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don't you wanna sleep my broken darling ||Nas

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MessageSujet: don't you wanna sleep my broken darling ||Nas don't you wanna sleep my broken darling ||Nas EmptySam 27 Aoû - 15:58

Nastassia & Effy ♥
« Peut être qu'avec une berceuse, ça irait mieux... »
    Depuis qu’Effy s’était décidée à refaire un peu de sport, elle avait l’impression de mener une vie plus saine. Tous ses écarts du aux fêtes et aux journées à ne rien faire semblaient être balayés par ses matinées de jogging. Évidemment, elle n’avait pas pu s’y mettre toute seule et il lui avait fallu de l’aide. Si aujourd’hui, elle est capable de courir sans attraper une pointe après trois mètres et demi, c’est grâce à Slevin. Ils ne s’entendaient pas toujours très bien à cause de la paresse de la jeune femme et elle était parfois irritée par les allusions de son coach, pas delta pour rien. Mais au final, ça se passait plutôt bien et elle savait qu’elle avait besoin de cette remise en forme alors elle évitait de trop se plaindre. En quelques semaines, elle avait réussi à se sentir mieux dans son corps et plus sereine. Effy n’a jamais été quelqu’un d’anxieux mais comme tout le monde, elle a ses petits soucis. Le sport réussissait à les éclipser et ça lui donnait l’impression d’être soudainement plus légère voire plus heureuse. Mais comme on le dit si souvent, les bonnes choses ont toujours une fin. Une fois que la jeune femme rentrait chez elle et qu’après être passée sous la douche, elle se retrouvait seule à ne pas savoir quoi faire, elle ne pouvait plus y échapper. Ces temps-ci, c’était la matinée qu’elle avait passé avec sa mère qui lui revenait sans cesse en mémoire. Elle avait pris sur elle et avait décidé de faire une visite éclaire en Irlande. Elle n’avait plus vu sa mère depuis dix ans mais ça ne l’avait pas empêchée de penser à elle à chaque instant. Les médecins l’avaient prévenue des gros changements qu’avait subis sa mère, l’enfonçant toujours plus loin dans sa folie mais elle avait préféré l’ignorer et était quand même entrée. Aujourd’hui, elle ne regrettait pas mais elle se demandait si ça ne se serait pas mieux passé si seulement elle s’y était sérieusement préparée. Des questions sans réponses qui lui torturaient l’esprit un peu trop souvent. Alors elle avait préféré troquer sa vieille habitude de se consoler dans des soirées trop arrosées contre des entraînements de sport, peu importe lesquels. Ça ne réglait sûrement pas ses problèmes mais ça lui permettait au moins de se défouler, évacuer sa peine et sa colère. Ce soir-là, elle rentrait justement d’une longue promenade en forêt. Elle avait commencé par y aller en courant mais très vite, elle avait du trottiner pour finir son chemin en marchant. Peu importe qu’elle n’ait pas réussi à tenir le rythme, elle avait respiré de l’air frais et ça lui faisait le plus grand bien. En refermant la porte d’entrée, elle avait poussé un profond soupir. Elle était pressée de pouvoir se reposer. Mais avant cela, elle devait prendre une douche et manger. La douche fut rapide, Effy n’aimait pas s’éterniser là-dessus et gaspiller des litres d’eau. Par contre, elle prit plus de temps pour la cuisine. Elle n’avait jamais appris à cuisiner alors elle devait s’appliquer pour se faire un bon repas, sa ballade l’avait épuisée mais surtout affamée. Après une heure, elle n’était encore nulle part, perdue entre toutes ses casseroles et les pages Google. Trop fatiguée pour continuer à batailler ainsi, elle avait abandonné et s’était faîte à l’idée de manger une pizza surgelée pour la millième fois ces vacances. Ce n’était pas bon et elle ne la finit même pas, laissant une part à moitié mangée traîner sur la table de la cuisine. Elle nettoiera demain matin. Elle ne prit pas la peine de mettre son bon pyjama et n’enfila qu’un T-shirt trop grand au dessus de ses sous-vêtements. Effy n’a jamais souffert de problèmes d’insomnie, au contraire, il ne lui faut généralement que quelques secondes pour s’endormir. Ce soir-là, une seule suffit. Les efforts qu’elle avait fournis l’avaient complètement assommée et elle ne rêva pas. Son sommeil était profond mais pas encore au point de la faire ronfler. Cependant, au milieu de la nuit, elle commença à remuer nerveusement. Pendant presque une heure, elle changea sans cesse de côté jusqu’à ce qu’elle se mette finalement debout. L’étudiante ne souffrait pas de problèmes d’insomnies mais elle en avait des autres, tels que le somnambulisme. Elle ne l’avait pas toujours été. Quand elle n’était encore qu’une enfant, elle dormait paisiblement et ne faisait presque jamais de cauchemars. Elle commença à grincer des dents et à avoir un sommeil plus agité quand sa mère commença à avoir des problèmes, mais elle ne se levait pas encore. Elle ne commença ce petit manège que lorsque son père l’envoya vivre chez ses grands-parents. Sa grand-mère voulait lui faire voir un médecin parce qu’elle pensait que ça pouvait devenir dangereux pour sa petite fille mais son père refusa, selon lui ce n’était pas grand-chose et ça passerait vite. Au début, Effy ne comprenait pas pourquoi elle se réveillait en pleine rue ou sur le sol de la cuisine. Elle était surprise mais être somnambule ne l’a jamais énervée ou effrayée. Elle ne sait pas de quelle façon elle devrait réagir et n’a jamais eu envie de voir un médecin. De toute façon, si on lui donnait des médicaments, elle oublierait sûrement de les prendre. Marcher en dormant ne la dérangeait pas mais elle évitait pourtant d’en parler aux autres, même à ses amis. Elle n’a jamais su se l’expliquer mais elle préférait garder sa petite habitude nocturne pour elle. Elle n’était pas non plus somnambule toutes les nuits, elle l’était surtout quand elle avait de gros soucis ou de grosses préoccupations. Ces derniers jours, malgré cette fameuse matinée qui tournait en boucle dans sa tête, elle avait oublié cet aspect de sa vie. Avant de se coucher, elle n’avait pas pensé une seule seconde qu’elle risquait de se relever plus tôt que prévu. Elle était donc debout dans sa chambre, les yeux fermés et se dirigea naturellement vers la porte d’entrée qu’elle passe sans le moindre problème. On ne peut pas avoir à l’avance où va aller un somnambule, jusqu’où il irait ou ce qu’il pourrait bien faire. C’est la surprise totale et parfois autant dire qu’on est réellement étonné et on se demande ce qui peut bien leur passer par la tête. Effy descendit les escaliers sans manquer la moindre marche, comme si elle avait un détecteur dans la tête. Elle marcha tranquillement dans le couloir principal de l’université, ses pieds nu ne faisaient pas le moindre bruit et sa respiration était régulière. Elle poussa la grande porte et se retrouva à l’air libre mais ne s’arrêta pas pour autant. Elle marcha jusqu’à ce, dans son sommeil, elle sente l’herbe du parc sous ses pieds. A croire que c’était plus agréable qu’un lit douillet.
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Nael Silvano Sala
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Nael Silvano Sala
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MessageSujet: Re: don't you wanna sleep my broken darling ||Nas don't you wanna sleep my broken darling ||Nas EmptyDim 28 Aoû - 21:44

don't you wanna sleep my broken darling ||Nas BRq1x

« Bonjour je ne suis pas disponible, mais laisse ton message après le bip, je te rappellerai. *BIIIIP* Ouais euh salut Nasty, c'est Max, euh je voulais savoir si tu pouvais me pardonner, je suis vraiment désolé, je t'en pris, je me sens si mal et je... » Oh ta gueuuuule. Je débranchai la prise de mon téléphone fixe pour ne plus entendre les jérémiades de ce gamin qui me harcelait limite. C'était déjà le troisième message qu'il laissait sur mon répondeur dans la soirée, et j'en avais un peu marre. Nan. BEAUCOUP marre. Et tant pis si ma phrase n'était pas française, je n'étais pas d'humeur ces derniers temps. Les événements récents qui s'étaient déroulés dans ma vie avaient mis un sacré coup de marteau sur ma joie et mon sourire. Ce n'était rien qu'une mauvaise passe, du moins je l'espérais, mais je n'avais pas besoin de personnes qui viennent me laisser des messages pour se lamenter. Ce mec ne savait pas ce que c'était de "se sentir mal". Lui, au moins, il n'avait pas vu l'un de ses secrets les plus... secrets refaire surface. Bref, la logique des choses auraient voulu que j'aille en boite pour me laver de tous mes problèmes, ou plutôt de mon problème, mais à vrai dire, je n'avais envie de voir personne. Et surtout pas des pauvres types comme Max. Je n'avais ni le cœur à me bourrer la gueule, ni le cœur à danser. La seule chose qui aurait pu me soulager aurait été un peu d'humour. L'humour a toujours été le remède à tout pour moi. Oh, j'aurais tant donné pour avoir en ce moment même, quelqu'un à mes côtés qui me ferait rire ! Mais mes principaux amis n'étaient pas disponible ce soir, et je n'étais pas assez égoïste pour appeler une connaissance et bousiller sa soirée en lui demandant de venir me faire un numéro de clown. Bon. Il ne te reste plus que la télé alors cocotte ! Je marchai, ou plutôt trainai, mes pieds vers le canapé et m'affalai dessus. Je pris la zapette et commença à faire défiler les chaines du câble dans l'espoir de trouver une émission comique ou une comédie. Quatre cents cinquante-sept: Reportage sur la guerre. Waouh, c'est sur que c'est le truc qui va me remonter le moral. Trente-quatre: Enquête sur les enfants violés. Nice. Vingt-deux: Journal télévisé. Vu les nouvelles du moment, ça ne risquait pas d'être super gai non plus. Trois cents vingt-neuf: Homicides en tout genre: Les cent crimes les plus horribles. De mieux en mieux ! J'essayai une dernière chaine, ma préférée. Deux cents vingt-deux: Comédie. Ah, enfin ! Je souris et posai la zapette... Pour la reprendre aussitôt. J'avais dû voir cette comédie une bonne dizaine de fois ! J'éteignis donc la télé puis mis mes mains sur mon visage. Qu'allais-je donc pouvoir faire de ma soirée ? Me servir un bon verre de vodka, même si j'étais toute seule ? Mouais, ça faisait trop paumée et alcoolique. Aller me coucher ? Pas fatiguée. Lire ? La flemme. Super Nasty, ta soirée promet d'être extra si tu continues comme ça ! Finalement je décidai de sortir prendre l'air dans le parc. Ça me remettrai un peu les idées en place, tiens. Je pris ma veste et me recoiffai vite fait en me faisant deux nattes. Bah oui, c'est pas parce que je ne vais que dehors que j'ai pas le droit de me rendre un peu présentable hein ! Je pris ensuite mes clés et me glissai hors de l'appartement avant de le renfermer. Je descendis les escaliers et traversai les couloirs. Toutes les lumières étaient déjà éteintes, il était en effet un peu plus de vingt-deux heures trente, or toutes les lampes des couloirs s'éteignaient à vingt-deux heures. En effet le règlement stipulait qu'il était strictement interdit de circuler dans l'enceinte entre cette heure-ci et cinq heures du matin. Je n'avais pas pour habitude d'enfreindre ainsi les règles, mais bon, j'avais vraiment besoin de sortir donc je ferais une petite exception aujourd'hui. Et puis au pire, je ferais la somnambule si je croisais un surveillant. Avoir pour meilleur ami un Gamma qui fait les pires conneries en ne se faisant pas chopper la plupart du temps a ses avantages... J'arrivai dans le parc, inspirant l'air frais de la nuit tout en fermant les yeux. J'enlevai mes ballerine et posai les pieds sur l'herbe humide. Bon Dieu que cela faisait du bien. Et même si j'étais dans l'enceinte de Berkeley, je me sentais néanmoins libre à cet instant précis. Cela me rappelait mes chevauchées avec mon cheval Raja, en Russie. Monter à cheval avait toujours été mon échappatoire, et dès que je sentais que j'avais le moral à zéro ou que j'avais besoin de m'échapper de l'atmosphère du domaine Duma, je prenais Raja et nous allions galoper dans la campagne, rien que lui et moi. Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours été proche de la nature et des animaux. Ils m'ont toujours donné l'impression de me ressourcer, d'oublier tout et de me contenter de l'instant présent. Parfois la campagne russe me manquait. J'aimais la Californie, j'aimais San Franscisco, j'aimais la ville et par dessus tout, j'adorais Berkeley. Mais les vastes étendues d'herbes, les champs de blés, tout cela me manquait quand même malgré tout. C'est fou comme le fait d'avoir juste fermé les yeux et d'avoir mis les pieds sur l'herbe m'avait fait le plus grand bien et m'avait rappelé tant de souvenirs. Mais un bruit près de moi me tira de mes pensées. Sur le qui-vive, j'ouvris de suite mes yeux et regardai autour de moi. Dès que ma vue se fut habitué à la noirceur des lieux, je distinguai une silhouette non loin de moi. Elle était pieds nu et les yeux fermés, exactement comme moi à l'instant précédant. Amusée, je l'interpellai « Toi aussi tu prends l'air ? ». J'attendis quelques secondes puis comme la fille ne répondait pas, je m'approchai et continuai « Moi cela m'a fait du bien en tout cas. ». Toujours pas de réponse. Elle me snobait ou quoi ? S'il y avait bien une chose que je détestais, c'était le manque de politesse. Mes parents m'ont bien élevés et m'ont appris à être polie. Et je n'ai jamais pu supporter les gens malpolis. Faire au moins un sourire quand on vous parle, c'est quand même bien la moindre des choses ! Je m'apprêtai donc à faire savoir à cette petite pimbêche ce que je pensais de son mutisme, et pas de la façon la plus délicate je dois l'avouer, quand soudain la jeune femme se mit à marcher, toujours les yeux fermés. Interloquée, je me demandai si la demoiselle me snobait réellement. Peut-être était-elle sourde après tout ? Je la suivis donc, un peu curieuse de savoir où elle allait. Ses pas s'arrêtèrent devant un arbre. Mais qu'est-ce qu'elle faisait ? « Tu joues à quoi sérieux ? » lui demandai-je. Seul le vent me répondit. Puis la jeune femme se mit à agiter les bras et à tourner sur elle-même tout en marmonnant. Là j'avoue qu'elle commençait à me faire peur... J'avais à faire à une FOLLE. Je m'apprêtai à faire demi-tour quand soudain une petite lumière s'alluma dans mon cerveau. Cette fille était somnambule !! Pourquoi n'y avais-je pas penser plus tôt ? Tout s'expliquait maintenant, son mutisme, ses yeux fermés, le fait qu'elle ne soit vêtue que d'un vieux T-Shirt sur ses sous-vêtements, ses drôles de mouvement... Je gloussai. N'empêche qu'elle était vraiment dans un état avancé pour gesticuler comme ça ! En effet la jeune femme commençai maintenant à se balancer de droite à gauche avec ses deux bras en l'air. J'étais hilare, même si j'essayais de réprimer un peu mes éclats de rire pour ne pas la réveiller et ainsi profiter encore un peu de ses postures comiques. Je sortis mon iphone de ma poche. Il fallait absolument que je filme ça, ce serait ma vidéo anti dépression. J'appuyai sur "vidéo" et commençai à filmer la somnambule qui se balançait toujours. Puis j'éteignis le mode caméra après exactement deux minutes cinquante de film où l'on y voyait la jeune femme tournait sur elle-même, balancer ses bras et taper des pieds. Ses mimiques étaient tout aussi drôles à voir, la fille fronçait en effet les sourcils et retroussait son nez tout en baragouinant. Heureusement que mon portable avait un système vidéo super ! En pleine nuit, je n'aurais sinon pas pu filmer grand-chose de la scène qui venait de se dérouler sous mes yeux. Malgré mes rires, je commençai tout de même à m'inquiéter. En effet la somnambule, à force de gesticuler, allait finir par s'emmêler les pieds et par tomber. Ne voulant pas qu'elle se fasse mal, je la pris doucement par les épaules et lui exerça une petite pression de ma main libre, l'autre ayant toujours le portable. J'avais voulu du comique, j'étais servie ce soir...
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MessageSujet: Re: don't you wanna sleep my broken darling ||Nas don't you wanna sleep my broken darling ||Nas EmptyLun 29 Aoû - 20:33

    Je suis maladroite et la maladresse met parfois dans des situations embarrassantes. Je suis particulièrement inattentive et un manque cruel d’inattention met parfois dans des situations embarrassantes. Je suis somnambule et dormir debout met parfois dans des situations embarrassantes. Je suis une reine dans mon domaine et je transporte avec moi vingt et un an d’expérience. Avec toutes ces années, on pourrait penser que je sais comment réagir et comment rattraper le coup. Passé l’effet de surprise, je m’en sors avec brio. Le tout étant que cet effet ne s’éternise pas. Et ça, ce n’est jamais garantit. Je me suis déjà réveillée dans le garage d’une amie, alors qu’il était fermé à clé et à plusieurs kilomètres de ma propre maison. Comment ai-je parcouru tout ce chemin ? Comment ais-je fais pour entrer malgré la serrure ? Je n’en ai pas la moindre idée, ce qui fait de cette histoire un des plus grands mystères de ma vie.
    Je peux faire des efforts de mémoire mais me demander quand ça s’est exactement passé n’est pas encore à ma portée. Il ne s’était rien passé de spécial la veille, une journée comme les autres et une soirée totalement banale. Le soir, je me suis couchée dans mon lit et je me souviens avoir longtemps regardé la lune par la fenêtre avant de parvenir à m’endormir. Le matin, je me suis réveillée sur un sol de béton. J’étais couchée par terre, les jambes sous la voiture. Il y avait une odeur d’essence qui flottait dans l’air et des outils éparpillés tout autour de moi. J’ai d’abord cru que je rêvais, après tout on fait parfois des rêves très réalistes. Mais là, c’était trop. Trop réel. Je pouvais toucher, je pouvais sentir et quand je me cognai le genou contre un coin de table, je me rendis compte que je pouvais aussi avoir mal. On ne sent pas la douleur ainsi quand il ne s’agit que d’imagination. N’importe qui aurait été trouvé les propriétaires de la maison, à la fois pour s’expliquer et pour pouvoir sortir. Mais je ne suis pas connue pour mon sens de la responsabilité. En plus de cela, je n’avais pas reconnu la maison de cette fameuse amie et pensais être chez de parfaits inconnus. Comment prévoir leur réaction ? Que faire s’ils s’énervaient ? Je ne savais pas non plus si c’était moi qui avait éparpillé ces dizaines d’outils et renversé un bidon d’essence. A ce moment-là, je préférais ne rien savoir. Je voulais juste me retrouver chez moi et maudissais ce poids qu’était d’être somnambule. Après avoir vérifié que je ne laissais rien m’appartenant, je déplaçai une grosse caisse de bois jusque sous une fenêtre. Je montai dessus, ouvris la fenêtre mais quand je voulus passer, un bruit derrière moi me paralysai. Il y avait quelqu’un. Je ne m’en sortirais jamais. Devais-je dire la vérité ? Et s’il ne me croyait pas ? S’il me prenait pour une voleuse ? Alors que mille questions -parfois pertinentes, souvent ridicules- me traversaient l’esprit, la personne s’était raclée la gorge et avancée. « Je me suis réveillé au milieu de la nuit parce que j’avais soif. Alors j’ai été me servir un verre d’eau dans la cuisine mais j’entendais de drôles de bruits qui venaient du garage. Je me suis dit que ça devait être un chat ou une bête perdue, parce qu’il est évident qu’un voleur ne ferait jamais autant de bouquant. J’ai quand même été prévenir mes parents et cette agitation réveilla aussi ma sœur. C’était drôle, si t’avais vu…On était toute la famille, devant la porte du garage, à faire mille et une hypothèses. Finalement mon père a ouvert la porte et on était complètement sur le cul. Ah ça ! On s’attendait pas à te voir. Mais attends, c’est pas le plus drôle. Nan, le plus drôle, c’est quand on a remarqué que tu gesticulais de façon bizarre. J’te jure Eff, on aurait dit une illuminée. Je dois te dire merci pour ce fou-rire, vraiment…P’pa voulait te réveiller et te renvoyer chez toi mais maman a dit que c’était dangereux de réveiller une somnambule alors on t’a laissée ici. Dommage que tu sois réveillée, j’aurais bien aimé que tu continues ton numéro encore un peu… » Le petit frère d’Elisa parlait toujours énormément, souvent pour ne rien dire. Je n’avais pas tout écouté et n’avais retenu que la partie où tout le monde me voyait en pleine crise. Vous savez ce qui est le plus frustrant pour une somnambule ? On ne sait jamais ce qu’on a fait ou ce qu’on a dit. Et vous avez les autres, ceux qui vous ont vue, touts content de vous raconter à quel point vous étiez ridicule. Je n’ai pas eu le temps de répondre à Christopher parce que sa mère est arrivée juste après. Elle a insisté pour que je reste déjeuner et je n’ai évidemment pas eu le cœur de refuser. Malgré les dégâts que j’avais faits au garage -l’essence et les outils étaient bien de ma faute- elle était à mes petits soins et n’arrêtait pas de me dire que je pouvais lui parler si j’en avais besoin. Le père était déjà partit travailler. Christopher continuait de se moquer de moi et Elisa me jetait des coups d’œil soupçonneux. Tu parles d’une amie. Après avoir mangé dans une atmosphère de malaise, j’étais rentrée chez moi et n’avais plus jamais remis un pied chez cette famille.
