Spencer entendait bien Kaeleigh. Qu'elle voudrait bien énerver tous ces Epsilons ne l'étonnait guère. Elle se croyait si différente de la confrérie alors qu'en fait, elle était parmi les pires. Elle l'avait bien prouvé durant la journée et venait bien de le confirmer à l'instant. C'était d'un égoïste et d'une immaturité qui dépassé bien de beaucoup ce qu'avait déjà fait Spencer.

« T’es là cette fois-ci, donc j’essaye d’être polie »

Un sourire ironique se dessina sur les lèvres couleur groseille de la propriétaire de la chambre. Kaeleigh était tellement insolente et impertinente. Quelque chose frappa Spencer. Sa pire ennemie devait être très malheureuse pour être aussi agressive est avoir ce besoin incessant de reconnaissance.

C'est pas comme si ça t'avait arrêté avant !

Comme Kaeleigh ignora sa remarque, elle fit de même pour la sienne concernant ses draps. La seule chose qu'elle voulait c'était qu'elle disparaisse. Mais malheureusement elle fit quelques pas pour entrer une deuxième fois dans sa chambre. Fields haussa ses sourcils parfaitement épilés et pancha légèrement la tête pour exprimer son impatience et son exaspération. Plus vite elle lui parlerait de quoi il s'agissait vraiment et qu'elle arrêtait les pics, plus vite elle s'en irait et Spencer aurait enfin la paix. Mais la tranquillité n'allait pas lui être accordé de si tôt...

« Alors, ça fait quoi d’être la fille cachée qui veut entrer dans la lumière en clamant que Jessie est sa demi-sœur ? »

Elle n'avait rien compris. Elle ne savait rien de l'histoire. Le jour de son arrivée à Berkeley, Spencer avait fait un vacarme impressionnant en renversant un de ses cartons. Celui-ci contenait une mince pile des rares photos de famille que la jeune femme possédait. Une superbe blonde était sortie. Elle avait ramassé la photo où son père et elle abordaient des sourires éclatant, souvenir d'une journée à Paris. La suite avait était rapide. Jessie avait fuit et Spencer avait bien compris. Ce sujet était particulièrement douloureux. Miss Walker avait touché le point sensible. Evidement, son ennemie n'en saurait rien. Elle cacherait ses emotions comme d'habitude quand on l'attaquait. Mais la meilleure défense, c'est l'attaque.

Pour ton information, je n'avait jamais vu Jessie de toute ma vie et donc je ne savais pas le moins du monde à quoi elle ressemblait. C'est elle qui la découvert. Et d'ailleurs, ça fait quoi de voir la maison blanche et tout ses rêves de pouvoirs partir en fumée ? J'ai toujours l'espoir de rentrer dans les lumières quoi que je clame. Pour toi c'est loupé. Alors qui est la fille cachée maintenant ?

Kaeleigh ne se considérait pas comme une Epsilon. Elle ne se servait pas de l'argent de sa famille pour régner sur le campus. D'autant plus que son but n'était pas de diriger Berkeley. Elle était sur le point de créer son association pour défendre les droits de l'Homme avec Becca, une jeune indienne. Elle consacrait son temps aux autres ; et sa petite personne ne représentait qu'un centième de ses activités. Le terme d'égoïste n'est peut-être pas le plus adapté pour décrire Kae' qui a passé son temps à mettre sa vie au service des autres. Seulement, Spencer ne semblait voir que la partie émergée de l'iceberg. Et c’était son droit. Mais Kaeleigh n’avait pas envie de perdre son temps avec elle qui, à part semer le trouble dans sa vie, d’abord avec Jessie puis avec Sandro, ne savait pas faire grand chose d’autre. Kaeleigh l’avait attaquée une fois, au sens littéral du terme. Mais si Spencer continuait sur sa lignée, Kae’ n’hésiterait pas à faire pression psychologiquement ; ou à l’ignorer. Ce qui, au final, semblait être la meilleure solution. Spenc’ ne méritait pas que Kae’ s’intéresse à elle. Elle était riche et vantait son appartenance à la confrérie Epsilon. La jeune australienne n’avait donc aucun intérêt à lui porter une once d’attention. Mais il était trop tard et Kaeleigh se trouvait déjà devant l’appartement de Spenc’ qui ne sembla qu’à moitié surprise de la voir. Sachant qu’elle ne parviendrait pas à lui faire supprimer la photo d’elle et Sandro, Kae’ lança le sujet « Jessie Brown ». Car après tout, si sa meilleure amie était au plus bas, c’était bien à cause de Spencer. Pour réponse, Kaeleigh eut le droit à un long monologue de justification et de provocation. Elle haussa les épaules bien que son visage reste impassible.

« En effet, une blonde pleine aux as a toujours l’espoir de rentrer dans la lumière. »

Spencer était le prototype même de l’étudiante américaine. Accro à tout ce qui se rapporte à la mode, égoïste, manipulatrice… Elle aurait toujours un moyen de rentrer dans la lumière, d’autant plus que sa mère serait toujours là pour l’aider vue leur fortune conséquente. Malgré l’argent familial, Kae’ était loin de tout ce bling-bling. Elle n’avait jamais profité de ses avantages familiaux et sa vie était dictée par ses principes, simplement. Elle scruta Spencer un instant avant de reprendre.

« Tu sais quoi ? Fait circuler la photo si ça te chante, ça m’est égal. Je sais pas ce que t’espère en faisant ça, mais ne crois pas que je vais recevoir un mail demain de la part du président, disant que je suis bonne pour le trottoir. »

Après tout, Kae’ était la reine des coups d’un soir. Les garçons passaient un par un dans son lit, et rares étaient ceux qu’elle recontactait. Elle ne voulait pas d’attachement. Juste vivre le moment présent. Charles-Edouard faisaient partis des exceptions. Celui qui confirmait la règle. Elle n’était que la fille qui aimait le rendre dingue. Et ça avait l’air de marcher. Aucun sentiment de son côté ; mais cela semblait différent pour C-E qui était de plus en plus présent dans sa vie. Que cherchait-il ? Bien assez de filles lui tournaient autour pour qu’il tombe amoureux de l’une d’entre elles. Spencer par exemple. Kaeleigh avait cru comprendre qu’elle l’appréciait. CEC était connu pour ses aventures d’une nuit et le mot « amour » ne faisait pas parti de son vocabulaire apparemment. Elle regarda Spencer avant de prendre la direction de la porte de l’appartement, n’ayant pas l’intention de s’éterniser.

« Je préfère qu’on me voit sur cette photo avec Sandro plutôt que de me faire pigeonner par un certain français. »