Frisons. Les ombres dansantes sur le sol imprégnaient l’air d’une aura morbide. Des poubelles remuant de rats. Des lampadaires grésillant. Clap Clap. Les talons de la blonde ne pouvaient être plus discrets. Cherchant à se faire plus petite, la poupée ne paraissait pas parvenir à ses fins. C’était d’ailleurs surement la première fois qu’elle s’essayait à ne pas gagner quelques centimètres, à rester dans l’ombre et l’ignorance. Elle était loin la petite boule d’énergie répandant partout sa bonne humeur et ses éclats de rire. Pour une fois, elle aurait aimée être toute petite, vraiment toute minuscule et se faufiler sans n’être remarqué de personne.

Il fallait avouer qu’elle n’avait pas choisit le meilleur endroit de la ville pour une promenade nocturne… Une promenade ! Bonne blague ! Elle était tout simple perdue au beau milieu d’une ville trop grande pour elle. Toutes ces rues, avenues, ruelles n’étaient pour elle qu’un immense labyrinthe. Pire, l’imagination vagabondant, elle s’imaginait le réseau de la ville telle une immense toile d’araignée. Aussi sûre que les étoiles brillent, Wendy se croyait conduite tout droit vers l’antre d’un monstre resserrant sur elle sa toile. Le regard balayait les lieux sans rien perdre de chaque éventuel mouvement. Au moindre son, elle se crispait. Totalement aux aguets, Wendy avait les nerfs à vifs . Il fallait avouer une chose, elle n’avait jamais vraiment été courageuse ou téméraire. Encore maintenant, elle regrettait de s’être engagée dans une telle rue !

Le vent se leva frais apportant son frison alors qu’il léchait les jambes dénudées de la demoiselle. Sa robe courte, très courte ne protégeait que la moitié de la cuisse. Serrée au possible, Wendy se retrouvait obligée de faire frotter ses genoux pour pouvoir se mouvoir. Le corsage noir, comme le reste de sa tenue, n’était pas plus large. Le tissu semblait vomir la chair trop comprimé de la demoiselle. Il y avait évidement une raison pour une tenue si excentrique et elle était des plus évidentes. Wendy aimait l’extravagance. Elle savait pertinemment que les yeux d’autrui ne se posaient pas sur les autres sans y être poussés et que forcement un jugement serait porté.

Un autre frisson la parcourut rapidement. Le frottement de ses mèches blondes échappées d’une coiffure complexe lui caressait les épaules. Elle se plaça donc sous un lampadaire, le seul fonctionnant convenablement pour pouvoir mieux voir. D’un geste rapide, elle dénoua sa veste accrochée à son sac en bandoulière. Posant le sac à ses pieds, elle déplia la courte veste. Le bout de jean retrouva ses épaules apportant son lot de chaleur et de bien être. Se recouvrir d’un simple morceau de tissu la rassurait. C’était comme si elle avait revêtit une armure ou une protection du regard d’éventuels monstres. Elle savait que c’était loin d’être semblable à la cape d’invisibilité magique que l’on pouvait voir dans Harry Poter. Pourtant, elle se sentit mieux, renforcée. Replaçant le sac sur son épaule, elle inspira profondément se regorgeant ainsi de force et de courage.

Reprenant sa marche, elle dû redresser son regard sur le bout de la ruelle. Se fut avec un pincement au cœur qu’elle réalisa qu’une silhouette était apparut ! Elle ne l’avait ni entendu, ni vu. Il semblait approcher si vite. Wendy serra alors la lanière de son sac sans savoir comment réagir. Comment était il arrivé ici sans qu’elle ne le voit pointer le bout de son nez au bout de la rue ? Il n’y avait qu’un démon pour faire de telle chose ! Il s’était téléporter depuis une autre dimension, l’enfer même peut être ! La respiration plus courte. Le cœur frappait fort contre sa poitrine. La tension ne semblait plus avoir de limite. Tournant et retournant la situation dans tout les sens, elle ne trouvait aucune solution.

