Maël n'avait pas franchement besoin de repos. En fait si, mais ce dernier n'était pas vraiment mérité étant donné que tout le long de l'année, il n'avait pas fait grand chose, tout du moins le strict minimum. Il avait commencé sa seconde année en France, à la Sorbonne, comme c'était prévu pour le reste de ses études après tout, mais sans qu'il n'y comprenne quoi que ce soit, il s'était retrouvé dans un avion direction San Francisco, pour son plus grand plaisir d'ailleurs ! Il ne s'était jamais senti aussi bien qu'ici. Sans le poids du passé, ou presque, il se sentait déjà plus léger, et à ses yeux, c'était une bonne chose. Non, ce qui le fatiguait ces derniers temps c'était bien le tout nouveau boulot qu'il s'était trouvé. Il n'était pas fier de ce dernier. Montrer son corps devant des jeunes femmes, ou même des jeunes hommes d'ailleurs, n'était pas le travail dont il rêvait. En réalité, il ne savait même pas de quoi il rêvait, mais certainement pas de ça en tout cas. Mais le point positif : il se faisait beaucoup d'argent, et ce en très peu de temps. Mais là, après avoir enchaîné trop de soirées à la suite, il avait besoin d'un peu de repos. Ce n'était peut-être pas ici qu'il allait se reposer, il devait bien l'avouer, mais qu'importe, des vacances gratuites au Mexique ça se ne présente qu'une fois dans une vie après tout. Et puisqu'il avait son week-end de libre pour la toute première fois depuis quelques semaines, il comptait bien en profiter. La solitude était le mot d'ordre de ce week-end en tout cas. Tout du moins il l'espérait. Oui il espérait bien se lever à pas d'heure, pour ensuite aller faire le lézard au soleil, et pourquoi pas se coucher à pas d'heure non plus. Après tout, des demoiselles ici ce n'était pas vraiment ce qu'il manquait, même s'il savait pertinemment que toucher avec les yeux devait être son seul et unique objectif. Difficile de s'y tenir mais qu'importe. En même temps, il restait Maël, rien de plus ni de moins. Et tout le monde savait à quoi s'attendre de sa part. Il avait donc le choix. Créer l'effet de surprise, ou non. Et honnêtement il n'en savait encore rien. Il ne savait pas vraiment comment il pourrait réagir si une sorte d'opportunité avec une jeune femme venait à s'offrir à lui. Il n'avait pas encore été dans ce cas de figure, et honnêtement, il redoutait ce moment, car oui, il savait parfaitement que ce genre de chose pouvait arriver. Il ne voulait pas se vanter, mais sans mentir, c'était un très beau garçon. Et entre les étudiantes de Berkeley ou les jeunes femmes habitants ici et avides de touristes, il y avait un large choix. D'après ce qu'il en avait vu, car il était arrivé en début de soirée, et à vrai dire, il avait directement mis les pieds dans ce fameux hôtel, espérant qu'il ne soit pas trop tard pour réserver une chambre, au moins pour le week-end, car malheureusement, le mardi soir suivant, il devrait retourner travailler dans ce club qui pourtant lui inspirait confiance. C'est vrai, tout était correct, et la sécurité faisait très bien son travail. Il n'avait donc pas à se plaindre, car sans tout ceci, il n'aurait pas pu payer son aller-retour jusqu'à Cancun. Non à vrai dire jusqu'il y a quelques semaines, il avait bien du mal à se payer un café, alors imaginer se retrouver ici ce soir dépassait ses espérances. Surtout qu'il en avait besoin en ce moment. Se tenir loin d'Holly pour quelques jours n'était sans doute pas une si mauvaise idée en fin de compte, bien au contraire. Loin d'elle et loin de San Francisco qui, il y a quelques temps, lui avait renvoyé ses souvenirs en pleine face. Il y avait tout d'abord eu Jordan. Ah Jordan ! Quelle longue histoire ! À laquelle il n'avait pas vraiment envie de repenser mais qu'importe, visiblement il n'avait pas vraiment le choix, étant donné que presque tout le ramenait à elle ces derniers temps. À chaque fois qu'il avait le malheur de se replonger dans ses souvenirs d'enfance, le visage de la belle brune revenait le gifler une nouvelle fois, et à chaque fois de plus en plus fort. Il n'aurait peut-être pas dû lui raconter tout ceci. Certes, elle lui avait fait quelques révélations sur son passé plus que mouvementé, et il était tout à fait normal qu'elle attende en retour quelques révélations de la part du beau brun à la crête. Seulement, vu comment elle le voyait, rien ne l'y obligeait, mis à part peut-être défendre son image. Mais sérieusement, depuis quand se souciait-il de l'image que les autres avaient de lui ? Depuis quand était-ce important ce que les gens pouvaient penser de lui ? Ça ne l'avait jamais intéressé, alors pourquoi aujourd'hui, tout avait changé ? Décidément, tout changeait ces derniers temps, et même si le jeune français aimait les choses nouvelles, là l'inconnu était plutôt déroutant et effrayant pour dire vrai. Aujourd'hui oui, il se souciait encore de ce que la jeune Calabresi pensait à son sujet. Si il était toujours l'ordure qu'elle s'était pendant longtemps imaginé à ses yeux ou si les explications du beau brun avait changé la donne. Il n'en savait strictement rien non, car depuis que la fin de l'année avait pointé le bout de son nez, ils ne s'étaient pas revus, et c'était peut-être pas si mal, parce que le jeune Sigma ne saurait sans doute pas comment se comporter face à elle. Après tout, plus jeune elle avait été battue, et pendant longtemps elle avait pensé que le jeune Lefevre pourrait lui faire subir la même chose, alors qu'il pouvait être tout ce qu'elle souhaitait qu'il soit, sauf ça. Il avait du respect pour les femmes. D'accord, ça ne se voyait pas beaucoup vu son nombre de conquêtes qui pourrait en effrayer plus d'une, mais ça ne changeait rien au fait qu'il ne ferait jamais ça, ô grand jamais. Enfin, passant sa carte de crédit afin de réserver une chambre simple pour trois nuits, le beau brun à la crête pu ensuite ranger son portefeuille dans la poche arrière de son bermuda, et glisser son pass dans une des poches avant, dans l'objectif de ne pas rejoindre sa chambre immédiatement, mais plutôt dans une ou deux heures, histoire de profiter de la terrasse de l'hôtel. Après tout, il était déjà en condition, et presque en tenue puisqu'il n'avait plus qu'à ôter son T-shirt. Le début de soirée pointait déjà le bout de son nez, et pourtant la chaleur était toujours présente. Enfin, après un long moment à s'être occupé avec son téléphone portable, le jeune brun décida qu'il était sans doute temps de découvrir sa chambre. Savoir si elle était à la hauteur de ses attentes, ce qui ne faisait aucun doute vu l'allure de l'hôtel. T-shirt sur l'épaule, le jeune homme remonta ses lunettes de soleil afin de les poser sur son crâne, et de rejoindre ensuite l'ascenseur qui allait le mener à son étage. Longeant le couloir, il ne s'empêcher de regarder les fesses de la demoiselle qui marchait juste en face de lui. Pas mal. Toucher avec les yeux non ? C'est ce qu'il faisait. Enfin, il arriva à destination et il eu la bonne surprise de découvrir que cette jeune femme en question occupait la chambre juste à côté de la sienne. Déverrouillant la porte, il sursauta lorsqu'il vit cette jeune femme de profil. De dos, c'est toujours difficile de reconnaître une personne. Il la dévisagea un instant, n'arrivant pas à croire que c'était sur elle, sur Jordan qu'il s'était rincé l’œil. « Alors comme ça on est voisins ? » Bah quoi ? La hache de guerre était enterrée après tout non ? Et puis, c'était une façon comme une autre de détendre l'atmosphère, de reprendre sur de bonnes bases, histoire de ne pas se pourrir mutuellement le séjour de l'un et l'autre.

