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“A lie hides the truth. A story tries to find it.” K&C

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MessageSujet: “A lie hides the truth. A story tries to find it.” K&C “A lie hides the truth. A story tries to find it.” K&C EmptyMer 30 Nov - 17:08


Kurt Alan Wendrick Jairo Esponiza&Cadence Marie Levy - Carcenac




    Enveloppée par le brouhaha des arrivants, les prunelles de Cadence courraient sur les deux peintures de Johannes Vermeer. La jeune française restait pantoise devant la perspective de génie dont avait fait preuve le peintre baroque néerlandais, l’aisance avec laquelle il avait dessiné les traits de ses personnage, et la mise en scène du portrait était prodigieuse. Le décor, sombre et parfaitement figé, revendiquait pourtant une once d’animation, plus le regard se noyait au sein des couches de peinture et plus le tableau prenait vie et racontait son histoire. Chaque élément était disposé d’une façon précise, rendant une composition unique et les effets de lumière alliés au flou artistique soulignaient une perspective sans défaut. « Qu’en pensez-vous mon enfant ? ». L’étudiante détourna ses pupilles des œuvres frappées par le pinceau du redoutable Vermeer pour rencontrer les traits mous de monsieur Lambert, un intime de son père, venu exclusivement pour la session d’enchères. L’honorable démarche avait pour objectif de restaurer une très ancienne propriété, classée parmi le patrimoine français, superficielle en somme mais les plus grandes fortunes californiennes jouaient des coudes aux portes d’entrée. Évidemment, quand il s’agissait d’une cause humanitaire, il n’y avait personne, ce qui fit rire Cadence. « Des huiles sur toile de Vermeer, dix-septième siècle, à elles deux, le premier étage sera remis à neuf en un clin d’œil. Cette enchère sera une réussite, ne vous en faites pas monsieur Lambert. Et n’oubliez pas que je suis votre bras droit. ». Le vieil homme corpulent la dévisagea affectueusement, les lignes qui barraient son front s’effacèrent en un sourire confiant. Serviable et fidèle amoureuse de l’art, Cadence avait pris l’initiative de couvrir l’évènement, veiller sur les précieux trésors et s’assurer que chaque chose, même les plus anodines, se dérouleraient exactement comme son esprit l’avait dessiné. Mensonge. Son fortuné de père lui avait donné un coup de fil le petit matin même, lui suggérant avec instance de prendre les rênes et intensifier le prestige du merveilleux nom sous lequel elle répondait. Levy-Carcenac père restait le seul et unique homme à qui Cadence obéissait religieusement, le fait était qu’elle aurait trop à perdre en franchissant la ligne ennemie et révélant son véritable visage, nettement moins flatteur, à son créateur. Sous ses airs d’hypocrites, les lingots d’or tombaient du ciel, le monde lui mangeait dans la paume de la main et son avenir avait été rebaptisé « réussite ». Cadence jouait merveilleusement bien son jeu de rôle, il suffisait de la voir pour le croire, cette fille était la perfection incarnée, chaque éclairage de la pièce avait été choisi avec minutie et l’ordre des biens à vendre avec sagesse. Le comble, tout le monde s’évertuait à penser que ces actions avaient été faites de bon cœur. Seule la française était raisonnable, assez lucide pour savoir que la perfection n’existait pas mais assez vaniteuse pour concevoir sa propre notion de perfection, elle. Une douce mélodie enchantait les lieux, déjà les foules se pressaient devant les quelques bibelots exposés, matière pour les appâter comme l’on attire un âne avec une carotte. Lambert, se tenant au front dans le hall, accueillait avec un enthousiasme poli ses congénères. Son grand sourire aux lèvres en disait long, imprégné de la promesse que des fortunes allaient être déboursées ce soir. Cadence parcourut du regard les sièges à haut dossier doré qui attendaient leurs usagers, tapissés de soie à rayures vert d’eau et ivoires, ces derniers contrastaient