Le destin, Dieu, la vie ou le hasard, comme bon vous semble, prit un malin plaisir à s’amuser de la situation. Le lampadaire alors parfaitement en état s’éteignit brutalement. Pour Wendy, se fut un comble. Sans même réfléchir, elle s’élança en hurlant de peur. La peur, voilà un sentiment qui poussait à agir contre toute logique. Certain se jetait d’une fenêtre du vingtième étage, d’autre faisait bien pire comme se jeter dans la gueule du loup. Se fut exactement la réaction de Wendy. Dans un cri entre coupé de « clap » « clap », Wendy s’enfuit en direction de ce qu’elle pensait être un démon.

La distance fut dévorée trop rapidement pour que Wendy puisse réaliser l’idiotie de son acte. Et quelle idiotie ! Elle se retrouva planter comme une idiote sous le nez du dit démon. Les billes bleues louchèrent sur la personne qui lui faisait face alors qu’elle retenait son souffle. De près, trop près, elle put constater. Il ne devait pas être un démon…enfin, elle espérait. D’accord, il avait une tronche bizarre, un peu flou. Mais c’était certainement dû au faite, qu’elle devait mettre de la distance. Une distance ou elle ne sentirait pas son souffle, une distance ou elle n’aurait pas à forcer son regard à loucher pour pouvoir le voir. Papillonnant du regard, elle avait beau y penser, elle n’agit pourtant pas du tout ! Spontanée, elle lui déclara relâchant enfin son souffle qui rassurez vous n’avez rien d’alcoolisé, vive les bonbons à la menthe.

« T’avais une tête de monstre ! »

Wendy, sobre, était parfaitement capable de laisser les pires âneries du monde fuser d’entre ses lèvres. Les traits du visage semblaient encore mi effrayés, mi surpris. Elle ne se rendait pas compte que la phrase pouvait avoir quelque chose de vexant ou même d’insultant. Elle ne savait pas mentir. Elle ne pouvait donc que dire la pure et stricte vérité même si celle-ci était pour le moins insultante ! Ne sachant plus véritablement quoi faire, elle resta planté là comme une idiote. La main serrée contre son sac était prête à envoyer le dit objet dans la figure de cet inconnu…sait on jamais…

