Ils en avaient parlé durant des mois, toute l’année scolaire avait fait l’objet de ce petit voyage entre les deux garçons. Un mois seulement après leur rencontre, ils prévoyaient déjà ce week-end de fous passé à Malibu, Los Angeles. Bien sûr, ce n’était pas énorme comme virée, étant donné qu’il restait tout de même en Californie. Cependant, c’était bien assez éloigné du train-train quotidien pour les deux comparses de tricheries et déconnades. Damian avait loué une décapotable au toit ouvert pour l’occasion. Elle l’attendait devant la confrérie des Zêtas, prête à accueillir ses valises ainsi que son ami Edward qui arrivait dans quelques minutes à peine. Le jeune homme referma tous ses bagages, qui contenaient ses vêtements pour la plupart, ainsi que ses produits de douche. Il n’aurait pas besoin d’autres choses, ils ne partaient que pour quatre jours et puis ils passeraient leurs journées à draguer les filles sur la plage ou bien fêter la nuit dans les boîtes de nuit les plus huppées de L.A. La vraie vie de vacances, le vrai week-end de l’été dont il se souviendrait pour toujours. Et dire que cette idée avait réellement pris forme et qu’aujourd’hui, c’était une réalité. Encore une autre ville à ajouter sur son itinéraire mondial. Bientôt, Damian aurait véritablement accompli le tour du monde. Enfin, j’exagère, mais rien qu’un peu. Perdu dans ses pensées et empressements, il sursauta lorsqu’il entendit quelqu’un sonner à la porte, tout en bas des escaliers. L’étranger cria aux autres étudiants que c’était pour lui et il dévala les marches quatre à quatre. Il ouvrit la porte et sourit à pleines dents à son ami. « Allez papi, on a six heures de route à faire, faut pas tarder ! » Il lança les clés à son ami de sorte à ce qu’il puisse les mettre dans le contact. Pendant ce temps, il remonta chercher sa valise et son sac à dos et redescendit rapidement, saluant au passage ses colocataires rapidement. Il sauta dans la bagnole de location tout en lançant ses trucs sur la banquette arrière. Edward avait déjà pris place derrière le volant et c’était tout aussi bien comme ça. « Essaie de ne pas me tuer, j’aimerais revoir mon poisson rouge dans quatre jours … » Lança Damian tout en insérant un disque dans la radio de la décapotable. Après quelques secondes de chargement, des chansons de Queen s’enchaînèrent les unes après les autres. Les deux hommes chantaient à tue-tête tout en suivant la carte de la Californie que SanMercury avait sortit de son sac à dos. Après trois heures eu lieu une pause-pipi ainsi qu’un bon hamburger de chez le bon vieux McDonald. Ils reprirent la route pour la dernière moitié. Il était l’heure du souper lorsqu’ils arrivèrent à l’hôtel dans lequel ils résideraient pour les prochains jours de leur vacances. Damian se présenta à la réception. « Bonjour, j’ai une réservation au nom de SanMercury. » La dame tapa quelques lettres à l’ordinateur, lui sortit deux cartes magnétisées qui donnaient accès à une chambre du troisième étage, et leur souhaita à tous les deux un bon séjour. Ce n’était pas l’hôtel le plus luxueux, un trois étoiles seulement, mais c’était parfait pour les deux amis. De toute façon, ils ne reviendraient que pour dormir et prendre le petit déjeuner, alors aussi bien garder leur argent pour les bars. Damian emboîta le chemin à Edward et monta jusqu’à leur étage. Il déposa ses valises sur un lit, celui le plus près de la fenêtre. « Je me le réserve. » Lança-t-il d’un ton neutre tout en ouvrant grandement les rideaux. Il se tourna vers son ami. « Alors, tu préfères aller manger tout de suite ou bien on se rend à la plage admirer le coucher du soleil en compagnie de jolies sauveteuses ? » Il se tourna vers son ami, sourire en coin.