    En me remémorant cette histoire, quelque chose d’autre me revint en mémoire. J’avais complètement oublié ce qu’il s’était passé les semaines suivantes. Sûrement un coup de la bonne vieille mémoire sélective. Ce sale gamin avait vite fait de raconter ma crise à tous ses amis qui la racontèrent aux leurs et ainsi de suite. Elisa, même si elle n’en rajoutait pas, ne démentissait pas les dires pour autant. C’est peut être ce souvenir inconscient qui me pousde à garder cette étrange habitude pour moi. Je n’ai pas envie que quelqu’un se tape une barre devant mes gestes ou mimiques. J’ai de l’humour. J’ai aussi des limites.

    Je ne sais plus exactement de quoi je rêvais cette nuit-là. J’avais l’impression d’être au milieu du brouillard et de marcher sur différentes surfaces. Je ne sais pas si c’était au début ou à la fin d’un rêve mais je me souviens d’une étrange sensation, comme de petits serpents me chatouillant les mollets. Je n’aime pas particulièrement ce genre de reptile mais ça ne m’effrayait pas. Au contraire, je me sentais étrangement bien. C’est peut être stupide à dire mais je me sentais en sécurité et si je rêvais, mon imagination créait une ambiance sereine autour de moi. Mais comme toutes les bonnes choses de ce monde, ça ne pouvait pas durer. Le brouillard dans lequel je flottais s’épaissit, comme s’il y avait de l’agitation le troublant. Quelques secondes plus tard, je sentis une pression sur mes épaules, m’arrachant au sommeil. Je n’ouvris pas les yeux, je les écarquillai tout en prenant une grande inspiration. J’étais désorientée et ne compris pas de suite ce qu’il m’arrivait. Je tournai la tête dans tous les sens, essayant de me trouver un point de repère. Ce n’est que lorsque je compris que j’étais dans le parc de l’université que je réussis à me calmer. Je me penchai en avant, reprenant doucement une respiration normale. En me relavant, je posai quelques instants une main sur mon cœur. Il battait fort mais s’était lui aussi calmé. Ce n’est qu’à ce moment-là que j’accordai un regard à la jeune femme qui me faisait face et qui était certainement la cause de mon réveil. Je l’avais de suite remarquée mais avais préféré l’ignorer pour retrouver un rythme cardiaque convenable. De toute façon, même si j’avais voulu lui adresser la parole, je n’aurai pas su. La surprise m’avait coupé toute parole. Je lui adressai d’abord un sourire désolé, elle devait me prendre pour une folle. Je me raclai une fois la gorge, de la manière la plus discrète dont j’étais capable. « Je ne suis pas une cardiaque mais j’avoue que pendant un instant, j’ai eu peur pour lui. Tu m’as causé une sacrée surprise ! » J’avalai un peu de salive et en profitai pour la détailler. Je ne l’avais jamais vue auparavant et n’avais pas la moindre idée du genre de fille que ça pouvait être. Elle rentrait peut être de soirée ce qui expliquerait sa présence dans le parc aussi tard. Cette pensée me rappela que je n’avais mis aucun pyjama, heureusement que la nuit n’était pas trop froide. J’étais aussi contente de ne pas être tombée sur un pervers, on peut croire ce qu’on veut, être somnambule peut réellement être dangereux. J’allais ajouter quelque chose quand mon regard tomba sur ses mains et l'Iphone qu'elles tenaient. Ça n’aurait pas du me perturber autant mais je bloquai dessus. Qu’est ce qu’elle faisait avec son Iphone en pleine nuit ? Elle répondait à un message, c’était la réponse la plus probable. Mais je refusais de le croire. Puis cette vieille histoire me revint en mémoire. Le réveil dans le garage, le malaise puis les rumeurs et les moqueries. Elle m’avait vue, bien sûr. J’avais du bouger, parler et faire des grimaces. Je fixai son Iphone, mon visage se transformant sous le coup de la colère. Cette garce m’avait filmée. « Je vois » Je parlai pour moi-même mais je n’avais pas fais l’effort de le dire tout bas et la fille l’entendit sûrement. J’avais lâché ces deux petits mots d’un ton glacial, tranchant. J’étais à moitié nue, dans un parc, la nuit, le vent pouvait finir par me frigorifier et une inconnue s’était amusée à me filmer en pleine crise. « C’est quoi la prochaine étape ? Youtube ? » Je ris jaune. « Qu’est ce que t’as du te marrer…Et pourquoi tu m’as réveillée ? Ta vidéo était assez longue comme ça ? C’est vrai qu’on dit que les plus courtes sont les meilleures, faudrait pas que les internautes s’ennuient avec dix minutes de grimaces. Tu fais ça souvent, filmer les gens à leur insu ? Tu te sens comment après ? » Je fis un pas vers elle. Il faisait noir mais je voulais bien voir son visage. « Mais tu ne sais rien. » Mes dents grincèrent. « Tu ne sais pas ce que c’est de se réveiller au milieu d’une rue inconnue, chez un voisin, sur le sol d’une cave tellement froide que t’as attrapé la crève en une nuit, dans une cuisine avec de la bouffe étalée autour de toi ou sur le toit d’une cabane de jardin. Tu ne sais pas ce que c’est de devoir traverser des rues en pyjama pilou ou carrément en sous-vêtements si la nuit était trop chaude. Tu as déjà du expliquer pourquoi t’as renversé de l’essence dans un garage ou pourquoi t’as mangé tous les radis du frigo ? » Je me passai nerveusement la main dans les cheveux mais ne laissai pas le temps à l’autre de répliquer, je ne savais que trop bien ce qu’elle aurait envie de dire. « Mais tu t’en fous, bien sûr. T’es contente avec ta vidéo pourrie…Et qu’est ce que tu fous là aussi ? Tu m’as suivie ? » Si j’avais eu une paire de chaussure aux pieds, j’aurai shooté dans un des arbres. Pourquoi est-ce qu’il faut que ce truc me poursuive ? Pourquoi faut-il qu’il y ait toujours quelqu’un pour me voir ? Je savais que j’avais été dure avec la jeune femme. Vous vous rappelez l’effet de surprise ? Je ne m’en sors que s’il est passé. Mais là, une fois que je me suis reprise, c’est la colère qui a directement pris la relève. Et ça ne vaut pas mieux. Je pris une grande bouffée d’air pour essayer de calmer ma très mauvaise humeur mais n'y parvins pas. Je jetai un nouveau regard soupçonneux vers l’inconnue qui devait vraiment me prendre pour une malade mentale. Après avoir poussé un profond soupir, je relevai la tête vers elle. On allait bien voir comment elle allait se débrouiller.
