La confrérie Alpha avait été désertée à l’annonce des vacances d’été. La plupart des étudiants étaient rentrés chez eux mais le campus demeurait vivant jour et nuit. Ça n’avait rien d’étonnant. Sur les milliers d’étudiants inscrits, Paulie n’était pas le seul à rester dans sa chambre pour étudier ou… Se détendre. Comme souvent, il abandonné ses livres et ses notes pour attraper sa batte de baseball et passer quelques coups de fil. Callum n’était pas disponible pour jouer, et Maxence non plus. Heureusement, il y avait une jolie brunette qui ne dirait pas non pour se changer les idées. Le jeune homme donna rendez-vous à Esmeralda sur le terrain de baseball, non loin de la piscine. Par un temps pareil, elle devait être bondée, or Paulie avait horreur de devoir nager à la verticale. Ça ne s’appelait plus nager d’ailleurs, mais flotter comme un perroquet.
Il devait être dans les alentours de 16 heures lorsque les deux amis se retrouvèrent. A cause de ses tremblements, le jeune homme ne pouvait plus participer aux matchs d’autrefois. Il avait pourtant pratiqué ce sport de longues années et atteint un bon niveau. Mais la vie était mal faite que voulez-vous, et ni lui ni personne ne pourrait changer ça. C’est ce qu’il avait fini par comprendre en travaillant sur son mémoire. Aucun traitement ne serait trouver pour Parkinson tout simplement parce que si les symptômes sont les mêmes, les causes elles… Sont multiples voire infinies.
Depuis le début des vacances, Esmeralda et Paulie se voyaient très souvent. Pour être francs, ils n’avaient pas grand-chose à faire de leurs journées… En tout cas, pas assez pour ne pas succomber au plaisir de s’amuser. Oublier le travail pour une fois.

« Alors ? Ça avance ton histoire de divorce ? » Lança le jeune homme, un sourire mesquin dessiné sur les lèvres.

Ce qu’elle avait pu le faire rire avec son mariage à Las Vegas. La pauvre… Non, ce n’était pas comme s’il y avait de quoi en tomber par terre… Et pourtant si. Paulie n’avait pas pu retenir ses larmes lorsqu’elle lui avait annoncé ça. Son mari ? Il ne le connaissait que de nom et de silhouette. Jamais l’envie de lui adresser la parole ne lui avait traversé l’esprit. Faisant volte-face, il évita de justesse une balle envoyée par la belle, les yeux ronds comme des billes.

« Mais t’es malade ?! » S’écria-t-il en essayant tant bien que mal de ravaler son amusement. « J’vais t’la faire avaler ! » Avait-il reprit en empoignant la balle en question et en se précipitant vers son amie.

Il la soulevait du sol lorsqu’il sentit son téléphone vibrer dans sa poche. Rah… Toujours au bon moment. Coup de chance pour Esmeralda tiens, mais ce n’était que partie remise.

« Allo ? »

Le visage du Hambourgeois blêmi l’instant suivant. Il raccrocha.

« Esme… Esme faut que tu me sauves la vie par pitié. » Ne laissant pas le temps à la brunette de réagir, il la tira par la main direction la confrérie Alpha. « Tu sais, je t’avais parlé de mes parents et de la façon dont ils me tannaient à savoir si j’avais trouvé une nouvelle petite amie ? Binh y’a quelque mois on s’est disputé à ce sujet parce que j’en avais marre de les entendre rabâcher toujours la même chose. Alors j’ai dit la chose la plus stupiiiiide qui m’est passée par la tête : je me suis inventé une copine histoire qu’ils me foutent la paix. Et devine quoi : ILS SONT LA ! Ils m’attendant à la confrérie. Je leur avais dit que je restais à Berkeley pour bosser sur mon mémoire. Ils m’ont dit que je pouvais très bien faire ça au canada, avec eux. Et comme je ne voulais pas rentrer, j’ai dit qu’en plus, je passais du temps avec ma copine. Et voilà. Argument en bêton, ils n’ont pas insisté sauf que… »

Ils s’arrêtèrent quelques secondes, essoufflés. La confrérie n’était plus qu’à quelques mètres.

