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Bang bang ; you shot me dow. I hit the ground. - Kienan.

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MessageSujet: Bang bang ; you shot me dow. I hit the ground. - Kienan. Bang bang ; you shot me dow. I hit the ground. - Kienan. EmptyMar 10 Aoû - 0:58

    J'avais l'impression de sortir d'une gueule de bois monumentale. Mal de crâne, la vision floue, des souvenirs très brefs et imprécis de ce qui s'était passé. Mes mains me frottèrent les yeux, je distinguais la porte, la fenêtre... Tout était blanc. L'hôpital. Je reconnaissais cette chambre comme l'une semblable à celle de Kienan, le jour où il avait fait ça psychose machin chose. Je suis pas en état de réfléchir, de me souvenir. J'ai le tournis, ma vue n'est pas fixe, comme si l'image résonnait, ce qui est assez... impossible.

    La chambre a beau être insonorisée, je crois que les bruits sont amplifiés, j'entends les gens se précipiter pour retrouver leurs proches, des gens d'effondrer sur les bancs dans les salles d'attente. Mais qu'est-ce que je fais là ? C'est pas ma place, je suis pas malade, j'ai juste envie de me tirer de là. Je commence à bouger mais ma jambe ne suis pas. Bordel de merde. Fausse alerte, elle est juste attachée et soutenue. Je m'en serais voulu si j'avais fini paralysée. Et si j'avais fini morte ? Je n'aurais pas eu le temps de m'en vouloir. Je ne peux pas imaginer le fait que Kienan vienne me voir. Tout simplement parce qu'il doit me croire morte. Et je le suis à l'intérieur.

    Je hais cet endroit, il me rappelle tout les morts qu'il y a eu a Miami, on entendait les sirènes des ambulances venir, on déposait un dernier baiser dans les cheveux du junkie et on commençait à courir. Le blanc, symbole du pureté pour un endroit où on entrepose les malades et les corps comme de vulgaires choses sans importances. Pourtant, il y a toute une famille derrière, qui attend sagement qu'on lui dise si ils peuvent commencer à pleurer, de joie ou de tristesse.

    C'est dans ces moments là que je me demande qui pourrait bien pleurer. Ma mère m'a abandonné, je n'avais pas vu mon père depuis trois ans avant cet été, mon frère est barré je ne sais où, mon mari fricote avec son ex mari, mon ex m'a dit de me jeter sous une voiture... VDM. J'ai envie d'appeler Sterling, il est toujours honnête. Mais personne ne sait que je suis réveillée. La femme invisible, c'est exactement ce que je ressens. Comme le mari de Roxie Hart dans Chicago. Je devrais être en cellophane, car on regarde à travers moi. Je me sens inutile, j'ai envie de me rendormir, qu'on croit que mon cas est grave, qu'on s'intéresse à moi. C'est égoïste et cruellement humain. J'aurais du crever.

    « Mademoiselle Canterburry, vous êtes réveillée ? »

    Non, sans déconner, j'ai l'air endormie ? A la place, je me décide à hocher la tête, dans un signe d'affirmation peu convaincu. J'ai l'impression d'être dans un rêve, un peu comme si j'avais un gros vide dans... pas dans le cœur, dans le corps. Comme si, si on me passait au rayons X, il n'y aurait strictement rien. Plus d'organes, plus de sentiments, plus d'os, plus d'émotions. Rien. Je lui demande des choses comme la date, si ça fait longtemps que je suis là. Je suis arrivée vers 14h45, apparemment et il est dans les environ de 17 heures, ils ne s'attendait pas à ce que je me réveille aussi rapidement. C'est donc normal que le mal de crâne persiste. Et la jambe aussi. Elle m'explique un peu ce que j'ai, je me suis ouvert l'arcade, arrachée une partie de la peau qui a donc besoin de cicatriser – pas le droit d'enlever le pansement, j'ai pas très envie de voir de toute manière – et la jambe qui s'est déboitée. Apparemment, j'ai eu de la chance. Mhm... Tout est relatif. Elle repart aussi vite qu'elle est apparue. Je suis toujours aussi perdue moi. Je me décide à fixer le plafond, tenter de trouver ses défauts, oublier que je ne peux temporairement pas me lever ou bouger ma jambe. C'est très frustrant. J'entends la porte s'ouvrir. Je tourne la tête vers l'entrée de la chambe. Kienan Darlyle. On est pas le 1er avril pourtant.

      b e l a ; Qu'est-ce que tu fous là ?

