« Ce soir, j'vais m'éclater ! » Breanna & Charles-Edouard Les virées en boites de nuit où l’alcool coulait à flot, voilà une cadence à laquelle Bree prenait goût. Et de plus en plus. Quand on sait qu’il y a quelques mois à peine, elle aurait eu le profil idéal pour entrer au couvant, il y avait de quoi s’étonner d’un tel revirement de situation. Comment une jeune femme aussi sage et prude que miss Donovan, donnant l’impression, par son innocence, d’être comme une enfant, pouvait-elle se laisser aller, aujourd’hui, à une pareille vie de débauche ? La lassitude, tout simplement. Marre du droit chemin et de la vie impeccablement bien rangée que lui incombait la carrière politique de son père. Certains jours, elle avait l’impression de faire partie d’une famille royale. Marre d’être parfaite, en somme. Grâce à Alcide Van Stexhe, enseignant en psychologie et critique, elle avait découvert ce qu’était le plaisir, le vrai. Le sexe, autrement dit. En faisant l’amour pour la première fois, un jour nouveau s’était levé pour l’étudiante. Bree était aujourd’hui comme une petite abeille en liberté. Une petite abeille dont la soif de pollen était intarissable. Butiner de fleur en fleur : voilà ce qui traduisait aujourd’hui son mode de vie. Ainsi, depuis quelques mois, Breanna menait une sorte de double existence. Le jour, elle était l’élève la plus assidue qui soit. Elle excellait dans tous ses cours ou presque. Pas de doute : elle allait décrocher son diplôme de médecine, et cela, sûrement parmi les premiers de sa promotion. Mais le soir venu, oh… les choses devaient bien différentes. L’étudiante se transformait en une tout autre personne. Elle se revêtait de ses tenues les plus sexys et sortait en ville pour ne revenir qu’au petit matin, parfois bourrée. Jusqu’ici, elle n’avait peut-être couché qu’avec 2 ou 3 garçons, sans plus, en plus de ses leçons « particulières » avec le professeur van Stexhe. De ce côté-là, encore quelque peu inexpérimentée, Bree n’osait pas se lancer avec n’importe qui, n’importe où et n’importe quand. Ce n’était pas cependant pas l’envie qui lui manquait. Elle se sentait littéralement comme une vraie bête de sexe. Cette double vie, allait-elle pouvoir la tenir bien longtemps? Combien de temps encore avant que ses résultats scolaires n’en ressentent les effets? Au train où elle allait, ce n’était une question de jours. On ne peut évidemment pas passer ses soirées et ses nuits à sortir tout en ayant assez de vigilance et d’énergie pour les cours du lendemain. Combien de temps encore avant que son politicien de père n’en soit mis au courant. Les infiltrations ne sont souvent pas rares. Dans ce monde qu’est la politique, il suffit d’un parfois seul petit scandale pour qu’une campagne électorale soit complètement fichue. Certains nuisibles de campagne n’attendent qu’un faux pas de la part du politicien en question ou même de sa famille. Breanna, qui traversait de toute évidence une période de rébellion, désirait-elle saboter la carrière politique de son père adoptif? Pas à ce point. Elle ne souhaitait que vivre sa vie et en profiter au maximum avant d’être prise dans le tourbillon infernal du travail et d’une éventuelle vie de famille. Elle était jeune et belle. Alors, pourquoi ne pas s’éclater ? Tôt ou tard, il viendrait certes le moment où elle devrait mettre fin à tout ce petit jeu, mais pour l’instant, c’était le dernier de ses soucis… Breanna ne sortait certes pas en limousine, mais ses entrées n’en étaient pas moins ignorées. Cette jeune femme à la beauté naturelle et sauvage attirait plusieurs regards, allant des hommes voraces aux femmes envieuses. Ce n’est que depuis quelques semaines qu’elle prenait conscience de ces regards posés sur elle et cela n’allait pas sans lui déplaire. Elle s’en amusait, même. On aura beau dire ce qu’on voudra, c’est toujours bon pour l’égo que de se sentir vue, désirée et même enviée. De petits sourires mystérieux, une démarche sensuelle, un petit rire de temps à autre pour montrer qu’elle s’intéresse aux propos de son interlocuteur. Voilà quelques attitudes qu’adoptait Breanna et qui avaient de l’effet chez le sexe opposé. De toute évidence, les enseignements de van Stexhe portaient fruit ! La soirée battait son plein lorsqu’enfin, elle remarqua celui qui l’avait remarqué bien avant elle. Assise au bar, leurs yeux se croisèrent. Il y avait tellement de gens autour d’elle qu’elle crut tout d’abord que ce regard ne lui était pas destiné. Ce petit jeu dura donc plusieurs minutes pendant lesquelles Bree observa également le jeune homme. Beau, grand, un tas de filles se trémoussant autour de lui. Il avait du charme, c’était évident… Enfin, il s’approcha d’elle. Elle eut le réflexe de se tourner, d’une part pour ne pas avoir l’air complètement idiot s’il ne venait pas la voir, mais aussi pour laisser un certain mystère. Si c’était elle qu’il venait voir, autant alors se laisser un peu désirer. Ce bel étalon vint s’installer à sa gauche, demandant au barman une vodka-coca. Voilà ensuite qu’il lui adressa la parole. Au même instant, le barman lui apporta la vodka-jus de canneberge qu’elle avait précédemment commandée. « Après ce verre, volontiers… » Répondit-elle sans se retourner. Ce n’est que lorsqu’il se présenta qu’elle lui fit face. « Breanna… mais tout le monde m’appelle Bree. » La jeune femme avait omis son nom de famille. Jamais le premier soir. Le mystère, disait-on… La jolie brunette prit une gorgée avant de reporter son attention sur l’étudiant. Ce dernier la scrutait de tout son corps, visiblement. Ce n’était pas déplaisant. D’un geste lent, elle se passa la main dans les cheveux, comme si elle prenait part à cette sorte de parade amoureuse. L’invitation à danser étant on ne peut plus claire, Bree décroisa lentement les jambes avant de se lever et se passer devant CEC. Au passage, elle effleura de sa main l’épaule de ce dernier. Ça aussi, c’était on ne peut plus clair. Elle l’invitait à son tour à la suivre sur la piste. La musique était bien rythmée, entraînante, avec une touche un peu latine. La jeune femme se déhancha devant le regard de CEC qui s’approchait d’elle. Mouvant les hanches et se passant à nouveau les mais dans les cheveux, elle s’était mise en mode séduction. Lorsque Charles-Édouard se trouva à proximité d’elle, elle dansa à ses côtés, frôlant presque son corps contre le sien. Aucune parole ne s’échangeait. Que des regards, à la fois provocateurs et remplis d’un désir commun : celui de s’éclater, de se déchaîner, de se plaire et de se complaire. Pas plus de 2 ou 3 minutes depuis leurs premiers échanges verbaux que déjà, il y avait entre les deux étudiants une tension sexuelle bien palpable. 1108 mots