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Nael Silvano Sala
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MessageSujet: Re: don't you wanna sleep my broken darling ||Nas don't you wanna sleep my broken darling ||Nas EmptyJeu 1 Sep - 15:35

Je n'avais jamais vu de somnambule en action avant cette nuit là. Enfin si, mais pas des crises aussi énormes. J'avais déjà entendu en effet des personnes marmonnant dans leur sommeil, souvent du charabia. Un jour, j'avais même entendu, une personne hurler pendant qu'elle dormait ! Je ne vous raconte pas le bond que j'ai fait en entendant un cri provenant de l'oreiller à côté de moi. J'ai cru que j'allais avoir une crise cardiaque ! Mais mon expérience avec le somnambulisme s'arrêtait là. A ma connaissance, personne dans ma famille n'était atteint de cette pathologie, moi n'échappant pas à la règle. Du coup cette nuit était une vraie nouveauté pour moi. Je me demandais si la jeune femme avait déjà eu des crises avant. Sans doute, le somnambulisme ne se déclenchait pas comme ça... Je stoppais mes pensées pour reporter mon attention sur la jeune femme qui se réveillait enfin. Comme j'étais assez proche d'elle, je pouvais voir ses yeux qui s'écarquillaient de surprise. Elle respirait fortement, regardant à droite et à gauche, se demandant surement où elle se trouvait. Je ne disais rien, la laissant récupérer un esprit calme et rassuré. Je n'étais peut-être pas somnambule mais j'avais assez de logique et de bon sens pour savoir qu'il ne fallait pas brusquer la jeune femme dans sa phase de réveil. Après tout, je l'avais quand même tiré d'un sommeil profond, dur de revenir à la réalité dans ces cas là. Au bout d'un moment, la jeune femme me regarda et me fit un petit sourire confus. « Je ne suis pas une cardiaque mais j'avoue que pendant un instant, j'ai eu peur pour lui. Tu m'as causé une sacrée surprise ! » Elle me détailla quelques minutes, se demandant surement ce que je faisais dans le parc à cette heure là. Elle s'arrêta aussi un long moment sur mon Iphone, je ne compris pas tout de suite pourquoi. J'allais lui expliquer la raison de ma présence ici quand la fille lâcha un « Je vois... » avec un ton on ne peut plus glacial. Puis elle commença un long monologue qui me permit de saisir la raison de son changement d'attitude. La jeune femme avait compris que je l'avais filmé et cela la mettait en colère. Elle me jetait à la figure pleins d'exemples à la pelle de ce qu'elle endurait étant somnambule, me montrant ainsi que je ne savais rien, rien du tout de cette pathologie. Enfin elle termina sa tirade par un « Mais tu t'en fous, bien sûr. T'es contente avec ta vidéo pourrie...Et qu'est-ce-que tu fous là aussi ? Tu m'as suivie ? » d'un ton toujours aussi hargneux. Après ce discours, j'étais on ne peut plus mal à l'aise. Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle là. Je n'avais pas pensé que la fille n'apprécierait que je la filme. Maintenant qu'elle s'était exprimée, je comprenais sa colère. Elle ne savait pas en effet ce qu'elle avait fait, mais elle se doutait qu'elle avait dû être assez comique pour que je la prenne avec mon Iphone. Chose très gênante, je m'en rendais compte désormais... Je ne m'étais pas mise à sa place avant de faire ma vidéo, et j'en ressentais de la culpabilité. Moi qui me trouvait généreuse, il fallait que je revois cette prétendue qualité. Si je n'avais pas été égoïste, j'aurais réfléchi avant de prendre la jeune femme en pleine crise. Mais non, je n'avais pensé qu'à mon petit bonheur. Mon interlocutrice m'avait fait oublier mes soucis avec le joli spectacle qu'elle m'avait offert inconsciemment. Elle m'avait fait rire, redonner un peu de joie, un peu de baume au cœur. Mais ce n'était pas une raison. Les exemples qu'elle m'avait cités montraient bien comme les somnambules n'avaient pas la vie facile quand ils étaient vus en pleine crise et je savais que sa colère cachait de la gêne. Cela pouvait se comprendre. En effet, elle ne se contrôlait pas et avait fait des grimaces et des drôles de mouvement devant une inconnue. Néanmoins, je trouvais que la jeune femme était un peu dure avec moi. Certes, je n'avais pas à la filmer, mais je l'avais quand même réveillée. Si j'avais vraiment été une garce faisant tout pour la nuire, j'aurais prolongé la vidéo et je n'aurais pas pensé un seul instant "Peut-être qu'elle peut se faire mal, je vais la réveiller !". Elle me jugeait trop rapidement, elle ne se doutait pas que j'avais besoin de rire parce que j'avais des ennuis. Et quand on a des problèmes, on ne pense pas au mal qu'on peut faire aux autres, on pense plutôt d'abord à soi. Piètre excuse, je sais, mais néanmoins, chercher à me comprendre et s'expliquer avec moi aurait été plus agréable pour nous deux. Mais bon... J'allais essayer de m'excuser en essayant de bien faire ressortir le sentiment de culpabilité qui me nouait la gorge. « Écoute, je suis sincèrement désolé... Je sais, c'est facile de dire ça, et certains le disent sans le penser, mais moi ça vient du cœur. Je comprends ta colère, je n'aurais pas dû te filmer à ton insu. Pour ma défense, j'ai des soucis en ce moment et depuis quelques jours, j'ai perdu la signification du mot "sourire". Tu m'as fait beaucoup rire ce soir, grâce à toi je me sens mieux, l'humour est un remède à tout n'est-ce pas ? Alors j'ai voulu prendre cette vidéo pour l'avoir lorsque je déprimerai comme aujourd'hui. Je sais, mon excuse n'est pas valable, je n'avais pas à faire ça, mais encore une fois, je suis navrée, je n'ai pas cherché à me mettre à ta place... Et tu as raison, je ne sais rien du somnambulisme. J'ai vu des petites crises deux ou trois fois, mais rien de bien méchant, juste du charabia et... Des hurlements. » J'émis un faible rire puis continuai « Enfin bon, je me rends compte à présent comme c'est dur pour toi. Par contre, là où tu as tort, c'est que je ne m'en fous pas. Si je m'en foutais, je ne t'aurais pas réveillée, et je n'essayerai pas à tout pris de me racheter en te blablatant comme ça. Je ne suis pas ton ennemie, et je ne tiens pas à diffuser cette vidéo sur Youtube, je peux même l'effacer si tu veux ! » Je me mis à faire tourner une de mes boucles de cheveux autour de mon doigt, un tic qui me prenait souvent, surtout lorsque j'étais préoccupée ou mal à l'aise. « Bon voilà, je ne sais pas quoi te dire d'autre, j'espère que tu accepteras mes excuses. Et je ne te suivais pas ne t'inquiète pas, j'avais juste besoin de prendre l'air, à cause de mes soucis justement. » Je souris à la fille. « Au fait, moi c'est Nastassia. Nastassia Duma. » Voilà, c'était dit, c'était fait. J'espérai que la jeune femme me croirait, j'avais mis toute ma culpabilité et ma douceur dans mes mots. Quand on y pensait, c'était amusant comme la situation s'était renversée. Un quart d'heure plus tôt, j'étais énervée et en colère, j'envoyais balader ce pauvre garçon qui essayait de s'excuser sur mon répondeur. Maintenant, c'était moi qui me confondait en excuses dans l'espoir d'obtenir le pardon de la jeune femme présente devant moi. Comme quoi, croire que rien ne peut changer est faux. Everything can change only a few minutes ...
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MessageSujet: Re: don't you wanna sleep my broken darling ||Nas don't you wanna sleep my broken darling ||Nas EmptyLun 5 Sep - 18:00

    J’étais bien réveillée, j’avais eu le temps de reprendre mes esprits, ma respiration et mon cœur s’étaient calmés. Je savais où j’étais, je savais ce qu’il s’était passé. Pourtant, je me sentais complètement déboussolée. Sûrement que le petit choc dont je venais d’être victime n’y était pas pour rien mais il y avait autre chose. Ma réaction. Je me surprenais moi-même et avais du mal à me comprendre. Je sais que j’ai tendance à ne pas beaucoup réfléchir avant de parler, je sais aussi que je suis très impulsive mais toujours en gardant le contrôle de moi-même. C’est un peu paradoxal mais c’est ainsi que je fonctionne : mes sentiments, comme ici la colère, m’assaillent, parlent à ma place et me guident mais j’arrive à leur fixer une limite. J’arrive à garder tout ce bazar sous contrôle. Pourtant, quand j’avais vu cette fille et son Iphone, comprenant en quelques secondes ce qu’il s’était passé pendant mon sommeil, c’est comme si cette part de contrôle avait été bâillonnée par ma rage. Rage qui cachait de la peur et de la gêne. Personne, y compris parmi ceux qui osent se tourner en ridicule, ne voudrait être découvert ainsi à son insu. L’autodérision, j’aime bien. Je suis parfaitement capable de me moquer de moi-même et j’admets volontiers que je fais de temps à autres des choses franchement ridicules mais mes crises de somnambulisme, c’est secret défense. Même mes amis les plus proches ne sont pas au courant, même les membres qu’il me reste de ma famille ne sont pas au courant. On a tous son jardin secret, et bien, j’ai fais en sorte que mes petites crises restent enfermées là-bas. De la gêne parce que rien de ce que j’ai fais n’était volontaire, je n’aurai pas pu l’éviter, aucune chance de rattraper le coup, aucune chance de faire croire que c’était fais exprès…Je pense que vous saisissez ce que je veux dire. Je n’ai aucun problème pour rire de ma petite personne, à partir du moment où je suis au moins consciente de ce que je fais. Ici, ce n’était pas le cas et vous pouvez me faire croire ce que vous voulez, je sais que vous n’aimeriez pas être à ma place. De la peur parce que je sais qu’on ne vit pas encore dans un monde de bonbons. Est-ce que je connaissais cette fille ? Non. Est-ce que je savais pour quelles étranges raisons elle m’avait filmée ? Non. Est-ce que je pouvais deviner ses intentions vis-à-vis de la fameuse vidéo ? Non. Et dieu sait que je n’avais pas la moindre idée de la personnalité que pouvait avoir cette jeune femme. Gentille de nature ? Du style à faire du chantage ? Une fille naïve ou, au contraire, passée maître dans l’art de la manipulation ? J’aurai pu passer tout le reste de la nuit et une bonne partie de la matinée à faire des suppositions de la sorte. Je l’avais observée un court instant mais cette minuscule seconde avait suffi à me faire douter de tout. Mille questions en si peu de temps, je ne comprenais pas comment j’avais fais pour ne pas attraper une migraine monstrueuse. De la peur, parce que dès qu’on aura quitté ce stupide parc, je n’aurai aucun contrôle possible sur la situation. Je n’en avais déjà aucun, ou si peu. Je veux dire, je n’allais pas me jeter sur cette pauvre fille pour lui arracher son petit appareil et le piétiner avec haine. L’idée m’avait traversé l’esprit mais il me restait encore tout juste assez de bon sens pour m’empêcher de faire une telle connerie. Je n’avais pas eu la réaction à laquelle je m’attendais. Ce n’est pas mon genre d’aboyer ainsi sur une inconnue. Moi non plus, je ne savais rien. J’avais foncé tête baissée sur elle et ne lui avais laissée aucune chance. Je ne suis pas une fille qui s’énerve pour un rien et j’essaie de régler mes conflits sans avoir à hausser le ton. C’est dur mais pas impossible. J’étais déboussolée parce que je ne me comprenais plus, comme si mes sentiments enfuis voulaient éclater au grand jour, comme s’ils voulaient montrer à tous qu’ils sont là. Est-ce que j’étais réellement en train de changer ? Était-ce à cause de ma mère ? Ou bien, pour assumer mes conneries, à cause de moi ? Je grinçai lentement des dents, une habitude dont j’avais de plus en plus de mal à me passer. Grincer des dents et avoir ces horribles petits frissons sur les bras. Ce n’était ni le moment ni l’endroit pour une remise en question. Je devais d’abord régler cette histoire. Je ne pouvais pas savoir si elle finirait bien ou mal, ça ne dépendait que de la voleuse d’images. Je la regardai et lorsqu’elle commença à parler, je me concentrai pour ne rien