La confiance se gagne, elle se mérite. Et ce n'est pas en mentant à Joshua que j'allais obtenir la sienne. Enfin, "mentir" est un bien grand mot. Disons que je ne lui ai pas dit toute la vérité quant à ma relation avec Zacary. Et puis, je pense qu'il ne m'aurait pas compris. Coucher avec son pire ennemi, on n'entend pas ça tous les jours. Et pourtant, c'est bien vrai. Ne me demandez pas comment est-ce possible, je n'en ai pas non plus la réponse. Mais quoiqu'il en soit, mon meilleur ami m'en voulait, et je ne pouvais le supporter. J'ai toujours eu horreur de me disputer avec un ami, alors quand il s'agissait de Joshua, mon Josh, ça me restait en travers de la gorge. C'est pour ça qu'il fallait que je lui parle à tout prix. Lui expliquer. Lui dire que je regrette. J'étais alors allongée dans mon lit, livre en main, lorsque je pris cette décision. Je jetai un coup d'œil furtif à la pendule suspendue au mur. Il était indiqué 20h30. Il était trop tard pour étudier, et trop tôt pour aller en boîte ; Joshua devait être dans sa chambre. Je refermai donc mon bouquin dans un bruit sec, puis me levai, légèrement étourdie. Je réajustai mes habits, légèrement froissés puis, tout en passant devant le miroir ornant ma coiffeuse, me refis une petite beauté. Je m'attachai rapidement les cheveux en queue de cheval, puis sortis en direction de la maison des DELTA. Ces fameux DELTA si chers à mon cœur -en toute ironie, bien entendu-. La plupart que je connais sont des hommes infectes, dragueurs et pourris jusqu'à l'os. Joshua, lui, je le voyais d'une toute autre manière. Sans doute car j'ai appris à le connaître avant que j'apprenne qu'il était membre de cette confrérie. Aujourd'hui, cela m'importe peu qu'il couche avec toutes les filles du campus, car je sais qu'au fond, c'est un mec bien, qui a toujours su se montrer protecteur envers moi. Et car je l'aime, tel un frère. C'est pour cette raison qu'il ne devait pas garder cette mauvaise image de moi, comme étant la fille qui avait trahi sa confiance. L'amitié sans confiance, c'est une fleur sans parfum. C'est impensable. Je descendis les escaliers deux à deux, puis arriva sur le chemin menant chez ceux qu'on surnommait "Playboys". A cette heure-ci, la nuit était tombée depuis longtemps et un léger vent venait frapper mes jambes dénudées. Quelle idée aussi de porter un mini-short en hiver ! Mais la route ne fut pas longue, j'arrivais à l'entrée de la maison. Grâce au nombre de fois que j'étais venue ici, je connaissais par cœur les couloirs du bâtiment, menant à la chambre de Joshua. Je n'ai jamais réellement su si il était permis aux autres étudiants d'entrer dans d'autres confréries que leur sienne ; quoiqu'il en soit, on ne m'avait encore rien reproché. J'arrivai devant sa chambre, je toquai. Rien.

N A S T A S S I A • Josh, tu es là ? C'est Nastassia.

Même si je n'eus pas de réponse, je tentai d'ouvrir la porte ; elle était ouverte. Il n'aurait jamais laissé l'accès libre à sa chambre si il n'était pas là. C'est alors qu'un bruit d'eau parvint à mes oreilles : il était sous la douche. Je décidai donc de patienter, n'ayant pas vraiment le choix. Je vins m'asseoir sur son lit, posant son oreiller sur mes cuisses afin de me les réchauffer puis attendant sagement qu'il est fini.

