esmé & maya ▬ I would like to be someone else, right now. Living easy, living free, season ticket on a one-way ride, asking nothing, leave me be. Taking everything in my stride don't need reason, don't need rhyme ; ain't nothing I would rather do, going down, party time. My friends are gonna be there too ;; Let's be crazy

Nos deux acolytes uniques et préférées n’étaient pas du tout dans une panade noire, c’était dans la tête. Maya et Esmé n’avaient pas été prises en « flagrant délit de bordel en pleine ruelle alors qu’il se trouvait être quatre heures du matin ». Personne n’avait appelé la police, elles n’avaient pas été menottées comme deux criminelles et par-dessus tout, elles n’avaient pas été jetées comme deux mal propres dans une cellule minuscule alors que l’on leur dictait qu’elles avaient le droit de garder le silence, que tout ce qu’elles diraient pourrait être retenu contre elles. A croire qu’elles se trouvaient dans un mauvais film policier, en plein trafic de drogue, et qu’elles s’étaient fait botter le fessier pour leur apprendre à ces deux petites gamines. En tout cas, la blondinette et la rouquine naviguaient en plein cauchemar. Depuis une heure, soit leur arrestation en grandes pompes, elles n’avaient eu ni visite, ni eau, ni nourriture, un vrai bagne. C’était à peine si Maya avait réussi à dégoiser un mot, non pas par colère, mais plutôt parce qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de rire. Voilà une heure que ces deux imbéciles se tordaient comme deux baleines sans pouvoir s’en empêcher et qu’elles luttaient comme jamais elles n’avaient lutté dans leurs existences pour paraître aussi discrètes que possible. Maya riait. C’était une grande première dans sa vie, elle s’était fait traiter comme une criminelle, mais toute cette situation provoquait en elle une hilarité absolument exceptionnelle. Il en était de même d’Esmé cependant ! Il n’y en avait pas une pour rattraper l’autre et dieu sait qu’elles s’étaient bien trouvées. Certes, leur lendemain allait certainement être beaucoup moins drôle, surtout lorsque le père adoptif de Maya viendrait les chercher, mais pour l’instant on peut dire qu’elles savouraient leur petite victoire personnelle. Elles qui étaient apparues l’une comme l’autre comme insignifiantes à la surface de cette bonne planète, voilà qu’on leur collait une étiquette, qu’elles devenaient presque importantes pour tous ces pince-fesses de la flicaille. Elles n’étaient plus seulement deux ombres occupées à faire n’importe quoi en vue de se donner elles-mêmes de l’importance…Elles étaient devenues des criminelles. Sans même avoir levé le petit doigt, les voici menottées, jetées dans une cellule et à attendre leur « jugement dernier ». Pour un peu, Maya se serait écriée que c’était fun et qu’elle recommençait quand ces flics bien gaulés le voulaient ! Après tout, qui n’a jamais fantasmé sur un membre de l’autorité…La blondinette avait beau avoir été violée et avoir un mal fou avec les relations sentimentales comme humaines, elle devenait nettement plus dévergondée en présence d’Esmé. L’une pour l’autre, elles avaient une sorte d’influence. Restait à déterminer si celle-ci finirait par être vraiment bonne ou, à l’inverse, plus mauvaise que jamais.

« C’est la merde, mais putain de merde qu’est-ce que c’est le pied ! T’as déjà eu un orgasme pareil ? Les menottes bordel ! »

Pour un peu, il ne leur manquerait plus qu’une évasion en beauté, un casier plein et elles pouvaient mourir illico, elles auraient connu les plus belles peurs de leur existence. Maya n’était pas totalement dans son état normal depuis qu’elle avait appris à quel point sa vie ne tenait plus qu’à un fil. Plutôt que de courir après des organes afin d’accélérer le processus de greffe, elle brûlait volontiers la chandelle par les deux bouts, et ce toujours en compagnie d’Esmé. Il n’y en avait décidément pas une pour rattraper l’autre, et comme elles étaient toutes deux dans la peau de deux condamnées, il n’y avait que peu d’espoir que l’une finisse par être raisonnable. Dans le cas contraire, probablement n’auraient-elles jamais fait d’émission de téléréalité et n’auraient-elles jamais eu l’idée de lancer une ligne de robes de mariée connaissait un succès interplanétaire. Maya était bien dans ses baskets depuis de nombreuses semaines…Et diable, elle n’aurait troqué cette sensation de béatitude pour rien au monde.

« Rien à foutre. On peut croupir ici en fait, tu ne crois pas ? Ce serait le pied…On pourrait trop imaginer une évasion, intelligentes comme on est. Rien ne nous en empêche. Puis merde, ras le bol de s’intéresser à la réputation de Pierre, de Paul ou de Jacques. Je me suis trop souvent pourri la vie pour ce genre de conneries. Là, c’est mon cul que je risque. C’est plus reposant de ne compter que sur son cul, tu ne trouves pas ? »

Maya et Esmé pouvaient compter l’une sur l’autre, au moins. Sans condition et sans aucune prise de tête…Il leur arrivait d’être sérieuses, c’est la raison pour laquelle leur collaboration leur avait rapporté et leur rapportait encore un tel pécule, mais elles n’étaient jamais déçues. Elles ne comptaient plus sur personne, et à l’heure actuelle, c’était parfait. Pas de plan sur le long terme, pas de promesse, pas de déception. Juste une goutte de folie dans ce monde si triste et égoïste.

