Un rayon de soleil perça la vitre dans son angle droit dégagez de tout rideau pour réchauffer la joue de Lexie, profondément endormie après une fête géante qu'elle avait organisé le soir même afin de fêter l'événement qui s'apprêtait à illuminer sa journée. Un petit « clic » résonna dans la chambre blanche, aux simples décorations n'ayant eu guère le temps de s'en occuper depuis un mois. Une musique tenta de la réveiller en douceur, sur l'air de New Divide de Linkin Park mais ce fut succès, la belle agrippa le coussin blanc à ses côtés avant d'enfouir son visage en dessous et se servir de cet objet malléable pour diminuer le son au niveau de ses oreilles. Manque de chance, un second réveil commença à chantonner plus fortement les nouvelles du matin. Euréka, elle en ouvrit un oeil avant de jeter sa main droite tel un missile sur le pauvre réveil en plastique blanc et d'un revers de sa main, l'étala de tout son long sur le mur d'en face, détachant sa batterie du reste du corps. Difficile de réveiller une marmotte mais heureusement, un troisième réveil bien moins délicat se mit à chantonner l'air du coq, s'empressant de lui donner une crise cardiaque, un choc dont elle se serait bien passée mais qui eu l'effet escompté.

A mi-réveillée, la demoiselle se redressa sur le bord de son lit en observant l'heure clignoter. 7h00 déjà ? C'était à peine si elle avait dormi quatre heures. Pas de répits pour les jeunes, il était temps de se préparer. Le regard embrumé et les cheveux en pagaille, la jeune fille s'enroula dans sa couette blanche avant de se glisser hors de son lit ressemblant à présent à un hot dog cuivré. Des mèches de cheveux rebelles l’empêchaient de voir correctement le champ miné sous ses pieds, n’ayant pas eu le temps de ranger l’ensemble de ses affaires depuis son arrivée à l’Université de Berkeley. Reprenant sa route tortueuse, elle attrapa au passage, les vêtements qu’elle s’était soigneusement choisi la veille avant de s’engouffrer dans la salle de bain. Une bonne douche ne pourrait que lui faire le plus grand bien.

Après une demi-heure, elle était enfin prête à sortir de son petit monde habillée simplement d’une petite robe rouge et noire et des baskets de ville noires à ses pieds. Ses cheveux restaient détachés, glissant le long de ses épaules. Bien qu’il y ait un soleil radieux, la température restait tout de même basse, elle noua sur ses hanches, un gilet fin en laine de couleur noire pour le placer sur ses épaules si elle avait froid au court de sa journée de cours. La voilà donc paraît pour un lundi peu chargé. Elle accrocha son sac en bandoulière autour de son coup et de son bras. Ce dit sac ne comportait que quelques livres et des feuilles blanches volantes afin de noter les cours. D’ailleurs le premier s’annonçait fort en rebondissement puisqu’il lui fallait apprendre le Français, langue enseignée par son grand frère. Pour l’heure, chaque chose en son temps. Elle prit ses clés, ouvrit sa porte avant de la refermer, descendit les escaliers –son appartement se trouvait au 2ème étage- avant de sortir enfin à l’extérieur. Son sourire restait figé sur son visage, tendis que ses yeux recherchés la moindre petite parcelle de vie aux alentours.

Quelques minutes plus tard, Lexie arriva à bon port, stagnant devant la porte d’entrée afin de s’assurer que le professeur en question était déjà présent dans la salle. Rien de mieux ensuite pour lui déposer un petit mot en douce durant son passage près du pupitre avant de finalement s’installer à sa place habituelle, à savoir le sixième rang à gauche, deuxième place en partant de la droite. Sur le petit mot plié en huit, elle y avait écris soigneusement et distinctement.

« Nath’
J’ai une heure de creux entre ton cours et mon prochain. Pourrait on discuter un peu à la fin du cours ?
Il me semble que certaines questions restent encore à être élucidée. »

Il était très précisément 6h31 lorsque j'ai péniblement ouvert les yeux. Je mis quelques secondes avant de comprendre ce qui m'avait réveillé. C'était un rayon de soleil, qui éclairait vaguement ma chambre. J'ai attrapé mon portable, et j'ai désactivé le réveil, qui aurait dû sonner un quart d'heure plus tard. Finalement, j'ai enfouis ma tête dans mon oreiller ; mon esprit était encore bien trop embrumé pour que je me décide à sortir de mon lit.

Je savais que je ne prenais pas de risques en restant couché ; je ne risquais absolument pas de me rendormir. J'avais, depuis quelques années, des problèmes d'insomnies. Et une fois que mes yeux étaient ouverts, il était difficile de me les faire refermer. J'ai à nouveau regardé l'heure, puis j'ai soupiré. 6h38. Je n'avais dormi que quatre heures cette nuit, mais il fallait vraiment que je me lève, sinon je finirais par être en retard. Et je détestais ça.

