C’était toujours la même chose à la mairie, à croire que tout le monde décidait de venir le même jour qu’elle pour refaire ses papiers. Ca en devenait presque désespérant. Fatigant aussi. Mais bon, elle était bien obligée de passer par la case file d’attente pour mettre à jour ses papiers. Ce n’était pas bien malheureux d’attendre seulement, la présidente des Sigma craignait que son cœur ne pense pas la même chose qu’elle. Victoire avait été très claire avec elle, le repos était de rigueur et le stress à laisser de côté. Vu qu’elle ne pouvait pas mettre en pratique la première partie dans cet endroit, autant mettre la deuxième. Soufflant un bon coup tout en avançant lentement dans la file d’attente qui n’avançait que toutes les demi-heures et qui grandissait à perte de vue, Esme décida d’engager la conversation avec la personne devant elle. Tout endroit était bon pour faire de nouvelles connaissances et puis ça n’engageait à rien après tout. Autant passer le temps en discutant avec quelqu’un.

« Salut, moi c’est Esme…Tu viens pour tes papiers toi aussi ? »

La jolie brune qui se retourna ne ressemblait pas vraiment à une étrangère. A première vue, on aurait cru qu’elle était américaine. En y repensant bien, elle non plus ne ressemblait pas vraiment à une grecque. Enfin, c’était ce qu’on lui disait lorsqu’on la voyait pour la première fois. Cela étant dit, elle semblait bien aimable alors autant en profiter pour faire sa connaissance. Esmeralda regarda autour d’elle, la mairie n’arrêtait pas de se remplir et les files d’attente à se former mais aussi bizarre que cela pouvait paraître, seule celle dans laquelle elle se trouvait peinait à avancer. Les autres files d’attente avançait bien vite ou peut-être était-ce le fruit de son imagination. Cela étant dit, elle était bien loin de la journée de repos qu’elle pensait pouvoir s’octroyer.

« C’est moi où notre file d’attente est au point mort…Ce n’est pas comme si on avait une vie qui nous attendait nous autre ! »

Heureusement qu’elle n’avait rien prévu, qu’elle n’avait donné aucun rendez-vous à ses amis, ça aurait été le comble d’arriver avec je-ne-sais combien d’heures de retard. Cependant et malgré la situation, la jeune femme n’était énervée même si on aurait pu croire le contraire, loin de là. Elle voulait seulement faire comprendre aux responsables de ce carnage qu’ils n’étaient pas là par plaisir mais pour qu’on règle leur problème pour que chacun puisse vaquer à ses occupations.

« Ca fait longtemps que tu vis ici ? » Demanda-t-elle finalement pour éviter de penser à d’autres sujets plus fâcheux. Pas la peine de se prendre la tête à repenser aux dernières semaines et pas la peine de s’épuiser pour un rien. Pour le moment, la journée avait plutôt bien commencée pourquoi cela devait-il changer ?

Ce n’était pas une partie de plaisir que de se retrouver à la mairie pour mettre ses papiers en règle, son passeport expirerait dans pas longtemps alors, elle avait préféré s’en occuper maintenant avant que cela ne soit trop tard. Et puis, elle ne savait pas de quoi demain serait fait. Elle pourrait être amenée à voyager dans les prochains jours sans que cela n’ait été prévu, elle en savait quelque chose. Son escapade en Grèce avec le beau brun du café n’avait pas du tout été prévu, c’était tombé comme ça, sans qu’elle ne le prévoie, elle était en examens à cette époque là, elle pensait encore et toujours à son avenir, laissant de côté son bien être et ses vacances qu’elle aurait bien mérité. Elle avait ensuite fait la connaissance de Dom, ils avaient parlé avant d’échanger leur premier baiser pour se retrouver en moins de vingt quatre heures côte à côte dans un avion. C’était un voyage qu’elle n’avait pas prévu, un voyage qui ne faisait pas partie de ses projets mais qui avait eu lieu, elle avait répondu oui sans même y réfléchir. A quoi bon après tout ! Seulement, elle avait eu besoin de son passeport, passeport qui fort heureusement était en règle. Elle ne devait donc prendre aucun risque, valait mieux régler tout ça tant qu’elle avait encore le temps mieux que de se retrouver au pied du mur dans quelque temps, faute de temps justement.

