Lui faire la bise lorsque tu souhaiterais autre chose...Supporter le fait qu'il soit en couple et en dépit de cela toujours espérer...Être intérieurement jalouse mais sans le manifester lorsqu'il s'adresse à d'autres filles, lorsqu'il leur demande des nouvelles et pas à toi... Même une chose aussi futile soit-elle, être jalouse lorsqu'il aime les photos d'une fille en particulier sur Facebook... Le regarder intensément parce que c'est tout ce qu'il te reste... Tenter de lui parler pour établir un contact entre vous afin qu'il s'attache un minimum à toi ... Et par-dessus tout, cacher ce que tu ressens pour lui afin de ne pas effondrer le peu d'amitié qui réside entre vous. Les rayons du soleil filtraient à travers le store couleur de neige. Couchée dans mon lit, je fixai le plafond. Depuis le départ d’Aidhàn, l’appartement était étrangement vide. « Il faut vraiment que je trouve quelqu’un qui accepte de vivre avec moi, je me sens seule ici. », dis-je à voix haute. Avec la vague de motivation que cette constatation avait provoqué en moi, je me levai d’un bon. La journée allait être bonne. Chantonnant dans mon ensemble short/t-shirt Minnie en coton noir et gris, je me descendis l’escalier qui menait à l’étage du bas. Je me préparai un petit-déjeuner – à 11h00 du matin – et, ayant marre de chantonner un truc tout à fait faux, je partis allumer la télé sur une chaine musique. Part of me de Katy Perry se mit alors à raisonner dans l’appartement et comme il n’était pas obligatoire de regarder le clip, je retournai à ma nourriture. Gourmande un jour, gourmande toujours ! Je n’avais pas cours aujourd’hui et cela m’enchantait, je pourrais trainer en ville ou aller faire un tour au bureau de mon frère et l’ennuyer un peu. C’est d’ailleurs cette option que je choisis. C’est donc après avoir zoné une partie de l’après-midi dans mon appartement vide que je me décidai à retourner dans ma chambre. Pour aller ennuyer mon frangin, il fallait bien que je m’habille. Je me dirigeai vers ma penderie pour choisir mes vêtements du jour. Quand j’étais petite, ce rituel me prenait des heures le matin. Maintenant que j’avais grandi, je faisais une fois le tour et je trouvais tout de suite la tenue parfaite. Ce jour, mon choix se porta sur un adorable marcel blanc auquel j’ajoutai un gilet de couleur marron clair et un jean bleu foncé. Pour parfaire ma tenue, je choisis une paire de spartiates brunes et une série de bracelet en plus d’une aire de boucle d’oreilles en forme de plume. Je partis prendre ma douche. Une demi-heure s’écoula avant que je ne sorte, habillée et un essuie protégeant mes cheveux mouillés. Je branchai le sèche-cheveux et l’allumai, d’ici une vingtaine de minute ma longue chevelure blonde sera prête à coiffer. Une fois l’opération demi-queue tenue par une simple pince finie, je réglai les quelques petits détails qu’il me restait à fignoler : maquillage, parfum, bijoux. J’étais enfin prête pour aller ennuyer mon frère. Je lui envoyai un sms lui indiquant que je passais le chercher au bureau de papa pour aller boire un café, il prendrait bien une pause pour sa sœur chérie et puis, papa ne dirai rien. Attrapant mon sac, je partis.

