Les vacances d’été étaient terminées et je devais avouer qu’elles avaient passé beaucoup plus rapidement que je ne l’avais pensé. Une nouvelle année commençait, mais mon esprit était encore totalement en vacances. La reprise avait été difficile, très difficile. Je n’arrivais pas à me concentrer en cours durant les premiers jours, je repensais à chaque jour de mes vacances et tout particulièrement à ces vacances à Cancun qui avaient été franchement particulières. Au départ j’avais franchement pensé que ça allait être en cauchemar. A peine arrivée j’avais croisé le jeune Lefevre et nous avions découvert que nous étions voisins de chambre. Enfin du moins c’était ce qu’on croyait jusqu’à ce que je découvre que je m’étais trompée de numéro et que nous étions en réalité dans la même chambre. A croire que j’étais maudite. Même si nous avions fini par parler des raisons pour lesquelles je le détestais et même si le jeune homme s’était confié à moi lors de notre rencontre sur le chemin des grecs je ne pensais toujours pas que nous étions amis, nous n’étions plus ennemis, nous n’étions plus rien finalement. Je redoutais donc de passer ces vacances à Cancun avec lui, mais finalement tout s’était passé beaucoup mieux que je n’avais plus espéré. Le jeune homme avait été vraiment parfait, il m’avait déjà consolée lorsque j’avais reparlé de mon passé. Je m’étais pourtant jurée que je ne reviendrais plus sur le sujet en sa présence, j’étais déjà assez gênée quand je le voyais qu’il en sache autant sur moi. Mais c’était sorti sans que je ne puisse vraiment l’empêcher et en même temps je me disais que Maël s’était aussi beaucoup confié à moi et que j’en savais trop sur lui pour qu’il prenne le risque de raconter à tout le monde mon histoire. En plus, il ne me semblait pas que c’était son genre de faire ça. J’étais donc rentrée encore plus dans les détails de mon passé et ça m’avait fait du bien, j’avais en plus l’impression que c’était plus facile d’en parler à lui qu’à qui que ce soit d’autres. Il n’était resté que durant le week-end, la semaine il bossait comme barman, enfin du moins c’était ce que je croyais, mais j’étais loin de me douter que ce n’était pas du tout le cas. Tout s’était bien déroulé, je lui avais proposé qu’on passe la soirée ensemble afin que je puisse en quelques sortes me racheter du comportement odieux que j’avais pu avoir avec lui par le passé, quand j’étais encore persuadée qu’il était comme mon ex et que si je me rapprochais de lui je prenais le risque de souffrir comme j’avais souffert avec Roman. Je m’étais trompée sur toute la ligne et Maël me l’avait très bien fait comprendre. Il était donc important pour moi de rattraper tout ça et je pense que la soirée que nous avons passée ensemble a bien brisé la glace entre nous. Je ne me souviens pas avoir autant ris durant une soirée et j’ai vite découvert une autre facette de ce jeune homme à la crête et je dois bien avouer que ça m’a plu. Pendant l’espace de cette soirée j’avais l’impression d’être avec un véritable ami et lorsque Maël est parti de Cancun je me suis jurée que mon comportement envers lui allait totalement changer. Je n’allais plus l’ignorer, je n’allais plus l’éviter, si je le croisais une fois dans les couloirs je ne me gênerais certainement pas pour aller le saluer et discuter un moment avec lui. J’étais sûre que ça ne le dérangerait pas car pour moi il était évident que lui aussi il avait passé un agréable week-end en ma compagnie. Pour la suite de mes vacances je ne suis pas tout le temps restée à Cancun, j’y es quand même passé plusieurs semaines, mais je suis aussi revenue par ici pour m’occuper de deux trois choses que j’avais à faire et pour voir mes amis qui n’étaient pas partis à Cancun. Mais durant la fin de mes vacances j’avais commencé à ressentir quelque chose qui m’étonna et m’effraya. Un manque, le manque de quelqu’un, le