Fixant depuis vingt bonnes minutes le plafond de ma chambre étudiante, je me rends compte à quel point mon activité est dépourvu de tout intérêt. Que voulez-vous, je m'emmerde. Alors je n'ai rien trouvé de mieux à faire que de rester allongée de tout mon long sur mon lit, l'esprit embrouillé par des tas de questions. Portant ma main droite à ma bouche, je cale ma cigarette entre mes lèvres avant d'en tirer une grande bouffée, puis la recracher le plus lentement possible. A vrai dire je ne sais plus vraiment depuis combien de temps je n'ai pas mis les pieds dehors. Etant donné que je rester enfermée ici des jours entiers, je n'ai plus franchement la notion du temps. C'était un peu comme si ma vie était en mode « repeat » depuis des lustres. Chaque jours se ressemblaient. D'ailleurs, nous étions quel jour ? Je ne sais même plus. Je pousse un soupire qui en dit long sur mon état de déprime actuel avant de porter une nouvelle fois ma cigarette à ma bouche. A l'heure actuelle c'est un peu comme si toute joie de vivre s'était évaporée de mon corps. Je n'étais plus la Nessa que tout le monde connaissait, je n'étais plus que l'ombre de moi-même. C'était un peu comme si on m'avait vidé de tout ce qui me représentais et que l'on m'avait juste laissé cette enveloppe que représente mon corps. Ca me fatigue. Je suis complètement épuisée alors que je ne fiche strictement rien de mes journées. D'après le peu que j'ai écouté des médecins, il paraît que c'est normal que je sois dans cet état. C'est en quelques sortes un « après choc » et il faut le temps que je me remette de ca. Quand je suis sortie de l'hopital après ma fausse couche, je me souviens avoir fait une sorte de crise de nerfs en croisant une femme dans la rue qui se promenait avec une poussette. J'avais encore beaucoup de mal à croire en tout ce qui avait pu m'arriver durant ces dernières semaines. Ma vie avait connu des rebondissements dignes d'une série télévisée. Soudain la porte de ma chambre s'ouvre brusquement, ce qui me sort automatiquement de mes rêveries. Alexia ouvre brutalement les rideaux ce qui me fait alors grogner quelques injures. Machinalement je porte ma main à mes yeux. Les rayons du soleil m'agressent les iris c'est une vraie torture. « J'peux savoir ce que tu fous bordel ?! » Je m'exclame sur un ton plus qu'agacé avant d'écraser la fin de ma cigarette dans le cendrier. « Il est grand temps que tu sortes de ton trou Nessa. » Me dit-elle tout en restant postée devant moi. « Va donc jouer à mère Térésa ailleurs tu veux ? » Lui cinglais-je en me redressant du lit afin d'aller refermer le plus rapidement possible les rideaux.

« Tu comptes moisir dans ta piaule pendant encore longtemps peut-être ? » Réplique t-elle dans la foulée. La garce, elle est tenace. « Tu m'emmerdes Alexia. Vraiment. » Soufflais-je avant de retourner m'installer sur mon perchoir. « J'en ai rien à faire Nessa, ce soir on sort et je compte bien t'emmener de grès ou de force avec nous ! » Dit-elle en me tirant du lit. Oh mais elle me court sur le haricot ! « je n'obéissais deja pas à mon père, alors je ne vais certainement pas t'obéir à toi. Alors du vent merci. » Dis-je en retirant mon bras de son emprise. […] Bon en fait j'ai beau avoir tenté de lui tenir tête, Alexia n'a pas démordu de ses positions jusqu'à ce que je finisse par céder. Rien à foutre, j'aurai ma revanche tôt ou tard. Quand je me suis vue dans le miroir après tout ce temps, j'avais une de ces gueules mon Dieu. Je n'étais pas digne d'une Iota vu la tronche que je me payais. Mes cheveux ressemblaient à...De la paille. J'étais un épouvantail en fait. Qui aurait pu imaginer en me voyant dans cette boite de nuit branchée de San Francisco que deux heures plus tôt j'étais encore une vraie loque ? Alexia avait eu totalement raison en fait. Sortir, m'amuser avec mes amies allait me faire le plus grand bien. Depuis toujours, j'aimais faire la fête. C'était comme une seconde nature. Ou alors elle avait empiété sur ma première nature je n'en sais trop rien. Car avant de vivre tout ce que j'avais vécu, je passais toutes mes soirées dans les clubs les plus prisés de la ville, à faire la fête jusqu'au petit matin. Bien que j'ai cru ces dernières semaines insurmontables, je pense que de sortir comme je le fais ce soir est la meilleure des choses pour moi afin que j'aille de l'avant. Après tout je ne pouvais pas rester bloquée sur le passé comme ca. La tête me tournant légèrement, je quitte alors la piste de danse quelque peu essoufflée afin de me diriger vers le bar. Une fois arrivée, je prends appuis sur le comptoir et me commande un nouveau verre. Il n'y a rien de mieux qu'une vodka. Une fois mon verre en main je me retourne et avale une gorgée de liquide. Mais sans que je ne fasse attention je percute quelqu'un. Ou c'est la personne en question qui me fonce dedans je n'en sais trop rien. De toute façon il y a beaucoup trop de mon par ici. Alors que je m'apprête à gueuler, je me stoppe en constatant qu'il s'agit de Yaël. Je reste à le fixer avec de grands yeux et la bouche entre ouverte avant de froncer légèrement les sourcils et reprendre ma route. Moins je croisais ce type, et mieux je me portais.