S’il y avait bien une chose que j’aimais lorsque l’été approchait c’était de partir en vacances. Dernièrement j’étais sortie en boîte avec ma petite sœur -ou du moins celle que je considère comme telle- Holly. Pas la meilleure des idées étant donné que celle-ci est enceinte, mais enfin durant la soirée nous avons quand même bien discuté et particulièrement des vacances. Nous avions pour projet de nous rendre ensemble en Italie afin qu’elle puisse découvrir mon monde, le monde de la petite Jordan Calabresi. Bien que ce n’était rien de très passionnant j’avais tout de même envie de revoir ma mère qui me manque tout de même énormément et puis passer des vacances avec la blondinette n’aurait pu être que parfait. Seulement son gynécologue avait refusé qu’elle prenne l’avion, ce dont nous nous doutions toutes les deux, mais enfin ça ne coûtait rien d’essayer. Au départ nous étions toutes les deux franchement déçue, mais lorsque j’ai découvert que l’université proposait des vacances à Cancun je voyais les choses différemment. J’allais pouvoir passer des vacances géniales, faire des nouvelles rencontres sans doute, mais aussi passer du temps avec mes amis de l’université. Que demander de mieux franchement ? Je ne savais pas exactement combien de temps je souhaitais me rendre là-bas. Le plus longtemps possible serait le mieux, surtout que ça me permettrait de me ressourcer un peu. Ses derniers temps j’avais le sentiment que j’avais parlé sans arrêt de mon passé, entre ma discussion avec Maël et celle avec Holly. C’était déjà deux fois de trop et si ça se trouve j’en oublie encore une 3ème. Dans tous les cas j’aurais préféré ne plus jamais en reparler, mais malheureusement c’est le problème du passé, ça fait partie de nous et ça ne peut jamais disparaître. C’est une partie de notre vie et on ne peut que l’accepter et continuer d’avancer avec ces souvenirs. Pour certain c’est plus facile que pour d’autre, pour ma part c’était un gros poids que je devais tirer chaque jour partout où j’allais. Un gros poids qui m’empêchait de faire confiance aux gens, un gros poids qui m’avait amenée à devenir totalement parano. A tel point que j’en avais jugé ce pauvre Maël comme étant du même genre que mon père ou que mon ex. Alors qu’il n’était certainement pas comme ça, c’était ce que j’avais compris lors de notre dernière conversation. Il m’en aura fallu du temps, mais je lui avais enfin avoué les raisons de ma haine et j’avais donc enfin compris que je le détestais pour rien du tout. Depuis là je ne l’avais pas revu et je devais avouer que ça m’arrangeait un peu. J’avais en quelques sortes peur de le recroiser parce que je ne savais pas comment me comporter. Je ne le détestais plus c’est certain, en fait je ne ressentais plus rien de particulier pour lui, il devenait comme une simple connaissance à mes yeux. Non c’est faux. Ca c’est ce que j’essaye de faire croire aux autres voire même à moi-même. Mais je sais très bien qu’il n’est pas qu’une simple connaissance. Ce garçon en connaît plus sur moi que bien des gens. Il m’avait fallu je ne sais combien de temps pour le dire à celle que je considère comme ma petite sœur, mais à Maël je le lui avais tout avoué alors que je le voyais encore comme un ennemi. C’était bizarre, très bizarre et c’était sans doute pour ça que je ne savais pas comment réagir une fois que je me retrouverais face à lui. Lui aussi c’était ouvert à moi, un peu, mais certainement plus que je n’aurais pu espérer. Je me demandais combien de personne connaissait l’histoire qu’il m’avait racontée. Tout comme moi il aurait sans doute préféré garder tout ceci pour lui-même. Mais on ne peut pas toujours faire comme on veut dans la vie, bien que là je ne l’avais pas forcé à quoi que ce soit. Pour ma part je l’avais fait parce que je ne supportais pas qu’on me voie comme une fille pourrie gâtée, j’étais loin de l’être et mon passé le montrait bien. C’est pourquoi tout était sorti sans que je ne puisse rien retenir. Maintenant c’était fait, c’était comme ça et pour le moment je n’avais pas eu à recroiser le jeune homme à la crête, il n’y avait donc aucune raison pour que je me pose toutes ces questions. Je le recroiserais peut-être jamais… Qui sait ? Enfin le plus important pour le moment c’était que je venais tout juste d’arriver à Cancun. Une destination de rêve de toute évidence, sans parler de l’hôtel où nous étions logés. J’étais arrivée assez tôt dans l’après-midi et après avoir réservé ma chambre j’en avais profité pour me rendre un moment à la plage et profiter un peu du soleil, bien que ma peau était déjà très bronzée, j’aimais m’allonger sur le sable pendant quelques minutes et laisser le soleil caresser ma peau. Après ça, je renfilais la mini-jupe brune et le petit haut beige que j’avais pour me rendre à l’hôtel et enfin découvrir ma chambre. Je marchais dans le couloir de l’hôtel de ma démarche assurée tout à fait inconsciente que derrière moi se trouvait la personne que je craignais un peu de recroiser. J’arrivais devant la porte de ma chambre et sorti la clé que la réception m’avait donné quelques secondes avant. J’avais hâte de découvrir à quoi allait ressembler ma chambre, d’après la présentation de l’université c’était un endroit paradisiaque et jusque-là il ne s’était pas trompé, mais maintenant il restait à voir les chambres. C’était un point important, en tout cas pour moi. J’espérais qu’il y aurait une immense salle de bain, que le lit serait confortable, que la vue serait incroyable. J’espérais beaucoup de chose et dans quelques secondes j’allais pouvoir découvrir si j’allais être déçue ou non. Mais je fus arrêtée dans mon élan par une voix, la voix de Maël, évidemment. Est-ce que j’avais bien entendu ? Il me demandait si on était voisin. Je levais les yeux et regardait la porte qui se trouvait tout près de la mienne, de toute évidence c’était la chambre de Maël. Je n’en avais aucune preuve mais il ne serait pas là sinon et il ne me poserait pas cette question, à moins qu’il n’est rien trouvé de mieux pour m’adresser la parole, mais pourquoi voudrait-il m’adresser la parole après notre dernière conversation ? Il ne devait pas être très à l’aise non plus de son côté. Enfin peut-être que je me trompais. J’affichais un petit sourire, je voulais tout d’abord qu’il comprenne que je ne lui en voulais plus, que je ne le prenais plus du tout pour un mec qui frapperait une femme. C’était important pour moi qu’il comprenne ça. J’avais déjà fait assez de chose tordue sans encore le laisser croire que je ne l’appréciais toujours pas. Bon je ne pouvais pas dire que c’était mon ami, je ne pouvais pas dire que j’éprouvais quoi que ce soit de positif pour lui. C’était plutôt étrange, je ne savais pas vraiment comment le « classer ». Il ne faisait pas partie de mes ennemis, plus maintenant. Je n’avais plus de raison de le détester, mais je n’avais pas de raison spéciale pour l’apprécier non plus. Après tout je ne le connais pas, enfin je ne sais pas exactement comment il est. A part son passé et le fait que c’est un coureur de jupon qui pour le moment a une histoire avec ma Holly je ne sais rien de lui. Vous me direz c’est déjà beaucoup, oui mais ce n’est pas ça qui me permet de savoir s’il pourrait être ne serait-ce qu’un simple ami pour moi. Enfin si j’arrêtais déjà de me poser un millions de questions ça irait peut-être mieux. Pour le moment je me trouvais en face de lui, je lui souriais. On dirait bien oui ! Tu tâcheras de pas trop faire de bruit, j’aimerais quand même dormir un peu. Et je rigolais. Et oui aussi étonnant que cela puisse paraître j’étais en train de rire en présence de Maël une grande première. Bien sûr je ne faisais que l’embêter au sujet du bruit, à vrai dire je ne savais pas tellement quoi lui dire, je ne savais pas comment m’y prendre, bref j’étais mal à l’aise et je sortais donc des petits blagues -débiles- pour me sentir un peu mieux. Je ne savais pas comment Maël allait le prendre, j’espérais bien, je ne voulais pas encore me disputer avec lui. Je pensais que nous avons déjà eu une période assez longue où nous nous détestions sans encore en rajouter maintenant alors que tout était à peu près arranger.

