Finalement je ne connaissais pas grand-chose de qui était vraiment Maël. Je connaissais l’image que tout le monde avait de lui, l’image qu’il cherchait à donner, tout comme je le faisais moi-même avec cette image de fille totalement sûre d’elle et prête à coucher avec pleins de garçons. Je savais que Maël avait une réputation de coureur de jupons, je savais qu’il avait l’air assez sûr de lui aussi dans son genre et depuis peu je connaissais son passé. Il est vrai que ça c’était franchement énorme, je me doutais bien que peu de gens connaissait cette partie de la vie du jeune homme et ça me donnait déjà une meilleure idée de qui était ce jeune Lefevre. Je ne pouvais qu’éprouver un peu de peine pour lui, sans le montrer bien sûr, son passé n’avait franchement pas dû être facile et c’est pourquoi je n’osais tout simplement pas lui poser plus de questions à ce sujet. Je savais à quel point ça pouvait être difficile de parler de son passé quand on en a pas franchement envie vu que notre passé est trop dur et révèle un peu trop de chose sur nous qu’on aimerait garder pour nous. Mais à part tout ça, ce qui était déjà pas mal c’est vrai, je ne connaissais pas vraiment Maël, je ne sais rien sur son présent surtout et sur sa personnalité, son réel caractère. Même si j’ai pu voir qu’il aimait bien m’embêter, je ne sais pas grand-chose de plus sur lui et c’est bien dommage. Après tout peut-être que lui et moi on pourrait très bien s’entendre si on faisait un peu l’effort d’apprendre à se connaître. Mais moi-même je ne savais pas vraiment si j’avais envie de lui parler de moi plus que ce que j’avais déjà fait. Ce n’était vraiment pas facile de se dévoiler ainsi. Mais enfin il valait mieux ne pas trop se poser de question à ce sujet et laisser les choses se faire comme elles viennent et voilà. Nous allions devoir passer tout un week-end ensemble à présent donc on allait bien voir comment les choses allaient se passer, comment nous allions survivre à tout ça, etc. Enfin en tout cas en entrant dans la chambre j’avais découvert un endroit franchement magnifique et ça me rassurait déjà un peu. Ces vacances allaient être magnifiques sans aucun doute. Je regardais Maël avec un petit sourire en lui demandant s’il avait une préférence pour le lit, pour ma part ça m’était de toute façon totalement égal. Mais c’est là que j’ai appris qu’il ne serait là que quelques jours ce qui voudrait dire que je n’allais pas le croiser tout le temps et ça m’arrangeait plutôt bien parce que je n’étais pas encore franchement à l’aise en sa présence. Ah d’accord, tu ne veux pas rester la semaine ? J’espère pas que c’est à cause de moi que tu ne veux pas rester. Je sortais ensuite quelques affaires de mon sac pour me préparer à aller prendre une bonne douche. Je le prévins avant de partir. Une fois sous la douche je commençais par chanter une chanson connue et j’en oubliais rapidement la présence de Maël dans l’autre pièce. C’était tellement bizarre je n’arrivais pas vraiment à m’y faire et je prenais du coup peut-être un peu trop mes aises. Sans m’en rendre compte j’enchainais sur une chanson que j’avais composée moi-même une chanson sur mon père, une chanson sur le fait qu’il me battait. Une chanson que je chantais très souvent, sans doute une de mes meilleures compositions. A chaque fois que je la chantais j’avais l’impression de revivre ces jours de cauchemar. Vous me direz alors pourquoi je le chante si ça me rappelle de mauvais souvenir ? C’est vrai que ça peut paraître idiot, mais en même temps ça me permet de sortir toute la haine que j’éprouvais à cette époque et que je gardais bien trop profondément. En plus vu que maintenant je ne parle à personne de mon passé il y a beaucoup de choses qui sont bien enfouies au fond de moi et qui auraient envie de sortir de temps en temps. C’est à ça que me serve mes chansons. Le problème c’est que je me suis rappelée environ au milieu de ma chanson de la présence de Maël dans l’autre pièce. Je m’arrêtais immédiatement. Quelle idiote, comment j’avais pu oublier sa présence franchement ?! Je n’en revenais pas que j’avais pu faire une erreur pareil. Je sortis de la douche un peu toute retournée, non seulement parce que je m’étais rappelée de la présence du jeune homme à la crête, mais aussi parce que cette chanson me rendait toujours un peu dans cet état-là, je n’y pouvais rien c’était comme ça. Se souvenir de tout ça ce n’est jamais franchement facile. Lorsque je sortis de la salle de bain j’évitais tout simplement de regarder dans la direction de Maël. Il n’avait peut-être pas fait attention à ce que je chantais, ou peut-être que si, je n’en savais rien et je ne voulais finalement même pas savoir. Je me concentrais plutôt sur ma valise où je remettais quelques habits dedans, me concentrant pour les plier et ainsi éviter de relever la tête et me retrouver face à Maël. Je m’arrêtais cependant net durant l’un de mes mouvements alors que Maël venait de me demander si je voulais en parler. Bien sûr que je voulais en parler, je savais très bien que j’avais besoin de sortir tout ça une fois, que ça me ferait du bien de vraiment en parler à quelqu’un dans les détails et de pouvoir me laisser aller une fois. Laisser sortir ma colère et mes larmes qui restaient depuis trop longtemps à l’intérieur. Mais en même temps je ne voyais pas comment je pourrais en parler à Maël. Il n’était peut-être pas le mieux placer pour m’écouter et il n’allait certainement pas se sentir très à l’aise quand il allait m’entendre en parler et me voir pleurer. Mais je n’en pouvais tout simplement plus. Je ne pouvais pas continuer à garder ça au fond de moi indéfiniment, si ça ne sortait pas un jour j’allais finir par devenir complètement folle. Et puis c’était lui qui m’avait proposé non ? Si je le faisais il n’avait donc rien à se plaindre, je ne lui imposais rien du tout il avait choisi de m’écouter il n’avait qu’à en assumer les conséquences non ? J’hésitais, je laissais retomber l’habit que j’avais commencé à plier dans ma valise et je m’asseyais au bout de mon lit, fixant le mur qui se trouvait juste devant moi. Ce n’était jamais facile, ça le sera jamais de toute façon et il fallait que je me fasse à cette idée. Il ne me restait donc plus qu’à faire pour une fois un effort et libérer un peu mon corps de se poids qui reste constamment dans ma poitrine. En plus ce n’était pas comme si Maël ne connaissait rien de l’histoire. Je tournais la tête vers le jeune homme, le regardant quelques secondes dans les yeux puis je baissais le regard avant de respirer profondément. Je n’arrivais pas à croire que j’étais encore sur le point de me confier à lui. Mais peut-être que finalement il était plus facile pour moi d’en parler à lui qu’à qui que ce soit d’autre. Il m’avait fallu du temps pour en parler à Holly alors que je la considérais comme ma petite sœur et encore elle ne connaissait que le grand résumé de l’histoire alors que Maël était sûrement sur le point d’en connaître les détails, des points que je n’avais jamais racontés. Je n’avais pas besoin de parler des faits, mais plutôt de mon ressentis pendant ces faits. De ce que ça me faisait à moi… Tu sais les premiers jours je ne pensais vraiment pas que j’allais endurer ça pendant 5 ans. Je pensais que c’était une simple passade, mais très vite j’ai compris que ce n’était pas le cas et je priais sans arrêt qu’il ne revienne pas le soir suivant. Mais il revenait à chaque fois. Il m’arrivait d’avoir des jours de répit, voire même des semaines… C’était bien, mais en même temps je savais qu’il allait revenir à n’importe quel moment. Je voulais simplement qu’il me montre qu’il m’aimait… J’ai eu le malheur de demander un peu de son temps pour qu’il me montre son affection… Je ne savais pas si Maël écoutait vraiment ce que j’étais en train de lui dire, il en avait peut-être rien à faire de mon histoire je n’en savais rien. Mais je savais juste que ça me faisait du bien d’en parler et finalement ça m’était égal qu’on m’écoute ou pas, du moment que je pouvais laisser sortir un peu tout ça. Je fixais à nouveau le mur en face de moi et une larme coula sur ma joue. Je ne voulais pas trop m’étaler, je ne voulais déranger Maël, il devait déjà être assez mal à l’aise comme ça sans que j’en rajoute encore des couches.

