Aujourd'hui la jolie Sigma s'était réveillée sur un petit nuage, elle n'avait pas fait de cauchemars, avait réussi à rattraper ses heures de sommeil et ce qui la rendait encore plus heureuse dans tout ça c'est qu'elle avait rendez-vous avec Alcide.
Alcide Van Stexhe était un homme qu'elle avait rencontré tout à fait par les plus grands des hasard dans un hôpital à New York. Elle était comme à ses habitudes dans la salle d'attente qu'on puisse enfin la laisser voir sa mère dont l'état de santé semblait faire des siennes, un jour tout allait bien et si ça continuait, les médecins pourraient prévoir sa sortie et le jour d'après alors qu'elle pensait que tout allait pour le mieux, on lui téléphonait à n'importe quelle heure pour la prévenir que l'état de sa mère avait empiré. Esme' était arrivée à un point où elle ne savait plus quoi faire, ni comment réagir. Elle ne savait plus où donner de la tête, elle devait aller en cours parce qu'elle avait promis à sa mère de continuer ses études, elle devait en même temps travailler pour subvenir à leurs besoins mais, elle devait aussi rester auprès de sa mère parce qu'elle craignait qu'il ne lui arrive quelque chose s'en qu'elle ne puisse être présente. Alors, elle restait des heures à l'hôpital en dehors des cours et de son boulot, assise dans cette salle d'attente aussi déprimante que sa vie à espérer et à prier que tout ceci ne soit que passager pour qu'elles puissent enfin trouver un peu de sérénité dans leur vie. C'est ainsi qu'elle fit la connaissance de Van Stexhe, il rendait visite à un ami médecin qui s'avérait être le médecin de sa mère et elle ne savait pourquoi il avait fait cela mais, il s'était un jour approché d'elle lui proposant un café. La jeune femme dont l'épuisement transparaissait sur son visage n'avait pas refusé, ne s'était même pas méfié de cet inconnu et avait tout de suite accepté l'invitation. Puis, les choses s'étaient faites d'elle-même, la jeune étudiante lui avait donné sa confiance et le professeur ne l'avait jamais trahi, étant présent pour elle à chaque fois qu'elle en avait besoin.

Elle voyait cet homme qui avait débarqué un jour de nulle part comme un père, un père qui n'en avait jamais été un et qu'elle ne préférait pas revoir. Ils passaient beaucoup de temps ensemble, aussi souvent qu'ils le pouvaient, ils parlaient de leur vie respective, riaient ensemble et par dessus tout passaient un bon moment en compagnie de l'autre. Et cette habitude de se retrouver loin des problèmes de tous les jours et loin de tout avait perduré à San Francisco. En effet, Esme' avait été admise à Berkeley il y a trois ans de cela, quelques temps après, elle découvrait que son père de coeur venait enseigner dans cette même université ce qui avait ravi la jeune femme. Leurs rendez-vous allaient pouvoir reprendre de nouveau et par la même occasion la bonne humeur car ces rendez-vous pour Esme' rimait avec bonne humeur. Ils lui permettaient de s'évader et de changer d'air.

La jeune Williams paya le chauffeur de taxi avant d'en sortir et de se diriger vers le bar-tapas où elle avait rendez-vous. Elle était un peu en retard, chose qu'elle n'avait pas du tout prévu, elle était pourtant sorti tôt de chez elle et avait tout prévu pour arriver à temps mais, tout avait été chamboulé à cause de son psy qui avait fait duré sa séance plus que d'habitude. Avec les fêtes de Noël et de fin d'année, il voulait s'assurer que la jeune femme allait bien. Elle consultait un psy depuis un peu plus de trois ans déjà, depuis son agression à dire vrai. Elle entra dans le tapas et chercha du regard Alcide qu'elle ne tarda pas à trouver assis à une table devant une boisson et le regard au loin. Elle avança vers lui et l'embrassa sur la joue le faisant sursauter au passage. Elle prit place autour de la table tout en le remerciant pour le verre qu'il lui avait commandé avant d'ajouter.

"Désolée pour le retard, mon psy!" Dit-elle un sourire aux lèvres. "Comment ça va?" Ajouta-t-elle avant de boire une gorgée de sa boisson.