Je me suis redressé, puis je suis sorti de mon lit. Je me suis dirigé vers le placard dans lequel se trouvait mes habits. Je l'ai ouvert, puis je suis resté debout, immobile, pendant quelques secondes, en me demandant ce que j'allais mettre. Je faisais toujours ça, les matins, mais au final, je savais très bien ce qui allait se passer : j'allais sortir un jean Levi's, un tee shirt et un gilet, puis je me dirigerai vers la salle de bain pour prendre ma douche.

Ce matin là ne différa pas des autres. Après être sorti de la douche, uniquement vêtu d'un jean, je me suis dirigé vers la cuisine, et je me suis fait couler un café. J'ai été allumé la télé dans le salon, afin d'entendre quelles étaient les nouveautés. Puis, après avoir entendu l'essentiel, je suis allé chercher ma tasse de café, et je suis allé dehors, sur la terrasse. Je me suis appuyé contre la ballustrade, et j'ai fixé l'océan, d'un oeil distrait.

J'ai songé à ma journée ; quelques heures de cours, mal réparties. Heureusement, nous étions tous dans le même cas, et on trouvait toujours quelqu'un pour nous tenir compagnie. Que ce soit un prof', ou un élève. Après avoir vidé ma tasse de café, je suis retourné dans l'appart'. J'ai éteint la télé, posé ma tasse dans le lave-vaisselle, puis je suis allé enfiler mon tee-shirt. En retournant dans ma chambre, j'ai pris le gilet que j'avais laissé traîner sur le lit, et mes clés de voiture. Puis je suis parti.

Je suis arrivé à l'université une bonne demie heure avant le début des cours. Je suis rapidement passé dans la salle réservée aux professeurs, afin de récupérer quelques documents. Elle était presque vide. Un papier dans mon casier m'indiqua qu'une réunion allait avoir lieu la semaine prochaine, ce qui me fit soupirer. Ces réunions ne servaient jamais à rien, et étaient d'un ennui mortel. J'ai quitté la salle, et je me suis rendu dans l'amphithéâtre, dans lequel j'avais ma première heure de cours de la journée.

Quelques minutes plus tard, la sonnerie retentit, et les élèves arrivèrent par dizaine. Cependant, une des élèves, Lexie, passa devant mon bureau, et y déposa un bout de papier discrètement. Je l'ai lu rapidement. Elle voulait qu'on parle après cette heure de cours. Je n'y voyais pas d'inconvénients. Je l'ai cherchée des yeux, puis une fois que je fus sûr qu'elle me regardait, j'ai légèrement hoché la tête, pour lui dire que c'était bon.

L'heure passa assez rapidement. J'ai regardé les élèves disparaître peu à peu dans le couloir, puis j'ai commencé à ranger mes affaires, comme si de rien était. Je n'avais pas oublié ce rendez-vous avec Lexie, mais je ne devais pas éveiller les soupçons. Finalement, une fois que tous les élèves furent dehors, Lexie se leva, et vint me rejoindre.

- Tu voulais me parler ? Demandais-je en relevant les yeux vers elle.

Aussitôt le mot transmis, Lexie retrouva sa place habituelle auprès de ses nombreux amis. Au fond, un cours ne pouvait être suivi dans son entièreté que si la miss était bien entourée de visage connus et apprécié à la fois afin d’échanger quelques potins le temps des exercices ou bien s’entraider lorsque le cours se compliquaient. Mais pour Lexie, le français, bien qu’étant une langue extrêmement difficile restait intéressante et romantique. De plus, ayant vécut une bonne partie de sa vie en Italie et donc pays latin, il lui était plus facile de formuler des phrases dans cette langue qu’en anglais. Après tout l’ordre des mots se ressemblaient ainsi que leur consonance. Le cours n’avait pas encore débuté, la demoiselle posa son sac sur le pupitre en face d’elle afin d’en sortir ses affaires à savoir le strict nécessaire, un stylo bleu et un bloc note. Rien de plus rien de moins. Par habitude, elle nota en haut de la première page, la date du jour, le cours suivi, un petit « 1 » dans le coin droit de la feuille afin de s’y retrouver puis le nom du professeur, bien qu’elle ne risquait pas de l’oublier. Ceci étant fait, elle bascula son visage sur le côté, faisant signe à l’une de ses colocataires qui était arrivée un peu après elle et à qui, Lexie n’avait pas encore eu le loisir de dire bonjour. Un son de voix retenti alors lui laissant savoir que le cours débuté. Dommage, elle en aurait bien profité pour échanger quelques mots avec le nouveau juste devant elle.

Elle releva son visage afin d’observer son professeur qui semblait avoir pris connaissance de son message tout en lui répondant qu’un signe équivoque de la tête. Un « Oui » et heureusement d’ailleurs car s’il avait choisi la réponse négative, la jolie rousse ne l’aurait pas entendu de cette manière, bien trop impatiente de discuter avec lui peut être pas de manière simple et joviale mais il était temps de faire le point et de crever l’abcès. Les secrets, le passé, tant d’éléments qui a eux seuls réussissaient à torturer deux esprits mais l’un d’entre eux était toutefois plus marqué par les évènements que l’autre. Lexie avait pris la peine de faire tous ces kilomètres et de s’inscrire dans une autre université que celle qu’elle désirait afin d’en arriver à ce tournant crucial dans sa vie.