Qui aurait cru ça ? Qui aurait pu croire que ce jour allait arriver ? Le jour où Esmeralda Williams se retrouverait dans une cellule, traitée comme une criminelle, comme une dealeuse ou je ne sais quoi encore. Surement pas elle mais, dieu que c’était bon de sortir des habitudes et de se retrouver là où personne ne nous aurait cru capable d’être. Le meilleur dans toute l’histoire était la présence de Maya, toujours présente pour ce genre de folies ce qui ne pouvait que réjouir la brunette. C’était toujours mieux d’être deux pour faire les folles et se retrouver avec des menottes aux poignets. C’était ce qui était bien avec Maya, pas de réputation à préserver, pas de regards à éviter, juste elles et elles seules. Et le flic qui restait debout devant leur cellule pour s’assurer de…De quoi au juste ? Qu’elle ne s’échappe pas ? La situation était bien comique. On se serait presque cru dans le film « Le parrain » ou pire encore, Maya et Esme deux barons de la drogue qui s’était faite chopper par des flics de banlieues. Esme ne savait pas ce qui était le plus drôle, le fait qu’on les considère comme des criminelles ou plutôt le policier qui les avaient arrêté un sourire aux lèvres comme si c’était la prise de l’année et qu’il allait recevoir une promotion pour une telle prise. Quoi qu’il en soit, la jeune femme était pliée en deux, essayant tant bien que mal de se retenir de rire sans pouvoir y arriver et Maya n’aidait pas non plus. Ces deux là s’étaient bien trouvées, pas une pour en rattraper l’autre, à croire qu’elles s’étaient mises en tête de faire tout ce qui était le plus improbable. Quoi de plus normal pour deux condamnées ? Certes, rien n’était encore définitif, elles n’étaient pas encore mortes mais c’était comme si. Toujours faire attention à ne pas faire des folies, se reposer, aller à l’hôpital pour une simple toux, un simple maux de tête, un rien pouvait les affaiblir et par conséquent les rapprocher de leurs tombes. Malheureux mais vrai. Alors autant en profiter pour s’amuser et vivre sa vie à cent à l’heure. Esmeralda avait toujours été une fille exemplaire, jamais rien à lui reprocher, elle faisait toujours tout correctement et bien plus encore. La brunette avait grandit avant l’heure, elle était devenue une adulte bien avant le temps ce qui ne lui avait pas permis de vivre sa vie pleinement mais à quoi cela avait servit. A rien visiblement. Cela ne changeait rien à sa vie et n’y changerait surement rien. Cependant, lorsqu’elle avait fait la connaissance de Maya, tout avait eu un autre sens, elle s’était rendue compte que respecter les règles et faire tout ce qu’il nous était demandé ne servait pas à grand-chose. Avait donc vu le jour une collaboration des plus fructueuses, une amitié sans faille et une joie de vivre inégalée. Deux folles qui n’attendaient rien de la vie, qui n’espéraient plus rien de la vie juste la vie elle-même.

« On aurait dû passer par la case ‘cellule’ depuis bien longtemps…C’est tellement bon ! Il ne manquerait plus qu’un beau flic parmi nous et ce serait parfait. »

Un beau flic, des menottes, qui ne fantasmerait pas de cette situation. Surement une pauvre fille coincée. Les deux demoiselles n’arrivaient plus à stopper leur crise d’hilarité, elles étaient arrivées à un point où il valait mieux rire. Elles auraient tout le temps plus tard pour se poser des questions existentielles. Demain, lorsqu’on viendra les sortir de cette cage car c’était bel et bien une cage, elles pourraient s’en vouloir. Ou pas. Pour l’instant, elles profitaient d’une expérience que jamais elles n’auraient cru vivre, que jamais on aurait pensé les voir vivre. Une Alpha, studieuse et intelligente et une Sigma, présidente de sa confrérie et bosseuse. Deux filles qui n’avaient surement rien à faire ici et qui pourtant se plaisaient à y être.

« D’accord avec toi. Qu’ils aillent tous au diable, c’est notre vie après tout. Rien à battre de ce qu’ils peuvent penser de nous. On en profite et basta et si ça ne leur plait pas, c’est leur problème, pas le notre ! Ca fait du bien de ne pas avoir à penser aux conséquences ou à l’image, tu ne trouves pas ? »

Etant dans la même situation qu’elle, Esme savait très bien qu’elle pouvait compter sur sa complice. Elles étaient toutes deux malades et pas qu’un peu mais, cela n’allait pas les priver de leur liberté et de vivre leur vie, bien au contraire. Et pour l’une des premières fois de leur vie, elles n’allaient pas se confronter à une multitude de déception, à des portes qui se ferment parce qu’elles ne sont pas comme tout le monde. Adieu les clichés, les devoirs et les bonnes manières et bonjour la folie. Elles n’étaient pas inconscientes, juste fatiguées de devoir tout faire correctement.

esmé & maya ▬ I would like to be someone else, right now. Living easy, living free, season ticket on a one-way ride, asking nothing, leave me be. Taking everything in my stride don't need reason, don't need rhyme ; ain't nothing I would rather do, going down, party time. My friends are gonna be there too ;; Let's be crazy