rater. Elle était mal à l’aise, ou du moins c’est ce qu’elle montrait. Je ne suis pas du genre paranoïaque mais je ne suis pas non plus une bonne poire à qui on sait mentir. Non, c’est moi qui mens. Mais je ne me fis pas trop de soucis quant à la sincérité de cette nouvelle rencontre, elle avait l’air sincère. Non, elle l’était vraiment. Un aveugle l’aurait vu. J’avais eu un léger doute parce qu’on sentait qu’elle voulait montrer sa culpabilité. Un peu comme si elle mentait, donc. Moi qui suis plutôt intelligente, il me fallu un petit moment avant de me dire qu’elle ne faisait ça que pour me faire comprendre quelque chose. J’étais complètement à côté de la plaque. Même si je prenais lentement conscience de mon erreur, je ne desserrai pas les dents et affichai toujours un visage froid et des airs distants. La fille avait déjà beaucoup parlé quand elle fit une pause pour émettre un petit rire maladroit. Je restai de marbre même si mon fort intérieur lui souriait. J’avais raison : elle ne connaissait rien aux somnambules et à leurs troubles. Elle avait du voir des gens parler dans leur sommeil, certains crier. Ça m’arrivait aussi mais assez rarement. J’aurai préféré passer toutes mes nuits à marmonner des idioties plutôt que de ma balader en soutif dans le campus. J’avalai ma salive en inspirant un bon coup. Je savais qu’elle avait raison sur certains points. Le fait qu’elle m’ait réveillé, par exemple. Je savais que je devrais la remercier mais mon orgueil en prendrait un coup. Après s’être justifiée, elle se présenta. Je pouvais enfin mettre un nom sur ce visage. Nastassia. J’aimais beaucoup son prénom, dommage que ça ne soit pas suffisant pour arriver à l’apprécier, elle aussi. Je vissai mon regard au sien, forçant mon sourire, et commençai par la fin. « Moi, c’est Effy. Effy O’Griffin. » Je n’avais presque rien dis et faisais déjà une pause, c’était à mon tour de me sentir mal à l’aise. « Moi aussi, je suis désolée. J’espère que tu peux comprendre ma réaction. J’étais embarrassée et j’ai surtout eu peur de ce que tu pourrais faire de cette vidéo. Tu sais, on dit que la meilleure défense est l’attaque…Mais ce n’est pas une bonne excuse, je n’aurai pas du de traiter ainsi alors que je ne te connaissais même pas. J’aurai au moins du te laisser une chance à la place d’avoir envie de t’arracher les yeux. » Parler me calmait et présenter mes excuses, bien qu’elles soient un peu embrouillées et maladroites, me faisait du bien. Je n’avais plus rien à faire de mon orgueil et quand je repris la parole, un sourire sincère et désolé avait remplacé la pâle copie que j’avais voulu faire. « Je ne pouvais pas savoir que tu avais des soucis et si j’ai pu te faire rire, tant mieux. » Normalement, je n’aurai pas apprécié l’idée d’une inconnue qui rigole ainsi de mes pitreries, ça me donnerait l’impression d’être utilisée et de ne servir qu’à distraire. Une idée qui me rebute vraiment. Mais cette fois-ci, ça passait sans problèmes parce que même sans la connaître, je n’avais pas l’impression qu’elle avait rit avec cette idée en tête. « D’ailleurs, puisque tu as commencé cette soirée en rigolant, ce serait mieux de ne pas la terminer sur une mauvaises note. » Puis je fis quelques pas vers un petit banc et m’assis dessus. Je tapotai la place à côté de moi, invitant Nastassia à me rejoindre. « Montre-moi les horreurs que j’ai fais, je ne me suis encore jamais vue. Ça promet d’être intéressant ! » C’est fou comme la situation avait changé en si peu de temps, maintenant je rigolais franchement. J’espérais juste que je n’aurai pas à le regretter.
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Nael Silvano Sala
there's no place like berkeley
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MessageSujet: Re: don't you wanna sleep my broken darling ||Nas don't you wanna sleep my broken darling ||Nas EmptyLun 12 Sep - 20:53

Mon petit discours terminé, j'attendais avec inquiétude la réponse de la jeune femme. Allait-elle m'envoyer bouler ? Allait-elle m'excuser ? Je n'en savais trop rien à vrai dire. Son visage n'avait rien laissé paraitre de ses émotions pendant mon monologue. Elle m'avait juste fixé du début jusqu'à la fin avec des yeux froids, distants. Elle m'avait fixé avec un regard pénétrant, le genre de regard qui aurait fait bégayer une personne timide ou sans confiance en elle. L'ancienne Nastassia par exemple. Cinq ans plus tôt, je n'aurais pas eu le courage de me défendre avec un tel regard sur moi. Mais heureusement pour moi, j'avais changé. En vieillissant, j'étais passée d'une petite fille timide et réservée à une jeune femme sûre d'elle et enjouée, caractéristiques qui me servaient bien ce soir-là. Mais je me posais des questions. N'y avais-je pas été trop fort ? En voulant à tout pris m'excuser, en utilisant autant d'arguments et en y mettant autant de sentiments dans ma voix, je pouvais me faire passer pour une manipulatrice. Ce qui n'était pas le cas. Le fait était que depuis que j'avais pris confiance en moi et laissais tomber mon image de petite fille trop discrète, j'avais remarqué chez moi une qualité que je n'avais jamais soupçonnée auparavant: J'étais une très bonne oratrice. Et je n'avais aucun doute sur l'identité de celui qui avait pu me transmettre cette aptitude à bien baratiner: Iaroslav Alezandrei Duma ou plus simplement, mon père. Ce dernier avait un peu touché à tout au cours de sa vie, et notamment à la politique. Un domaine dans lequel il réussit très bien, notamment grâce au fait qu'il était un excellent orateur. Il savait convaincre, j'irais même jusqu'à dire qu'il convainquait à la perfection. Convaincre pour manipuler, parfois. Qu'on se le dise, même si mon père était un homme juste et droit, dans la politique, les coups francs n'existent pas. Malheureux à entendre n'est-ce pas ? Mais la vérité, c'est qu'il n'y a pas de vérité dans le monde des politiciens. Il y a juste de bons menteurs. C'est pour cela que je commençai à regretter mon grand discours trop bien construit. Je parlais bien, oui, mais contrairement à mon père, je ne m'en servais pas pour mentir. Je haïssais les gens hypocrites et c'était pour cette raison que j'étais on ne peut plus franche avec les gens au quotidien, sans pour autant manquer de tact. Mais je disais ce que je pensais tout simplement. Et ce soir-là, mes excuses venaient vraiment du fond du cœur. J'espérai que la fille avait assez de sensibilité pour le sentir. Pourvu qu'elle ne pense pas que je sois une garce qui la prenne pour une conne ! Je prenais donc mon mal en patience, me mordant la lèvre inférieure. La réponse de mon interlocutrice tardait, et mon inquiétude grandissait. Bien sûr, j'aurais pu me dire "Je m'en fous". C'est vrai, après tout, je ne la connaissais même pas cette fille. Pourquoi m'embêter à essayer de la convaincre que je ne voulais pas la blesser ? De plus, le campus était loin d'être petit, éviter une personne est très facile dans une université de l'ampleur de Berkeley. Oui, en effet, j'aurais pu penser ça. J'aurais pu. Seulement non, c'était impossible pour moi. Je voulais à tout prix que la jeune femme me pardonne. Je détestais décevoir et faire mauvaise impression, or, c'était ce qui était en train de se passer. Je voulais repartir sur de bonnes bases avec elle. A défaut qu'elle se mette à me sauter dans les bras, un petit sourire de sa part me ferait du bien et m'ôterait le poids de la culpabilité sur mes épaules. Je n'étais pas en grande forme, si en plus je commençais à me faire des ennemis, ça n'allait pas le faire ! Enfin la somnambule se mit à parler. Elle se présenta, avec un petit sourire crispé. Elle s'appelait Effy. Entendre son nom me soulagea et me détendit un peu. Si mon interlocutrice avait débuté par la présentation, c'était plutôt bon signe. Si elle avait l'intention de m'envoyer dans les roses, elle n'aurait pas prit la peine de se présenter... Elle s'interrompit quelques secondes et continua sur une chose à laquelle je ne m'attendais pas du tout; Elle s'excusa. Certes la jeune femme n'y avait pas été de main morte avec moi, elle avait même était assez dure. Mais comparé au fait que je l'avais filmé quelques minutes plus tôt, ce n'était rien et son coup de colère était très compréhensible. Effy semblait cependant regretter cette montée d'hargne et était presque aussi navrée que moi. Je sentais d'ailleurs son irritation la quitter, son sourire forcé se transformant en un vrai sourire sincère. Je fis de même à mon tour, plus timidement, encore gênée à cause de ce foutu film. Puis elle lança « D'ailleurs, puisque tu as commencé cette soirée en rigolant, ce serait mieux de ne pas la terminer sur une mauvaises note. ». J'avoue ne pas avoir compris tout de suite sa phrase. On avait beau être en plein milieu de la nuit, je n'étais toujours pas très bien réveillée apparemment... Puis Effy prit place sur un banc et tapota la place à côté d'elle. Elle m'invitait à s'asseoir à côté d'elle pour que... Je lui montre ma vidéo ! Tout en me disant cela, elle abordait un sourire rieur et franc. Ma première réaction fut la joie; En effet mon but était atteint: La fille ne semblait plus m'en vouloir. Je m'empressai donc de la rejoindre en vitesse quand un doute s'insinua dans mon esprit. Fallait-il vraiment lui montrer cette vidéo ? L'inquiétude revint vite remplacer mon brève instant de gaité. Effy ne s'était jamais vu. Elle n'avait donc pas conscience de toutes les mimiques, les mouvements bizarres et autres qu'elle pouvait faire ! Et si elle s'énervait une nouvelle fois ? J'avais réussi à l'apaiser, mais se voir dans cet état pourrait bien la refaire basculer dans la colère. Ce dont je n'avais pas envie évidemment. Du coup, j'avais sorti mon Iphone, mais au lieu d'aller sur le menu, je jouais avec, le faisant passer de ma main gauche à ma main droite, le retournant, le tapotant. J'avais conscience que mon petit manège devait être ridicule mais j'étais toujours en train de soupeser le pour et le contre. Je levai enfin les yeux vers mon interlocutrice. « T'es vraiment sûre... ? » lui murmurai-je. Une simple question ne comportant que trois mots, mais elle avait toute son importance. Et j'essayai de le faire comprendre au mieux à Effy dans mon regard. Une fois la vidéo lancée, la jeune femme ne pourrait plus revenir en arrière. Elle saurait réellement les gestes qu'elle faisait, prendrait conscience qu'elle pouvait être l'objet de fous rires comme aujourd'hui, si quelqu'un la voyait. Bien sûr, elle savait qu'elle était drôle dans ses crises. Mais elle ne pouvait pas savoir à quel point elle devenait un clown la nuit, et c'était bien ce qui me faisait peur. Comment réagirait-elle ? Je sentais que la jeune femme avait beaucoup d'humour et qu'elle pourrait sans problème rigoler d'elle mais... Jusqu'à quel point ? Finalement je poussai un soupir et allai dans le menu déroulant des vidéos. Après avoir sélectionné la numéro sept, j'appuyai sur play et regardai les images défiler. J'avais mis le son au minimum, histoire d'épargner à Effy mes rires. Seulement en re regardant le petit show de la jeune femme, j'étais une nouvelle fois prise de gloussements. J'essayai de me retenir au maximum, en effet je ne savais toujours pas à quel degré la fille prendrait la vidéo. Cependant, une nouvelle posture particulièrement drôle d'Effy me fit craquer. Je partis en un grand rire tonitruant. J'essayai tant bien que mal de me calmer, mais une fois partie, j'étais très dure à arrêter... Entre deux rires, je réussis quand même à lâcher une petite parole à ma voisine. « Je suis vraiment désolée franchement... Je te jure que je l'efface si tu ne veux plus jamais la voir, mais franchement, tu m'as fait tellement rire... ». Je m'esclaffai peut-être mais je ne savais pas de quoi il en retournai du côté de la somnambule. Espérons que ses bêtises la ferait rire autant que moi...