Il ne me fallut pas longtemps pour atteindre le bureau de mon frère et je me garai devant l’immeuble de bureau où mon père avait ses quartiers et où il avait embauché mon frère pour que ce dernier fasse ses armes. Je saluai l’équipe quand je sortis de l’ascenseur. Tout le monde me connaissait et même si je ne connaissais pas tout le monde, je pouvais affirmer qu’ils étaient assez compétant. J’entrai sans frapper dans le bureau de Connor. « Alors, t’as reçu mon sms ? » Ce dernier leva les yeux vers moi. « Oui, mais je n’ai pas le temps, Jo. » Je soufflai. « Allez, Connor, tu sors jamais. Puis, papa ne t’en voudra pas si c’est moi qui t’enlève à ton travail immensément passionnant. » Il eut un léger rire. « Bon, c’est bien pour toi, p’tite blonde. » Je souris et sautillai. « YES ! Allez, j’suis mal garée donc faudrait qu’on se dépêche. » Bien-sûr, c’était faux, mais plus vite était-on parti, moins de chance avais-je de croiser mon père. Nous partîmes ensemble et nous nous arrêtâmes dans un petit bar non loin de l’immeuble. Ça me faisait du bien de me retrouver avec mon frère, ça faisait longtemps que je n’avais pas discuté avec lui. Entre le bureau et sa compagne, il n’avait pas vraiment eu de temps pour sa petite-sœur adorée. Soudain, alors que ça faisait trois bons quarts d’heure que j’étais en compagnie de Connor, mon portable vibra dans mon sac. Etant contre mon trousseau de clés, ça fit un bruit sourd. « Euh…je crois que t’as un ami. », me fit remarquer le grand Buckley. Je m’excusai et fouillai dans mon sac. Quand je découvris la personne qui avait dérangé mon tête-à-tête avec mon frère, j’eus un grand sourire. Je relevai la tête vers ce dernier. « Désolée, je dois y aller. » « T’inquiète pas, de toute façon, j’dois retourner travailler. Bisous, mon chou. On se fait un truc à la semaine avec Grace. » « Bien-sûr, on s’appelle alors. » Je l’embrassai et partis assez vite pour l’université.

J’arrivai sur le toit avec quelques minutes de retard. Timéo était assis. Il se leva pour venir me saluer tout en me disant qu’il avait failli attendre. Je souris. « Désolée, j’étais avec mon frère dans le centre. Voilà pourquoi » Il me regarda et à son tour, un sourire se dessina sur ses lèvres. Il plaisantait. Il me prit alors dans ses bras en m’appelant blondie. Qu’est-ce que j’aimais quand ce petit surnom ! Il me l’avait donné dès notre rencontre et c’était un des nombreux signes qui marquaient notre complicité. « Arrête de me faire peur comme ça, tu sais bien que j’aime pas quand j’ai l’impression que tu me râles dessus. » Ses bras autours de moi m’empêchaient de bouger. S’il serrait un poil plus fort, je ne respirai plus. Apparemment, il le comprit sans que je ne le dise puisqu’il me lâcha rapidement. Il attrapa alors ma main. Une vague de souvenir m’envahit. Nous avions quand même vécu une relation plus ou moins longue à mon entrée à l’université et même si nous passions notre temps à nous disputer, j’étais quand même une jeune femme heureuse et épanouie avec lui. Je fermai les yeux, mais les rouvris rapidement. Nous nous assîmes alors sur le petit muret. « Tombe pas en arrière hein, j'aimerais pas qu'on refuse l'accès au toit aux étudiants s'il y a un accident ! », lâcha-t-il. Je le regardai éberluée. « Ah bon ! Tu te soucies plus de ce maudit accès que de moi ? Et bien, je ne te savais pas comme ça. Je boude, c’est bon. » Je me mis dos à lui pour faire genre. « N’empêche, avant que je ne tombe et que le toit te soit interdit, pourquoi est-ce que tu m’as fait venir, mon Timou ? Aurais-tu quelques choses d’important à me faire partager ? Tu me racontes toujours tout et comme ça fait un moment qu’on ne s’est plu vu seul-à-seul, je me dis que tu as sûrement pleins de trucs à me dire ! » Je souris, toujours dos à lui.

