Lou espèrait vraiment que son anglais n’était pas trop mauvais et qu’elle ne faisait pas trop de fautes. Elle était là pour apprendre, après tout, mais si elle devait faire des pieds et des mains pour que les américains réeussissent à la comprendre, ce n’était pas très drôle. Néanmoins, Vladimir semblait la comprendre parfaitement, et elle ne pouvait qu’en être heureuse. Cela voulait dire que les professeurs d’anglais qu’elle avait lu tout au long de sa scolarité n’était pas si mauvais que ça et lui avait enseigné de bonnes bases. Le jeune homme en face d’elle se présenta, Vladimir. Le prénom l’interpella, ce n’était pas un prénom très américain, mais plutôt des pays de l’est, en Europe, son continent. Elle posa la question, espèrant ne pas trop embêter le jeune homme avec ces futilités. « Nice to meet you, too. Oh Vladimir… are you russian ? » Puis il expliqua qu’il n’était pas un étudiant à l’université, mais qu’il y travaillait. Il avait pourtant l’air jeune, se dit Lou. Après tout, il pouvait très bien avoir la vingtaine et travailler déjà. La jolie blonde n’insista pas sur le sujet. Elle était curieuse, mais pas trop quand même, et savoir le métier de Vladimir l’importait peu. « Yes, I’m french. You suppose good. » Lou vit alors le jeune brun lever les yeux au ciel, quand elle parla des décorations. Etait-ce un problème que de parler de l’ambiance de la salle ? Elle était assez susceptible, et si le jeune homme avait embrayé sur le sujet, elle aurait certainement riposté, mais comme il garda son calme et répondit avec politesse, elle fit de même et ne releva pas. « Little to pure. Yes… sure… » Lou ne savait pas vraiment quoi répondre. Oui, c’était pure, c’était blanc, et alors, c’était le thème de la fête, non ? Bon, c’est sur que ça n’avait, pour l’instant, rien d’une fête. Une réception, un gala, mais une fête, pas vraiment. En France, Lou avait l’habitude d’aller à des fêtes, elle adorait ça, d’ailleurs. Elle adorait danser jusqu’au bout de la nuit en boite. Elle était jolie, elle était française, et elle aimait surtout s’amuser. « If we can change this ? What do you want ? Noise… ? Music… ? There’s no sound, here ? » Bon, Lou ne savait pas vraiment ce qu’elle allait faire. Oh, et puis si. Tiens. Lou était énergique et pleine de ressource. D’un coup, elle monta sur la table la plus proche, et s’adressa à l’assistance. « Hello everybody, I’m Lou and I’m french. I come from the Sorbonne, and my buddy Vladimir think this party is too quiet ! Where’s the sound ? We want move our bodies, not you ? » Bon, il fallait oser. Et Lou osa.

Martin ne tarda pas à prendre le badge que le videur lui tendait. Ce petit objet ne ressemblait pas à grand-chose à vrai dire, un visage méconnaissable le recouvrait… Rien de bien majestueux. Mais s’il suffisait de le prendre pour pouvoir participer à la fête ce n’est pas notre brun national qui allait se rebeller. Ensuite, il s’avança avec sa cavalière à l’intérieur du chapiteau et l’écouta lui répondre. Le fait que Dina n’avait pas fait grand-chose pour préparer la fête le surpris quelque peu, lui qui pensait qu’elle y avait mis tout son cœur et tout son temps. Enfin, tout cela n’était rien de bien important puisque ce qui comptait était le résultat donc bon…

M A R T I N : Moi qui pensait que ma cavalière avait mis corps et âme dans ce projet, je suis bien déçu, dit-il en rigolant.

Martin acquiesça ensuite pour la fin de la phrase qu’avait prononcé la blondinette. Une soirée extraordinaire, Martin l’espérait car après sa semaine de fou, c’est bien ce dont il avait besoin. Néanmoins, à voir certaines personnes en particulier, cette idée lui semblait légèrement improbable. Et la scène qui suivit le réconforta dans ses soupçons puisqu’Everleigh s’était approché pour parler à Dina. Le jeune homme était loin d’ignorer les tensions qui existaient entre les deux femmes et l’espace d’un instant, il se demanda s’il n’était pas au cœur de ces disputes quotidiennes. Néanmoins, il chassa cette pensée en un instant, profitant de son temps pour écouter ce qui se déroulait devant ses yeux. Il avait beau adorer Dina, Everleigh était une fille qu’il appréciait beaucoup même s’il repoussait sans cesse ses avances. Simple principe de séducteur… De ce fait, le sarcasme de la brune lui provoqua un sourire un coin, qu’il espérait être passé inaperçu, au moins aux yeux de sa cavalière. Il prit ensuite la parole, essayant de montrer un minimum de soutien à Dina.

M A R T I N : C’est dommage que vos querelles légendaires gâche le destin de l’association… Il faut penser à celle-ci avant tout ma chère Evy, non ?

A vrai dire, Martin n’avait pas grand-chose à faire de l’association et s’il avait dit cela c’était bel et bien pour essayer de calmer de jeu. Il est vrai qu’il est très agréable que deux filles se battent devant vous mais tout de même pas en public et surtout pas à une soirée caritative. L’image de son père hanta quelques instants les pensées du garçon ainsi que la réputation des De Thomas que Martin devait entretenir malgré lui. Quand bientôt un serveur passa non loin de là et proposa un verre aux jeunes gens, le brun ne se fit pas prier et prit une coupe qu’il vida de moitié presque aussitôt. Il essayait de prendre un air ennuyé mais cela n’était pas si facile vu comment la scène l’amusait. Soudain, il remarqua un sourire malicieux au visage de la brunette. Cela l’amusa encore plus, elle ne pouvait décidément pas résister à son charme légendaire, mais il n’en fit rien paraître.

M A R T I N : Merci pour les compliments au passage ! Il faut dire que l’une comme l’autre, vos tenues vous vont à ravir !

Et oui, il ne faut pas faire de jalouse si vous ne voulez pas vous en prendre plein la figure. Et de toute façon, Martin pensait bel et bien ce qu’il venait de dire alors… Le garçon dévia le regard un instant, laissant les deux demoiselles sans surveillance. Un ami à lui venait d’entrer dans la pièce. Il lui fit un signe de la main et revint dans la conversation. C’est alors qu’il remarqua qu’Everleigh avait une belle tache sur sa robe. Pathétique les filles… Martin ne dit rien sur le coup mais n’en pensa pas moins. C’est alors que sa cavalière le prit par le bras, lui proposant d’aller boire un verre. Il adressa un regard désolé à la brunette et répondit à Dina :

M A R T I N : De l’alcool, je ne peux pas dire non !

Puis, quand il fut à peu près sûr que Everleigh ne pourrait pas l’entendre, il se pencha vers Dina et lui souffla quelques mots dans l’oreille, toujours soucieux de l‘ambiance de la soirée et surtout entre les deux miss.

M A R T I N : Je sais que tu ne supporte pas Everleigh mais c’est ta fête, tu aurais pu faire un effort avec elle. Que vont dire les journalistes et les tabloïds demain si Everleigh leur raconte ce qui s’est passé ?

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