La jeune Williams n'aimait pas faire attendre les personnes avec qui elle avait un rendez-vous, c'était une règle pour elle que de toujours arriver à l'heure et d'être ponctuelle. Encore plus, lorsqu'il s'agissait de personnes qui lui étaient chères comme Alcide. Elle détestait vraiment qu'il attende quelle que soit l'attente, de courte ou de longue durée. Elle avait beaucoup trop de respect pour lui pour ça. Cet homme avait été présent dans des moments durs, il avait vu la jeune fille sous un aspect que personne n'avait encore vu à San Francisco et pas une fois, il ne s'était permis de la juger, pas une fois, il ne lui avait fait un reproche ou l'avait blessé en faisant allusion à cette sombre époque de sa vie. Elle avait trouvé en lui une épaule réconfortante, une oreille attentive et un homme sur qui elle pouvait compter. Elle savait qu'elle pouvait compter sur lui à n'importe quel moment, du jour ou de la nuit, elle n'avait qu'à composer son numéro pour qu'il réponde présent et elle lui en était reconnaissante.

Elle était arrivée quelque peu en retard et l'avait embrassé sur la joue, elle le vit sursauter, levant son bras gauche comme pour se défendre, elle lui fit une moue désolée, elle n'avait pas voulu lui faire peur. Elle se traita alors mentalement d'idiote, elle aurait dû se présenter avant de lui déposer un baiser sur la joue, ça leur aurait évité tout cela. Elle l'écouta parler tout en s'asseyant remarquant au passage qu'il lui avait déjà commandé à boire, charmante intention pensa-t-elle. Il parlait de recette de cuisine enfin, en quelque sorte. Elle éclata de rire en entendant la remarque qu'il faisait quand à ses talents culinaires, c'était surtout la comparaison qui l'avait faite rire. Et voilà comment il réussissait à rendre l'atmosphère joviale en un clin d'oeil.

"Tu peux toujours prendre des cours de cuisine...Ou si tu préfères, ça ne me dérangerais pas de cuisiner!"

Elle le pensait sincèrement, sa mère cuisinait à merveille, elle était un vrai cordon bleu, elle avait appris à sa fille à cuisiner ainsi mère et fille prenaient du bon temps ensemble à faire de bons petits plats avant de s'asseoir au fond d'un canapé et de les déguster en regardant la télé ou en parlant de tout et de rien. Que de bons souvenirs.

"Ca va...Il voulait seulement s'assurer que tout allait bien. Avec les fêtes, il avait peur que je tombe dans une sorte de dépression à cause de..." Elle ne termina pas sa phrase, elle n'en avait pas besoin, Alcide savait pour son passé plutôt sombre. Il avait été prévenu lorsque la mère de la jeune femme avait décédé et pour cause. Ce même soir, elle avait été admise à l'hôpital suite à une agression pendant laquelle elle perdit l'homme de sa vie et l'enfant qu'elle portait. Les médecins n'avaient guère eu le choix que de le prévenir, la Sigma n'ayant personne d'autre pour l'aider à traverser à cette épreuve. A lui, elle pouvait parler librement, il l'avait vu dans un état bien plus lamentable alors...Le silence s'abattit quelques instants sur eux tandis que l'un et l'autre sirotait sa boisson, plongé chacun dans ses pensées. Elle remarquait souvent cette lueur qui s'allumait dans ses yeux, elle en connaissait la signification. Elle n'était pas médium, loin de là mais, elle l'avait vu tellement de fois briller dans les yeux de son fiancé qu'elle la reconnaissait à présent lorsqu'elle la voyait dans ceux d'Alcide. Il ferait un bon père, elle en était certaine, il ne fallait que le voir comment il se comportait avec elle pour le comprendre.

"Je suis sûr que tu feras un très bon père". Elle avait parlé au futur pour lui faire comprendre que rien n'était encore perdu, que tout pouvait encore arrivé et que les miracles existaient. En tout cas, elle le pensait.