manque de ce jeune homme qui a su m’écouter le temps d’un week-end et qui a su me faire rire comme jamais durant une soirée. Je n’arrivais pas à comprendre ce sentiment, après tout ce n’était pas mon genre de m’attacher à qui que ce soit et Maël était certainement la dernière personne à qui j’avais envie de m’attacher. J’avais mis cependant tout ça dans un coin de mon cerveau, j’évitais d’y penser et je faisais comme si je n’avais jamais ressenti quoi que ce soit. Avec la reprise j’essayais de me concentrer sur mes cours pour ne pas penser à ça, mais le film de mes vacances ne cessait de repasser dans mon esprit. J’en devenais folle, mais après quelques jours j’avais fini par réussir à me replonger dans le bain des cours et je me concentrais plus que sur mes études, sur ma musique, sur mes nouvelles chansons. Je n’avais pas revu Maël depuis la rentrée et d’un côté je me disais : heureusement. Ca m’empêchait de repenser à Cancun, de repenser à lui tout simplement. Cependant il fallait bien s’en douter j’allais bien finir par le recroiser un jour ou l’autre dans cette université. Bien qu’elle soit grande il était inévitable que je le croise à quelques parts. C’est arrivé un certain jeudi à midi. Je venais de terminer mes cours et je me dirigeais vers l’ascenseur de l’université pour aller jusqu’à mon casier et ensuite pour partir manger. J’avançais dans les couloirs et je vis à quelques mètres de moi les portes de l’ascenseur se refermer je courus donc jusqu’à celle-ci et je posais ma main entre les portes pour qu’elles s’ouvrent à nouveau. J’entrais quelques peu essoufflées dans l’ascenseur sans prêter attention à qui se trouvait à l’intérieur. Je laissais les portes se refermer et je tournais la tête pour voir avec horreur que c’était Maël. Je sais bien qu’il est censé être quasiment un ami pour moi, mais depuis que j’avais ressenti ce manque de lui je me demandais si je ne devais pas recommencer à l’éviter. Je tournais la tête et prononçais simplement. Salut Maël. Je ne savais pas vraiment comment me comporter, mais le ton de ma voix était plutôt froid. Ce n’était pas spécialement voulut, ça c’était fait tout seul. Je restais assez loin de lui dans l’ascenseur j’avais peur que si je commençais à discuter avec lui normalement je finisse par m’attacher un peu à ce garçon. Oui parce qu’en ressentant ce petit manque j’en étais venue à me demander si je n’avais pas fini par m’attacher, mais je ne voulais pas y croire. Je ne voulais pas que ce soit vrai car tout le monde sait que Jordan Calabresi ne tombe jamais amoureuse. Ce n’était pas aujourd’hui que ça allait changer et surtout pas de Maël. Premièrement parce que c’est le petit copain de celle que je considère comme ma sœur et deuxièmement parce qu’il y a de ça quelques temps c’était mon pire ennemi. Mais ne dit-on pas que l’amour commence toujours par la guerre ?

[HJ : c’est pourri désolée :( ]

Maël n'avait pas vraiment passé ce qu'on pourrait plus communément appeler d'agréables vacances, bien au contraire. Son petit week-end à Cancun aurait pu lui être bénéfique, non seulement pour se reposer avant de reprendre le boulot et les cours, mais aussi pour décompresser un peu, penser à autre chose et se changer enfin les idées. Seulement avec la jeune Spencer qui l'avait fait surveiller à longueur de journée, ça n'avait pas été le cas. Autant dire que ça l'énervait oui, parce que jusque là il n'avait encore jamais pris de vacances. Il pensait réellement les mériter, et qui sait quand il pourrait se permettre de partir à nouveau. Donc oui, il lui en avait voulu, mais qu'importe. Il était resté pratiquement tout le temps dans sa chambre, et c'était plutôt un mal pour un bien car il s'était retrouvé dans la même chambre que Jordan, et tout s'était relativement bien passé. Aussi surprenant que cela puisse être, ils avaient tous les deux passé un agréable