    D'accord, j'avais lâché ça un peu froidement. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de lui en vouloir. A cause de qui me retrouvais-je ici ? A cause de qui tout le monde va me prendre pour une folle suicidaire ? A cause de qui je me suis pris un taxi en plein ventre ? Lui, toujours et encore, comme un cycle qui se répète inlassablement, votre chanson préférée, que vous vous mettez à haïr. Je t'ai toujours aimé Kienan, je t'aime encore, mais ça devient insupportable de te voir. Je sais que c'est moi qui t'en fais baver et patati et patata mais là, j'ai presque envie de rire en te voyant venir ici. Tu pouvais pas me laisser tranquille ? T'es obligé d'arriver avec ton air de « Regardes Bela, t'as rien pu me faire. » qui m'horripile ? Ces jours là, j'ai vraiment l'impression de pas compter pour toi. Aujourd'hui, j'ai juste envie de mettre fin à toutes mes relations au plan amoureux, parce que ça devient chaotique, alors je vais te dégouter. Je vais te dégouter de moi, je sais encore comment, il faut juste que je trouve LA chose qui te fera passer la porte. Un truc comme « J'ai envie de fonder une famille avec Charlie », là tirais le tuer. Dans un sens, ça m'arrangerait aussi. Rien ne va plus nul part. L'horloge sonne treize coup, c'est le signe de ma démence. Je ne saurais plus me contrôler moi-même, je perds les acquis, je régresse comme un légume. Pourtant, mon cerveau fonctionne à plein régime. Je me demande ce que tu fous là alors que t'aurais tellement aimé que je crève là, sur cette route, devant tes yeux. Tu vois Kienan, on se débarrasse pas si facilement de moi. Pourtant il est temps. Je te balancerais le mytho sur Charlie si besoin, alors que, à tout les coups, je vais aussi rompre avec lui. Je le sens, parce que j'ai la gorge qui me brûle, qui me serre. Mais on sait tout les deux que le seul truc que je pourrais jamais avoir, c'est pas un gosse, c'est un chien.
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MessageSujet: Re: Bang bang ; you shot me dow. I hit the ground. - Kienan. Bang bang ; you shot me dow. I hit the ground. - Kienan. EmptyMar 10 Aoû - 4:09

    Mon portable sonne. Je suis allongé dans mon lit en position fœtale, j’ai fermé les volets. Plus jamais de lumière, plus jamais de beauté. J’ai beau me dégoûter, une partie de mon cerveau me répète inlassablement : tu t’en veux pas, Kienan. Non, je m’en veux pas d’avoir fait ça, d’avoir répondu ça. La seule chose que je regrette, c’est de pas t’avoir suivie sur la route, Bela.
    J’entrouvre les yeux, qui ne sont plus que des crevasses, maintenant, le numéro est inconnu, alors je laisse sonner. J’aurais laissé sonner de toutes manières. Je referme les yeux.

    Je peux pas dormir tout comme je ne peux pas bouger. Je peux plus pleurer, mais je ne peux rien faire de plus. J’reste là, comme un con. J’ai envie de rien. A part d’une clope.
    Me redresser de 15 centimètres, tendre le bras pour saisir mon paquet, ne même pas réussir à refermer mes doigts dessus, le soulever un peu, mais être trop faible, trop ailleurs, le laisser tomber par terre… ça m’énerve. Je m’assois, mais je me suis levé trop vite. Mes yeux ne voient plus un court instant, mais je n’ai même pas la force de paniquer. J’attends juste sagement que ça passe. Je récupère mon paquet sans trop de problèmes, je me mets debout deux secondes mais… Pour quoi faire ? Pour aller où ? Je me rallonge.

    Par chance, mon briquet est encore dans ma poche. Je sors une cigarette et l’allume, comme un robot. Je ne sais même pas à quoi penser. Je voudrais bien écouter de la musique, mais rien de ce que j’ai ne me touche en quoi que ce soit. Je ne veux pas penser à Bela, ce serait trop douloureux. Je groupe encore un peu plus mes genoux, ils touchent presque mon menton. Mon portable sonne de nouveau, mais je n’ai pas plus que ça envie de décrocher, je le prends juste entre mes doigts et le regarde, lui, seule source de lumière de la pièce, excepté le foyer incandescent de ma clope. La vibration me parcoure tout le corps, j’ai l’impression d’être soumis à une décharge électrique. Quand celle-ci s’arrête, mon téléphone brille une dernière fois pour m’indiquer un message vocal. J’ai pas la force de porter l’objet jusqu’à mon oreille, je me contente d’appuyer sur « Haut parleur ».
    Les voix des répondeurs téléphoniques, ces voix de putes électroniques, m’ont toujours fait perdre patience. Mais aujourd’hui je m’en fous.

    « Vous avez. Un. Nouveau message. Nouveau message. Reçu. Aujourd’hui. A. 16 heures. 57 : Oui, bonjour, Jude Normann à l’appareil. Je suis la pompière à qui vous avez donné vos coordonnées sur la route, cet après-midi, après… L’incident. »
    Je me redresse un peu, comme si un flash dans ma tête se mettait à crépiter. Je déglutis.
    « En ce qui concerne votre amie, j’ai demandé à ce qu’on m’informe de son état, dans le but de vous faire passer les nouvelles. Je ne fais pas ça, d’habitude, je pensais que vous décrocheriez au moins. »
    Accouche, vieille bique, tu m’intéresses pas.
    « Les docteurs n’ont rien diagnostiqué d’anormal. Seulement un peu de chair à l’air par ci par là, une ouverture de l’arcade et un déboîtement de la jambe. Bref, pas de quoi vous inquiéter outre mesure, elle a eu beaucoup de chance, tout ça se soigne très bien. Elle s’est réveillée il y a deux/trois minutes, elle peut dès maintenant recevoir des visites. Enfin… Voilà, rappelez-moi, nous pourrions éventuellement… »
    Je raccroche. Nous pourrions rien du tout. Bela est « réveillée ». Comme si elle avait été en train de dormir…
    Sans réfléchir suffisamment, je me lève, sors de ma chambre, sors du bâtiment GAMMA, sors de l’université, et me dirige vers les instances publiques de Sunset District.