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MessageSujet: Re: don't you wanna sleep my broken darling ||Nas don't you wanna sleep my broken darling ||Nas EmptyDim 18 Sep - 16:48

don't you wanna sleep my broken darling ||Nas 5GMi0axUlSjdpB1
I gonna make you laugh
You're welcome!


    C’est fou comme la situation avait changé en l’espace de quelques minutes. Une petite explication avait suffit pour me calmer et maintenant, je n’étais plus du tout en colère contre cette fille. Au contraire, j’étais complètement excitée de savoir qu’elle avait filmé la scène. Ce n’était pas la première fois que quelqu’un surprenait une de mes crises de somnambulisme et j’avais déjà eu plusieurs l’occasion d’en entendre parler. Je savais donc à quoi m’attendre et je ne pensais pas avoir de grosses surprises. Vous savez, quand vous vous réveillez au milieu de nulle part, savoir ce qu’il s’est passé et surtout ce que vous avez fait est une question qui ne vous quitte pas pendant des jours voire des semaines. Si on ne m’avait jamais dit que lors de mes crises, je me mettais à gesticuler et grimacer comme une possédée, cette incertitude m’aurait rendue dingue. Chaque matin, après une crise, je me réveillais et tout en prenant mon petit déjeuner, j’imaginais ce que j’avais bien pu faire. Mais ce n’était toujours que des suppositions et ce soir, pour la première fois de ma vie, j’allais savoir. Mieux, j’allais voir de mes propres yeux les conneries qui me prenaient dans de tels moments. Je suis vraiment très curieuse, assez impatiente, alors imaginez ce que pouvait bien représenter ce moment. J’étais assise sur ce petit banc en bois, ravie de m’être réconciliée avec l’inconnue et quand je l’invitai à me rejoindre, je vis qu’elle était autant soulagée que moi. Elle s’empressa de s’assoir près de moi et sortit l’appareil que j’avais rêvé de démolir quelques instants plus tôt. Pourtant, à mon grand étonnement, elle ne chercha pas de suite la vidéo. A la place, elle se mit à jouer nerveusement avec son Iphone. Je ne comprenais pas ce qui lui prenait, on aurait dit qu’elle avait un grand moment d’hésitation, comme si quelque chose d’important était en jeu. Cette surprise diminua de beaucoup mon entrain et je faillis lui demander ce qu’elle avait mais me retins de peur de la froisser d’une manière ou d’une autre. Elle releva finalement la tête vers moi et me demanda si j’étais sûre de le vouloir. Ça ne fit qu’accroître mon étonnement, je pensais avoir montré suffisamment d’entrain pour que cette question soit inutile. « Évidemment que je suis sûre ! » Puis je ris en voyant son air grave. Elle se décida enfin à aller dans le menu et appuyer sur play. Je ne parvins pas à retenir un « Aaaah ! » à la fois de soulagement et d’excitation. Mais dès la première seconde de vidéo, je commençai à sentir mon cœur s’emballer dangereusement. Au fond, j’avais toujours peur de ce que j’allais voir. Et si c’était vraiment atroce ? Au moins, quand j’ignorais les réelles mimiques et les étranges gestes que je faisais, j’étais sûre de pouvoir vivre avec. Mais maintenant ? Maintenant que j’allais me rendre compte par moi-même de ce à quoi certaines personnes assistent de temps à autres, est-ce que j’allais arriver à le supporter ? Ça faisait maintenant dix secondes que Nastassia avait mis cette vidéo en marche mais c’était déjà plus que suffisant pour que j’obtienne ma réponse. Mon dieu, c’était pire que toutes les choses que j’avais pu imaginer réunies. Ridicule est un mot trop faible. Mes gestes n’avaient aucun sens, pas la moindre coordination, un bruit vraiment bizarre m’échappait de temps en temps. Et ma tête, mon visage, mes expressions. Je me passai une main nerveuse sur le visage, essayant tant bien que mal de cacher mon effarement. Ce n’était pas possible, ça ne pouvait pas être moi. Je m’appuyai sur le dossier du banc, prenant un faux air décontracté alors que je voulais seulement m’éloigner de cet écran. Le pire dans tout ce que j’étais en train de voir, c’est que je ne me reconnaissais pas. Je savais pertinemment bien quel genre de fille j’étais, je me connaissais par cœur. Bordel, même mes réactions inattendues ne me surprennent plus ! Alors je peux vous assurer que ça, cette pauvre fille, ce n’est pas moi. Je me forçai à regarder pour ne pas avoir l’air de perdre face et après un court instant, j’entendis les rires de Nastassia. Je me tournai à demi vers elle, les yeux écarquillés. Je voyais bien qu’elle essayait de se retenir mais n’y arrivait pas. En me souvenant de son explication, je me dis qu’elle devait se sentir mal de réagir ainsi, elle devait sûrement avoir peur que je reparte dans un accès de rage. Je lui offris un demi-sourire pour la rassurer car il est évident que je ne pouvais pas lui en vouloir de partir dans une hilarité. S’il ne s’agissait pas de moi sur cette vidéo, et croyez-moi j’avais beaucoup de mal à l’admettre, mais d’une personne inconnue, je suis sûre à presque cent pour cent que j’aurai ri autant qu’elle. Si pas plus. Elle s’excusa et je me forçai à joindre mon rire au sien. « Ne t’inquiètes pas, je comprends très bien » Je reportai ensuite mon attention sur la vidéo qui touchait à sa fin.« Et puis c’est vrai que la vidéo est très drôle, il y a vraiment de quoi se remonter le moral en visionnant ça ! » Le sourire que je lui adressai se transforma en grimace, un peu comme celle que font les enfants avant de fondre en larmes. Je n’arrivais plus à cacher l’horreur que j’éprouvais en me voyant agir de cette façon. Je détestais ça. Soudainement, on ne me vit plus à l’image, remplacée par un fond noir, et un soupir de soulagement m’échappa. J’ignorais si Nastassia avait remarqué ma réaction plutôt négative et si ce n’était pas le cas, je ne comptai plus lui cacher. Je me relevai d’un coup en inspirant un bon coup puis m’éloignai de quelques pas. Je commençai à parler en regardant un point derrière elle. « Je dois vraiment avoir l’air bête, maintenant. J’étais tellement impatiente de voir ça après avoir passé toutes ces années dans l’incertitude mais j’aurai du t’écouter. » Elle avait compris, elle, que ça ne serait pas aussi simple de découvrir la vérité. Je ne comprenais que maintenant pourquoi elle avait si longtemps hésité avant de lancer la vidéo et pourquoi elle avait tenu à me demander si j’étais sûre de ce que je demandais. Je ne suis qu’une pauvre idiote et mes élans de curiosité me perdront. « Tu ne dois pas t’en vouloir et t’entendre rire ne m’a pas vexée. C’est vraiment moi et uniquement moi, tu comprends ? Je déteste savoir que parfois je ressemble à…à…cette fille qui se couvre de ridicule. Et savoir que j’ai du faire ces choses en public ! Si ça se fait, il y a des gens sur ce campus qui le savent et se moquent de moi quand je passe dans les couloirs…D’accord, là, je pars en crise de parano mais je n’aurai jamais pu imaginer que c’était à ce point-là ! » Je fis une pause puis repris la parole, cette fois en vissant mon regard sur une étoile. « Et quand je pense que je n’ai jamais voulu aller voir un médecin ! Peut être que mes crises s’empirent et que je n’en sortirai jamais à cause de ma stupide paresse. Oh tu sais, Nastassia, je crois que je vais consulter dès demain pour m’assommer de médicaments. » J’avais sortis une flopée de mots, sans réfléchir et peut être que ça n’avait aucun sens mais maintenant que j’avais sortis ce que j’avais sur le cœur, je me sentais mieux et regardai enfin Nastassia dans les yeux. « Désolée, tu dois me prendre pour une folle de réagir ainsi. » Je la rejoignis ensuite sur le banc que je m’étais empressée de quitter quelques instants plus tôt. L’Iphone était toujours là et semblait me narguer. Je le pris doucement et lentement pour ne pas affoler ma voisine et retournai dans le menu des vidéos. Sans dire un mot, je remis ma vidéo en marche et la revisionnai en silence. Le volume n’était plus baissé et j’entendais les rires de Nastassia, identiques à ceux que je venais d’entendre. Cette fois, je ne laissai rien paraître et la regardai en entier. Une fois finie, je rendis son appareil à Nasta. « Désolée de l’avoir pris sans ton autorisation, d’habitude je me conduis mieux que ça. J’avais besoin de la revoir une nouvelle fois et je crois bien qu’il va falloir que je vive avec et accepte cette partie de moi… » Je haussai les épaules en signe d’impuissance, mes yeux picotaient et j’avais juste envie de fondre en larmes. « Ne la supprime surtout pas, je t’assure que je suis contente que ça te fasse rire. Surtout que d’après ce que tu m'as dit, tu en as bien besoin ! » En me relevant, je m’étirai. « Je ne voudrai pas avoir l’air de te retenir et si tu veux rentrer chez toi, il n’y a pas de problème évidemment mais je pensais que ça pourrait être bien de se promener un peu. Faut dire que notre rencontre est originale et je ne voudrais pas qu’on se sépare sans avoir fais connaissance » Je lui souris de nouveau. Étrangement, je commençais à m’attacher à cette fille qui était bien la première personne au courant de mon somnambulisme à ne pas se foutre ouvertement de ma gueule. J’en ai de la chance, hein ?