week-end, avaient beaucoup discuté, ce qui était aussi très surprenant du côté du jeune Lefevre, et était sortis un peu tous les deux faire la fête le soir de leur arrivée. Et là-bas aussi tout s'était très bien passé. Bien sûr, ils n'effaçaient pas toutes les horreurs qu'ils avaient pu se balancer au visage, la méchanceté gratuite de la demoiselle, même si il s'en fichait, ce n'était pas vraiment le genre de chose qu'il cautionnait. Certes il n'était pas blanc comme neige, certes il n'était pas un ange, et ne se privait pas d'ouvrir sa bouche lorsqu'il le voulait, mais jamais il ne s'était lancé dans la méchanceté gratuite. Il lui fallait toujours une bonne raison. En tout cas, la raison de la jeune femme, même si elle était compréhensible, n'était certainement pas valable. Le beau brun à la crête n'était pas du genre à vouloir connaître les autres, il était aussi le genre de mec qui n'hésitait pas à juger au premier regard, mais pas sur ce genre de chose. Il n'était pas non plus paranoïaque. Enfin si, probablement un petit peu, mais à force de se mentir à soi-même, on finit par croire ce que l'on pense après tout. Ce n'était pas pour rien au final si il ne voulait vraiment pas s'attacher à qui que ce soit. Longtemps l'excuse du « je suis trop jeune pour tout ça, je veux encore profiter » avait fonctionné. Mais il avait aujourd'hui vingt-trois ans, et ne parvenait vraiment pas à se résoudre à être un peu plus sérieux, notamment dans ses relations avec les femmes, premièrement sans doute par peur de souffrir. Bien sûr, il se cachait bien de le crier sur tous les toits et d'en expliquer les raisons. La seule au courant était indirectement la jeune Calabresi, qui n'avait rien demandé au final. Il ne savait pas vraiment pourquoi il avait décidé de lui parler de son passé, peut-être tout simplement parce qu'elle s'était confiée à lui au préalable. C'était sans le moindre doute pour cela, sans quoi le beau français n'aurait rien lâché. Il n'avait jamais parlé de tout ceci à qui que ce soit, peut-être parce qu'il n'en avait tout simplement pas envie, parce qu'il avait peur, en réalité il n'en savait trop rien, et ça non plus il ne voulait pas le savoir. Beaucoup de mystères pour un seul homme. Mais il avait toujours fonctionné ainsi, et ce n'était vraiment pas parce que certaines petites choses changeaient chez lui qu'il allait changer radicalement de comportement. Jamais de la vie il ne faudrait compter sur ce genre de chose avec Maël. Beaucoup pensaient en tout cas que n'importe qui serait incapable de le changer, et c'était bel et bien vrai. Ou en tout cas pas pour le moment. Quoi qu'il en soit, une chose qui était certaine de ne pas changer, c'est qu'il n'avait vraiment pas envie de se rendre en cours. Il l'avait fait quand même certes, mais à reculons disons. Il avait payé cette année, il avait travaillé pour cela, et ce n'était certainement pas pour rien. Pas pour abandonner dès la première semaine, aussi longue et chiante soit-elle. Si ça ne s'arrangeait pas, et bien il penserait à faire autre chose en fin d'année, ici ou ailleurs, peu importe. À ses yeux, c'était à peu près la même chose. Et puis il ne risquait pas de manquer à grand monde. Peut-être ne manquerait-il pas à Jordan après tout. Qui sait, peut-être croyait-elle encore qu'il était capable de la coincer contre un mûr et de la tabasser jusqu'à ce qu'elle soit dans un piteux état. Horrible oui. Et il ne l'était certainement pas à ce point. Pas avec elle. Pas avec une demoiselle, ça c'était certain. On ne pouvait pas vraiment dire qu'il s'était attaché à elle. À la surprise générale, même pour lui à vrai dire, il était touché par son histoire. Elle le touchait oui, mais ça n'allait probablement pas plus loin. Probablement oui. Il ne se considérait pas comme son ami non plus, ils en étaient bien loin étant donné qu'il y a encore quelques