à la perfection avec le somptueux parquet chocolat. Ses yeux s’arrêtèrent sur une chevelure bouclée et négligée, plantée devant une sculpture grecque antique, Cadence était persuadée d’avoir déjà croisé la perruque mexicaine quelque part. La iota fronça ses sourcils clairs, ressassant ses souvenirs, il lui avait déjà adressé la parole, quelques fois, sur le terrain de football. Ses yeux s’agrandirent quand elle réussit à mettre la main sur le fragment qui lui échappait, il venait régulièrement chercher Nessa, une de ses coéquipières. Cadence s’avança vers lui, contente de retrouver un visage familier parmi ce banc de poisson, pâle copie des uns et des autres et d’un ennui mortel. Si il lui tenait compagnie jusqu’à la fin de cette grande mascarade, il lui épargnerait toutes les sollicitations de ces amateurs d’art qui en réalité, pour la moitié du lot, ne savait même pas différencier l’art baroque de l’art gothique. Seul les prix excessifs parvenaient à éveiller leur sens artistique et séduire leur avarice. Cela faisait maintenant deux bonnes minutes que le berkeléen restait stoïque devant la statue représentant le beau idéal et la perfection plastique d’un homme dans son plus simple appareil. La jolie blonde se pencha à son oreille et lui murmura d’un ton rythmé par l’amusement. « La sculpture te plaît ? Je peux te présenter au modèle si tu le souhaites. ». Elle pivota sur ses talons aiguilles et jeta une œillade au sosie de l’apollon grec qu’elle avait remarqué quelques minutes plus tôt, bien sûr, ce n’était qu’une pure coïncidence, l’œuvre ayant traversé les années gardant de son éclat comme au premier jour, sa beauté figée dans le temps alors que sa représentation réelle résidait dix pieds sous terre. Évidemment, moqueuse, elle insinuait qu’elle pouvait l’aider à faire son coming out ce soir, bien qu’elle sache que l’epsilon n’avait de yeux que pour Nessa. Des éclats de voix ravis surgissaient des quatre coins de la salle, baignant dans un océan de toiles de maître, de mobiliers ancestraux et articles esthétiques, les regards des connaisseurs restaient médusés par une admiration silencieuse. Cadence découvrit ses dents blanches, fière du succès de sa mise en scène et de la notoriété qu’elle lui apporterait par la suite. « Je ne savais pas que tu vouais une passion pour l’art. A moins que tu ne sois l’un de ces prétentieux, venus faire bonne figure et se croyant à Flagship Restoration Hardware ? ». Elle le regarda amusée, se demanda si il était l’exception à la règle des mauves. Tous aussi vaniteux les uns que les autres, ils se contentaient d’acheter sans penser, un gang de matérialistes. Ce n’était toutefois pas elle qui allait leur jeter la première pierre. Serrant ses mains à la peau satinée derrière son dos, elle mettait en valeur sa silhouette qui se dessinait gracieusement sous sa robe Thierry Hermès noire. Ses boucles blondes étaient soigneusement relevées et sa taille menue accrochée la lumière, faisant d’elle une des plus élégantes. Elle se pencha un peu plus vers son interlocuteur et le questionna d’un ton léger. « Tu comptes l’acheter ? ». Elle jeta une œillade malicieuse à la statue qui n’avait plus rien à cacher avant de reporter ses yeux kaki sur le menton carré de son cavalier improvisé pour la soirée. Loin du ton froid, ennuyé, méchant dont elle usait habituellement, la marseillaise le taquinait amicalement, il fallait croire que aujourd’hui était jour de bonté chez la Levy-Carcenac. Aussi rare que de découvrir un trèfle à quatre feuilles, les instants où la magnifique blonde se révélait sociable n’étaient pas courants mais plongée au sein de son lieu de prédilection, l’ambiance artistique apaisait ses mœurs et rendait son humeur plus légère. « Tu peux me rappeler ton nom bel étranger ? ». Elle haussa l’un de ses sourcils rieurs, demi-sourire aux lèvres, oui, aujourd’hui était jour d’armistice, et après tout, c’est en se montrant sous son meilleur jour que l’on acquière les meilleures armes.