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Nael Silvano Sala
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Nael Silvano Sala
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MessageSujet: Re: don't you wanna sleep my broken darling ||Nas don't you wanna sleep my broken darling ||Nas EmptySam 8 Oct - 10:39


A vrai dire, niveau grosses hontes publiques et petits moments de solitude où tout le monde se fout de ta gueule, j'avoue avoir eu plus de chance que la majorité de la population du monde. Bon j'exagère surement un peu. N'empêche qu'en y réfléchissant, jusqu'à aujourd'hui je n'ai pas tellement eu de situations cocasses qui donnent envie de se cacher dans un trou de souris. Des petites hontes, une certaine gène, oui, comme tout le monde. Mais franchement, je n'ai pas à me plaindre. Je ne suis pas une spécialiste des situations loufoques; ce n'est pas avec moi que vous allez pouvoir alimenter le stock de vidéos d'une émission type Vidéo Gag. En effet, j'ai toujours fait rire les gens... Mais de façon contrôlée. Généralement, je ne suis pas du genre à me prendre un poteau dans la figure ou à aller courir à poil dans les rues, même si je suis bourrée. Je ne suis pas maladroite ni somnambule, ça m'évite aussi pas mal de gestes imprévus qui pourraient provoquer l'hilarité générale. Non, décidément côté contrôle de moi-même, j'étais vraiment gâtée. La seule vraie fois où j'ai eu envie de m'enfouir sous terre, c'était quand j'étais encore à la Sorbonne. Je me souviens encore de ce jour... Je devais présenter un exposé. J'y avais travaillé dur, je l'avais peaufiné dans les moindres détails. Allez savoir pourquoi, mais faire cet exposé me tenait vraiment à cœur, et je ne voulais aucune fausse note. Naturellement, il fallait qu'il y ai quelque chose pour tout foutre en l'air. Je montai les marches menant à l'estrade de la salle pour commencer mon petit monologue qui allait durer près de dix minutes. J'avais des chaussures à talon de plus de huit centimètres; une amie avait voulu à tout prix que je les mette. Pas très enthousiaste, je m'étais néanmoins effectuer pour lui faire plaisir. J'avais l'habitude de porter des talons, mais d'aussi hauts, c'était la première fois. Vous devinez sans doute la suite bien sur... Ma cheville lâcha au moment de monter sur la dernière marche. Faisant un roulé-boulé, j'atterris aux pieds de l'un des juges, sous les rires des personnes présentes dans la salle. J'avais envie de pleurer. Moi qui avait voulu que tout soit parfait, je ratais juste parce que j'avais voulu faire plaisir à une amie. Ça m'apprendra tiens, à être sympa ! Cette dernière d'ailleurs, assistait elle aussi à mon exposé et n'était pas l'une des moins bruyantes, au contraire... Après deux minutes, la salle finit enfin par retrouver son calme et je pus présenter mon travail. Mais ma chute m'avait perturbée, mes phrases étaient coupées, mes joues en feu. D'autant plus que le mot "chute" revenait souvent dans mon exposé, provoquant les ricanements de quelques uns de mes caramades. Difficile de croire que j'étais en compagnie de pré-adultes -et adultes- de plus de vingt-ans pour certains. Même après onze minutes de discours, il y avait en effet toujours six ou sept personnes qui rigolaient. Au moins, j'avais récolté la meilleure note niveau humour. Carton plein ! C'était déjà ça de gagné...
En repensant à ça, je me disais que j'avais vraiment de la chance si Effy ne pétait à nouveau pas un câble en entendant mes rires, à la lecture de cette vidéo. Après tout, ce qu'il s'était passé à la Sorbonne ce jour là était ma pire honte. Mais comparé à elle, ce n'était strictement RIEN, et je pesais mes mots. Je n'imaginais même pas ce qu'elle devait ressentir maintenant qu'elle s'était vue. Elle sourit à mes excuses et me rassura, me déclarant qu'elle comprenait mes rires. Elle essaya même de rire; rire qui sonnait faux, mais le fait qu'elle essayait de me rassurer me touchait. Je regardai la vidéo qui s'achevait. L'écran redevint noir et le bouton "replay" apparut sur l'écran. Effy se leva, inspira fortement et commença à s'éloigner. Je crus un instant qu'elle allait partir. Qu'elle avait eu son compte d'émotions pour la journée et qu'elle ne supporterait pas une seconde de plus avec celle qui l'avait filmé. Mais encore une fois, je me trompais. La jeune femme s'arrêta et recommença à me parler tout en regardant dans le vague. Elle se trouvait bête et regrettai d'avoir vu cette vidéo. « Je suis désolé... » Que pouvais-je lui dire d'autre ? Je lui fis un petit sourire confus. J'aurais tellement aimé pouvoir lui effacer la mémoire. Lui enlever cette gène qui devait la submerger. Elle se détestait et ne se reconnaissait pas en cette personne qui faisait la guignol devant une inconnue. Je compatissais sincèrement. Et dire que ce matin même, je pensais encore qu'être somnambule, ce n'était pas grand chose ! En fait, c'était tout le contraire. Il fallait apprendre à vivre avec, et c'était cela que j'étais en train de comprendre en la présence d'Effy. Qui croyait d'ailleurs que j'étais en train de la prendre pour une folle, alors que ce n'était absolument pas le cas. « Tu es loin d'être folle. Et à défaut de vivre la même chose que toi, je comprends maintenant à quel point ça doit être dur. Je te félicite même de ne pas avoir péter un deuxième câble, à ta place c'est peut-être ce que j'aurais fait ! » riais-je essayant de lui faire oublier les images de la vidéo qui tournaient sans doute en boucle dans sa tête. La jeune femme revint alors s'asseoir sur le banc, fixant mon Iphone. Puis doucement, elle prit le téléphone dans ses mains. Je me penchai, voir ce qu'elle cherchait. Elle ne voulait quand même pas se re regarder en pleine crise ? Apparemment si, puisque la jeune femme appuya sur "play". Elle n'avait cette fois-ci pas baissé le son, et je pouvais m'entendre rigoler comme une idiote. Après quelques minutes, l'écran noir réapparu sur l'écran. Je me mordis les lèvres, regardant Effy qui semblait sur le point de pleurer. Elle haussa les épaules d'un air fataliste avant de me rassurer et de me demander de ne pas la supprimer. Ces mots me touchèrent, mais même si elle venait de me montrer qu'elle ne m'en voulait réellement plus, je continuai toujours à ressentir une pincée de culpabilité. Je commençai à bien l'aimer cette fille moi, et pourtant je la faisais quasiment pleurer dès notre première rencontre ! Mais ce qui était fait était fait, je ne pouvais pas remonter le temps hélas... Je me relevai presque en même temps que mon interlocutrice. Elle s'étira, puis me demanda tout en souriant si je voulais me promener dans le parc avec elle, histoire de faire connaissance. Je lui répondis par un « Bien sur ! » enthousiaste. Comme l'avait si bien dit Eff, notre rencontre était bien originale. Se quittait sur un basique "A plus" aurait été dommage... Je commençai donc à marcher, emboitant le pas à la somnambule. Au début, le silence faisait la conversation. De mon côté, j'avais peur de re commettre un faux-pas; j'avais de la chance qu'Effy m'accorde une deuxième chance, même après avoir entendu mes rires sur ses pitreries. A moi de ne pas la gâcher. Je rompis finalement le silence qui s'était formé autour de nous par une petite question toute simple. « Tu es chez les Sampis non ? » demandai-je tout en rivant mes yeux sur les étoiles. Même si un quart d'heure plus tôt je ne connaissais pas mon interlocutrice, je l'avais parfois croisé avec quelques uns de mes amis Sampis et j'en déduisais donc qu'elle appartenait à cette confrérie. « Moi je suis chez les Iotas. C'est plutôt cool comme ambiance. Enfin.. Faut aimer le sport et la compétition quoi ! » J'émis un petit rire et passai la main dans mes cheveux, remettant ainsi une de mes mèches folles à sa place. Pardon ? Comment ça je lançais un sujet de conversation complètement débile ? Vous vous trompez. Parce que si vous ne le saviez pas, les jolies amitiés commencent toujours par des questions toutes simples comme "Tu peux me passer ton stylo ?" ou "C'est quoi ton nom ?". Bien sur, notre rencontre ne s'était pas vraiment déroulée de cette manière. Mais il était temps pour nous de parler d'un sujet neutre qui nous permettrait maintenant à toutes les deux d'oublier ce petit incident. Et même, qui sait, d'accéder à la deuxième étape; devenir amies ? Je ne pensais pas être trop irréaliste en disant cela. Après tout, quelques minutes plus tôt, aucune de nous deux n'auraient songé faire connaissance avec l'autre en se baladant dans le parc de Berkeley. La situation pouvait se renverser encore une fois. Alors, "amies", pourquoi pas ? Je ne savais pas si Effy était sur la même longueur d'onde que moi. Je la regardai, lui sourit puis reportai mon attention sur les étoiles. Il y en avait beaucoup ce soir. La lune était quant à elle pleine, une petite brise douce venait me chatouiller les oreilles. C'était une très belle nuit; bien trop belle pour que ce moment en compagnie d'Effy se termine mal...