    « La chambre de Bela.
    - Pardon ?
    - Excusez-moi, je voudrais le numéro de la chambre de Belammée Canterburry, s’il vous plaît. »

    La réceptionniste me regarde avec perplexité. Elle feuillette longuement les dossiers, puis me dit enfin : « 407, au quatrième étage donc. »

    Tel un héros, j’accoure dans les escaliers et monte les marches trois par trois, littéralement, poussé par la force de… La force de quoi ? La force de la baffe que je vais me prendre quand j’aurai passé la porte ? … Je m’arrête en plein milieu de l’escalier allant du troisième au quatrième. Un couple le descendant me regarde, sceptique. Qu’est-ce que je fous là ? Je monte les dernières marches avec beaucoup moins d’ardeur, en proie à un doute tout à fait à propos. Je vois là porte du haut de l’escalier. Je suis obligé de m’appuyer sur la rambarde pour ne pas m’effondrer. La lumière des néons m’agresse les yeux, les brancards passent à toute allure, les urgentistes, les médecins, les infirmiers aussi, sans me voir. L’hôpital m’apparaît comme une ruche bourdonnante. Du bruit, partout, des rires, des pleurs, des dents qui claquent, des genoux, des ongles qui tapotent les tables, les chaises, les murs, des paroles anodines, des paroles qui le sont beaucoup moins… « j’ai le grand soulagement de vous annoncer que Camille a très bien supporté l’opération, vous pourrez la voir d’ici quelques minutes ». Larmes. « J’ai le grand regret de vous annoncer que Damian… ». Larmes. Ça pleure de partout. Ça pleure partout sauf dans mes yeux. J’ai plus une seule larme en stock, comme si j’étais tout sec.

    Je traverse le couloir avec précaution : chaque seconde semble avoir son importance, ici, je ne veux surtout déranger personne. Une fois devant la porte, j’ai plus d’autre choix que de l’ouvrir. Qu’est-ce que je fous là, putain ?...

    « Qu'est-ce que tu fous là ? »

    Ah bah nous voilà bien. Elle a l’air encore plus fragile qu’à son habitude. Je l’ai détruite, littéralement, comme un jouet qu’on aime trop, avec lequel on joue souvent, qu’on veut emmener partout et auquel on s’habitue si bien qu’on n’y fait plus attention. Alors un jour on l’oublie quelque part, ou on le fait tomber… Ou on lui dit d’aller se jeter sous une voiture. Je traverse la pièce pour me rendre jusqu’à la fenêtre et m’asseoir sur une des chaises en fer. Les rôles s’inversent Bela. Tu m’as une fois détruit de l’intérieur, il était écrit quelque part que je devais te détruire de l’extérieur. Tout est semblable, la chambre aurait pu être la même, seules nos places ont changé. Je suis celui qui s’assoit sur la chaise des visiteurs et ne va pas tarder à aller fumer un énorme stick ou prendre un bon cachet, tu es celle qui, dans tous les cas, ne pourrait pas bouger, et qui m’en veut terriblement. Je t’en veux aussi, mais j’ai l’impression que comme ça, on est quittes. Toi tu n’y penses déjà plus, à toutes mes motivations et toute la rancœur que j’avais contre toi. Mais elle est encore là. J’ai sûrement pas choisi le bon moyen de l’exprimer, d’ailleurs… Même si t’avais été morte, j’aurais continué à t’en vouloir, question de principes, question de fierté. Ouais, c’est dégueulasse, je vous l’accorde…

    Je peux pas décrocher mes yeux de toi, de tous tes bandages, de ces cotons rouges un peu partout, de ton visage froid, écoeuré, haineux. Tu me détestes ? D’accord, je l’accepte, mais seulement si tu m’aimes, en même temps. Est-ce que tu as envie de me tuer ?

    « Pourquoi tu l’as fait ? »

    J’avais envie de hurler, de t’engueuler Bela. Mais pourquoi t’as fait ça, sombre conne ? Pourquoi tu l’as fait ?! T’es complètement malade, t’aurais juste dû me foutre une gifle, ou faire demi tour ! Qu’est-ce qui t’a pris de débouler sur la route comme ça ? Tu voulais te tuer ? Tu voulais me tuer ? Tu voulais me prouver quoi ? Que t’étais capable de tout ? Bah bravo, c’est réussi, abrutie.
    J’aurais bien voulu dire ça avec fermeté, virilité, la voix grave et très assurée, vous savez. Mais dans cet état de choc et de fatigue, je n’ai pu sortir qu’un vieux chuchotement à peine audible. Qu’est-ce que je fous là ? Je suis là parce que y’a que quand t’es avec moi que j’ai l’impression d’être à ma place, Bela.

