Je me réveillai très tôt, bien que ce fût un samedi matin pour aller m’entraîner. Je n’en avais pas vraiment envie, mais je n’avais pas le choix. J’avais récemment pris du retard dans plusieurs de mes cours dont celui de chorégraphie, car j’avais quitté San Francisco pendant quelques jours pour assister à deux concerts. Oui je sais, je place mes priorités aux mauvais endroits, mais je n’y peux rien. Il fallait que j’y aille, c’était mon devoir. D’ailleurs, en parlant de d’obligations, dans deux semaines, il est en mon devoir en tant que fan d’assister aux futurs concerts de mon groupe préféré LMFAO ainsi qu’à celui de Lady Gaga dans deux semaines. Je ne pourrais pas me désister évidement, vu que j’ai dépensé presque 700 $ pour les deux billets, afin d’être en avant. Que voulez-vous? Je suis une maniaque des concerts. En tout cas...

Après une douche rapide, je me coiffai puis j enfilai mes collants de danse noirs, un débardeur blanc assorti, mes Louboutins noirs et une tricot col roulé robe crème par-dessus comme il faisait froid. Je pris ensuite mes espadrilles et des chaussettes que je mis dans mon sac de sport avec mon portable, mes clés et mes clopes. Après,je me rendis à la cuisine.Une fois rendu, je ne vis personne. Tout le monde était encore couché à ce qu’il paraît. Je posais mon sac près de la porte puis j’allais faire du café pour tout le monde. Je me servis une tasse auquel je rajoutai beaucoup de sucre et de lait. J’allais ensuite chercher mes cigarettes puis je m’installai à la table pour savourer mon petit déjeuner qui consistait en un café. Le matin je ne peux rien manger, sans avoir mal au cœur après, alors je ne mange rien.

Une quinzaine de minutes plus tard, mon café fini, je quittai la maison à pied vu que je me rendais au bahut. Sur le chemin je grillai ma première cigarette de la journée. Puis une fois arrivée, je fis une halte à la cafétéria pour acheter deux muffins aux carottes, mes préférés, que j’allais déguster après avoir répété. Je me rendis au studio après, deux étages plus haut.Comme il n'était que 9 heures du mat et qu'on était samedi, le studio était vide. D'ailleurs, je pouvais même dire que personne n'était venu avant, car les lumières étaient éteintes. Je les allumais,puis j'allais poser mon sac de sport dans un coin. J'enlevais ensuite mes bottes et mon tricot et enfilai mes chaussettes et mes souliers. Une fois changée, je m'asseillai au sol pour faire mes étirements. Ceci dura environ une dixaine de minutes, soit le temps requis pour réchauffer tous mes muscles comme il le fallait, pour éviter les blessures déplaisantes. Puis, je commençai la pratique de la chorégraphie que je devais apprendre pour l’évaluation de mercredi prochain. Je passais deux heures à danser comme une défoncée avant de prendre une pause de 15 minutes pour manger et fumer une clope dans le studio même, car je ne voulais pas me taper tout le chemin jusque dehors. Puis je repris mon entraînement pendant encore une heure avant de me rhabiller et partir. Avant de rentrer à la confrérie, je m'arrêtais dans un restaurant thaï pour déjeuner,puis un dépanneur pour acheter une bouteille de vodka pour la mini-fiesta de ce soir à la confrérie .
Une fois à la maison-car oui ,c'est ainsi que je la prénomme -qui était mainte fois plus animée cette fois-ci, je repris une douche puis me changea. Je mis un bas de jogging gris et un débardeur noir. Je m’allumais encore une nouvelle cigarette que je fumais à même ma chambre. Je savais que la cigarette ne me faisait pas du tout de bien, surtout côté poumons, ce qui ne m’avantageait pas quand je dansais, mais ça m’aidait à me détendre. Je sais bien que ce n’est qu’une excuse parmi tant d’autre et qu’un jour il faudrait que je me défasse de cette si néfaste habitude, mais je n’en avais pas encore le courage. Je savais sinon qu’une fois de retour ma coloc allait me tuer, mais j’étais trop paresseuse pour me lever de mon lit où j’étais allongée. Je prenais plaisir à faire des ronds de fumées au dessus de moi et en trame de fond, les haut-parleurs de ma chaîne stéréo faisaient vibrer la pièce avec le nouveau disque de Maroon 5. En réalité,je ne faisais rien de spécial. C’était le calme absolu dans la pièce et dans ma tête, tellement que mes paupières commencèrent à flancher. Mes muscles commencèrent à se relâcher, ma respiration se fit plus lente. Je lâchais ma cigarette. Mes yeux se refermèrent le temps de quelques secondes quand soudain je me réveillais en sursaut. La musique avait changé. Je m’assis d’un coup, puis remarquant que mon drap brûlait, je le jetais au sol. J’accouru vers ma cigarette toujours allumée qui avait atterri sur le sol, puis j’allai l’écraser dans mon cendrier. Je m’emparait ensuite de la première source d’eau que je vis- un pot de fleurs-, jetai les fleurs fânés au loin, puis lançai l’eau sur le drap qui émit un léger crépitement avant d’émettre quelques filets de fumées. J’avais éteint le feu.
J’étais tellement soulagée que je n’avais pas remarqué la présence derrière moi. Je me retournais rapidement. Mon coeur manqua un battement à cause du choc, mais j'émis aussi un petit cri de surprise ,un peu tard par contre si on se fit à ma précédente réaction lorsque je reconnus ce visage, ce corps, cette personne qui m'étais si familière. En fait,elle l'était un peu moins qu'avant ,puisque je ne l'avais pas revu depuis un bail. Jasmine,ma meilleure amie.

