Lorsque nos lèvres se séparèrent, je n’étais pas moins perdu. J’avais encore la tête qui tournait et je me sentais un peu mal. Je n’avais pas envie de crier ou de m’enfuir, ce n’est pas n’importe quel pervers qui venait de m’embrasser tout de même. Seulement, c’était vraiment étrange que mon amie ait posé ce geste. Elle n’était pas saoule comme Libby l’était autrefois lorsque cette scène s’était produite. Pourtant, elle et moi ne nous parlions pratiquement plus depuis. Qu’arriverait-il avec Saphyra? Je n’avais pas envie de perdre notre amitié, pourquoi les choses devaient-elles se compliquer?

Saphy me regardait dans les yeux et le malaise était palpable entre nous. L’ambiance était légèrement lourde et ça n’avait rien n’à voir avec la pluie mélangé à l’humidité à l’extérieur. Elle semblait tout aussi perdue que moi, ce qui, pourtant, ne l’empêcha pas d’aller un peu plus loin dans son approche. Relevant mon chandail pour caresser la peau de mon ventre, je sentis un frisson qui s’avérait être un mélange de surprise et de…. Non, en fait, c’était de la surprise. Il n’y avait ni plaisir, ni dégoût. Je la fixais d’un air déconfis et je ne savais pas quoi dire. En fait, j’espérais de toutes mes forces qu’elle brise le silence, qu’elle m’offre une ouverture pour me sortir de cette situation embarrassante. Ce qu’elle fit, dieu merci.

« Désolé de t'avoir embrassé ainsi. Lorsque tu m'as collé sur toi, j'ai ressentis un drôle de sentiment. J'avais comme de petit papillon dans mon ventre et je n'ai pas pu m'empêcher de t'embrasser. Sauf que la, j'ai énormément peur que cela créer un gros froid entre nous. Ce n'était pas du tout mon intention crois moi. Mais si tu préfère, on peut oublier cela ? »

Elle ressentait donc quelque chose pour moi? J’étais sidéré. Que dire? Que faire? Je ne voulais pas la blesser, loin de moi cette idée… Mais comment lui faire comprendre que je préférais largement oublier tout ça justement? Je savais que, même si elle me le proposait, ce ne serait pas une chose facile à lui avouer.

My heart was pounding so fast, I could not find a way to make it stop. Should I tell her or not? If I did not, she would think, maybe I feel the same way she does. Or worst, she would think I liked it witch was not true at all if I think about it. It was not that horrible, but yet not funny either. I do not like girl you know… Well, I mean, I do not know. But… I sure cannot say this would make me change my sexual orientation. Anyway… I needed to find a way to tell her not to do it again… Ever again!

She was looking at me and I knew she was waiting for an answer. She deserved an answer, but what should I say? My brain was about to blow up and the rain started to sound like nail falling down the sky. The hammering was louder and louder and I could not concentrate on a way to tell her softly my true feelings. If we were not in the middle of the night, here in our dormitory, I think I would scream as hard as I can, just to evacuate the pressure inside me. But it was the night and I could not scream. It would scare Saphyra anyway and that was not what I wanted.

« Accepterais-tu que je t'embrasses une deuxième fois. »

Saphyra avait brisé le silence et je ne m’attendais pas du tout à cela. Le son dans ma tête continuait de s’amplifier et sa question résonna comme le plus gros des clous qui serait tombé. J’avais les yeux ouverts grand comme des billes et je crois que mon cœur s’est arrêté. Dans un murmure qui me sembla être plutôt un cri de détresse, je lâchai simplement un :

« Vaut mieux pas…. »

Je soupirai, soulagé d’avoir réussi à parler. Pourtant, je n’étais pas totalement soulagé de cette réponse. C’était blessant pour quelqu’un qui croyait pouvoir aller plus loin. Sa main sur mon ventre commençait à me peser lourd et j’hésitais une bonne minute si ce n’est pas plus avant de la retirer de là. Tout doucement, j’ai pris son poignet et reposé sa main sur la couverture non loin de mon corps.

« Je… je suis désolé Saphy… Mais je… préfère qu’on oublis tout ça… »

I knew it. I knew it would happen. The way she looked at me. The fear, the deception, the anger in her eyes… It hurt so badly when I think about it, I never wanted to hurt her you know… I tried my best to be soft and gentle when I answered to her question, but it was stronger than me. I did not want it to happen again and I could not hide it in any way.

Saphyra se leva d’un bond à l’extérieur du lit et me toisa pendant un moment avant de se mettre à me crier dessus. Enfin, je ne pourrais dire si elle criait ou non, mais il me sembla à moi avec ce mal de crâne qui ne me laissait plus tranquille qu’elle avait crié à m’en défoncer les tympans.

