Une journée comme une autre commençait. Selah se rendait toujours au parc afin de se détendre, d’aérer sa tête et d’oublier son existence dans ce monde en se réfugiant dans sa musique. Assise sur un banc, Selah écoutait son iPod, elle était bien seule sur de banc. Pardon, un oiseau, une espèce de moineau croisé avec un pigeon, une espèce très rare, une pie ? Non, un oiseau inconnu. Celui-ci semblait avoir besoin de réconfort, d’amour et de compatit. C’est bête mais Selah comprenait cet oiseau, il faisait glisser des « cui-cui » entre les paroles de musique de The Kooks. L’animal avait un air abattu, ressemblant de près ou de loin à celui de Sé. Au fond, elle avait quelques idées du pourquoi et du comment… Elle entend par cela que si les personnes autour d’elle ne venaient pas la voir, c’était surement à cause de quelques choses sur son visage, l’expression qu’elle dégageait. Du moins, c’est ce qu’elle pensait. Elle ne sait pas si oui ou non, c’était cela mais elle s’en moquait. L’important était ses résultats à l’université, ses parents et elle. Autour d’elle, une multitude de bancs, de fleurs qui commençaient à apparaître, des arbres, les étudiants du campus avaient le choix d’étudier à l’ombre ou au soleil, c’était assez sympa. Un air de communauté se dégageaient, une communauté soudée et pourtant… Selah était toujours seule. Un jeune homme passait devant elle, ses livres à la main, ne déposa pas un seul regard sur la jeune femme enfermé dans son monde de musique et vêtue d’un blazer noir avec un tee-shirt gris et blanc avec un côté graphique puis, accompagné d’un jean.

Soudain, la jeune femme, fille à papa, en avait marre d’être sur ce banc à contempler les mouches volées et les individus passaient. Elle décida de suivre le mouvement de jeunes personnes, un groupe. Elle prit son sac et enclencha le pas sur ce groupe. Selah voulait se faire une place mais elle réfléchissait surement trop. Elle abandonna au bout de quelques secondes, rangea son baladeur musique dans son sac à bandoulière noir et s’asseya sur un coin d’herbe au soleil et lut un journal qui parlait de politique. En attendant de voir une personne arrivée. Ou pas !

Ce journal. Elle l'adorait. Il n'y avait pas non plus un tas d'informations mais tout était si bien dit, avec des touches d'humour qu'elle ne s'en lasserait surement jamais. L'humour aussi, elle aimait bien. Des petits agréments d'ironie, de drôlerie en tout genre lui suffisait pour rigoler toute seule dans son coin. À croire que c'était cela, qu'il l'a conservée ici. Elle avait lu des tonnes et des tonnes de choses sur les problèmes d'adolescentes qui étaient anorexiques ou bien boulimiques, d'autres étaient enceintes mais encore, des jeunes femmes seules qui se sont suicidées à cause de leur solitude. En aucun cas, Selah laisserait sa vie pour la solitude ! Si son monde ne tournait plus rond, c'est que la politique se serait envolé vers l'infini et l'au-delà.
Les minutes passaient, les heures aussi, par moment, la jeune femme relevait la tête pour contempler la nature, les individus qui l'entouraient et les bruits qui s'échappaient. Autour d'elle, des jeunes hommes étaient assis, ils ne prêtaient aucune attention à Selah. Faute de goût ? Sans aucun doute, elle dégageait une beauté incroyable, un visage sans défaut, toutes les jeunes femmes pourraient l'envier et pourtant... L'herbe était verte, l'été approché. Une matinée remplit de chaleur et d'un vent léger, rien de meilleur selon Selah. Elle regarda sa montre qui afficha déjà 11 h 03 à peu près, la jeune femme était une pro de l'a peu près. Elle faisait tout a peu près, lisait tout à peu près, cela en était tellement drôle !
Elle reprit son journal, le gros titre était: « Sexisme à l'Assemblée », Sé avait été interpellé par ce sujet car, elle suit beaucoup les mouvements féministes. D'ailleurs, elle a rejoint une grande association concernant ce sujet depuis son arrivée à Berkeley. Les femmes qui sont vues comme des objets, qui sont oubliées lors des entretiens embauches car elles vont, surement, bientôt tomber enceinte, ça l'a révolte. Étant une femme, elle se sent beaucoup concernée par ce sujet et ne comprend pas certaines femmes qui s'en moquent en quelques sortes. Toutes les femmes sont concernées ! À en croire le nombre de membres dans les associations, pas tellement en fin de compte.