On se connaissait depuis combien de temps ? Quelques mois ? Et pourtant, Joshua était devenu très important à mes yeux, il faisait parti intégrante de ma vie d'étudiante. Et puis, il avait beau être en deuxième année à l'université de Berkeley et moi en première année, on trouvait toujours le temps de se voir lors de soirées ou durant le peu de temps libre qu'on avait entre les cours. Je me réjouissais toujours de ces moments-là, précieux et chers à mon cœur. C'était une sorte de petit rituel qu'on s'était imposé. La plupart du temps, c'est moi qui venais le rejoindre dans sa chambre, comme aujourd'hui d'ailleurs. On commençait à parler de n'importe quoi, de nos journées respectives ; enfin, tout nous satisfaisait tant qu'on se parlait. Mais maintenant qu'on s'était disputé, il ne me restait plus que mon ours en peluche pour me confier -non, ce n'est pas vrai!-. Alors même si il ne voulait plus me voir, je décidai de lui faire une petite visite surprise afin de lui donner quelques explications. J'attendais patiemment sur le lit du DELTA, essayant en vain de trouver dans ma tête quoi lui dire. A vrai dire, je ne savais pas exactement ce que je devais faire. Assumer ? Nier ? Non, je ne pouvais pas lui mentir encore une fois. Mais est-ce que je devais lui dire que ce n'était pas la première fois que je couchais avec Zacary ? Car même si je connaissais bien Josh, je ne savais pas encore de quelle façon il allait réagir à cette révélation. Ce que je redoutais le plus, c'est qu'il finisse par me détester. Alors qu'elle était le mieux à faire ? Attendre qu'il se soit calmé ? Ou tout lui révéler d'un coup ? Aucune des deux solutions ne me convenaient, mais je le devais. Pour sauver notre amitié. Bon, ce n'est pas comme si je venais lui présenter mes excuses et que tout serait effacé par la suite. Mais plus tôt se sera dit, plus vite il me pardonnera. Si il me pardonne.

Ma tête grouillait de questions. Je tenais vraiment à Joshua ; je ne voulais pas détruire ce lien qui m'attachait à lui. Mais mes pensées furent interrompues par ce dernier, vêtu d'un simple jean, le torse nu où perlaient encore quelques gouttes d'eau. J'étais habituée à le voir habillé de cette manière, mais j'étais toujours en admiration devant ses abdominaux parfaitement dessinés. Ça ne m'étonne pas que toutes les étudiantes de Berkeley tombent dans ses bras ! Il posa son regard sur moi ; j'eus l'impression d'être foudroyée sur place. Il ne s'attendait pas à me voir, ses premiers propos le confirmèrent. Mais il savait que je venais lui présenter des excuses. Je fus blessée par le ton qu'il employa, lourd de reproches. C'est surtout "un homme que soit disant tu déteste" qui m'affecta le plus. Il croyait vraiment que j'avais menti.

N A S T A S S I A • Mais je le déteste ! Vraiment ! Le problème est là. C'est ... c'est plus compliqué que ce que tu crois.

Bien sûr que c'était compliqué ! Comment expliquer qu'on déteste un homme mais qu'on ne peut s'empêcher de coucher avec ? Si même moi n'arrivais pas à comprendre, alors personne d'autre ne le pouvait non plus. Je me levai du lit, puis vint me planter face à Joshua.

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A ce moment précis, tout ce que je désirais, c'était m'enterrer six pieds sous terre. Je m'enfonçais, je pataugeais littéralement. Et voir le regard accablé de Joshua posé sur moi ne faisait qu'empirer la situation. Peut-être avais-je mal choisi le moment pour venir lui parler. J'aurais dû attendre un peu, le temps qu'il puisse se calmer. Le pardon se serait fait plus vite. Mais je savais que mon impatience allait me prendre au dépourvu. Et par conséquent, en venant lui donner des explications trop tôt, je ne faisais que remuer le couteau dans la plaie, déjà assez profonde à mon goût. J'étais perdue. Perdue dans un amas de questions qui trottaient dans ma tête, toutes plus confuses les unes que les autres. Voilà le mot. Confus. J'étais confuse. Entre tout ce qui se passait autour de moi, les études, les sentiments qui m'enveloppaient, je ne savais plus où donner de la tête. Et cela se ressentait dans chacun de mes mots, dans chacun de mes gestes. Mais fallait-il croire que j'étais la seule à m'en rendre compte. Personne ne me comprenait. Pas même Ilis. Pas même Joshua. J'étais seule, face à moi-même, à balbutier des incohérences. Zacary en était le responsable. C'est vrai ça ! J'étais bien avant, sans lui, avant qu'il ne débarque dans ma vie. Mais maintenant, il est là et tel un vampire assoiffé, il ne me lâche plus. A cause de lui, mon meilleur ami m'en veut, une autre amie ne me voit plus comme elle me voyait auparavant et je risque sans doute de perdre Kayla. C'est tout bonnement intolérable. Mais comment se débarrasser de quelque chose qui s'accroche à vous ? Je n'arrive pas à le repousser. Pourquoi ? Parce qu'il s'arrange toujours pour se retrouver seul avec moi. Est-ce le hasard ou est-ce parce qu'il le souhaite ? Je l'ignore. Tout ce que je sais, c'est qu'il arrive par je ne sais quel moyen à m'attirer vers lui alors que peu de temps avant, je l'accablai de toutes les insultes qu'il puisse exister. C'est ce mystère que je tentais d'élucider, et que la quasi-totalité de mon entourage me reprochait. C'est la raison pour laquelle moi-même j'en voulais à Joshua, je lui en voulais de ne pas m'aider à comprendre.