Le temps passait rapidement et au bout d’une heure de cours et après cinq feuilles recto-verso bien remplis, la fin du cours fut annoncée et un au revoir général fini par boucler cette matière. Prochaine étape pause d’une heure avant d’aller en cours de japonais. Si les autres étudiants se dépêchaient de sortir au grand air, créant un bouchon par la même occasion au niveau des portes d’entrée, Lexie prit son temps pour ramasser ses affaires puis les ranger dans son sac, attendant impatiemment que le champ soit libre mais un étudiant semblait particulièrement plus lent que les autres. La jeune fille lui fit un sourire histoire de lui montrer qu’il était un peu lent. Une idée alors lui vint à l’esprit et choisit de récupérer un manuel de français dans son sac afin de le prendre comme alibi. Elle descendit ensuite les marches pour arriver vers Nath’, livre en main ouvert à la page cinquante six.

- Tu voulais me parler ?

Elle se pencha alors vers lui, lui désignant une phrase de l’index afin de couvrir sa conversation qui n’aurait rien à avoir avec le dit ouvrage.

« Depuis que tu sais pour notre lien de parenté, nous n’avons pas eu l’occasion de reparler de ce sujet. Je ne sais pas si tu me crois, je ne sais pas si tu aurais préféré ne jamais me rencontrer et si on peut espérer avoir une relation frère/sœur à l’extérieur de l’université dans un avenir proche. »

L’étudiant ayant terminé son remue ménage sortit par une petite porte en haut de l’amphithéâtre les laissant libre de discuter à voix normales sans craindre l’apparition de curieux ou de fuites malencontreuses. A ce moment, là, elle s’installa au premier rang et première place afin de se mettre à son aise.

J'ai fermé les yeux quelques secondes, alors que je voyais débarquer Lexie. Comment réagir avec elle, face à elle ? Qu'est-ce que je devais lui dire, ou ne pas lui dire ? J'avais l'impression que quelque chose ne tournait pas rond, et la vérité, c'est que c'était le cas. Lexie était ma soeur, et je venais d'apprendre son existence. A vingt six ans.

Une boule vint se loger dans mon ventre. Je n'étais pas vraiment mal à l'aise, mais j'étais angoissé à l'idée de ce qu'elle allait pouvoir m'annoncer. La première fois qu'elle était venue me voir, soit disant pour une question à propos du cours, elle m'avait clairement dit qu'elle était ma soeur. J'ai dégluti. Elle n'était plus qu'à quelques mètres de moi. J'ai soupiré, puis j'ai rangé mes affaires, en attendant qu'elle arrive.

J'avais six ans, quand ma mère était partie. Je m'en souvenais comme si c'éait hier ; j'étais rentré de l'école, et je l'avais appelé, une fois arrivé dans le hall. Mais il n'y avait eu aucune réponse. Je n'avais pas trouvé ça inquiétant, même si ça avait été étrange. D'habitude, elle me prévenait le matin quand elle sortait. Mais j'avais beau réfléchir, ça n'avait pas été le cas ce matin là.

Je m'étais ensuite dirigé vers le salon. Evidemment, mon père n'était pas rentré. Et l'appartement semblait desepérement vide. J'avais couru dans toutes les pièces, et je n'avais rien trouvé. Pas une chaussure qui traîne, pas un vêtement. La situation était anormale, et ça, je l'avais bien compris. Puis je me suis dirigé vers le téléphone, et j'ai appelé le bureau de mon père.

Il a débarqué un quart d'heure plus tard. Lui, il s'est tout de suite dirigé vers l'armoire de sa chambre, qui était vide. Et quand je lui ai demandé des explications, il m'a juste dit que ma mère était partie en vacances. Naïvement, je l'ai cru. Longtemps.

Et puis un jour, je me suis rendu compte que les vacances prolongées de ma mère n'étaient qu'un mensonge. Un prétexte pour éviter toutes les questions gênantes. Alors, mon père avait fini par m'avouer la vérité : ma mère était partie, il ne savait pas pourquoi, ni ou. Et j'avais dû m'habituer à cette absence, si dûre pour un enfant de six ans.

Et vingt ans plus tard, voilà qu'une fille, une de mes élèves, se pointait et m'annonçait qu'elle était ma demie-soeur. Au début, j'avais pensé qu'elle était une fille illégitime de mon père ; mais Lexie m'avait avoué que notre lien commun était en fait Maria, ma chère mère.

- Je ne sais pas quoi te dire là-dessus, Lexie. Je sais que tu dis vrai, j'ai fait des recherches sur toi. Mais... Franchement, ce lien, qu'est-ce que c'est ? Juste un peu de sang. Pour moi, ça n'a aucune espèce d'importance, tu sais ? Je veux dire, je n'ai rien contre toi, mais pour moi, ma mère est morte.

Comment ça, j'exagérais un peu ? Bon, okay, j'y allais peut-être un peu fort. Mais quand même ! Quelle genre de mère abandonne son enfant, et en refait un autre dans la foulée ?