Duncan avait du mal à se lever ce matin-là. Le réveil sonnait depuis dix minutes et il n'arrivait toujours pas à se décider. Cette grande envie de rester au lit ne serait-ce qu'une heure le tentait bien, mais il devait étudier à la bibliothèque avant que ses cours ne commencent pour un devoir qu'il devrait bientôt rendre. Il grommela en se retournant mainte fois dans son lit. Son réveil sonna une nouvelle fois, lui donnant une irrésistible envie de le jetter par terre. Il l'éteignit pour de bon et se redressa difficilement, poussant ses draps loin de lui avec ses pieds. Le jeune homme prit sa tête entre ses mains et se frotta les yeux, puis d'un pas décidé, se leva enfin pour aller se doucher et se préparer. Il ne mettait pas une heure, mais pas loin, prenant son temps à chaque geste. Enfin prêt, il prit ses affaires et se dirigea vers la porte avant de se rendre compte qu'il n'avait pas prit le temps de manger. Haussant les épaules, Duncan y renonca. Arrivé à la bibliothèque, il trouva une petite table isolée. Bien que la salle n'était pas remplie du tout, surtout à cette heure, il aimait être tranquille, ce qui explique son éloignement des autres tables. Il trouva rapidement les bouquins dont il avait besoin, et continua son devoir. Ce n'est que vers la fin du dernier paragraphe qu'une tâche d'encre vint se poster sur sa feuille... Enervé, il termina rapidement son paragraphe et rangea le tout, jettant presque ses bouquins dans son sac, et parti de la bibliothèque en jurant de le réecrire le soir-même. Il salua quelque personne au passage, et oublia ce petit incident, partant avec le sourire. Le soleil commençait réellement à sortir de sa cachette, et Duncan ne pensa plus à ce qu'il venait de se produire, rêvassant en regardant l'extérieur.

Ces cours n'allaient débuter que dans une heure, et Duncan avait donc tout le temps d'aller ailleurs. Il sorti alors du batîment pour prendre l'air, et s'alluma une cigarette dans un coin. Discutant avec une amie, il s'amusa à la charier, ce qu'elle finit par prendre mal et s'en alla sans dire un mot. Le jeune homme se demanda ce qu'il lui arrivait, d'habitude, elle n'était pas comme cela et aimait bien rire sur les plaisanteries du jeune homme. Ce dernier haussa les épaules et s'asseya. Il aurait du rester coucher, la journée s'annonçait pas si bien que le temps le prédisait. C'est en relevant la tête que le jeune homme se rendit d'ailleurs compte que des nuages commençaient à pointer le bout de leur nez. Son portable sonna, et en répondant, quelqu'un l'insulta. Quelqu'un qui, apparemment, venait de se tromper de numéro. Duncan n'aurait décidemment pas du se lever ce matin-là. Et ce n'était rien comparé à ce qui l'attendait. Habillé d'un jean qui semblait simple aux premiers arbords, ce dernier se révelait extrèmement cher. Une chemise, tout aussi hors de prix, et une veste qui dépassait tout ce que l'on pouvait imaginer au niveau de son prix, Duncan semblait être habillé de façon si simple que cela trompait quelques regards. Décontracté mais cher, voilà le style du jeune homme. Ses habitudes de fils riche étaient parti avec lui à Berkeley University, et il ne pouvait s'empêcher de s'ajouter toujours quelque chose en plus.

Il s'alluma une deuxième cigarette, songeant à l'Ecosse. Celle-là lui manquait tout autant qu'elle ne lui manquait pas. Certes, son pays d'origine était quelque chose d'unique, mais Berkeley plaisait bien au jeune homme et il n'était pas prêt à quitter l'université. Il lui vient d'ailleurs à l'esprit le fait que quelques petites choses de l'Ecosse, quelques petites choses qui faisaient parti de ses souvenirs étaient ici. Tout d'abord, et le plus important, Drew. Ce jeune homme qu'il avait étonnement retrouvé ici. Les deux protagonistes ne s'y attendaient pas, et quelle surprise de retrouver un ami d'enfance perdu de vue ! Perdu de vue, pas tout à fait, car les mails persistaient, quoiqu'un peu rare ces temps-ci. Une rencontre leur avait fait du bien et avait renforcé ce lien qui les unissait fortement. A l'époque, ils n'étaient que gosse, rencontrés a une grande fête prestigieuse de famille riche. Duncan le prenait pour son grand frère, son modèle, et bien qu'il ne prend plus personne comme dit "modèle", il a toujours une grande fierté en pensant que Drew est son ami. Les rêvasseries terminées, sa deuxième clope était terminée.