J O S H U A « Tu te fous de ma geule ou quoi ? Comment tu peux coucher avec quelqu'un que tu déteste ? Venant de lui ça m'étonnerais pas, mais toi. Tu es sensé être quelqu'un de bien. Je ne te pensais pas comme ça, c'est décevant. »
N A S T A S S I A « Tu ne comprends rien à rien ... je ... Bon, écoute. Tu sais aussi bien que moi jusqu'à où peut aller Zacary pour mettre une fille dans son lit. Il m'a manipulé Josh ! Pour que je couche avec lui ! Et il a réussi, je me suis laissée avoir par ce truc. C'est pour ça que je le déteste ! Je ne suis pas la fautive dans cette histoire ... quoique, je dois bien l'avouer, j'aurais du t'en parler avant que tu ne le découvres. Tu as raison, je ne suis pas quelqu'un de bien ... Je suis une menteuse, et j'ai trahi ta confiance. Mais je regrette, c'est la raison pour laquelle je suis venue te voir. »

Je soupirais. Tout ce que je disais, je le pensais. Je ne devais plus lui mentir désormais, sans quoi notre amitié se finirait ici. Et je ne veux pas le perdre. Ce serait la goutte d'eau qui ferait déborder le vase et je serais bien capable de le supplier à genoux pour qu'il me revienne. Et non, je n'exagère pas. J'attache une certaine valeur à l'amitié, et détruire ce lien unique qui nous unit ne ferait qu'aggraver mon mal-être vis à vis du passé. C'est vrai que ces derniers temps, les souvenirs remontent. J'avais besoin de quelqu'un à qui me confier, une épaule pour me consoler ; mais fallut-il croire que tout le monde me tournait le dos à ce moment critique. Comme l'avait si bien dit Joshua, je le décevais. Lui, mes amis, mon entourage. Je ne me sentais plus la force à m'expliquer plus. Je voulais seulement son pardon. Alors avec une faible voix, je lui soufflais :

N A S T A S S I A « Pardonne-moi s'il te plaît. »

Je m'avançai d'un pas, mais il en reculai d'un. Il n'avait pas fini de s'expliquer. « Désolé... Mais soit au moins sincère avec toi même et avoue qu'il y a quelque chose entre vous. Ce serait tellement plus simple pour nous deux ». A ces mots, je me retins d'exploser de rire. Quelque chose ? Entre Zacary et moi ?! HAHA ! C'était la meilleure. Comment pourrais-je aimer un être comme lui ? Il me déteste ; je le déteste. Il n'y avait pas d'autre explication là-dessous. Peut-être une petite attirance physique. Mais très petite, vraiment petite. Il faut bien l'avouer, il n'est pas un DELTA pour rien, ceux que l'on qualifie de playboy. Il a ce truc qui fait craquer toutes les filles, mais c'est normal. Moi, je n'aime que ses yeux bleu azur, c'est tout. Quoique j'aime bien sa chevelure aussi. Et ses lèvres. Et son torse. Oh oui son torse ! [...] Mais qu'est-ce que je raconte moi ? Je divague complètement. Je secouai légèrement la tête de gauche à droite, tout en réprimant un sourire. Cependant, je refoulai mon envie de rire, lui ne devant pas trouver la situation très amusante. S'il s'attendait à ce que je lui dise que Zacary me plaît bien -physiquement parlant, bien entendu!- il pouvait se fourrer le doigt dans l'œil. Plutôt mourir que d'avouer une chose pareille.

N A S T A S S I A « Oh non, non ... Franchement, tu penses sérieusement qu'il y a quelque chose entre moi et Zacary ? Non, c'est du délire ! Il est si ... immature et arrogant ... C'est vraiment pas mon type de mec. »