Il est vrai que Jordan ne connaissait strictement rien de Maël, et elle s'était contentée de le juger plutôt que de faire doucement sa connaissance, malgré le fait que le beau brun à la crête n'était pas vraiment du genre ouvert à ce genre de chose. Jamais il n'avait aimé se rapprocher de quiconque. Ce n'était pas contre elle, ce n'était pas contre d'autres personnes, simplement il n'aimait pas cela, et il ne comptait pas changer à ce sujet. Pourquoi faire ? Visiblement, même en se rendant le plus détestable possible, certaines personnes arrivaient encore à s'attacher à lui, bien que lui n'était pas vraiment enclin à l'attachement. Contrairement à eux, le jeune Lefevre avait besoin de quelque chose en retour, on n'a rien sans rien après tout aujourd'hui, et il ne comprenait pas pourquoi, malgré le fait qu'il montrer tout ce qui était possible de montrer chez lui, sauf de l'affection, certains s'obstinaient encore. Il avait besoin de quelque chose en retour oui, et il se doutait bien que chez les autres ça devait sans doute être la même chose. Ainsi, il était normal à ses yeux qu'il en ait dévoilé un peu plus sur lui et sur son passé à la jeune Calabresi, puisqu'elle l'avait bien fait. Bon en même temps elle avait été quelque peu obligée puisqu'elle aurait bien été forcée un jour ou l'autre de dire au beau brun à la crête pourquoi elle le détestait tant. Et lui, il avait tenté tant bien que mal de se défendre face à ses accusations. Il n'était pas comme elle l'avait décris, il pouvait être absolument tout ce qu'elle souhaitait qu'il soit, mais pas ce genre de chose. Et le fait qu'elle l'imagine ainsi l'avait en quelque sorte poussé à révéler quelques petites choses sur son propre passé à lui. Oui, son passé expliquait bien des choses, comme par exemple le fait qu'il tentait par tous les moyens de se rendre détestable par peur de s'attacher à quelqu'un un jour. Il avait une peur panique du mot adieu, et il voulait éviter cela par n'importe quelle manière, et à ses yeux, il avait bel et bien choisi la meilleure. Bien évidemment il tentait de fuir, quoi de plus normal dans son cas ? Non seulement il ne faisait pas confiance aux femmes, bien au contraire, et c'est pourquoi il se contentait simplement de coucher avec elles, mais il ne faisait pas non plus confiance aux hommes. Il ne fallait pas oublier que c'était son père qui l'avait mis dehors. Oh ça non il ne risquait pas de l'oublier, bien au contraire même. Ses mots, tous plus blessants les uns que les autres restaient gravé dans la mémoire du jeune français. Il avait eu l'habitude d'être blessé ainsi par ses deux parents, mais jamais il n'aurait cru une seule seconde qu'ils le ficherait à la porte. Comment peut-on mettre son enfant à la rue, à quinze ans, en pleine nuit, alors que l'on sait parfaitement qu'il ne saura pas rebondir sur ses pattes, ou tout du moins pas dans l'immédiat, car au fond, Maël estimait qu'il s'en était plutôt pas mal sortit, ça aurait pu être bien pire après tout, c'était certain. Quoi qu'il en soit, il avait toujours imaginé dans sa tête que si jamais il devait quitter le domicile familial, il le ferait de lui-même. Jamais il n'aurait cru subir une telle humiliation de la part de ses parents. Aussi, jamais il n'aurait cru partir de chez lui sans même dire au revoir à sa petite sœur, à qui il n'en voulait absolument pas. La pauvre était née, elle était arrivée dans ce monde, et avait tout de suite été préférée à son frère. Il ne pouvait pas lui en vouloir non, car toute l'affection notamment qu'elle avait reçu, il l'aurait bien voulu pour lui tout seul. Par conséquent, il ne pouvait absolument pas lui en vouloir d'en avoir un peu, voire même beaucoup profité. Du coup, même si elle n'en avait pas vraiment besoin, il avait toujours été là pour elle, à la protéger, à faire tout ce qu'il pouvait pour qu'elle soit heureuse, et fière de son grand frère. Il lui avait même très souvent menti pour ne pas qu'elle reproduise les mêmes erreurs. Mais malgré son jeune âge, elle avait tout de suite compris ce qu'il se passait chez elle, ce qui clochait, tout du moins dans les grandes lignes, entre Maël et leurs parents. Et malgré son jeune âge aussi, elle avait toujours pris sa défense, et c'est aussi pour cela qu'il ne pouvait vraiment pas lui en vouloir. Pourtant, le beau brun à la crête était une personne très rancunière. Jamais quelqu'un n'était parvenu à obtenir son pardon, et jamais sans doute il ne l'accorderait. Ainsi, ses deux parents pouvaient mourir demain, il n'en avait strictement rien à foutre. De plus, il ne le saurait sans doute jamais. Il ne savait même pas si ils habitaient toujours sur Bordeaux, ni même ce qu'ils étaient devenus depuis huit ans, et très franchement, ça ne l'intéressait absolument pas. Il ne voulait plus rien avoir à faire avec ces gens, il avait déjà bien trop souffert, et aujourd'hui, on pourrait croire le contraire, mais il avait tourné la page. Sa haine s'était peu à peu estompée, même si elle était toujours présente, quoi de plus normal. Mais le temps aidait beaucoup. Et il était persuadé que c'était la même chose du côté de la jeune Sigma, même si absolument rien n'était comparable. Le jeune brun avait certes vécu un calvaire, mais pas autant qu'elle. Ainsi, devant elle, devant la seule personne qui connaissait à peu près ce qu'il s'était passé durant son enfance, il n'osait pas se plaindre, tout simplement parce que tout semblait tellement minime et futile à côté de tout ce qu'elle avait pu vivre. À côté d'elle oui, le jeune homme se sentait ridicule de dire haut et fort qu'il n'avait pas eu un passé facile, même si à ses yeux c'était la stricte vérité. Oui, la demoiselle pouvait s'estimer heureuse d'avoir encore sa mère pour la soutenir. Le beau brun lui n'avait malheureusement plus personne, et c'était une sensation des plus désagréables, pour ne pas dire la pire ! Quoi qu'il en soit, il ne comptait pas se pourrir le week-end avec toutes ces histoires de passé, il n'était pas là pour cela. Week-end oui, car il ne pouvait tout simplement pas se permettre de rester plus longtemps. « Non non, mardi je reprends le boulot donc je suis obligé de rentrer... » Pitié qu'elle ne lui demande pas quel boulot il faisait, pitié qu'elle ne lui demande pas quel boulot il faisait ! Certaines étaient déjà au courant, tout simplement parce qu'elles étaient tombées sur lui alors qu'elles faisaient une petite fête entre amies, mais le beau brun n'avait encore parler de cela à personne. Mais qui sait, puisqu'il avouait tout ses petits secrets à la demoiselle, un de plus ou un de moins, ça n'allait pas changer grand chose de toute façon... En parlant de ce genre de secret, il posa peut-être la question de trop lorsqu'elle sortie de la douche et revint dans cette chambre très spacieuse. Il n'était pas certain qu'elle veuille en parler, et c'était tout à fait normal, mais au moins il avait eu la délicatesse de le lui demander. Pour une fois qu'il se montrait sympathique, tout du moins le plus qu'il le pouvait, autant en profiter. Mais visiblement, puisqu'il n'y avait plus aucun secret entre eux ou presque, la jeune femme se décida à parler. Après tout, c'était tellement plus facile de parler des choses difficiles justement à quelqu'un que l'on ne connaissait pas, ou presque pas. Et cela se voyait qu'en parler lui faisait un bien fou. Peut-être que le jeune brun pourrait un jour ressentir cette sensation qui sait, mais à ses yeux Jordan n'était pas vraiment la personne avec qui il devrait en parler plus en détail, mais bel et bien Holly, puisqu'elle le bassinait assez sur le fait qu'il ne lui disait rien de son passé, de son présent, rien de rien en réalité. Lorsqu'elle ouvrit la bouche, le jeune Lefevre se leva de son lit pour aller rejoindre la jeune femme sur le sien. Il s'assit au bord de ce fameux lit donc, et l'écouta parler. Il n'était pas doué pour réconforter les gens, surtout qu'elle pleurait devant lui pour la seconde fois tout de même. « Faut que tu comprennes que c'est pas ta faute aussi, c'est entièrement la sienne. » Les jeunes femmes battues avaient tendance à croire que c'était mérité, qu'elles l'avaient cherché et que par conséquent elles n'avaient pas à se plaindre, mais ce n'était absolument pas le point de vue du beau brun, bien au contraire. On pouvait lui reprocher beaucoup de choses, mais une chose était sûre et certaine, il était loin d'être quelqu'un de macho.