Duncan jetta un coup d'oeil à sa montre, et rentra dans l'université pour ne pas à avoir cette tentation de prendre une troisième cigarette. Arrivé dans les couloirs de l'université, une personne, ne prenant pas compte d'ou elle allait, le bouscula violemment sans prendre la peine de s'excuser. Agacé, Duncan lui fit remarquer de manière amère, d'une voix un peu beaucoup forte qui résonnait dans le couloir. La personne se retourna et s'excusa enfin d'une petite voix. Le jeune homme soupira et, en retournant vers son chemin, il rentra de plein fouet dans une autre personne. Il s'empressa de s'excuser et lui tendit la main, pour l'aider à se relever... Jusqu'à ce qu'il s'aperçoive que cette personne n'était autre que Lyssandre ! Il eut un temps de pause, regardant la jeune femme à terre qui semblait hésiter à prendre sa main, elle aussi venait de le reconnaître, et Duncan pouvait voir cette agressivité dans son regard qui l'énervait au plus haut point. Elle semblait vouloir le mordre à tout instant -façon de parler bien sûr- et il fronça les sourcils. Bon sang que lui arrivait-il aujourd'hui ?! Rien n'allait pour le mieux, et il fallait surtout qu'il tombe sur Elle ! Elle et rien qu'elle ! La fille qu'il méprisait. Duncan se souvint de cette nuit passé avec elle, certain morceau 'revenait' en flash back contre son gré, mais repoussa ses images loin de son cerveau. Il la haïssait. Pourquoi ? Car oui, après tout, c'est une très jolie fille, qui semble avoir du caractère, ce qui plait normalement à Duncan, mais elle... Lyssandre, c'était juste une fille que Duncan avait rencontré au cours de l'année dernière. Il l'avait tout de suite cerclé et il ne l'appréciait déjà guère. Son comportement, sa façon d'être, de marcher, de regarder les autres, tout, tout en elle l'énervait. Tout en elle provoquait une certaine haîne dans le jeune homme, qui faisait en sorte qu'il ne pouvait pas bouger de son état de statue à cet instant présent. Il aurait pu partir, jetter un regard méprisant, et n'adresser aucune parole, profiter de son état de "soumission", en étant ainsi par terre. Mais ce qu'il avait envie, c'était de la relever et de l'affronter en une sorte de duel de mot et de sentiment compréhensibles simplement pour eux deux.

Duncan restait là, à fixer la jeune femme comme s'il venait de tomber sur le diable en personne... Exagérer me direz-vous, mais il la méprisait à un point qu'il ne pouvait pas expliquer. Oui, il détestait le comportement qu'elle adoptait, ces regards qu'elle lui lançait.. Mais en vérité, ça allait au delà. C'était aussi personnel. Effectivement, Duncan reprenait confiance en lui, mais cette confiance était fragile, et il la préservait quoiqu'il en coutait.. Et les regards, les phrases que lui balançait la jeune femme sans préavi l'énervait, car à vrai dire, il avait peur que cela le touche. C'est d'ailleurs pour cela qu'il prit l'initiative de la détester, même sans la connaître au départ. Une simple défense. Or, cette simple défense s'était réellement transformé en quelque chose de haîneux. Surement du à ce que la jeune femme montrait d'elle. Duncan n'y pouvait rien, et à vrai dire, il ne voulait pas y faire quelque chose. Les deux protagonistes continuaient à se fixer, aucun n'avait encore oser emettre mot. Mais, que dire ? Le jeune écossais ne savait pas, ne savait plus quoi lui dire. En fait, il n'y avait rien à dire, même s'il trouvait toujours quelque chose quand il pensait à elle. Quand cela arrivait, il avait effectivement des tonnes de chose à lui dire, et se sentait toujours énervé. Mais, en face d'elle, ce n'était plus pareil. Il avait envie de mieux, ou plutôt, de bien pire à lui balançer à la figure. Il ne semblait pas prêt à oublier cette haîne, et le jeune homme n'avait toujours pas envie de l'oublier, cela faisait parti de sa vie à l'université. Ne dit-on pas "amour, amitié, haîne" pour faire une vie ? Comment peut-on vivre sans détester quelqu'un ? Aimer tout le monde est impossible, ainsi que de se faire aimer par tout le monde. Si l'on voyait leur relation tendue sous cet angle, Lyssandre n'était autre qu'une partie de la vie de Duncan dans le présent, sans attache, au contraire.

