Aujourd’hui il avait la poisse ! Mais vraiment ! Ce n’était pas possible d’être aussi malchanceux tout à coup…

Comme à son habitude, depuis que le garçon avait une auxiliaire qui venait s’occuper de lui et l’aider à prendre sa douche et se préparer, Thomas se réveillait à 7h00. C’était tous les jours comme cela. Le garçon n’avait aucun jour de répit où il pouvait dire « J’ai envie de faire la grasse matinée » ou décider tout simplement de se lever un peu plus tard. Cet inconvénient là était l’un des nombreux de son handicap. Et le garçon devait faire avec. Il n’avait pas le choix de toute façon. C’était soit ça, soit il se débrouille tout seul. Et ça… Malheureusement Thomas n’y arrivait pas. C’était hallucinant toutes les choses qu’il ne pouvait plus faire depuis qu’il avait perdu l’usage de ses jambes.

Elena était étudiante ici à Berkeley. Cette fille avait aidé Thomas à se reprendre en main et à s’inscrire à l’université. Elle devait aussi l’aider dans les actes de la vie quotidienne et être la nouvelle auxiliaire de vie du garçon. L’ancienne étant en arrêt maladie et ne pouvant de toute façon pas venir travailler aussi loin de chez elle. Kimberley devait rester sur Pacifica pour soigner ses autres patients. Cela faisait quelques jours que le nouveau Thêta logeait à Berkeley. Pour le moment, le jeune homme revenait tous les weekends chez ses parents. Tant que sa chambre n’était pas entièrement adaptée à lui, Thomas ne pouvait pas s’installer complètement. Ses appareillages de kinésithérapie restèrent donc chez papa et maman. Le jeune handicapé ne possédait pas non plus de lit médicalisé pour le moment. Et c’était véritablement la galère. Comme Elena n’était pas encore revenue de vacances, c’était Swen qui prenait le relai. Ce matin, le président des Thêtas devait venir aider son meilleur ami à se laver. Mais pas de chance, vers 9h00, le garçon envoya un texto à Erzak pour lui dire qu’il était désolé, qu’il ne pouvait pas l’assister pour le moment parce qu’il était malade. Le pauvre Turner s’était chopé une mauvaise gastro et avait pris un abonnement sur ses toilettes. Désemparé par ce message, le pauvre Thomas lui souhaitait un bon rétablissement. Et dès qu’il pourrait, il viendrait lui rendre visiter. Pour information de passage, la chambre de Swen n’était qu’à quelques pas de celle de Thomas, sur le même palier. En attendant, le jeune handicapé devait absolument se lever de son lit, aller aux toilettes et se laver. Bon pour les toilettes, heureusement, P’tit Thom’ avait son urinoir à côté de lui. Ce n’était pas ce qu’il y avait de plus charmant comme décoration de table de nuit mais bon, c’était l’endroit le plus pratique pour le garçon prendre l’objet quand il en avait besoin. Depuis deux longues heures qu’il attendait son meilleur ami, Thomas se décida enfin à se redresser comme il pouvait dans ce lit des plus banales. A la maison, avec son lit à lui qui était médicalisé, le jeune handicapé prenait la télécommande et mettait le lit en mode « assis ». C’était beaucoup plus pratique comme faire pipi. Et au moins, le garçon voyait ce qu’il faisait. Ici, l’étudiant avait beaucoup de mal. Avec son oreiller, il avait essayé de faire comme il pouvait pour se redresser mais c’était mission échouée d’avance. Son envie étant trop pressante, Erzak prit son urinoir… Les résultats de cette expérience étaient pitoyables. N’arrivant pas à se redresser et ne voyant pas trop ce qu’il faisait, Thomas en avait fait autant dans l’objet que sur lui et dans le lit. En se rendant compte de ça, le garçon se mit à pleurer. Il avait honte. Et si quelqu’un entrait comme ça dans sa chambre qui n’était pas fermée à clef et le voyait lui et le lit tous mouillés ? L’étudiant était sûr qu’il serait la risée de tout le campus après ça.

Il avait fallu un bon moment à P’tit Thom’ pour se calmer de sa déception. Il devait être dans les environs de midi, voire une heure de l’après midi quand le Thêta se décida quand même à se « lever ». L’étudiant retira la taie de son oreiller et l’installa sur sa chaise afin de ne pas la mouiller. Avec bien des difficultés mais surtout beaucoup de temps, le jeune homme parvint à s’installer dans son fauteuil. Depuis 4 ans, c’était la première fois qu’il avait réussi ce miracle. En allant dans la salle de bains de sa chambre, la joie du garçon s’estompa bien vite. Le pauvre n’avait plus de gel douche. Si seulement Swen était là, son meilleur ami aurait pu lui en ramener une bouteille mais bon… Thomas soupira et se résigna à aller dans les douches communes de la confrérie. Il prit une couverture qu’il mit sur lui pour cacher son pyjama encore humide mais aussi et surtout ses cicatrices à ses jambes.

Dans la salle de bains commune des Thêtas, ne voyant personne, Thomas entra. Les produits de toilettes étaient en hauteur. Trop pour lui. Le garçon leva le bras et s’étira le plus possible vers les gels. Il avait beaucoup de difficultés. Quelqu’un prenait sa douche. Pendant ce temps là Erzak fit tomber l’étage de gel douche sur lui et sur le sol.

Thomas soupira : “ – Oh non pas ça… ”

Le garçon se penchait pour récupérer les produits à terre quand une voix féminine se fit entendre.

