Que venait-elle faire là ? Andrew avait passé une grande partie de la journée dans une librairie, à signer des autographes pour des fans de son livre. Seulement, parmi toutes les personnes présentes, il avait fallu qu’il tombe sur elle. Cette jeune femme qui lui rappelait une des conquêtes qu’il avait eues. Il ne se souvenait pas de toutes. Certaines n’étaient restés que rapidement, alors qu’avec cette femme là, Charlotte, il ne pourrait pas l’oublier. Il n’était pas tombé amoureux d’elle, mais ils avaient passés plusieurs nuits ensemble, avant qu’il n’apprenne qu’elle allait se marier. Après cela, il avait eu de vagues nouvelles. Finalement quelques années plus tard, il avait fait la connaissance de Lauralynn, la fille de Charlotte. Alors là ça avait été un choc pour l’homme. Elle ressemble tellement à sa mère qu’il avait cru l’avoir en face de lui. Puis, ils s’étaient revus pour des occasions bien moins joyeuses, avec son opération du cerveau, la mort de son père et un accident survenu à Alexis. Seulement Andrew devait avouer qu’il était partagé. Ayant de bons souvenirs avec Charlotte, il avait envie de connaître sa fille, mais en même temps, il n’avait pas envie que Cheyenne apprenne toute cette histoire. Alors aujourd’hui, en ayant vu Lynn à la séance de dédicace, il s’était sentit réellement mal à l’aise. Encore pire que quand Cheyenne lui dit quelque chose d’embarrassant. Et déjà que Cheyenne était douée pour le mettre mal à l’aise, alors imaginé sa surprise face à Lynn. Il avait essayé de faire bonne figure, d’être souriant, agréable, poli, mais en fait il avait plus bégayé qu’autre chose.

A la fin de la séance de dédicace, il avait hésité à aller voir si la jeune femme était toujours là. Seulement, il avait préféré ne pas faire de vagues et donc il était rentré directement chez lui. Une fois là-bas, il ne vit personne. Enfin il vit plutôt un bout de papier sur la table de la cuisine. Cheyenne et Alexis étaient partit faire quelques magasins, apparemment pour des choses « pratiques » pour la naissance des jumeaux et Martha devait ensuite les rejoindre. Donc, elles devaient revenir toutes les trois en même temps. Ca allait être dur de les écouter parler vêtements et autres. De toute façon Andrew avait déjà commencé à s’occuper de la chambre des futurs enfants et seule Alexis y avait accès. Même la mère d’Andrew, Martha, ne pouvait pas y aller. Il savait très bien qu’elle aurait dû mal à tenir sa langue et à ne pas laisser échapper des indices. Alors, après avoir mangé un sandwich et prit un soda, Andrew était partit regarder un film. Il était dix-sept heures, donc pas grand choses d’intéressant en soit. Mais il zappa et tomba sur un vieux film qu’il n’avait vu qu’une seule fois. Autant en profiter après tout. Ayant finalement finit de manger et après avoir été jeté sa canette de soda à la poubelle, il était revenu s’asseoir devant la télévision pour finir de voir son film. Seulement deux ou trois minutes après, il entendit sonner à la porte. Ca ne pouvait pas être les filles, elles avaient la clé. Ca ne pouvait pas non plus être Maria, elle était partit en vacances et il savait qu’elle devait sans doute penser à son mariage, plus qu’à venir le voir lui. Eteignant la télévision, il alla donc ouvrit la porte. A nouveau le poisson rouge !

Bonsoir.

C’était tout ce qu’il avait trouvé à dire. Totalement bête, idiot et tout ce que vous voulez. Seulement, il ne s’attendait pas à voir la jeune femme ici. Il pensait qu’ils se croiseraient plus à l’hôpital où elle travaille ou par hasard en ville, mais jamais ici, chez lui.

Je peux vous aider ?

Paraître neutre et détaché, pas sûr que ça marche, mais ça peut être un bon début.

