté bourrin et bourru. Pourquoi s'embêter à cacher des engins pareils alors qu'on peut les rendre définitivement inutilisables ? Non seulement c'est plus pratique, mais en prime ça défoule.

Il reposa l'ordinateur sur le lit, signe qu'il voulait lui faire confiance. Ensuite, il s'allongea sur un côté comme pour laisser le choix à Juno de venir s'allonger près de lui. "Pour la dulcinée en question, je n'en ai parlé à personne pour le moment parce que ça porte la poisse de se prononcer avant d'être sûr. Et maintenant, j'suis sûr." Ce sera elle et personne d'autre. Et autant dire que le fils Salaun était suffisamment têtu pour arriver à rester amoureux pendant les cinquante prochaines années s'il l'avait décidé. Et cinquante de plus si on lui balançait que son couple ne tiendrait jamais. "Elle s'appelle Vraona, c'est la présidente des Sigmas. Ouais, ton Poussin ne tape pas dans la médiocrité, il vise direct le haut du panier. Elle est Italienne, elle a du caractère... elle aime croire qu'elle en a plus que moi, je trouve ça mignon comme tout." ajouta le jeune homme avec un sourire amusé sur les lèvres. Eh oui, Vraona était également l'une des seules personnes en ce bas-monde capable de le faire sourire. Rien qu'à le voir, on pouvait deviner que Kilian était amoureux sans pour autant tomber dans le cliché du petit-ami gaga. "Je la connais depuis que je suis revenu de France, au début de l'année. Je l'ai croisée dans un couloir et elle m'a tapé dans l'oeil. Du coup, je l'ai branchée pour savoir si ça lui plairait de devenir mon modèle féminin de référence... te marre pas, je te jure que je n'avais aucune arrière-pensée ! J'ai fais pas mal de représentations d'elle et j'ai commencé ensuite à m'apercevoir que je ne la regardais pas seulement comme un artiste." Son regard bleuté restait posé sur le plafond, un air rêveur s'était emparé de ses traits. "De fil en aiguille, on s'est rapprochés. D'abord au camping entre Sigmas, et on a officialisé ça en beauté au bal de promo. Maintenant, le premier qui l'approche à moins de cinq mètres sans autorisation, je lui refais le portrait façon cubiste." Le Breton se redressa légèrement et arqua un sourcil. "Tu vois ? Moi aussi je prends un risque, je me plante peut-être... mais je m'en tape. Je l'aime et ça me suffit. Pour toi, c'est pareil : vis dans l'instant présent sans te soucier du passé ou de l'avenir. C'était la minute philosophie du professeur Salaun, on s'voit au prochain cours." Sur ce, il se laissa retomber sur le matelas avec un sourire cynique, espérant que ce conseil trouve un écho favorable dans les oreilles de son Poussin.
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MessageSujet: Re: « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » EmptyMar 24 Juil - 16:39