D’un point de vue purement technique, Esmé n’avait pas tout à fait tort…Avec le nombre de conneries à leur actif, elles auraient dû faire un petit voyage au frais depuis bien longtemps. A croire qu’elles soient si fines d’esprit qu’aucun flic n’avait jamais eu l’idée géniale de les mettre au trou ne serait-ce que pour une nuit…D’autant que cela ne servait à rien, quand bien même leur faudrait-il payer une caution croquignolette pour sortir, cela ne leur servirait certes pas de leçon. Concernant sa petite personne, Maya savait que cela n’allait pas l’assagir pour trois sous et qu’elle allait continuer à n’en faire qu’à sa tête, comme si elle se trouvait en pleine puberté. Hélas, ce qui était aisément explicable et excusable à l’âge de quinze ans le devenait nettement moins à vingt-deux. Maya aurait donc pu se remettre en question, se questionner quant à son comportement mais l’envie n’était décidément pas présente. Tout ce qu’elle comptait faire pour l’instant, c’était appuyer les dires d’Esmé : Effectivement, il manquait un flic baraqué, brun aux yeux bleus de préférence, afin de leur faire passer un agréable moment. Il n’aurait plus manqué également qu’elles puissent le déshabiller, ou mieux, lui demander un striptease afin que la boucle soit effectivement bouclée jusqu’au bout. Maya n’avait pas en tête l’image qu’elle pouvait bien dégager et bien qu’elle soit parfaitement consciente du savon que son père allait très certainement passer sur sa tête, elle n’en n’avait cure. Elle se contenta donc de hausser les épaules avec nonchalante, ce geste rencontrant un air parfaitement entendu chez Esmé : On n’aurait pas pu trouver plus complices que ces deux demoiselles. A plusieurs reprises, la fliquaille présente s’était pointée près des barreaux et avait manqué la syncope en constatant à quel point elles prenaient leur arrestation à la rigolade. Pour Maya, ce n’était rien de plus qu’un détail. Elle avait sans doute besoin de ce genre de choseries pour se sentir vivante et avoir l’impression d’avancer avant que la mort ne vienne la prendre inexorablement. Qu’importe qu’on ne la prenne pour une folle, rien n’aurait pu l’empêcher de se mettre à danser sensuellement à l’intérieur de la cellule, provoquant ainsi un brouhaha sans nom dans les cellules voisines et l’intérêt tout particulier des autorités qui n’étaient jamais loin. Maya avait cette sorte de charme mystérieux faisant d’elle une proie particulièrement attirante, que nul n’était jamais parvenu à obtenir pourtant. Elle ne voulait pas être un trophée…Désormais, la demoiselle n’avait plus le temps pour ce genre de connerie.

« T’as vu ça ? Bande de mâles crétins et en chaleur !! Tu leur danses une sorte de mambo à la con et ça y est, on les a complètement perdus !! »

Maya n’hésita pas non plus à leur balancer un rire narquois et cynique en pleines gencives. Celui-ci n’avait strictement rien de sympathique, il faisait presque peur au contraire, la faisant désormais passer pour une sorte de psychopathe échappée de l’asile. Mais qu’ils fassent appel à un psy qu’elle puisse ENFIN se marrer comme il se devait ! Elle n’avait aucune intention de leur laisser le bénéfice du doute et une fois que son père aurait payé la caution, il serait plus que temps d’obtenir leurs excuses. Les flics les avaient arrêtés pour de mauvaises raisons, après tout…Ce n’était pas un crime de faire une petite fête en pleine rue, d’autant qu’elles étaient tout de même loin de l’état d’ébriété avancé dans lequel elles avaient été cataloguées !

« Tu crois qu’ils ont prévenu ta famille ces enfoirés ? Tu peux être sûre qu’au moins l’assistant de mon paternel va se radiner d’ici à demain matin. Il va payer la caution, être chargé de me tirer les oreilles et voilà, affaire classée. Mais perso, je compte bien demander réparation : J’ai un standing à respecter et avoir été embarquée comme une criminelle, je l’accepte pas ! Ils seront virés ou je ne suis plus une Kammiya. »

Pour un peu, on aurait presque cru qu’elle s’était soudainement réincarnée dans une sorte de fille de mafieux dans son image la plus ingrate. Mais l’adrénaline présente dans le sang de la blondinette commençait à s’amoindrir et forcément, la joie laissait place à cette haine sans nom ressentie à l’encontre des autorités. Ils ne servaient à rien, selon elle. Mais avait-elle tort ? Au contraire, personne ne pouvait la blâmer dans le sens où beaucoup seraient d’accord…Y compris Esmé, dont le rire amusé aurait pu détendre n’importe quel stressé chronique. Ai-je déjà précisé que ces deux là formaient une belle bande de demoiselles qui se comprennent et ne peuvent être davantage partenaires de connerie ?

« Naaaan, en fait il me manque un putain de mariage à Vegas pour que la boucle soit VRAIMENT bouclée dans le genre. Ce serait pas trop bandant de se faire marier par Elvis ? Nom de dieu manque plus qu’à trouver le timbré qui acceptera de m’épouser. Une idée, une connaissance ? De toute façon, pour ce que ça va changer dans quelques mois…J’peux bien me marier avec le premier venu, dans trois mois je serais en train de bouffer les pissenlits par la racine !! »