Maël redoutait vraiment la rentrée prochaine. Il avait réuni assez d'argent pour celle-ci, là n'était pas le problème, mais il devait bien avouer qu'il n'avait pas très envie de se retrouver régulièrement en face de Jordan, celle qui en savait plus sur lui, sur son passé, que quiconque. Le fait qu'il lui ait dit à elle était assez déconcertant en réalité, mais qu'importe, maintenant que c'était fait, il n'avait plus d'autre choix que d'assumer. La seconde chose qu'il redoutait le plus, c'était de ne pas savoir tenir le rythme. Très léger à l'université certes, mais avec son tout nouveau boulot, il avait peur de s'endormir chaque jour n'importe où. Il était habitué à passer de très longues nuits certes, mais pas aussi souvent, et surtout pas sans repos entre les deux. Ces vacances offertes par l'université tombaient donc à pic. Cela permettrait au beau brun de se reposer loin de tout, mais dans le fond peut-être pas de la jeune Calabresi. Après tout, c'était tout à fait normal qu'elle profite de tout ceci elle aussi, car contrairement à ce que le beau brun à la crête avait pu s'imaginer à son sujet, elle était bien loin d'être une fille pourrie gâtée qui avait toujours eu ce qu'elle voulait. Ainsi des vacances gratuites à Cancun ne se refusaient pas pour elle aussi. Malheureusement, le jeune brun ne comptait pas rester très longtemps. Trois ou quatre jours, grand maximum, et pourquoi pas revenir une autre fois. Mais pour le moment, pour une fois qu'il avait son week-end de libre, il comptait bien en profiter comme il se devait. Loin de San Francisco, loin de ce boulot merdique, loin des problèmes, et surtout de l'autre blonde et de ses jumeaux que le beau jeune homme n'avait vraiment pas envie d'assumer soit dit en passant. Il y avait longuement réfléchis, et honnêtement, ce n'était pas vraiment une bonne idée, ce n'était absolument pas ce qu'il voulait. Une chose était donc sûre, il faudrait qu'elle se débrouille sans lui. Elle n'aurait pas trop de mal après tout, elle avait su les faire ses enfants, elle avait décidé de les garder, et bien elle saurait les assumer. C'était la suite logique des choses non ? Il était égoïste certes, mais c'était ce qu'il avait toujours été après tout, aucune surprise de ce côté là, tout du moins pour sa part. Il était beaucoup de choses à la fois, et les trois quart, personne n'en savait rien. Et Jordan était sans doute la seule à en savoir plus que la moyenne, et le jeune brun ne parvenait pas à dire si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Une très mauvaise chose avait-il pensé au départ, car elle en savait trop, beaucoup trop sur lui. Mais en même temps, parler un peu de lui ne lui avait pas fait tant de mal que ça après tout. Non, dans un sens ça l'avait un peu soulagé qu'il ne soit plus le seul avec qui partager cela. C'était une sorte de poids en moins, même si la demoiselle ne connaissait pas tous les détails. Elle connaissait l'essentiel après tout. Il n'était pas du genre bavard. Il n'aimait pas se dévoiler, et pourtant, mettre quelqu'un dans la confidence avait le don de le soulager en quelque sorte. Sans exagérer, il se sentait plus léger. Et l'idée que ce soit Jordan qui lui fasse découvrir ce genre de sensation l'effrayait. Après tout, il y a encore peu, elle le méprisait comme jamais, et lui, et bien il se plaisait à se moquer d'elle, à la taquiner, et pas gentiment, bien au contraire. Ainsi, le fait que ce soit à elle qu'il ait décidé de tout dire était quelque peu étrange. Mais l'image qu'elle avait de lui jusqu'à présent le dérangeait vraiment. Ça n'avait jamais été le cas, et honnêtement jamais il n'aurait pensé que l'opinion des autres, et de cette jeune femme pourrait le déranger autant, mais il faut croire que la vie est faite de surprise. Après tout, c'était bien vrai, personne n'était capable de dire ce qui allait concrètement se passer dans l'avenir. Et personne n'aurait pu prédire un tel retournement de situation ! En même temps, personne n'aurait pu prédire que c'était à cause de son passé que la jeune femme avait une telle haine envers le jeune Lefevre. Il avait sérieusement la tête de la parfaite ordure qui pour se sentir puissant prenait littéralement son pied en s'en prenant à beaucoup moins fort que lui ? Il n'était pas un ange non, il avait plutôt toujours revendiqué le fait d'être le diable en personne, c'était après tout beaucoup plus intéressant comme rôle. Quoi qu'il en soit, il ne savait pas du tout que l'on pouvait penser de telles horreurs à son sujet. Il ne comptait pas changer non, c'était après tout parce que la demoiselle était un peu parano sur les bords qu'elle le voyait comme ça. Personne ne songeait à ce genre de chose autrement, non ? En tout cas, il ne l'espérait pas. Il pouvait accepter toute critique, du moment qu'elle soit fondée. Il n'en voulait pas à la jeune femme non, mais elle avait eu tort de se baser sur de simples hypothèses qui, il fallait bien l'avouer, ne tenaient absolument pas la route. En tout cas aujourd'hui, il ne lui demandait pas de lui faire confiance non. Il ne savait même pas si tout d'abord il devait avoir confiance en elle. Le beau brun à la crête n'avait jamais eu confiance en personne. Ce n'était pas son point fort, et ça ne le serait sans doute jamais. Après tout, qui voudrait réellement prendre le risque d'être déçu ? Il fallait vraiment être totalement stupide pour faire cela. Et Maël était loin d'être stupide, contrairement à ce que beaucoup pourraient penser. Il avait l'habitude d'être jugé. Mais jamais il n'avait cherché à se défendre de quoi que ce soit. Mis à part avec la jeune Calabresi. Elle avait sans doute touché un point sensible, il n'en savait trop rien. En tout cas, il avait vu dès le départ qu'ils avaient tous les deux des points communs, chose qu'elle n'aurait admis pour rien au monde si elle ne savait rien de Maël, et si jamais elle n'avait pas eu le cran de se dévoiler un peu à lui. Leurs histoires était totalement différentes certes, mais qui sait, elles auraient peut-être le don de les rapprocher, même si rien n'était gagné. Le jeune Sigma ne savait pas si elle se méfiait toujours de lui, ou si au contraire, elle n'avait plus peur qu'il lève la main sur elle par exemple. Si au moins ils en arrivaient là, ça serait déjà un grand pas en avant. Pour ça, ils verraient à la rentrée. Bien loin de se douter en réalité qu'elle se trouvait elle aussi à Cancun. En même temps c'était tout à fait normal qu'elle en profite. Mais le jeune brun venait à se demander s'il aurait demandé à avoir une autre chambre si il avait su que l'actuelle était placée juste à côté de celle de la jeune brune. Sans doute oui, il voulait éviter toute conversation avec elle, il ne voulait vraiment pas revenir sur tout ce qu'ils avaient pu évoquer la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Jamais il ne s'était préparé à en parler, tout simplement parce qu'il pensait vraiment ne devoir jamais le faire. Malheureusement, avec le temps il aurait dû savoir qu'il ne fallait jamais dire jamais. Ce dicton lui avait longtemps paru idiot, et aujourd'hui enfin il en comprenait le sens. Un peu trop tard par contre non ? Quoi qu'il en soit, il fut étonné de voir que Jordan était bel et bien sa voisine de chambre. Et dire qu'il y a quelques secondes de cela, il était en train de la mater dans ce fameux couloir. Si elle savait... Enfin. Il se contenta de lui adresser un léger sourire. Après tout il ne savait pas, ou plus, vraiment comment se comporter en sa présence. Elle avait le don de le déstabiliser maintenant, et c'était loin d'être plaisant. Elle lui rendit malgré tout son sourire avant que le jeune français n'ouvre la porte de sa chambre d'hôtel. Il ne voyait rien d'où il était. Et il comptait bien s'avancer pour découvrir tout ceci, mais il fut couper en plein élan par la demoiselle. Il lâcha un léger rire. Mauvaise blague mais qu'importe, mieux valait en rire qu'en pleurer, et non il n'était pas en train de se foutre d'elle. « Je vais essayer, mais je promets rien. Dormir ? Il y a tellement d'autres choses à faire dans une chambre d'hôtel. » Chassez le naturel, et il revient au galop ! Pas de proposition là-dedans non, tout du moins il ne pensait vraiment pas. Pourquoi lui ferait-il des avances après tout, et pourquoi les accepterait-elle ? Ce n'était tellement pas digne d'eux, eux qui avait pour habitude de se sauter à la gorge au lieu de tout ceci. Qui sait, le sexe entre ennemis avait du bon aussi, et le jeune brun parlait en connaissance de cause !