« Ils sont venus pour la voir aussi. Et s’ils découvrent qu’elle n’existe pas… Esme, faut que tu te fasses passer pour elle. J’t’en supplie ! J’te jure que si tu fais ça pour moi, je ne me moquerais plus jamais de ton mariage à Las Vegas ! »

Il n’avait pas trop le choix, mais c’était bien dommage…

« Alors officiellement tu t’appelles Amber, tu es étudiante en droit et on est ensemble depuis un an. Et euh… Trouve-moi un surnom ridicule, un truc d’amoureux quoi. Ça marche à tous les coups… Prête ? »

Ils reprirent leur marche main dans la main et deux silhouettes apparurent devant la porte de la confrérie. Mads et Elma Krüger. Ce qui était le plus étonnant à première vue, c’était leur taille. Ils étaient tous les deux grands tandis que leur fils n’avait jamais dépassé le mètre 75. Elma, ancienne mannequin, avait aussi conservé sa taille de guêpe et son teint de porcelaine. Un large sourire étira ses lèvres maquillées lorsqu’elle aperçut son fils en charmante compagnie.

« Mon cœur ! Comment vas-tu ? Alors… Surpris ? C’était une idée de ton père de venir te voir comme ça, ce n’est pourtant pas son genre on est d’accord. » Son rire cristallin s’envola lorsqu’elle posa ses yeux d’un bleu pâle sur Esmeralda. « Oh et vous devez être Amber. Enchantée… Paulie m’a tellement parlé de vous ! Je suis Elma et voici mon mari : Mads. »

A tous les coups, ils allaient vouloir les emmener au restaurant. Ça promettait d’être drôle et fastidieux… C’est maintenant qu’on regrette son mensonge. Le jeune homme s’en mordait les doigts. Pourvu qu’ils ne découvrent pas la vérité…