Dire qu’elle était passée à côté de sa vie semblait être un euphémisme, jusqu’à quand allait-elle continuer à jouer les femmes fortes, posées et sans problèmes ? Surement pas maintenant que son chemin ait croisé celui de Maya. Laquelle des deux avaient le plus d’influence sur l’autre ? Pas la moindre idée, il n’y avait pas de maillon fort et de maillon faible, elles étaient toutes les deux pour beaucoup dans cette collaboration plus que fructueuse. Il n’y en avait pas une pour rattraper l’autre et croire que leur maladie les assagirait était comme croire aux bonnes fées ou aux lutins. Ils se marièrent et vécurent heureux jusqu’à la fin de leur vie ne se voyait que dans les contes de fée, ce qui voulait dire pas dans leur vie à elles. Et de toute manière, finir mariée à un prince charmant avec une ribambelle de gamins qui couraient partout était le dernier de leur problème, elles avaient plus important à faire pour le moment comme profiter de chaque seconde que la vie leur accordait. Esme ne se souvenait plus de la dernière fois où elle avait tout envoyé balader pour ne penser qu’à sa pomme, surement que cela ne ce soit jamais produit. Ou pas assez souvent au goût de la Sigma qui avait passé le plus clair de sa vie et de son adolescence surtout à tout faire comme il le fallait et mieux encore. Elle avait commencé à travailler très tôt pour payer les frais d’hôpitaux de sa mère, elle avait fait en sorte d’être une fille modèle pour que sa mère soit fière d’elle et elle avait suivit les règles comme il se devait parce que c’était ce qui lui était demandée. Elle n’était pas une petite fille gentille et sans problèmes comme on pouvait le croire mais, la vie n’avait jamais été tendre avec elle, elle avait donc dû se rendre à l’évidence : si elle ne prenait pas soin d’elle-même, personne ne le ferait parce que justement, elle n’avait personne pour jouer ce rôle. Dès lors, elle était devenue une adulte avant l’heure, réduisant à néant le semblant d’innocence que son père lui avait laissé par inadvertance ou par manque de temps, allez savoir.

« Tu sais quoi ?! On devrait le mettre dans notre liste de souhait ça : le flic beau gosse à qui on passera les menottes, ça serait surement amusant et puis avec un peu de chance, on tombera sur un qui n’aura pas les chocottes et qui nus enfermera tous les trois en cellule… Les pauvres, on ne peut pas leur en demander trop surtout avec les deux malheureux neurones qui se battent dans leur crâne. »

Ils les avaient arrêtés pour trouble de l’ordre public, ils avaient fait une terrible erreur. Ils en payaient à présent les terribles représailles. Et elles ne faisaient pas dans la dentelle quand il s’agissait de prendre leur pied surtout pas dans une situation comme celle-ci. Dire qu’elles n’avaient pas pensé à la prison pour remplir leur liste de souhaits. Ce n’était pas grave, elles venaient de se débrouiller comme des chefs, les autres avaient beaucoup de choses à leur envier. Elles étaient belles, intelligentes, excellentes en cours et elles pouvaient se permettre n’importe quoi. Et cette liste de souhaits leur permettait de faire tout ce qu’elles n’auraient pas fait en temps normal mais qu’elles se permettaient maintenant qu’elles se savaient gravement malades. Ce n’était pas pour leur déplaire et lorsqu’elles mettaient leurs cerveaux en commun, ça en faisait des étincelles au grand damne de leur entourage qui les trouvait beaucoup trop imprudentes.

« Ils peuvent toujours essayer de les contacter si ça peut leur faire plaisir… Pas sûr que les gars des communications ont déjà eu le temps de poser une ligne direct depuis la tombe de ma mère, je penserais à le leur rappeler… »

Esme était au bord des larmes tellement elle riait. Il n’y avait personne à contacter ou presque. Il y avait bien sûr ce bon vieux Andrews, l’agent chargé de sa protection, seulement, pour le joindre, il fallait déjà avoir son numéro ou encore son nom, deux choses qu’ils n’étaient pas prêts d’avoir. Parole d’Esme.

« Ce serait le rêve, on s’envole pour Vegas par le premier vol, une fois là-bas, on fait le tour des casinos et on se dégote deux vieux papi bourrés de fric à l’article de la mort et hop, direction Elvis. Je suis presque sûre qu’ils claqueront à la seconde où on leur dira oui, leurs cœurs ne vont pas supporter un tel choc. Épouser deux sublimes créatures comme nous, ce n’est pas donné à tout le monde quand même ! On héritera en plus d’un vrai petit pactole sans même avoir besoin de braquer une banque… »

Si elles continuaient comme ça, la Sigma risquait de se pisser dessus. Mais comment résister à la tentation de faire des conneries surtout lorsque notre compagnon de l’aventure était une belle blonde qui ne reculait devant rien et qui n’avait pas froid aux yeux. Il fallait être complètement dérangé du ciboulot pour ne pas en profiter.

ESME & MAYA

« I would like to be someone else, right now. Living easy, living free, season ticket on a one-way ride, asking nothing, leave me be. Taking everything in my stride don't need reason, don't need rhyme ; ain't nothing I would rather do, going down, party time. My friends are gonna be there too. Let's be crazy !! »

