Il était neuf heures du matin lorsque Lilianne franchit l'entrée de l'Albatross, café universitaire perpétuellement bondé d’étudiants. Ce matin là ne faisait pas exception et le brouhaha ambiant, fruit des bavardages incessants de la foule, parvint aux oreilles de l’anglaise à plusieurs mètres de la bâtisse. La journée de cette dernière avait commencé depuis peu, une petite demi-heure plus précisément, lorsque son réveil avait sonné dans un bruit désagréable et l’avait brutalement tirée de ses songes. Les cheveux désordonnés, la bouche pâteuse, les paupières encore lourdes de sommeil et un air bougon sur la figure, la brunette s’était levée de son lit, après en avoir furieusement rabattu les draps, et s’était dirigée d’un pas paresseux vers les douches, où l’eau qui coulait se fit entendre quelques minutes plus tard. Elle se dépêcha ensuite de se mettre quelque chose sur le dos, passa un coup de peigne dans ses cheveux, prit son sac et sortit de sa chambre, mettant ses lunettes de soleil en même temps.
Depuis son réveil, son humeur ne s’était pas améliorée et l’étudiante avait toujours un air ensommeillé plaqué sur le visage. Elle savait que cela irait de mal en pis si elle ne satisfaisait pas son ventre qui criait famine, c’est pourquoi elle accéléra sa marche et sa hâta de prendre la direction de l’Albatross.

On était au mois de juin, et, alors que les vacances approchaient à grands pas, le temps se réchauffait rapidement et l’atmosphère se faisait suffocante. Cette journée-ci en était la preuve : un soleil ardent pointait haut dans un ciel sans nuages, le vent ne soufflait plus depuis plusieurs semaines, les vêtements se faisaient plus légers et les plages se remplissaient à vue d’œil tandis que les coups de soleil se multipliaient et que les peaux rougissaient. Bref, l’été était plus que jamais présent à la satisfaction de presque tout le monde.

Lilianne pénétra donc dans le café et se dirigea vers le comptoir, où une chaîne commençait à se former. En attendant son tour, elle parcourut la salle des yeux, espérant y trouver quelqu’un, sans succès. Elle repéra toutefois quelques têtes connues auxquelles elle adressa un bref signe de la main et un sourire qu’elle espéra le plus aimable possible avant de reporter son attention vers le jeune homme qui attendait sa commande. Elle se prit un thé à la menthe encore fumant – tradition anglaise incontournable – accompagné d’un simple croissant. Plateau en main, elle prit ensuite la direction d’un coin de table vide, l’autre côté accueillant un groupe de sportifs et leurs petites-amies pom pom girls et s’y assit, sans attirer l’attention de personne, le bruit de la chaise couvert par les discussions des étudiants.
Elle commença donc à petit-déjeuner, mordant dans son croissant, alors que son esprit s’éveillait enfin et qu’elle se rendait un peu plus compte de ce qui l’entourait, perdant son air hagard qu’elle avait conservé depuis maintenant bientôt une heure. Ses muscles aupraravant quelque peu engourdis s’animèrent et la britannique s’étira sur son siège à la manière d’un chat tout en esquissant un léger baillement.

C’est alors qu’elle vit Heaven Connor franchir à son tour l’entrée du café. Elle connaissait la rousse depuis maintenant plusieurs mois et elle pouvait dire que c’était l’une de ses très bonnes amies avec qui la conversation était agréable et intéressante, c’est pourquoi elle lui adressa un signe de la main, lui indiquant qu’elle pouvait venir s’attabler avec elle avec un sourire cette fois-ci sincère puis, voulant s’assurer que la Sigma l’avait bien comprise, elle ne se gêna pas de crier son nom dans la salle bondée de monde, s’attirant quelques regards surpris auxquels elle ne fit pas attention.
Elle se remit ensuite en place, enleva ses lunettes qu’elle avait aupravant gardées et attendit que son amie vienne s’asseoir à ses côtés.