Après que son père soit sortit de leur vie, mère et fille s'étaient retrouvées seules, elles n'avait aucune famille à part le grand-père paternelle d'Esme' qui les avait toujours soutenu et avait tout fait pour les sortir de là jusqu'à ce qu'il les quitte lui aussi pour rejoindre les cieux. "Ses filles" comme il se plaisait à les appeler l'avaient pleurer pendant longtemps mais, avaient tout de même continué à vivre car s'était la seule chose à faire. Puis, la mère était tombée malade, ne laissant pas d'autres solutions à sa fille que de grandir avant l'heure. La jeune fille s'était retrouvée alors à prendre soin de sa mère et à tout faire pour qu'elles ne manquent de rien. Cependant, malgré son courage et sa force de caractère, il lui arrivait de vouloir tout plaquer, d'espérer une vie tout à fait normal où sa mère serait en bonne santé et où elle pourrait être une fille comme les autres sans un lourd passé à trainer derrière elle et sans autant de problèmes qu'elle avait. Elle revenait toujours à elle-même, laissant derrière elle ses peurs et ses interrogations qui ne servaient à rien et elle reprenait sa vie là où elle l'avait laissé. Mais l'état de santé de sa mère ne semblait pas vouloir s'améliorer et la jeune femme désespérait quand au rétablissement de sa mère. C'ets lors de cette période que le professeur Van Stexhe avait fait son apparition dans sa vie, l'aidant du mieux qu'il pouvait sans rien demander en échange, jamais.

La jolie grecque n'aurait pas su expliquer ce qu'il s'était passé avec Alcide depuis le premier jour où ils s'étaient rencontrés. Depuis la seconde où il était entrée dans sa vie, elle lui avait fait confiance sans se demander une seule seconde si elle faisait le bon choix ou pas. Elle qui d'habitude de nature méfiante surtout avec les hommes et ce depuis toujours. Depuis le jour où elle avait compris ce que faisait son père et dans quelles affaires il trempait, depuis qu'elle et sa mère avaient subit la violence de cet homme qui se disait les aimer plus que tout, depuis toujours en fait. Mais, avec Alcide tout avait été différent, tout en lui respirait la confiance, sa façon de parler, sa façon d'agir et même sa façon de se préoccuper de son état. Encore aujourd'hui, cet homme prenait son rôle à coeur et à aucun moment, il ne l'avait laissé tomber au plus grand plaisir de la jolie Sigma.

"Tu es sérieux? ça me ferait plaisir et en plus, on pourra se voir plus souvent!" Dit-elle toujours aussi souriante.

Voilà ce que leurs petits moments en tête à tête provoquaient chez elle: de la bonne humeur. Elle n'avait pas besoin de faire semblant, elle n'avait pas besoin de se cacher derrière une quelconque façade, elle n'avait pas besoin d'être quelqu'un d'autre. Lui ne la jugeait pas, ne se focalisait pas sur son passé et était toujours présent pour elle. Pour elle, ces moments passés avec lui était synonyme de joie, de bonheur, de bonne humeur. Dès qu'ils se retrouvaient, ils en oubliaient leurs soucis personnels, leur vie respective et ne pensait qu'à profiter du présent.

"Je dois dire que je n'aime pas beaucoup les psy mais, je pense que c'était nécessaire non? Mais, tu as raison, ce soir au diable les psy..."

Elle acquiesça d'un geste de la tête, il n'avait pas tout à fait tord, ce soir, ils ne se retrouvaient pas pour parler des choses qui fâchaient bien au contraire. Elle prit le menu qui était sur la table et se mit à le lire tout en jetant de temps en temps des coups d'oeil au professeur qui au fil du temps était devenu comme un père. Elle vit alors cette lueur dans ses yeux, lueur qui signifiait que Van Stexhe pensait à la paternité et aux enfants. Alors, elle se décida pour une fois de dire à haute voix ce qu'elle pensait tout bas et même si par le passé, elle s'interdisait de lui en parler par respect pour lui, elle estimait aujourd'hui qu'elle devait lui en parler, que pour une fois, les rôles pouvaient être échangés et qu'au lieu que ce soit lui qui s'occupe d'elle, ce serait le contraire. Et visiblement, il ne s'y attendait pas. Elle l'écouta parler avant qu'il ne s'arrête, ne terminant pas sa phrase, phrase qu'elle termina pour lui.

"Mais, il faut déjà trouver la bonne personne, n'est-ce pas?!" Ce n'était pas vraiment une question, c'était plutôt une évidence. "Je suis sûr que tu finiras par la trouver, cette bonne personne!"

Esme' comprenait tout à fait cela, elle le pensait aussi, pour elle avoir un enfant ne se faisait qu'avec la bonne personne et avec personne d'autre. Il fallait déjà trouver celui ou celle qui conviendrait, la personne qui nous aime pour ce qu'on est et comme on est avant de se décider à fonder une famille et cette partie n'était pas choses faciles.