Il faut admettre ce qui est, Esmé et Maya s’étaient rudement bien trouvées. Aussi disjonctées l’une que l’autre, aussi prêtes à faire une liste de souhaits débiles avant de mourir et tout aussi capables de se moquer des gens plein aux as n’ayant rien d’autres de mieux à faire dans leurs vies que de se plaindre. Il n’était guère étonnant de les voir enfermées dans la même cellule au poste de police du quartier, surtout à déblatérer des conneries plus grosses qu’elle sur un potentiel moment avec un policier, à être menottées…Le plus étonnant résidait dans le fait qu’elles n’aient pas été pincées ni enfermées avant ! Maya n’avait de cesse d’en être surprise et, pour la forme, mettait toujours la barre plus haute afin de voir jusqu’où elles seraient capables d’aller ensemble. Il n’existait pour l’instant aucune limite qu’elles ne soient pas prêtes à franchir : Le fait même de se marier à deux vieux friqués tout à fait en mesure de casser leurs pipes juste après avoir dit oui ne leur faisait même pas froid aux yeux. Pire, les connaissant, elles étaient déjà en train de fomenter tout ce formidable petit plan dans leurs têtes, histoire d’avoir toujours quelque chose à faire une fois que la précédente connerie était terminée. En l’occurrence, la condition sine qua none à ce genre de débordement, c’était de sortir de prison. Il suffisait pour cela que Kammiya père en personne n’envoie quelqu’un pour payer la caution de ces deux demoiselles terribles impossibles à faire tenir en place…Le temps finissait par être long. Maya n’avait jamais été très à l’aise dans les endroits aussi fermés et elle pouvait remercier la présence d’Esmé : Sans elle, il y a belle lurette qu’elle aurait pété une durite, se serait roulée par terre en hurlant à la mort sous l’effet de la crise de claustrophobie qu’elle se serait tapée dans la foulée. Pour l’instant, la blondinette demeurait aussi stoïque qu’une statue, et aussi calme qu’un ruisseau un pâle matin de printemps. Mais ce n’était que reculer pour mieux sauter, le calme avant la tempête, la raison avant la bêtise. Il ne fallait certes pas s’attendre à ce que la demoiselle ne reste bien sagement à tourner en rond dans cette maudite cellule alors que les deux acolytes avaient encore tant à faire. Etre mourante n’avait pas empêché Maya de vivre jusqu’ici…Et ce n’était pas aujourd’hui qu’elle était en présence d’Esmé que cela allait changer, loin s’en faut.

« En fait, je crois que si on veut avoir le grand frisson de Vegas, il ne va pas falloir qu’on croupisse ici pendant des plombes…Qu’est-ce que t’en penses ? On attend qu’un preux chevalier avec notre caution vienne nous délivrer ou, comme d’hab’, on se démerde avec nos blanches mimines ? »

Avant même de poser la question, Maya connaissait déjà l’évidente réponse. On n’est jamais mieux servis que par soi-même, et il n’était pas dit de toute manière qu’on ne les libère avant la trinité…Autant se servir de leurs ciboulots rudement bien remplis plutôt que d’attendre pour rien !

« Ouais, je me disais aussi…On se démerde comme deux grandes ! Attends voir, je dois sûrement avoir une épingle…Ca marche bien dans les films, pourquoi ce tour merdique ne marcherait pas avec moi ? Merde, on est deux génies après tout ! »

Véritablement et indiscutablement, les deux demoiselles étaient deux petits génies en puissance. Elle n’utilisait pas toujours leur intelligence à bon escient c’est un fait, mais il n’en demeurait pas moins qu’elles se trouvaient dans la peau de deux surdouées parfaitement au courant de ce qu’elles étaient en train de faire. C’est donc sans l’ombre d’une hésitation ou d’un remord que Maya se mit à fouiller dans sa coiffure, semblant avoir fait la guerre tant celle-ci était hirsute, avant de brandir fièrement UNE épingle comme s’il s’agissait de la huitième merveille du monde. Comme quoi, on peut s’affoler et s’émerveiller pour un rien chez l’héritière Kammiya…Et en l’occurrence, c’était un large sentiment de contentement qui peuplait ses pupilles brillantes. Elle s’empressa d’ailleurs aussitôt de mettre en place son plan, glissant sa main de l’autre côté du barreau afin de rentrer dans la serrure ladite épingle. Il n’y avait plus qu’à triturer celle-ci jusqu’à ce qu’elle ne se décide à coopérer, chose qui pouvait prendre du temps. Maya s’y appliquait de toute son âme, ne laissant strictement rien la déconcentrer et n’esquissant aucune parole dans le but justement de ne pas se laisser distraire. Quelque part, elle se disait que si ces charmants policiers avaient la mauvaise idée de se pointer juste à ce moment là, elle était bonne pour passer une nuit d’anthologie au trou, et ce sûrement sans la présence rassurante d’Esmé. Quel cauchemar ce serait !

« Ouais, bah cette saloperie a pas l’air de vouloir céder pour l’instant ! Nom de dieu je ne vais pas la laisser gagner la bougresse ! D’autant que je n’ai pas spécialement envie d’attendre que ce cul serré d’employé de mon père ne vienne nous sermonner. Tu n’imagines pas à quel point il est ridicule à prêcher la bonne parole alors qu’on ne va pas en écouter un traître mot et recommencer nos conneries trente secondes après ! Limite, que mon père garde la caution, je n’en veux pas. Si on peut se tirer de là vite fait bien fait sans bavure, c’est encore mieux…Et au moins on pourra fanfaronner comme deux princesses et se payer une nuit dans un palace pour fêter ça ! Avant le vol de demain pour Vegas, évidemment. »