Putain Jasmine! Tu veux me tuer ? Je ne savais pas que j'étais sur ta liste rouge. En tout cas,pour moi tu es sur la liste dorée ...Alors dans mes bras! fis-je en riant , lui ouvrant mes bras pour une embrassade.
Bordel! J'étais tellement sous le choc que je ne me rendis même pas compte que je tenais le pot de fleur qui m'avait auparavant sauvé la vie dans ma main. Pour une surprise ,c'en était une ,mais une TRÈS belle.

Je n’ai jamais été très soucieuse de ce qui m’entourait, et ce depuis qu’Hàdy était partie. J’étais encore moins quelqu’un de responsable, sauf si c’était pour mes petites affaires. C’était assez égocentrique comme attitude, pourtant c’était plus fort que moi. Après de nombreuses années de solitude, je me repliai sur moi-même, luttant quasiment seule contre la vie, et ne m’occupant que de moi seule, comme à Paris...C’est pourquoi je n’ai pas trop compris le départ de Jasmine, en tout cas au début… Pour moi, il était inconcevable qu’elle abandonne son mode de vie d’Oméga ,mais surtout qu’elle quitte la maison de confrérie, et surtout notre chambre ,car avant de devenir amies nous étions avant tout coloc, pour aller donner des biberons, changer des couches et jouer à la nounou, la gentille tatie Jas’. À sa place, je serais restée chez les jaunes. Mais ça c’était MON avis…

Je l’ai boudé pendant un moment après ça, puis je me suis rendue compte finalement, qu’en réalité, je n’étais qu’une enfant gâtée qui ne voulait pas perdre celle qu’elle considérait comme étant sa meilleure copine à Berkeley. Ça m’a pris du temps, mais j’ai fini par tourner la page là-dessus. Puis ensuite, je me suis retrouvée avec Neela comme coloc de chambre. Par contre il fallait avouer que l’ambiance n’était plus à la maison sans elle. Il me restait quand même Achille et les autres, avec qui je m’amusais aussi bien, mais ce n’étais pas pareille et… Oh bordel! Bon! Jasmine c’est Jasmine, et puis basta! Avec elle je peux autant rire que parler sérieusement. On fait des conneries ensembles, on fait la fête ensemble, on est toutes les deux bi, ce qui nous rapproche beaucoup. Il y a aussi ce petit « je ne sais quoi » entre nous, sûrement une attirance mutuelle entre deux bi, mais je ne pourrais me prononcer là-dessus, puisqu’aucune de nous deux n’a jamais traversé la ligne qui sépare l’amitié et l’attirance physique avec l’autre. En tout cas… Sinon, le fait que la vie a passé beaucoup de temps à nous lancer des briques, surtout à elle, il faut l’avouer, a été aussi une bonne composante du ciment qui nous a réunies .Pour cette raison, et pour problème de dédoublement de personnalité d’ailleurs, je me demandais souvent comment elle faisait pour tenir le coup avec les bébés dont elle s’occupait. Je n’ai pas besoin de vous dire qu’implicitement je veillais sur elle, dès que je le pouvais, car mes cours étaient assez demandant. Pourquoi tant d’attention? Parce que je sais qu’elle l’aurait fait pour moi. D’ailleurs, elle m’avait déjà fait la leçon sur les dangers de la cigarette pour une danseuse comme moi. Qui à part une amie l’aurait fait? Personne.