Finalement je ne devrais apparemment pas supporter Maël très longtemps. Enfin supporter… C’était peut-être un peu méchant à présent de voir les choses comme ça. Après tout le jeune homme n’est vraiment pas si insupportable que ça, loin de là. Il est même plutôt discret et il ne parle pas beaucoup donc franchement il n’y avait rien de difficile à supporter chez ce garçon. Mais ma fois je l’avais détesté pendant tellement de temps maintenant qu’en le revoyant je ne pouvais m’empêcher de repenser à ça, mais surtout je ne pouvais m’empêcher de penser au fait que je lui ai raconté mon passé. C’était ça le plus difficile là-dedans. Mais enfin si le jeune homme avait prévu de ne pas rester je ne risquerais pas d’être confrontée très souvent au fait de devoir lui parler de toutes ces choses que j’aurais mieux fait de garder pour moi. J’apprenais au passage que s’il ne restait pas c’était parce qu’il allait bosser. Bah oui dans la logique des choses pas mal d’étudiants ont un travail durant l’été pour pouvoir gagner un peu d’argent pour vivre. Et oui ma fois on n’a pas tous papa et maman derrière nous. Pour ma part j’avais de la chance ma mère m’aidait beaucoup pour payer mes études, mais j’avais quand même fait quelques boulots par-ci par-là comme je le faisais déjà en Italie de toute façon. Mais Maël lui s’était fait mettre dehors par ses parents lorsqu’il avait 15 ans. C’était ce que j’avais appris en même temps que je lui avais parlé de mon passé, comme quoi ça avait eu au moins son avantage j’en apprenais plus sur le beau jeune homme à la crête. Il avait donc dû apprendre à se débrouiller tout seul depuis là et je pensais bien qu’il ne pouvait donc pas vraiment se permettre de rester des semaines et des semaines en vacances. C’était tout cet argent perdu en plus et quand on doit se débrouiller complètement seul on a meilleur temps de bosser le plus possible durant nos vacances. Ce n’est pas facile, ça je voulais bien le croire. Je ferais bien quelque chose pour aider le jeune homme, mais ma mère ne m’envoya pas non plus une grande fortune. J’avais en fait tout juste de qui subvenir à mes besoins pendant le mois et parfois je pouvais me permettre quelques petites folies si j’économisais bien, mais jamais grand-chose. Je regardais le jeune homme avec un petit sourire, je me demandais ce qu’il faisait comme métier. Certainement barman, comme beaucoup d’étudiants. C’était généralement quelque chose qui payait plutôt bien vu que la plupart des heures se font de nuit, mais bon ce n’était pas non plus le métier qui rapportait un salaire de ministre. Mais quand on est étudiant ma fois on prend ce qu’il y a c’est comme ça. Jouer le pénible dans ce genre de situation n’est franchement pas la meilleure des solutions. Ah d’accord et tu travailles où ? Je m’intéressais tout de même un peu à la vie du jeune homme, après tout maintenant que je n’avais plus de raison de le détester autant apprendre à faire un peu sa connaissance. Enfin bref, après ça je me rendais sous la douche et le jeune homme était si discret que j’en oubliais sa présence en à peine deux minutes. En même temps ce n’était pas comme si j’avais l’habitude de me trouver dans la même chambre que le jeune homme. Loin de là même. Je sortais de la douche un peu gênée vu la chanson que j’avais chanté et Maël me demanda si je voulais en parler. On ne m’avait jamais posé cette question à vrai dire et je me posais immédiatement au bout de mon lit, fixant le mur devant moi je commençais à parler de mon passé sans vraiment penser à qui je parlais. J’avais juste besoin de le faire, besoin de me vider un peu. Comme toujours je remettais la faute sur moi, comme si c’était moi qui avait fait quelque chose de travers et qui avait donc mené mon père à faire ça. En quelques sortes c’était le cas vu que je m’étais plaint à ma mère parce que j’avais l’impression qu’il ne m’aimait pas. C’était l’élément déclencheur du reste et du coup je m’en tenais un peu pour responsable. Mais c’était idiot, totalement idiot parce qu’il l’aurait peut-être fait même si je n’avais rien dit. Il devenait de toute façon de plus en plus agressif. Mais comme me le fit remarquer Maël après qu’il se soit déplacé jusque sur mon lit, ce n’était pas de ma faute mais entièrement de la sienne et je n’avais donc pas à m’en tenir responsable. Oui je savais bien tout ça, mais pourtant je n’y arrivais pas vraiment. Je savais que mon père avait un très bon fond en réalité. C’était uniquement l’alcool qui l’avait rendu comme ça et je lui en voulais à lui et à ma mère de ne pas avoir cherché à faire quelque chose comme ça. Mais ensuite je m’en voulais de lui avoir fait la remarque qu’il ne portait pas assez d’attention à sa fille unique. Enfin ma fois les choses s’étaient passées ainsi et je ne pouvais rien y faire. C’était impossible de revenir en arrière il fallait vivre avec et c’était très difficile. J’en faisais encore des cauchemars le soir qui me réveillait au milieu de la nuit en sursaut ou alors je me surprenais d’être en train de crier. Enfin bref, ce n’était pas toujours très beau à voir. Mais c’était comme ça. Je tournais la tête vers Maël. Ce garçon avait un bon fond finalement, un très bon fond. Je n’avais simplement jamais cherché à creuser un peu plus profondément, je n’avais vu que la surface et le fait qu’il ressemblait à mon petit copain. Bon vous comprenez bien que dans mon passé la partie qui m’a le plus marquée a été celle avec mon père et non celle avec mon petit copain. Dison qu’avec Roman c’est la goutte qui a fait déborder le vase, mais c’est mon père qui l’avait autant rempli avant que Roman ne fasse la même chose. Je sais que ce n’est pas de ma faute, mais en même temps si je n’avais rien dit peut-être qu’il n’aurait rien fait… J’en sais rien. Mais ce qui est fait est fait, il faut vivre avec. Je n’y arrive pas vraiment. C’est bien joli de se faire passer pour la super dragueuse carrément sûre d’elle alors qu’en réalité je suis tout le contraire. Alors qu’en réalité je fais des cauchemars tous les soirs que je pleure tout le temps dès que je suis seule. Elle est bien belle mon image de la fille dure à cuir, mais elle est bien loin de la réalité aussi… Je ne savais pas pourquoi j’avais dit tout ça. Je ne savais surtout pas pourquoi j’en avais parlé à lui. Peut-être parce que c’est plus facile d’en parler à un inconnu. Oui sûrement. Mais je ne comprenais pas pourquoi je le faisais comme ça et pourquoi je continuais encore d’en parler. Je semblais soudainement reprendre mes esprits, comme si pendant quelques instants je m’étais retrouvée dans un autre monde. Je me levais soudainement du lit, je continuais de pleurer, bien sûr je le faisais toujours quand je repensais autant que ça à mon passé, je n’y pouvais rien c’était plus fort que moi ! Je ne regardais cependant plus le jeune homme. Enfin désolée de te déranger avec ça. Je ne voulais vraiment pas qu’il se sente obligé de m’écouter, qu’il se sente obligé de me consoler, de me dire des mots réconfortants. Je sais très bien à quel point on peut être gêné dans ce genre de situation. On ne sait plus vraiment quoi dire, on ne sait plus vraiment quoi faire. Je ne voulais pas le mettre dans cette situation-là. Il avait déjà été considéré comme un mec qui pourrait battre une femme à cause de moi. Bon ce n’était pas comme si j’avais lancé une rumeur qui aurait fait le tour de l’université et que toutes les filles le voyaient comme ça à présent. Non loin de là. C’était quelque chose que j’avais gardé pour moi. La preuve même lui n’était pas au courant jusqu’à peu de temps. En même temps je n’allais pas le crier sur tous les toits parce que ça m’obligerait à parler de ma vie et ça je ne le voulais vraiment pas. Mais en plus je ne voulais pas non plus gâcher la vie de ce garçon. C’était une haine personnelle je ne cherchais vraiment pas à ce que tout le lycée le fuie. Non ce n’était vraiment pas dans mon genre de faire ça. Mais enfin encore une fois je le mettais dans une situation inconfortable. Encore une fois je pleurais devant lui et je m’en voulais. Je m’en voulais vraiment de lui faire ça. Mais c’était plus fort que moi, je n’y pouvais rien, j’étais partie sur ma lancée. Je lui parlais de mon passé comme si je lui parlais du temps, bon avec un ton totalement différent, mais ça sortait facilement, comme si c’était normal pour moi de me confier à lui, alors que ça ne l’est pas du tout.