Il est impossible de prévoir ce qu’il va se passer dans la vie. Elle est si imprévisible. Pour ma part je n’avais jamais imaginé une seule seconde qu’un jour je pourrais arrêter de détester Maël. Quand je l’avais croisé pour la première fois et que le visage de Roman mettait apparu en même temps j’avais immédiatement commencé à me méfier, je m’étais immédiatement imaginée qu’il était pareil que mon ex et je n’avais jamais envisagé la possibilité que je puisse me tromper. C’était comme ça un point c’est tout. Ma fois quand on est têtue. Donc depuis ce moment précis le détester était devenu comme une sorte d’habitude, presque une obligation. C’est pourquoi imaginer qu’un jour je puisse revoir mon jugement m’était impossible et pourtant quand on sait à quel point la vie peut être imprévisible on comprend que plus rien n’est vraiment impossible. Il y a quelques temps en arrière je m’étais donc retrouvée face à ce Maël, à cet ennemi juré et je m’étais surprise à lui parler de mon passé. Tout y était passé. L’histoire avec mon père, mes 5 ans de souffrance à ses côtés qui s’étaient terminés par la mort de mon père, puis l’histoire avec mon ex, à quel point je l’aimais, à quel point il paraissait parfait à mes yeux, à quel point je pensais que notre histoire allait durer et comment ça s’est terminé. Je lui avais tout raconté, enfin peut-être pas tout. En fait aujourd’hui je n’arrivais plus exactement à me souvenir ce qui était sorti, je ne savais plus exactement ce que j’avais dit et pas dit. Je savais juste que j’avais parlé de mon père et de mon ex. Après je ne savais plus s’il savait que je l’aimais plus que tout au monde, je ne savais plus exactement les mots que j’avais utilisé, tout était un peu confus. Il faut dire que mes paroles sont sorties presque contre ma volonté, c’était comme si j’étais arrivée à bout et que je ne pouvais plus rien retenir. Mais enfin tout ça n’était pas important, dans tous les cas Maël en savait trop, il en savait beaucoup trop à mon sujet, beaucoup plus que la plupart de mes connaissances. Ce n’était pas normal, il n’était franchement pas le mieux placer pour entendre toute cette histoire, mais c’était trop tard. Ce qui était fait était fait et d’un côté je ne le regrettais pas. Grâce à tout ça j’avais pu comprendre que Maël n’était pas celui que je croyais et je peux vous dire qu’avouer que j’ai tort ne fait pas partie de mes habitudes, mais là j’avais été bien obligée de le faire. Grâce à tout ça j’avais aussi pu découvrir que Maël était comme moi, qu’il avait aussi un passé dur à porter, qu’il n’avait pas eu les meilleurs parents du monde. Bref, on était dans le même panier tous les deux et il était toujours un peu réconfortant de savoir qu’on n’est pas seul dans ces cas-là. Même si je me doutais bien que je n’étais pas la seule à avoir vécu tout ça, loin de là même. Maël et moi nous étions donc détestés, taquinés, etc. pendant tellement de temps alors qu’au final nous étions tout simplement pareil à quelques détails près. Lui aussi devait avoir de la peine à se confier, à faire confiance à qui que ce soit, lui aussi devait en avoir assez qu’on lui pose des questions sur son passé, qu’on lui demande comment était son enfance etc. En tout cas pour ma part j’en avais assez, même si les personnes qui me posaient ces questions ne pouvaient se douter de rien, j’en avais marre. Mais tout ça était entièrement ma faute, c’était moi qui avait lancé les hostilités, Maël n’y pouvait rien. Je venais presque à me demander aujourd’hui comment j’avais pu être aussi stupide, juger quelqu’un par son apparence n’était jamais bien et j’étais censée le savoir, mais en même temps je n’y pouvais rien si j’étais devenue en quelques sortes parano. Enfin bref, je me trouvais dans un hôtel à Cancun pour mes vacances, des vacances de rêve, des vacances gratuites, que demander de mieux franchement. Si l’université n’avait pas proposé cette destination je ne serais sans doute pas partie, bien que j’aie quand même un peu d’argent je préfère le garder pour des choses plus importantes. La seule destination que j’aurais pu me permettre aurait été l’Italie vu que j’aurais pu loger chez ma mère, mais vu qu’Holly ne pouvait pas partir je n’avais pas envie d’y retourner toute seule, c’était trop difficile. J’avançais donc dans le couloir en direction de ma chambre que j’avais hâte de découvrir. Elle était sans aucun doute magnifique, mais je n’eus pas encore l’occasion de le découvrir. En fait je n’avais même pas eu le temps d’ouvrir la porte que j’entendis la voix de Maël. Apparemment j’allais devoir passer quelques jours de mes vacances, je ne savais pas encore combien de temps, dans la chambre juste à côté de la sienne. Je ne savais pas du tout comment tout ça allait se passer mais pour le moment je ne me sentais pas franchement à l’aise. Maintenant que je le voyais j’avais comme l’impression de voir mon passé dans son regard, je m’imaginais qu’il se retournait dans la tête ce que je lui avais dit sans arrêt et je n’aimais pas ça. Pourtant au fond je savais très bien qu’il ne faisait pas ça du tout, il n’avait pas de raison de penser à mon passé de toute façon. Mais voilà il connaissait mon passé et ça me faisait en quelques sortes peur. Heureusement pour moi je connaissais aussi une partie de mon passé, ce qui me rassurait quelques peu. Nous étions du coup un peu les deux dans le même bateau. J’avais commencé par lui lancer une petite blague, rien de méchant en tout cas ce n’était pas mon but. Je n’avais même pas spécialement pensé à la réputation de ce Maël lorsque j’avais prononcé ces mots et puis même si c’était le cas, je n’étais pas beaucoup mieux que lui donc ça me touchait tout autant que lui finalement. Je pensais en plus que de toute façon le jeune homme n’allait rien faire étant donné que son cœur était pris par ma sœur de cœur, par Holly. En tout cas aux dernières nouvelles, après je ne connaissais pas spécialement les détails de leur histoire, ça ne me regardait pas spécialement à moins qu’Holly souhaite m’en parler je n’avais pas vraiment à poser des questions là-dessus. Maël me répondit alors pour me dire qu’il ferait de son mieux mais qu’il ne pouvait rien me promettre. Il ajouta aussi qu’il y avait des choses bien plus intéressantes à faire que dormir dans une chambre. Sur ce point-là je ne pouvais qu’être d’accord avec lui et je devais avouer que ça ne me dérangerait pas de partager ma chambre avec un autre jeune homme pour une nuit. C’est toujours mieux dans un hôtel en plus, dans ces magnifiques chambres tellement bien équipées. Je continuais de sourire tout en me demandant s’il n’essayait pas de me faire une proposition, mais en y réfléchissant ça serait idiot. Pourquoi me ferait-il une proposition alors que premièrement il est pris et deuxièmement je ne fais pas vraiment partie de ses « amis ». Je chassais donc cette idée de ma tête très rapidement, il ne faisait que me lancer une plaisanterie, comme je venais de le faire. Oui pleins d’autres choses plus intéressantes c’est certain, encore faut-il trouver un peu de compagnie pour que ce soit vraiment intéressant ! Je continuais sur sa lancée bien sûr, j’avais lâché la poignée de la porte que j’avais attrapé quelques secondes avant qu’il ne m’adresse la parole. Apparemment nous étions partis pour une petite conversation et je ne trouvais pas très poli de rester accrochée à la poignée de la porte. Ca risquerait de lui faire croire que je n’avais qu’une seule envie : me rentrer dans ma chambre et ne surtout pas lui parler. C’est vrai que j’aurais pu hésiter à fuir plutôt que de parler avec lui. Mais maintenant que nous avions enterré la hache de guerre pourquoi pas échanger quelques paroles ? Du moment que nous ne revenions pas sur nos passés ça m’allait parfaitement. J’aurais peut-être juste aimé lui dire que je ne souhaitais pas que mon passé soit connu de toute l’université, mais je ne pensais pas que Maël allait en parler à tout le monde. Non pas que je lui faisais confiance, mais s’il le faisait il prenait le risque de voir son passé à lui divulguer au reste de l’université. En réalité je ne le ferais pas, je pourrais pour me venger, mais je trouvais ça tellement horrible que je n’aurais pas le cœur de le faire. Enfin de toute façon pour le moment le problème ne se posait pas, Maël n’avait rien dit pour le moment et j’espérais que ça allait rester comme ça, mais je ne voyais pas de raison pour que ça change.

Maël n'avait jamais été du genre à éviter qui que ce soit. Il n'aimait pas affronter les problèmes certes, mais après tout qui aimait ce genre de chose ? Il n'avait fuit qu'une seule et unique fois dans sa vie, et honnêtement, il ne le regrettait pas aujourd'hui. Tout comme les regrets après tout, il n'en avait pas énormément. Il avait toujours eu pour principe d'assumer ce qu'il avait fait, ou faisait. La preuve la plus récente était d'ailleurs Lou. À aucun moment il n'avait cherché à lui mentir sur le fait qu'il l'avait trompé. Il l'avait fait, il avait tenté de la blesser par pure vengeance, et il l'assumait complètement, même si ça faisait de lui quelqu'un d'horrible. Après tout, depuis quand était-il dans le devoir de se soucier de ce que les autres pouvaient penser de lui ? Depuis peu visiblement. Il s'était sentit comme obligé de se justifier face à la jeune Calabresi, tellement dans un sens ses accusations le touchait. C'était étrange, elle qui pensait sans doute comme beaucoup ici qu'il n'avait pas de cœur, et que rien ne pouvait l'atteindre ni le peiner. Mais c'était faux, malheureusement pour lui. Pourtant, ce n'était vraiment pas faute d'espérer le plus fort qu'il pouvait que sa carapace qu'il s'était construit il y a des années déjà pour se protéger des autres était bel et bien réelle, qu'elle existait, que tout le monde la voyait, et personne ne pouvait la percer. Le jeune Lefevre aimait procurer chez les autres ce sentiment d'impuissance qu'il détestait ressentir il devait bien l'avouer. Ne fait pas aux autres ce que tu n'aimerais pas que l'on te fasse. À vrai dire, Maël s'était toujours fichu de ce genre de choses. Lui n'aurait pas maltraiter moralement son enfant, lui ne l'aurait pas mis à la porte à ses quinze ans, et pourtant, certaines personnes ne s'étaient pas gênées pour lui faire subir ce genre de chose à lui. Alors, qu'est-ce qui l'empêchait lui aussi de faire des choses toutes plus horribles les une que les autre ? Pourtant, avec la jeune brune, il en avait été incapable. Cette fameuse