À mes yeux, Jasmine était bien placé sur ma liste d’amis proches, pour ne pas dire qu’elle était en haut; Une privilégiée parmi un certain nombre de personne, voilà ce qu’elle était. Sur cette fameuse liste, sinon, il n’y a pas grand monde, soit cinq personnes voire sept grand max. Bien que j’avais pas mal d’amis, ces derniers ne sont pour ainsi dire que des connaissances. Ils n’en savent pas beaucoup sur ma vie. On fait la fête, on s’amuse, on parle un peu, mais si j’ai un problème ou que j’ai besoin de me confier ce n’est pas à eux que je m’adresse. Lorsque je reçois une bonne nouvelle, que je pars en voyage, que je me fais arrêter par la police, c’est mes amis proches que j’appelle en premier. Je créai bien tôt cette séparation parmi les gens que je connaissais, soit en arrivant à Berkeley parce que j’avais peur de me faire avoir, peur d’être jugé, peur que quelqu’un arrive à trouver mon père pour lui dire que j’étais à San Francisco. Je me doutais cependant qu’avec mes proches mon secret que je n’hésitai pas à dévoiler serait bien gardé. En tout cas, je l’espère…

Revenons sinon à ma soudaine accès de pyromanie, mais surtout la fameuse surprise qui m’attendait sur le cadre de la porte et qui se prénommait Jasmine. Une fois la scène de retrouvailles, suivi du long baiser passi… Wow! Mauvais scipt… Nous nous enlaçâmes, puis passé le moment de tendresse qui adoucit l’ambiance, Jasmine retrouva sa fougue habituelle. Je pris un air faussement choqué, genre « princesse pudibonde », ma main sur ma bouche, lorsqu’elle me traita de dinde. Je pris ensuite un air innocent en haussant des épaules, l’air de dire « j’ai rien pu y faire » avant de répliquer :

« Mais que voulais tu que je fasse ? J’étais tellement désespérée que je crois bien que ce feu était une tentative de suicide…Et dire que j’avais un avenir si prometteur…Comment as-tu pu me réduire à un état si pathétique? », fis-je d’un ton théâtrale principalement sarcastique. Je réussis à garder un air dramatique pendant quelques secondes encore, avant qu’un sourire moqueur ne vienne s’esquisser sur mon visage. « En tout cas, au moins ma tentative désespérée pour mettre fin à mes jours auraient porté fruit. » , déclairai-je lorsqu’elle mentionna l’envie de meurtre que les deux présidentes de la confrérie, dont l’une était ma coloc, auraient ressentie à mon égard si j’avais mis le feu. Mon sourire s’agrandit. Je répondis ensuite à sa question puis sa remarque :

« Sinon comme tu as vu, les cours en danse finissent toujours par tuer les étudiants comme tu as pu le remarquer. Ma répétition de ce matin m’a complètement vidé. Bordel, parfois je me demande pourquoi je m’impose tout cela…Huumm je crois qu’il y aurait sûrement eu un assassinat tata Jasmine… », répliquai-je avec mon plus beau sourire. «Je me demande comment tu fais pour les supporter. C’est bien tes fieuls et tout, mais faut être extrêmement patient pour s’en occuper… D’ailleurs comment ça se passe en ce moment ? »

Des bébés c’est mignon, mais après cinq minutes c’est chiant. Certains diront, le contraire, mais moi je n’ai pas la patience pour supporter ces petits monstres. Puis ils ne m’aiment pas. Alors, je dois dire chapeau tata Jas’ !