« Ah, je sais ce que c’est, je suis là pour ça aussi… Par contre, je ne viens pas le récupérer, je le fais seulement. » Un sourire aux lèvres, elle continua. « Un simple livret pour eux mais, bien plus que ça à nos yeux, vous nous imaginez sans nos passeports, je ne sais pas ce qu’on ferait sans… Le cauchemar ! »

Etant une passionnée des voyages, la jolie grecque avait plus que besoin de son passeport et si ce n’était que ça. Avec la chance qu’elle avait, elle serait bien capable de se retrouver prise au piège par l’un de ses flics racistes et véreux qui n’appréciaient pas les étrangers et qui étaient prêts à tout pour leur montrer que l’Amérique appartenait aux américains et uniquement à eux. A croire qu’on était encore en guerre. C’était tellement navrant de constater qu’il existait encore des gens comme ça, navrant mais tellement vrai.

« Oh mais c’est très simple, pourquoi s’embêter à se donner plus de travail quand on peut faire ce qu’on veut tout en emmerdant ces pauvres gens qui ne bougeront pas d’ici tant qu’ils n’auront pas leurs papiers… Il n’y a rien de jouissif dans le fait de faciliter la vie aux autres… Heureusement qu’on avait rien prévu… »

C’était quand même pas croyable le plaisir que prenait certaines personnes dans le fait de faire poireauter de pauvres gens alors qu’ils ne venaient que régler leurs problèmes. Ils ne demandaient rien à personne à part qu’on s’occupe de leur cas, à croire que c’était trop demandé. C’était d’ailleurs pour cela que la jolie grecque n’aimait pas spécialement la mairie, pour ce genre de problèmes.

« Grecque du côté de ma mère et italienne du côté de mon père et vous ? »

La Sigma était fière de ses origines, un peu moins de son géniteur et pour cause. Seulement, son père ne faisait pas ce qu’elle était et elle n’allait surement pas détester son pays tout ça parce qu’elle n’aimait pas son père, ce serait totalement stupide.

« Un peu plus longtemps mais, je retourne souvent en Grèce et en Italie… J’étais en Grèce encore cet été. »

Que de bons souvenirs que ses vacances en Grèce mais, le retour à la réalité avait été moins féérique, très douloureux, elle en ressentait encore l’amertume de cette disparition soudaine. Certes, l’Epsilon était de retour mais, la douleur était toujours bien encrée en elle, elle était bien trop sensible pour son plus grand désarroi.

« Je pense aussi mais, dites-vous que c’est pour la bonne cause, ce n’est pas une si grande perte que ça même si je suis d’accord pour dire qu’être assise à la terrasse d’un café à siroter un chocolat chaud ou tout autre délicieuse boisson est une bien meilleure perspective que celle de rester debout pendant encore longtemps. »

La file avançait, c’était déjà un bon début, il ne fallait pas non plus se plaindre de tout et tout le temps. Sa mère lui avait appris à apprécier les choses de la vie comme elle venait, pas question de se plaindre ou de se morfondre de son sort, on devait plutôt remercier le ciel pour ce qu’il nous avait offert. Voilà ce que la mère de la brunette lui avait enseigné, ce n’était pas plus mal d’ailleurs.

« On en a pour un long moment, la prochaine fois, on devrait penser à ramener nos mots-croisés, ça nous fera passer le temps… » Dit-elle en souriant.

Au point où ils en étaient, ils pouvaient encore attendre un peu, ce n’était pas la fin du monde après tout. Garder le sourire et positiver, voilà ce qu’il fallait faire ou du moins, essayer.

« Si seulement quelqu’un savait parler sa langue… Pauvre femme, elle doit être tout autant dérangée si ce n’est pas plus que nous de ne pas pouvoir avoir ses papiers et en plus, ne pas parler notre langue… »

C’était quand même exaspérant de voir des personnes travaillaient dans un tel endroit, censées s’occuper d’étrangers et qui ne se donnaient même pas la peine d’apprendre d’autres langues. Totalement décevant.