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MessageSujet: Re: Bang bang ; you shot me dow. I hit the ground. - Kienan. Bang bang ; you shot me dow. I hit the ground. - Kienan. EmptyMer 11 Aoû - 2:50

    Je te vois t'assoir sur une chaise, j'ai presque envie de te dire de foutre le camp mais dans un sens, je suis flattée que tu sois venue. Peut-être que t'en avais pas tant envie que ça, que je crève sur la route. Moi oui. Je l'ai ressentie cette pulsion suicidaire. Je crois que c'est ça qui m'a fait courir, parce que ma vie déraille. Je comprend pas ce qui m'arrive en ce moment, je suis sensée être quelqu'un de sérieux et j'ai l'impression de me faire écartelée un peu plus chaque jour et aujourd'hui, c'est le jour où je n'en peux plus, mes membres se détachent un à un et je me laisse tomber dans un blackout total.

    Le fer est froid pas vrai ? Imagines que mon cœur est encore plus froid que ça, je te déteste tellement de me faire ça. Tu savais très bien que j'allais le faire. T'avais quoi dans la tête pour jamais penser que je n'irais pas courir me faire réduire la peau par un taxi ? Non mais franchement, c'est bien mal me connaître. Je me sens tellement faible face à toi que je me dégoute, je me serais taillé les veines si tu me l'avais demandé, je t'aurais embrassé, j'aurais fait n'importe quoi. Juste pour que tu me vois, que tu t'intéresses à moi, que tu me regardes. Tu ne t'excuses même pas, tu t'en fous de ce putain de pansement qui me démange à l'arcade. Je le ferais pas, parce que t'interprèteras ça comme de le gêne ou quoi d'avoir fait ça, alors que je l'assume. J'ai fait ce qu'on m'a demandé. Mais toi, tu t'en veux ? Tu savais. J'ai envie de te balancer une blague genre « Bah ça aurait un poids lourd, j'aurais réfléchi mais bon, je savais que j'étais plus forte qu'un taxi. » mais j'ai pas la force. Pas la force de faire semblant que la vie est rose, que je vais bien. Parce là, ça ne va pas.

      b e l a ; Pourquoi tu m'as dit de le faire ?


    Je le regarde dans ses yeux, dans lesquels j'ai longtemps cherché le réconfort ou quelque chose de bien. Mais c'est presque à croire que tu n'es qu'un connard. Un parmi tant d'autre. T'es celui qui m'a fait exploser et imploser en même temps, alors tu vois, il ne reste plus grand chose. Une enveloppe charnelle, mon esprit est resté sur le capot de cette voiture. Écrasé sans ménagement. Comme tu l'aurais fait avec ton mégot, d'un coup de pieds, tu m'as réduite à de la bouille Kienan. Tu t'en rends compte ? T'as voulu me voir crevé, si je l'avais pas fait, est-ce que tu te serais simplement rendu compte de ce que tu voulais ? Je sais que je pourrais pas pardonner ça. Je t'avais jamais demandé d'aller choper ta psychose, je me serais d'ailleurs bien passé de l'hystérique d'Appie qui m'a engueulé. Merde quoi. Il arrive que des conneries avec toi. Tu ne m'as pas répondu : Qu'est-ce que tu fous là bordel ? Tu me débectes. J'ai envie de te prendre dans mes bras et te dire que ça ira mais tu vois, j'y crois pas. Plus.

    La porte s'ouvre à nouveau, je reconnais le docteur que j'avais aperçu lorsque j'avais été te voir. Bien faut qu'on aille le même. Il se permet une petite blague, le sourire aux lèvres : « Je ne pensais pas vous revoir si tôt Mr. Darlyle, pas à cette place en tout cas. » Connard, on t'a demandé ton avis sur nos vies peut-être ? J'ai envie de lui envoyer une infirmière dessus, qu'il se taise. C'est bon on m'a déjà dit ce que j'avais. « Vous voulez qu'il reste ? J'ai une nouvelle à vous annoncer. » Je soulève les épaules. Je crois que lui cacher des choses n'est pas la bonne solution lorsque l'on voit ce que ça donne. Je ne veux pas non plus faire croire à Kienan que je veux qu'il soit là, il serait trop fier. Alors même si c'est le cas, je feins l'indifférence. « Vous avez eu beaucoup de chance, vous, ainsi que votre enfant. Félicitations mademoiselle, vous en êtes à deux semaines de grossesse. » Quelqu'un a une corde ?

    Ce n'est pas vraiment que je n'en ai pas envie. C'est juste que... je ne sais pas quoi faire. Je me sens trop jeune, trop irresponsable, je suis pas faite pour cette vite. Je n'ai jamais eu de famille, je ne peux pas en construire une. Et les deux autres cons qui restent là à me regarder. C'est bon, vous avez jamais vu des femmes enceinte ou quoi ? Je tourne ma tête vers la fenêtre. Qu'est-ce que je peux dire ? Je n'ai pas vraiment grand chose à raconter peut-être un petit putain de bordel de merde, mais qui reste coincée dans ma gorge. Je sens ma vue qui se trouble, j'ai tellement peur de ce qu'il va se passer, j'ai le cœur qui bat à 200 à l'heure. Je ferme les yeux et je respire, je tente de me calmer mais je sens les larmes qui s'échappent de mes yeux et qui coulent sur mes joues. J'ai la rage. Je suis pas douée pour ces choses là, les choses normales de la vie. Étudier, avoir un diplôme, travailler, se marier, avoir trois enfants, vieillir avec une seule personne, se réjouir d'avoir eu la vie qu'on voulait, crever dans son lit... C'est pas pour moi. La seule personne avec laquelle j'aurais pu me voir jusqu'à l'âge de plus de 60 ans était Adam, maintenant défunt. Depuis, je crois plus en l'avenir, il me donne envie de vomir. Alors d'avoir « ça » dans mon ventre, je n'en ai pas du tout envie. Je déglutis. J'entends la porte se refermer. Je tourne la tête. Blouse blanche est parti. Qu'est-ce qu'il fait encore la ? Il sait que ça ne peut pas être le sien. J'ai plus la force de lui en vouloir, pour le moment. Je ne suis pas heureuse, ni triste, mais totalement désemparée. Je ne sais à quoi m'accrocher alors je me tripote nerveusement les doigts. J'ai les joues complètement trempée, en silence, mais je peux plus m'arrêter. J'ai la voix qui tremble, le corps lourd, j'ai l'impression de mourir.

