Horreur. Son cœur palpitait comme il n'en était pas permis. Sueur. Louve n'en pouvait gère plus, et souhaitait que cette torture finisse, que le Horla qui habitait son corps assaille une autre personne qu'elle. Ses espoirs ne furent vint, comme si cette chose lui laissait du répit, s'en allait tourmenter une autre adolescente. Ce n'est pas pour autant qu'elle continua sa nuit dans son loft aux allures de suite de luxe, non aucunement. Dans un sursaut effroyable, qui sembla lui arracher son âme, Louve se réveilla. Au pris de multiples efforts colossaux, son cœur se calma. Bientôt, il avait retrouvé un rythme des plus normaux, ce qui eut bon de la rassurer, si bien qu'elle tenta de s'endormir une nouvelle fois. Vainement. C'est alors qu'elle décida de se lever pour de bon. Certes, il était fort tôt, mais cela ne la dérangeait pas plus que cela puisque ce n'était pas son genre de se reposer comme un chat.
Louve devint mélancolique, elle prit une plume dans sa besace ethnique, la trempa dans l'encre sombre entreposée sur un tabouret, puis se mit à calligraphier à même le mur. Pour y dessiner le visage, il lui fallut se mettre en équilibre sur sa commode, et commença à esquisser son visage à coup de traits habiles. Une larme coula, non pas d'encre mais celle qui chante le désespoir d'une personne. Cependant, elle continu, broyant du noir comme une veuve en linceul, de dessiner cet ovale poupin, ces yeux ronds, un rien vitreux, cette bouche entrouverte, ce nez à la grecque. Cette fois-ci, les sanglots vinrent. Si violents qu'elle s'écroula en arrière comme tirée par une force mystique. Heureusement pour sa personne, Louve se trouva effondrée sur son lit. Ses petits cris de souris résonnaient inlassablement dans sa tête, comme si c'était une autre qu'elle qui les poussait, pourtant, elle était seule dans son loft, seule dans son abattement.
Quelques minutes durant, cela ne cessa. Puis, elle se redressa et se dirigea la démarche lourde vers sa salle de bain. Somptueuse. Aucun autre qualificatif ne pouvait séyer avec autant de justesse à cette pièce. Un luminaire au plafond diffusait un peu partout des couleurs paradisiaques tandis qu'un bain coula dès qu'elle y pénétra. La rêve. Pourtant les grandes eaux de ses yeux ne la quittaient aucunement. Après avoir allumé sa chaine hifi au plus fort, et mit Sweet By and By des Babysambles, elle se risqua à la décontraction. Tout allait pour le mieux, Louve se sentait moins oppressée, comme libre de toute chose. Dire que c'était cette voix vibrante mais fragile qui avait bon de son humeur ! Alors que ce fut ce rockeur qui l'eut mise dans un tel état ! Cette tristesse n'était due qu'à son idiotie, pourquoi a-t-il accepté cette nuit avec simple groupie ? Certes elle était bien jolie, mais il aurait dû se douter que cela allait trop la faire rêver de réaliser ce fantasme.
Une heure passa, ainsi la demoiselle se dépêtra de ses eaux tant bien que mal, tout en manquant de glisser, Louve progressa lentement sur le carrelage froid qui lui piquait la plante des pieds. D'ailleurs, il sera temps de s'habiller songea avec certitude la jeune fille quelque peu remise de ses émotions. Osant un regard critique en direction de sa penderie défiant tout esprit mordesque, la blonde attrapa un short en jean taille haute signé levis, dévoilant ses longues jambes un rien maigrichonnes, puis un simple tee-shirt blanc qui avait appartenu à Peter Doherty, elle avait dormi avec une nuit, donc il avait décidé de lui laisser. Comme un souvenir d'un moment entre paradis et enfer. Ne rentrant qu'une partie de son haut, l'autre pendait joyeusement du côté gauche, comme l'aurait fait Kate Moss. Une paire de sleppers cloutées signée Louboutin rejoignirent ses camardes vêtements. Une vaporisation de la Petite Robe Noire de Guerlin, et c'était partit pour un tour. L'adolescente prit sa pochette et se fit conduire à l'école, bien qu'elle ne contait aucunement s'instruire. Louve avait entendu la veille qu'un bâtiment abandonné existait, et qu'il y serait possible de s'y introduire et d'y être en toute sécurité.
En moins de temps pour le dire, elle y fut. Bien qu'elle mit un peu de temps à trouver une entrée potentielle, Louve y accéda en jouant des coudes. Y cheminant peu assurée, la demoiselle prit conscience que n'importe quel fou furieux était susceptible de s'y cacher. Cette perceptive fut très vite chassée par son envie subite de se faire un shoot d'Héroïne. Certes cela lui bousillait sa santés, mais cela semblait être la seule chose qui éloignait le Horla de sa personne. Une petit salle déserte s'offrait à elle, sans doute un labo de chimie. Nonchalamment, elle testa une paillasse puis s'y affala tout en sortant de sa pochette un sachet refermant une seringue. Plaisir mortelle. D'une main tremblante, elle la sortit, la jaugea un instant puis visa du mieux qu'elle pouvait la veine. Mais elle fut interrompue. Soudainement, elle prit conscience de son état, là, assise avec un tee-shirt trop grand, laissant voir ses sous-vêtements, le chignon en désordre et un reste de smoky-eyes, Louve ne payait pas de mine.[/b]