semaines de cela, elle pensait tout simplement qu'il était un monstre, tout comme son père ou son idiot d'ex petit copain. À vrai dire, il ne savait pas vraiment ce qu'ils étaient. Mais pourquoi vouloir coller une étiquette sur tout ? Quoi qu'il en soit, la sonnerie le fit sursautter et par conséquent sortir de ses pensées. Pourquoi pensait-il à elle ? Tout simplement parce qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de se revoir depuis Cancun, et il trouvait cela plutôt bizarre en réalité. Quoi qu'il en soit, il ne lui fallut pas bien longtemps avant de se lever, rassembler ses affaires, et sortir de cette salle comme à son habitude. Flemme de prendre les escaliers pour une fois, il allait donc prendre l'ascenseur. Une fois devant cet engin, il appuya sur le bouton pour l'appeler, et les portes s'ouvrirent quelques secondes plus tard. Il entra donc, et au moment où les portes allaient se refermer, quelqu'un mis sa main afin de les retenir, et d'éviter d'attendre. Le beau brun s'apprêtait à lever les yeux au ciel lorsqu'il vit qui c'était. Il allait ouvrir la bouche, mais la demoiselle fut plus rapide que lui, et plutôt sèche même. Le beau brun laissa passer un blanc, avant de se racler la gorge, dirigeant son index vers le bouton du rez-de-chaussée. « Si t'as peur que je te mette des coups, il est pas trop tard pour prendre les escaliers tu sais. » Oui, il se permettait de faire un peu d'humour noir à ce sujet, tout simplement pour savoir ce qui clochait, parce qu'il avait la nette impression d'avoir fait un bond en arrière, d'être revenu quelques semaines en arrière, d'un coup d'un seul.

Il y a des choses que l’on ne peut tout simplement pas contrôler et bien que pour ma part je ne veux pas l’accepter et il est évident que pour la plupart des personnes l’amour en fait partie. En m’interdisant de tomber amoureuse j’étais persuadée que je pouvais réussir à contrôler tout ça ! Oui j’en étais même sûre et certaine, pendant trois années, trois longues années, j’avais réussi à le faire, les sentiments étaient restés dans leur coin et j’avais vécu les trois années les plus belles de ma vie sans aucun doute. Les histoires d’un soir me convenaient à merveille, elle m’apportait ce dont j’avais besoin tout en incluant pas de sentiments et j’étais sûre de pouvoir continuer encore et encore sur ce chemin. Peut-être pas jusqu’à la fin de mes jours, mais en tout cas pour encore quelques années. Mais depuis ces vacances d’été certaines choses semblent avoir changé et je dois dire que ça ne me plaît pas vraiment. Pour le moment je n’ai pas vraiment envie d’y croire, pourtant je suis sûre de reconnaître ces sentiments que je n’ai ressenti qu’une seule fois dans ma vie et que j’espérais ne jamais connaître une deuxième fois. Je suis sûre de moi, mais en même temps je ne veux pas y croire, je ne peux pas y croire. Retomber amoureuse serait certainement la pire chose qui pourrait m’arriver en ce moment, j’ai déjà assez de soucis comme ça sans encore prendre le risque de souffrir encore une fois. Surtout qu’apparemment mon cœur s’était tourné vers une cible disons assez difficile et surtout totalement inaccessible. Donc de quoi me faire souffrir encore plus. En effet, Maël était le petit copain de celle que je considère comme ma sœur de cœur : Holly. Je ne pouvais donc certainement pas lui faire un sale coup, même si elle ne s’était pas gênée de le faire à son amie Lou. Mais enfin tout ceci ne me regardait pas, elle faisait ce qu’elle voulait après tout mais je ne me voyais pas trahir Holly, pas comme ça et si jamais il devait arriver quoi que ce soit je préférais avoir une discussion avec elle avant plutôt que de la mettre devant le fait accompli. Enfin de toute façon je ne savais même pas pourquoi je pensais à tout ça, de toute évidence je n’éprouvais rien du tout pour le jeune Lefevre, ce n’était que des idées qui