journée où il avait appris pour son passé plus que mouvementé, il aurait très bien pu lui rire au nez puis la laisser en plan ensuite, allant raconter à qui voulait bien l'entendre tout ce qu'elle avait pu lui dire, la façon dont elle s'était confiée à lui, les quelques larmes qui s'étaient échappées alors que la jeune femme ne le voulait vraiment pas. Mais il ne l'avait pas fait. Tout d'abord parce qu'elle en savait beaucoup trop sur lui pour prendre de tels risques, mais aussi parce que dans un sens, son histoire le touchait, et il n'était pas un tel monstre, loin de là. Leurs histoires étaient totalement différentes en apparence, mais dans le fond c'était presque la même chose. Presque oui, car ce n'était pas comparable, le jeune brun voulait bien l'avouer. C'est pour dire, il préférait tout de même avoir été mis à la porte plutôt que de vivre ce qu'elle avait vécu, même si bon, la violence morale n'était pas facile à avaler et à digérer. Après tout, des coups ça s'encaisse non ? Tandis que les mots sont toujours plus difficile à accepter. C'est sans doute pour cela qu'aujourd'hui, le beau brun à la crête se refusait toute méchanceté gratuite. Il avait toujours dis qu'il ne deviendrait jamais comme son idiot de père, et bien c'était le moment de le prouver. En tout cas, c'est ce qu'il avait fait avec la jeune Calabresi, sans même savoir si c'était une bonne idée, si c'était le meilleur choix à faire. Qui sait, la petite idée qu'elle s'était faite du jeune français n'avait peut-être pas changé, bien au contraire. Elle s'était excusé pour bien faire sans doute, mais peut-être pensait-elle toujours la même chose à l'égard du jeune homme. Chose qu'il ignorait totalement puisque les vacances avaient pointé le bout de leur nez, et le jeune homme ne comptait pas remettre les pieds à Berkeley avant un bon bout de temps. Hors de question pour lui de prendre des cours cet été, de rattraper un retard qu'il n'avait de toute façon pas, étant donné que même en ne fichant rien, il était parvenu à avoir son année, non pas haut la main, mais tout de même ! Ses vacances étaient déjà toutes faites dans sa tête. Il allait se rendre à Cancun ce week-end, et pourquoi pas deux ou trois fois de plus dans les deux mois qui allaient suivre. Et puis, comme San Francisco était déjà une belle destination pour lui, il comptait bien rester là-bas le reste du temps. Après tout, il ne fallait pas oublier qu'il avait un travail qui l'attendait là-bas, et même s'il n'en était pas fier, il devait avouer que ça payait bien, et qu'il comptait bien continuer un petit moment, au moins pour remplir son compte en banque. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas été plein ainsi. À vrai dire, il ne l'avait même jamais été, et c'était une drôle de sensation. Drôle mais agréable ! Après tout, lui qui avait toujours vécu dans la misère la plus totale avait bien le droit de se faire un peu plaisir ? Même si cet argent était en quelque sorte sali. Qu'importe. Qui pourrait bien lui faire des leçons de morale de toute façon ? Il n'avait de compte à personne, et faisait ce qu'il voulait de sa vie. Voilà le discours qu'il tiendrait si jamais on lui faisait une remarque à ce sujet. Mais en attendant, il préférait oublier tout ce qui lui rappelait San Francisco pour un week-end, quelques jours seulement. Mais lorsqu'il vit que sa voisine de chambre n'était autre que Jordan, il devait bien avouer que son petit plan tombait à l'eau. Il ne pouvait plus l'éviter, et il devait bien avouer qu'il était tout de même moins mal à l'aise qu'il n'aurait pu l'imaginer. En même temps, il faut dire qu'il était un peu prit au dépourvu, même si ça ne devrait même pas l'étonner de la voir là. Après tout, elle aussi avait probablement grand besoin de décompresser, d'oublier cette année et passer à autre chose. C'est ce qu'ils voulaient tous de toute façon. Tout du moins, c'est ce que le beau brun pensait. Son année s'était plutôt bien terminée au final, mieux que toutes les autres, il devait bien l'avouer. Ainsi, il n'avait pas le droit de se plaindre, surtout qu'un week-end de rêve l'attendait. Il espérait simplement que la présence de la jolie brune ne se fasse pas trop sentir, comme elle l'espérait au sujet du jeune homme à la crête après tout, il en était certain. Quoi de plus normal après tout. Mais histoire de briser immédiatement la glace, il avait décidé de faire de petites blagues, même s'il savait parfaitement que ce n'était pas son truc et qu'il n'était absolument pas doué pour cela. Mais bon visiblement ça ne semblait lui déplaire tant que ça, ni même la mettre mal à l'aise, et c'était dans le fond le plus important, qu'importe si il n'avait pas d'humour et si elle riait par politesse, l'intention était là au moins! « On aura pas de mal à trouver de la compagnie je pense. Regarde-nous ! » Le beau brun ne voulait pas se vanter, ni même faire des compliments à la jeune Sigma, loin de lui cette idée, mais il devait bien avouer qu'ils étaient plutôt canons tous les deux. Cette demoiselle était une très belle femme, et Maël était persuadé qu'elle le savait et qu'elle aimait en jouer. Elle connaissait la réputation du beau brun, mais le beau brun en question ne connaissait pas la sienne, et c'était dommage. Peut-être était-elle plus discrète que lui, ou alors sage comme une image, à vrai dire il n'en savait absolument rien. En tout cas, d'après ce qu'elle avait pu lui raconter, elle ne faisait pas confiance aux hommes, alors tomber amoureuse ? Très peu pour elle, le jeune français en était persuadé. Quoi qu'il en soit, il se décida enfin à ouvrir la porte de sa chambre alors que la jeune femme à sa gauche semblait s'acharner sur la sienne. Elle ne voulait visiblement pas s'ouvrir. Décidément, elle avait toutes les galères possibles cette fille. « Un problème ? » Sans mauvaise blague cette fois, bien évidemment !

Je n’avais jamais pensé que j’allais croiser Maël ici. Il faut dire que nous étions tellement d’étudiants à venir en même temps qu’il n’y avait que très peu de change que je le croise lui en particulier. Pourtant il avait fallu que nos chambres se trouvent à côté l’une de l’autre. On ne pouvait pas vraiment choisir, les étages étaient attribués et les chambres aussi sans doute. Ou peut-être que les chambres se choisissaient par ordre d’arrivée ? Je ne savais pas vraiment, mais en tout cas j’avais celle juste à côté de Maël et je risquais donc de le croiser bien plus qu’une fois durant mon séjour. Ca me dérangeait déjà moins qu’avant vu que maintenant j’avais compris que mes craintes n’étaient pas du tout fondées. Cependant je ne pensais pas être encore vraiment une de ses amies et le fait qu’il connaisse autant mon passé me dérangeait un peu. Enfin ce n’était même pas que ça me dérangeait c’était plutôt une sorte de gêne ou je ne savais pas vraiment comment expliquer ça. Mais il était vraiment étrange pour moi de me dire que la personne que je considérais comme mon pire ennemi avant faisait partie des rares gens qui connaissent mon histoire, ma véritable histoire. Enfin bref, je devrais m’y faire et je pouvais m’estimer heureuse on aurait pu tomber dans la même chambre. Dans ce cas-là je ne sais vraiment pas comment j’aurais géré les choses, mais enfin ça ne servait à rien d’y réfléchir de toute façon ce n’était pas le cas. Pour le moment les quelques mots que nous avions échangé étaient tout simple. Rien de méchant, plutôt quelques plaisanteries au sujet du bruit que nous pourrions chacun faire dans notre chambre et au sujet de l’utilité d’une chambre. J’avais presque eu l’impression que le jeune homme me faisait une proposition lorsqu’il m’avait dit que la chambre n’était pas faite que pour dormir. Mais cette idée était vite sortie de ma tête car ça n’aurait aucun sens. Pour ma part je lui avais répondu que pour utiliser la chambre différemment que pour dormir il fallait déjà trouver un peu de compagnie et celui-ci me répondit immédiatement que ça ne devrait pas être trop difficile pour des personnes comme nous. Il était vrai que Maël était un jeune homme très charmant qui ne devait avoir aucun mal à se trouver une demoiselle pour la nuit, d’ailleurs sa réputation de coureur de jupons n’existait pas pour rien. Pour ma part ce n’était pas franchement difficile non plus, j’avais en quelques sortes la même réputation que Maël mais je savais quand même me faire un peu plus discrète que lui. Enfin quoi que beaucoup de garçons dans l’université savent comment je suis… Mais Maël ne devait certainement pas vraiment connaître ça, en même temps je n’avais jamais cherché à le draguer ou à le mettre dans mon lit vu que dès les premiers regards j’avais eu peur et j’avais commencé à me méfier et à me montrer très froide avec lui. Il n’avait donc pas eu le droit au même traitement que les autres. Pourtant je ne pouvais nier qu’il était franchement beau et attirant et certainement un des plus beaux garçons que je pouvais espérer mettre dans mon lit. Mais il avait fallu que l’image de Roman me vienne en tête à chaque fois que je croisais son regard. Pourtant Roman n’avait pas franchement la même tête que Maël, mais les mimiques des deux jeunes hommes étaient tout simplement exactement pareilles. Oui c’est vrai que ça ne devrait pas être franchement difficile pour nous de trouver de la compagnie. Je fis un petit sourire et je comptais à présent ouvrir la porte de ma chambre. Je ne savais pas si Maël voulait que nous parlions encore des heures et des heures devant nos portes de chambre, mais je pensais que de toute façon nous allions encore nous croiser deux trois fois durant les prochains jours, il était donc peut-être préférable d’éviter les trop longues conversations. Surtout que j’avais trop peur que la conversation retourne au même point que la dernière fois : nos passés. Je n’avais pas franchement envie de revenir là-dessus. J’essayais donc d’ouvrir la porte de ma chambre avec la clé que la réception m’avait donnée et je remarquais que celle-ci ne voulait tout simplement pas s’ouvrir. Je m’acharnais un petit peu sur celle-ci lorsque j’entendis Maël me demandait s’il y avait un problème. Pour une fois il comptait vraiment m’aider, en tout cas ça se sentait dans son ton que sa question était plus sincère que la fois où mon sac avait lâché et que mes affaires s’étaient étalées sur le sol. Je regardais le jeune homme avec un petit sourire gêné. Si c’était bien la bonne clé j’aurais l’air tout à fait idiote de ne pas savoir ouvrir une porte