Joyeux petit programme qui se profilait à l’horizon et que Maya n’aurait manqué pour rien au monde. Cependant, la raison profonde la poussant à éviter que son père ne paye quelque caution que ce soit était toute autre : La blondinette ne tenait absolument pas à ce qu’il ne rapplique à San Francisco et ne constate l’état de santé désastreux de sa fille adoptive. Dans la mesure du possible, s’il pouvait continuer à garder ses distances et jouer les pères par procuration, il n’était rien qui puisse faire davantage plaisir à la jolie japonaise. D’autant qu’elle n’avait besoin de rien ni de personne pour se sentir bien…Elle avait sa liste, et elle avait Esmé ! C’était en soi un programme tout à fait novateur en vue de lui faire oublier sa peine et ça, elle ne l’aurait troqué pour rien au monde. Justement parce qu’elle venait tout juste d’ouvrir avec brio la porte de la cellule, le plus naturellement du monde, sans même tordre son épingle et sans esquisser le moindre bruit ne pouvant être couvert par une légère toux non suspecte. Autant dire que, tout en prenant soin de ne pas rameuter les fameux et charmants flics, Maya eut tôt fait de se ruer dans les bras d’Esmé avant de sautiller de joie face à ce véritable exploit qu’elle venait d’accomplir. Pour sûr, elles allaient en parler pendant des semaines, surtout si elles parvenaient à se tirer de là discrètement. Après tout, une fois qu’elles auraient remis leurs deux manteaux à capuche, il suffisait de se faire passer pour des civiles, voire même pour des employées de ménage, et le tour serait joué, elles pourraient facilement sortir par la grande porte…Aussi, tout en s’habillant, Maya chuchota aussitôt à sa camarade :

« On ferme la porte de la cellule derrière nous, on s’habille chaudement et on sort incognito en faisant un signe de la main « mine de rien » au réceptionniste. Je te parie combien qu’en sort « ni vues, ni connues, je t’embrouille » hein ? »

Maya était la complice parfaite pour faire les quatre cent coups et vivre sa vie à cent à l’heure, elle n’avait pas froid aux yeux et elle ne craignait pas les retombées de ses actes, c’était très efficace d’ailleurs. On ne pouvait pas dire qu’Esme était un ange à côté d’elle, loin de là. L’image que les deux demoiselles dégageaient lorsqu’elles étaient seules n’avait rien à voir avec ce qu’elles devenaient en compagnie de l’autre. Une totale métamorphose, c’était limite si on ne changeait pas de route lorsqu’on les apercevait ensemble. Rien ne les arrêtait pour le plus grand malheur de leur entourage respectif. Victoire non plus n’appréciait pas vraiment cette collaboration des plus dangereuses, comme elle la surnommait. Seulement, les deux jeunes femmes n’avaient pas la même vision de la vie que les autres, peut-être était-ce dû à leur maladie justement. Pour Esmeralda, c’était le cas. Elle avait toujours fait en sorte de bien faire les choses, d’être à la hauteur dans tout ce qu’elle entreprenait mais, où tout ça l’avait mené. A rien. Elle n’avait plus de famille, toutes les personnes qui comptaient énormément à ses yeux avaient disparu sans même qu’elle ait eu le temps de leur faire ses adieux, ni même de comprendre ce qui lui arrivé. Dure réalité, une réalité qui lui avait fat prendre conscience aujourd’hui que la vie ne tenait qu’à un fil. La jolie grecque avait frôlé la mort tellement de fois sans même le vouloir, sans même provoquer le destin alors, autant y aller jusqu’au bout. Jouer avec le feu avait quelque chose d’assez excitant en soi, d’assez plaisant. Sentir son cœur battre à tout rompre, le flux de son sang dans ses veines, pas très réjouissant pour un médecin mais, tout à fait jouissif pour la brunette.

« On fait éclater cette cage comme une canette de soda si tu veux… Les preux chevaliers ne sont bons que pour les demoiselles en détresse et je n’en vois aucune dans les environs alors, faisons ce qu’on sait faire de mieux… Se débrouiller comme de grandes filles que nous sommes… »

Elles étaient bel et bien enfermées dans une cage comme de vulgaires animaux qu’on voulait dompter avant de leur faire faire des tours tout aussi ridicules les uns que les autres dans un cirque tout autant navrant que ce qu’il avait à présenter à un public pas assez futé pour accepter de payer des fortunes pour des singeries qui ne faisaient même pas rire. Alors autant se débrouiller toutes seules pour se sortir de ce pétrin, elles étaient assez douées pour le faire, elles en avaient vu d’autre. La brunette imaginait bien Monsieur Kammiya s’arracher les cheveux de la tête en apprenant la nouvelle, elle se doutait d’ailleurs que sa présence dans la vie de sa fille ne lui plaisait pas trop. Tout à fait compréhensible, concéda-t-elle. Cependant que Papa Kammiya ne l’apprécie pas était le dernier de ses problèmes, elle s’entendait bien avec la jolie blonde qui lui servait de partenaire de ‘crimes’, si on pouvait appeler ça ainsi, elle n’allait surement pas perdre une telle amie. Jamais de la vie.

« On est des reines, on devrait se prosterner à nos pieds à notre passage… On n’a véritablement rien à faire ici, on est plus que douées ma belle… Montre-leur tes talents ma jolie… Après tout Vegas n’attend plus que nous pour apprécier la vie à sa juste valeur… C’est la ville par excellence pour deux déesses comme nous, tu ne crois pas ?! »

Bon d’accord, elles vivaient assez dangereusement mais, qui s’en souciait vraiment ? Surement pas elles. Elles avaient beaucoup mieux à faire que de se morfondre au fond de leurs lits, à pleurer toutes les larmes de leurs corps parce que la vie n’avait pas été des plus délicates avec elles. Ce n’était pas elles et ça ne le serait surement jamais. Regardant son amie se battre avec la serrure de la cellule tout en gardant le silence, ce n’était pas le moment de la déconcentrer et encore moins, se faire remarquer par les policiers qui n’attendaient qu’un faux pas de leur part pour leur tomber dessus comme si elles étaient deux tueuses en série. A bien y penser, elles devraient peut-être penser à mettre ça sur leurs listes de souhait.