Damian avait toujours des petits surnoms très affectueux pour ses meilleurs amis. Edward avait hérité de « papi » tout simplement parce qu’il était son plus vieil ami à Berkeley et qu’en plus, il était réputé pour être le plus lent de tous, comme un vrai grand-père. Le jeune homme rigola donc de bon cœur lorsque le jumeau le traita de mémé. Il s’imaginait bien costumé en vieille dame avec une longue jupe, le dos courbé et des cheveux gris caché par un bandeau noué au cou. Sans oublier la canne. « C’est ce que t’appelles te dépêcher ? J’aimerais pas te voir quand tu te sens comme une tortue … » Les deux amis aimaient bien se charrier de temps en temps, toujours en restant amicaux. Ils ne leur arrivaient que très rarement de se disputer, et ce n’était jamais pour des conneries de la sorte. Entre mecs ils s’envoyaient toujours des vannes plus ou moins méchantes, tout dépendant de la situation. Bref, Damian rentra dans l’automobile en suppliant Edward de ne pas le tuer, citant au passage l’importance de son poisson rouge. Il écarquilla de grands yeux bruns à la réplique de son ami. Il resta immobile pendant de longues secondes, jouant parfaitement son rôle d’homme surpris et chagriné. « Tu veux rire ? Mais je … je croyais qu’il faisait le beau … » Edward poussa Damian en rigolant, signe qu’il le trouvait idiot, puis ils commencèrent dès ce moment leur grande route vers la liberté. Une fois arrivés à l’hôtel, les universitaires ne perdirent pas de temps pour monter à la chambre s’installer. L’irlandais demanda le plan de match à son ami, ne voulant pas tout décider du voyage par lui-même. Il était du genre à toujours prendre le contrôle sur tout, mais il ne voulait pas que ça se produise ici. « Ouais ça sonne bien comme planning … mais avant … » Damian afficha un sourire mesquin avant d’enlever son chandail ainsi que ses pantalons et de se mettre à sauter en caleçon et chaussettes sur le lit. Il rebondissait énormément, manquant de se frapper la tête au plafond à chaque saut. C’était une tradition chez les SanMercury père&fils. Chaque fois qu’ils entraient dans une nouvelle chambre d’hôtel, ils marquaient leur territoire en sautant sur le lit en sous-vêtements. Damian rigolait et criait, foutant probablement la frousse à Edward. Après ces secondes d’amusement intensives, le jeune homme descendit du lit et enfila des vêtements plus courts et confortables, soit son bas de maillot blanc avec des fleurs bleues ainsi qu’un polo de la couleur des motifs de son short. Il attendit que son ami fasse de même et quand ils furent tous les deux prêts, ils sortirent dans les rues sillonnant les alentours de l’hôtel. Damian s’arrêtait à chaque restaurant muni d’une terrasse, regardait les menus, jugeait du coût et de la qualité et passait à un autre. Il arrêta devant un restaurant de grillades et salades. « C’est pas mal. Qu’est-ce que t’en dis ? En plus regarde comme la serveuse est sexy … » Il donna un coup de menton en direction de la belle blondinette qui s’approchait d’eux, sourire aux lèvres. « J’adore Malibu. »

Damian avait voyagé à travers le monde, certes, mais ce n’était pas parce qu’il était riche. L’emploi de son père ainsi que leur passion commune à toute la famille pour les nouvelles cultures et paysages, avaient fait en sorte qu’ils avaient fait le tour de la planète. Cependant, il ne fallait pas croire qu’à chaque fois, les SanMercury résidaient dans de grands hôtels tout-inclus et cinq étoiles. Au contraire, ce n’était arrivé que deux ou trois fois, et c’était dans des endroits pour se prélasser au soleil. Lors de ses voyages en Allemagne, Chine, Espagne et autres endroits où le bagage historique est extraordinaire, Damian avait dormi dans les endroits les plus miteux et moins chers par la même occasion, sauvant ainsi beaucoup d’argent. Son compte en banque l’avait longuement remercié. En venant à Malibu avec Edward Atwoodth, il savait qu’il ne pourrait pas dormir dans une auberge de jeunesse et autres endroits plutôt basiques. Son ami savait toutefois qu’ils n’iraient pas non plus dans des suites luxueuses, tout cela allant à l’encontre des valeurs de Damian. Alors ils avaient fait un compromis, prenant un endroit plutôt agréable bien que loin d’être le paradis. Tous les deux en étaient ravis et n’avaient aucunement à se plaindre de leur choix. Entre garçons, ce genre de différent ne crée jamais de disputes aux dimensions trop grandes. De toute façon, comme le pensait également Edward, les deux comparses ne passeraient que très peu de temps dans leur chambre, préférant de loin les plages infinies ainsi que les boîtes de nuit déchaînées. Ces deux grands fêtards, après une nuit de débauche, n’auraient même pas fait la différence de toute façon, entre le sol d’une ruelle ou bien un bon matelas. Damian savait pertinemment qu’ils seraient tous deux complètements finis après leur passage dans les bars de la ville. Bref, après avoir fait religieusement son rituel de sauter sur le lit en sous-vêtement, le jeune homme alla s’habiller, ne portant pas plus d’attention à Edward. Jusqu’à ce qu’il lui fasse la remarque sur sa conduite douteuse et injustifiée. « C’est une tradition chez les SanMercury. C’est comme lorsqu’un chien pisse sur un arbre. On marque notre territoire. » Dit-il sous un air de chasseur de castor. Parfois ce mec pouvait vraiment être timbré. En réponse à sa stupidité, Edward lui tapa dans le dos en riant et les deux voyageurs quittèrent l’hôtel, tous deux vêtis de la même façon sans pourtant l’avoir encore remarqué. Ils auraient l’air de deux homosexuels qui veulent que leurs corps s’agencent. Bref, c’était peut-être préférable qu’ils ne remarquent pas ce léger détail. Après avoir fait le tour des restaurants à terrasse, les deux garçons accrochèrent sur un menu : ou plutôt sur la fille qui les distribuait. Ils approuvèrent tous les deux et Damian se tourna vers son ami en le pointant de son index. « Toi et moi, on est sur la même longueur d’ondes, j’aime ça. » Il le repoussa légèrement sur le torse avec son doigt, retournant finalement son attention vers la belle femme qui vint à leur rencontre pour les placer à une table en duo. Damian ouvrit le menu et regarda rapidement les choix avant de commander une brochette de poulet avec les frites et la salade césar à côté. Le jeune homme adorait ce menu qui ne se faisait pas aussi bien en Irlande. Les Américains devaient avoir une recette spéciale pour leurs souvlakis. « Bien s’amuser tu dis ? Tu rigoles ce sera encore mieux ! Alors, qui invite la serveuse à prendre un verre tout à l’heure ? Je peux te la laisser si tu veux, disons que je me suis trouvé d’autres heureuses élues au cas où … » Damian pointa discrètement une table derrière Edward, où trois filles étaient assises et riaient ensemble. Elles étaient toutes magnifiques, toutes différentes, toutes attirantes.