« J’ai tout gâche comme d’habitude ! Je ne mérite pas d’avoir des amies moi ! Je suis incapable de les garder. »

Je la regardais sans savoir quoi dire ou quoi faire. J’avais seulement le cœur gros et les larmes se sont mises à me couler librement sur les joues pendant que mon amie éclatait en sanglot et sortait de la chambre en trombe. Où allait-elle ainsi? Je ne pouvais pas la laisser s’en aller comme ça… Je ne mis pas plus de quelques secondes pour me retrouver près de la fenêtre. Je tentais de la voir dehors, mais rien à faire. J’avais beau me casser les yeux pour scruter l’obscurité, la pluie m’empêchait de discerner correctement les formes et les mouvements. Je n’aurais donc pas d’autre choix que de la suivre.

Me retrouver sous la pluie n’était pas une chose qui me dérangeait particulièrement. Seulement, je savais que d’être dehors lorsqu’il y a des orages peut s’avérer être très dangereux. Les éclairs tombaient ça et là et j’avais légèrement peur qu’une d’entre elle s’abatte sur un arbre non loin de nous. Où était Saphyra? Dieu que j’espérais qu’elle n’ait pas fait de bêtise dans cet intervalle de temps entre sa sortie et la mienne. Je n’aurais pas voulu la retrouver sous une voiture ou avec un objet contendant planté dans le corps. Cette simple image me fit frissonner et je m’arrêtais un peu pour regarder autour afin de la voir et la rejoindre.

Fortunately, she was only in the little playground next to the Sampi’s house and I felt relieved when I saw her, sitting on a bench, crying and screaming her heart out. Well, seeing her like that was not what I can call a relief, but I mean, seeing her there, not hurt nor in danger, that was it. The closer I get of her, the clearer her words were. She yelled to the sky, asking why she was so stupid, why she could not have friend. I felt my heart tighten in my chest. I did not think she was stupid nor she did not have friend. The proof is, I am here, me, her friend… Anyway, that was not the worst… When I heard her asking god to leave this world, I almost choked.

M’asseyant près d’elle, j’ai passé mon bras autour de ses épaules, l’attirant à moi. Cette fille avait définitivement besoin d’une oreille attentive et peut-être même d’un peu d’aide de la part d’un psychologue. Il n’y avait rien de mal là dedans et pas besoin d’être fou pour aller en voir un, je crois simplement que ça pourrait l’aider à aller mieux vous voyez…

« Je m’excuse sincèrement de t’avoir embrassée. Je fais toujours des choses idiotes dans la vie et je m’en rends bien compte. Je m’excuse sincèrement Yule. Je ne pourrais pas du tout vivre sans toi. Dit moi que l’on est toujours amie, dit moi que tu ne me trouves pas folle je t’en pris. »

« Hey, hey! Saphy, du calme…. Arrête un peu, tu te fais du mal complètement pour rien là. Respire ma chérie, je ne t’en veux pas ok? Regarde-moi… Je ne t’en veux pas Saphyra. On sera toujours amie et je serais toujours là pour toi tu m’entends? Je ne veux plus que tu dises des choses aussi terribles que celles que tu criais tout à l’heure, d’accord? »

Elle pleurait et criait lorsqu’elle m’avait dit tout ça et je dois dire que mon état n’était pas très différent lorsque je lui avais répondu. La seule différence, c’est que je ne criais pas. Je parlais seulement suffisamment fort pour que l’on m’entende à travers les clapotements incessants de la pluie qui tombaient autour de nous et assez fermement pour qu’elle m’écoute, me comprenne et me prenne au sérieux. Je la regardais, les sourcils à demi froncés et à demi affaissés.

Il faisait si froid tout d’un coup, la température avait eu raison de moi. Je n’arrivais plus à ignorer le fait que j’étais à moitié habillé, complètement trempé et frigorifié. Serrant un peu plus Saphyra contre moi, je la pris finalement dans mes bras, la réconfortant et nous réchauffant toutes les deux par le fait même. Au bout d’un moment et probablement au bout de mes larmes et des siennes aussi, je me suis écarté légèrement, la tenant toujours pas les épaules.

« Viens, on rentre…. »

C’était une invitation plus qu’un ordre, mais j’espérais qu’elle ne s’y opposerait pas. Posant un baiser sur son front trempé, j’espérais lui faire comprendre qu’elle et moi serions amies pour toujours, quoi qu’il arrive. Ce n’est pas un événement comme ce soir qui allait nous séparer. D’ailleurs, nous devrions mettre les choses au clair, mais pas maintenant, pas ce soir. Pour l’instant, tout ce qui comptait réellement c’était de rentré à l’intérieur, de se sécher correctement, de prendre un bon truc chaud à boire et tenter par tous les moyens de ne pas être malade comme des chiens le lendemain venu. Je dois être franche, j’ai tendance à facilement attraper un rhume. Enfin, au diable tout ça, on aurait qu’à passer la journée au lit à manger de la glace et à boire du chocolat chaud!