      b e l a ; Qu'est ce que je vais faire ?
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MessageSujet: Re: Bang bang ; you shot me dow. I hit the ground. - Kienan. Bang bang ; you shot me dow. I hit the ground. - Kienan. EmptyMar 24 Aoû - 5:27

    J'avais pas envie que tu crèves sur la route, je sais même pas si au fond j'avais envie que t'y ailles... Je sais pas ce que je recherchais en te disant ça, je sais rien. J'ai jamais eu une telle sensation de ralenti qu'au moment où je t'ai vue reculer de deux pas, faire demi tour en ne me lâchant des yeux qu'au moment où cela devenait physiquement impossible, commencer à courir, écraser le bitume, t'arrêter en plein milieu, puis t'envoler. Jamais. C'était beau et affreux, attirant et repoussant. Ça prouvait ton amour autant que ta folie.

    Le fer est moins froid que ma main, tu sais. Je te vois, je m'intéresse à toi, je te regarde. Mieux que tout ça d'ailleurs. Je te ressens Bela, je t'imagine, je t'ai dans la peau. Je vois bien que tu attends des excuses, mais j'aurais beau t'en présenter les plus belles du monde, est-ce que tu me croirais ? Si tu veux tout savoir, ma belle, oui, je suis désolé. J'espère que tu m'excuseras un jour. J'espère que tu m'excuseras plus tôt que je ne le pense, parce que je peux pas vivre sans toi. Même si c'est cucul, ça n'a aucun intérêt pour moi, de continuer si tu n'es pas avec moi.

    « Pourquoi tu m'as dit de le faire ? »

    Va savoir, je n'en sais rien moi même.
    Je me dégoûte autant que je te dégoûte, tu sais. Même plus, bien que tu doives penser ça impossible. Je me déteste plus que tu ne me détestes. Je sais pas ce que je suis venu chercher là. Du réconfort ? Du soulagement ? De l'action, peut-être ? Non, rien de tout ça. Je voulais juste te voir, morte ou vive, je voulais juste sentir ta présence à mes côtés, parce que c'est dans l'ordre des choses. Traite moi de connard si tu le veux, je te traiterai de salope. Ça ne veut pas pour autant dire que je ne t'aime plus, et je sais bien que tu ne le sais pas. Tu penses que je veux te voir disparaître, hein ? Si tu savais... Si seulement tu savais combien ça me ferait du mal. Tu t'en rends pas compte, mais tu es ce qui me sert de base Bela. Si tu t'en vas, tout s'écroule. Et tu t'étais déjà trop éloignée en te mariant avec l'autre con et en me mentant sans arrêt. Tu t'es en allée, tout s'est écroulé.

    Ne me dis pas que tu ne me pensais pas capable non plus de te dire d'y aller. Je savais que tu allais le faire autant que tu savais que j'allais te dire de le faire, surtout si tu me le proposais. On a voulu jouer, on a perdu tous les deux, c'est tout. J'ai toujours l'impression d'être le monstre de l'histoire, comme si j'étais le cataclysme qui s'était abattu sur ta vie. Comme si tu n'étais jamais responsable de rien. Et bien évidemment, je sais que c'est ce que tu crois, rien n'est ta faute. Tu comprends rien.

    « Pour voir. »

    Alors que je m'apprête à me lever, mettre fin à ce dialogue de sourd en retournant dans ma chambre noire, la porte s'ouvre. Je reconnais à peine l'homme qui m'avait soigné, seulement sa voix à la fois rassurante, moralisatrice et insupportable. Je ne relève pas la plaisanterie, ça n'en vaut pas la peine, et je pense qu'il n'est pas là pour échanger des courtoisies avec moi. Il se tourne vers toi, Bela.
    Tu hausses les épaules. Ça me répugne. Je voudrais sortir, respirer enfin. Je voudrais boire une bière, fumer un stick et me laisser crever gentiment dans un caniveau. Dis moi donc d'aller me jeter sous une voiture, je le ferai.