Maël trouvait cela réellement dommage de ne pas pouvoir rester à Cancun bien plus longtemps à cause de son travail. Car oui, il aurait aimé rester plus longtemps, profiter du soleil et de la belle vue, plutôt que de devoir retourner à San Francisco, même si ce endroit signifiait aussi vacances à ses yeux. Il est vrai que là-bas, contrairement à ce qu'il avait connu auparavant, autrement dit Paris, il se sentait bien, et avait l'impression d'être de temps en temps à sa place. C'était une sensation qu'il avait rarement connu, pour ne pas dire jamais en France, et qui était très plaisante. Il devait même avouer qu'aujourd'hui il y avait pris goût. Malheureusement, il savait parfaitement que les bonnes choses ne duraient jamais, qu'elles prenaient toujours fin, par conséquent, il tentait par tous les moyens de calmer son enthousiasme, même si ce n'était pas toujours facile. Il n'était pas le genre de personne qui exprimait facilement ses émotions, bien au contraire, et on lui avait bien souvent reproché ce genre de chose, et pourtant pour le coup, la joie ne pouvait s'empêcher d'habiter son beau visage. Des vacances entièrement gratuites dans un endroit aussi paradisiaque que celui-ci, n'était-ce pas le rêve ? N'était-ce pas cet endroit qu'on se plaisait à appeler paradis ? Une chose était sûre, le beau brun à la crête n'avait jamais été du genre à croire à ce genre de chose, il avait plus comme philosophie qu'il ne croyait que ce qu'il voyait, et pourtant sur ce coup, il était tenté de croire qu'un certain Dieu existait, et qu'il avait finalement décidé de récompenser le jeune Lefevre pour avoir affronté toutes les épreuves qu'il avait pu traverser pendant des années et des années. Si longtemps qu'il serait incapable de dire depuis combien de temps. Une vingtaine d'années sans doute puisque tout avait commencé lorsque sa sœur était née. Cette dernière, il ne la regrettait pas non, à vrai dire il l'adorait et ne lui en avait jamais voulu. Seulement encore aujourd'hui il ne pouvait s'empêcher de penser que si il avait été fils unique, les choses auraient sans doute été très différentes, et il n'en serait probablement pas là à cet instant précis. Les études n'étaient pas son fort, et pourtant il se trouvait dans l'une des plus grandes universités, qui réunissait absolument toutes les cultures du monde entier. À présent il n'avait plus à se plaindre, mais ça n'avait pas toujours été le cas. Et ceux qui était tenté de croire ou dire le contraire, Maël leur mettrait bien un bon coup de pied au cul. Une chose était sûre aujourd'hui, si quelqu'un pouvait le comprendre dans un sens, c'était bel et bien la jeune Calabresi. Difficile à croire oui. Décidément, ces derniers temps, les filles dont se rapprochait le jeune brun étaient bien les dernières auxquelles il se serait permis de penser, et encore, il était plutôt gentil là. En réalité, rien que le fait qu'il se permette de se rapprocher de quelqu'un était déjà une chose très étonnante en soit. Ce n'était pas son genre, absolument pas même, et pourtant, il pouvait affirmer qu'il n'avait rien de bien particulier derrière la tête, ou alors il ne s'en rendait même pas compte. En tout cas, parler de son passé avec quelqu'un ne pouvait pas faire partie d'un quelconque plan qui servirait à tout et n'importe quoi. En réalité non, il ne savait pas vraiment ce qui lui prenait en ce moment, surtout qu'il savait parfaitement que ce genre de changement n'était jamais bon, ni pour lui, ni pour la personne en face. Mais à vrai dire à cet instant précis il s'en fichait un peu de la personne en face, tout ce qu'il voulait et tout ce qu'il avait toujours voulu, c'était sauver sa peau, et ça n'allait certainement pas changer aujourd'hui. Pourquoi changer une équipe qui gagne après tout ? Pour dire donc qu'il avait toujours été ainsi, mais il était forcé d'avouer que plus les années passaient, plus il devenait de pire en pire à ce niveau là, mais à tous les niveaux en réalité. Mais visiblement, le fait de se rendre le plus détestable possible n'était plus une chose qui fonctionnait. Un exemple tout bête, la jeune Spencer parvenait à passer au-dessus de cela, tandis que Jordan n'avait jamais eu besoin de quoi que ce soit de la part du beau brun pour le détester. Voir son visage avait suffit, et le jeune homme s'était imaginé toutes sortes de choses avant de connaître le réel problème, et très franchement, ça il ne l'avait absolument pas vu venir. Il pouvait être tout ce qu'elle souhaitait, pour cause il avait énormément de défauts, et le peu de qualités qu'il possédait, il ne voulait les montrer à personne. Mais le fait qu'elle l'imagine ainsi l'avait vexé, et en quelque sorte blessé, et ça ce n'était vraiment pas une chose facile à faire avec lui. Elle n'avait pas appuyé là où ça faisait mal, non il en fallait bien plus au jeune français, seulement il n'aimait pas passer pour ce qu'il n'était vraiment pas, même si il se plaisait à dire qu'il se foutait complètement du regard des autres sur lui. Certaines choses pouvaient le gêner, en l'occurrence c'était le cas, et le point positif c'est que la jeune brune s'en était rendue compte, et avait pu par la même occasion prendre conscience de son énorme erreur au sujet du beau Sigma. Enfin, dans un sens heureusement qu'il avait su lui faire cracher le morceau, sans quoi il serait probablement encore dans l'ignorance la plus totale à ce sujet, et au final il ne parvenait pas à savoir si c'était une bonne, ou alors au contraire une mauvaise chose. Ce genre de chose le peinait, son histoire le peinait, et c'était très rare que le beau brun à la crête soit touché par quelque chose. Avec le temps, il avait fini par croire que les autres avaient raison, qu'il n'avait pas de cœur et qu'il était tout à fait incapable de ressentir la moindre émotion et d'éprouver le moindre sentiment pour quelqu'un. Heureusement, il pouvait se rendre compte grâce à toute cette histoire qu'il se faisait des idées. Il refusait de tomber amoureux certes, ça ne voulait pas obligatoirement dire qu'il ne pouvait rien ressentir pour quiconque. Tout cela donc, la demoiselle devait s'en douter vu tout ce que le jeune brun avait pu lui confier. Cependant il n'était pas prêt à tout lui dire, lui dire par exemple qu'il travaillait en tant que strip-teaseur puisqu'elle venait de lui demander dans quoi il travaillait. De plus, le jeune homme espérait bien que ça ne serait pas qu'un simple job d'été. Il ne voulait pas faire cela toute sa vie, mais il avait bel et bien dans l'idée de faire tout ceci au minimum un an histoire de mettre pas mal d'argent de côté et donc par conséquent d'être tranquille avec cette histoire, et ce pour un bon bout de temps puisqu'avec ce boulot, il se faisait pas mal d'argent, encore plus que ce qu'il aurait pu s'imaginer. « Dans un club... » Il ne lui mentait pas après tout, c'était bien vrai. Il ne lui donnait pas certains détails, voilà tout, comme la nature de ce club par exemple. Qui sait si elle ne le jugeait pas déjà bien assez, même si désormais elle était plutôt mal placée pour se permettre ce genre de chose. Fort heureusement, ce n'était pas ce qu'elle comptait faire, au contraire. Si bien que le jeune brun, vu que tout se passait bien entre eux à présent, eu un élan de sympathie à son égard, et lui demanda si elle voulait évoquer le sujet « passé que l'on aimerait bien oublier » avec lui. Il savait parfaitement que ce n'était pas une chose facile, il parlait en connaissance de cause oui, simplement peut-être que parler pouvait lui faire du bien, même si pour sa propre cause, il refusait d'admettre ce genre de chose. Il n'avait strictement pas envie de ressasser tout ceci, mais il savait pertinemment qu'au bout d'un moment, ça allait sans doute le bouffer de l'intérieur, et il aurait réellement besoin d'en parler. À ce moment là, il ne savait actuellement pas trop si il devrait se confier à la jeune Sigma ou alors pas du tout. Pour le moment en tout cas, elle était celle qui en savait le plus sur lui, et inversement pour elle. Étonnant, non ? « Vois le bon côté des choses, ce soir tu ne seras pas seule. » Il préférait oui voir le bon côté des choses comme il le disait, plutôt qu'ils passent tous les deux un mauvais week-end pour la simple et bonne raison qu'ils évoquaient un sujet plutôt sensible. Il sourit, lui donnant un léger, mais vraiment très léger coup d'épaule. « Tu ne m'embêtes pas, pour une fois ! » Pour une fois oui, ça c'était dit. Un petit reproche par rapport à tout ce qu'elle avait pu lui faire subir en quelque sorte jusqu'à aujourd'hui. Il sourit une dernière fois, avant de se lever de son lit. « Quelque chose de prévu?