Selah, toute pensive, à cet article, mit quelques temps à réagir qu'une jeune femme un peu plus âgée qu'elle, se tenait au-dessus d'elle, avec un sourire ravissant. C'était Effy. Selah répondit aux premières paroles de Effy par un sourire, puis réfléchit.

« Oh ! Contente de te voir, je me noyais dans mon journal. Assieds toi avec moi ! »
Selah se sentit soulagée que Effy soit avec elle, elle commençait à s'ennuyer, bien que son journal soit super intéressant.
« Sur ma planète, ça va. Oui j'essaye d'aller vers les autres mais non je n'y arrive pas. »
La jeune femme ne répondit pas sur un ton agréable mais tout ça, la travaillait. Elle voulait être.. Normal. Du moins comme les autres, comme son amie Effy.

Intégration ? Selah ne connait pas ce mot. Elle ne sait jamais intégrer ou si peut-être une ou deux fois, dans sa famille. Elle était peut-être trop bernée, trop bercée, dans les bras de ses parents. La jeune femme était le petit bébé de ses parents, leur petit ange, la chose la plus merveilleuse au monde qui leur est arrivés. Elle était contente d’avoir des parents si formidables mais parfois elle se demandait si ce n’était pas de leur faute si elle était comme ça… Pas comme les autres ! Sel ne se trouvait pas normal par rapport aux individus qui l’entouraient, ils étaient tous aussi souriants que les autres, ils ne se souciaient de rien. Elle qualifiait les jeunes d’insouciants, qui ne vivaient que pour les soirées, l’alcool, la fumette et les différentes drogues, c’était un scandale selon elle. Dans le fond, elle aimerait bien être comme eux, s’amuser d’une autre façon, être insouciante tout en restant ambitieuse pour son avenir. Et pourquoi pas avoir une amie sur qui se reposer ou un petit copain qui l’aiderait et lui ferait oublier qu’elle était seule avant. Qui lui donnerait envie d’avoir une vie bien meilleure et, beaucoup plus mouvementée.

Effy était maintenant là pour résoudre ce problème d’après ce que Selah en déduisait en la voyant si déterminée après les dernières paroles qui venaient de sortir de sa bouche et de son esprit. Peut-être avait-elle vécue la même chose auparavant ? Sel se demandait vraiment pourquoi Effy voulait l’aider ? Selon elle, rare sont les gens qui ont un cœur généreux. Dans ce monde, elle a plutôt vu un état d’esprit lâche, des individus solitaires ou plutôt « faux culs » comme nous pouvons dire dans ce monde actuel.

Sel était encore dans ses rêves pendant qu’Effy voulait qu’elle se lève, qu’elle jette son journal. Eff souhaitait que Selah se batte contre cette timidité trop imposante.
La jeune femme d’un seul bon se réveilla et se mit debout tel un piquet. La jeune femme ferma les yeux, les pensées du diable l’ensevelissaient. Les pensées du diable représente le petit monstre qui se situe dans votre tête et qui vous dit : ne faites pas ça, c’est complètement idiot. Puis, il y a les pensées de l’ange, beaucoup moins importants en ce moment présent qui dit : ça ne peut que t’aider, fonce. Finalement, Sel allait prendre les idées du diable mais aussi de l’ange puis elle prit la parole en coupant Effy dans sa joie, sa fierté d’avoir trouvée une idée concrète :

« Mais c’est idiot, je te connais déjà, ça ne va jamais marcher ! Je vais me taper un bon vieux fou rire. Tu doutes de mes capacités théâtrales c’est ça ? »

Selah rit un instant et reprit :

« Je plaisante, bien sûre. Mais je sais me mettre dans la peau d’un personnage mais dès qu’il s’agit de revenir à la réalité, ce n’est plus pareil. Puis, les gens autour, s’ils nous voyaient, ils nous trouveraient ridicules. En plus d’être insociable, je n’ai pas envie de paraître ridicule. »

La jeune femme sourit et regarda autour d’elle, elle était hésitante pour tenter cette expérience.