Selon ses dires, Saphyra était folle. Je n’avais pas le même avis quant à son état mental. Elle n’était pas folle du tout, elle était simplement perdue et avait besoin d’aide pour s’y retrouver parmi ses pensées bouleversées. Certes, elle avait souvent peur d’un tas de truc et s’imaginait les pires scénarios, mais cela ne faisait pas d’elle une timbrée, loin de là. Elle avait peur de la perdre en tant qu’amie disait-elle… Je pensais un instant. Soit elle me connaissait mal, soit elle me sous estimais. Je n’étais pas du genre à abandonner mes amies aussi facilement, surtout pas mes meilleures amies. Et même. Je n’étais pas du genre à abandonner qui que ce soit qui se retrouvait ou non dans le besoin. Enfin… Elle parlait aussi du fait qu’elle avait peur que son père revienne, je ne crois personnellement pas qu’il y ait quelque danger que ce soit de ce côté. On était en sécurité, ici, à BCU. Qu’elle déteste qu’on lui cri dessus, je pouvais comprendre. Par contre, je n’avais pas crié sur elle, loin de là, il ne fallait pas se méprendre non plus!

Elle avait peur de se réveiller le cœur brisé, peur même de dormir la nuit… C’était devenu relativement grave, selon moi en tout cas. Elle ne pouvait plus dormir seule… De ce côté, j’avais en tête qu’elle n’était jamais seule puisque nous partagions une chambre toutes les deux. Cependant, lorsqu’elle mentionna le fait que je n’accepterais plus jamais qu’elle dorme avec moi, je compris qu’elle voulait dire seule dans son lit. Soupirant, je regardais un peu dans le vide. Bien sûr, j’aurai sûrement peur qu’elle retente un truc sur moi, mais si elle promettait de ne rien faire, je lui ferais confiance, pas la peine d’en faire un plat…

« Viens, on rentre…. »

Elle me suivit jusqu’à l’intérieur et j’étais soulagé qu’on soit rentré. Dès que l’on est entré, Saphyra s’est changé suivit de près par moi. Prenant une serviette épaisse pour essuyer toute cette eau sur mon corps, je n’avais pas vraiment de gêne à me changer devant elle, même si elle venait plus ou moins de me déclarer qu’elle avait un faible pour moi. Je savais qu’elle ne ferait pas exprès de me reluquer alors que j’enfilais une nouvelle paire de petite culotte et un chandail bien sec. Épongeant mes cheveux avec la serviette, je la posais ensuite sur une petite pôle destinée à retenir les choses dans ce genre et allai me poser dans le lit. Les couvertures étaient chaudes et j’en étais contente, c’était si réconfortant tout ça. Saphyra vint prendre place dans mon lit, je ne lui en voulais plus. Et puis, qu’elle dorme avec moi ne me dérangeait pas non plus, après tout c’est moi qui l’avais autorisé à y venir tout à l’heure. Je le rejoignis et la regardai en silence, histoire de voir si elle allait un peu mieux. Elle s’adressa à moi, je voyais qu’il y avait encore un trémolo dans sa voix.

Qu’elle finisse dans un hôpital psychiatrique ? Ne poussons pas les choses tout de même. Nous traverserons le pont une fois arrivé, n’est-ce pas? Je serrais sa main alors qu’elle venait de prendre la mienne. Sa peau était encore toute froide et j’entrepris de la réchauffer en frottant la surface de mon autre main, serrant donc la sienne entre les deux.

« Hey… Don’t say such things sweety… It’s never gonna happen okay? I’m there for you and I’m gonna help you so don’t think about it would you? »

Le silence nous envahi de nouveau et je me laissai glisser sous la couette, posant ma tête sur l’oreiller. J’étais bien comme ça, ça me détendait. La pluie tombait toujours à gros torrent à l’extérieur et, à ce rythme, il y aurait un déluge dans les différents parkings demain matin! Sans parler de la terrasse qui serait un vrai champ de boue. Ce serait le moment parfait de porter mes toutes nouvelles bottes Doc Martens. Bref, là n’était pas la question. Bien que mes Doc étaient vraiment magnifiques avec leurs grosses fleurs.

« J’ai envie de me coller ! »

Je me retournai vers Saphyra plus ou moins rapidement, mais surtout surprise. Avait-elle dit ça sans s’en rendre compte ou alors tentait-elle une nouvelle approche? J’arquais doucement un sourcil, perplexe. Devais-je accepter? Voulait-elle simplement un câlin? Je ne savais pas quoi faire. J’étais perdu et je ne voulais en aucun cas répéter l’épisode que nous venions de vivre. Inspirant profondément et pesant rapidement le pour et le contre, je mis mon bras autour de ses épaules et la forçai quelque peu à poser sa tête sur le bord de mon épaule. Caressant doucement ses cheveux, je commençai inconsciemment à chanter pour l’apaiser.

« Sing me to sleep. Sing me to sleep. I'm tired and I want to go to bed… Sing me to sleep. Sing me to sleep. I don't want to wake up on my own anymore… »