Une des dernières journées de cours. Les vacances approchent à grands pas. J'ai d'ailleurs hâte de sortir pour la dernière fois de l'université, et ne revenir que deux mois plus tard. J'ais besoin de repos. Ma cote cassée me fait beaucoup moins souffrir, elle se guérit doucement mais sûrement. La raison ? Une ''petite altercation'' avec Andrew Holden, professeur de théâtre à l'université, meilleur ami de ma fiancée, petit copain de celle que je considérais comme ma sœur. Il faut le dire, nous ne nous apprécions pas et il faut croire que nous ne manquons jamais une occasion pour nous taper dessus. Et pourtant, la dernière fois, il a gagné. Je l'ai bien amoché, mais il faut dire ce qu'il est, il m'a passé à tabac. Heureusement, aujourd'hui, ma cote me fait beaucoup moins mal et je suis dans la capacité de faire quelques efforts physiques sans me plier de douleur. Bref. Je suis revenu pour donner mes derniers cours. Tout le monde n'a plus qu'un mot à la bouche, celui de ''vacances''. Beaucoup de choses m'attendent pour les deux prochains mois. Je dois aller dans le Nevada pour rendre visite à ma belle-famille, les parents de Maria O'Berkeley, la directrice de l'université. Puis je repartirai pour l'Irlande avec cette dernière pour rejoindre les miens et préparer avec la brunette, notre mariage qui aura lieu fin août. En somme, je ne sais pas si cela sera de tout repos et pourtant, je suis sur mon petit nuage.

Je marche tranquillement dans les couloirs, en compagnie de Cheyenne, ma collègue, ma meilleure amie. Mon bras autour de ses épaules, je la taquine alors qu'elle me rend la pareille. Puis elle m'abandonne à un carrefour alors que nous sommes arrivés devant sa salle de cours. Pour ma part, j'ai deux heures devant moi, à ne rien faire. Je continue ma marche. Des talons retentissent au loin. Les mains dans les poches de mon jeans, les manches de ma chemise blanche retroussées jusqu'aux coudes, le vêtement surmonté d'un gilet bleu foncé style british, je continue à m'avancer, dans le but d'aller me griller une cigarette sur le parking. Une silhouette au loin. Des talons qui résonnent encore. J'appuie sur l'interrupteur servant à allumer la lumière. Là, Maria entre dans mon champs de vision, pressée, des dossiers dans les mains. Son travail de directrice lui prenait beaucoup de temps. Je ne pus retenir un sourire alors qu'elle n'avait pas encore conscience de ma présence non loin d'elle. Je souriais. Ses talons lui donnaient des jambes galbées et interminables, mises en valeur par une jupe serrée et stricte. Un petit chemisier dont le décolleté offrait une jolie vue, bien que très respectable, sur la naissance de cette poitrine que je connaissais tant. Je lui coupe volontaire la route pour qu'elle relève les yeux. Elle esquisse un sourire. Je me mordille la lèvre inférieure et la plaque doucement contre le mur. « Arrête, je n'ai pas le temps là ! », me lançe-t-elle dans un chuchotement, tout en riant. Je colle mon corps au sien, le regard malicieux. Mes lèvres s'attardent sur le lobe de son oreille. « Ed, arrête ça, je suis en retard pour une réunion. » Elle continue de rire, tout en essayant de se débattre. Je rentre dans le jeu et ne lui rends pas la tâche facile. Nous échangeons un baiser rempli de désir, après avoir bien regardé si personne ne venait par ici. Puis au loin, j'entends des pas. Rapidement, Maria et moi mettons fin à notre petit flirt improvisé pour redevenir très professionnels, ou presque. Je pose doucement une main contre ses fesses. « A ce soir. » Elle dépose un rapide baiser contre ma nuque, répond de même et disparait.

Les lumières du couloir viennent de nouveau de s'éteindre, alors que je pénètre à l'intérieur. Au loin une nouvelle silhouette. Je continue ma route dans la même direction. Et là, la personne à quelques mètres de moi, qui semble être une jeune femme, tombe violemment sur le sol. Mon cœur loupe un battement alors que je m'élance vers elle. Je reconnais bien rapidement Neela, une demoiselle victime d'une grave maladie. Une étudiante qui a su capter mon attention, et pour qui j'ai directement ressenti un attachement, sans vraiment savoir pourquoi. Je m'agenouille à côté d'elle et tente de la réveiller. Elle est inconsciente. « Neela ? Réveillez vous ! » Rien à faire. L'idée de l'emmener à l'infirmerie m'effleure rapidement l'esprit. Je la porte dans mes bras comme on pourrait porter une mariée et rapidement, je m'avance vers l'infirmerie qui, heureusement, ne se situe qu'à quelques mètres. Cette dernière est ouverte, même si l'infirmière, comme souvent, manque à l'appel. J'ai l'impression que c'est le cas dans tous les établissements... Soit. J'entre et dépose avec douceur la jeune femme sur un des lits, m'assois à côté d'elle. Ma main puissante caresse sa tempe, ses cheveux. « Neela ? »