Thomas : “ – Euh… Oui oui… Euh… C’est Thomas, le… Le nouveau… Je… Euh… Je voulais juste prendre un gel et m’en aller mais… ”

La fille sortit de sa douche. Elle était encore nue et mouillée de sa douche sous sa serviette. Thomas leva les yeux vers elle. Il déglutit difficilement en se mettant à rougir. Gêné, il détourna le regard et se reconcentra sur les produits au sol. Le pauvre. C’était bien la première fois qu’il voyait une fille aussi peu vêtue si près de lui. Jamais il n’aurait cru que c’était dans des circonstances comme celles-ci.

Avant d’être dans cet état là, Thomas n’aimait pas non plus dépendre des gens. Il détestait qu’on lui vienne en aide. Aujourd’hui encore c’était le cas. Mais contrairement à avant, le garçon ne pouvait que fermer sa bouche et subir. Oui. Subir. L’étudiant rejetait ce corps qui n’était plus le sien. Depuis cet accident, Erzak ne reconnaissait plus ses jambes. Avant elles savaient marcher, courir, sauter… Aujourd’hui elles n’étaient plus que des membres inertes et pleines de cicatrices. Sur les radios qu’il faisait, les résultats montraient des plaques visées à différents endroits sur ses os. C’était à cause de ces maudites ferrailles que le Thêta savait qu’il devrait encore endurer d’autres opérations. Ne serait ce que pour vérifier l’état de ses os. Voir aussi si le fer ne rouillait pas ou ne s’oxydait pas. Etant handicapé, ayant perdu l’usage de ses jambes, les chirurgiens n’osaient pas lui retirer ces pièces rapportées. Par peur que le patient ne se refracture les aussitôt. Une chute était si vite arrivée. Thomas devait bien avouer qu’il s’était vautré plus d‘une fois à terre. Se retrouvant dans l’incapacité de se relever seul. N’étant plus libre de ses mouvements, le jeune homme s’était vu obligé de prendre une auxiliaire de vie. Ne sachant plus se mettre debout, se laver complètement ou même s’habiller, Thomas avait besoin d’assistance. Ce qui ne l’avait jamais réjoui. L’étudiant n’était pas spécialement très pudique. C’était plutôt le fait que les relations intimes qu’il entretenait avec les femmes, il avait toujours préféré que cela se passe autrement. Le Thêta n’avait jamais eu de rapport. A 22 ans, il désespérait en avoir un jour. Il ne se savait pas spécialement canon. Il savait aussi que les filles préféraient les hommes dans toutes leurs capacités. Et ce n’était pas le cas pour lui donc bon… Le novice se faisait difficilement une raison.

Dans la salle de bains, Thomas fut une véritable catastrophe ambulante. Le pauvre avait tout renversé les produits et même l’étagère à terre. Une jeune femme sortie de la douche et vint lui venir en aide. Après avoir réparé la bêtise de son confrère, elle lui donna un gel en entamant la discussion. Elle savait comment il s’appelait puis se présenta.

Thomas : " – Bonjour Jhia’. Oui je m’appelle bien Thomas, oui c’est moi. Enfin tu le sais déjà. “

Thomas serra la main de la fille et tourna la tête. Il était très gêné de la voir en petite tenue. Enfin le garçon ne voyait rien du corps de son interlocutrice. Il se doutait bien qu’elle était nue sous sa serviette. Et comme tout garçon normalement constitué, en pensant à cela, ça ne lui était pas indifférent physiquement. Le pauvre ne faisait que rougir davantage en espérant que la Thêta ne s’aperçoive de rien. Il se demandait aussi et surtout comment il allait bien pouvoir faire pour se doucher seul. Mais ça c’était une autre hisotire…

Jhia’ s’était rendue compte de la gêne du petit nouveau. Pauvre Thomas ! Comment pouvait-il s’expliquer sur son mal être? Le jeune Erzak ne se voyait pas du tout lui dire que c’était la première fois qu’il voyait une femme aussi dénudée et proche de lui comme elle l’était. Et encore moins qu’il n’avait pas été indifférent à ça. Dans sa panique, sa petite envie s’était estompée. Heureusement pour lui. La Thêta riait de l’attitude de l’handicapé. Thomas n’était que plus embarrassé par la situation. Il était sûr qu’elle avait déjà deviné qu’il demeurait sans expérience. Il ne manquait plus qu’elle apprenne qu’il n’a jamais eu de petite amie et que son premier baiser, il l’avait récemment échangé avec son meilleur ami. Le novice était tellement désespéré de rencontrer l’amour qu’il avait demandé à Swen de l’embrasser pour voir ce que ça faisait. Pathétique…

Thomas : " – Euh, je… Tu… Euh… Oui, enfin non ! C’est pas ça. C’est que… “

Le garçon n’arrêtait pas de bafouiller. Et plus il paniquait, plus il perdait les pédales. Jhia’ lui souriait. Surement pour le rassurer. Thomas se stoppa quelques secondes pour prendre une grande inspiration, expiration et se lança sans espérant mieux se débrouiller cette fois ci.

Thomas : " – Euh… Oui ! Oui je veux bien que tu te rhabilles s’il te plait… Sinon je… Je… Euh… Bah Elena n’est pas encore revenue de vacances et Swen est malade donc je… Bah… Il… Il n’y avait plus de gel douche dans ma chambre et… Euh… Bah voilà pourquoi je suis là… Je… J’étais juste venu empruntais un flacon de produit pour ma toilette quoi… “

Thomas n’avait pas précisé comment il allait faire pour se laver. Le garçon n’en savait rien lui-même à vrai dire. Il espérait juste se débrouiller tout seul comme un grand, mais là rien n’était certain. Surtout qu’il n’avait encore aucune conformité dans sa chambre comme dans sa salle de bains pour son handicap…