Selah se souvenait de ses premiers cours de théâtre, il y avait quelques adolescents qui l’accompagnaient. En réalité, elle les détestait tous, elle voulait se montrer plus fort qu’eux. On peut dire que c’était une de ses motivations, bien qu’elle en avait encore beaucoup d’autres. Elle adorait sa prof’ de théâtre, elle lui donnait des improvisations incroyables. Aussi, sa prof parlait avec beaucoup d’enthousiasme, elle avait les yeux qui brillent à chaque chose qu’elle racontait. Quand elle parlait de quelque chose, Selah avait l’impression de le vivre en même temps, la jeune femme voulait être comme elle. Mais sa timidité la bloquait. D’ailleurs, elle aussi, sa professeur de théâtre était timide durant sa jeunesse, il y a eu un véritable déclic quand elle s’est élancée. Pourquoi ça ne marcherait pas avec elle ? Il fallait qu’elle arrête de penser que tout allait se passer mal, tout le monde est égal, il n’y avait donc aucun problème à l’horizon. Beaucoup d’individus croyait en eux, était heureux. Sel aussi devait devenir comme eux. Profiter de chaque moment, la jeune femme avait besoin d’air. Cet air c’était San Francisco, il lui manquait d’abandonner son ancien personnage, d’oublier un petit moment Selah la fille à papa. Ou plutôt de débloquer la jeune femme qu’elle était, de noyer sa timidité en elle. Elle écoutait attentivement les paroles d’Effy, elle buvait ses paroles. Tenter, oui il le fallait. Tant pis, si cela finirait en fou rire, du moment que Selah allait s’amuser. Effy avait raison dans tout ce qu’elle disait, Sel le savait et elle allait s’en convaincre en mettant tout en œuvre. La jeune femme sourit :

« Ridicule à deux, c’est bien mieux, en effet. Puis, imaginons, une foule de gens qui viennent se joindre à nous, ce serait trop drôle. Faut que j’arrête de rêver ! »

Selah rit. Elle s’imaginait tellement de choses, tout ce qu’elle imaginait ressemblait à ses rêves. Bientôt ses rêves seront réalité, du moins c’est ce qu’elle se forçait à croire et elle avait raison. Qui ne tente rien n’a rien, oui cette citation, Sel l’adorait, elle voulait y croire. Elle allait y croire ! A la dernière question qu’Effy lui posa, la jeune femme pensa directement à un homme. Un bel homme…

« Ok, je vais être ridicule toute seule cette fois-ci mais j’assume ! Je voudrais aborder un garçon, peut-être que ça me débloquerait. Tu sais, je n’ai jamais eu de copain, limite c’est un rêve de gamine. Tu me trouves ridicule, n’est-ce pas ? »

Selah regarda le sol et ricana :

« Tu ne peux pas savoir ce que c’est d’être seule et d’avoir des rêves pleins la tête, si j’avais un homme dans ma vie, ce serait extraordinaire, ce serait un grand pas… »

[…] Effy coupa la parole de Selah.

« Et si des gens s’approchent, on leur proposera de participer. » Drôle d’idée, Selah n’avait aucunement envie de s’afficher. Quoi que, elle voulait qu’on l’a remarque mais pas de cette manière. Elle recevrait des moqueries si on l’a voyait, elle aurait préférée jouer ce rôle en privée pas dans un parc de l’université au beau milieu de multiples étudiants qui bronzaient sous cette chaleur étonnante. Il fallait qu’elle se lance, ça allait être peut-être drôle qui sait ? Éventuellement un garçon l’a percuterait lorsqu’elle serait parti dans sa scène et cet homme serait extraordinaire. En pensant à cette idée peu probable, elle se souvenait d’un jour d’ennui quand elle était encore à Liverpool… Auparavant, Selah se baladait très rarement sans ses parents, ce jour là, elle avait décidée de prendre l’air seule. Évidemment, les aventures se multiplièrent, des bonnes et des mauvaises. Elle avait eu le même souhait qu’aujourd’hui : qu’un jeune homme l’a bouscule mais ce jour là, c’était loin d’être un beau chevalier, un Dom Juan, le Roméo que toutes les filles rêvées. A vrai dire, c’était un SDF, un sans-abri un peu ivre qui ne marchait pas droit, ses joues étaient bien rouges et son langue bien jaune, à vomir. Oui, il tirait sans arrêt la langue au passant. Sans étonnement, c’est sur Selah qu’il trébucha, tira la langue et souffla son haleine dans le nez de Selah pour faire sentir son odeur de bières. La jeune femme ne s’était pas dégagée pour éviter que la mauvaise odeur de ce sans-abri lui arrive dans les narines car soudainement, un véritable bel homme avait fait irruption. Il l’avait remarqué. Mais, il s’était bien marré en regardant Sel et ce pauvre. Échec. Un de plus !