    « Vous avez eu beaucoup de chance, vous, ainsi que votre enfant. Félicitations mademoiselle, vous en êtes à deux semaines de grossesse. »

    Calcul simple, cette larve n'est pas de moi. Deux d'affilée, ça m'aurait étonné.
    J'ai la gerbe. Et puis quoi Kienan ? Tu pensais que Belammée allait se marier avec un type et s'empêcher de baiser avec ? C'est bien mal la connaître, quand elle te trompe, c'est jusqu'au bout. Je sais que Bela est loin d'être une bonne sœur, je suis bien placée pour le savoir, n'empêche que... Je pense au père, l'heureux père qui avait voulu me tuer une demie seconde en apprenant que le premier gosse (mort) de sa femme était de moi. Bah voilà, ducon, tu l'as le tiens, et avec un peu de chance, elle le perdra pas celui-là. T'es content ? Tu le sais pas encore, hein ? Epargnez-moi s'il vous plaît le moment où il l'apprendra, je veux pas voir de larmes sur sa tronche. Parce que c'est pas un visage qu'il a, ce mec, c'est juste une sale gueule. Ma conscience me dit « arrête Kienan, sois honnête tout de même, il est beau gosse ». Oui il est beau gosse, bordel.
    Ça y est, j'ai envie de péter un truc.

    Des larmes, des larmes, des larmes partout, dans cet hosto pourri. Jusque sur tes joues malgré ton cœur de pierre. Allez, je sais que t'en as envie, de ce gosse, parce que c'est le sien. Le médecin s'en va sans plus de cérémonie. Pas si insensible, le vioque a donc compris que ce n'était pas le moment.
    J'ai envie de serrer ces petites mains que tu tritures, mais j'ai peur que le fait de te toucher me donne envie de te briser le cou. « On fait pas mal aux filles, Kienan ». C'est elle qui a commencé. Et puis Bela, soyons sérieux deux secondes, t'es pas une fille, t'es une saloperie de démon qu'on a envoyé sur Terre dans le simple but de me sauver pour mieux me détruire après.

    « Garde-le, il sera tellement content. »

    Jaloux ? Bien sûr que oui. Pourquoi la chair de ma chair a crevé alors que la sienne fait des montagnes russes dans l'utérus de Belammée ? Il m'a tout pris. Toute ma relation avec Bela, tout ce qu'on avait construit ensemble, maintenant c'est oublié. Tu l'aimes Bela ? Alors arrête de m'aimer, ça vaut mieux pour tout le monde.
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MessageSujet: Re: Bang bang ; you shot me dow. I hit the ground. - Kienan. Bang bang ; you shot me dow. I hit the ground. - Kienan. EmptyLun 30 Aoû - 1:55

    Je ne sais toujours pas ce qu'est venu chercher Kienan ici. Parfois, j'aime penser que c'est qu'il tient à moi, qu'il se sent coupable mais quand je vois son regard, je sais que c'est faux. J'aime penser qu'il m'aime, qu'il voudrait que j'aille mieux mais je me demande ensuite si il ne veut pas me briser l'autre jambe. Je passe mon bras autour de mon ventre. Si je le serre très très fort, je peux tellement compresser l'embryon qu'il meurt ? Je ne sais pas si j'aimerais. Je ne sais pas ce que tu fais là. Vraiment. A sa place, je serais partie. Pas de la pièce, de tout, de mon train de vie. Je serais allée... je ne sais pas, peut-être que j'aurais recommencé ma vie à Miami, aller sur la tombe d'Adam un peu. Tu lui ressembles. La première fois, j'ai cru que c'était lui, cela doit être pour ça que j'étais incontestablement attirée par toi. Je venais de le quitter, j'avais espéré qu'il me suive, qu'il me dise de rester mais je sais que, même si je voudrais parfois l'oublier, il a fait ça pour moi, je lui avait demandé. Je pourrais te ressortir que l'être humain doit être sacrément masochiste mais t'en as rien à foutre. Parfois j'ai le sentiment que tu ne te préoccupes tellement de rien que je ne sais pas le sens de ta vie. Est-ce que toi seulement tu le connais ? A ta place, je me sentirais mal. Même pas pour avoir mis ton ex à l'hosto, ça je l'ai cherché, mais vraiment parce que ne pas savoir de quoi les lendemains sont faits m'attriste. D'une certaine manière, c'est un peu aussi mon cas. Même si je sais globalement ce qui va m'arriver aujourd'hui et pendant hospitalisation, les neufs mois à venir me foutent des sueurs froides. D'un côté, je me dis que si il existe des mères porteuses, la grossesse ne doit pas être si terrible ou alors leurs payes sont excellentes. Je peux demander à Charlie de me payer ? Non, ça ne se fait pas. J'ai vraiment aimé Charlie, je t'ai vraiment aimé. Mais depuis un bout de temps, j'ai l'amer goût du suicide d'Adam, de cette grossesse. Je me plains pas , je l'ai cherché. Mais je ne sais pas, quand je suis avec toi, j'ai vraiment l'impression de ne pas compter, que tu ne m'aimes pas, alors j'ai lâché prise. J'aime pas ça, me faire ignorer, mais parfois j'ai le sentiment de n'être qu'un passe temps pour toi, comme une activité sportive, à laquelle on ne va que certaines fois, qui nous occupe l'esprit une ou deux heures, qu'on oublie le restant de la semaine. Il serait temps de te désinscrire Kienan. On ne peut plus continuer comme ça, on a découvert qu'on est mal formés, on sait pas s'aimer tout les deux. On le fait pas correctement, les gens nous prennent pour des dingues. Dans un sens je suis dingue de toi, je l'étais.