et je n’osais pas lui demander de l’aide et le voir ouvrir la porte trop facilement. Je sortais cependant la clé. Apparemment je ne sais pas ouvrir une porte. J’eus un petit rire et avant de la tendre à Maël pour que celui-ci essaye je vérifiais tout de même le numéro de la chambre. Je m’étais peut-être trompée, ça pouvait arriver et avec un peu de chance je me retrouverais loin de Maël. Non pas que je continuais de le détester, mais disons que si je pouvais éviter de le croiser trop souvent ça m’arrangerait tout de même un peu. Je regardais donc le numéro sur la clé, puis le numéro sur la porte et effectivement je m’étais trompée de numéro. Seulement à en juger par le numéro écrit sur ma clé ma chambre ne devait pas se trouver loin. Je regardais sur la porte à ma gauche et c’est là que je réalisais que ma chambre était en réalité la même que celle de Maël. Je levais les yeux vers la porte de sa chambre, le numéro 20 se trouvait bien sur celle-ci tout comme sur ma clé. Je gardais un petit espoir que le jeune homme se soit aussi trompé de chambre et je tentais donc le coup en demandant. Hum… Tu as bien la chambre 20 ? Parce que si c’est le cas il me semble bien qu’on va partager la même chambre. Je ne savais pas exactement comment les chambres se présentaient, mais je priais pour qu’il n’y ait pas qu’un seul lit double. Dormir dans le même lit que Maël n’était franchement pas dans mes plans. Mais enfin pour le moment je mettais tous mes espoirs sur le fait que Maël ce soit tout comme moi trompé de numéro. Après tout ça pouvait aussi lui arriver à lui non ? Ou bien c’était une erreur qui ne pouvait arriver qu’à quelqu’un comme moi. Je m’approchais de lui de quelques pas pour regarder encore une fois sur la porte le numéro. C’était sûr et certain ma chambre était celle devant laquelle se trouvait Maël, ça ne faisait aucun doute. J’avais vérifié tellement de fois à présent que je ne pouvais pas m’être trompée. Décidément ces vacances commençaient bien. La première personne de l’université que j’avais croisée était Maël et celui-ci allait se retrouver normalement dans la même chambre que moi. Je me demandais ce que tout ça allait donner. Je pensais bien que tout comme moi, Maël ne serait pas franchement enchanté par la nouvelle, après tout lui aussi n’était pas des plus à l’aise lorsqu’il se trouvait à mes côtés mais si en plus nous devions partager la même chambre, dormir au même endroit etc. Ca n’allait pas être facile, ça n’allait pas être facile du tout même, mais il allait falloir faire avec, nous n’avions pas le choix et peut-être que les choses allaient super bien se passer finalement, qui sait ? Après tout cette petite rencontre dans le couloir s’était déjà bien passée alors pourquoi est-ce que la suite ne pourrait pas se passer aussi bien franchement ?

Jordan était vraiment la dernière personne que Maël aurait pensé retrouver ici, à son hôtel, la première de ses connaissances, s'il pouvait l'appeler ainsi, qu'il croisait aujourd'hui, le jour de son anniversaire. Ce n'était pas vraiment un beau cadeau que lui faisait la vie sur ce coup car la chambre de la jeune femme n'était nul part d'autre qu'à côté du beau brun à la crête. En tout cas, une chose était sûre, il pouvait quand même s'estimer heureux qu'ils ne se soient pas retrouvés dans la même chambre, car d'après ce qu'il avait compris, par manque de place, ils allaient être deux par chambres. Évidemment, des vacances gratuites, qui cela ne tenterait pas ? C'était donc évident aux yeux du jeune homme que tous les étudiants de Berkeley allait se précipiter à Cancun avant qu'il n'y ait plus rien à boire et plus aucune fille à draguer par exemple. La ville de tous les pêchés visiblement, Las Vegas n'avait plus qu'à aller se rhabiller ! En revanche, le jeune Lefevre ne voyait pas pourquoi il tentait d'être sympa avec la jeune femme actuellement. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi il perdait son temps à faire des blagues qui n'étaient de toute façon même pas drôles. Il n'avait jamais été amusant, c'était un fait, et encore moins avec la jeune Calabresi. Une occasion de plus pour passer pour un idiot, et bien évidemment, le beau jeune homme n'avait pas perdu une seule seconde avait de saisir cette fameuse occasion. Mais en même temps, s'il pouvait faire en sorte que son week-end se passe le plus merveilleusement possible, sans prise de tête, et surtout sans gêne si jamais il leur venait à l'idée de sortir ou de revenir en même temps, pourquoi pas honnêtement ? Pour l'instant, il devait bien avouer que ce n'était pas vraiment gagné d'avance, même si pour le moment, ils ne semblaient pas vraiment mal à l'aise. Peut-être simplement une façade. Qui sait, le jeune français n'était probablement pas le seul à avoir ce talent. La preuve, il était presque certain que personne mis à part lui ne connaissait la moindre chose sur le passé assez traumatisant de la jeune Sigma. Elle était parvenue à cacher tout ceci jusqu'à la dernière fois, leur affrontement en quelque sorte. Et une chose était sûre du côté du jeune brun, elle était la seule à connaître son histoire. À vrai dire, il n'avait jamais eu le courage de raconter ceci avec qui que ce soit. Il ne voulait pas faire ce genre de choses, et dans un sens il ne le voulait même pas. Il n'était pas faible non, seulement il y avait des choses qu'il ne préférait pas revivre, même virtuellement, car oui, on allait pas le mettre à la porte une nouvelle fois, on allait pas le renier, faire comme si il n'existait pas. Quoi que ça finalement, ça restait encore à voir. Et il avait bel et bien peur du fait qu'il n'avait pas encore tout vu, loin de là même. On pourrait croire qu'au final, rien ne pouvait l'effrayer, mais en réalité, ce n'était pas vraiment le cas. Peu de gens connaissaient réellement le jeune brun, pour ne pas dire personne. Il en disait tellement peu sur lui-même, et le fait qu'il n'ait strictement pas envie de s'attacher au gens faisait qu'on arrivait très rapidement à un tel résultat, mais très franchement, ça ne lui déplaisait pas, car s'il devait ressentir ce qu'il ressentait en présence de Jordan à chaque fois, et avec tout le monde, il n'était vraiment pas sorti de l'auberge ! Cette sensation désagréable, il avait vraiment envie de la faire disparaître, et au plus vite. Seulement, à part remonter dans le temps, chose totalement impossible soit dit en passant, et il était bien trop vieux aujourd'hui pour croire et espérer ce genre de chose, et bien il était totalement impuissant. Elle le connaissait maintenant mieux que quiconque, et il ne pouvait malheureusement rien y faire. La tuer, enterrer son corps la nuit ici à Cancun pour être sûr qu'elle ne parle pas n'était pas vraiment ce que l'on peut appeler une excellente idée, bien au contraire. De plus, il se trouvait bien trop mignon pour prendre le risque d'aller en prison ! Il était un peu prétentieux certes, mais qui ne l'était pas dans le fond très franchement ? Voilà au moins une qualité que possédait le beau brun à la crête : il assumait absolument tout ce qu'il pouvait dire, ou faire. Tout ce qui faisait qu'il était lui en réalité. Ça pouvait blesser certes, et le meilleur exemple pour cela n'était personne d'autre que Lou, mais qu'importe. Honnêtement, le jeune homme s'en fichait un peu. Après tout, il n'était jamais venu ici dans l'optique de tomber amoureux, de faire sa vie avec quelqu'un. Il n'avait jamais rien promis à qui que ce soit, et c'est cela qui faisait de lui quelqu'un d'entier sur tous les points. Il ne mentait pas si il savait que le mensonge en question pouvait blesser, en revanche il n'hésitait pas une seule seconde à dire la vérité, même si celle-ci pouvait blesser. Après tout, on s'était toujours fichu de lui, alors pourquoi lui aujourd'hui se préoccuperait des autres ? Ce n'était absolument pas son rôle, et il n'avait pas non plus envie de le jouer. Il n'avait jamais été soucieux des autres, probablement à cause de son passé certes, mais aussi parce qu'à ses yeux, il n'y avait que lui qui comptait. Après tout, il ne pouvait avoir confiance qu'en lui-même, et en personne d'autre, voilà sans doute pourquoi il était si égocentrique et égoïste. À ses yeux ce n'était pas des défauts non, juste un moyen de plus pour se protéger, pour se rendre d'autant plus détestable. Ainsi, il était sûr et certain qu'on lui fichait la paix. Enfin, sur ce coup, il s'était peut-être trompé. Jordan le connaissait maintenant mieux que personne, et elle devait sans doute se douter qu'il faisait tout ceci pour une simple et bonne raison : tout ce qu'il avait pu lui raconter la dernière fois, chose sur laquelle il n'avait vraiment pas envie de revenir. Ainsi, pour éviter ce genre de chose, plus précisément ce genre de sujet, il avait décidé de mettre fin à cette conversation afin qu'elle ne dévie pas trop sur leur passé respectif. Il avait donc ouvert avec l'aide de son pass la porte de sa chambre d'hôtel. Seulement il n'avait pas pu passer à côté du fait que la jeune femme n'arrivait pas à ouvrir la sienne. Ce n'était pas bien compliqué pourtant, alors soit elle avait le mauvais pass dans les mains, soit c'était la mauvaise porte, ou alors elle était vraiment bête. Il sourit lorsqu'elle lui fit remarquer qu'apparemment elle ne savait pas ouvrir une porte. Il lui fit signe de lui donner son pass pour que lui aussi tente d'ouvrir cette porte. Il avait réussit une fois avec la sienne, alors pourquoi ne pas réussir pour quelqu'un d'autre. En tout cas, celle-ci semblait vouloir résister, même au beau brun à la crête. Il fit deux ou trois essais avant de relever la tête vers la jeune femme lorsqu'elle lui demanda quelques précisions sur son numéro de chambre. « Chambre 20 oui pourquoi ? » bien évidemment, question stupide, il savait parfaitement que si elle demandait cela, ce n'était vraiment pas innocent. « Tu rigoles ? » Bon, ils n'étaient plus en froid, c'était déjà ça, ça ne pouvait donc pas être plus désagréable qu'auparavant. Toujours le pass de la jeune femme entre les mains, il vint refermer sa propre porte et tenta ensuite de l'ouvrir avec la clé de la jeune femme. Victoire ! Ils avaient trouvé le problème. « Tu ne rigolais pas. » Déçu oui bien sûr qu'il l'était. Avec un peu de chance il s'attendait à une superbe demoiselle pour son anniversaire. Bon, il n'allait pas nier que Jordan était vachement belle mais bon. Autant dire que ce n'était pas leur jour de chance. « Après toi du coup. » Gentleman dans l'âme !