A l’annonce de Selah, ou plutôt à la réponse de la jeune femme. Effy se crispa et s’absenta quelques minutes dans ses pensées. Sel se sentit quelques peu gênée, peut-être que son amie trouvait ça assez prétentieux ou capricieux ? Immédiatement, Effy se réveilla et surmonta ses pensées qui devaient sans aucun doute être mauvaise étant donné sa triste mine. Lorsque la jeune femme sentit le bras de son amie, Selah se sentit encore plus intimidé que d’habitude. Jamais, quelqu’un l’avait pris de cette sorte, encore moins dans ses bras. Elle se sentait tout de même soulagée, Effy était comme une protectrice pour la blonde svelte.

Après la petite leçon de moralité de madame la protectrice en chef de Selah, elle décida d’avoir un peu plus confiance en elle. Beaucoup de gens se fichait de ce que les autres pouvaient penser d’eux alors pourquoi elle ne ferait pas pareil ? Enfin c’est vrai que ressembler aux autres, Sel a du mal. Elle est sans aucun doute unique en son genre à l’université de Berkeley mais maintenant, elle avait décidée que les étudiants de la ville de San Francisco l’envient. Pour cela, elle allait se battre, attention à vous jeunes femmes. Pour une fois, elle était totalement déterminée dans ce qu’elle avait envie de faire et surtout, envie d’être.

« […] Si tu n’as encore jamais eu de copain, crois-moi, ça t’a évité pas mal de soucis. » Effy faisait parti de ses individus qui avaient eu un échec dans leur vie amoureuse, Selah se réjouissait de la tristesse de la jeune femme qui l’accompagnait. C’était idiot. Mais, au moins c’était un atout de n’avoir jamais connu ce malheur d’être soudainement seule, abandonnée et se couper du monde afin de pleurer pendant des heures. Il fallait mieux être heureux un moment même si on se sentait seule. Son amie serait marquée à vie par sa rupture à moins qu’elle ne retrouve un autre Dom Juan. Selon Selah, il se faisait rare, très rare, même un peu trop rare.

La jeune femme essaya de s’élancer dans l’acte I, scène 1 qui était précédée par les paroles encourageantes de la jeune brune. Sel imaginait l’homme dont elle rêvait à la place de son amie, il était brun avec des yeux de n’importe quelle couleur du moment qu’ils étaient pétillants, de petites lèvres à croquer… Ses cheveux, ce jour là serait un peu en arrière et une petite mèche retomberait sur le front du jeune homme qui avait à peu près la vingtaine d’année. A croquer ! Selah s’écarta un peu de Effy puis fit mine d’avancer vers elle ou plutôt lui. Elle s’installa sur le petit muret qui se trouvait à proximité où son amie s’était peu de temps auparavant assis dessus. Elle regarda l’heure, il était 17H08 : l’heure de goûter. Faut que Selah mange, à la minute où elle regarda sa montre, son ventre faisait des gargouillis. Elle rigola.

« Excuse moi, tu n’as pas une barre de céréale dans ton sac ? »

Les jeunes femmes explosèrent de rire :
« Je te parle Roméo. Je te demande de regarder dans ton sac, si tu as un gâteau pour une femme affamée. Excuse moi, je me suis pas présentée, je suis Juliette, enchantée. »

Le délire Shakespearien pouvait débuter.