    J'essaye de m'en persuader moi-même, j'en ai marre. Je ne peux plus jouer à ça, t'être entièrement dévouée et faire tout ce que tu me dis. Alors oui, peut-être que je me suis mariée lorsqu'on sortait ensemble, mais je vais te dire un truc, je ne le regrette pas. Tout d'abord parce que j'aime Charlie, même si il m'a trompé, que je lui dirais qu'il n'avait pas d'importance dans ma vie si ce n'est qu'il vient de me faire un gosse, que je veux divorcer et que je ne voudrais jamais de cet enfant une fois qu'il sera dehors, je continue de ressentir des choses pour lui. Et contrairement à toi, je pouvais presque envisager un avenir. T'es trop instable. C'est de la chimie nous deux, le mélange a explosé, techniquement, ce n'est pas prudent de le retenter. Comme nous sommes deux imprudents, on a osé remettre les composants dans la même formule. Boum. T'avais qu'à crever en même temps que notre relation, j'aurais eu moins de doutes.

    T'as voulu voir ? Mais bordel, qu'est-ce que t'as vu ? Ton ex courir se jeter bêtement sous un taxi parce que tu lui as demandé. Haha, bravo, ton égo a du se faire regonfler d'un bloc. T'as pu détruire ton ancienne petite amie en bonne et due forme, quel exploit ! Je te félicite. Laisses-moi tranquille maintenant. Oui, je vais le garder, oui, il sera content. Pas toi. C'est le principal. Je ferais passer ton malheur avant le mien, je veux te voir souffrir Kienan. Je veux vous voir tout les deux souffrir. Je vais me persuader de ne vous avoir jamais aimé, aucun de vous, me dire que ce n'est qu'un mauvais souvenir, comme une partie de votre vie où vous savez qu'elle ne vaudra rien, vous voulez juste vous convaincre que rien n'est réel, que tout peut s'arranger. Tout ira bien.

    «  Ouais. Je vais le garder. Je vais divorcer. Et je ne veux plus te revoir Kienan. »


    Je me dis que ce sera plus simple. Je vais rester seule avec ce machin, mon appareil photo et mon lit. J'ai abusé cette année, je ne veux rien avoir besoin de plus. Surement pour me retrouver dans un sens, tu me perds Kienan alors je n'en peux plus de marcher dans les hautes herbes, rebrousser chemin devant une difficulté trop dure, se prendre des ronces sur les jambes, ta main dans la mienne ne pourra plus combattre la douleur engendrée par la prise de ce chemin inconnu. Aujourd'hui je te lâche, je fais demi tour, je cours retrouver un sentier que je n'aurais jamais du quitter. Oui, c'est égoïste. Mais tu devrais savoir depuis bien longtemps que je le suis. C'est comme la drogue, une fois que tu es habitué, elle n'a plus de goût. Je t'aime, mais tu n'as plus le goût du bonheur, tu n'as plus de goût, tes yeux ne me transpercent plus de joie, j'ai juste envie de t'enfoncer un couteau dans la poitrine. Les seuls qu'ils nous donnent sont en plastique, ça doit être un signe. Mais je n'en peux plus d'y croire. Alors peut-être que oui, tu vas me tuer. Mais ça s'arrête là. Je reprends ma vie en main et à l'évidence, tu n'es pas bon pour moi. Si je suis égoïste, autant l'être jusqu'au bout.
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MessageSujet: Re: Bang bang ; you shot me dow. I hit the ground. - Kienan. Bang bang ; you shot me dow. I hit the ground. - Kienan. EmptyLun 30 Aoû - 13:55

    Pourquoi aurais-je besoin d'une raison pour venir voir la fille que j'aime et que j'ai moi-même conduit à la douleur à l'hôpital ? C'est ça que tu ne sembles pas comprendre, Bela. Si je ne tenais pas à toi, je serais déjà parti. Je ne serais même pas venu.
    Non je ne connais pas le sens de ma vie, personne ne connait le sens de la vie Bela, je te rappelle. C'est la question qu'on nous ancre dans la tête quand nous arrivons sur Terre : « qu'est-ce qu'on fait là ? ». Pourquoi tu vis, toi Bela ? Pourquoi Charlie vit ? Pourquoi tous les autres vivent-ils ? On n'en sait rien, et si certains aiment se prendre la tête à réfléchir à cette question à laquelle personne ne trouvera jamais de réponse, qu'ils se fassent plaisir, je préfère ne pas y penser, ne pas perdre mon temps à quelque chose de perdu d'avance.
    Enfin je dis ça, mais je l'ai fait, perdre mon temps à quelque chose de perdu d'avance. Tu vois de quoi je veux parler, pas vrai ?
    J'ai perdu mon temps à t'aimer, à te haïr, puis à t'aimer de nouveau. J'ai perdu mon temps à te courir après, chose que je suis actuellement encore en train de faire, alors que tu n'en as manifestement rien à faire. J'ai perdu mon temps à t'écouter, à te faire réviser, à trainer avec toi, à coucher avec toi. J'ai perdu mon temps à déprimer quand tu n'étais plus là, à m'énerver contre toi. Tellement de temps perdu pour une si courte vie. Parce que toi aussi Bela, tu sais que ma vie sera courte, hein? Tu sais que j'ai touché le fond ? Tu sais que j'ai plus aucune chance ? Bizarrement, je le lis dans tes yeux dès que tu daignes les ouvrir : « t'es un raté Kienan, et je te déteste ».