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MessageSujet: Re: “A lie hides the truth. A story tries to find it.” K&C “A lie hides the truth. A story tries to find it.” K&C EmptyJeu 1 Déc - 0:21

    “A lie hides the truth. A story tries to find it.” K&C Tumblr_lcouz8YKvu1qd11e6o1_500
    CADENCE ▬ Rien n’est plus trompeur qu’une photo : on croit fixer un moment heureux pour l’éternité alors qu’on ne crée que de la nostalgie ▬ KURT




« Il nous faut un volontaire pour participer à la vente aux enchères organisée par la famille Levy-Carcenac ». Avachi sur des fauteuils du salon des epsilons, je somnolais depuis quelques minutes maintenant. Ma tête était négligemment posée sur ma main, soutenue par mon coude posé sur l’accoudoir. Dire que je m’emmerdais à mourir relevait de l’euphémisme. On ne pouvait pas dire que les epsilons avaient le sens de la fête et de la beuverie. Par contre, montrer leur fric à tout bout de champ, ça ils savaient faire. Dormir dans des draps en soie, boire du champagne au pieu, petit-déjeuner avec du caviar, ils savaient comment bien dépenser leurs thunes inutilement. Et moi tout ce fric jeter par-dessus les fenêtres m’horripilaient. Quand je repensais au Mexique, à mon enfance de merde, dans ce bled de merde, je ne pouvais m’empêcher de ressentir de l’ecoeurement face à tous ces gosses de riches qui n’ont jamais rien eu à faire que de débourser l’argent de papa et maman tranquillement. C’est sur que ces gars-là n’avaient jamais eu l’occasion de découvrir la vraie misère. Je parle de celle où tu crèves la dalle et que la seule bouffe que tu manges, c’est les restes que tu trouves dans les poubelles des restaurants. Je parle de celle que j’ai cotoyé nuit et jour pendant mon enfance, celle qui vous fout les jetons, parce que vous avez l’impression de ne jamais pouvoir y échapper. Celle qui vous force à voler, tuer, se droguer, se prostituer. Celle qui fait que vous devenez le connard que vous êtes maintenant, asocial, sans attache. Parce que dans ce milieu-là, on ne vous apprend pas à aimer. On ne vous apprend pas à faire confiance. On vous apprend tout le contraire. A toujours se méfier de tout et de tout le monde. A toujours surveiller ses arrières. Toujours être à l’affût. A toujours avoir un coup d’avance sur les autres, pour ne pas se faire baiser. Vaut mieux baiser les autres qu’être baisé m’avait-on toujours dit. Mieux vaut être craint que craindre. « Allez les gars motivez-vous, il faut qu’il y ait au moins un représentant de la confrérie, c’est un de nos jobs ». J’entendis plusieurs râlements de part et d’autres de la salle. Visiblement personne ne souhaitait se rendre à cette vente aux enchères. Ca aussi ça m’énervait. Des thunes pleins les poches mais pas un brin de culture générale dans le ciboulot. Je soupirais, me retournant pour dévisager celui qui nous annonçait cette vente aux enchères. « Ca va, j’irais à cette vente ». A peine avais-je prononcé ces mots que mes comparses présents dans le salon avec moi me dévisagèrent comme si je débarquais d’une autre planète. Ils ne devaient pas avoir l’habitude que quelqu’un se dévoue aussi rapidement, m’enfin j’en avais strictement rien à carrer de ce qu’ils pouvaient penser. De toute manière, je n’étais pas des plus appréciés dans la confrérie. Trop bizarre, trop froid, trop asocial. Cela leur devait paraître bizarre que je m’intéresse à la culture et que j’en ai un minimum d’ailleurs, malgré le milieu défavorisé d’où je venais. Enfin, ça, ils n’étaient pas au courant. Pour eux, j’étais Kurt Espinoza, fils d’un riche sénateur mexicain. Personne n’était au courant de mon passé et surtout personne ne devait l’être. « Tu vas me dire que ce genre de truc t’intéresse vraiment ? ». Un des epsilons me dévisageait comme si je venais de lui annoncer que j’éprouvais des sentiments à son égard. « Heu non non, c’est juste parce qu’il faut que quelqu’un y aille quoi ». Et au pire, de quoi tu te mêles connard. Il sembla soulagé après que j’eus prononcé ces mots. Je lui adressais un bref sourire avant de me lever me préparer dans ma chambre. Autant me faire discret et les caresser dans le sens du poil avant qu’ils ne se mettent tous à me chercher des noises. Si j’étais découvert, plus de Berkeley et retour illico presto au Mexique où beaucoup de monde m’attendaient, notamment pour me faire la peau.