Le jeune homme se mit alors à songer ne plus la voir à l'université. Et si elle n'était pas revenue ? Il devait avouer qu'elle et la haîne qu'il avait envers elle lui manquerait... Leur dispute et leur regard lourd quand ils se croisaient, lui lançer des répliques amères et se défendre. Oui, se défendre. Elle l'insultait, le jeune homme sentait qu'elle voulait le rabasser plus bas que terre, et encore ici, ne dit-on pas "ce qui ne me tue pas me rend plus fort ?". Abandonnant là ses réflexions profondes, il la sonda, comme cherchant une faille. Elle semblait changer, elle semblait... Encore pire. Encore plus aggressive, encore plus elle, encore plus... Ce personnage qu'elle devait surement jouer. Le jeune écossais avait apprit à faire parfois la différence entre la véritable personne et la personne qu'il montrait. Lyssandre était de ces derniers, il le savait, mais il n'avait pas envie de connaître sa véritable personne. Pourquoi cela me direz-vous ? Parce que quoiqu'il fasse, même si avec lui elle se montrait différent, il sentait ne pas pouvoir changer ses sentiments. Duncan n'avait pas envie de connaître la vie de Lyssandre, il avait peur d'entendre son histoire de peur de l'apprécier ne serait-ce qu'un instant. La personne qu'était Lyssandre, et que tout le monde voyait, c'était elle que Duncan voyait, et se forçait à voir. Il n'avait pas à vrai dire pas de mal à voir ce personnage si méprisant quand il la voyait. Il devait avouer qu'elle était forte pour se faire détester et pour détruire certaine chose chez les gens. Duncan n'en ferait pas un éloge pour autant. Il entreprit de se faire entendre, le jeune écossais ne voulait surtout pas qu'elle commençe à parler, et qu'elle en profite pour se dérober ou pour l'insulter, ou quoique ce soit. D'un ton amer, sec et froid, Duncan parla enfin...

"Ah. C'est toi. Il en va de soit que si je l'avais su je ne t'aurais pas proposé mon aide pour te relever. Tu aurais bien pu rester à terre que je m'en ficherais."

Encore et toujours les violences verbales, même sans insulte. Son ton était cassant, énervé, il n'avait pas envie qu'elle remporte ce match, bien que ce n'était rien d'autre qu'une altercation entre deux protagonistes, se détestant. Mais, il n'avait pas envie de passer sa journée à resonger à cette rencontre, a ce qu'il aurait pu lui dire, a ce qu'il aurait pu faire. Il voulait l'énerver, lui faire perdre son contrôle de soi-même, lui faire perdre son sang froid, et attendait patiemment que cette occasion se présente à lui. Il jubilerait de la voir s'énerver pour un rien, de dire des choses sans queue ni tête pour se défendre et essayer de le blesser, ce qu'elle n'arriverait pas dans cet état-là. La jeune femme semblait encore plus aggressive et agaçée de le voir que d'habitude, comme si, à présent, la haîne se révélait enfin en elle pour le jeune homme. Il en fut plus que ravie, son objectif voyait déjà le jour dans sa tête. Il aurait sûrement pas de mal à la faire sortir de ses gong. Et à cet instant-là, Duncan ne songea en rien à ses cours, qui allaient peut-être commencer bientôt tout comme dans une heure, une demi-heure..

