Sam jouait toujours, yeux fermés complètement insensible au monde qui l’entourait … du moins, telle était sa pensée. Il s’était permis de se laisser aller de chanter de vive voix, croyant être seul, mais à un moment, il senti comme une présence non loin de lui. Alors, il se stoppa net tant de chanter que de jouer et ouvrit les yeux. Il posa ensuite sa guitare dans son étui toujours ouverte et regarda alentour de lui. Il remarqua alors une jeune femme, blonde à priori, qui se tenait là, à quelques mètres de lui. Son premier réflexe fut de détourner son regard, comme il l’avait fait si souvent depuis qu’il l’avait croisée pour la première fois dans les couloirs de l’université. Il ferma l’étui de sa guitare et regarda de nouveau autour de lui. Quelles étaient les sorties possibles, quels issues avait-il? Il n’en voyait aucune, malheureusement. Il ne pouvait pas faire comme s’il ne l’avait pas vu, impossible. Chaque fois qu’il croisait cette jeune femme, Sam ne pouvait pas rester de glace. Il aurait du prendre son courage à deux mains et aller lui parler, tenter de savoir qui elle était, mais à la dernière seconde, il flanchait et tournait les talons, s’éloignant ainsi toujours un peu plus de la jeune femme.

Chaque fois qu’il voyait ce visage d’ange, une vague de souvenir refaisait surface. Il revoyait son ex petite-amie étendue sur le sol, inerte, une marre rouge commençant à se former autour d’elle et cette petite lame au sol. Il revoyait encore ce moment où elle lui avait dit qu’elle l’aimait. Ce furent ses dernières paroles. À cette simple réminiscence, il sentait cette petit boule au fond de son estomac, comme une crampe. Il prit une profonde inspiration et tenta de faire disparaître ce mal qui faisait son apparition chaque fois qu’il croisait la demoiselle, pourtant, rien à faire. Il savait qu’il allait bien devoir lui faire face, mais pas aujourd’hui. N’importe quel autre jour, mais pas maintenant. Et le voilà qui sortait encore cette phrase. Il se disait toujours ces même paroles, pourtant, jamais il ne passait à l’action, retardant toujours l’échéance.

Le souvenir d’Anne, il lui semblait encore trop présent dans son esprit, bien qu’elle soit partie il y a plus d’un an, bientôt deux. Il savait pertinemment qu’il devrait un jour tourner la page, mais il ne s’en sentait pas capable, pas encore. Surtout pas avec cette jeune femme dans les parages, le parfait sosie de son ex-petite amie. Et chaque fois, c’était un combat conte lui-même qu’il devrait se livrer pour ne pas craquer. Il n’aimait pas paraître faible devant les gens, surtout des inconnus. Bien trop de fierté. Par contre, lorsqu’il était dans sa chambre, qu’il se retrouvait seul, il se permettait de laisser quelques larmes couler sur son visage, il pouvait finalement céder.

Enfin, il se concentra de nouveau sur le moment présent. Il devait tenter quelque chose, n’importe quoi, juste parler devant elle, au moins briser la glace. Il n’était pas capable de se lever, il avait peur, il fallait qu’il l’admette, de s’avancer vers la demoiselle. Il avait peur de sa propre réaction s’il était trop proche d’elle. Il resta donc là. Il tenta tout de même de se lever, ce qu’il réussi de peine et de misère. Il regardait toujours en direction de la demoiselle qui s’avançait vers lui. Il allait bien devoir lui parler un jour où l’autre. C’était le moment.

Il ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sorti. Il avait bien trop peur d’avoir l’air idiot, de dire n’importe quoi, et Dieu sait qu’il était bon dans ce domaine, se tourner au ridicule. Enfin, après une tentative veine, il finit par retrouver l’usage de la parole.

« Je peux vous aider? »

, demanda-t-il quelque peu hésitant.

Il avait cette habitude de vouvoyer les gens qu’ils ne connaissaient pas, probablement du au peu d’éducation qu’il avait reçu de la part de sa nounou qui était une fille de bonne famille.