« La sculpture te plaît ? Je peux te présenter au modèle si tu le souhaites ». Perdu dans la contemplation de cette magnifique sculpture, je n’avais pas entendu les pas de Cadence se rapprocher de moi. Le ton de sa voix me fit légèrement sursauté et je mis quelques secondes à comprendre la plaisanterie qu’elle avait tenté de me faire. Je ne savais pas trop qui elle était, ni ce qu’elle me voulait mais son sourire ne me présageait aucune hostilité de sa part. « Désolé, je suis plutôt du genre zoophile, les trucs qui bougent pas, c’est pas trop mon genre si tu vois ce que je veux dire ». Je reportais mon attention sur la sculpture, un sourire aux lèvres. Aujourd’hui je n’avais pas vraiment envie de me méfier de qui que ce soit, encore moins de Cadence. Pour une fois, j’allais tenter de me montrer un minimum social. Bon mon humour douteux allait sans doute la faire fuir plus vite que prévu. A moins qu’elle ne soit plus résistante que prévu. Peut-être faisais-je une erreur en baissant mes barrières, mais tant pis, je voulais bien prendre le risque aujourd’hui. Qui vivra verra comme disait l’autre. « Je ne savais pas que tu vouais une passion pour l’art. A moins que tu ne sois l’un de ces prétentieux, venus faire bonne figure et se croyant à Flagship Restoration Hardware ? ». Elle ignorait bien des choses à mon égard la pauvre petite. Quelques fois, j’avais envie de dévoiler la vérité sur mon identité et sur mes actes passés juste pour découvrir la réaction des personnes m’entourant. Je parierai sur telle personne qui partirait en courant, telle personne qui me fuirait comme la peste ou telle personne qui au contraire, resterait à mes côtés malgré tout. Cadence semblait appartenir à la dernière catégorie. Je ne la connaissais pas vraiment et pourtant elle dégageait cette aura d’aisance, de charisme que peu de personne possédait. Sur d’elle et fière, elle n’hésitait pas à choisir au préalable ses mots pour tenter de me piquer au vif. « Je suis photographe. Et un photographe doué en plus. Je m’inspire de tous les autres arts que je connais. Donc la réponse à ta question est non, je ne suis pas venu faire bonne figure ici. Je n’ai pas tellement le temps de jouer à ce genre de jeu. Je suis ici pour l’art, et non pour faire le mariole avec un flûte de champagne, déclarant que le tableau là-bas est un Monet, alors qu’il n’en est qu’une vulgaire copie et que le véritable Monet se trouve à Paris sous haute protection ». Je ponctuais ma déclaration d’un petit sourire bref. Ce n’était pas parce que j’avais vécu dans un quartier pauvre que j’étais totalement illettré. J’étais calé sur pas mal de formes d’art, au plus grand étonnement de bon nombre de personnes. « Tu comptes l’acheter ? ». J’eus la soudaine envie d’exploser de rire. J’avais certes quelques billets de côté du en parti à mes braquages et la période où je dealais, mais de là à m’acheter une sculpture, il ne fallait pas exagérer non plus. « Pas tant que j’aurais pas un manoir pouvant l’accueillir en un seul morceau. M’enfin si t’as la version minimoys, pourquoi pas ». Joke hein, jamais je ne mettrais le moindre dollars dans un statue ou une sculpture. N’ayant aucuns revenus à Berkeley, il fallait que mes économies me tiennent le plus longtemps possible. Donc toute dépense inutile était à bannir. « Et je m’appelle Kurt, et toi ? » lui demandais-je suite à sa question. Son visage me disait vaguement quelque chose, mais il m’était impossible de me souvenir l’endroit ou le moment où je l’avais aperçu. Boh, elle me répondrait bien d’ici quelques minutes, surement.