tournaient dans ma tête, des idées insensées que j’allais vite mettre de côté. Je ne le voyais même pas comme un ami après tout. Il est vrai que le week-end que nous avons passé ensemble à Cancun nous a quelque peu rapprochés et il est vrai que je me suis beaucoup amusée en sa compagnie, mais ça s’arrête là. Les vacances sont terminées, les cours ont repris et il est temps pour moi de laisser tout ceci derrière moi un point c’est tout. D’ailleurs en parlant de cours je venais de terminer ma matinée de cours et je me dirigeais vers l’ascenseur afin d’aller manger quelque chose. Jusque-là la rentrée s’était très bien passée et je n’avais pas vu une seule trace de ce cher Maël, une excellente nouvelle ça m’évitait de commencer à me poser trop de questions. Mais bien évidemment lorsque j’entrais dans l’ascenseur la seule personne qui se trouvait à l’intérieur s’avéra être le jeune homme à la crête. Au départ je n’avais pas vraiment fait attention, j’étais concentrée à me dépêcher de rentrer vu que j’avais retenu les portes de justesse et je n’avais pas fait gaffe à la personne qui se trouvait déjà à l’intérieur pensant simplement que c’était un étudiant quelconque de toute façon. Mais lorsque je tournais la tête je me retrouvais face à Maël et je devais avouer que ma réaction ne fut pas des plus gentilles, je lui lançais un salut assez froid sans vraiment savoir pourquoi. A ce jour je n’avais plus aucune raison de le détester et pourtant je venais de le saluer comme je l’aurais fait à l’époque où je le voyais encore comme une personne totalement inabordable. Je m’en voulais immédiatement d’avoir parlé sur ce ton, mais je ne savais pas vraiment comment arranger les choses, un silence s’était installé et je me sentais plutôt gênée. Je ne savais plus comment réagir face à lui. Fallait-il que je sois distante pour que cette idée d’éventuel sentiment disparaisse de mon esprit ou au contraire fallait-il que je continue comme avant en ne prêtant pas attention à toutes ces questions qui arrivaient en masse dans mon esprit et en faisant simplement comme si c’était un ami – ou presque. La phrase qui suivit était certainement méritée, Maël ne devait certainement pas comprendre mon comportement froid et distant pourtant c’était au départ ce que je pensais le mieux à faire, mais finalement je ne savais pas. Peut-être fallait-il aussi que j’accepte ce que je pouvais ressentir ? Non ce serait totalement fou, je ne voulais plus souffrir c’était fini tout ça ! Je n’avais aucun sentiment pour Maël, c’était ce que je me répétais à présent en boucle dans la tête et je le regardais avec un petit sourire en coin. Je finis par lui répondre sur un ton beaucoup plus naturel cette fois-ci, un ton amical, celui que j’avais employé durant le week-end que nous avions passé ensemble à Cancun. Comment tu vas ? J’avais décidé d’éviter de répondre quelque chose à sa phrase, mais j’entamais tout de même la conversation non seulement pour lui faire comprendre que je ne le prenais bel et bien plus pour un jeune homme qui frapperait une femme, mais aussi parce que j’en avais envie tout simplement. Ca m’avait manqué de ne plus parler avec lui et ça je n’avais pas peur de l’avouer, ce qui me faisait peur c’était que tout en lui m’avait manqué durant ces vacances et je ne comprenais pas vraiment pourquoi j’éprouvais tout d’un coup ce sentiment. Je regardais le jeune homme avec un immense sourire. J’avais totalement changé de comportement et ceci en l’espace de quelques secondes. C’était incroyable tout de même. Mais j’étais totalement perdue et je ne savais pas comment réagir, je ne savais pas comment être face à lui, face à ce garçon qui avait réussi à me faire éprouver quelque chose, quelque chose que je ne voulais plus éprouver mais que je n’avais apparemment pas pu empêcher et quelque chose surtout que je ne voulais certainement pas croire.