« Garde ton calme Maya, tu vas y arriver, penses un peu à ce qu’on va pouvoir faire quand on sortira de cette cellule miteuse… De quoi ils auront l’ai les pauvres devant l’employé de ton père quand ils découvriront qu’on a disparu comme par magie… Ce serait tellement bon de voir leurs têtes de déterré quand ils devront expliquer notre disparition… Et dites-moi qu’aussi vite sortie de là, on pourra aller utiliser notre génie quelque part d’autre… On va même pouvoir faire le tour des casinos, qu’est-ce que tu en dis ?! »

Ce n’était pas aussi facile que ça en avait l’air, après tout la réalité était assez différente des films hollywoodiens mais, elles y arriveraient quand même. Elles devaient y arriver, pas question de croupir ici en attendant qu’on vienne les chercher et les gronder comme deux gamines de cinq ans à qui on fait la morale pour avoir mangé un bonbon avant le repas. Qui plus est, les petites remontrances ne serviraient pas à grand-chose avec ces deux là, elles avaient d’autres chats à fouetter qu’écouter un discours ennuyeux tout droit sortit de leur cul serré.

« Deux véritables fugitives, on se la fait à la Bonnie & Clyde… Ni vu, ni connu et à nous la nuit de folie qui nous attend et à nous Las Vegas… La nuit nous appartient et la vie aussi d’ailleurs… Si on sort d’ici sans se faire prendre, tu pourras demander tout ce que tu veux ! »

Rabattant sa capuche sur la tête, Esme suivit son amie dans les couloirs du commissariat, en plus de leur incapacité à garder deux filles en cellule toute la nuit, ces bons à rien de policiers n’arrivaient même pas à être à leur place quand il le fallait. Tant mieux, pensa-t-elle. La sortie sera d’autant plus un jeu d’enfants. Elle ne doutait pas vraiment de leurs capacités à berner l’ennemi, loin de là mais, connaissant sa complice préférée, l’idée qu’elle allait lui soumettre allait faire leur bonheur, elle en était certaine. Et comme elle s’en doutait, elles réussirent à passer sans encombre, sortant même par la grande porte. Là c’était sûr, elles étaient faites pour s’entendre.

« Alors ma jolie, maintenant qu’on est libre et fugitive… Ca me plait bien tout ça… Le prochain vol pour Vegas ne sera que demain, aux aurores alors comment allons-nous occuper le reste de la nuit… On est sortie, tu as le droit de tout demander… Je n’ai qu’une parole… »

ESME & MAYA

« I would like to be someone else, right now. Living easy, living free, season ticket on a one-way ride, asking nothing, leave me be. Taking everything in my stride don't need reason, don't need rhyme ; ain't nothing I would rather do, going down, party time. My friends are gonna be there too. Let's be crazy !! »

Se débrouiller comme les grandes filles que nous sommes…Esmé ne savait pas à quel point ces mots faisaient écho dans l’esprit de Maya. Il n’était pas né celui qui serait capable de l’emprisonner contre son gré, à faire d’elle son esclave sans lui laisser d’autre choix que celui d’obéir. La preuve, en un tour de main, que dis-je, en deux coups de cuillère à pot, la blondinette était venue à bout de cette cage les enfermant comme deux criminelles et ce sans l’ombre d’une difficulté. Qui aurait pu croire qu’un tel talent soit le sien, alors qu’elle était issue d’une riche famille japonaise ? Certainement pas au niveau de son sang, mais l’adoption et donc le lien familial était bien réel. Si elle l’avait voulu, la jeune femme aurait très bien pu prendre la voie diplomatique, devenir l’assistante privilégiée d’un grand de ce monde ou gagner sa place au panthéon en se glorifiant d’études que tous auraient pu lui envier. Si elle était aujourd’hui embauchée par un vétérinaire au sein d’une animalerie et avait changé radicalement de type d’étude, c’était avant tout son choix. Elle n’avait consulté personne et agit selon son bon vouloir, pour la toute première fois de sa vie. Trop souvent elle s’était inquiétée du quand dira-t-on, des désidératas des uns et des autres pour au final se rendre compte que sa vie n’était qu’un lamentable désastre, un naufrage dans son image la plus désespérante et qu’il ne lui restait pas grand-chose à sauver. Désormais, si elle parvenait à se lever de bonne humeur le matin, tout en acceptant le fait qu’elle pouvait très bien être morte le lendemain, c’était grâce aux folies pour lesquelles elle s’adonnait avec tant de plaisir en compagnie d’Esmé. Ces deux demoiselles s’étaient tellement bien trouvées que rien n’aurait pu étonner Maya vis-à-vis de sa camarade et amie, et surtout pas le fait qu’elle n’énonce que le reste de la journée leur appartenait. La blondinette acquiesça aussitôt à l’aide d’un petit sourire amusé, tout en faisant fi de ce que son père pourrait bien penser de tout cela : Jusqu’ici, Esmé s’était montrée bien plus disponible que son géniteur adoptif ne le serait jamais. Il valait mieux que Maya apprenne à choisir l’ordre de ses priorités à partir de maintenant…Et que faire de mieux sinon savoir suivre une autre « condamnée » ?