Timéo et Jodie. Personne n’aurait parié qu’on resterait amis, mais entre nous, ça avait toujours été spécial. C’était une évidence pour moi qu’il fasse partie de ma vie et même si ça avait été difficile, aujourd’hui, notre amitié comptait beaucoup pour moi. D’ailleurs, ça faisait un petit moment qu’on ne s’était pas parler et si ça avait été quelqu’un d’autre qui m’avait envoyé un sms durant le déjeuner avec Connor, je n’y aurais sûrement pas prêter attention – sauf bien-sûr si c’était June ou Sky qui appelait –, mais là, c’était Timéo, c’est-à-dire la personne qui se rapprochait le plus d’un meilleur ami pour moi après Zéphir. C’est donc naturellement que j’avais interrompu mon rendez-vous avec le frère pour venir rejoindre le Iota sur le toit. « Moooh, c'est pas comme si je râlais souvent quand même, tu devrais le savoir depuis le temps. », me dit-il alors que je lui faisais remarqué mon hantise qu’il me râle dessus. « Oui, mais tu sais que je sus blonde et donc que je crois à tout ce qu’on me dit et encore plus quand c’est toi. » Bien-sûr, c’était de l’humour enfin pour ce qui concernait la première partie parce que je croyais vraiment tout ce que mon ancien petit-ami pouvait me dire. « T'es pas crédible Blondie, même quand nous étions ensembles t'étais pas capable de faire la tête plus de cinq minutes. », dit-il, « Faut dire qu'on était plutôt doués pour les réconciliations. » Ah ça, c’est le cas de le dire. Je mordais la lèvre en y repensant. Des disputes, il y en avait beaucoup entre nous, mais les moments de grâce où nous nous retrouvions et pardonnions ce que l’autre avait pu dire ou faire étaient les meilleurs. Un lit et deux corps qui s’enlacent, je ne vous fais pas de dessins. Je le vis alors se tourner vers moi. En tête, je voyais défiler toutes les images de notre bonheur…enfin, de nos pardons sous la couette dont j’avais même pensé qu’on les provoquait. « C’est surtout toi qui n’arrivait pas à me savoir fâchée contre toi. Mais bon, j’avoue qu’on était même très doué dans cette matière. » Je souris en coin. On avait été heureux le peu de fois où on ne s’était pas disputé. Je l’aimais, une évidence parmi tant d’autre dans notre couple d’hier. A défaut d’avoir réussi notre histoire d’amour, on avait réussi notre histoire d’amitié, c’est donc qu’il devait obligatoirement se passer quelque chose entre nous. Pour chasser ces images empreintes de nostalgie de mon esprit, je dérivai sur la raison de ma présence ici. « Je sais paaaaaaaaaaas... » Comme d’habitude, il voulait me faire languir. Il savait que j’avais horreur de ça pourtant, il fit durer le silence simplement troublé par les claquements de mes pieds sur le sol avant de prendre la parole à nouveau. « Ça dépend si le fait qu'un agent vienne me voir jouer à mon prochain match de tennis te parait important. » Un sourire se dessina alors sur mes lèvres. Je n’étais peut-être pas une acharnée du sport, mais je savais que cette nouvelle était très importante pour son avenir. Mes yeux s’écarquillèrent, mes lèvres tracèrent un magnifique rond sur mon visage puis soudain, je m’exclamai. « OH MON DIEU !! C’est trop génial ! Oh, Timéo Avery-Dewhurst, je suis tellement contente pour toi, c’est juste…waw, ! » Je me levai du rebord d’un bon et sautai dans les bras du jeune homme qui se détacha quelque minutes plus tard pour finir son annonce sur le rebord. « Peut-être que dans quelques années, tu pourras te venter d'être l'ex du plus grand tennisman du monde !!! » J’applaudis cette remarque. « Peut-être, mais ça ne comptera pas vraiment pour les gens parce que c’était avant que tu ne deviennes le nouveau Federer, mon cher. » Je tirai la langue en signa d’affection. La conversation bifurqua ensuite sur ma vie privée. « Et toi alors, qu'est-ce que tu as à me raconter. Et ne dis pas rien parce que je sais que c'est faux ! » Je levai les yeux au ciel en souriant. Comment pouvait-il être aussi sûr qu’il se passait des choses dans ma vie ? Peut-être parce qu’il me connaissait même mieux que je ne me connaissais moi-même. « Tiens ce Sky là dont tu m'avais parlé, comment ça se passe avec lui ? » Il venait de toucher la corde sensible. Le jeune venait à peine de revenir après deux mois sans nouvelle et j’étais encore assez perturbé de ce retour surtout après la nouvelle qu’il m’avait annoncé. « C’est…bizarre… », dis-je avant d’être coupée par mon portable qui vibrait dans mon sac. « Excuse-moi. » Je fouillai un peu et regardai qui c’était quand j’eus trouvé l’objet. Betty Bitch, quel surprise ! Je le lus. « Oh la conne ! », lâchais-je. « Elle peut jamais s’occuper de son cul, non ? » Je tentai de respirer calmement, mais ça ne marchait pas.