Maël pensait vraiment cette histoire avec Jordan réglée. Pour preuve, ils s'étaient plutôt bien amusés tous les deux durant ce fameux week-end à Cancun. Bon bien évidemment, ils avaient en premier lieu étaient surpris de devoir partager la même chambre, quelque peu embêtés aussi il fallait bien l'avouer. Mais tout ceci s'était dissipé assez rapidement, pour laisser place à une certaine bonne entente qui était plutôt surprenante, autant pour le beau brun à la crête que pour la demoiselle, ça il en était certain. C'est vrai, elle avait passé tellement de temps à le détester sans aucune bonne raison valable qu'il était très étonnant à l'heure d'aujourd'hui de les voir se comporter comme des gens civilisés lorsqu'ils étaient ensemble. Enfin, le jeune Lefevre comprenait la demoiselle dans un sens, bien qu'il ne pouvait pas nier qu'elle avait parfois été trop loin, en commençant par le croire capable de telles horreurs. Maël n'était pas un ange, ça c'était certain, il était même tout le contraire. Seulement pas sur ce point là. Jamais il ne deviendrait ce qu'elle l'avait imaginé être. Sans quoi, il voulait bien être pendu aux yeux de tous sur la place publique. Enfin, tout portait à croire que toute cette histoire était désormais derrière eux, et ce pour de bon. Et cela soulageait quelque peu le beau brun, car au fond, la jeune Calabresi ne semblait pas si mauvaise, et ces derniers temps, il semblait enclin à faire de nouvelles rencontres, pour la toute première fois de sa vie en réalité. Il est vrai que si le jeune brun était resté tel qu'il était réellement ici, il aurait sans doute laissé la jeune femme croire ce qu'elle voulait à son sujet puisque ça lui serait passé totalement au dessus. Au contraire là, il avait tout rectifié. Et si il n'avait pas été avec quelqu'un au moment de Cancun, il ne doutait pas une seule seconde sur le fait qu'il aurait sans doute tenté quelque chose avec elle. Quelque chose de peu sérieux bien évidemment. Il ne recherchait plus ce qu'on appelait plus communément cette petite chose en plus, car justement elle ne lui apportait rien, ou en tout cas rien de bon à ses yeux. D'ailleurs, il ne l'avait même jamais cherché après tout, elle était apparue comme ça, à deux reprises, et autant dire que maintenant il allait s'en méfier comme de la peste. Fort heureusement, il n'aurait sans doute pas à se méfier de la jolie brune avec qui il avait passé un week-end plutôt pas mal, puisqu'à ce sujet, elle était du même avis que lui. Elle avait connu une seule et unique relation sérieuse qui ne s'était vraiment pas bien passée, c'était le moins qu'on puisse dire. Il était totalement compréhensible qu'elle ne veuille plus faire confiance aux hommes. Dans le fond, même si il y a encore quelques semaines elle aurait catégoriquement refusé cette idée, ils se ressemblaient bien plus qu'ils ne le pensaient tous les deux. Allez savoir maintenant si c'était une bonne chose ou non. Après tout, le beau brun, côté relation, n'avait connu que des jeunes femmes bien différentes de lui, qui à priori ne lui correspondait pas du tout. Allez donc savoir si la Calabresi ne lui correspondrait pas mieux. Cependant, il ne voulait pas prendre un risque de plus à ce niveau là. Il en avait déjà assez pris, et ce pour plusieurs vies en quelque sorte, il en était persuadé. En tout cas, à ses yeux, c'était dingue l'effet qu'avait Berkeley et San Francisco sur lui, lui qui en France n'avait jamais ouvert son cœur à qui que ce soit. Il s'était toujours contenté du pantalon, et à ses yeux, encore aujourd'hui c'était amplement suffisant. Il aurait sans doute dû s'arrêter là après tout, peu importe si il avait vraiment aimé Lou par exemple. Ce serait sa nouvelle règle de vie. Retourner aux sources en quelque sorte était l'une des meilleures choses à faire pour lui, qu'importe si il passait de nouveau pour une vraie ordure aux yeux de la gente féminine, après tout, c'est ce qu'il était. Ce qu'il avait toujours été, et autant dire qu'il en avait assez de refouler ce qu'il était réellement. Et puis de toute façon, il s'était déjà fait beaucoup d'ennemis dans le coin dès son arrivée. Un peu de plus, ou un peu de moins de toute façon, ça lui importait vraiment peu. Ce jour là donc, il venait de terminer sa matinée de cours, et son après-midi était entièrement libre. Tant mieux dans un sens. Il en avait assez de faire le trajet fac-résidence alors qu'à Berkeley, il ne faisait rien de très constructif les rares fois où il se rendait en cours histoire de faire acte de présence. Il avait donc décidé de prendre l'ascenseur, histoire d'aller plus vite. Bien que parfois, il s'avérait que c'était totalement le contraire. En tout cas, une chose était sûre, il fut plutôt content de retrouver Jordan dans cet ascenseur, pour une fois. Seulement de son côté, ça ne semblait pas être la même chose, bien au contraire. Ayant fait la grimace lorsqu'elle l'avait vu entrer dans cet espace plutôt clos, il semblerait qu'elle ait oublié qu'elle n'était à présent plus contrainte de le détester pour une chose aussi stupide mais pourtant compréhensible. Lorsqu'il devint quelque peu sarcastique, elle retrouva un air un peu plus naturel et beaucoup plus moins froid à son égard, afin de lui demander comment il allait. Alors là, c'était à n'y plus rien comprendre. Lui allait plutôt bien, mais qu'importe, à l'heure actuelle, ce n'était pas lui qui avait un problème. « Et toi ? » Et oui, c'était bel et bien elle une nouvelle fois. Lui retournant la question de la sorte, il espérait bien qu'elle se décide à lui dire ce qui clochait avec lui une nouvelle fois. En attendant une quelconque réponse, le beau brun à la crête appuya sur le bouton du rez-de-chaussée, en espérant qu'une fois là-bas, elle n'en profite pas pour se défiler, encore et encore.