    C’est drôle, mais Juno n’avait jamais pensé à proposer à son Poussin unique et préféré de peindre en sa compagnie. Pourtant, n’étaient-ils pas deux artistes ? Au lieu de cela, elle adoptait son habituel air coupable, comme à chaque fois qu’il la surprenait la main dans le sac. Elle fut particulièrement surprise qu’il ne balance pas son ordinateur portable par la fenêtre pour faire bonne mesure, du reste. Pourtant, ce n’était pas faute de chercher à résister… à sa décharge, elle avait été grandement perturbée ces derniers temps. Ses hormones crevaient le plafond, et elle devenait de moins en moins capable de se trouver une occupation disons légale. Même s’occuper de Léo n’occupait pas suffisamment son esprit de petit génie. Kilian était intelligent, c’était l’évidence même, mais il n’avait pas une immense équation à la place de son cerveau. Jamais ses neurones ne cessaient de réfléchir, d’analyser ou d’imaginer de nouveaux plans en la matière. Cette immense cacophonie était, elle aussi, absolument insupportable. Comment ne pas sauter littéralement sur l’occasion offerte par le jeune homme, lui parlant enfin de sa chère et tendre, dans ce cas là ? Juno émit un léger soupir, tandis qu’elle se détendait au fur et à mesure des explications de son Poussin. Sans aucune surprise, la brunette éclata de rire rien que de l’imaginer refaire le portrait de quiconque poursuivrait Vraona de ses assiduités. Contrairement à Kilian, qui ne s’était jamais imaginé sentimental pour trois sous, Juno n’en n’avait jamais douté. Peut-être parce qu’il était déjà d’une gentillesse d’ange en sa présence, alors qu’ils étaient comme frère et sœur. L’italienne, présidente des Sigmas qui plus est, n’avait pu qu’être séduite par cette façon purement française de mêler le caractère à cette fiabilité à la vie à la mort. Il n’y avait aucun doute à éprouver en présence de l’artiste, et nul ne le savait mieux que la brunette depuis qu’elle le côtoyait. La preuve, qui lui remontait le moral et menaçait de lui faire la peau dans la même journée ? D’un côté, il était l’épaule prête à la supporter en n’importe quelle circonstance, de l’autre, il la sermonnait sans mettre les formes lorsqu’elle en avait besoin. « Non, impossible de te surpasser au niveau du carafon. Mathématiquement impossible ! » Mais c’était presque fun que d’imaginer une demoiselle essayer de se convaincre du contraire. Juno avait beau être dotée d’un tempérament fort, jamais elle n’arriverait ne serait-ce qu’à la cheville du français et le savait depuis longtemps. Après tout, ce n’est pas un concours… chacun sa façon d’agir et de réagir. « En tout cas, j’espère bien que tu vas me la présenter ! Imagine, ça va être de tout repos pour toi : aucun risque que tu n’aies envie de me refaire le portrait façon Picasso période déstructurée, et comme je vais sauvagement en profiter pour t’annoncer que le Doyen a accepté mon changement de confrérie pour les Sigmas à la rentrée, aucun risque qu’elle ne m’apprécie pas. En tout cas, tu ne t’emmerdes pas Poussin, et ton Poussin est fiérot !! » Il ne faut jamais viser radin. Bon, Juno l’avait un brin perdu de vue dernièrement, quoique, mais ça, c’était une autre histoire.

    « Minute philosophie du Professeur Salaun… tu sais que tu viens d’inventer un concept parfaitement vendeur ? » En tout cas, pour le féliciter et dévoiler sa joie de le voir enfin heureux, Juno n’hésita pas à le prendre dans ses bras, à l’aide de tout son élan affectif des grands jours. De toute manière, elle savait que Kilian aurait toujours quelques minutes à lui accorder, quoi qu’il advienne. Surtout après la naissance de Lizzie. « Je vais faire des efforts au sujet de mes petits travers, de mon côté. Mais tu sais, tripatouiller un ordinateur mets mon cerveau sur off. Pas d’équation qu’il résout tout seul, pas l’imagination d’un nouveau moteur à réaction nucléaire… si je te montrais mon bloc de dessin, tu prendrais peur. J’essaye de faire des efforts mais je ne peux pas lutter contre mon propre cerveau. Mais peut-être que si l’on essayait la peinture à deux, ça donnerait peut-être le nouveau Van Gogh ? » Chassez le naturel, il revient au galop : Juno était sérieuse une minute, l’habituelle demoiselle détachée de tout la suivante. « Et au fait, en parlant des Sigmas… tu connais Rafael Stark ? » Pourquoi elle posait la question, ça, c’était un mystère.
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MessageSujet: Re: « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » « Tu t'écoutes quand tu parles ? Non ? C'est dommage : personne ne t'écoute, alors. » EmptyJeu 26 Juil - 21:40