Du Céline Dion. Ouais, bonne chanteuse, il n'y avait pas de doutes là dessus. Mais elle n'avait peut-être pas le style qui convenait le plus au genre de soirée qu'il désirait passer. Ce n'était pas une bonne idée de choisir un bar au hasard. Il n'aimait pas être seul. Il ne pouvait pas supporter d'être seul. Maxence était avec sa sœur, Casey avec des amies, et même chose pour tout le monde. A croire qu'ils préparaient une bêtise. Hum, une soirée au bar, dire que ça lui paraissait une bonne idée. Non, pas un de ses bars habituels. Il n'avait pas envie de faire la fête toute la nuit. Il devrait se lever tôt le lendemain, il avait prévu une séance de magasinage avec sa petite sœur Hannah, le lendemain. Il n'avait pas non plus envie de voir des visages connus, qui lui reprocheraient sûrement son absence des derniers temps. Non, un bar au hasard lui avait parut une meilleure idée. Ouaip. Ce bar de Mission District lui avait parut bien, avec toutes ses affiches de groupes vintages. Finalement, il était tombé en plein sur la soirée karaoké. Eurk. Il détestait écouter des gens faire des fausses notes. Ça le dégoutait au plus haut point. Il avait apprit a bien chanter avant de le faire de le faire en public, contrairement a certaines personnes. Il se dit qu'il pouvait bien rigoler tranquille des performances, mais non. C'était tellement mauvais qu'il en était gêné. Une vielle femme chantait I Will Survive, et fut suivit d'un homme qui tentait de chanter une chanson, en français, de Céline Dion. Il n'avait pas de voix, c'était totalement dégoutant. Charlie ne tint pas plus longtemps, il commençait à avoir mal à la tête de toute façon. Il sortit donc, se ramassant dans Mission District, à la recherche d'un truc a faire. Il était tard, et il n'avait pas envie d'entrer dans l'ambiance d'un bar, de devoir parler à des filles et brûler leur numéro de téléphone, parce que c'était ce qui arrivait à toutes les fois qu'il allait dans un petit bar calme, et qu'il arrivait un peu tard. Les femmes, en quête d'une proie pour ne pas rester seule toute la nuit, se jetaient toutes sur les hommes qui entraient un peu plus tard, comme des mouches devant une pièce de viande qui commence à vieillir. Non, il n'en avait pas envie. Il marchait donc dans les rues de San Francisco. C'était à la limite du morbide. Les lumières étaient éteintes, Charlie pensa d'abord au jour de la terre ou un truc du genre, mais ils étaient en plein moi de mai... le jour de la terre était en Mars ou en Avril. Il pensa ensuite à une expérience par Green peace, mmm... Non! Il aurait été avertit, il était membre depuis des années. Le club d'astronomie peut-être? La lumière de la ville les empêchaient peut-être de voir les étoiles? Hum. Peu importe. Charlie décida de marcher un moment, pour faire le point avec lui même, peut-être.
Casey avait fait l'erreur de révéler sont secret à la femme de son père, qu'il considérait comme sa mère. Petite fouine de demi-sœur. Elle n'aurait pas pu se taire aussi? Il aurait du révéler qu'elle n'était plus tout à fait vierge. Mais bon, il avait fait semblant de perdre la ligne, bien que cela n'arrivait jamais. Il n'était pas tout à fait prêt, et Maxence non plus, probablement. Oh... Il avait tellement grandit en si peu de temps, mais ça lui faisait tellement de bien. Cela paraissait même dans ses chansons, son enseignant d'écriture l'avait même remarqué, ses textes étaient plus réfléchis, transcrivaient mieux sa réalité, décrivait mieux le message. Bref, un changement pour le mieux. Un être plus mature, peut-être, mais il ne regardait toujours pas assez le canal météo. Il n'aurait jamais penser qu'une nuit en Californie pourrait être aussi fraiche, mais surtout humide. Il adorait l'humidité. Il adorait marcher, en se posant diverses questions sur sa vie. Ses Doc Martens aux pieds, un jean troué – comme à l'habitude, un tee-shirt noir, avec un col en v, un gilet gris et un chapeau très ordinaire. Oh, il avait aussi son alliance au doigt et son collier, avec son éternel sigle de la paix au cou, sans parler de l'armée de bracelets qu'il portait au poignet.

Il eut soudain l'impression d'être une star de cinéma, ou encore d'être attaqué par une folle. Il penchait plutôt pour la deuxième option. En fait, ce qui semblait être une femme, s'approchait au pas de course de lui. Ça y était. Il allait être violer par une femme – ou encore par un travesti. Oh! Il devrait aller voir la police, son pire cauchemar. Il se voyait déjà avoir une phobie du sexe, que Maxence essayerait d'expliquer. Mais Charlie aurait trop peur, deviendrait dépressif et tomberais dans l'héroïne. Il finirait par mourir d'une overdose, comme un débutant. Pas un chat à l'enterrement, personne ne veut dire au revoir à un héroïnomane. Non. Il crierait. Personne n'avait le droit de toucher a son corps sans sa permission.

Soulagement. La violeuse, avait plutôt l'air aussi effrayée que lui. Elle s'exclama que Charlie avait l'air d'un monstre. Chouette, une autre. Mais elle le faisait bien rire tout de même, il ne pouvait pas s'empêcher de sourire, et il avait une véritable envie de répliquer. Mais ce n'était pas très poli. Il était tout à coup très relax, et pensait à la politesse. Elle l'avait bien traité de monstre, il avait le droit d'être aussi impoli, non?

CHARLIE NOAH SILVER – Gentil. Toi, tu as l'air d'une vielle femme très impolie, à tenir ton sac comme ça et en tutoyant les inconnus. Saches que moi, si je te tutoies, c'est parce que tu l'as fait d'abord, mémé

Après cela, il ne put tout simplement pas s'empêcher de rire un bon coup. Miam, ça faisait un long moment qu'il n'avait pas rit autant.