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MessageSujet: Re: “A lie hides the truth. A story tries to find it.” K&C “A lie hides the truth. A story tries to find it.” K&C EmptyMer 28 Déc - 18:15



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Houuuuu, alors ça c’est très tordu, mais bougrement i n t e l l i gent .


    Toujours la même routine, les mêmes visages, les mêmes costumes, les mêmes dents éclatantes de santé. Toutes ces soirées étaient calquées les unes sur les autres, il était impossible pour Cadence de déléguer et passer la couronne. Le père Levy-Carcenac veillait au grain et se servait de ses enfants comme de vulgaires employés, payés une misère. De sa haute stature, il avait beau clamer que ses deux enfants étaient la prunelle de ses yeux, son amour était synonyme de despotisme. Pourtant, aussi loin que portaient ses souvenirs, le paternel ne s’était jamais montré aussi insistant pour une simplette enchère orchestrée en dernière minute, sans médias ni pièce maitresse qui plombait même le porte-monnaie des millionnaires. La possibilité qu’il se fasse encore plus sévère avec l’âge se montrait fulgurante mais ne s’en trouvait pas réjouissante pour son entourage. Le fait était que sa présence avait été requise et elle passait sa soirée en compagnie d’un dénommé Kurt à l’humour inhabituel mais pas de mauvaise compagnie. D’ailleurs, pour une entrée en matière, son acolyte n’avait pas froid aux yeux. « Tu aurais juste dit hétérosexuel que j’aurais compris. ». Elle le regarda, moqueuse, ce garçon lui plaisait définitivement bien. Différent des grands ténébreux, aux yeux couleur ciel, endimanchés dans des costumes trois pièces, triple du salaire moyen d’un courageux ouvrier. Evidemment, elle aimait les grandes et belles choses, sa garde de robe égalait les plus grandes figures de la mode mais elle était plutôt attirée par son opposé. Balayant sa silhouette d’une brève œillade, Cadence le trouvait étrange, sa manière de parler, de se tenir, de se vêtir, elle avait l’impression d’observer une réplique faussée de la Joconde. Son sourire ne s’était pas éteint, tout en le furetant discrètement, elle faisait mine d’éprouver une véritable passion pour ses dires, alors que son attention était retenue sur sa manière à tenir sa flûte de champagne. Si elle n’avait pas été de bonne humeur, elle aurait coupé court, « Ta vie n’est pas aussi belle pour capter mon intérêt » mais la vie des vieux riches californiens l’était moins encore. Nouveau riche sûrement, il blablatait beaucoup trop vite et même beaucoup trop tout court. Devenant à nouveau attentive, elle n’entendit que la fin de sa phrase. « Tu as l’œil, mes félicitations. Et encore, nous pourrions le vendre aussi cher que le vrai, les américains ne sont pas bien durs à convaincre. D’ailleurs, d’où viens-tu ? Tu es l’une des têtes héritières de Berkeley, non ? ». Amener le sujet qui l’intéressait tout en finesse en menant à bien sa petite transition sur ses origines. Son ton était léger, presque indifférent, feignant alimenter la causette, elle n’était pas curieuse et les ragots avaient cessé d’accrocher son attention plusieurs années auparavant mais le mettre mal à l’aise se révélait amusant. Et l’interrogation surprise ne faisait que commencer. « Tu vis à l’université ? », laissa-t-elle échapper dans un étonnement poli. Il était rare de voir un epsilon habiter la maison de sa confrérie, les deux tiers des enfants de Crésus possédaient des villas immenses dans les quartiers plus que respectables de l’Etat, nécessairement satisfaisantes pour accueillir une quelconque statue si l’envie leur en prenait. Mais encore une fois, elle n’essayait pas de vendre mais juste en apprendre plus sur son compte. « Cadence. », annonça-t-elle, armée de son petit sourire d’ange. Son attitude était jouée au geste prêt quand elle se trouvait parmi ses pairs, tous les regards, qui rencontraient son chignon doré, étaient ravis devant son comportement irréprochable, son intelligence et sa générosité. Du vent.