Moi-même je ne comprenais plus vraiment mon comportement. Je m’étais retrouvée dans cet ascenseur sans franchement m’attendre à ce que Maël s’y trouve déjà. J’ai été un peu surprise en le voyant là bien évidemment et la panique a commencé à m’envahir. Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment. Disons que ces derniers temps je ne me sentais plus vraiment moi-même. Quelque chose avait changé, je le sentais bien. Ces vacances d’été n’avaient pas été comme toutes les autres et je découvrais de nouvelles sensations depuis quelques temps. En fait je ne les découvrais pas vraiment, j’avais déjà connu tout ça dans mon passé, j’avais déjà ressenti le même genre de sensation, mais j’avais décidé de laisser tout ça de côté pour un moment en tout cas. Aujourd’hui je ne voulais pas vraiment accepter que je puisse à nouveau ressentir tout ça, mais pourtant tout ça était bel et bien présent et j’en avais la preuve lorsque mon regard s’est posé sur lui, Maël Lefevre. Qui aurait pu penser une seule seconde que je puisse éprouver des sentiments autre que de la haine ou qu’une légère amitié pour lui ? Quand on connaît notre histoire on sait que je ne pouvais pas le voir, pour des raisons totalement infondées certes, mais je le détestais bien. A chaque fois que je le voyais je me comportais d’une manière plutôt honteuse je devais bien l’avouer et aujourd’hui quand je repensais à tout ça j’éprouvais du regret. Après tout Maël ne m’avait rien fait, je ne connaissais rien du tout et déjà je me faisais des idées à son sujet, des idées totalement fausses et pourtant… Je ne savais toujours pas pourquoi cette haine avait grandi si rapidement, surtout que je suis certainement une des personnes les mieux placées pour savoir qu’il n’est pas bon de juger quelqu’un sans le connaître. Seulement j’ai aussi appris qu’il faut toujours se méfier et à cause de mon passé j’ai effectivement commencé à me méfier beaucoup trop et surtout à me méfier de tous les hommes. Maël a dû subir un peu plus que les autres étant donné qu’il avait encore la malchance de me faire penser à Roman, mon ex petit copain que je préfère totalement oublier aujourd’hui. Mais tout était rentré dans l’ordre finalement et nous avions même réussi à passer un agréable week-end ensemble à Cancun. Durant ce week-end j’avais en quelques sortes retrouvé ma joie de vivre. Oui parce que bien que tout le monde me voit comme une fille souriante et pleine de vie au fond je cache bien des secrets et je ne suis pas aussi heureuse que ce que tout le monde pense. Mais là durant ce week-end avec Maël je n’ai jamais ressenti le besoin de me forcer à sourire, il apparaissait tout seul sans que je ne contrôle quoi que ce soit et je riais plus fort que jamais sans même forcer ne serait-ce qu’un petit peu. Il avait réussi à me redonner le goût à la vie l’espace d’un week-end et il avait aussi su m’écouter. Parce qu’en plus de tout ça Maël est certainement la personne qui connaît le plus de choses à mon sujet. Est-ce que ça me dérange ? Pas du tout. Maël s’est aussi confié à moi en même temps et j’ai vite compris que pouvoir raconter ses problèmes à quelqu’un peut faire beaucoup de bien. Durant ce week-end à Cancun j’avais même été encore plus loin et il était devenu évident que Maël savait beaucoup plus de choses sur moi que qui que ce soit d’autres. Même à ma mère je ne lui avais jamais parlé comme ça de mon ressenti après tout ça. Enfin