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MessageSujet: Re: don't you wanna sleep my broken darling ||Nas don't you wanna sleep my broken darling ||Nas EmptyDim 23 Oct - 17:07

don't you wanna sleep my broken darling ||Nas 5GMi0axUlSjdpB1
I gonna make you laugh
You're welcome!


    On apprend tous les jours en peu plus sur soi, ma rencontre avec Nastassia en était la preuve. Jusqu’à ce soir-là, j’étais certaine de me connaître par cœur. Je peux prévoir chacune de mes réactions, je sais exactement ce qui peut me faire plaisir, je sais quoi faire pour me calmer, pour me rassurer ou pour m’amuser. Je connais mes limites, que ce soit pour mes émotions, capacités, pour la drogue ou pour l’alcool. J’ai toujours été capable de me contrôler et malgré le fait que je sois une dangereuse impulsive, je ne suis jamais réellement surprise par moi-même. Depuis toujours, je suis dans le contrôle de moi-même, du moins j’essaie d’y arriver. J’ai besoin de savoir où j’en suis, ce que je fais et vers où je me dirige. J’ai l’impression d’avoir toujours su qui j’étais : adolescente, je ne me suis jamais posée de grandes questions sur moi-même. Grâce à ces certitudes sur ma petite personne, je pouvais vivre au jour le jour sans me tracasser ; j’avais simplement confiance en moi.
    Puis j’ai eu une crise de somnambulisme en trop, celle qui m’a donné l’occasion de découvrir une partie totalement inconnue de ma personnalité. Je ne sais toujours pas si je dois être reconnaissante envers cette jeune femme qui m’a filmée ou bien si je dois me maudire d’avoir été trop tracassée pendant des semaines, me poussant jusqu’à cette fameuse crise et par conséquent, jusqu’à cette découverte. Le mystère est enfin levé, c’est vrai. Maintenant, je sais réellement comment je suis lors de ces horribles nuits. Finis les suppositions angoissantes et les questions interminables qui tournent en rond mais ne me quittent jamais. Une grosse, très grosse, partie de stress en moins. Pour une autre. Évidemment, le contraire aurait été trop beau ! A partir de maintenant, quand je me réveillerai au milieu de nulle part, je saurai exactement quelle tête j’avais quelques heures plus tôt. Auparavant, c’était l’angoisse de ne pas savoir à quoi je ressemblais. Aujourd’hui, ce sera l’angoisse d’avoir été aperçue par quelqu’un qui pourrait me reconnaître par après.
    Alors que je me faisais toutes ces réflexions, je me dis qu’il devait forcément exister une solution. Je ne suis tout de même pas l’unique somnambule sur cette terre ? Ni la seule à avoir l’air d’un phoque épileptique lors de ses crises ?! Mis à part consulter un médecin, les gens avaient sûrement des petits trucs et astuces pour mieux vivre leur maladie. Je suppose que je pourrai essayer de m’enfermer dans ma chambre pour m’empêcher de sortir à l’air libre mais je ne suis pas certaine que ce soit une méthode très recommandée…Je ne sais pas pourquoi mais j’aimerai éviter les médecins. J’ai toujours eu horreur des médicaments et les rares fois où je dois suivre un traitement, même si j’y mets toute ma bonne volonté, je finis toujours par les oublier à un moment où à un autre, rendant le dit traitement complètement inutile. Et dans ma famille, la seule personne qui se soit un jour souciée de cette particularité, c’est ma grand-mère. Elle se disputait presque avec mon père pour qu’il m’emmène voir un médecin et maintenant que j’y repense, elle avait peut être raison d’insister. Tout ce que j’espère, c’est qu’il ne soit pas trop tard. Et ce que je voudrai de tout cœur, c’est d’être un jour débarrassé de cette connerie.
    Nastassia était une fille vraiment adorable. Je voyais bien qu’elle se sentait toujours un peu coupable et qu’elle était mal pour moi. Après lui avoir avoué à quel point je me sentais stupide, elle s’excusa encore. A cet instant, j’eus l’impression que l’on passait notre soirée à nous confondre en excuses. Vu de l’extérieur, cette situation devait être assez drôle : une fille qui ne cherche qu’à s’amuser un peu pour reprendre du poil de la bête, l’autre qui pique une réelle crise de nerfs. Alors la première se justifie, la deuxième s’excuse aussitôt et ainsi de suite…Nas me comprenait ou du moins, devait arriver à imaginer le calvaire que je vivais de temps en temps. Je l’aimais de plus et tout ce qui aurait pu me déplaire chez elle me paraissait simplement adorable. Comme lorsqu’elle s’était excusée en laissant paraître son malaise et comme maintenant, où sa compassion, à la place de me vexer, me rassurait énormément. J’avais beaucoup de chance d’être tombée sur elle. Je n’ose pas imaginer ce qu’il aurait pu arriver si j’avais été face à une de ces petites garces qui passent leur vie à se moquer des autres. Un meurtre, peut être.
    Après avoir jeté une deuxième fois un œil sur la vidéo, je proposai à Nasta de marcher un peu pour faire connaissance et fus contente de la voir accepter. Par moments, je suis un vrai moulin à paroles. Je devrais plutôt avouer que je parle beaucoup, souvent pour ne rien dire. Je n’ai jamais eu de difficultés à aller vers les autres, pour moi, c’est même naturel. Vous savez, je ne suis pas une fille qui complexe pour un rien ou qui se pose mille questions avant d’agir. Je suis ouverte d’esprit, j’aime parler avec les gens et faire sans cesse de nouvelles connaissances même si elles ne se destinent pas à de grandes amitiés. Alors engager des conversations, ça me connaît. Je sais quelles approches aborder en fonction de la personne que j’ai en face de moi, il m’arrive même quelques fois de mentir sur l’une ou l’autre chose pour rendre la discussion plus intéressante…bref, dans tous les cas, j’arrive à me débrouiller. Mais étrangement, au moment de marcher côte à côte, je ne savais plus quoi dire. Comme si je perdais mes moyens, j’étais dépourvue du moindre mot. Plutôt, je n’arrivais pas à trouver un sujet de conversation. Ça m’a déstabilisée pendant un court instant, moi qui ai toujours eu une imagination débordante. Puis Nastassia décida de casser le silence que je commençais à trouver pesant et sa question, si simple, m’enleva aussitôt la gêne que j’avais éprouvée quelques instants plus tôt. « Oui, c’est exact. Comment est-ce que tu le sais ? Ça se voit tant que ça ?! » lui répondis-je en rigolant. Plus le temps avançait, plus je me félicitais d’avoir rejoins cette confrérie. Elle me correspondait vraiment bien et avait maintenant beaucoup d’importance pour moi. Si j’en avais rejoint une autre, mon parcours aurait été totalement différent et parfois, je me demande justement comment ça se serait passé. Si j’avais rejoints les Sigma, par exemple, pour évoluer au milieu de petits artistes, j’aurai été comme un poisson dans l’eau. Mais peut être que j’aurai finis par être lassée des discussions sur la musique, danse ou théâtre. Ce qui m’a vraiment décidée à rejoindre les rangs des Sampis, c’est la liberté qui s’en dégage. Je peux être moi-même, sans me soucier de devoir faire attention à ce que je fais ou dis. Je me retrouver à une réunion ou une fête et j’oublie aussitôt mes soucis. Peut être qu’il n’y a que moi qui le vis ainsi mais je me suis réellement attachée à cette confrérie qui m’évoque une deuxième famille, aussi importante que la "vraie". Nastassia enchaîna en m’apprenant qu’elle faisait partie des Iotas. A la voir comme ça, j’aurai été incapable de le dire. En réalité, avant qu’elle me l’apprenne, je n’aurai jamais su deviner quelle était sa confrérie. « Oui, j’imagine bien le type d’ambiance… » Je souris vaguement quelques secondes tandis que des images de sportifs fiers de leurs nouvelles performances me venaient en tête. « A vrai dire, je suis assez loin d’aimer la compétition ou le sport en général. J’essaie d’en refaire à cause de ma condition physique qui frise la catastrophe, sérieusement j’ai peur pour mes vieux jours. » Je ris de nouveau mais ne m’arrêta pas de parler. C’était foutu, la machine était mise en marche. « Je suis plutôt du genre fainéante, tu vois ? J’aime bien passer mes journées à manger des chips devant des séries et le pire, c’est que je n’en ai même pas honte ! Du coup, dès que je dois courir après un bus ou faire des marches un peu plus longues que d’ordinaire, je meurs. Je veux dire, vraiment. Effy a disparu et une petite loque essoufflée à la façon d’une asthmatique a pris sa place… » Je parlais d’un ton plus sérieux pour lui faire comprendre que je ne blaguais pas à ce sujet. C’était tout de même affligeant de voir une si belle jeune femme comme moi, en bonne santé, incapable de courir plus de deux mètres !« Enfin, on a assez rigolé à mes dépends pour ce soir, je ne vais pas en rajouter. » J’avais sorti cette simple phrase tout naturellement, sans arrière pensée mais aussitôt après l’avoir dite, je me rendis compte que Nas pouvait mal l’interpréter. Pour éviter de laisser un malaise s’installer, je m’empressai d’ajouter : « Ne le prend pas mal, je ne disais pas ça pour te faire culpabiliser ! Je suis parfois maladroite, tu sais, et ne réfléchis pas toujours avant de parler… » Je me mordis la lèvre inférieure en fronçant légèrement les sourcils, inquiète d’avoir tout foiré. Puis tentai de retrouver la bonne ambiance d’avant en relançant la conversation : « Et qu’est ce que tu suis comme études ? » Puisque les questions banales de Nastassia avait réussi à rendre l’ambiance agréable, j’essayai de faire de même avec les miennes. « Moi, j’ai pris théâtre en double cursus avec la philo cette année. Mon père m’a longtemps empêchée de faire ces études pour des raisons totalement ridicules et je n’ai réussi à le convaincre que cet été. » Je souris fièrement, ce n’était pas facile de faire changer d’avis une tête de mule comme celle de mon père. Je tournai au coin du parc pour nous éloigner des grands arbres et pouvoir se promener là où la lune éclairait suffisamment. J’ignore l’heure qu’il pouvait être mais ne m’en souciais pas. Avec un peu de chance, j’étais en train de me faire une nouvelle amie.
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