Qui aurait cru que je tomberais dans la même chambre que Maël ? Franchement avec le nombre de personne qui se trouve dans cette université il avait fallu que je tombe sur lui. Au départ j’avais redouté de comment les choses allaient bien pouvoir se passer. Nous étions tous les deux rentrés dans la chambre qui était franchement magnifique. J’avais l’impression d’être au paradis tellement que c’était magnifique, mais je continuais tout de même de redouter du déroulement de ces quelques jours avec Maël. Mais finalement tout ne se passait pas si mal que ça pour le moment. Je venais d’apprendre que le jeune homme travaillait durant les vacances, dans un club. Je supposais directement qu’il était barman. Après tout jamais je n’aurais pu imaginer qu’il était un strip-teaseur. Je n’avais donc pas pu m’empêcher d’afficher un immense sourire lorsque je l’entendis me répondre simplement qu’il travaillait dans un club. J’avais moi-même travaillé quelques temps dans un bar lorsque j’étais encore à Milan. J’avais adoré cette période, ce n’était pas aussi facile que tout le monde pensait de travailler dans un bar. Au départ franchement on a l’impression de faire n’importe quoi. Rien que servir une bière n’est pas aussi facile que ce qu’on pense, mais avec le temps on commence à prendre la technique, à comprendre comment ça marche. On commence à connaître les recettes des différents cocktails etc. Bref, c’est avec le temps qu’on commence vraiment à prendre de l’expérience dans le domaine et au final c’est beaucoup plus facile, mais il faut quand même du temps pour arriver à vraiment se débrouiller comme un chef. Les personnes derrière le bar ont toujours l’impression que c’est super facile, mais ça ne l’est vraiment pas. Enfin bref, je supposais donc que Maël faisait ce travail, mais il ne l’avait pas précisé. Peut-être que ce n’était pas du tout ce qu’il faisait, je n’en savais rien et je ne voulais pas trop l’embêter à ce sujet, finalement ça ne me regardait pas spécialement ce qu’il faisait en dehors de l’université. C’était sa vie privée… Mais d’un autre côté je suis celle qui en connaît plus que qui que ce soit sur Maël non ? Donc peut-être que je pouvais quand même prendre le risque de poser la question. Je me contentais de demander simplement, sans vraiment l’obliger à répondre et sans vouloir le mettre dans une situation inconfortable. Tu travailles comme barman ? Ce n’est pas aussi facile que ce que tout le monde pense hein ? En même temps je ne voulais pas l’embêter avec ça, mais j’étais persuadée qu’il était barman aussi et qu’il allait simplement me dire qu’effectivement ce n’était pas si facile que ça. J’étais loin de me douter qu’il faisait quelque chose de bien différents. Si j’avais su je n’aurais pas posé la question, je n’aurais pas cherché à l’embêter avec ce sujet. Mais je ne savais pas donc je continuais quand même à poser des questions, m’intéressant au fait qu’il puisse faire le même métier que j’avais fait il y a quelques temps. Quelques points communs à partager finalement le fait de se trouver dans la même chambre n’était pas si horrible que ça. Enfin bref, je m’étais ensuite mise à parler de mon passé. De comment je ressentais tout ça et je lui parlais même de la fille que j’étais réellement. Ce n’était vraiment pas mon genre pourtant de parler de tout ça. Je faisais généralement un sorte de garder « ma véritable identité » bien cachée au fond de moi. Mais je ne sais pas ce qu’il se passait avec ce Maël mais apparemment quand j’étais vers lui tout sortait beaucoup plus facilement qu’avec qui que ce soit d’autre. Il n’y avait pas que lui qui était au courant du fait que son père la frappait, mais c’était bien le seul à connaître les détails qu’elle était en train de lui raconter. C’était le seul à connaître son véritable ressentit durant toute cette période. Pourquoi lui ? Je ne pouvais pas me l’expliquer, je n’en savais rien. C’était sorti comme ça, sans que je ne puisse réellement contrôler quoi que ce soit. Il essayait cependant de me remonter quand même un peu le moral et ça me touchait vraiment. Je n’avais jamais imaginé que je puisse un jour apprécier la présence de ce jeune homme et pourtant je me surprenais à me dire que finalement ce n’était pas si mal que ça que ce soit lui mon colocataire de chambre et que ce ne serait pas si terrible que ce que je pensais. J’affichais un petit sourire alors qu’il me disait que le bon côté des choses je ne serais pas seule ce soir. Oui effectivement je ne serais pas seule ce soir, ça fait bien longtemps que je n’ai plus été accompagnée à vrai dire ! Oui bon à part des fois par des gars avec qui je couche, mais généralement je vais chez eux et je pars directement après que j’ai eu ce que je voulais ou s’ils viennent chez moi je me débrouille pour qu’ils ne restent pas toute la nuit. Je n’aime pas qu’ils restent à mes côtés toute la nuit comme ça, j’ai besoin de mon indépendance et surtout j’ai toujours l’impression que c’était comme si j’avais soudainement un copain, ce que je ne veux absolument pas et je ne veux pas non plus prendre le risque qu’un jeune homme s’attache à moi alors que moi je ne risque jamais de m’attacher à qui que ce soit. Je m’étais ensuite excusée auprès de Maël. Je m’étais un peu trop étalée et je devais certainement l’ennuyer à mourir. Ce n’était certainement pas mon but, mais Maël me fit un très léger coup d’épaule qui me surprit, je ne le dérangeais pas pour une fois. Je rigolais. Pour une fois c’est le cas de le dire, mais je ne risque plus vraiment de t’embêter à partir de maintenant, j’ai bien compris ma leçon. Je lui fis même un petit clin d’œil. Oui j’avais compris ma leçon. J’avais compris que je ne devais pas juger sans connaître. Ce n’était pourtant pas mon genre de faire ça, mais c’était ce que j’avais fait avec Maël et je m’en voulais de l’avoir fait. Mais maintenant c’était trop tard et puis le plus important c’était qu’à présent nous arrivions apparemment tous les deux à discuter, même à cohabiter sans trop de problèmes. Il se leva ensuite de mon lit et me demanda si j’avais quelque chose de prévu. Est-ce qu’il me posait cette question dans le but de peut-être passer la soirée avec moi ? Je n’en savais rien, mais à vrai dire l’idée de passer une soirée avec lui ne m’embêtait pas tant que ça. Je pensais aller me manger un petit truc et après voir à quoi ressemble la fête à Cancun ! Je regardais Maël quelques secondes, puis ma valise, je n’avais pas fini de remettre mes habits à l’intérieur, je me dirigeais donc vers celle-ci pour finir d’y mettre les habits dedans et j’eus alors une petite idée. Je fermais ma valise pour la poser par terre puis je regardais Maël avec un petit sourire. Tu veux passer la soirée avec moi ? Histoire que je me fasse pardonner de ce que j’ai pu te faire subir ? Je lui devais bien ça non ? J’avais vraiment été un sacré petit monstre avec lui depuis que je l’avais rencontré et tout ça pour des raisons totalement idiotes. Je pouvais donc bien faire l’effort de passer une soirée avec lui. Après tout ce serait peut-être l’occasion d’apprendre à le connaître un peu plus. Bon même si j’en connais déjà bien plus que je ne pourrais espérer sur lui, mais enfin je reste persuadée qu’il reste un tas de choses à apprendre sur ce jeune homme. Notamment comment il se comporte en soirée, je voulais bien découvrir aussi le Maël dragueur que toutes les filles connaissent. Bien sûr je ne voulais pas qu’il me drague moi, je reste une excellente amie à Holly et je ne pourrais jamais lui faire un coup pareil. Mais enfin maintenant que je savais que Maël était en réalité un garçon pas si horrible que ça, je souhaitais passer une soirée avec lui pour découvrir d’autres faces de sa personnalité. Bien sûr je ne voulais pas l’obliger, s’il avait quelque chose d’autre de prévu je n’allais pas le faire changer ses plans. C’était de toute façon comme il voulait je ne faisais que faire une petite proposition.