Elle revenait de sa semaine de vacances, un sourire radieux sur les lèvres. Cette semaine avait été magique, parfaite et manifestement bienfaitrice. Elle se sentait comme renaître. L’année avait été plus longue que la normale et pour cause, tous ses problèmes y étaient pour beaucoup. D’abord, la disparition de Dom sans qu’il ne lui donne aucune nouvelle, ensuite découvrir qu’elle souffrait d’une insuffisance cardiaque et finir par se marier à Vegas au nouvel an, sans oublier le bal de la Saint-Valentin qui avait tourné au carnage. Et comme si tout cela n’avait pas suffit à la mettre sens dessus dessous, elle avait dû se rendre à l’hôpital, endroit qu’elle détestait plus que tout, pour y retrouver deux hommes qui se détestaient allongés dans la même chambre. Là, elle avait eu de quoi devenir folle et pourtant. Elle avait réussi à garder son calme même si cela relevait plus du miracle que de ses compétences personnelles, elle en était certaine. Alors lorsque Andrea était venu la chercher pour l’emmener à Tahiti afin qu’ils puissent décompresser et en oublier leur vie pendant une semaine, elle n’avait pas cru bon refuser cette belle opportunité. Ce serait un crime de dire non à une aussi belle offre. Qui plus est, ils avaient tous deux besoin de s’éloigner de Berkeley et de leurs problèmes pendant un petit moment pour se reprendre. Lorsqu’elle se souvenait de leur début ensemble, on aurait pu croire qu’ils étaient réellement mariés et non pas que c’était une erreur de parcours après une nuit bien alcoolisée. Dès lors, les imprévus n’avaient cessé de faire surface dans sa vie. Ciel qu’elle détestait les imprévus, ils la prenaient au dépourvu –chose naturelle, me dirait vous- mais, elle n’aimait pas cela, ça la mettait dans des situations assez délicates comme ça avait été le cas avec Dom. Cependant, elle devait avouer que la légèreté de son mari n’était pas pour lui déplaire, ayant tendance à trop se laisser aller à tout garder sous contrôle. Et bien que le retour à la réalité ait été quelque peu brutal et difficile, la jeune femme passait beaucoup de temps en compagnie de son meilleur ami qui, ne ratait pas une occasion pour lui rappeler son nouvel an à Las Vegas. Un jour, elle lui renverrait l’appareille. Un jour, elle se vengerait, il pouvait en être sûr. « Tu devrais faire attention à toi…Viendra le jour où je me vengerais. » Répondit-elle un rictus sur les lèvres. Les deux amis s’étaient donné rendez-vous comme à leur habitude pour prendre du bon temps ensemble, ce qui n’était pas pour déplaire à la jeune femme. Rester cloîtré chez elle à ressasser les derniers mois de sa vie n’était pas des plus tentants. Un sourire sadique s’afficha sur son visage angélique tandis qu’elle lui lançait une balle en plein visage, balle qu’il réussit à éviter. Pas grave. Elle ferait mieux la prochaine fois, se dit-elle. « Tu me cherches, tu me trouves ! » Et avant même qu’elle ne comprenne ce qu’il lui arrivait, elle s’était retrouvée dans les bras de l’Alpha, soulevé du sol. Elle ne voulait même pas savoir ce qu’il avait dans l’esprit pour lui faire regretter son geste. Malheureusement pour lui, ses plans ne purent être mis à exécution. Un coup de téléphone le coupa net. Elle devrait penser à remercier la personne à l’autre bout du fil, elle venait de la sauver de justesse. Ou pas, pensa-t-elle tandis que l’Alpha la tirait derrière lui comme si elle était un vulgaire sac de pommes de terre. Que Diable lui arrivait-il ? La réponse lui fût de suite donnée : ses parents débarquaient à Berkeley. Chose normale me diriez-vous, seulement, ce n’était pas le cas. Le bonus était qu’elle allait jouer la parfaite petite-amie. Son expression stupéfaite laissa vite place à un sourire sardonique. Oh non, c’était bien trop facile pour qu’elle accepte le compromis. « Désolée mon cœur mais, tu vas devoir trouver mieux que ça pour me satisfaire….Toutefois, je veux bien jouer le jeu, les conditions du contrat seront discutées plus tard, quand on sera seuls, chez nous… » Lâcha-t-elle tandis qu’elle lui prenait la main dans un geste possessif pour qu’ils aillent à la rencontre des dits-parents. Madame Krüger semblait être une femme charmante à première vue, ne restait plus qu’à jouer le jeu et à espérer qu’elle et son mari ne découvrent jamais la vérité. Un sourire radieux sur le visage, la jolie grecque tendit sa main pour serrer celle de ses « beaux parents ». « Enchantée de faire votre connaissance Mme, Mr Krüger ! » Puis se tournant vers celui qui allait être son petit-ami les prochaines heures. « Mon sucre d’orge, tu ne m’avais pas dit que tes parents venaient…On serait allé les chercher au lieu de les laisser se donner tant de mal… » Se retournant à nouveau vers ses aînés, elle continua, toujours ce même sourire aux lèvres. « Vous devez surement être fatigués…On peut vous offrir quelque chose à boire ? » Mads qui, jusque là, n’avait pipé mot décida de faire son entrée dans la discussion. « C’est gentil de votre part mais, on avait pensé qu’on aurait pu aller au restaurant. » Son regard alla d’Esme à Paulie avant de revenir sur la jeune femme. Bien. Ils allaient devoir improviser et cette perspective amusa la Sigma. Ils allaient bien s’amuser, elle lui en ferait voir de toutes les couleurs. « Ce serait avec plaisir mais, le voyage a surement dû vous épuiser alors, pourquoi ne pas monter et je préparerais le dîner ? » Amber, étudiante en droit était dans la place.