"Oui...Je les ai passé ici avec des amis, c'était bien...Je devais aller en Grèce cette année, chez un très bon ami à mon grand-père mais, j'ai dû annuler à la dernière minute, ordre du médecin...J'ai fait un malaise et..." Elle ne savait pas si elle devait le prévenir que son père n'était plus en prison et qu'il devait surement être à l'heure actuelle à San Francisco pour essayer de la retrouver par tous les moyens. Elle ne voulait pas gâcher la soirée qui avait si bien commencer, seulement si Alcide venait à l'apprendre par une tierce personne, il lui en voudrait surement.

Se confier à quelqu'un n'a jamais été une tâche facile pour Esmeralda, au contraire, elle avait toujours eu tendance à faire comme si rien ne la dérangeait, comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, comme si elle n'avait aucun problème. La raison de tout cela était très simple: elle ne faisait pas confiance aux gens qui l'entouraient, elle s'attendait toujours à ce que ces derniers la déçoivent ou pire encore, la trahissent et elle n'aurait jamais pu le supporter. Alors, elle se refermait sur elle-même et faisait semblant de sourire alors qu'elle avait des envies de pleurer et elle réussissait à merveille à ce petit jeu-là. Encore aujourd'hui, la jeune femme ne peut s'empêcher de faire ça malgré elle. Cependant, tout ceci était différent avec Alcide, elle arrivait plus facilement à se confier à lui, à mettre des mots sur sa douleur ou sur ce qui l'ennuyait vraiment sans se sentir pour autant mal à l'aise. Elle ne savait pas comment il arrivait à avoir un tel effet sur elle mais, elle ne s'en plaignait pas, elle en était plutôt ravie car même si elle arrivait à faire croire aux autres qu'elle allait bien, la vérité était autre et la belle demoiselle avait besoin de se laisser aller de temps en temps, de se reposer sur quelqu'un et le professeur s'avérait tenir ce rôle à merveille.

Plus les jours passaient, plus leur complicité se fortifiait et malgré les terribles circonstances de leur rencontre, la jeune femme n'aurait changé ça pour rien au monde, faire la connaissance de cet homme avait été l'une des plus belles choses de sa vie. Leurs rendez-vous loin de tout leur faisait beaucoup de bien et le fait qu'Alcide accepte qu'elle lui apprenne à cuisiner était la preuve que leur relation passait à un niveau supérieur ce qui l'emplissait de bonheur. Elle, dont le père ne s'était jamais comporté comme tel avec elle, avait rencontré un homme qu'elle considérait comme tel. Elle éclata de rire à sa remarque.

"Je suis sûr que ça va bien se passer, en plus, avec un bon professeur comme moi, tu ne peux que faire des progrès!" Elle continua à rire suite à sa propre remarque. Elle savait cuisiner, c'était un fait mais, était-elle la meilleure? Surement pas. De toute manière, tout ce qui lui importait était qu'elle puisse aider Alcide, il l'avait tellement soutenu et aidé durant toutes ces années que pour une fois, elle appréciait que les rôles soient échangés. Ils trinquèrent ensemble, se souriant mutuellement, avec la promesse de passer une merveilleuse soirée. Leur complicité était telle qu'ils pouvaient se parler librement sans aucune retenue.

Le sujet dévia sur quelque chose d'encore plus privée et la jeune femme espérait sincèrement que son père de coeur puisse un jour trouver quelqu'un qui le rende heureux, il le méritait vraiment. Cependant, trouver une personne qui nous convienne, qui nous comprenne et qui nous aime malgré tous nos défauts n'était pas chose facile, loin de là mais, il fallait toujours garder espoir dans la vie car c'était la meilleure chose à faire: espérer.

"Je l'espère! Tu mérites d'être enfin heureux".

Ils en restèrent là, ne voulant pas gâcher la soirée avec ce genre de sujets. Ce n'était pas toujours agréable de se souvenir de sa solitude alors en parler lors d'un diner. Et tout naturellement, ils se mirent à parler des fêtes, Esme' en profita pour lui parler de son malaise, elle ne pouvait pas lui cacher une telle chose, pas à lui. Il aurait surement finit par le savoir. Elle se tût quelques instants, remettant ses idées en ordre, elle devait se lancer et lui dire le pourquoi du comment, chose plutôt difficile pour elle mais, elle savait pertinemment que lui en parler ne lui ferait que le plus grand bien.

"Mon père est sorti de prison" Se lança-t-elle après quelques minutes de silence. Elle but une gorgée de sa boisson avant de continuer. "Il est à San Francisco, il essaye de me retrouver et je dois vouer que ça me faire peur!"