Finalement, le hasard faisait peut-être bien les choses. En réalité, Maël n'en savait trop rien. Il y a encore quelques semaines, il se serait certainement sauvé immédiatement en apprenant qu'il devait partager sa chambre d'hôtel avec Jordan, mais aujourd'hui, tout semblait être … disons différent. Il y a encore peu de temps, le beau brun à la crête ne pouvait s'empêcher que cette fille était totalement invivable, ainsi partager le moindre petit espace vital avec elle aurait été un vrai suicide. Mais plus maintenant. Étrangement, le fait qu'ils en sachent un peu plus l'un sur l'autre, le fait qu'ils soient tous les deux parvenus à se dire des choses qu'ils n'avaient jamais osé dire à qui que ce soit avait contribué, non pas à les rapprocher, pas vraiment non, mais au moins à enterrer la hache de guerre, une bonne fois pour toute, en tout cas le jeune homme osait l'espérer. Ils étaient encore un peu mal à l'aise l'un face à l'autre, mais quoi de plus normal après tout ? Le jeune Sigma n'avait pas peur que la demoiselle puisse raconter à qui voulait bien l'entendre tout ce qui avait rythmé la vie du jeune homme lorsqu'il était plus jeune, car dans le fond, il en savait tout de même un peu plus sur elle, qu'elle sur lui, pour cause, il n'était pas rentré dans les détails, tout simplement parce qu'il n'en avait pas eu envie. Il était bien conscient que pour la jeune Calabresi ça n'avait pas dû être facile de lui dire tout ce qu'elle avait pu lui dire, de se mettre à nue comme elle avait pu le faire, mais étrangement, même si rien n'était comparable entre eux, c'était encore plus difficile qu'elle pour le jeune brun d'en parler. Ils n'avaient pas vécu les mêmes choses, il ne pouvait pas dire que c'est pire, ou moins pire, tout simplement parce que ça n'avait rien à voir. Mais le jeune Lefevre était quelqu'un de beaucoup moins ouvert que la jeune femme, qui elle l'était au moins avec la moitié de la population puisqu'elle ne se méfiait absolument pas des femmes. Contrairement à elle, Maël se méfiait d'absolument tout le monde, même si dans certains cas, ça n'avait pas lieu d'être. Mieux valait prévenir que guérir après tout. Ainsi, il ne faisait pas encore totalement confiance à cette jeune femme qui pourtant la méritait, il en était presque certain. C'est pourquoi, il tentait d'éviter le sujet « nouveau boulot » tout simplement parce qu'il n'avait pas vraiment envie qu'elle sache qu'il était un vulgaire strip teaseur, un mec qui vendait son corps, et qui était encore plus bas dans son estime qu'il ne l'était déjà il y a peu de temps de cela. Décidément, la tête de son ordure d'ex, travaillant dans un club où pour gagner de l'argent il fallait enlever ses fringues, il n'avait définitivement rien pour lui. Ainsi, il tenta d'éviter la conversation, mais la jeune femme était plutôt coriace. Aucune surprise de ce côté là vu tout le temps qu'elle avait passé à le détester sans aucune réelle raison, et refusant de lui expliquer le pourquoi du comment. À vrai dire, le beau brun ne savait pas exactement combien de temps toute cette histoire avait duré, bien assez longtemps à ses yeux, et fort heureusement, c'était terminé, tout du moins il l'espérait. Il ne s'était jamais soucié de l'opinion des autres à son sujet, bien au contraire, il s'en fichait comme de l'an quarante, mais il espérait bien que le regard que posait la jeune femme sur lui avait bel et bien changé, qu'elle ne le prenait plus pour une ordure, ordure qu'elle s'était longtemps imaginé qu'il était simplement à cause d'une fausse ressemblance avec celui qui était son ex et qui n'avait pas seulement osé levé la main sur elle, mais l'avait aussi laissé tombé, une seule et unique fois fort heureusement. Bien évidemment, si elle n'avait pas déjà vécu toute cette histoire avec son père, elle serait sans doute restée avec lui, pensant qu'il agissait sans réfléchir, que ça ne se reproduirait plus jamais, jusqu'à la prochaine fois. Maël ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle avait eu la bonne réaction, mais quoi de plus normal vu tout ce qu'elle avait déjà pu vivre. Le beau brun continuait aussi de penser qu'en parler aux autres serait une bonne idée, histoire peut-être d'aider des jeunes femmes dans le même cas qu'elle, mais il n'avait tout simplement pas le droit de lui dire ce qu'elle devait faire ou ne pas faire, si elle devait le dire, ou alors au contraire se taire encore à ce sujet. Tout comme elle n'avait pas son mot à dire sur ce que faisait le beau jeune homme. Cependant, malgré le fait qu'elle n'était pas bien placée pour le juger il fallait bien l'avouer, il décida de ne pas lui dire ce qu'il faisait. Il lui avait dit qu'il travaillait dans un club, c'était amplement suffisant, encore une fois inutile de rentrer dans les détails. «  Pas aussi facile que tout le monde pense, tout à fait. » Oh si tu savais... Le beau brun sourit pour faire bonne figure, la laissant aller à sa guise dans la salle de bain, mais ne pu s'empêcher de se mêler de ce qui ne le regardait pas lorsqu'elle en sortit. Ce n'était vraiment pas dans ses habitudes mais qu'importe, il ne cessait de s'étonner ces derniers temps, en bien comme en mal. Ce qui l'étonna encore plus, c'est qu'elle décidé une nouvelle fois de s'ouvrir à lui, et ce n'était pas si désagréable, pour elle comme pour lui. Et rassurer les gens n'était pas vraiment dans les habitudes du jeune homme, mais étrangement, là ça se faisait tout naturellement. Elle n'allait pas être seule ce soir, c'était une bonne nouvelle visiblement, et la remarque de la jeune femme le fit sourire doucement. « Ça, j'y crois pas. » Impossible dans l'esprit d'un homme normalement constitué d'imaginer une seule seconde qu'elle puisse passer autant de nuits seule. Elle avait tout pour plaire, mis à part le fait qu'elle était quelque peu paranoïaque sur les bords. Quoi qu'il en soit, il sourit de nouveau lorsqu'elle lui dit qu'il n'y avait plus de risque aujourd'hui qu'elle lui fasse de nouveau subir tout ce qu'elle avait pu lui faire, ou plutôt lui dire jusqu'à présent. En voilà une bonne nouvelle, car elle pouvait être franchement désagréable lorsqu'elle le voulait vraiment. En tout cas, une question toute simple vint faire son apparition. Avait-elle quelque chose de prévu ce soir ? Le beau brun ne comptait pas s'incruster non, simplement se tenir au courant, pour une fois qu'il s'intéressait à quelqu'un d'autre que sa petite personne. Elle lui énonça donc son programme, tout en se levant pour aller ranger sa valise, alors que Maël lui aussi se lever afin de quitter le lit de la demoiselle et rejoindre le sien. Finalement, elle lui proposa de passer la soirée avec elle, histoire qu'elle se fasse pardonner visiblement. « Tu vas en avoir du boulot alors ! » Il n'allait pas lui mentir après tout, elle avait fait de sa vie un véritable enfer, notamment au sein de la confrérie, et elle devrait mettre le paquet pour se faire pardonner. Bon, le jeune homme n'était pas aussi exigeant que cela, mais tout de même. « Mais je suis partant. » Après tout, il n'était pas reconnu pour refuser ce genre de proposition, bien au contraire, ça serait mal le connaître, et la jeune femme le connaissant à présent un minimum pour le savoir. Enfin, un minimum, c'était un euphémisme. Cependant, il fallait lui aussi, avant toute chose, qu'il passe par la case douche, il en avait grand besoin. Déposant sa valise sur le lit, il pu l'ouvrir et prendre les premiers vêtements qui lui passèrent sous la main, cependant adaptés à la situation. « Bon, je sais que tu rêve de tout ça, mais évite d'entrer quand même. » Il lui lança un sourire digne de lui. Ils étaient en bons termes après tout non ? Alors pourquoi ne pas plaisanter un peu, histoire que l'atmosphère reste telle qu'elle était ?