bref, on n’est pas là pour refaire le résumé du week-end à Cancun. L’important maintenant c’est cet ascenseur dans lequel on se trouve tous les deux. Maël avait immédiatement remarqué que quelque chose clochait, en même temps mon ton plutôt froid ne laissait pas vraiment de doute sur mon état d’esprit. Mais pourtant je n’avais pas voulu être méchante avec lui, après tout maintenant nous nous entendons bien tous les deux et je n’avais plus aucune raison de me montrer froide et distante avec lui. Mais ce que je ressentais en cet instant précis me faisait peur et me faisait totalement perdre mes moyens. Je réalisais rapidement que j’avais mal réagis, surtout en entendant sa réplique et je reprenais donc rapidement mes esprits pour adopter un ton plus amical tout en affichant un sourire. Je venais de lui demander comment il allait, mais il ne répondit pas à la question. Au lieu de ça il me la retourna immédiatement, apparemment il préférait savoir si moi j’allais bien, pas étonnant en même temps avec la « scène » que je venais de lui faire. J’affichais un petit sourire timide. Je ne savais plus vraiment quoi répondre. Je regardais Maël appuyer sur le bouton du rez-de-chaussée et je ne m’étais toujours pas décidée à répondre. Je levais les yeux vers lui et je me décidais enfin à prononcer quelques mots. Je n’avais plus ce ton froid que j’avais adopté au départ, ni le ton amical que j’avais eu ensuite, c’était plutôt un ton hésitant, j’avais peur et je ne savais plus quoi penser. En l’espace de quelques secondes j’avais déjà changé trois fois de comportement alors c’est vous dire si j’étais perturbée par ces sentiments que je commençais à ressentir de plus en plus. Heu ça… ça va bien oui merci ! Tu heu.. Tu vas faire quoi maintenant ? Quelle idiote, je tentais de faire la conversation. De faire comme si de rien était. Oui bien sûr, comme si Maël allait y croire à tout ça. Il n’était pas bête non plus, loin de là et en plus il me connaissait déjà un peu plus qu’avant, bien qu’il fallait quand même du temps pour me cerner totalement, comme il faut du temps pour le cerner lui. Je plongeais mon regard dans le sien, affichant un petit sourire et je sentis mes joues rougir légèrement. De toute évidence je ne pouvais continuer à me mentir à moi-même, tout mon corps me montrait ce que je ressentais, mais mon cerveau refusait de l’accepter. Je détournais le regard immédiatement le reportant sur mes pieds, avait-il remarqué ? Je n’en savais rien, mais je tentais de me persuader que ce n’était pas le cas. J’avais honte et en même temps je n’y pouvais rien. Ce genre de sentiments ne se contrôle pas. Bon bien sûr je n’en étais pas au point de vouloir absolument l’avoir comme petit copain, je n’étais pas encore au point d’être totalement folle de lui. Mais j’avais bien compris que des sentiments commençaient à s’installer peu à peu et ça m’effrayait totalement. Est-ce que j’allais le lui avouer un jour ? Ca ne serait certainement pas une bonne idée, Maël n’était pas le genre à avoir de petite copine, enfin du moins de ce que j’avais compris ce n’était pas vraiment son truc de donner un peu de soi à quelqu’un d’autre si on veut. Je ne voulais pas l’effrayer et je ne voulais pas qu’il redevienne à nouveau un ennemi. Je l’avais détesté durant assez longtemps et maintenant que je m’étais autant ouverte à lui il me paraissait impossible de revenir à notre relation précédente.

corbeille