Duncan la regarda dans les yeux, ses yeux verts qui autrefois ne refflétaient que du mépris, de la vanitée et de la supériorité. Aujourd'hui, tout cela semblait éteint. Il fronça les sourcils, mais n'y prit pas compte, elle devait juste avoir une mauvaise journée, tout comme lui à vrai dire. Il ne l'avait pas détaillé depuis qu'il lui était rentré dedans, mais le jeune écossais découvrit enfin la gravité de ses cernes, de la couleur si pâle de sa peau et de son regard plus qu'aggressif et... Fatigué. Elle semblait malade. Duncan avait l'impression d'être en face d'une personne qui venait de subir des tonnes de chose éprouvante, comme si elle allait tombé d'un instant à l'autre. Lyssandre semblait tellement fragile à cet instant que Duncan se renfrogna. Le jeune homme fut comme déçu, oui déçu car il aurait voulut l'énerver, se satisfaire lui-même de cette soif de mépris. Mais quand une personne, même ses pires ennemis, semblaient être si fragiles qu'une poupée de verre, le jeune Ecossais n'arrivait pas à arriver à ses fins. Il n'avait pas de sentiment de pitié, de compréhension ou quoique ce soit, juste de la deception. Il voulait finalement la laisser tranquille, pas pour elle, mais pour lui. Duncan ne voulait pas profiter d'une personne fragile, il se sentirait honteux et lâche, c'était dans sa nature d'être comme cela. Lyssandre semblait d'autant plus maigre qu'avant, bien que ses vêtements voulaient réduire cette image.

Il la regarda se tourner vers lui, et ce ton si haîneux qu'elle n'avait pas l'habitude de prendre s'éleva jusqu'aux oreilles du jeune homme, ces insultes dites de but en blanc, une autre chose inhabituelle chez la jeune femme. Lyssandre semblait trop différente, trop changée, et Duncan ne la reconnu pas à cet instant-là. Il détailla le moindre trait de son visage, son expression, ce que ses yeux renvoyaient sans le vouloir. La jeune femme semblait s'en vouloir de quelque chose, et Duncan se sentit gêner. Il ne savait plus quoi faire du tout, et cela ne lui plaisait pas. Il ne voulait pas rester là à ne rien faire, devant elle qui en profiterait sûrement pour s'en aller. Duncan devina vite que c'était bel et bien son intention, mais il ne voulut pas lui laisser le temps, le jeune écossais se demandait ce qu'il se passait. Il avait eut vent des rumeurs qui circulaient dans toute l'université, et tout tournait autour de la santé de la jeune femme. Tout ce qu'il avait entendu était moqueur, que des "bien fait" et des "ça lui apprendra". Quand Duncan avait essayé de savoir sur quoi cela se portait, il n'avait eut que des réponses par rapport à l'anorexie et à la drogue. Il ne savait pas exactement ce que Lyssandre avait eut, et il n'avait pas chercher plus loin.

"Tu es bizarre, on dirait que t'a changé. Qu'est-ce qui t'arrive ? Ou est la Lyssandre que j'ai envie de mépriser ?!"

Duncan avait adopté un ton froid, sec, comme il l'avait fait tout à l'heure, mis à part la dernière phrase, qui avait été dite bien plus bas que les autres, avec un ton un peu plaisantin, qui se voulait n'être entendu que par lui, mais fut entendu par Lyssandre également. A vrai dire, il n'attendait aucune réponse à celle-ci, ce n'était qu'une remarque, et il ne voulait en rien qu'elle comprenne par-là qu'il ne la méprisait plus, car ce n'était pas ce qu'il ressentait. Duncan la méprisait toujours, mais ne voulait certainement pas "gagner une manche" alors que la jeune femme semblait pas elle-même. Il attendit une réponse, ne bougeant pas de là ou il se trouvait. Autour d'eux, les gens affluaient de toute part, et il songea alors à son cour qui n'allait sûrement pas tarder à commencer. Qu'importe, il arriverait en retard s'il le fallait, le jeune écossais voulait à tout prix comprendre, il voulait une réponse sur le fait qu'elle soit dans cet état-là, ce qui n'était pas du tout habituel. Pourquoi voulait-il le savoir ? Duncan l'ignorait, peut-être parce qu'il était en quelque sorte énervé de cet état, la Lyssandre hautaine lui manquait, car ce jour-là était le bon pour qu'il réussisse à l'énerver, or, là, c'était bien trop simple pour qu'il s'adonne à ce jeu avec elle. Déçu, oui c'était le bon mot finalement.