« Le terme de déesse me plait assez…Je trouve qu’il nous va à ravir, tu ne crois pas ? Et puis merde, on est majeures et vaccinées, pourquoi on aurait des comptes à rendre ?! Tout à fait entre nous, d’habitude, j’ai plutôt honte d’être friquée…Mais là, j’avoue avoir plutôt hâte de claquer un pognon monstre dans un casino après avoir enfilé quelque chose de seyant, quitte à ce qu’on s’alcoolise jusqu’à plus soif dans l’établissement le plus branché de la ville ! Mais mission d’abord, si on l’accepte : Sortir définitivement de ce trou à rats… »

Autant dire qu’il n’existait pas damoiselles plus culottées depuis que le monde est monde. Après tout, Maya était venue à bout de la serrure de leur cellule, et se faufilait désormais, Esmé la suivant de près, entre les couloirs du poste de police avec cet air parfait d’innocent aux mains pleines. Le pire, c’est que les autorités ne faisaient nullement attention à elles. Soudainement, ces deux jeunes femmes étaient devenues comme transparentes, tant et si bien qu’elles parvinrent quasiment jusqu’au grand hall du commissariat en moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire. C’était miraculeux, audacieux à souhait, et si incroyable que Maya peinait à ne pas hurler son excitation, quitte à risquer d’être lamentablement prises la main dans le sac. Mais une petite ombre au tableau se dessinait progressivement devant elles : Le policier recevant actuellement une victime d’un vol de voiture avait été à l’origine de leur stupide arrestation, et si elles ne parvenaient pas à détourner l’attention, elles pouvaient dire adieu à leur escapade rondement menée. Il fallut quelques minutes à la blondinette pour trouver LA solution envisageable et surtout réalisable. Maya ne savait pas si Esmé en avait eu une autre, ou bien si elle avait été soudainement frappée par le même éclair de génie, mais son plan ne manqua pas de faire son petit effet : La jeune femme s’était emparée du premier extincteur venu et avait fait en sorte de tordre l’embout d’où s’échappait la poudre. Qui aurait pu ne pas imaginer l’appareil en train d’être balancé au sein même du hall, répandant une traînée de poudre telle que celle-ci avait littéralement explosée et hourdé la plupart des occupants de la pièce…Excepté Maya et Esmé bien sûr qui s’étaient protégées à la dernière minute avant de ne se ruer littéralement à la sortie. En l’espace de quelques minutes seulement, les demoiselles s’étaient élancées et avaient définitivement disparu de ce maudit commissariat où la blondinette en personne s’était juré de ne jamais remettre les pieds. Jouer les hors la loi en herbe était un plaisir de chaque instant, mais autant se débrouiller pour ne pas se faire prendre comme deux bleus…

« Et voilà le travail !! Ce n’était pas une œuvre d’art ça, sérieux ? On devrait nous ériger une statue à notre effigie, pour dévoiler notre génie fabuleux et faire comprendre à tous les petits bandits qu’ils peuvent aller se rhabiller s’ils ne savent pas fomenter une évasion digne de ce nom !! Je suis assez fière de ma petite personne, j’espère qu’il en est de même pour toi…Et maintenant, nous avons tout le temps du monde pour s’occuper de nos exceptionnels petits culs ! Chercher quoi faire est notre nouvelle mission, évidemment… »

D’un geste habile, Maya avait épousseté le peu de poudre ornant légèrement ses épaules et sa chevelure blonde, afin de ne surtout pas être dénoncée par un détail aussi insignifiant. Désormais, il fallait effectivement qu’elles ne trouvent une activité suffisamment folle pour rivaliser avec l’adrénaline qu’elles s’étaient elles-mêmes procurées durant cette petite escapade dans la peau de deux hors la loi à la Bonnie & Clyde. Le fait que son acolyte préféré lui ait proposé de faire absolument tout ce qu’elle pouvait bien souhaiter faire à cet instant précis…Là, dans la seconde, autant dire que les idées se bousculaient au portillon dans l’esprit de Maya et qu’elle risquait d’être difficile à arrêter dans son élan.

« Là de suite ? En fait, y’a plein de trucs dont j’aurais envie, pour être honnête. En plus de claquer un pognon monstre au casino évidemment ! Comme faire les boutiques à en avoir mal aux pieds, se faire maquiller et chouchouter afin d’être les reines de la soirée. Mais aussi, et ça fait quelques temps que j’y pense maintenant, chercher un appart’ en ville. J’en ai ras le bol d’être au sein du campus, et même si j’apprécie beaucoup ma confrérie, je suis très souvent en ville quand je dois bosser à l’animalerie. Puis j’aimerais voir autre chose que des tronches d’intellos toute la journée…Tu peux comprendre que je n’ai pas énormément de temps à perdre, toi, au moins. Je ne veux plus perdre mon temps donc, je ne veux pas être dans un pauvre petit neuf mètre carré et sans aller jusqu’à me payer un palace, parce qu’il ne faut pas pousser mémé dans les orties, j’aimerais au moins aller regarder les offres d’appart’ en ville. On ne sait jamais, je pourrais sûrement trouver chaussure à mon pied, qu’est-ce que tu en penses ? Après, on pourra aller absolument où tu veux aussi, il n’y a pas de raison que ce je sois la seule à faire des caprices de starlette, tu y a droit toi aussi !! Tu aurais envie de quelle folie toi, là de suite ? Si tu me dis que tu veux te goinfrer de trucs interdits en bavant sur nos vies sentimentales désastreuses, je te suis jusqu’à l’autre bout de la planète, pas forcément uniquement à Vegas ! »