    Ce que tu dis, je sais que c'est autant parce que tu le penses que parce que tu sais que ça va me faire du mal. Tu vois, au fond, si tu sais que le fait de m'empêcher de te voir va me faire du mal, c'est que tu dois savoir que je t'aime, non ? Sinon pourquoi je ressentirais tout ce que je ressens en ce moment?
    Pourquoi tes yeux neutre et ta voix monotone m'attaqueraient-ils de la sorte ? Depuis quand n'as-tu plus aucune émotion ? Depuis quand peux-tu dire ce genre de chose sans avoir ne seraient-ce que les yeux qui brillent ? Depuis quand es-tu devenue un tel robot, un tel bloc de pierre ? Un tel coeur de pierre ? Bela, depuis quand es-tu devenue si... triste ?

    Je déglutis. Oui, tu vas garder ce môme. Tu vas souffrir de ta grossesse. Tu vas te voir gonfler à vue d'oeil et tu vas te sentir énorme. Tu vas t'affamer pour cesser de gagner du volume, et cela n'aura pour effet que de tuer ton bébé à petit feu, alors qu'il ne sera même pas encore sorti de ton ventre. Puis une fois qu'il sera ejecté, tu seras contente, tu te forceras à croire que ouf, c'est enfin fini. Tu te seras attachée à ce gosse mais tu ne voudras pas en toucher mot à ton mari infidèle à qui tu le confies. Il sera heureux, il aura enfin son jouet, et toi tu feras mine d'être soulagée, d'être heureuse pour lui. Le soir, tu rentreras dans ta chambre et tu toucheras ton ventre déjà un peu moins rond en pleurant. Tu regretteras tout ça, tu t'en voudras d'avoir laissé ton propre enfant à un homme que tu aimes et qui ne t'aime plus. Car c'est la vérité Bela. Si tu ne fais cela que dans le but de me pousser au suicide, je t'en prie, t'es bien partie. Mais pense à toi, pense à ton enfant, dis-toi que le simple fait d'avoir décidé de le garder est un crime.

    Je te hais Bela. Tu débarques toujours, innocente, avec tes grands yeux bleus et ton rire addictif. Tu débarques au moment où je semble être au plus bas, et l'air de rien, quand tu feins de m'apprendre à voler à tes côtés, tu me tires encore un peu plus profond, dans le noir. Et quand tu t'en vas, quand tu en as assez de jouer avec moi, je suis dans de telles abîmes que le chemin à parcourir pour remonter à la surface me désespère, et que je préfère rester à mon niveau. Et quand du fond de mon trou je te vois tout en haut, j'ai l'impression que tu te moques de moi, que tu t'es toujours moquée de moi.
    Laisse moi tout de même te faire remarquer un truc, même si tu ne peux pas entendre mes pensées, même si tu ne le peux plus. Tu te rappelles de l'époque où la seule chose qui t'empêchait de sortir avec moi était ma sale réputation ? Moi qui avais le mauvais rôle, tu avais peur que je te trompe, et ce n'est jamais arrivé. Maintenant, tu m'as trompé, et tu t'es toi-même mariée avec un homme qui t'a trompée. Ironie du sort ? Sacrée prise de conscience, en tout cas.

    Plus le silence devient pesant, plus j'ai l'impression de creuser. Toi tu m'ignores si bien que je semble regarder un automate. L'ambiance me dérange, et même si j'ai envie de rester, d'attendre que tout s'arrange, je te sais bien trop bornée pour changer d'avis maintenant. Dans un an, dans deux ans peut-être. Sûrement après. Probablement jamais.

    « Tu te souviens des mots que je t'avais dit quand moi-même j'étais allongé dans un lit d'hôpital et que toi tu étais venue me rendre visite? Je les avais tant préparés que je m'en souviens encore : « Je veux pas te décevoir. Je veux plus te faire pleurer, ni te forcer à quoi que ce soit. Je veux bien accepter tout ce dont tu as envie du moment qu’on finit ensemble. Tout. N’importe quoi. » ça vaut toujours. Moi je t'aime encore Belammée, t'es bien la seule personne que j'aie jamais aimée de la sorte, et je veux te revoir. Et je sais que tu vas me manquer. Je suis désolé, rétablis-toi vite et bien. Et sache que si t'es libre à ta sortie, je le serai aussi. »

    Je décide de m'en aller avant que tu ne me balances un truc à la gueule. Mais avant, l'ampoule de morphine que je vois sur la table à côté de ton lit et qui t'est probablement destinée, elle est pour moi. Pas que je souhaite que tu souffres, je veux juste ne pas souffrir moi-même. Et puis quoi, y'a de la morphine partout dans un hôpital.
    Tout en la prenant dans ma main et en la mettant dans ma poche, j'esquisse ce que j'aimerais être un sourire :

    « ça, c'est pour l'avenir que je n'aurai jamais. Ciao Belammée. »

    Allez, je vais aller creuser un peu.
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