Sur le coup je trouvais amusant d’apprendre que Maël travaillait lui aussi en tant que barman, mais j’étais loin de me douter qu’en fait ce n’était pas du tout le cas. J’étais arrivée à cette conclusion par moi-même, en même temps quand on parle de club on pense souvent que la personne travaille derrière le bar, donc j’avais immédiatement sauté sur cette conclusion sans prendre le temps de réfléchir. Logiquement Maël ne m’avait pas corrigée et il avait simplement dit que le travail de barman n’est pas aussi facile que ce que tout le monde pense. Il n’avait pas menti, il n’avait fait que confirmer ce que je disais sans dire que c’était effectivement son travail. Mais comme je ne me doutais vraiment de rien du tout sa phrase sonna pour moi comme une confirmation de ce que je pensais. En même temps comment aurais-je pu deviner qu’il était en fait strip-teaseur, mais en même temps si je le savais j’aurais bien compris qu’il ne souhaite en parler à personne. Ce n’est pas franchement valorisant que de dire à quelqu’un que notre travail consiste à se déshabiller devant des gens qui bavent devant votre corps. Je pourrais donc tout à fait comprendre et en même temps je n’aurais pas pu m’empêcher de me dire que Maël avait tout de même le corps pour l’emploi. Ah bah oui je ne pouvais certainement pas nier cela : Maël est canon et ça je le dirais toujours. Mais enfin ça ne sert à rien de parler de tout ça vu que de toute façon la vérité n’a pas été avouée et que de mon côté je continuais de penser qu’il faisait le même travail que moi il y a quelques temps. J’avais du coup envie de parler un peu de ça, de partager ce point commun que nous avions à présent que tout était à peu près rentré dans l’ordre entre nous deux. J’affichais donc un petit sourire et je dis simplement. Surtout que les clients sont toujours beaucoup trop impatients et ils gueulent pour le moindre petit détail ! C’était certainement ce qui m’avait le plus énervé lorsque je travaillais encore dans les bars. A chaque fois qu’un client me faisait une remarque je devais serrer les dents et m’efforcer de sourire tout en me retenant de lui tirer une gifle. Oui parce que franchement certains clients mériteraient et parfois même bien plus qu’une gifle pour certains. Enfin bref, je m’étais ensuite à nouveau confiée à Maël, c’était déjà la deuxième fois et je ne pus m’empêcher de me dire qu’il ne vaudrait mieux pas que ça en devienne une habitude. Mais en même temps je n’avais tout simplement rien pu contrôler, tout s’était passé comme ça sans que je puisse réaliser quoi que ce soit. J’étais rentrée plus dans les détails, j’avais parlé de mon ressenti et Maël me dit que le point positif à tout ça c’était que je n’aurais pas à dormir toute seule ce soir. Je lui avais alors dit que ça faisait un moment que je n’avais plus été accompagnée. Ce n’était pas tout à fait vrai vu qu’il m’arrivait de passer la soirée avec de charmants jeunes hommes dans leur lit ou dans le mien, mais jamais je ne suis allée jusqu’à passer une nuit complète avec un homme. Maël ne me croyait pas ce qui me fit sourire, il devait certainement connaître ma réputation et donc savoir que je ne me gênais pas pour emmener quelqu’un dans mon lit. Disons plutôt que je n’ai pas repassé une nuit complète avec quelqu’un depuis longtemps. Une partie de la nuit ça arrive souvent, mais toute la nuit… Jamais. Il était ensuite question de la suite de la soirée et je lui avais proposé de la passer avec moi histoire de me faire pardonner. Comme il le disait si bien j’allais avoir du boulot parce que je n’avais certainement pas été des plus sympathiques avec lui. Mais j’allais me rattraper, je savais que j’en étais capable et je savais qu’à présent j’arriverais à passer une soirée avec lui sans trop de problèmes. Je me sentais de plus en plus détendue en sa présence à vrai dire, je trouvais presque même que c’était agréable de discuter avec lui. C’est tout de même étrange comme les choses peuvent changer et surtout comme elles peuvent changer aussi rapidement. Je le détestais tellement et voilà qu’aujourd’hui je lui proposais de passer une soirée avec lui. Du boulot qui en vaudra la peine, tu verras tu ne vas pas être déçu ! Je me mettais peut-être un peu sur un piédestal mais il fallait bien que je me vende un peu non ? Et de toute façon je sais que les gens qui ont passé des soirées avec moi ce sont toujours éclatés alors pourquoi ce ne serait pas le cas de Maël ? Pour ce qui est du côté sortie et fête il ne doit certainement pas être bien différent des autres, enfin ne sait-on jamais après tout. Evidemment il devait lui aussi aller prendre une douche et j’éclatais de rire lorsqu’il me dit qu’il savait que je rêvais de tout ça, sous-entendu son corps, mais que je devais quand même éviter d’entrer. Ne t’inquiète pas je resterais bien sagement ici à t’attendre ! Je me surpris à lui faire un clin d’œil et une fois que la porte de la salle de bain se fut refermée derrière lui je terminais de me préparer. Je commençais par le maquillage, puis la coiffure, je m’attachais les cheveux en une coiffure un peu en fouillis mais qui donnait vachement bien et qui me rendait d’autant plus sexy, si c’est possible. Je replaçais ma robe courte et décolletée comme il faut et je me mettais du parfum. De retour vers mon lit j’ouvris ma valise pour choisir une paire de chaussures, oui j’avais presque pris toute mon armoire avec moi, mais que voulez-vous les chaussures chez moi c’est sacré ! J’optais finalement pour une paire de chaussure noire à talon aiguille qui allait parfaitement avec mon ensemble. Je me regardais encore quelques secondes dans le miroir et j’affichais un sourire satisfait. Je ne savais pas exactement pourquoi je faisais tout ça. C’était une habitude, chaque fois que je sortais j’étais obligée de m’habiller comme il faut et ce soir encore je le faisais. Pourtant j’allais sortir avec Maël, aucun mec n’allait m’approcher car ils vont évidemment tous penser que c’est mon petit copain. Mais de toute façon c’était bien mieux comme ça, surtout que comme je partageais ma chambre avec Maël il me serait difficile de ramener quelqu’un avec moi ! Il valait donc mieux que je passe la soirée simplement avec lui pour éviter d’être tentée par je ne sais qui. Puis en plus je devais absolument me faire pardonner, je ne le faisais pas pour lui, mais aussi pour moi. C’était important qu’il comprenne que je n’avais plus du tout peur de lui et que j’avais bien compris que je m’étais totalement trompée à son sujet. Je voulais me faire pardonner comme il faut et aussi je voulais qu’il me pardonne de l’avoir traité comme ça. Donc pour ça il fallait que je lui accorde mon entière attention et qu’aucun mec ne vienne donc nous déranger, ni aucune fille d’ailleurs. En me rendant sexy j’allais aussi faire fuir ces filles d’ailleurs qui allaient penser que Maël était avec moi. Bah oui si je ne suis pas assez canon elles se diront qu’elles ont certainement plus de chance que moi de finir la soirée avec lui. Bref, j’allais peut-être un peu trop loin dans mes réflexions et finalement je m’en fichais de tout ça, j’allais y aller décontractée, sans stresser comme à une soirée normale et je verrais très bien comment les choses se passeront. Espérons juste que tout se passe bien.