Le destin faisait parfois bien les choses, mais parfois c’était tout le contraire. Comme aujourd’hui en fait. Il y avait tellement d’étudiants qui avaient choisis de se rendre à Cancun que les chambres devaient forcément contenir deux universitaires. Je ne mettais pas vraiment posées la question de qui allait se retrouver dans la mienne, ça m’était totalement égal. Oui enfin totalement égal jusqu’à ce que je découvre qu’en fait la personne avec qui j’allais partager ma chambre n’était autre que Maël. Vraiment amusant ce que l’avenir nous réserve parfois n’est-ce pas ? Mais là ça ne me faisait plus tellement rire en fait, je commençais un peu à m’inquiéter. Non pas parce que j’imaginais toujours qu’il serait comme mon ex, un abruti qui n’a rien d’autre à faire que de frapper les femmes. Non ça c’était clair pour moi à présent que Maël ne faisait pas partie de ce genre de personne-là, il s’était confié à moi il y a de ça quelques jours en arrière et je ne pouvais pas continuer de penser des horreurs pareils après ce qu’il m’a raconté, c’était évident qu’il n’était pas comme ça point final. Le problème n’était pas là. Le problème c’était que depuis cette fameuse conversation nous ne nous étions plus revus, plus reparlés, rien du tout et déjà lorsque je l’avais croisé dans le couloir de l’hôtel au même étage que moi je m’étais demandée comment j’allais pouvoir gérer tout ça. J’étais persuadée que nous allions nous recroiser pendant le week-end et même si pour le moment la conversation se voulait plutôt décontractée je ne pouvais m’empêcher de me demander si nos passés allaient revenir sur le tapis à un moment ou à un autre. Pour ma part je ne le souhaitais pas du tout et je me disais que de toute façon si nous nous croisions simplement dans le couloir pendant une ou deux minutes nous n’aurions pas le temps d’aborder un sujet aussi gros. Mais seulement voilà je venais de découvrir que ma chambre n’était en réalité pas celle à côté de Maël, mais plutôt la même que lui pour mon plus grand malheur. Ca risquait d’être donc beaucoup plus difficile à gérer que le fait de se croiser juste une ou deux minutes dans les couloirs. Rien que l’idée de me retrouver plus de cinq minutes dans la même pièce que lui me faisait un peu peur. Enfin ce n’était pas vraiment de la peur, mais de la gêne. De la gêne parce que ce garçon en connaît beaucoup trop sur moi, plus que je n’aurais jamais pu imaginer et je ne savais pas exactement comment me comporter face à tout ça. Bien évidemment lorsque j’avais demandé à Maël s’il était bien dans la chambre 20 et que je lui avais dit que je pensais être dans la même chambre que lui il crut d’abord à une plaisanterie. Oui moi aussi j’aurais aimé que ce soit une plaisanterie, mais apparemment on allait devoir s’habituer à cohabiter quelques temps dans la même chambre. Peu de temps je l’espérais, je ne savais pas exactement combien de temps il avait prévu de rester et s’il avait prévu de revenir plus tard dans l’été car je me doutais bien que le numéro de chambre de chaque étudiant n’allait pas changer au cours de l’été. Je laissais Maël l’honneur d’essayer d’ouvrir la porte de la chambre numéro 20 avec mon pass et bien évidemment la porte s’ouvrit immédiatement sans la moindre hésitation. Je ne rigolais pas effectivement, pas du tout même. Je me demandais à présent comment nous allions faire pour gérer tout ça, mais d’un autre côté cette petite rencontre dans le couloir c’était bien passée, voire même très bien. Bon nous étions peut-être un peu gêné tous les deux c’est vrai, mais enfin nous avions sorti quelques blagues et tout allait pour le mieux. Alors pourquoi est-ce que le fait que nous soyons dans la même chambre devrait changer quelque chose ? Il n’y avait pas de raison pour que l’atmosphère ne soit pas la même qu’elle n’avait été dans ce couloir ! En tout cas je comptais bien faire de mon mieux pour que tout se passe bien durant ces quelques jours. Je voulais profiter de mes vacances et certainement pas restée bloquée par le fait que je me retrouve dans la même chambre que ce cher monsieur Lefevre. J’imaginais bien que chaque fois que j’allais rentrer dans la chambre je redouterais de me retrouver encore une fois seule avec lui et j’espérais que nos horaires de rentrée ne seraient pas les mêmes. Mais de toute façon l’éviter durant tout le séjour serait tout simplement impossible. Maël me laissa entrer la première, j’attrapais donc ma petite valise et franchissait le pas de la porte avant lui pour découvrir un endroit magnifique ça ne faisait aucun doute. Waouw c’est… vachement joli ici dit donc ! Oui bon je ne savais pas vraiment quoi dire et alors ? Ce n’était pas si idiot que ça ce que je venais de dire parce que franchement Maël n’avait rien à redire, l’endroit était fabuleux. Je fus plus que soulagée en voyant les deux lits doubles contre le mur. C’était déjà un très bon point. Je m’avançais vers un des lits et déposais ma valise dessus. J’espère que ça te va si je prends ce lit ou bien t’as une préférence ? Je ne voulais pas partir du mauvais pied et si Maël avait une quelconque préférence quant au choix du lit je préférais le savoir tout de suite et lui laisser celui qui lui convenait vu que de toute façon pour moi c’était totalement égal. Bon ça serait aussi certainement le cas pour lui, il ne devait sûrement pas être du genre difficile, mais enfin on ne sait jamais. J’entreprenais ensuite de sortir quelques affaires de ma valise, il était temps pour moi d’aller prendre une bonne douche. Je levais les yeux vers le jeune homme, ça c’était un autre moment que je redoutais… Mais enfin il allait falloir faire avec ma fois. Je vais vite prendre une douche. J’attrapais le tas d’habits que j’avais préparé et je rentrais dans la salle de bain en prenant bien sûr soin de fermer à clé derrière moi. Je me déshabillais et sautais sous la douche, j’en avais bien besoin après avoir passé un moment sous le soleil cuisant de Cancun. J’avais un réflexe lorsque je me retrouvais sous la douche, je me mettais automatiquement à chanter. Je n’y pouvais rien c’était comme ça et il faut dire que j’en avais oublié pendant quelques instants la présence du jeune Lefevre dans la pièce d’à côté. Je commençais par une chanson connue et sans m’en rendre compte j’enchainais sur une chanson que j’avais écrite moi-même. Une chanson sur mon père, sur le fait qu’il me battait, une chanson très personnelle. C’est au milieu de celle-ci que Maël me revint à l’esprit et je m’arrêtais net, priant pour qu’il n’ait pas fait attention à ce que je chantais. Mais le jeune homme était sûrement occupé à quelque chose d’autre pour y avoir prêté attention. Je sortis donc de la douche quelques minutes plus tard et je m’enfilais une petite robe noire, simple et sexy comme la plupart de mes vêtements en fait. Je comptais bien aller manger un bon petit truc au restaurant après et pourquoi pas sortir dans un bar. Je sortais ensuite de la salle de bain, mes cheveux mouillés attachés en une sorte de chignon, je reposais mes affaires dans ma valise en évitant le regarde de Maël. Si le jeune homme avait entendu ma chanson j’étais fichue, il allait peut-être me poser des questions, ou peut-être pas en fait. Je n’en savais trop rien, mais je préférais ne pas le regarder, je préférais me concentrer sur mes affaires que je repliais et rangeais comme il faut à leur place. Je ne savais vraiment pas ce qu’il m’avait pris, c’était un mauvais réflexe que j’avais pris depuis tellement longtemps maintenant et je devais avouer qu’en commençant à chanter je n’avais plus vraiment pensé à l’endroit où je me trouvais et surtout à qui se trouvait dans la pièce d’à côté. C’était idiot, mais c’était comme ça et surtout c’était trop tard. Ce qui était fait était fait je ne pouvais pas revenir en arrière et je n’avais plus qu’à espérer que Maël ne me poserait aucune question à ce sujet et au pire tant pis, de toute façon il en sait déjà tellement sur moi qu’en parler encore une fois ne changerait pas grand-chose finalement.