    La soirée se déroulait dans les meilleures conditions du monde, l’assistance semblait ravie et le maître de cérémonie les appellerait bientôt pour débuter les enchères. Le regard perdu sur le sol étincelant, colonisé par des chaussures noires vernies et balayé par de longues robes prétendant les red carpets, les prunelles de Cadence remontèrent la foule, prêtant une oreille à son orateur. Les parfums s’exhalaient et des exclamations circulaient dans l’air, voilant les conversations de leurs voisins. Un petit sursaut interrompit leur discussion quand ses pupilles émeraude tombèrent sur une chevelure aussi blonde que la sienne. Guillaume Henry Leroy, le fils d’un des meilleurs amis de son père, que faisait-il en Outre-Atlantique ? Voilà un chevalier qui venait chercher son Saint Graal jusqu’au bout du monde. Ce n’était pas la première fois qu’il sollicitait ses attentions et que ses parents faisaient de brèves allusions à son égard. Ses yeux bleus pâles et sa superbe carrure faisaient céder les défenses des plus difficiles mais Cadence le trouvait ennuyeux à mourir. L’une des rares à être vaccinée et repousser ses multiples avances, en vain, il revenait sans cesse à la charge, ignorant de sa défaite. Kurt restait silencieux depuis un petit moment déjà, les yeux rivés sur elle, se demandant probablement si elle ne s’était pas endormie debout. La iota sourit brusquement, visiblement mal à l’aise pendant une seconde ou deux jusqu’à ce que son esprit épouse la solution qui la débarrasserait à tout jamais du Henry Leroy. « J’en conviens, ce que je vais te demander est un petit peu tiré par les cheveux mais voudrais-tu m’épouser ? ». Elle le regarda d’un air grave, avide de sa réponse, comme si sa vie ne tenait plus qu’à un fil. Elle laissa filer plusieurs secondes, lui laissant digérer l’information avant d’éclater de son rire cristallin. « Détends-toi, c’était une boutade, rien de plus. En revanche si tu pouvais prétendre être mon fiancé l’espace de la soirée, je t’offrirai la statue miniature. Je n’ai qu’une parole. ». La française espérait qu’il accepterait, elle ne lui avait pas dit la raison de cette soudaine réclamation mais il ne tarderait pas à découvrir le pot aux roses. Un sourire charmeur fendit son visage pour parfaire le tout et elle lui accorda un clin d’œil favorable. Assourdie par le bourdonnement des invités, elle feignit ne pas remarquer la ruée de son soupirant qui combattit la foule jusqu’à ses talons Givenchy. Elle ne tolérait plus cette schématique qui constituait à la réunir avec l’une des grandes têtes parisiennes comme sa mère l’avait fait avant elle et fonder un foyer composé de deux gosses aussi exécrables qu’elle et Gauthier l’étaient. La voix impérieuse du français retentit désagréablement à son oreille. « Cadence ! Qu’elle agréable surprise ! Je pensais justement à toi ce matin en prenant l’avion. ». Quelle stupéfaction, en effet, il ferait le tour du globe pour la retrouver. Cadence se retourna lentement, exagérant sa surprise en la couvrant de ravissement. Il se pencha pour embrasser sa joue avant de s’empresser à positionner sa main gauche dans sa poche et gagner en intimidation. La marseillaise se fit violence pour ne pas jeter ses iris au ciel et lui accorda un sourire de salut pendant qu’il serrait la main de Kurt. « Guillaume, je suis heureuse de te voir, tu illumines ma soirée. Je te présente Kurt, il m’accompagne ce soir. », minauda-t-elle d’une voix de velours empreinte d’ironie. Seul Kurt pouvait percevoir son sarcasme, l’européen bien trop entiché d’elle pour notifier quoique ce soit. Elle ne l’avait pas encore présenté comme son fiancé, préférant alimenter l’espérance de son chasseur et égayer la soirée un peu plus. Elle ne faisait que commencer et son point culminant approchait à grands pas.
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MessageSujet: Re: “A lie hides the truth. A story tries to find it.” K&C “A lie hides the truth. A story tries to find it.” K&C EmptyMer 11 Jan - 21:24

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