Maël n’avait pas particulièrement de mentir au quotidien. A vrai dire, c’était même presque devenu une habitude pour lui que de raconter bobard sur bobard. Non pas qu’il voulait se faire bien voir, ça honnêtement il s’en fichait royalement. Il se fichait aussi éperdument que la vérité puisse blesser, non c’était juste une mauvaise habitude qu’il ne comptait vraiment pas perdre. Rares étaient les fois où il avait été honnête dans sa vie, et aujourd’hui, il s’en mordait les doigts. Pourtant, avec la jeune Calabresi, tout était différent, il avait plus de mal avec elle tout simplement parce qu’elle en savait plus sur lui que n’importe qui d’autre. C’est sans doute pour cela qu’il avait plus de mal à lui cacher la vérité. C’est pourquoi, sur son pseudo métier de barman, il resta très vague, même si plusieurs fois elle avait insisté. Après tout, il ne mentait pas, juste il ne la contredisait pas, et dans le fond c’était différent. Après tout, à ses yeux, il avait déjà été beaucoup trop honnête avec elle, même si rien ne l’y avait obligé. Son regard pesant sur lui, il s’était senti en quelque sorte obligé d’en dire un peu plus sur lui et sur son passé, même si lui ne s’était jamais permis de lui mettre la misère à cause de cela. Il n’en voulait pas à toutes les femmes du monde parce que sa mère n’avait pas été capable de faire son boulot de mère au final. Les autres n’y étaient pour rien. Même si il devait bien avouer qu’à cause de tout ceci, depuis tout petit il était du genre très réticent lorsqu’on abordait avec lui le sujet des relations humaines en général. Et avec les années, il n’avait pu que se rendre compte que ça devenait de pire en pire. Mais qu’importe, il l’avait toujours bien vécu. L’idée d’être une sorte de solitaire lui plaisait pas mal, et puis mieux valait être seul que mal accompagné comme on le dit si bien dans ce genre de situation. C’est pourquoi il aurait nettement préféré se retrouver seul dans une chambre à Cancun, tout simplement parce qu’avec Jordan dans le lit d’à côté, il se sentait beaucoup moins libre de ses actes. Et par conséquent, il ne pouvait pas faire tout et n’importe quoi, ce qu’il aurait sans doute besoin de faire, il n’en savait trop rien. Enfin, vu le succès que ce voyage avait eu auprès des étudiants de Berkeley, il ne fallait pas trop rêver, aucune chambre ne serait libre, et le beau brun à la crête pouvait déjà s’estimer heureux qu’ils ne soient que deux par chambre en quelque sorte, sans quoi, il aurait sans doute immédiatement pris un billet de retour, ou aurait tout simplement cherché un autre hôtel. Il ne fallait pas oublié que désormais, chose très rare chez lui, en fait pour ne pas mentir c’était bel et bien la toute première fois, il pouvait se permettre de claquer l’argent par les fenêtres. Mais bien sûr, il ne comptait pas dire pour quelle raison à la jeune Calabresi. Elle en savait déjà bien trop sur lui, un peu de mystère ne ferait pas de mal dans cette relation particulièrement étrange qu’ils entretenaient depuis qu’elle lui avait avoué que dans son passé, elle avait été battu par son père, entre autre. Maël ne savait pas vraiment si ils pouvaient se permettre d’appeler cela de l’amitié, sans doute, il n’en savait trop rien. Et pour être franc, il ne voulait pas le savoir. Il n’était pas du genre à coller des étiquettes sur tout ce qu’il pouvait et voulait, bien au contraire. Tout comme il n’aimerait probablement pas qu’on le qualifie de strip teaseur, et rien d’autre. Si il faisait tout ceci, c’était dans un but bien précis : l’argent, non pas parce que ce genre de chose lui plaisait, bien qu’il était le premier à dire qu’il avait la tête de l’emploi, sans vouloir se vanter. Il sourit à la jeune femme lorsqu’elle lui fit remarquer que les clients n’étaient pas du genre faciles lorsqu’on était barman, ce qu’elle croyait que le beau français était. « Pas faciles oui, c’est le cas de le dire, c’est sans doute le pire. » Après tout, qui pouvait se douter qu’il ne parlait pas de la même chose ? Certainement pas cette demoiselle, bien qu’elle ne soit pas du genre innocente, et qu’il soit possible qu’elle comprenne parfaitement les choix du jeune homme. Il ne l’imaginait pas innocente non. Il continuait à avoir certains préjugés à son égard. Elle était une très belle jeune femme, et il était normal aux yeux du beau brun qu’elle en profite de temps en temps, ce qu’elle lui avoua faire. Il ne savait pas si tout comme lui elle avait eu le droit à une certaine réputation, à cause de tout ceci en quelque sorte, mais qu’importe. Peut-être que tout comme lui, elle se fichait éperdument du regard des autres sur elle, et elle avait bien raison. « ça se comprend. Pour dire vrai moi non plus donc… » Beaucoup en aurait rêvé pourtant. Et il ne regrettait pas franchement ce choix de vie, même si tout allait probablement être différent dans peu de temps, ce qu’il redoutait. Il avait peur de ne pas bien s’adapter au changement, et finalement de blesser quelqu’un. Mais c’était le risque à prendre non ? Et même si il n’était pas particulièrement chaud pour le prendre justement, c’était maintenant ou jamais, il en était bien conscient. Quoi qu’il en soit, il lui sourit de nouveau lorsqu’elle lui fit comprendre en quelque sorte que son travail auprès de lui allait payer, qu’il en valait la chandelle. Une chose était sûre, pour la toute première fois, il l’espérait bien. Il laissa échapper un léger rire lorsqu’elle lui dit de ne pas s’inquiéter, qu’elle resterait là sagement à l’attendre, alors qu’il serait dans la pièce d’à côté, en train de prendre une bonne douche. Honnêtement oui, ça faisait du bien de voir que tout était arrangé en quelque sorte, qu’elle n’imaginait plus le beau brun comme elle l’imaginait auparavant, et que l’atmosphère était détendue, parfaite, ou presque. Il lui fallu quelques longues minutes dans la salle de bain avant d’être totalement prêt. Il était habillé tout simplement, n’ayant pas des vêtements trop épais sur le dos, bien au contraire, à cause de la chaleur. Chaleur à laquelle il avait déjà pris goût en réalité. Pour Jordan, ce n’était en rien un dépaysement total. Aux vues de son nom, elle devait être née dans une famille italienne, ou espagnole, il ne savait pas encore précisément, mais espérait bien le savoir à un moment ou un autre. Quoi qu’il en soit, après un petit moment, la porte s’ouvrit enfin, laissant apparaître Maël. Il ne redoutait pas la soirée qui allait se présenter à eux non, au contraire, il n’attendait qu’une seule et unique chose, partir d’ici. « Prête ? » Quelle question, bien évidemment que oui, elle n’attendait plus que lui…

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