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"Toi chez les Sigmas ? Dire que je pensais avoir la paix dans ma propre confrérie... va aussi falloir que je te supporte là-bas. Joie." lâcha Kilian sur un ton blasé avec un semblant de sourire cynique. Grognon En Chef, présent mon capitaine ! C'était un bienvenue façon Salaun, inutile de préciser que Juno n'aurait pas droit au champagne et tout le tintouin qui va avec. De toutes manières, s'il la voyait approcher d'une coupe de champagne alors qu'elle était enceinte, il l'aurait assommée net pour l'attacher à son lit. Simple, efficace, sans bavure. Et avec l'effet de la gueule de bois au réveil, elle est pas belle la vie ?
Notre Breton se mit à grogner pour la forme lorsqu'elle eut la sottise de se serrer fort contre lui, n'étant pas tactile pour deux sous. Cependant, il lui rendit quand même en lui tapotant vaguement l'épaule : il avait épuisé son capital "câlin" pour les deux semaines à venir, minimum, donc ne tirons pas trop sur une corde déjà infime. Au fond, la voir chez les Sigmas ne l'étonnait pas plus que cela : elle avait une âme d'artiste qui ne demandait qu'à s'ouvrir et il veillerait personnellement à ce qu'elle se sente comme chez elle parmi les fantaisistes de l'université. Lui-même y avait très largement sa place, ne se voyait pas spécialement dans d'autres confréries... et chauvin comme il l'était habituellement, il considérait que seuls les Sigmas valaient quelque chose en tant que fraternité d'étudiants. On croise de tout, mais on croise avant tout des passionnés. Kilian n'était pas particulièrement sociable, mais il n'avait eu aucun mal à s'intégrer à ce groupe car il y avait retrouvé des personnes aussi branchées par le domaine artistique que lui. Le fils Salaun se voyait déjà combler les salles de théâtre, inonder le grand écran et s'exposer dans quelques galeries réputées... De l'ambition, il n'en manquait pas. Et partager cela avec son Poussin, c'était la cerise sur le gâteau. Par ailleurs, même s'il ne reniait pas les Gammas car il concentrait quelques qualités pour y appartenir (comme le problème avec les règlements trop imposants), cela éloignerait la jeune femme de mauvaises influences qui sont monnaies courantes dans cette confrérie. Se concentrer sur des choses simples, sur des activités un peu plus stimulantes au niveau de l'imagination, c'était lui donner la clé pour se vider l'esprit sans avoir recours au monde du numérique et du piratage informatique.

Il se leva du lit et lui fit un clin d'oeil. "On se fera ça, tu vas voir que ça va te plaire de peindre au contact d'un maître." ajouta-t-il avec une fausse prétention agrémentée d'un sourire ironique. Modeste, Kilian l'était même parfois trop, c'est pourquoi il s'amusait à se lancer des fleurs pour contrebalancer. Pourtant, aucun de ses professeurs ne tarissait d'éloges sur lui, cela avait toujours été ainsi dans sa scolarité. Pour cette récente année à Berkeley, l'étudiant avait réussi à passer en année supérieure dans son double cursus, obtenant des notes frisant l'indécence tant elles étaient élevée. Avec mention et félicitations du jury. Pourtant, est-ce qu'il se la racontait pour autant ? Non. Il préférait s'asseoir sur ses acquis faisant de lui un artiste déjà brillant qui ne demandait qu'à s'améliorer pour vivre de ses passions. Kilian parlait peu de tout ce qu'il faisait en dehors de l'université et de ses études... il était de ceux qui font leur bonhomme de chemin en silence, sans rien dire à personne... et qui sauront tirer leur épingle du jeu en coiffant les grandes gueules au poteau.
Le jeune homme marcha jusqu'à la fenêtre et sortit son paquet de cigarettes pour pouvoir en fumer une à l'écart de Juno et de Léo. Assis sur le rebord de la fenêtre au mépris de toute prudence, il prit une bonne bouffée qu'il recracha de façon à ce que même l'odeur ne soit pas invitée à rentrer. De toutes manières, que ce soit sur une branche d'un arbre ou sur le rebord d'un immeuble, Kilian avait toujours eu le chic pour se mettre en suspension dans des endroits légèrement dangereux, tout en stabilisant ses prises. "Pourquoi ? Je devrais le connaitre ?" lâcha-t-il en arquant un sourcil tout en replaçant sa cigarette entre ses lèvres. Il émit un léger rire sarcastique puis regarda à l'extérieur. "C'est pas parce que je suis bien chez les Sigmas que je connais tout le monde. J'en connais pas mal, mais quand même... Le public-relation, c'est pas mon truc. Allez, lâches le morceau ? Il t'a fait les yeux doux ? C'est un boulet qui ne te lâche pas et tu voudrais que ton Poussin aille lui expliquer la vie ?" Entendez par là qu'il lui éclaterait les dents une par une pour ensuite lui faire avaler. Décidément, l'imagination n'était pas un de ses défauts.
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