La rentrée approchait à grands pas maintenant et Papa préparait déjà ses cours pour ses futurs élèves... Enfin, comme Papa le faisait... à sa manière quoi (xD). Mais j'avais quand même réussi à le persuader d'aller au cinéma. Non pas que ce fut bien compliqué, en fait. Il était toujours partant pour une petite virée avec sa fille, surtout depuis que je ne vivais plus avec lui mais sur le campus. On trouvait toujours une bonne excuse pour se voir. Après tout, on était comme deux doigts d'une même main, comment aurait-on pu se passer l'un de l'autre ? Je le sais bien, un jour, il faudra bien que je m'éloigne, que je vive ma vie. Non pas que je ne la vis pas pleinement actuellement... mais avec Papa... C'est différent. Bref. On s'était donné rendez-vous devant le campus pour partir ensuite au cinéma. Le cinéma. Ce que je pouvais avoir des souvenirs glorieux des cinémas lorsque nous étions en Angleterre !!! Il y a même une fois où nous avions failli nous faire expulser... et Papa avait failli se prendre un coup dans le nez. Mais avec notre attitude légendaire, nous avons bel et bien réussi à voir la fin du film, bien que tassés sur nos sièges à étouffer nos éclats de rire. Un sourire s'afficha sur mon visage alors que je remontais la bandoulière de mon sac sur mon épaule. Papa était ce qui comptait le plus dans ma vie. Il était la seule famille qu'il me restait maintenant. Parfois, je ne comprenais pas certains adolescents, enfants, ou même jeunes adultes, qui ne pouvaient supporter leur famille et les ensevelissaient sous maints jurons et de menaces. Pour moi, il n'y avait rien de plus important que Papa. Oh, et les études aussi, bien évidemment... mais côté sentimental, rien ne pourrait jamais remplacer la famille. On peut rajouter des membres à sa famille mais jamais personne ne pourra prendre sa place.

D'ailleurs, voilà que Papa arrivait enfin. Je lui adressai un sourire radieux et le détaillai rapidement des pieds à la tête. Il n'avait pas l'air trop mal. Je l'avais déjà vu, certains matins, avec la chemise à moitié défaite et sortie sur pantalon, sa veste tombant à demi de son épaule. Mais aujourd'hui ça allait. Soit il n'avait pas fait la fête avec ses nouveaux amis, soit il ne l'avait pas faite de trop. Mon regard pétillait de joie de la voir, comme d'habitude. Même si l'on se voyait au moins une fois par jour, il me manquait. Franchissant les quelques pas qui nous séparaient, j'enroulai mes bras autour de son cou pour lui faire un gros câlin et lui coller un baiser sur la joue.

— Bonjour Papa ! Tu as l'air en forme aujourd'hui. lui fis-je avec un sourire qui voulait tout dire.

On aurait pu croire que je n'aimais pas quand mon père faisait un peu trop la fête... mais, après tout, je préférais le voir ainsi, joyeux et bien heureux de fêter tout et n'importe quoi avec ses amis collègues, que de voir encore ce regard perdu lorsqu'il pensait à Maman, ou maintenant à Grand-Mère Rose Victoria. Glissant mon bras sous le sien, je me mis en marche, les petits talons de mes sandales claquant sur le sol. Il faisait encore beau, bien que l'on soit début septembre. Je pouvais donc porter une petite robe, pas trop légère mais juste assez pour ne pas mourir ni de chaud, ni de froid. Par-dessus, j'avais enfilé un gilet pour protéger mes épaules de la brise. Oui, je m'étais faite belle pour mon Pôpa et alors ? Quelle petite fille n'a jamais été « amoureuse » de son père ? D'autant plus que je n'avais que lui. Rien n'était — et n'est — plus cher à mes yeux que voir la fierté dans les siens lorsqu'il me regarde. Alors que nous marchions tranquillement pour gagner le centre de la ville, je me tournai à demi vers lui.

— Tu as envie de voir un film en particulier ou on avisera sur place ? En tout cas, j'espère qu'ils font des sachets de pop-corn monstrueux !

Un sourire de petite fille rayonna sur mon visage. Les gens n'avaient qu'à bien se tenir, car Byron et sa fille allaient débarquer dans leur cinéma et faire un carnage... Ne joue pas avec la nourriture, c'est ce qu'on dit, non... ?