Maël n'était pas vraiment du genre à croire à ces histoires de destin ou quoi que ce soit. Si c'était sa destinée pour lui de se faire mettre à la porte de chez lui dès ses quinze ans, si c'était une destinée pour la jeune Calabresi de se faire battre chaque jour par celui qui était son père, la vie était réellement injuste. Dans le fond, aujourd'hui, le beau brun s'en voulait réellement de s'être amusé du fait qu'elle souhaitait plus que tout le fuir. Mais en même temps, comment aurait-il pu deviner tout ceci ? Ce n'était après tout pas le genre de chose qui s'inventait, loin de là. Honnêtement, le jeune homme n'aurais jamais imaginé une telle chose. À ses yeux, la jeune femme était tout le contraire d'une enfant battue, non, elle ressemblait à ce genre de demoiselle qui avait toujours eu ce qu'elle voulait, et qui faisait un caprice dès qu'elle n'obtenait pas ce qu'elle souhaitait si fort. C'est d'ailleurs ce qu'il lui avait fait comprendre la dernière fois, et c'est ce genre de remarque qui l'avait en quelque sorte obligé à évoquer son passé, non pas en détail, mais dans les grandes lignes en tout cas. Et le beau brun à la crête était bien placé pour savoir que c'était amplement suffisant. En effet, après ces révélations, il s'était en quelque sorte senti obligé d'en dévoiler un peu plus sur lui-même. Plus qu'il ne l'avait jamais fait en réalité. Ici, il n'avait jamais évoqué son passé avec qui que ce soit. C'était en quelque sorte un privilège donc auquel la jeune femme qu'il n'aimait pas vraiment jusqu'à aujourd'hui avait eu le droit. Si il aurait préféré que ce soit quelqu'un d'autre à la place ? Oui et non en réalité. Il ne pouvait pas mentir sur le fait qu'il aurait aimé garder tout ceci pour lui, seulement en parler avec Jordan n'était peut-être pas une si mauvaise chose puisqu'elle aussi avait connu quelques problèmes avec sa famille, et autant le dire, pas des moindres ! Le jeune Lefevre n'avait donc strictement rien à envier à sa situation. Mais il serait aussi idiot de lui envier la sienne ! Quoi qu'il en soit, il n'était pas à Cancun pour se plaindre, et si il pouvait empêcher que la situation devienne vraiment gênante, il ferait en sorte d'éviter celle qu'il croyait être sa voisine de chambre. Et encore mieux, faire en sorte que le sujet des passés de revienne plus sur le tapis. Très franchement, Maël n'était pas du genre bavard, loin de là, il n'était même pas sociable pour un sous, alors aborder des sujets sensibles qui pourraient parfaitement le mettre mal à l'aise, très peu pour lui. Il n'était pas du genre à se montrer vulnérable, il ne voulait pas ce genre de chose. Oh non, il ne voulait pas paraître faible, surtout pas devant la jeune Sigma, même si maintenant, il espérait bien que toutes les idées plus fausses les une que les autre qu'elle avait à son sujet lui étaient sorties de la tête. Il ne demandait rien de plus non. Il voulait bien passer pour tout ce qu'elle voulait, un goujat, un emmerdeur de première, un lâche dans certaines situations il devait bien l'avouer, mais il était bien loin d'être celui qu'elle s'était imaginée secrètement dans sa tête. Jamais il ne s'était soucié de ce que les autres pouvaient penser de lui, et surtout pas ceux qui avaient tenté de lui faire vivre un enfer pendant des mois, mais étrangement, là à ses yeux, ça comptait quand même. À croire qu'il ne se faisait pas d'idées, il était bel et bien en train de changer, doucement mais sûrement. Et honnêtement à ses yeux ce n'était pas vraiment une bonne chose, non loin de là. Il y a encore quelques temps, il était certes détestable, mais ainsi, il était certain que personne ne parviendrait à percer cette fameuse carapace qu'il s'était construite avec le temps. Là, à vrai dire, il n'en était plus si sûr. Il n'était plus sûr de rien en réalité, et c'était franchement désagréable. Il n'avait pas besoin de ça, surtout pas en ce moment, mais il ne pouvait rien y faire. Ce n'était pas comme si il pouvait combattre ce genre de chose après tout. Ou en tout cas pas toutes. Dans le fond, il serait tellement simple pour lui d'aller voir ailleurs histoire que la blonde enceinte jusqu'aux yeux décide de mettre fin à toute cette mascarade, et dire qu'il n'en avait pas envie serait sans doute mentir, il ne comprenait donc pas pourquoi il ne le faisait pas. L'occasion s'était présentée plusieurs fois, mais le Mexique semblait vraiment être le lieu parfait pour ce genre de chose. Il n'avait pas peur de passer pour l'ordure de service une seconde fois, loin de là, autant dire que maintenant il était habitué, et très honnêtement, dans le passé, avec ce qui c'était passé avec Lou, les remarques des autres lui étaient passées au dessus, aujourd'hui, ça allait très certainement être la même chose. Pour ce genre de chose non, il n'avait pas peur du regard et du jugement des autres. Il se contentait simplement de prendre sa vie en main, comme n'importe qui le ferait après tout, sauf qu'il avait des méthodes très différentes, et il n'en avait pas honte non. Bien évidemment, il fallait bien le connaître pour se rendre compte de tout ceci. Et la seule actuellement qui pouvait le comprendre, c'était visiblement celle avec qui il allait partager sa chambre pendant quelques jours, car oui, elle s'était bien trompée de numéro ! Le jeune brun à la crête aurait vraiment préféré qu'elle ne soit que sa voisine, mais bon, apparemment il n'avait pas le choix. Qui plus est, il ne comptait pas faire le difficile, puisqu'il ne restait que quelques jours, et non deux mois. Il était bien possible qu'il revienne les week-ends suivants, mais le reste du temps, la demoiselle serait sans doute très contente d'apprendre qu'elle allait avoir cette chambre pour elle toute seule et qu'elle allait pouvoir y faire absolument toutes les folies dont elle avait envie. Elle n'était après tout pas là pour passer ses journées dans son lit à l'abri du soleil et des garçons. Rien qu'à sa tête, cela se voyait que ce n'était pas du tout son genre. Bref, il sourit à sa remarque lorsqu'ils rentrèrent dans cette chambre qu'ils allaient devoir partager. Le jeune homme devait bien avouer que oui, c'était plutôt pas mal. Beaucoup mieux que ce qu'il connaissait depuis des années en tout cas. Finalement, il s'avança, et regarda la jolie brune. « Pas de préférence non. De toute façon, je reste que quelques jours pour le moment. » Pour le moment oui, car d'ici la reprise des cours, il espérait bien pouvoir se prendre au moins une semaine de vacances plutôt que de travailler tous les soirs. Il hocha ensuite la tête lorsqu'elle dit qu'elle allait prendre une douche. Juste histoire de le prévenir sans doute, il se doutait bien que ce n'était absolument pas pour qu'il décide de la rejoindre. Il saisit son cellulaire, et pianota un peu dessus, allongé sur son lit, alors que la belle voix de la jeune femme se faisait entendre jusque dans la chambre. Voilà pourquoi elle était chez les Sigmas, Maël le découvrait enfin ! Difficilement, il pu se rendre compte que c'était loin d'être une chanson banale, un titre commercial parmi tant d'autres, mais bel et bien l'une des compositions de la jeune femme. Deux solutions, soit elle essayait d'attirer son attention, ou alors elle avait complètement oublié qu'il était là. C'était tout à fait compréhensible, ils mettraient sans doute du temps avant de se faire à cette situation, si et seulement si ils parviennent à s'y faire un jour ou l'autre. Après un petit moment, elle se décida enfin à sortir de cette salle de bain, parfaitement bien habillée, mais fuyant le regard du beau brun à la crête, qui lui ne pouvait pas s'empêcher de la regarder. « Tu veux en parler ? » Elle savait de quoi il parlait, il en était certain. Lui de son côté savait parfaitement qu'elle ne souhaitait vraiment pas aborder ce sujet, mais qu'importe. Si elle le voulait, tant mieux, sinon et bien il n'allait pas la forcer cette fois. Pour une fois qu'il était décidé à respecter le fameux dicton : ne fais pas à autrui ce que tu n'aimerais pas que l'on te fasse. Un vrai miracle.