Andrew Holden…Etoile montante de la littérature si on en croyait les grands libraires de San Francisco, emmerdeur comme on en fait plus pour d’autres, et homme sans envergure pour le restant des personnes qui le connaissaient. Pour Lauralynn, c’était quelqu’un de suffisamment charismatique et culotté pour écrire un bouquin, et une mine d’or d’informations concernant sa mère. Elle ne lui vouait pas de culte, ne le traitait pas mieux que les autres et n’adoptait pas d’amabilité façon « loukoum oriental », mais elle ne détestait pas sa compagnie et n’avait pas manqué de dévorer son roman en une nuit. C’était de plus en plus rare qu’elle ne s’attarde sur un livre, pourtant, surtout en ce moment. Ses gardes s’enchaînaient, et la préparation en vue de sa spécialisation en Neurochirurgie n’arrangeait rien au peu de temps libre qu’elle avait. La seule chose qui faisait tenir Lynn face au manque de sommeil, c’était sa détermination, son feu sacré face à la Médecine, véritable vocation, et le fait qu’elle veuille à tout prix que ses parents soient fiers d’elle, bien qu’ils ne soient plus là pour constater de sa réussite. Aussi, ce n’était pas pour harceler ce pauvre Andrew qu’elle se rendait à son appartement, mais bien pour donner les derniers résultats d’examens de Cheyenne, une femme enceinte très attachante dont Lynn s’était souvent occupée ces derniers temps. Comment aurait-elle pu deviner qu’ils habitaient ensemble et qu’Andrew était le père des jumeaux que la jeune femme attendait ? Ce fut un choc sans nom lorsque la porte du dit appartement s’ouvrit et qu’elle se trouva nez à nez face à l’écrivain. Lynn aurait payé cher pour voir sa propre tête dans un miroir à ce moment là, car cela devait être du plus haut comique. Ses yeux étaient marqués par la surprise, seuls ses traits demeuraient aussi impassibles que possible. Il fallait dire qu’à la longue, elle avait de l’entraînement. Lorsqu’il fallait annoncer de mauvaises nouvelles aux familles des patients, c’était bizarrement toujours Lynn que l’on envoyait à l’abattoir. C’était d’ailleurs sûrement la raison pour laquelle ce cher Andrew avait beaucoup de mal à soutenir une conversation avec la demoiselle plus de cinq minutes, depuis qu’ils s’étaient croisés une première fois à l’hôpital et qu’elle lui avait apporté une très mauvaise nouvelle au sujet du père de celui-ci. Lynn n’était nullement responsable, pourtant : Elle n’avait été que spectatrice à l’époque pendant l’opération, mais il fallait bien un bouc émissaire et Lynn avait sûrement le profil parfait. Elle n’était aucunement mal à l’aise, cela dit. Elle ne faisait que son métier, davantage même, et mettait en avant le fait d’apprécier suffisamment Cheyenne pour lui apporter un dossier contenant ses résultats…Excellents, il allait sans dire.

LYNN – « Bonsoir. Excusez-moi de vous déranger, je cherchais Madame Hutchinson…Elle est ma patiente et je souhaitais lui remettre ses derniers résultats d’examens. Tout est normal, je vous rassure. Je passais simplement près d’ici et je me suis dit que c’était l’occasion. »

Il fallait dire qu’elle connaissait les craintes de Cheyenne face à sa grossesse et n’importe qui de suffisamment avenant avec ses patients en aurait fait de même. C’était donc d’autant plus étonnant qu’Andrew soit si distant avec elle : Il était extrêmement difficile de détester Lynn sur la durée. Non seulement elle était diablement attachante, mais elle savait toujours faire les pirouettes de rattrapage les plus formidables pour faire en sorte de ne pas être haïe. De son côté, elle avait plus souvent de la rancœur pour les autres que les autres n’en n’avaient à son égard…

LYNN – « Alexis va bien ? Nous devons nous rendre à un gala de charité dans la soirée et comme je n’arrive pas à la joindre sur son cellulaire, autant que je vous demande à vous… »

Un mince sourire se dessina peu à peu contre ses traits encore enfantins tandis qu’elle imaginait le choc de cette nouvelle sur Andrew. Il y avait fort à parier pour qu’il souhaite accompagner les deux demoiselles à ce fameux gala, au cas où il s’agirait d’une soirée peu recommandable dans laquelle Lynn emmènerait Alexis. Ce qu’il ignorait probablement, c’est que Lynn n’était pas une menteuse invétérée et qu’elle ne se serait jamais permise d’embarquer quoi que ce soit dans des galères sans nom…Bien au contraire. D’autant plus qu’Alexis adorait Lynn et que cette affection était tout à fait réciproque, n’en déplaire au Papa. Surtout en sachant qu’elle était parfaitement capable d’imaginer ses craintes et d’y répondre avant même que celles-ci ne naissent dans son esprit.

LYNN – « Cela ne vous dérange pas, j’espère ? Je me lève très tôt demain, aussi elle sera rentrée de bonne heure. J’ai prévu de prendre un taxi pour ne pas avoir de soucis. »